Il était hors de question qu’Elisabeth se présente dans des tissus Parkinson. Hors de question, surtout en sachant que le marié allait, lui, être dans un costume créé par la famille que Lizzie souhaite à tout prix éviter. Des semaines avant le mariage, elle a passé des heures dans l’une des pièces de l’étage de la maison qu’elle partage avec Abbas et a essayé plusieurs robes récupérées in extremis dans les anciennes affaires de sa mère, et dans de vieux ateliers Prewett. Elisabeth a préféré garder tout ça auprès d’elle plutôt que de laisser son père tout détruire - puisque de toute manière, il y a peu de choses qu’il sait faire aussi bien que détruire (se saouler, peut-être?). C’est donc dans une robe verte griffée Prewett qu’elle s’est présentée devant les autres demoiselles d’honneur, de bonne heure, après quelques heures de sommeil peu réparatrices. Seul le maquillage a pu effacer les traces du manque de repos - résultat de l’enchaînement de l’arrivée d’un enfant à la maison et de l’enterrement de vie de jeune fille de Freya.

Freya, comme à son habitude, est rayonnante. Elle est rayonnante du moment où elles la retrouvent au moment où elle est enfin dans sa magnifique robe de mariée, plus blanche que blanche. Des mariages, ils en ont fait des tas, ces dernières années, au point qu’Elisabeth soit blasée et soupire à chaque fois qu’elle reçoit un nouveau faire-part. Comme si elle n’avait que ça à faire, poser des jours pour aller célébrer les mariages de gens qu’elle connaît mal ou qu’elle n’estime pas.

Mais aujourd’hui, c’est différent. C’est Freya qu’elle marie. Il y a quelques années encore, les deux femmes ne se connaissaient pas vraiment, et honnêtement, Lizzie n’imaginait pas une seule seconde qu’elle pourraient devenir proches. Elle avait peu d’amis, Lizzie - Kalen, Valerian, Azra… Elle avait l’impression qu’ils lui suffisaient. Et puis, alors qu’elle comptait juste égoïstement l’utiliser, Freya avait lu à travers elle et lui avait montré qu’on pouvait construire de nouvelles amitiés, même quand on n’y croyait plus. Freya aurait pu lui en vouloir, de l’avoir approchée juste pour récupérer des informations sur Abbas et la maîtresse de celui-ci. Au lieu de ça elle lui avait tendu la main. Elisabeth a encore du mal à croire que c’est arrivé, et même si elle a souvent du mal à le dire, elle est reconnaissante à la sorcière : certes, son mari a avancé sans elle, mais elle a trouvé au passage une amie à laquelle elle est loyale et en laquelle elle a une véritable confiance. Et c’est un honneur de faire partie de ses demoiselles d’honneur aujourd’hui, surtout entourée d’autres femmes qu’elle estime tout autant - Azra, Gina, Lile, et sa tante Myrthild, qu’elle apprend aussi à connaître mieux récemment.
En plus de marier une amie, aujourd’hui, Elisabeth assiste à un mariage d’amour, et ça aussi, ça rend la journée si spéciale. Ils sont si rares, les mariages choisis, les mariages avec une véritable intention du coeur, depuis dix ans… C’est une belle journée qui s’annonce, et Elisabeth ne laissera ni son père (probablement déjà saoul), ni son mari (absent depuis l’arrivée de sa fille à la maison) lui voler sa joie. Elle se l’est promis.

Elisabeth réajuste le bas de la robe de Freya, un énorme sourire aux lèvres, et se redresse pour la regarder de haut en bas. Elle est parfaite. « Je crois oui. Je peine à réaliser ce qui va arriver. » Elisabeth sourit. « Merci d'être à mes côtés les filles. Merci pour tout. » La médicomage retient son émotion et regarde à son tour la bande réunie dans la petite pièce. Elle se sent bien, avec elles. C’est un honneur d’être là avec toi. Lizzie se rapproche et époussette légèrement le jupon de la robe. Voilà. Tu es parfaite. La plus belle des mariées, pas vrai ? fait-elle confirmer aux autres. Il va bientôt falloir descendre. As-tu une dernière instruction, une dernière envie, est-ce que je dois aller frapper à la jugulaire un invité que tu n’as pas envie de voir? propose Lizzie, et devant les regards des autres : Bah quoi?

