"Hey, uh, you." Bairagi releva les yeux vers le Handler qui se tenait à côté d'elle, café à la main, un air de chien battu comme on n'en voyait qu'à la Police Magique - Buchanan, qui avait encore une fois visiblement oublié son nom. "Corban's looking for you." La vampire laissa retomber l'impressionnante monstera en pot à quelques centimètres du coin café dans un « poc » bien trop discret pour son volume – l'un des nombreux travaux de manutention (comprendre décoration intérieure et autres services inutiles) qu'on lui réclamait depuis que son Handler était en arrêt maladie. Yaxley, qui ne parlait pas aux Hounds... La dernière fois qu'elle avait eu affaire à lui, lors de l'accident de Lewis, il s'était adressé à son assistant, planté droit comme un I derrière lui – un interprète qui répétait les réponses de Bairagi, heureusement courtes (et pourtant étrangement déformées par le sorcier), sous l'air circonspect de la vampire. "He's in his office. And, uh..." Buchanan indiqua la monstera de son café dont quelques gouttes (trop parfumées pour du café) tombèrent sur la moquette. "Do you think you could do something about the plant in my office? I've got one to, you know, have a plant but looks like it's dying – dying or dead already, not too sure on this one." "I'll see what I can do", répondit-elle après une brève seconde de battement où elle avait jaugé qu'il était sérieux. Les mauvaises plaisanteries étaient légion, dans leur service, et Bairagi, depuis, prenait toujours le temps d'analyser les demandes des Handlers. Les Hounds étaient moins enclins à moquer son sérieux, quand bien même persistaient quelques exceptions.

Elle toqua à la porte du bureau en trois coups brefs et fut surprise de constater la présence unique de Corban, qui releva les yeux vers elle, pinça les lèvres, et reprit le cours de la lecture du parchemin ouvert devant lui, le tout sans un mot. Devant cet absence de rejet immédiat confirmant la légitimité de sa présence, Bairagi pénétra à l'intérieur du bureau, referma la porte, et attendit, postée en retrait, ses mains croisées devant elle, le silence seulement entrecoupé par le grattement de la plume de Yaxley sur le papier.

Un bruit de pas se fit entendre, le long du mur, accompagné d'un cliquetis sourd qui attira naturellement l'oreille de Bairagi – quelques secondes plus tard, de nouveaux coups à la porte, et après un "come in" qui annonçait l'arrivée d'un être humain, Fitzroy pénétra à son tour dans le bureau.
Ils échangèrent un bref regard, légèrement confus d'être en présence l'un de l'autre – cela expliquait au moins l'absence d'interprète, et Bairagi se décala légèrement sur la gauche en détournant le regard. "Here you are", fit Corban sans relâcher sa plume, son regard sur Fitzroy. "Still solo, aren't you?" Le bout de la plume de Yaxley pointa dans la direction de Bairagi, qui cilla légèrement sous le geste, et le rapport qu'elle pouvait avoir dans cette affaire. "This will be your Hound for the next few weeks", annonça-t-il en revenant raturer son parchemin, détournant son attention de ses deux employés. "We've got an owl from Lewis's son this morning, he won't be back for a bit and she can hold your first-aid kit or whatnot – just don't get her killed, paper work would be a pain in my... Did a bloody troll write this? This is unbelievable."

Le regard de Bairagi s'était à peine agrandi sous cette mutation éclair ; elle n'avait eu d'autres interactions avec Fitzroy que lorsqu'il lui avait donné des soins rapides et primaires (Lewis avait tendance à l'envoyer en première ligne et à se servir d'elle comme un bouclier – elle ne devait sa survie qu'à peu de choses.) Elle avait gardé de lui un souvenir sec, rigide, la manipulant avec ce qui devait probablement être du mépris, au mieux, sinon du dégoût – pas différent des autres Handlers, si ce n'était que lui semblait aussi surpris qu'elle par cet intérim.

Nils aurait dû se douter que ses escapades incessantes allaient finir par l'envoyer à pieds joints dans le bureau de Corban. Well, techniquement, ça aurait dû être dans le bureau de Kalen ; mais depuis que les rumeurs de sa disparition s'étaient répandues comme une traînée de poudre, les oreilles sifflaient désormais aux convocations, incessantes elles aussi, dans le bureau du Général (pas le petit, le vrai, cette fois).
Mais tout va bien se passer, Nils a soigneusement préparé tout un tas d'excuses en chemin. Ses intestins tordus se doutent bien que ça sera loin d'être assez suffisant pour satisfaire le mécontentement de Yaxley mais hé! que serait la vie sans une petite dose d'improvisation! Après tout, c'était ça qui l'avait mené à être convoqué chez Yaxley, pas vrai? Ses décisions prises sur un coup de tête de prolonger sa pause déj pour aller se payer quelques petites frayeurs dans les pattes d'Islabeth. (A ça de lui demander un mot d'excuses, pour la prochaine fois.)

