On lui avait répété que c'était une mauvaise idée dès que cette dernière avait fleuri dans son esprit ; à l'orée de la propriété Travers, aux côtés des siens, grisée par les différentes potions de Vigueur qu'elle avait prises, Savage était pourtant convaincue qu'elle tenait du génie.

Cet événement était tombé à pic, une évidence au milieu du brouillard hargneux où se pressait la NSFW : comment passer à côté du mariage du chef de la Brigade ? Il y aurait des Sangs-Purs, autant de membres éminents de l'ASAP, peut-être même les quelques Rosier qu'ils n'avaient pas pu finir.
Il y aurait aussi une sécurité renforcée, une brochette de brigadiers surentraînés et de Mangemorts aguerris – mais Savage avait confiance (trop, lui avait dit Numa), et Savage était déterminée à frapper un grand coup, de quoi montrer au monde que personne n'était à l'abri, qu'ils pouvaient tomber à tout moment et déchiqueter jusque leurs moments de bonheur.

Ils s'étaient séparés en plusieurs groupes ; le premier d'entre eux, mené par les loups et les vampires les plus solides, avait transplané à côté du domaine, et après avoir ouvert une première brèche dans les épaisses protections magiques, ils s'y engouffrèrent avec une ostentation sonore, magique, une cacophonie multiple afin de déclencher l'alerte maximale. Savage avait forcé Sofiane à en être, en lui confiant les rênes du groupe ; pas de meilleur test pour le beta (particulièrement dans un groupe où se trouvait Fenrir), en première ligne de l'ire des invités de ce mariage.

Dans le même temps, le second groupe avait pris un Portoloin – plus discret, quant aux traces magiques, une aide précieuse placée là par l'une de leurs quelques connaissances implantées dans la société sorcière. Eux filèrent droit sur le chapiteau, tandis que les membres de la sécurité se ruaient à l'extérieur – des premiers fumigènes furent lancés à l'intérieur, et l'escouade, armée jusqu'aux dents, se précipita à son tour.

Dans le ciel fusa une lumière rouge, qui vint exploser sur le jour en une ligne de lettres sanglantes : no safety for wizards – peu subtil, mais efficace, le signal pour la diversion de passer à l'étape supérieure, et de les rejoindre dans le chapiteau à leur tour afin que la fête commence pour de bon.

Spoiler:

Sofiane a beau avoir retourné de nombreuses fois le plan dans son esprit ces dernières semaines, il n’est toujours pas parvenu à se défaire du sentiment poisseux qu’il s’agit d’une terrible idée. Il n’a pas manqué de souligner à maintes reprises que foutre le feu au manoir Rosier en pleine nuit et attaquer au beau milieu de l’après-midi un tel rassemblement de l’élite, le mariage du chef de la Brigade qui plus est, n’est pas exactement du même niveau - les risques de voir l’opération tourner à la catastrophe sont bien trop élevés, et éviter un massacre, lorsqu’il constate l’impatience et la hargne des hybrides survoltés qu’on a mis entre ses mains, lui semble délicat.

Évidemment, Savage a répondu à ses réflexions en lui confiant le groupe chargé de cueillir la sécurité et les fuyards, littéralement une première ligne faite pour enfoncer les défenses adverses et mettre hors d’état de nuire les plus costauds cherchant à jouer aux héros - attirer l’attention pour permettre au reste du groupe de s’infiltrer dans le chapiteau et commencer à terroriser les invités, avant de les rejoindre pour semer à leur tour la pagaille.

Alors, il jette un dernier regard en arrière, en direction de la troupe qui n’attend qu’un geste de sa part pour s’engouffrer à l’intérieur du parc, détaillant les regards assoiffés de vengeance et des lycanthropes et hémovores dans son dos. Dans le tas, il croise le regard impérieux de Fenrir, le dernier push dont il a besoin pour lancer la bombe ensorcelée sur la barrière magique dressée devant eux en retenant son souffle. L’explosion doit s’être faite entendre jusqu’au comté le plus reculé du Royaume-Uni, déchirant le l’air et la tranquillité du parc du Manoir Travers, dans lequel s’engouffre bien vite Sofiane, suivi des hybrides révoltés sur ses talons.

