210 résultats trouvés pour 1

La brise fraîche qui te pousse dans ton rêve a tout à envier à celle du sol contre lequel tu te reposes, parade naturelle de ton cerveau mit sur pause qui traduit les signaux sous la forme de brouillards oniriques, ce qui aurait certainement dû te signaler depuis un moment que tu n'étais plus dans ton lit. Cette nuit-là tu ne rêvais certainement pas de manière lucide, ce qui t'arrachait alors cette seule possibilité de t'apercevoir du pattern, celui que tu as réussi à plus ou moins déceler depuis le temps : à chaque fois que tu finissais par pioncer comme une masse à un endroit qui n'était pas habituel (comprendre souvent les parterres)(surtout celui de ta cuisine, quand t'en avais encore une à la maison ou à l'appartement) tu finissais pris dans une tempête de neige ou secoué par des bourrasques aussi glaciales que celles que tu t'imaginerais avoir à supporter dans une lointaine (et méconnue) Sibérie, sur un fond sonore digne des plus grandes œuvres de Pink Floyd.

Ça semblait presque plus agréable que le son de voix qui te tire de tes songes, plus agréable que la douleur ({#}3{/#}) et tu ne t'en aperçois que maintenant ; comme le fait qu'elle soit à ta hauteur et définitivement trop proche pour que ton cœur ne rate pas 2-3 battements. "Vanessa" prénom expiré dans ton souffle rendu court, yeux légèrement voilés (il est tôt, on dira, et tu t'es couché tard, on dira aussi) qui s'écarquillent un peu plus, tu essaies aussitôt de te relever grâce à tes coudes — "Désolé, (en français, dans la surprise) désolé, (plus fort, dans la bonne langue)" — grimace à peine contenue dans ce mouvement un brin empressé, soudainement investi d'une force (celle que confère la honte à n'en point douter) que tu ne t'aurais pas attribué à cet instant précis.

"Désolé, t'es pas… t'es pas tombée au moins ?" on repassera sur le fait que vous avez tous les deux une dégaine digne des pires soirées pyjamas, ta capuche en pilou vert étant retombée sur tes trapèzes à ton mouvement, rendant l'air à ta longue tignasse en bordel. Main qui va chercher ta colonne vertébrale, encore surpris par la douleur que tu y perçois. Franchement, de toutes les personnes de cette planque, il y en avait bien une qu'il ne fallait pas que tu approches de trop près (for some obvious reasons) et-- et te voilà à ses pieds comme une pauvre chaussette abandonnée là.

Tu as vraiment mal au front (et au dos) et tu ne sais pas vraiment quelle gueule tu as avec ça, et tu ne peux décemment pas t'empêcher de te frotter encore ce dernier de ta paume. Rend d'autant plus apparente ta nervosité, alors que tu fais sans doute ça pour t'apaiser aussi. "Je… je vais bouger, désolé de t'avoir fait peur, ou… ou je sais pas… je sais pas" tu ne fais que suggérer en bafouillant, sur la fin, parce que de toute évidence tu ne sais pas ce qu'elle ressent là pas vrai, tu ne fais que traduire bêtement suggérer, si ça se trouve tu l'as même réveillée quand c'est arrivé-- "Parfois je… je suis somn… enfin je me lève la nuit sans…, enfin voilà, en fait, tu sais et euh…" justification approximative et obligatoire pour combler (peut-être) cette gêne, honte même, lot d'anxiétés plus que croissantes, à t'en faire chauffer les joues, les oreilles, et même le dos, et puis… et puis tu vas pour te lever maintenant, mais t'as pas l'air suffisamment réveillé pour faire ça correctement, et en plus t'as un fin filet de larmes qui s'est installé sur tes yeux, alors t'y vois pas plus clair avec ça.