Il frappe à la porte du bout de sa canne, après s'être sagement essuyé les pieds (oui, il y a un paillasson devant la porte du bureau... A son avis, maintenant qu'on était directement convoqué chez Corban, le pauvre tapis allait pas faire long feu, entre les talons presque obligatoires des vampires et les bottes crottées des handlers). "Come in." Nils s'exécute. "You wanted to see me, Si—" Il s'interrompt tandis que Corban lui coupe legit la parole, mais aussi parce qu'il ne s'attendait pas à découvrir une hound, seule de surcroit, poireautant dans le bureau de Yaxley.
Il en oublie de répondre (pas comme si Corban s'attendait à une réponse anyway). Nils baille un peu aux corneilles, les sourcils froncés ; ses questions se voient répondues avant même d'être formulées, avec une hâte et une précision montrant que leur supérieur était déjà passé à l'affaire suivante.

"I guess it's settled, then..." marmonne-t-il un peu amer, pour lui-même, peut-être pour Bairagi aussi un peu, vu que Corban ne se sentait visiblement plus concerné. Sans lever son nez du parchemin de troll, il assène un "You were saying?" courtois et tout autant menaçant. "Have a nice day, Sir." "Bold of you to assume it's still a thing around here, ah!" Nils croise le regard de Bairagi qui fait volte-face pour sortir de la pièce. Il pince les lèvres, les yeux écarquillés de sidération et prend sa suite.

Une fois sorti, Nils semble reprendre sa respiration. "Damn, he's not getting better, right?" Il se racle la gorge, un coup d'œil suspicieux en arrière, comme si la porte pouvait les entendre. "Well, under these circumstances, we can't expect too much from him..." Son attention se résout enfin à se concentrer sur sa nouvelle responsabilité. Il grimace de désarroi. "Anyway, I guess we— we're a thing now..."
Il se demande si lui coller un hound dans les pattes n'était pas une manière de l'empêcher de s'éparpiller... en particulier avec ce hound-là. "Sorry for your... handler... I guess?" Difficile de faire broncher la vampire qui doit sans doute attendre des instructions qui tardent à fuser.

La canne de Nils tapote nerveusement sur le sol, tandis qu'il se met en branle, surveillant du coin de l'œil qu'elle le suivait bien (il faut dire qu'elle ne fait jamais aucun bruit, Curran, alors c'est jamais facile à dire). "I— uh, you kinda caught me unprepared on this one, uh— Curran, right?" Il dissimule mal son ennui, déblatérant, les dents si serrées qu'on pourrait presque entendre son appareil grincer. "What— what did your handler was making you do? I mean— outside mission hours?"

Yaxley conclut l'entretien avec un empressement dénotant de sa volonté à se débarrasser de cette affaire – un grain de poussière dans l'engrenage complexe de la Brigade, où les catastrophes semblaient pleuvoir avec autant de régularité de les averses sur les côtes écossaises. Bairagi ne demanda pas son reste et, après un bref coup d'oeil à son nouveau coéquipier, sortit du bureau, attendit que Fitzroy fasse de même, se retrouva face à lui, son regard planté dans le sien en attendant la suite. "Damn, he's not getting better, right?" Bairagi n'était pas sure d'avoir assez vu Yaxley pour juger d'une amélioration ou, en l'occurrence, d'une détérioration de ses humeurs ; la disparition d'un bras droit impliquait néanmoins, au-delà de tout grief personnel, un remaniement pénible du service, et elle ne se souvenait pas l'avoir vu arborer une expression autre que la mine fermée qu'il leur avait opposée aujourd'hui. "Well, under these circumstances, we can't expect too much from him... Anyway, I guess we— we're a thing now..." La grimace de Fitzroy était équivoque, un contraste saisissant avec l'expression d'un neutre immuable de la Hound – elle avait connu sensiblement pire que de se retrouver attitrée à un poste où on n'avait pas besoin d'elle. "Sorry for your... handler... I guess?" "You don't have to be." Bairagi lui opposa une réponse basse, factuelle ; qu'il s'agisse de politesse ou d'un dépit sincère, elle n'avait pour son Handler aucun attachement personnel qui ne mérite l'un ou l'autre – particulièrement lorsque Fitzroy semblait si ennuyé d'évoquer ce simple fait.

