Ce que sont les dés:

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L’air se charge d’une infinité d’effluves que l’odorat sensible de Noam, encore trop neuf, peine à distinguer. Plutôt, le bouquet s’engouffre le long de ses narines et lui donne une violente nausée. Il y a là l’odeur du sang, l’air marin, celle de la magie en trop grande quantité, une odeur rance de sueur, celle d’Ethan reconnaissable entre mille, celle des hybrides les accompagnant, et une autre (d’autres ?), plus animale, plus insupportable encore, qui fait remonter un frisson le long de l’échine du jeune lycanthrope. Il n’a pas besoin de connaître ce parfum-là pour savoir de quoi il s’agit - un autre loup. Putain, focus Noam, c’est pas le moment de bader. Il resserre sa prise faible sur sa baguette, faisant quelques pas en arrière, son coeur marquant la cadence des pas qui se dirigent dans leur direction. ”Non mais vas-y c’est trop là...”, grogne-t-il pour lui-même en n’essayant même pas de compter le nombre d’assaillant comparé à celui de leur groupe. C’est juste trop. ”Fils de pute !” A peine a-t-il le temps d’identifier la voix qui lui semble familière, que Noam voit une silhouette voler et s’écraser un peu plus loin au sol. ”Oh putain de m- Sav ?” Merde, mais oui, il s’agit bien de l’autre énervée qui l’a jeté il y a quelques mois. Avec en plus d’autres sorciers (un loup). Des… Prisonniers ?

C’est en voyant ce premier visage familier, marqué désormais, que Noam réalise ce qui est en train de se passer. Ce que sont vraiment les Horror Games. Pourquoi ils sont là, également. Pour sauver tous ces visages qu’ils connaissent, qui sont attendus par quelqu’un.

Tel le chien paniqué qu’il est, Noam lève brièvement la tête vers le ciel au cri retentissant sur toute l’île, parvenant aux oreilles du reste du groupe - leurs assaillants y compris. ”TRENTE MINUTES ? — Noam, Logan, on se tire !” C’est pas entièrement déconnant comme idée ; encore faut-il qu’ils arrivent à réunir tout le monde (ils sont venus pour une bonne raison) et, surtout, à échapper à ce qui est en train de leur tomber dessus. Comme cette putain de créature de feu qui s’élève brusquement face à eux. Noam se protège maladroitement d’une main face à la chaleur dangereusement qui vient lui picorer le visage, et a tout juste le temps de voir Ethan se précipiter sur lui avant de pousser un cri de douleur. ”Ethan ! Ethan, ça va ?”, s’affole-t-il, l’espace d’un instant ; il ne sait clairement plus où donner de la tête, tant son esprit engourdi lui envoie un myriade de signaux contraires - trop de bruit, trop d’odeurs, trop de magie. Putain putain putain.

”On s'en va ! Sud-Est toute !” Putain. ”Bro, attends !” Noam enroule ses doigts autour du bras de son ami, l’arrêtant dans son élan, son geste aussi ferme que paniqué. Ils sont acculés, ils ont une bestiole en flammes aux trousses, ils n’ont que trente minutes pour atteindre le point de rendez-vous avant d’être laissés pour morts sur cette île de merde. Mais ils ne peuvent pas partir comme ça. ”Les autres !” Ils ne peuvent juste pas les laisser là, ils ne peuvent pas rentrer sans personne - si Noam avait été prisonnier sur l’île, il aurait aimé qu’on se batte pour le ramener en vie. Il relâche le bras d’Ethan, lorsqu’il se met soudainement à pleuvoir sur eux. ”J’en ai pour une minute, promis !”, crie-t-il pour couvrir le son des sortilèges et de la pluie avant de courir dans la direction opposée.

