soulève-moi
Mite est
crevée. Elle a beau avoir dit l’inverse à мама la veille encore ; cette aprèm-là, quand elle a
enfin réussi à coucher Lulu (après des heures à se débattre avec son bff le dragonneau), et qu’elle s’est rendue compte (un peu tard) que ça voulait dire arrêter les travaux de la fin de journée (parce que le trou dans la toiture de “l’aile ouest” (c’est comme ça que disent les sang-purs) est toujours béant, mais surtout trop proche de la chambre de la petite), bah… y a quand même un râle digne de ses plus belles années punks qui est venu agiter tout son corps, misérablement allongé à même la moquette crado. Elle a fait ça tant et si bien que
même le kanhuahua (un cousin magico-polynésien du chihuahua, mind you) a sauté directement au premier étage pour venir se fourrer entre ses pattes (Brutus, lui, a mis vachement plus de temps à les rejoindre, parce que les escaliers c’est toujours pas son truc). Et Mite serait bien infoutue de dire combien de temps elle est restée comme ça, les deux chiens puants à même le débardeur pas franchement plus propre -- elle ne saurait pas non plus dire ce qui l’a poussée à se bouger, finalement, mais toujours est-il qu’elle a fini debout d’une manière ou d’une autre.
Elle passe évidemment jeter un œil à la chambre de Lulu (qui ronfle toujours comme un sonneur, depuis son lit pour enfant de quatre ans) ; s’lance ensuite une œillade, dans un des miroirs qui traînent un peu n’importe où. Elle a les cheveux broussailleux et blancs de peinture à certains endroits, puis plus généralement l’air d’avoir besoin d’une sacrée douche -- mais Mak pourrait être là n’importe quand, et elle se remettrait évidemment pas de le louper. (Du coup, Mite se tend plutôt des
finger guns dans la glace : ça lui fait à peu près le même effet qu’un coup de gant de toilette).
Elle continue sa route, toujours Brutus dans les pattes ; s’arrête encore pour mettre un kick à la cheminée et lui demander “
Pas de news de Mak ?” (c’est elle qui a insisté pour faire installer une cheminée dans le bus tour, même si ça a un peu fait gueuler tout le monde).
“Pas de news de Mak”, lui répond l’antre avec un semblant de lassitude qui lui vaut un nouveau coup de latte. Mite vise donc le jardin, lâchée par le bouledogue quand celui-ci comprend qu’elle va aller s’installer dans sa chaise longue préférée (celle complètement arrachée, mais juste au bord de la piscine du dragonneau), sauf que… "
MaytEEEEEEI"
D’un coup c’est les symptômes habituels : le cœur qui bat aussi fort qu’avant un drop, la même impression de surexcitation et de sérénité mêlées, le sentiment d’être exactement là où on devrait être sur Terre, la vague de chaleur qui fait frissonner. Pis comme à chaque fois, la ménagerie la coiffe au poteau ; Mite a même pas le temps de se précipiter vers la baie vitrée que son homme est déjà accaparé par les bêtes plus ou moins commodes (et plus ou moins imposantes : on la verrait même plus, derrière certaines). "
Elle est où ma p'tite femme adorée ?" Comme à chaque fois aussi, les mots doux sont accolés aux beuglements caverneux -- pour ne pas décevoir, la fameuse wifey suit aussi le rituel en mugissant de plus belle “
LULU DORT !!!!” (c’est que la petite a le sommeil aussi lourd que papa) (que son sommeil à lui ou que lui tout court, l’histoire le dit pas).
Les braillements de tous les côtés ont l’effet de libérer un peu l’horizon, si bien que Mite peut s’élancer avec davantage de sécurité, pour atterrir droit dans les bras de son métallos préféré. Y a quelque chose de beaucoup trop naturel, à se propulser ainsi à deux mètres quarante-deux de haut ; parce qu’elle sait que Mak va toujours la rattraper, et qu’il y aura toujours ses lèvres au bout du chemin. "
Salut bébé." (La réponse ressemble à quelque chose comme “
GRMBLLLL MON BEBE chAAAAAT”, vite noyée contre le cou épais dudit “bébé chat”.) Mite respire à pleins poumons son odeur, couvre avidement un maximum de peau ; quand elle se sait confortablement calée, elle recule pour venir prendre le crâne chauve entre ses mains.
“
Mais regardez-vouuuus Môôôssieur (une de ses mains parcourt son crâne pour venir déposer cinq ou six nouveaux petits
pecks sur ses lèvres, puis Mite laisse un doigt descendre le long de la nuque couverte de sueur).
Toujours le plus bel ogre du quartier…. (Ce n’est pas
derogatory, quand
elle le dit ; preuve en est, elle vient porter le doigt explorateur à sa bouche, qui elle-même s’étire dans le genre de sourire qui lui donne l’air d’avoir douze ans et non pas vingt-six).
Il va falloir prendre une douche, uh (ça vaut pour elle aussi),
mais avant ça… Pizzas, Feux de l’amour, et tu m’expliques pourquoi Cameron est une horrible cruche ?? (elle n’a jamais trop aimé Cameron, sûrement parce qu’elle est blonde (comme elle aurait dû l’être) et un peu trop jolie) (comme elle n’aurait pas dû l’être)).”
Mite va pour descendre de son perchoir, attrape maintenant à pleines mains le tee-shirt de son mari pour tenter de le secouer vivement (évidemment, il ne bouge pas d’un poil de Brutus). “
Ou raconte moi n’imp, vraiment, j’veux juste t’ent-- HEY, y a quoi là-dedans ?!?” Ses yeux ronds comme des billes viennent de se poser sur l’habituel carton, qui comme toujours (et comme tout ici, globalement) sent un peu fort ; elle va pour le soulever (avec la bonne forme du dos et tout), arrive évidemment pas à le faire bouger d’un iota, y va donc de son coup de godasse enthousiaste et, surtout, de ses yeux doux pour Mak.