Elle le suivit, légèrement en retrait, se calant sur le rythme de ses pas. Le « toc » léger de la canne sur le sol trahissait la répartition du poids du sorcier ; ce n'était pas l'appui de quelqu'un se servant pleinement du soutien d'une canne, ne put-elle s'empêcher de remarquer sans chercher à retenir ou à interpréter particulièrement ce détail anodin. "I— uh, you kinda caught me unprepared on this one, uh— Curran, right?" "Correct", répondit-elle sobrement, peu déphasée par l'ennui sensible jusque dans la mâchoire de Fitzroy qu'elle pouvait voir tressaillir du coin de l'oeil – être une nuisance faisait partie intégrante du job, et Bairagi l'avait compris et accepté dès qu'on l'avait fait asseoir sur la chaise de la salle d'interrogatoire. Après avoir été une arme létale toute son existence, n'être rien au nom de la marque saillant sur sa joue était presque reposant. "What— what did your handler was making you do? I mean— outside mission hours?" Le regard de Bairagi vira brièvement sur le profil de quart de Fitzroy, ce qui se rapprochait le plus de la surprise chez la vampire. "He had me run errands, write reports for him, listen to his jokes, take part in games designed for public entertainment." Sa voix aussi monotone que si elle lui faisait la liste desdites courses de Lewis (un exercice qui s'était révélé réduit avec les dernières mesures anti-hybrides, contrariant sensiblement son Handler) ; quant aux jeux de Lewis, Bairagi s'y était prêtée avec une docilité telle qu'on ne s'était pas privé pour en abuser, comme l'on peut abuser d'une otarie à qui l'on fait faire ses tours devant les regards d'un public moqueur – il n'était pas rare qu'il appelle d'autres collègues Handlers pour leur faire profiter du spectacle. "I can aswell sit in a corner and wait for our orders", ajouta-t-elle avec la même sobriété, tout aussi peu dérangée à l'idée d'attendre dans un coin du bureau de Fitzroy que de faire tenir une baguette en équilibre sur son nez sous les rires de cinquantenaires hilares.

"He had me run errands, write reports for him, listen to his jokes, take part in games designed for public entertainment." Si Bairagi ne laisse poindre ni entrain ni ennui en listant les taches ingrates auxquelles elle était réduite, Nils ne cache rien de sa sidération. D'habitude, il est plutôt pudique à propos de ses humeurs; mais tout de suite, auprès de la surface lisse et intraçable de Curran, il paraît bien expansif... Ou bien c'est juste que ses collègues handlers avaient parfois le don de l'exaspérer plus que les hounds eux-mêmes. "That's right... I don't even know why I asked..." Il était régulièrement importuné lui-même par les idées saugrenues des handlers oisifs; il n'y a pas à dire, quand il s'agit de ne pas rédiger leurs rapports, ils savaient remuer leur matière grise...

"I can aswell sit in a corner and wait for our orders." "Don't worry, at least, I won't have you running around entertaining this bunch of fools..." Ça ne lui ressemble pas en revanche de se prononcer aussi sincèrement (et aussi rapidement) sur ce qu'il pensait de ses collègues. Peut-être qu'il se doutait que ce genre de confidences n'iraient pas plus loin que l'œil attentif de Bairagi. Nils ne l'imaginait pas aller commérer avec les autres, alors que Merlin seul sait que les hémovores de la Brigade auraient aussi bien pu avoir été croisés avec des pies jacasses.

Ils arrivent au bout du couloir. "This is where you realize, my dear Curran, that the Brigade schedule has been designed by a bunch of reckless hunters who only cared for the hunting part... What a waste of time and grey matter." Se faisant, il pousse la porte du QG de la Brigade, lui ouvrant le passage. "I'll make sure yours is not going to waste— Prewett! That's my desk you're having your breakfast on; get a move on!"
Observant avec impatience le quinquagénaire ramasser salement ses papiers graisseux, Nils grince des dents ; il n'a toujours pas lâché la poignée de porte. "You know what, Curran? Let's get us something to drink..."
Et le duo de faire demi-tour, sous le regard confus de Langford qui après quelques secondes de réflexion se réinstalle dans le siège de Nils.

"How is it, teaming up with Lewis?" demande pensivement Nils qui considère, le temps de quelques secondes et d'un mouvement avorté de la main, récupérer son carnet pour étoffer ses notes. Ils arrivent dans la cafétéria ; tout de suite, les regards à l'attention de l'hémovore sont plus appuyés, plus méfiants. Le genre de discrimination passive qu'on ne retrouve pas à la Brigade du fait de leur collaboration avec les hybrides depuis sa création (et en ça peut-être le seul aspect progressiste de cette horde de dégénérés, n'en déplaise à Corban). "I mean— as the doc around here, I tend to notice that he... he is not very tender with you..." Nils ne se sent visiblement pas très à l'aise à l'autre bout de ces regards suspicieux, et il a vite fait de s'enfiler dans la queue pour les poches de sang, focalisant son attention sur le regard le moins dur de l'assemblée (qui l'eût cru): celui de Bairagi.

"Don't worry, at least, I won't have you running around entertaining this bunch of fools..." Nouveau coup d'oeil rapide : cette promesse d'utilité affirmée était surprenante, d'une personnalité qu'elle avait jugée fermée lors de leurs brèves entrevues – il était moins étonnant de savoir que Fitzroy se considérait plus intelligent que ses collègues. Légèrement décalé, sans aucun doute, rapport à la majorité de quinquagénaire qu'elle pouvait entendre pouffer dans les bureaux de l'un ou de l'autre, ou des notes de service qui filaient sous son nez, d'où dépassaient les premiers mots d'une plaisanterie graveleuse. "This is where you realize, my dear Curran, that the Brigade schedule has been designed by a bunch of reckless hunters who only cared for the hunting part... What a waste of time and grey matter." Fitzroy avait, au moins, un point commun avec Lewis : parler, seul, sans qu'il n'attende de réponse immédiate (tant mieux, Bairagi était sensiblement mauvaise au small talk et n'appréciait pas réellement de devoir s'y prêter, pendant ses heures de travail). "I'll make sure yours is not going to waste— Prewett! That's my desk you're having your breakfast on; get a move on! You know what, Curran? Let's get us something to drink..." Elle ne tenait pas spécialement à manger, à cette heure, ni à se rendre à la cafétéria qui se vidait dangereusement, aux prémices de la nuit ; il s'agissait d'un lieu où elle ne se rendait qu'à défaut, lorsque Lewis lui accordait une pause ou voyait, dans son regard, guetter une faim dont il ne tenait pas spécialement à faire l'objet.