Le poids de ce combat acharné se révèle le temps de ton ascension, ce qui semble même durer la moitié d'une éternité, tant l'attention (même fantôme) que tu ressens sur ta carcasse paraît soignée et soutenue. La douleur de tes peaux qui s'étirent et se froissent salement contre l'écorce difforme, celle de tes organes respiratoires pourtant baignés d'air frais et forestier, ou encore celle qui réside dans les restes d'anxiété, rompus en plusieurs morceaux, trouvant encore de quoi se dissoudre grâce à tes mouvements. À ton (pas si) étrange regain d'audace, ou de foi, dépendant du point de vue.
L'arbre contre lequel vous vous pressez l'un l'autre est le seul à vous supporter pendant ces longs instants ; et tu peines à enfiler sur tes épaules la couverture, attraper l'anse de ton sac pour la passer sur l'une d'entre elles. Actes qui semblent durer trop longtemps, tout en étant soumis à une accélération (illusoire) simulée par la pénibilité de l'effort.
Quand enfin vous vous mettez en marche, ce n'est pas sans avoir envie de relâcher ce qui reste de coincé dans ta gorge, plusieurs fois. Pas de toux — celle-là est réservée au moment où tu t'es engouffré dans l'entrée, vaste et poussiéreuse, qui t'a fait le même effet la première fois, de longues minutes plus tard.
Cette fois-là, tu ne jures pas.
C'est que tu es bien assez sale comme ça, ne faudrait-il pas en rajouter.

C'est d'un naturel inquiétant que tu suis le fil de l'oiseau, comprenant, après quelques pas, où il souhaitait vous emmener. Énième mauvaise interprétation, mais pas de ton parti cette fois-ci : va-t-il refermer définitivement ces portes sur le monstre endormi ? Et toi, qu'allais-tu faire ? Allais-tu seulement lui laisser l'opportunité de se réveiller à nouveau de ce sommeil sans fin ?
Sommeil sans fin que tu lui envierais, comme à tout ceux que l'on entend désormais que dans les silences des survivants.
Ainsi la première chose que tu fais en rentrant dans cette pièce, est de lorgner dans la direction des double-porte approximativement closes - il t'a fallu le temps pour y arriver à ton tour, et tu te reposes un peu sur l'encadrement de la porte, l'œil aussi amolli que mélancolique. Frissons qui te prennent à la fois dans le bras, dans le dos, et même dans la jambe gauche, au niveau du tibia — misérable fatigue, misérable, seulement, et qu'il en soit ainsi.
Tu te traînes avec le peu de dignité qu'il te reste vers le canapé que vous connaissez désormais, sur lequel s'inscrit (peut-être) encore des bribes de confiance, alors que dans ton cœur il ne reste plus que de ses cendres. Il te faut lâcher les armes, et si la mort vient armée de baguettes ou de cris stridents, il te faudra bien aussi l'étreindre. Ne pas penser à elles, ne pas récidiver à croire que tu as échoué, ne pas te dire que tu n'as pas tout dit, ou que tu as justement trop dit — tu ne sais plus ce que tu as dit, seule vérité qui reste ici.

La nuit est à la fois longue et courte, perturbée mais n'aura pas été du luxe. ({#}2{/#}) Quand tu presses sur les touches et reconnais que les notes ne sont étrangement pas désaccordées, ou trop peu pour un monstre abandonné, tu profites alors du miracle en créant le tien, embaumant la pièce de la mélodie d'âmes ressuscitées.

tw: violence, agression, langage familier, lowkey acte de torture

La patience est une vertu que l'alchimiste possède (possédait) et ce dont il semble s'affranchir à mesure que les lunes s'emplissent d'argent. Il n'est certainement pas question d'attendre qu'un ingrédient en bain-marie soit prêt à être transféré pour daigner avoir l'effet du réactif recherché. Auquel cas le bain-marie est particulièrement glacé et attise la nervosité que tu as jusque là plutôt bien contenue. Et ça sous la lune ? Qui l'eût cru.
Tu le fixes, l'observe, sans le lâcher des yeux - le reste, à savoir tes mains dégantées, tu l'en as libéré depuis un moment maintenant - et tu crois le voir (le sentir) lutter face à quelque chose qu'il ne contrôle pas aussi bien que toi avec ton propre souffle. Le fait d'ainsi te concentrer te permet au moins de ne pas te laisser aller à tes bas instincts, peu anoblis à la suite de ta transformation.
De rester celui que tu as pu être, blindé d'un sang-froid herculéen ; alors que tu as tout fait pour l'enterrer jusqu'à maintenant, cet autre.