Spoiler:

Cela fait des semaines, qu'elle entendait parler de ce jour, le fameux mariage entre Freya et Marlon. Des semaines aussi, qu'elle cherchait la robe parfaite. Hors de question de se montrer avec n'importe quoi, surtout à un regroupement de sang-purs. Après une longue hésitation (et une consultation auprès de ses amies présentes), Azra avait opté pour une longe robe noire, avec de larges manches blanches. Avec une tenue aussi chère, il fallait qu'elle soit accompagnée. Ambros n'était évidemment pas disponible, et elle avait pourtant essayé de l'amadouer à travers des lettres, en vain. Elle avait boudé deux jours, et avait fini par s'y résoudre. Officiellement, ils n'étaient de toute façon, pas encore ensemble, et elle savait très bien que si elle venait seule, la presse pourrait se demander ce que la veuve Shafiq attend pour retrouver un mari digne de ce nom. Rien de bien différent de ces dernières années, mais elle avait envie d'avoir quelqu'un à son bras, juste pour clouer quelques langues de vipères. Le choix était assez restreint, mais de qualité. Azra avait demandé à Rodolphus d'être son cavalier pour la soirée, proposition qu'il avait tout de suite accepté, en toute amitié évidemment. Elle savait, qu'il serait de bonne compagnie. Ils se retrouveront un peu plus tard. Azra doit retrouver Freya, et Rodolphus doit retrouver Marlon.

Arrivant à la cérémonie, elle se dépêche d'aller retrouver Freya et les filles, dans la pièce où elle se prépare, à l'abris des regards. Azra voit qu'il manque encore Gina, mais elle sait qu'elle ne tardera pas à arriver. ─ Freya tu es magnifique ! Elle ne peut pas s'empêcher de s'exprimer tout de suite, avant même de saluer les filles. Elle la trouve juste superbe, encore plus que d'habitude. ─ Désolé du retard les filles. Haris m'a retardée un peu. Impossible de le laisser sans un torrent de larmes. ─ Vous êtes toutes magnifiques. Ce n'est pas pour rien qu'elles sont ses amies, bon sauf Myrthild, qu'elle connaît un peu moins. Azra étouffe un rire à la proposition de Lizzie. ─ Je crois qu'une journée sans rebondissements serait la bienvenue. Elle fixe la Shafiq du regard, arquant un sourcil. ─ Personne ne pourra entacher cette journée, sinon il aura à faire à nous.

« Vas-y, laisse-moi entrer, j’suis pas avec vous les cabots, aujourd’hui ! » Pour l’occasion, comme Ulrike figurait sur la liste des convives, elle t’avait fait une fleur en te sommant d’être seulement à son service, le temps des festivités. Tu échappais à la fouille et à l’uniforme et te pavanais donc dans un costume fluide pour lequel tu avais dépensé presque toutes tes économies afin qu’il soit assorti en couleur comme en qualité à la robe d’Ulrike. Le harnais écrasait un peu ta jugulaire froide, ceci dit.

Maniant à la perfection l’art de ne pas avoir l’air de chercher quelqu’un (l’immense chapeau dont tu es coiffé aidant à cacher ton regard), tu déambules parmi les invités, à la recherche d’Ulrike. Tu l’aperçois, rivée comme un piquet sous la tente -bonne initiative, histoire que tu ne tombes pas en cendres avant la fin des festivités. Et la jeune femme n’est pas seule ; à croire que l’air vicié de la Brigade lui manque, puisqu’à côté d’elle titube Langford. A croire qu’il ne tombe pas simplement grâce à la force du regard de Siegfried. Lance fait aussi partie de cette réunion des ivrognes de même que, jackpot, Wolfram.