Le bruit de leurs pas reprit, tandis qu'il traversait le niveau, et les interrogations discrètes de Bairagi furent avalées par le cliquetis léger, déjà presque familier, de la canne sur le sol. "How is it, teaming up with Lewis?" Les portes de la cafétéria s'ouvrirent devant eux, et Fitzroy se fit une place à ses côtés, dans la file, attirant un bref coup d'oeil de la part du vampire devant eux, et le regard de Bairagi qui ne s'était pas attendue à sa compagnie. Certain.e.s Handlers avaient tendance à franchir les limites entre leurs deux mondes de façon régulière, et les phénomènes récurrents avaient hérité, côté hybride, de noms adaptés à ce comportement souvent motivé. Fitzroy, lui, semblait seulement motivé par le désir d'en savoir un peu plus sur sa relation avec Lewis – ou tout du moins d'en savoir plus sur le fonctionnement d'une relation Handler-Hound. "I mean— as the doc around here, I tend to notice that he... he is not very tender with you..." Tender? Are Handlers supposed to be? Bairagi savait néanmoins qu'il était plus sage d'éviter de répondre à ses questions par d'autres, quand bien même les siennes la déstabilisaient légèrement par leur incongruité ; pas besoin, non plus, d'en poser lorsqu'il apparaissait nettement que Fitzroy n'avait pas l'habitude de travailler avec un.e Hound. "You shouldn't be standing in this line", se contenta-t-elle de répondre en revenant à la file, peu encline à s'épancher sur sa relation avec Lewis (ou Buchanan, ou les autres Handlers dont elle avait hérités depuis son arrivée à la Brigade). C'était la même chose, à différents degrés d'indifférence ou de cruauté près. "Do you have B+?" demanda-t-elle à l'hybride de service en n'ayant que trop conscience de la présence du sorcier à ses côtés ; on lui remit une pochette de sang frais estampillé d'un A auquel elle n'eut rien à redire, et dont elle s'empara en revenant à Fitzroy, dont les mains étaient désespérément vides. "I'll be waiting over there", fit-elle en  indiquant du regard un coin de la cafétéria, non loin des poubelles – sur le territoire des Hounds, qui prenait une place sensiblement réduite, face à celui du commun des mortels.

Nils se rend aussitôt compte de son erreur, lorsqu'il se poste aux côtés de Bairagi dans la file d'attente. Les regards ne le lâchent pas, et, au lieu de le faire réagir de manière adéquate (soit, de l'engager à s'extirper de la file de vampires), ils le figent sur place, à l'instar d'une biche devant les phares du Magicobus. Tout son corps se crispe, à commencer par ses mains vissées au pommeau de sa canne. Il retient sa respiration, se mettant à compter compulsivement les taches de sang sur le carrelage au sol, se refermant sur lui-même, jusqu'à oublier la présence de Bairagi.
"You shouldn't be standing in this line." La voix de Bairagi le tire de son décompte fiévreux. Il relève la tête, abasourdi, tandis que la vampire reçoit son maigre dû.

Nils fait un pas de côté, en réalisant qu'il bloquait le reste de la file, et que le vampire derrière lui menaçait de prendre sa jugulaire comme raccourci pour épancher sa soif. Tendu comme un Nimbus 2000, il s'extirpe de la file, tandis que sa hound de dernière minute lui indique où la rejoindre. Si la prise d'initiative venant du côté de la vampire aurait fait tourner de l'œil à Corban, Nils est trop pris au dépourvu pour avoir à y redire quoi que ce soit. Au contraire, il se raccroche à l'assurance de Curran pour se sortir de sa nervosité. "I'll be waiting over there." "I'll be back in a minute," lâche-t-il d'une traite en tournant les talons vers le comptoir des sorciers.