Evidemment, entre la pluie et les flammes, on ne voit rien à deux mètres, super. Et puis merde. Noam laisse les odeurs le guider à travers l’agitation, sa vue brouillée par les sortilèges, et son ouïe saturée par les battements furieux de son cœur - et il est seulement ralenti, l’espace d’un instant, par une explosion juste à côté de lui, des éclats de bois dans son bras déjà lourdement endommagé. Un hurlement lui échappe quand les morceaux d’arbre pénètrent la plaie de sa morsure, encore vive et profonde. Mais il reprend sa recherche : la douleur, il connaît maintenant (pires échardes de sa vie, cependant). ”Bougez-vous, par là ! Suis la lavande !”, gueule Noam en tombant nez à nez vers le loup, son estomac tordu dans tous les sens - c’est pas le moment de gerber. Il le regarde courir aux côtés d’une femme à l’odeur terriblement salée, et se remet à courir quand ils disparaissent de son champ de vision. ”YAXLEY ?” Mais cette trace-là, Noam l’a perdue. Il n’est nulle part, il n’est-- à moins que ? Il se penche pour esquiver un sort, suivant le parfum terne, humain, teinté de cette touche animale comme-- ”LOGAN ?” Son bras valide se referme sur l’épaule de… Sav. Wrong Halfer. ”Qu’est-ce qu-- Tu-- Tiens, prends ça, on s’tire”, bégaye-t-il à moitié en lui mettant une baguette entre les mains, avant de lui faire un signe rapide de la tête et de courir dans la direction opposée, les éloignant des chasseurs pour rejoindre le reste du groupe. Putain, Yaxley, t’as intérêt à être en vie.

tltr:

TW. sang
Il avait mal, il avait peur, main plaquée sur sa plaie, il la regardait rougir avec les yeux embués de larmes. Il n'avait pas prévu ça Winston, il n'avait pas prévu ça du tout. Parce que - malgré la peur - l'optimisme lui embrumait toujours la cervelle et qu'il s'était imaginé que ça irait bien, qu'il tomberait sur sa sœur du premier coup, qu'ils s'en tireraient tous indemnes, pas que même sa propre baguette se mette à lui nuire. Merlin, il allait se vider de son sang là, non ? Anxiété qui grimpa en flèche avant de redescendre, un petit peu. "Bouge pas et respire." Œillade reconnaissante à son sauveur dont le visage ne lui disait rien contrairement à celui qui se tenait juste à côté (@Seo Jun Kim). Winnie se força à lui sourire, question de réputation ou une connerie du genre, avant de se répandre en aïe, ouille, outch alors que la blessure se fermait peu à peu, ne laissant plus qu'une tache assombrissant le t-shirt. "Merci" souffla-t-il, reconnaissant, essuyant ses larmes du revers de la main. Garçon se releva, risqua la risette lumineuse à ses sauveurs avant de reprendre son expression horrifiée car une espèce de furie (@Diana Selvaggio) venait de fondre sur le type qu'il connaissait, talonnée par une autre inconnue. AAAAAH mais ça n'allait pas du tout si même les prisonniers voulaient les buter. Heureusement que la pas énervée (@Aoife O'Malley) sembla comprendre qu'ils n'étaient pas les méchants. Winston s'empressa de hocher la tête pour confirmer. "Oui, on est là pour vous sauver" déclara-t-il avec sa mine de gamin blessé qui venait à peine arrêter de parler (ça s'appelait la crédibilité). Il allait même ajouter un truc en mode citation cool de héros badass mais la voix d'une des chefs de l'Ordre résonna dans toute l'île. Ok, go go go ! AAAAAH (le énième), du feu partout ! Il suivit le mouvement, lança un Bombarda droit vers là où il lui semblait avoir vu partir le feu (vers @Ulrike Von Bäume), l'appréhension du début de combat semblait s'être enfin dissipée. Pas le temps de se lancer des fleurs cependant, on l'interpelait déjà. "Tu peux courir ? Allez !" Hochement de tête à @Ethan Herrera, il se mit à courir comme un fou loin de l'incendie, de la pluie (?) et plus généralement des vilains chasseurs.

Spoiler:

TW. langage cru, injures
Ayden s'est relevé derrière toi, aidant son blessé tout juste soigné à faire de même. Il accepte le remerciement d'un sourire en coin que tu vois pas, plutôt concentré sur l'un des groupes qui vous tenaillent et l'arbre que t'as fait s'abattre sur eux.
Tout s'enchaîne très vite, comme si t'avais poussé un déclencheur, réactions en chaîne que l'adrénaline t'aide à suivre sur le moment mais qui, plus tard, se mélangeront dans une suite incertaine. Tu fais ton plus beau fuck au gérant du Filet du diable lorsque tu sens le déchaînement magique autour d'eux, et le pic qui suit. Une demi-seconde ; c'est tout ce qu'il faut au Feudeymon pour émerger et commencer à dévorer la forêt alentour. "Bordel mais quels putains d'imbéciles de mer-reducto" tu pestes sommes toutes assez poliment, élan poétique interrompu par le tronc qui émerge des flammes à toute vitesse. Sur tes gardes - et c'est là que ton sens de gumiho t'es bien utile, pas besoin de voir pour sentir la décharge magique - tu lacères l'air de ta baguette dans la précipitation, et ton sort frappe le tronc enflammé de plein fouet dans une gerbe d'une poussière sombre et de restes de flammes. T'aurais pas eu le temps d'éviter ; t'aurais pas pu non plus, sans risquer de laisser Ayden ou d'autres membres du groupe se faire toucher. "Loyauté my ass, viens, j'vais t'cas-." Tu craches par dessus le chaos - parce que faut pas déconner, vous avez tous les deux une baguette.

T'es à nouveau interrompu par l'insulte et la voix, le mouvement et la magie trop familière, et t'as à peine le temps de tourner la tête pour voir @Diana Selvaggio  s'élancer sur toi. Tu te prépares à l'impact avec la furie, prêt à rouler au sol dans une chute maîtrisée... Qui ne se fait pas. Repoussée par un Protego lancé en hâte par Ayden, elle valse au sol avec violence. Par delà, tu repères aussi @Aoife O'Malley qui s'approche avec un lycan que tu reconnais des combats d'hybrides (@Sofiane Rahal), et tu leur jettes un regard bref, déjà de retour sur Diana. Ca fait si longtemps que t'as catégorisé leurs auras comme safe, à toutes les deux, que ton instinct n'a pas tiqué en sentant la lycan dans le chaos magique qui vous entoure. De fait, t'es plus préoccupé par les dangers bien réels qui viennent de partout ailleurs. Tu foudroies Savage du regard, t'approches sans tourner le dos aux affrontements la baguette toujours pointé dans leur direction, et non la sienne, jusqu'à faire écran entre elle et eux. "Putain Sav t'es sous confundo ou juste con à ce point?" tu grognes et tu te penches, l'attrapes par le bras pour la faire se relever brusquement et la pousser derrière toi vers Ayden - d'autant plus vite que tu sens une volée de sort fuser vers Aoife et le lycan. "Attention!" Ils ont vu, de toutes façons, et se jettent au sol pour éviter.

"Reste en arrière et trouve une baguette." Tu lances, même si tu voudrais plutôt savoir ce qu'elle et Aoife foutent là exactement, mais le moment est pas vraiment à la discussion. T'entends Ayden s'adresser à Savage - "Ca va aller ?" - et tu te doutes qu'il s'assure rapidement qu'elle est en état de fuir avec vous.
Soudain une voix s'élève, perce le tumulte. La retraite est sonnée. Tu pestes intérieurement : 30 minutes ? Quand les affrontements se mettent tout juste à tourner au vinaigre, le chaos à grandir et s'intensifier ? Putain mais ils choisissent vraiment bien leur moment. Tu lances un regard alentours, comme la question pressante à l'intention de tes anciens partenaires à la NSFW. "Riv est avec vous ? Faut qu'on foute le camp !" Si ta perception magique n'était pas aussi submergée d'informations, tu pourrais sans doute te concentrer pour le chercher mais là, dans le feu de la bataille où les sorts font rage, t'en as ni vraiment le temps, ni la capacité.

La pluie commence à tomber sans effet sur le Feudeymon qui dévore la forêt ; à peine sur la fumée âcre et épaisse qui s'échappe, plus sournoise, commence à brûler les yeux et la gorge. Faut que vous bougiez, et vite. Tu venais de partir lorsque tu sens un sors se diriger vers là où vous vous trouviez, et où t'entends quelqu'un tousser - t'as pas besoin de te retourner pour savoir que c'est Ayden, mais tu fais volte-face pour lancer un protego qui arrive trop tard. Tu reprends ton appui, repars vers lui dans ce qui semble être le même mouvement fluide, renvois dans la foulée un diffindo, un peu trop chargé de magie dans la direction dont tu as senti le stupefix venir. Dans la précipitation, le sort rate sa cible mais t'es déjà passé à autre chose : tu te laisses tomber à croupis derrière Ayden pour représenter une cible moins grande, et espérer attirer moins l'attention, tâches d'estimer son état. "Fuck, c'est pas le moment," tu jures en le trouvant complètement out, mais heureusement toujours en vie et sans blessure apparente si ce n'est une estafilade mineure sur son bras. "Finite incantatem," t'essayes sans succès, enchaînes déjà sans perdre de temps, suivant une liste de contre-sorts les plus probables à utiliser dans ces circonstances. "Enervate." Celui-là fonctionne, et tu relâches le souffles que t'avais pas conscience d'avoir gardé. Ayden revient à lui et tu lui laisses quelques brèves secondes pour revenir à lui avant de pouvoir repartir.