Is he drunk ? Tu plisses les yeux derrière tes verres fumées dorés. Pivotes même un peu le chef de côté, comme si tu matais intensément quelque chose ou quelqu’un juste derrière ta véritable cible, Wolfram. Tu maintiens une allure constante, pour ne pas donner l’impression que tu t’empresses de les rejoindre.
Voilà qu’il se mettait à tailler une bavette avec Langford. Definitely drunk.
How adorable.
Tu espères que personne ne t’a vu rougir.

Tu salues l’amicale des buveurs de whisky d’un sourire pincé, reportant aussitôt ton attention sur ton handler. « Ulrike, ta robe, c’est genre mon nouveau patronus. Je te jure, je suis à ça de te demander à ce qu’on échange de fringues en deuxième partie de soirée ! » Le temps de rester à l’ombre, tu retires ton chapeau. « J’voulais avoir droit aux backstages pour aller voir la robe de la mariée, mais penses-tu, c’est la chasse gardée, pire qu’Azkaban ! » Tu agites les larges bords de ton chapeau pour te rafraîchir le visage.

« Tu n’imagines même pas ce que je viens de voir passer ! Un tee-shirt » tu mimes le col rond au ras du cou « en-dessous d’une veste de smoking !! » Tu marques un temps de pause, si jamais elle avait envie de s’offusquer autant que toi. « Le massacre, quoi ! Je te le dis ; si ça avait été moi à la fouille à l’entrée, j’te jure, il aurait dégagé direct, quoi ! » Tu jettes un oeil aux autres, pour voir si leur attention s’était portée ailleurs, en comprenant que tu allais parler fringues tout du long. Puis, te penchant de côté vers ton handler, à voix basse. « Tu comptes danser les slows avec moi ou… tu as quelqu’un d’autre de prévu ? » Le quelqu’un d’autre étant bien évidemment Rabastan. Tu rêvais de les voir interagir amoureusement, pour que le désarroi du père ne soit que plus grand, et la séparation à cause du mariage avec Andrew Prewett plus douloureuse…

Le regard de la Rowle balaie le reflet dans le miroir, observant la silhouette gracile vêtue d'une grandiose robe étincelante. Voilà bien longtemps qu'Isaura n'avait assisté à une réception sur le sol britannique. Des années durant lesquelles elle s'était exilée en France, ne retrouvant son Angleterre que pour de rares instants, fugaces. Et aujourd'hui, alors que le couple formé par sa collègue Freya Abbot et le renommé Marlon Travers s'apprêtait à s'unir, c'est aussi le grand retour d'Isaura au sein de la haute société Anglaise. Et elle n'a pas lésiné sur les moyens pour en mettre plein la vue. Une superbe robe achetée au plus renommé des couturiers sorciers français, et l'allure fière d'une Rowle avançant en terrain conquis d'avance. Et une fois le service de sécurité passé, c'est la tête haute qu'elle pénètre dans la tente. Et là, tout n'est que grandeur. Soieries exquises se mêlant aux murmures chuchotés ça et là. Le tout dans une décoration des plus soignée, comme il en est de rigueur pour les réception de la haute société magique.

Un instant, ce sont les images de son propre mariage qui lui sautent à la gorge. Bribes de souvenirs envolés, terrés au fond de son esprit. Les souvenirs s'entremêlent, brefs. Les lanternes suspendues au-dessus des tables fleuries. La musique qui résonne. Son propre reflet, vêtu d'une longue robe immaculée, telle une idole virginale, aussi belle que sacrée. Et lui, Alexis. Le parfait fiancé. Des dires de tous, c'était un mariage parfait. L'union rêvée du prince et de la princesse, comme dans les contes de fées. Pas de surprise, pas de fausse note. Mais le destin semblait en avoir décidé autrement, et désormais c'est en tant que veuve que la Rowle s'avance, observant les invités autour d'elle. Elle reconnaît quelque uns de ses collègues du ministère, tel que Lance Farrow du département de régulation des moldus, accompagné d'une jeune femme qu'elle ne connait guère ou encore quelques handler flanqués de leurs hounds.