À croire que le plan de Savage n’était pas si mal ficelé ; déjà, la sécurité se précipite à l’extérieur, leur faisant face lorsqu’ils arrivent à proximité du chapiteau. Et assaillants comme défenseurs lèvent brièvement leur regard vers le ciel, attiré par les lettres rougeâtres qui s’y dessinent. Il ne leur reste plus qu’à enfoncer cette maigre ligne pour pénétrer enfin à l’intérieur, dont s’échappe déjà une fumée opaque. Sofiane serre les dents en prenant une profonde inspiration, une seconde nécessaire pour se préparer avant de faire un signe du bras pour lâcher les fauves au coeur de l’action.

Il ne réfléchit plus vraiment quand les premiers sorts fusent dans leur direction, qu’il se fait dépasser par un Fenrir et Baruch avides de violence. Alors, gagné par l’adrénaline et la rage de ses compagnons, il agite les mains en l’air pour expulser en arrière deux membres de la sécurité dressés sur son chemin pour se ruer vers l’entrée du chapiteau.

tltr:

« Un mariage ? J’adore les mariages ! » A l’annonce du plan foireux de Sav, tu avais trépigné, tapant dans tes mains comme une adolescente à qui on venait d’offrir deux places pour le dernier concert de miss Chihua. De quoi te faire regretter de ne pas avoir tout le reste de ta meute présente pour l’occasion, parce qu’ils auraient bien eu besoin de se dégourdir les pattes.
Mais en attendant, ça allait te défouler, toi. Si t’avais eu un médecin de famille, il t’aurait très certainement recommandé d’aller saccager un mariage et quelques invités au passage.
D’autant plus que le nom du sang-pur en question t’avait bien fait rigoler : Marlon Travers. C’était au moins la troisième fois en si peu de temps que tu entendais parler de lui. C’est la petite maudite de Têtenbulle qui aurait été contente.

Bon, par contre, tu avais un peu moins rigolé quand la tête de ton groupe avait été attribuée à un vulgaire bêta. Bah, déjà, il s’agissait d’un loup entier, il y avait donc du progrès. Tu étais posté non loin de lui, alors qu’il attendait le moment opportun pour balancer son colis piégé. Te contorsionnant sur le côté, tu jettes un oeil au miroir qu’il porte, et qui permet à Numa resté au camp d’être aux premières loges. « T’es sûr que tu veux pas que j’le porte ? » Mais Sofiane ne t’écoute pas, trop concentré sur sa tâche. Le voilà qui fait péter la barrière magique.

Tes yeux s’illuminent et, après un regard entendu à Baruch (qui tirait presque autant la gueule que Rivage), tu te jettes le premier dans les jardins du domaine. En deuxième ligne, Sofiane vous dégage un passage. Tu franchis les parterres de fleurs que tu écrases avec tes pieds nus et crasseux (oui, les pifs de la NSFW avaient malheureusement découvert que tu adorais te promener pieds nus). « Alooors, où qu’elle est la mariée ??? » que tu chantonnes en slalomant jusqu’aux premiers invités croisant ta route. Un premier sortilège frôle ta cuisse, tu empoignes un membre lambda des NSFW pour t’en servir comme bouclier. « Baruch ! Ça t’dit on va dégoter la reine du bal ?? »

Spoiler:

Riv avait toujours détesté les mariages et avait toujours détesté la police, alors quand Sav avait suggéré l’idée de ruiner le mariage du chef de la brigade de la police magique, Riv avait été immédiatement convaincu. Il ne l’avait pas dit, mais c’était une idée de génie, et une de ces idées qui lui avait donné l’impression de vivre et de faire quelque chose, pour de vrai, une poursuite de ce qu’ils avaient déjà entrepris avec les Rosiers, et une manière de sortir du creux de la vague dans laquelle ils s’étaient quelques peu enfournés depuis.