On lui sert un café tiède (et sûrement coupé à l'eau), mais Nils ne fait pas le malin, pressé de se ratatiner finalement dans un coin et de disparaître de l'attention d'autrui qu'il sentait collée à son échine comme une fine couche de sueur. Nils ne savait pas y faire en public, et jusqu'à présent, il avait toujours bénéficié de la présence, envahissante et brusque, des handlers pour détourner le focus de sa personne.
Il s'assoit en face de Bairagi, les mains enveloppant son gobelet. "You avoided the question", remarque-t-il, retrouvant peu à peu son impassibilité. Il sort de la poche intérieure de sa veste son carnet. "Perhaps I should have started with something more basic... I guess it's not a thing for a hound to talk behind the back of your handler... I mean, as long as it's not with an other hound."
Il feuillette un temps son carnet, aboutit sur une page qui semble être consacrée à plusieurs handlers. Il retourne le carnet vers Bairagi, pour lui donner une idée de ses recherches. "I've been writing behind their back for a while, now; so I'm not really the snitch type." Sur la page, en plus des informations élémentaires concernant Lewis, étaient listés également des problèmes de santé, les différentes blessures qu'il avait reçu en mission (pas des masses, puisqu'il se servait généralement de Bairagi comme d'un bouclier) (la page concernant la vampire était autrement plus remplie), mais aussi des diagnostics hypothétiques (et c'est peu dire que Lewis en tenait une couche).

"Let's consider that as a way to... uh, to improve the productivity of our department, right? We don't want to waste any potential... well, at least, I don't." Nils se doutait bien que Yaxley trouverait toujours de la chair à canon pour remplir ses rangs. "So, how long has it been, since you started working with Lewis? Has it... always been like this?" Il se tait un temps, la voix d'Otto tournant en boucle dans sa tête, comme quoi il devait apprendre à être plus spécifique. Il le chasse d'un bref clignement d'yeux. "I noticed he is mostly using you as a shield. It's not that unusual, of course, but I did realize his goal is mostly to make it out alive; more than the success of the mission itself... And this is where it gets problematic." Un semblant de soucis traverse le regard de Nils. En comparaison à d'autres duos, Bairagi n'était pas tombée sur le handler le plus tolérant, pour ne pas dire que dans certaines combinaisons, le pouvoir changeait parfois de mains, avec le temps, et avec les liens qui se créaient, malgré tout.

Bairagi avait déposé sa pochette de sang sur la table, après s'être retirée auprès d'un paravent qui délimitait la zone de restauration et les files d'attente – c'était l'endroit où se rapatriaient les Hounds, seuls hybrides miraculeusement tolérés à la cafétéria officielle du Ministère (en dehors, bien sûr, du petit personnel). Comme quoi, il y avait certains avantages à être à la Brigade – que l'on n'avait pas manqué de lui souligner, à son embauche.
Son regard avait suivi Fitzroy jusqu'à l'autre côté de cette limite invisible, pourtant sensible aux yeux des habitués ; elle releva discrètement la silhouette tout juste plus tassée du sorcier, la démarche raide, le cliquetis de sa canne marqué, dissonant, contre le carrelage de la cafétéria, un son net entre les bruits métalliques des couverts et les bavardages des quelques autres employés de nuit venus se ressourcer en sang et en café.

Elle détourna les yeux lorsqu'elle le vit se retourner, attendant avec patience qu'il vienne la rejoindre – elle pensa, un instant, au coin tranquille sur les escaliers de secours qu'elle avait dégoté lors de ses premiers mois à la Brigade (toujours trouver un coin tranquille, où qu'elle aille), loin du boucan et des yeux clairs de Fitzroy. "You avoided the question." Elle retrouva ainsi malgré elle les yeux curieux du sorcier, à moitié incisif, simplement déterminé, semblait-il, à venir au bout de cette affaire. "Perhaps I should have started with something more basic... I guess it's not a thing for a hound to talk behind the back of your handler... I mean, as long as it's not with an other hound." Bairagi le regarda par-dessus le bruit des pages feuilletées rapidement, laissant couler sur elle ce préjugé, révélant presque le déroulé logique d'une étude sociale des rapports Handlers-Hounds. Il y avait bien Boris et Lucia, qui poussaient de grands soupirs en s'épanchant sur les cas (désespérés) de leurs Handlers, mais Marlowe n'avait commenté sur le sien que du bout des lèvres et Bairagi, elle, avait parlé en Lewis dans les mêmes termes qu'il avait servis à Fitzroy.
Elle n'avait, à vrai dire, pas non plus l'intention de sympathiser avec son remplacement temporaire.

Le carnet s'ouvrit sur deux pages remplies d'une encre noire, où coulèrent naturellement les pupilles de la vampire. Quelques lignes apparurent à ses yeux rodés à la lecture à l'envers (un autre de ses talents multiples grappillés au cours de sa vie précédente) – Bairagi ouvrit légèrement les yeux, ce qui se rapprochait le plus de l'étonnement sur ses traits impassibles. "I've been writing behind their back for a while, now; so I'm not really the snitch type." Se trouvait là le rapport détaillé des missions de Lewis, de son état de santé, de son comportement social ; Bairagi cilla légèrement au diagnostic établi par Fitzroy, et elle sut instantanément qu'il se trouvait une page non seulement pour tous les Handlers, mais également pour tous les Hounds.