Et là, le cœur manque un battement. Dante, accompagné de sa cousine, Anthea. Le couple se tient là, ensemble, semblant sorti droit des cauchemars de la Rowle. Parmi toutes les célibataires de bonne famille que pouvait fréquenter Dante, il avait fallu que cela tombe sur elle. Anthea. Orpheline sortie de nulle part, adoptée par sa tante excentrique et avec qui les relations avaient toujours été ... tendues, si on peut dire. Une sorte de compétition était rapidement nées entre les filles Rowle, chargée de piques et de sourires forcés.  Et là, bien-sûr, il fallait qu'ils soient là. Isaura se contente se serrer les poings, dissimulant rapidement son agacement sous son masque de froideur alors que les regards se croisent. Le regard de Dante, glacial. Un océan de bleu pâle, aussi froid et dur que l'acier. Un regard dans lequel elle aimait se plonger, voilà bien des années. Elle détourne rapidement le regard, pour observer globalement le couple. « Tiens, tiens, le couple dont tout le monde parle. » Le sourire de poupée se dessine sur le visage de la Rowle. « Anthea, ma chère cousine ! Cela faisait longtemps ! Tu es de toute beauté. » Des paroles polies, sonnant faux dans entre les lèvres d'Isaura. « Je n'ai pas encore eu l'occasion de te féliciter pour tes fiançailles. Quelle belle nouvelle, je suis sûre que vous formerez un magnifique couple. » Politesse de façade, et mots mielleux. Après tout, c'est ainsi que cela se fait dans ce genre de soirée. Des faux-semblants, et des piques glissées dans les éclats de rire. Et la soirée ne fait que commencer.

Spoiler:

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Tu ne voulais pas faire d’ombre au marié, mais il fallait bien avouer que tu étais à tomber dans ce costume, que tu t’étais offert avec ta dernière paye. Les finances des frères Lestrange remontaient peu à peu la pente et tu étais bien décidé à ce que le monde entier le sache. Fini l’époque où Rabastan et toi étiez contraints d’emprunter des vêtements sur le Chemin de Traverse avant de les rapporter une fois la soirée mondaine terminée. Azra, ta cavalière du jour, était resplendissante elle aussi. Tu avais parfaitement conscience que votre arrivée bras dessus bras dessous allait faire jaser les commères de la haute-société, mais qu’importe. L’essentiel était que l’on parle de toi, non ? Une fois que tu serais de retour au Ministère, tu t’arrangerais pour faire placer une photo d’Azra et toi dans les premières pages du Daily Prophet. En bon prince que tu es, tu laisseras la une à Freya et Marlon. D’ailleurs, tant que l’on parle du marié… Il semblait vraiment y avoir un truc qui clochait chez lui. Enfin, du moins, plus que d’ordinaire. Il avait à peine décroché un mot pendant que tu l’aidais à se préparer et lorsque tu lui avais demandé s’il avait pris soin de mettre ses vœux de mariage dans la poche intérieure de sa veste, il avait rétorqué ne pas avoir eu le temps d’en écrire. Or, l’improvisation ne faisait pas partie de l’existence de Marlon Travers. Tu l’avais dévisagé d’un regard inquisiteur, te demandant si la situation le rendait extrêmement nerveux ou s’il ne te cachait pas plutôt le fait qu’il soit parti en mission secrète pour le Lord, aux abonnés absents depuis des mois. Tu espérais sincèrement que ce ne soit pas la dernière option, car tu aurais très mal vécu le fait de ne pas avoir été mis au courant. Pas un seul instant tu n’avais imaginé que Marlon soit tombé dans le guet-apens de Langford Prewett…