Il est mort, et cette odeur t'insupporte, et ce foutu cœur qui…

"Est-ce que j'ai… est-ce que…" …qu'est-ce qu'il va encore te chier, là, au juste ? Froncement de sourcils dans cette presque-obscurité qui n'en est pas une pour vous, réaction progressive et annonciatrice d'un débordement potentiel. Il était en train de reprendre ses esprits, cela semblait évident, mais les mots qui suivent n'ont pas l'effet escompté chez toi. L'empathie s'est aussitôt envolée. "Elle va bien ? J'ai rien fait… hein ? — Rien fait ?" que tu répètes avec incision, tes arctiques le bardant de couteaux invisibles. "Je voulais pas… je voulais pas…" tu te dégages aussitôt de ces mains qui cherchent les tiennes, aussi brûlantes de colère que ton plexus qui commence à se faire asséner de vagues chaud-froid. "Je suis désolé, Logan… désolé. — Ferme-la," tu hais ce mot, ce comportement, ces excuses perpétuelles, ces émotions merdiques qui ne font rien avancer, qui n'y changeraient même rien : il a voulu la bouffer, point. Tu n'attends rien de lui, si ce n'est qu'il meure se calme et que la prochaine fois… s'il y a une prochaine fois-- tu imploses à l'entendre continuer. "Je l'approcherais plus. J'approcherais plus personne."

({#}2{/#}) Sensations dans lesquelles tu te perds alors, comme dans cet instant qui s'étire alors que tu sens qu'il se débat comme il peut ; et c'est long, beaucoup trop long sans doute, jusqu'à cette étincelle venue de nulle part, ce réflexe brutal qui te prend de le repêcher de ces profondeurs ingrates.

Il crache ce qu'il peut alors que tu le tires sur la berge bien proche de vous, lui lâchant enfin le cou pour ne faire que presser sur son torse dans un poing fermé — tu ignores comme tu peux les marques qui se sont imprimées sur sa peau, là où tu l'as accroché un peu plus tôt.

Les secondes qu'il faut pour que tu reprennes autant tes esprits que les siens.

"Mort, t'es inutile", que tu craches comme si tu l'annonçais également pour toi-même — t'avais aucun intérêt à aller aussi loin, pas vrai ? Aucun intérêt. Mais la bête qui se meut encore là-dessous se fiche bien des intérêts et de la logique froide du sorcier. Samuel est inutile mort, c'est un fait, vous aviez tous besoin d'un médicomage au camp, et c'était pas l'heure pour lui de faillir à la seule mission qu'il réussissait encore à honorer.

(Il pense même pas à se nourrir.)

Les autres croiraient que t'as voulu tuer leur ami, que t'as fomenté ça avec ta fiancée revenue d'une société sorcière gangrenée, et là, peut-être, tu te dirais que t'aurais mieux fait de lui arracher les crocs toi-même, de l'étouffer avec-- "M'fait pas changer d'avis" tu lui assènes ces mots en tremblant un peu, non pas de peur mais de froid, ce dernier s'emparant progressivement de tes membres. Le ton est tout aussi agressif mais moins virulent, comme si le sorcier reprenait les rênes.
(Si seulement c'était vrai.)
Tu vas le piéger ici, tu vas l'y laisser, et tu reviendras pour le nourrir — y'a pas d'autre solution à ce stade, et quitte à réveiller le groupe, t'irais toi-même les saigner pour récupérer ce nectar qu'ils auraient dû stocker pour leur soit-disant ami bien-aimé.

Si tu es parvenu à reprendre plus de forces qu'à la première, l'expérience n'en reste pas moins cuisante. Pas d'auto-morsure cette fois-là, pas (trop) d'agressivité à l'égard de Lucjan, et presque autant d'embarrassant dans ces contacts physiques que t'offraient ton Alpha. Tu ne sais pas si tu pourrais t'y habituer, à cette façon d'être ô combien envahissante, alors qu'une part de toi quémande sa présence. C'est ce que tu as cru sentir en posant ton regard sur sa carcasse encore endormie, alors que tu peinais encore à te laisser emporter à ton tour - comme s'il fallait veiller, sur quelque chose, n'importe quoi, peut-être juste sur toi. En partant (le ventre plein de viande fraîche, une aubaine) tu n'as pas la sensation de revenir à l'état solitaire, emportant avec toi ces deux âmes et celles que tu t'en vas rejoindre. Pluie légère qui t'accompagne, poisseuse diraient certains, effet d'un crachin écossais qu'on caractérise bien comme ingrat aux quatre coins du globe. Si tel est le cas, tu en as bien emprunté quelques natures, à être né ici.