Elle réprima la pointe de surprise à l'idée de se trouver dans le carnet de Fitzroy, entre les courbes raides de son écriture serrée, releva les yeux vers lui. "Let's consider that as a way to... uh, to improve the productivity of our department, right? We don't want to waste any potential... well, at least, I don't." Y'avait-il un lien avec la disparition du bras droit de Yaxley ? Le timing de cette occurrence sonna une légère clochette dans un coin de l'esprit de Bairagi – elle connaissait néanmoins trop peu Fitzroy pour savoir s'il s'agissait d'un excès de zèle providentiel ou s'il désirait sincèrement le bien du service.

"So, how long has it been, since you started working with Lewis? Has it... always been like this?" Bairagi dévissa l'embouchure de sa pochette, ne quittant le regard inquisiteur de Fitzroy que pour le baisser sur le sang entre ses doigts – elle avait désormais la certitude qu'il n'allait pas renoncer à ses questions avant d'y avoir obtenu une réponse, et cette insistance malvenue, un bref instant, lui rappela Llew. Idiot. "I noticed he is mostly using you as a shield. It's not that unusual, of course, but I did realize his goal is mostly to make it out alive; more than the success of the mission itself... And this is where it gets problematic." Problematic? Les pupilles de Bairagi revinrent à lui et sondèrent l'oeil de droite, puis celui de gauche de Fitzroy – honnête, trop. Elle pouvait voir les ennuis se profiler, dans ce regard convaincu du bien-fondé de ses actions. Les chances qu'il parvienne à chambouler lui-même, de l'intérieur, un système de justice reposant sur une discrimination notoire, étaient désespérément maigres – et puis, à quoi bon ?

Bairagi enfila la paille dans l'embouchure ouverte, baissant un bref instant le regard pour considérer ces paroles. "I believe my death wouldn't prevent the success of one's mission", fit-elle sobrement, aussi froidement que l'approche scientifique de Fitzroy – elle ne craignait plus réellement la mort, après l'avoir côtoyée, et provoquée, si longtemps. Elle releva les yeux vers lui. Death is part of the job here too. "Isn't it a Handler's duty to get out alive, so that he can carry on other jobs?" Aucune provocation dans sa voix basse, tandis qu'elle plaçait la paille entre ses canines et prit une gorgée du sang, qui roula dans un goût métallique, délicieux, le long de sa gorge, avant de reprendre, avant que son ton puisse être pris pour une marque d'insolence : "I don't blame him for using me as a... Shield. No specific rules apply, as long as we serve our purpose." Soit mourir à deux heures du matin dans un coin perdu des Highlands, à servir de tampon entre un Avada Kedavra et la vie de son Handler ; Bairagi revint à son sang, sans s'attarder sur ce "potentiel perdu" qu'elle considérait avec bien moins d'égard que Fitzroy - elle avait trop tiré sur le sien, de potentiel, poussée à bout de ses capacités en continu, et considérait ce destin idiot comme un repos bienvenu.

Sur certains points, Nils ne savait pas faire les choses à moitié; une manière, sans doute, de compenser avec tous les autres engagements dans lesquels il ne se lançait pas à corps perdu (à savoir, en tête de ligne, de rejoindre son frère à l'Ordre). Aussi, quand Otto l'avait sagement et impassiblement poussé à rejoindre la Brigade (et par la même occasion, le giron embarrassant de Felix), Nils s'était retrouvé à faire bien plus que ce en quoi sa tache initiale consistait. Non content de rafistoler à tour de bras handlers et hounds, il s'était très rapidement mis à collecter leurs problèmes de santé, connus et inconnus, histoire d'anticiper du mieux que possible les dégâts infligés en mission. Loin de faire ça par bonté d'âme, c'était simplement son sens du devoir et des choses bien faites qui l'animait, et le motivait à recoudre, encore et encore, les plaies de ses abrutis de collègues.
De plus, prendre soin d'eux lui donnait mille et une raisons de se plaindre, et ça, dans le service, ça n'avait pas de prix.

Bairagi accepte finalement de répondre à sa question, avec la même objectivité que tous lui reprochaient. Nils avait remarqué que les hémovores de la Brigade se divisaient en deux catégories, qu'il avait, dans un élan de nervosité, tout d'abord surnommé: les commères versus les portes de prison. Le répertoriage était basique mais on ne peut plus révélateur. Et, au fil du temps, il avait dû admettre que, bien qu'elles soient de loin les plus insupportables, les commères étaient les plus bavardes au sujet du reste de la Brigade, et à elles seules, l'avaient aidé à remplir plus d'un carnet de notes. A croire que la première catégorie tentait de palier le silence de la seconde, quand bien même Nils était persuadé que les portes de prison auraient pu lui être d'une utilité autrement plus efficace.
Tout ça pour dire qu'une étincelle pique son regard sévère, à voir comment il s'empêche de s'emparer directement de sa plume portative pour écrire absolument tout ce qu'elle lui émiettait, lorsque la vampire lui explique qu'elle a embrassé son sort depuis longtemps. Il devait faire attention, afin de ne pas la brusquer, au risque qu'elle se mue de nouveau dans cet impénétrable silence.