Une fois arrivé dans le jardin, tu continues d’observer le futur marié dont l’expression du visage oscille entre les sourires forcés et les efforts pour réprimer une migraine accentuée par la cohue. Tu retiens de justesse un soupir de désespoir en pensant à tous ces articles qu’il faudrait censurer afin que l’attitude de Marlon ne soit mentionnée nulle part. Puis, c’est au tour de Silver Marsh de venir complimenter le marié. Bien que tu sois intimement convaincu que sa remarque t’était plutôt adressée à toi. Le sourire flamboyant que tu lui adresses disparaît cependant bien vite dès lors qu’il rouvre la bouche. Faisant rapidement le lien entre ses paroles, son regard dissimulé derrière des lunettes de soleil et l’attitude plus qu’étrange de Marlon, tout devient alors plus clair. Ignorant royalement le sang-mêlé, tu t’adresses alors à Marlon. « Tu as passé la soirée avec Marsh ? Moi qui croyais que tu devais ta mine de déterré à une folle nuit avec ta future épouse. » Vexé de ne pas avoir été convié à leur petite sauterie, tu te vois contraint de leur offrir un aperçu de l’humour de Dodo le graveleux, comme on l’appelle dans le milieu (non). Reportant ensuite ton attention sur le reste des convives, tu scrutes la foule à la recherche d’Antonin, qui semblait lui aussi avoir été exclu des plans de vos soi-disant amis.

Antonin était, ce qu’on appelait dans le milieu, fashionably late. Et ce n’était pas du tout parce qu’il avait galéré à venir en raison de son incapacité à pouvoir transplaner. Non, c’était parce qu’il l’avait décidé, lui tout seul, voilà. Et parce qu’il avait mis du temps à se préparer aussi. (« Et là j’suis beau ? Et là Hauata ? Plutôt la bleue ou la verte ? Et les motifs ? Ah mais non pas du gris ça fait enterrement. M’en fous que ça soit gris perle, de toute c’est moche. Après faut pas que je sois trop beau non plus je piquerai la vedette à Marlon, le pauvre. Déjà qu’il se marie, faudrait pas en plus que je l’enfonce trop... ») Bref, on pouvait comprendre pourquoi il se pointait avec un peu de retard, mais tout coloré dans son costume et avec le sourire colgate pour faire bonne mesure.

« Zouk zouk, on laisse passer le garçon d’honneur, ralala. On laisse passer, j’ai quand même pas mis un noeud papillon pour rester coincé avec la plèbe ! » Fort heureusement, personne n’eut l’idée de trop se mettre en travers de son chemin alors même que le marié faisait son apparition, avec Rododolphus tout frais comme un gardon et Silver qui avait l’air… ah ben bien moins frais on va pas se mentir. Ah clairement ça avait dû picoler sec, et pas que de la bière, à leur enterrement de vie de garçon. Antonin regrettait de ne pas y être allé, dans un sens, et dans un autre… il essayait de se faire aussi discret que possible (ce qui n’était pas franchement dans sa nature) pour ne pas qu’on puisse griller son état non-magique, alors une sortie avec les copains, c’était sans doute pas le truc le plus safe au monde pour lui. Well, au moins il était en forme, lui.

Tel un peu petit zébulon il bondit jusqu’à ses camarades sans même tenter de prendre la température de la pièce pour checker Rodolphus (« Quand tu veux pour une soirée nostalgie mec ! ») puis serrer la main de Marlon (« Olala deux mariages hein, franchement avec ton caractère qui l’eut cru ? ») puis donna un bon coup de la paume dans le dos de Silver : « Ah ! Et toi mon sacré Marsh ! T’as une bonne bouille va. On dirait un évadé de taule. Mais j’dis ça gentiment hein. » Et un nouveau petit coup cette fois sur l’épaule, objectif de la journée : voir s’il arrivait à faire vomir Silver, franchement vu sa gueule ça n’avait pas l’air insurmontable.