Ils s’étaient séparés en deux groupes et Riv avait fait partie du deuxième. Ils s’étaient tous préparés en circonstance, et Riv avait choisi sa meilleure arme pour l’occasion, un Desert Eagle Mk XIX qu’il avait volé à un soldat quelques années auparavant. Les groupes s’étaient scindés et avaient utilisé deux moyens de transport bien différent, et Riv avait fait partie de ceux qui avaient pris un Portoloin qui les avait menés quasiment au coeur de l’action, alors que l’autre groupe faisait diversion un peu plus loin.

Il avait pu voir en arrivant tout l’effervescence qui régnait dans le chapiteau dressé pour l’occasion et il pouvait tout à fait imaginer ce qu’il se passait à l’intérieur, des tas de sang purs entassés les uns sur les autres pour célébrer le mariage de l’un des leurs, oubliant momentanément que le but unique de leur existence était de nuire à ceux qui étaient différents d’eux.

Des premiers fumigènes furent lancés et, bien vite, les mouvements à l’intérieur se firent plus vifs, alors que des hommes en sortaient pour aller voir ce qu’il se passait à l’extérieur. Une fois le chemin libre, ils s’avancèrent vers le chapiteau avant d’y pénétrer sans problème. Riv jeta un dernier coup d’oeil au ciel qui affichait à présent leur nom puis s’avança lui aussi, baguette et pistolet en main dans le chapiteau. Ils n’avaient pas pris la peine de les inviter, mais Riv espérait qu’ils se souviendraient de leur passage.

Aoife reste persuadée que c'est une très, très mauvaise idée - elle l'a même évoqué à Sav, qui bien entendu n'a pas écouté son opinion ou ses pensées sur le sujet. Elle s'est partout soumise à ses demandes et ses ordres sans rechigner, préparant potions et bombes, souvent avec l'aide d'Egon, qui leur permettront de ruiner le mariage tant attendu du chef de la police britannique. Elle a travaillé pendant des semaines, s'est même préparée mentalement à aller sur le terrain de nouveau, pour une mission qui a tout de suicidaire. L'accident d'il y a quelques jours, le sortilège de confusion qu'elle s'est pris en pleine tête, aurait tout dû remettre en question: elle se sent encore légèrement déconnectée et faible, son bras blessé par un diffindo perdu la lançant encore terriblement au moindre faux mouvement. Mais Sav n'a rien voulu entendre de sa prétendue faiblesse (pensant apparemment que c'était une simple excuse pour échapper à la mission), et elle est là, aujourd'hui, se sentant faible mais déterminée à la fois, échangeant un dernier regard brûlant avec Sofiane avant d'attraper le Portoloin réglé par leur contact à la réception.

Avant son arrivée, comme Sav, elle a pris une potion de Vigueur, et Aoife a l'impression de sentir son coeur battre dans la moindre de ses veines, un battement sourd et désagréable qui fait pulser sa peau pâle et fine sous ses vêtements. Tous ses sens lui donnent l'impression d'être incroyablement plus fins que d'habitude, à moins que ce soit simplement l'adrénaline dans ses veines qui la forcent à embrasser toute la scène d'un même regard alerte et impatient, tandis que déjà elle plonge une main dans son sac et envoie s'écraser plus loin une bombe fumigène créée par ses soins. Elle reste fidèlement aux côtés de Sav, prête à la protéger au besoin, ou à la fournir en potions - même si elles partagent toutes les deux une inimitié pérenne, il est hors de question pour Aoife de ne pas obéir à ses ordres ou, pire, de décevoir Numa qui compte bien voir son bras-droit revenir en un seul morceau au camp. Baguette en main, Aoife pétrifie un sorcier qui a remarqué leur arrivée en grande pompe et qui, plutôt que de filer en hurlant d'angoisse, a sorti lui-même son artefact magique; déjà, elle voit la sécurité alertée et qui n'est pas sortie, s'armer aussi en plissant les yeux à travers la fumée.