Une fois n'est pas coutume, tu ne traces pas en ligne droite sur le retour, suivant l'odeur de certaines plantes qui t'intéressent. Elles ne sont pas vraiment pour toi mais pour Kali, à vrai dire, qui peinait à s'endormir depuis son arrivée au camp. Rien d'un guérisseur, mais tes connaissances en herboristerie suffisaient, suffiraient peut-être. Demander à te fournir auprès du rebouteux que tu venais de quitter n'était même pas une pensée effleurée — tu saurais très bien te débrouiller seul, comme tu l'as toujours fait.
Tout est bizarre depuis qu'elles sont là, pourtant…
À moins que ce ne soit juste toi.
Ou le fait que Kali existe, soit réelle, vienne de toi, et d'elle.
Dans ces brumes qui te prennent un peu trop souvent depuis que tu es cloîtré ici, cette information s'y mêle encore, encore difficilement conscientisée par ton esprit fatigué.

En arrivant tu files directement à ta tente, (Noam dort, de toute façon, et il y a à peine âme qui vive), où tu y croises Samuel, puis Shanti — c'est auprès d'elle que tu restes quelques minutes, non sans occulter la nuit et la matinée et l'état dans lequel tu te trouves. Lui commente rapidement les effets de la tisane que tu vas préparer pour la petite d'ici quelques heures, après avoir demandé où est-ce qu'elle était (ton flair, lui, l'avait déjà annoncée vers la tente de Kad, sans grande surprise). Lui demande vaguement si elle a bien mangé, si la nuit n'a pas été difficile — elle n'aurait de toute façon pas dit la sincère vérité en présence de l'ouïe trop affûtée du vampire, même s'il n'était pas à portée de vos regards. Il y avait de quoi être méfiant, ainsi entouré de ceux qui furent tes ravisseurs.

Vingt minutes et quelques prises avant d'aller chercher la gamine, fourrée dans les pattes de celui qui avait élaboré tes fers runiques, il y a de ça quelques temps. Tu ne sais pas vraiment s'il le voulait vraiment, ou si, comme les autres, il avait été attiré par la flamme d'Anthony. En réalité, te faire grignoter par quelque chose que tu contrôles à peine suffit à t'aider pour ne pas trop y penser. Le fait est que Kad est - aurait dû - être le chef ici, avec Samuel. Pensée tout à fait subjective de ta part, alors que tu t'es plu (mensonge) à n'obéir qu'à une seule tête, fut un temps. Kad est également l'une des personnes les plus intelligentes ici et si Kali devait traîner avec quelqu'un, c'était bien lui.

Kad qui, en plus de ça, était reposant. Il n'était pas prêt de beugler comme le trois quart des personnes vivant là.

Argos est couché à l'entrée de sa tente alors que tu t'approches de là, tirant un peu le cou pour les voir allongés flanc contre terre à se parler en signant. (Quel mot était-il en train de lui apprendre ?) Quelque chose que tu apprenais à peine, tes observations n'étant aucunement suffisantes pour comprendre le tiers de ce qui était dit. "Chiiiiiiien !" la réponse à ta question vient d'elle-même, et Argos vient se foutre dans tes pattes à peine arrivé, ce qui ne te laisse que peu de temps à les observer (ça n'aurait été qu'une question de secondes, de toute façon, pour qu'ils s'en aperçoivent).