S’il y avait bien une chose positive chez ton hound, c’est qu’il n’était jamais bien loin quand on avait besoin de lui (ou pas, d’ailleurs). Son arrivée flamboyante ne se fit plus attendre très longtemps, et te sauva des griffes d’une conversation forcée avec un Wolfram von Bäume ivre comme un Prewett. Tu gratifias la tenue de Boris d’un sourire approbateur, en reconnaissant là de belles matières et une couleur bleue profonde, assortie à celle de ta robe qui plus est. C’était précisément dans ce genre de moments que tu en venais à ressentir un brin d’affection pour ton chien. « Tu n’es pas mal non plus, Bagshot. Si jamais une horde de détraqueurs venait à nous tomber dessus comme chez Zabini, il ne serait pas impossible que je veuille échanger de tenue avec toi. » Parce qu’un compliment ne venait jamais seul, tu l’accompagnas soigneusement d’une remarque plus acide, dont tu avais le secret. Mais aujourd’hui, tu n’avais pas le cœur à rabrouer Boris, du moins pas pour l’instant. Sa compagnie et ses commentaires désobligeant sur les convives te faisaient l’effet d’une brise d’air frais particulièrement bienvenue entre les relents de whisky pur feu dégagés par les deux autres vieillards. « Si la robe est aussi ennuyeuse que la mariée elle-même, tu ne manques pas grand-chose. » Méchanceté parfaitement gratuite puisque tu n’avais absolument jamais eu à faire à Freya Abbott. Mais qu’importe, tu savais bien que Boris était bon public à ce petit jeu-là. A l’évocation du fashion faux pas de l’année, tu te retournas brièvement vers Langford, songeant que seul un imbécile de sa trempe oserait porter un tee-shirt sous un smoking, mais il s’avérait qu’il avait fait des efforts certains en ce grand jour. Reportant à nouveau ton attention sur Boris, tu plissas légèrement les yeux d’un air suspect. « Qui a osé faire une telle chose ? As-tu un nom ? Ce serait dommage de priver le Ministère d’un tel bruit de couloir. D’ailleurs tu peux me remercier de ne pas avoir atterri à la sécurité. Tu sais que l’on m’a proposé de t’y envoyer… » Comme si ton hound était le plus demandé de tous les hybrides du coin. Enfin un peu de brosse à reluire ne ferait pas de mal à son égo surdimensionné, ni au même au tien après qu’il t’ait gracieusement remercié. « Etant donné que mes fiançailles avec Andrew Prewett ont été annulées, je n’ai pas de cavalier officiel aujourd’hui. Alors peut-être serai-je d’humeur à t’accorder ma première danse. » Impossible de masquer ta satisfaction à l’idée d’annoncer pareille nouvelle à ton hound, avare d’informations de ce genre, tes lèvres s’étirèrent en un large sourire quelque peu provocateur. Avec un tel scoop entre ses mains, tu espérais qu’il en oublie ses insinuations envers Rabastan. Alors que tu cherchais encore et toujours ce dernier du regard à travers la foule, tes pupilles se posèrent soudainement sur l’étrange vieille femme de l’entrée. Celle-ci avait visiblement terminé d’accueillir les convives et sa main ornée d’une alliance raffinée semblait désormais bien trop agrippée au bras de ton paternel. Tu lui aurais bien indiqué qu’il valait mieux ne pas s’accrocher à un homme déjà à la limite de tituber, mais loin de toi l’idée d’interrompre leur profonde conversation. « Si vous étiez arrivé plus tôt sur notre belle île, je vous aurais très certainement accordé une ou deux couvertures de Witch Weekly, monsieur von Bäume ! En tout cas, je suis ravie que mon fils ait songé à vous inviter. Rappelez-moi comment vous avez connu Marlon, je vous prie. » Tiens donc, la vieille harpie n’était autre que la mère du futur marié. Intéressant. En parlant de la célébrité du jour, la voilà qui venait de se rapprocher de l’estrade, sur laquelle tous les yeux seraient bientôt fixés. Dès lors qu’ils aperçurent Marlon Travers s’avancer, les wedding planners de Rosier Events commencèrent peu à peu à réunir la foule, intimant aux invités de bien vouloir prendre place. L’échange des vœux était désormais imminent.

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