La frustration était palpable, dans la curiosité insatiable de Nils; les vampires, de par leur longévité, étaient une mine incroyable de connaissances. Et, parmi eux, Bairagi était de loin celle dont il savait le moins de choses. Chaque handler avait quelque chose à raconter au sujet de leurs hounds, en bien comme en mal. Lewis, de son côté, c'était à peine s'il savait orthographier correctement Curran. Quel gâchis.
"In theory, you're absolutely right. But time revealed that, in terms of training and headcount, it costs more money and more time to find a new hound, than a new handler... I saw the recruitment reports. Yaxley's not ready to accept that, but if the Ministry wants to keep this Brigade on track, we better be more careful with the hounds management..."
Nils n'avait pas réalisé qu'il s'était un peu penché vers l'avant, baissant la voix. Son regard avait papillonné entre la poche de sang se vidant doucement et l'aperçu fugace qu'il avait des canines de Bairagi, persuadé qu'elles avaient encore poussé. Note to self: les canines de vampires poussent-elles indéfiniment?

Il se redresse, légèrement confus d'avoir été aussi bavard sur la question. Il boit une gorgée de son café, les sourcils soucieux. "Well, I probably shouldn't be sharing that with you, or even with anyone... I'm not trying to put you in a dangerous position, sorry for that..." Il se masse l'arcade sourcilière, referme pensivement son carnet. "I guess I'm not used to be around quiet people; makes me the chatty one..." Son regard, comme tiré de sa transe administrative, est soudain plus fuyant, revenu à la réalité de la situation. "Or perhaps I could use a partner more often; it gets lonely to be the third wheel when I go on a mission with you, guys." Il tapote la couverture de son carnet. "Seems like gathering intel is not enough to get closer to your colleagues!" Un sourire un peu crispé, un peu triste (c'est le mieux qu'il puisse faire) fend son visage émacié.

"So, yeah, I did notice you were one of the most skillfull hemovore of the Brigade; what were you doing before the Ministry laid its hands on you?" Symboliquement, il range finalement son carnet dans la poche intérieure de son manteau, reposant sagement ses mains sur son gobelet encore à peine chaud. "I used to work at St-Mungo; but I guess my... I guess I needed to go directly in the heat of the action!"

"In theory, you're absolutely right. But time revealed that, in terms of training and headcount, it costs more money and more time to find a new hound, than a new handler... I saw the recruitment reports. Yaxley's not ready to accept that, but if the Ministry wants to keep this Brigade on track, we better be more careful with the hounds management..." A young fool, eager to take on. Le regard de Bairagi revint se fixer dans les iris bleutés de Nils. Des ambitieux prêts à se brûler les ailes, elle en avait connu sans en côtoyer de trop près : accepter de vivre au sein de l’Acromantula, c’était accepter une vie d’obscurité, sans gloire ni soleil. Quelqu’un comme Nils, chez eux, aurait pu être utile, détourné de son entêtement à vouloir corriger une Brigade dont le fonctionnement ne serait jamais aussi carré qu’il l’aurait fallu – trop humain, basé sur une pyramide organique dont les pièces grouillantes se changeaient en quelques gestes rapides. "Well, I probably shouldn't be sharing that with you, or even with anyone... I'm not trying to put you in a dangerous position, sorry for that..." Bairagi, pour toute réponse, aspira le contenu de sa paille en détaillant le geste de Nils sur son arcade sourcilière ; un signe marquant une gêne sincère, qu’elle nota dans un carnet immatériel, jumeau de celui de Nils, inscrit dans un coin de son esprit. "I guess I'm not used to be around quiet people; makes me the chatty one..." Quiet? Bairagi ne s’était jamais considérée particulièrement silencieuse – seulement le fruit d’une norme essentielle, au sein de son ancienne affiliation. On avait tout à gagner, dans le silence ; tout à perdre en bavardages inutiles, quand bien même Bairagi devinait le pourquoi du comment d’une telle discussion durant leurs heures de service. Apprendre à se connaître, lier le temps que durerait leur collaboration, faire de cette dernière quelque chose de rentable – en apprendre plus sur elle, au passage. "Or perhaps I could use a partner more often; it gets lonely to be the third wheel when I go on a mission with you, guys. Seems like gathering intel is not enough to get closer to your colleagues!" Oh, tiens. Bairagi rabattit sa paille, interrompant un instant son repas devant le sourire crispé de son nouveau partenaire. Était-ce une plaisanterie, ou simplement un triste constat, pour Fitzroy ?