De son sac, Aoife produit une fiole qu'elle tend à Sav après une hésitation: la fumée noire avec un coeur rougeoyant n'est pas sans rappeler les flammes ayant réduit la famille Rosier à néant. Si elle est parvenue à changer un peu des propriétés les plus destructrices de la Bombe Inferno, Aoife a tout de même conservé sa volatilité explosive et ses flammes dévorantes. Elle jette un regard en coin à leur chef, le coeur au bord des lèvres. Cette fois, pas question de laisser Riv et Sav la blâmer pour tout incident meurtrier: c'est à eux de la lancer. "Je te suis," marmonne-t-elle avant de baisser sur ses yeux les lunettes de protection qui l'accompagne lors de de ses recherches laborantines, à la fois pour percer la fumée et se protéger des flammes qui ne font pas tarder à danser.

Spoiler:

De nouvelles têtes se greffent assez rapidement, avec les Von Bäume en première ligne, la fille récoltant plus d’intérêt (et d’affabilité) de ta part que le père, avec tout le respect que tu voulais bien lui accorder. C’est que la vulgarité semble s’immiscer avec un peu trop de facilité de ce côté du buffet, chose que tu te gardes bien d’exprimer — tu n’as, de toute façon, pas d’autre choix que de prendre sur toi. Tes clairs polaires vont chercher la haute stature de Farrow, haute stature qui n’est en rien représentative des qualités du personnage, que tu trouves, sur le moment, bien grossier. À sa remarque sur sa nièce, d’ailleurs, ton regard glacial va faucher les traits de ton Handler à moitié délavé. C’est que cette soirée a dû bien déborder. Tu t’offusquerais presque de ne pas y avoir été convié, alors que paradoxalement, ce genre de débordement ne t’intéresse plus vraiment — tu as passé l’âge, ou la bêtise, dira-t-on.

Mais lorsque tu t’imagines que c’est terminé, cela continue ; et le son de sa voix te rappelle à son insignifiance. Boris, surmonté d’un chapeau qui, à ton humble avis, ne le met pas franchement en valeur (le tien est autrement plus sobre et classe) ; aussi ne fait-il que parasiter ton champ de vision. Le regard que tu lui lances semble être les restes de ce que tu as servi froid à Langford un peu plus tôt, et c’est peu dire.
Tu laisses finalement ton regard balayer l’intérieur du chapiteau et les têtes que tu y aperçois, allant jusqu’à griffer les murs, les raser, à la recherche d’un détail invisible que tu aurais omit. N’écoutant que d’une oreille ce que raconte les personnes autour de toi - tu es déjà suffisamment happé par le devoir, semble t-il - tu te repais silencieusement des détails de ton environnement, de ses nuances, tentant de ne pas faire de parallèle douteux (et douloureux) avec ce qui fut ton premier et seul mariage de ta vie.

Travers apprêté, tu tentes vainement de te dissocier de ces émotions qui te font serrer les dents, quand finalement…

Là, l’odeur, puis la détonation, et tout s’enchaîne — ta visibilité diminue brutalement, les cris se font entendre, et mieux encore, la foule se presse pour sortir, dans un mouvement qui n’est pas des moindre. Ton premier réflexe est évidemment de sortir ta baguette — de l’autre main, attraper la nuque de ton Handler. Tu le tires en arrière, avec toi, faisant ensuite barrage de ta propre masse montagneuse. Masse bardée de cuir de wyverne, sous ta cape et jusqu'au bout de tes doigts… Protego! lances-tu alors qu’un projectile on ne peut plus moldu file dans ta direction, dévie soudainement de sa trajectoire, allant crever un pan de tissu du chapiteau.

Pas que tu sous-estimes les capacités martiales de Prewett - en fait, si - mais tu en reviens toujours à tes instincts premiers : servir et protéger. Et il n’y a pas meilleur moyen de réveiller ton incroyable chevalerie que de t’apporter le chaos sur un plateau d’argent.

Spoiler:

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