({#}2{/#}) "Kad c'est copain — Ah," autant dire qu'elle se fait des amis plus vite que toi. Le contact te désarçonne presque autant que le fait que ce soit fait avec autant d'engouement. Tu ne sais pas vraiment combien de temps Kali (Elinor) croira que tu vas chercher des fleurs pour maman une fois par mois, parfois deux, surtout à te voir aussi abîmé en revenant ; mais ce sera toujours mieux que de lui dire que son père est un…

"Aguôss non moi d'abord" elle pousse le museau mouillé qui est vraisemblablement trop près de toi, et tu ne trouves rien à y redire, sur le moment, si ce n'est passer une main sur le profil de l'animal - sans doute pour le remercier de veiller sur la morveuse, lui aussi, et de te laisser tranquille. Ton regard effacé (délavé, dira t-on même) va s'échouer sur le visage du runiste, à qui tu demandes non moins poliment.

"Je peux rentrer ? — Ouuuuui" répond t-elle sans laisser le mot au concerné, ce qui n'est pas une réponse en soi — tu tiens ta place alors qu'elle a prit ta main gantée pour la tirer vers l'intérieur, sans parvenir à déplacer tes jambes étrangement bien ancrées. Tu guettes la réponse qui arrive enfin, engageant de toi-même une conversation des plus étranges une fois le seuil de la tente franchi "Elle ne te dérange pas ?" c'est que tu pourrais aussi bien l'en sauver pour les prochaines heures, maintenant que tu avais de quoi l'assommer.

tw: depression, blood

La dernière fois que t'as transplané comme ça, tu t'en rappelles bien, c'était après ton passage express (euphémisme) à la Fawkes, quand il a fallu recoller les morceaux de chair cette fois, après le raid. T'es même sûr d'en avoir vomi ce jour-là, tellement la douleur te prenait déjà la gueule et les tripes comme si on t'avait retourné et secoué plusieurs fois, désorienté à souhait. Peut-être même que ça s'est cumulé à un mal de mer, tu sais pas : ce serait la honte, diraient certains, mais t'as jamais eu la prétention (une première) d'aller te comparer à un marin d'eau de mer.
On peut alors dire que tu n'as ni un bon souvenir de la précédente, ni même une habitude installée, depuis que t'as été sédentarisé dans une cage, puis un campement caché. Les relents de ratés déjà sous le coude, il ne manquait plus que tu te refasses une santé avec celui-là. ({#}2{/#}) Secours pour cette sensation de brûlure qui court et cascade au niveau de ta trachée, avant même que les organes touchés se fassent griffer par une toux particulièrement vilaine, mais supportable. Tu te retiens, vraiment, de tousser, alors que tu arrives à peine à sa hauteur, vers l'entrée qui vous tend les bras. Les pierres humides couvertes de verdure enchevêtrée, sauvage à souhait, semblent écouter elles aussi, lorsque tu te mets à tousser dans ton coude. Bobo mal, et elle t'agace, cette fois-là, parce que Lucjan est là pour l'entendre. (C'est faux. Il ne sait pas. Pourquoi devrait-il savoir que cette voix existe ?) C'est que tu fais bobo mal à tout le monde aussi, en ce moment, et pire sera dans le futur, tu le sens sans le savoir. Ça a toujours été le cas, inscrit en toi. Grande magie qui est tienne, celle de détruire.

Tu lui passes devant comme si rien n'était, poussant les portes comme si tu rentrais chez toi. (Ça te ressemble un peu, cet endroit, un morceau d'âme laissé à l'abandon dans des jardins qui ont perdu de leur superbe, où la nature reprend un peu trop ses droits.) Tu as comme emporté avec toi cette hébétude qui se dissipe encore qu'à peine, manquant de perdre un peu l'équilibre (avec de la grâce, s'il vous plaît) en te retournant pour regarder les plafonds (le lustre est énorme, presque en l'état)(ça te rappelle l'entrée au manoir)(faut pas que t'y repenses, à tout ça). L'humidité et la poussière, le tout - et la toux - qui n'en a pas terminé, tu t'y remets, jurant en gaélique dans ta barbe - oui, tu sais le parler. Et t'es déjà parti t'accrocher à la rampe d'escalier, tu as envie de monter.

Un œil dans sa direction, la douleur irradiant ton thorax : est-ce qu'il veut monter avec toi ? Ou préférerait-il que vous vous sépariez… pour mieux vous retrouver ? Y'a du sang, rien qu'un peu : c'est déjà oublié.