Un mélange des deux, lui souffla son instinct tandis que Bairagi attendait, attentive aux silences, que celui-ci prenne fin, poussé par la verve que sa discrétion provoquait, d’après lui. Il était souvent plus efficace de se taire, pour faire parler autrui ; la vampire garda ses doigts enroulés autour de sa paille, attendant la suite, savourant la tiédeur du sang au fond de son ventre. "So, yeah, I did notice you were one of the most skillfull hemovore of the Brigade; what were you doing before the Ministry laid its hands on you?" Laisser la satiété prendre le pas sur la faim grondante, sur l’envie de replonger les canines dans sa paille, était essentiel ; plus efficace, quand bien même cela lui demandait de faire l’effort d’attendre, quand son instinct la poussait gentiment à oublier les bases de la civilité pour se ruer sur sa poche de sang. Bairagi ne s’effrayait pas de ces curiosités, qu’on lui posait rarement, depuis son arrivée au Ministère – le mensonge avait fait partie d’elle depuis le jour où elle avait prêté allégeance à l’araignée. "I used to work at St-Mungo; but I guess my... I guess I needed to go directly in the heat of the action!" Le regard de Bairagi courut jusqu’au carnet, disparaissant à l’intérieur du manteaux, avant de revenir à… Fitzroy, tête brûlée ?

Bairagi, encore une fois, prit le temps de répondre à sa question, sans s’embarrasser des remarques annexes sur St-Mungo et le cœur de l’action, qui s’avérait être une pile de dossiers du côté de Fitzroy : "I was living with my kin, out of the city." Un mensonge énoncé sans sourciller – Bairagi tourna la paille entre ses doigts, quittant un instant le regard curieux et anxieux à la fois (un curieux mélange, s’il en était) de son nouveau partenaire.

"What do you base skills on?" Ses yeux revinrent à ceux de Fitzroy, tandis qu’elle enfreignait une première limite en revenant elle-même à un sujet de conversation effleuré par le sorcier. "You said I was one of the most skillful vampires. What makes you think so?" And who’s the best, in your eyes? Elle ravala sa question pour mieux laisser la place de s’épanouir aux autres, sondant ses pupilles d’un noir profond, contrastant avec l’onde claire des iris de Fitzroy.

"I was living with my kin, out of the city." Nils hoche pensivement la tête, bien qu’une légère tension subsiste entre ses sourcils. A l’instar de leurs meilleurs ennemis les lycans, certains vampires de la Brigade provenaient d’un même clan; les Graymalkin étaient la famille qui faisait le plus parler d’elle, en bien comme en mal, du fait de la charismatique présence de leur aînée, Sienna. Généralement, celles et ceux qui étaient isolés l’étaient du fait de l’anonymat de leur Sire -des orphelins, en somme. Nils avait tenté d’établir des comportements communs entre les vampires isolés, à la différence de leurs pairs en groupes; s’il existait une animosité entre eux, une jalousie ou au contraire de la pitié, dans un sens comme dans l’autre. Les lycans se montraient autrement plus territoriaux et agressifs, mais Nils n’aurait pas été étonné que ce genre de comportement possessif se retrouve également chez les hémovores ; il s’agissait juste de ne pas leur faire remarquer, puisqu’il aurait mis sa main à couper qu’un vampire comme un lycan, lui aurait fait amèrement regretté la comparaison entre leurs deux races.
Nils serait curieux de rencontrer des membres du clan de Bairagi. Il se demande si elle est la seule survivante et si elle se sent seule.

"What do you base skills on?" Nils se dépêche d’avaler sa dernière gorgée de café, les yeux pétillants. Plus que de faire des listes, Nils adore expliquer (en détails, svp) ses listes. C’était de base une discipline (généralement un poil boring, c’est pour ça qu’il ne régalait pas ses collègues régulièrement) qui l’excitait comme une puce; mais se rendre compte qu’il avait ne serait-ce qu’un peu attisé l’intérêt de la vampire décuplait le plaisir de l’anticipation. "You said I was one of the most skillful vampires. What makes you think so?" Il prend sur lui pour dissimuler son enthousiasme, à l’idée que Bairagi Curran puisse se soucier de ce qu’il pensait d’elle.

Il se retient de dégainer de nouveau son carnet, se contentant de tapoter l’emplacement de la poche intérieure sur sa poitrine. "Well, I have access to all the missions reports I want, since I need to keep track on how you guys are doing. So I’m checking the pourcentage of successful missions, rate of injuries, kills count for when it’s appropriate," as if it was ever appropriate but ok, "and the proportion of blood consuming," conclue-t-il d’un mouvement de menton en direction du la poche de sang. "I’ll spare you the details, but I’m crossing all these criteria to establish rankings. And it goes without saying that your skillset and your reports throw you to the top three..."

Un sourire un peu malin s’empare de sa bouche. "I don’t know if you’ve ever been through that when you were young but classmates tend to do more or less the same with their own little matters..." Il laisse passer un silence, le temps de voir si cela réveille des souvenirs chez Bairagi; pour sa part, s’il n’a pas de problèmes à évoquer le sujet, les classements des plus beaux garçons de la classe ne lui ont jamais rendu justice ; un constat d’autant plus déprimant que son frère et jumeau était toujours mieux classé que lui. "It’s only to say that, even if I try to stay the most objective possible, there is always some room for personal opinion!"
Finalement, du bout des doigts, il pioche de nouveau son carnet qu’il fait dépasser du pan de son manteau. "Who do you think would be on top? I already wrote down my version so I’ll leave it as it is, but I’m curious of what would be your take?"