Spoiler:

En arrivant sur place, Sofiane tombe nez à nez avec le chaos, la main d’Aoife dans la sienne, et le coeur fermement ancré dans sa poitrine. Tout se passe à une vitesse que même ses sens aiguisés ne parviennent à complètement suivre. Pourtant, il ne lui faut que quelques secondes pour comprendre deux choses ; la première, la piste qu’ils ont suivie ne les a absolument pas menés à l’un des membres de leur meute de fortune ; la seconde, ils ne sont pas face à des prisonniers. Il a tout juste le temps d’adresser un regard consterné à Aoife que Savage se jettent la tête la première dans le tas, et qu’il est forcé d’entraîner sa compagne au sol pour esquiver un sortilège - ce ne sont pas des prisonniers non, mais il y a bien des chasseurs dans le tas. Peu importe, s’il leur a échappé une seule première fois, il n’a rien à craindre d’eux.

Ce soir est différent. Ce soir, les rumeurs qui grouillaient sur l’île de Gracefield s’avèrent : on est venu les secourir. Ils vont s’en sortir, pour de bon.

"Rien de cassé ?", grogne Sofiane en tournant son regard vers Aoife, avant de relever la tête vers leurs assaillants. Il libère la main de la demi-Selkie pour reprendre la sienne après l’avoir aidé à se remettre sur ses pieds, et sans même réfléchir, ses doigts s’agitent en l’air pour lancer quelques sortilèges afin de repousser les chasseurs tandis qu’il fait quelques pas en arrière pour s’éloigner d’eux - l’intérêt est limité, mais cela leur fera assurément gagner du temps. Et en moins de temps qu’il n’en faut pour dire hippogriffe, le ciel se charge de flammes chatouillant les sombres nuages surplombant l’île. "Merde… Il faut qu’on y aille." L’air se charge d’une odeur de feu de bois, suivie par le parfum familier de la pluie ; les éléments se déchaînent sous les sorts de leurs assaillants, et sous les yeux impuissants de Sofiane, qui n’a qu’une seule chose en tête : fuir, survivre. Ses doigts se referment aussitôt sur le bras d’Aoife pour l’entraîner dans le sens opposé - fuir, survivre - et il ne prête que peu d’attention au jeune lycanthrope qui croise leur route pour leur indiquer le chemin à suivre. Simplement, il hoche la tête, et s’élance vers cette fameuse odeur de lavande inratable malgré les effluves de magie explosant dans tous les sens.

Un regard en arrière lui confirme que Savage suit bien leurs pas avec le reste du groupe, et Sofiane n’a pas besoin de plus que cela et la main d’Aoife ayant retrouvé la sienne pour suivre l’escouade qui est venue les sortir de ce cauchemar. Il ne se retourne que pour lancer de temps à autres des sortilèges du bout des doigts vers les chasseurs qui ont décidé de les suivre pour allonger la distance les séparant. Ce n’est pas le moment de se retourner et de les affronter : Sofiane ne peut renoncer au moindre pas les rapprochant de leur liberté.

”C’est ça… On y est ! Vite, tout le monde à bord !”, s’écrit un jeune sorcier devant eux lorsqu’ils arrivent à la lisière de la forêt, pour déboucher sur une des plages entourant l’île. Le lycanthrope s’interrompt un bref instant, juste une seconde pour lever les yeux vers l’immense navire qui se tient à une centaine de mètres d’eux. Si son sang ne battait pas avec tant de violence jusque dans ses tympans, assurément un sourire viendrait s’emparer de ses lèvres lorsqu’il serre les doigts d’Aoife au creux de sa paume en tournant son regard vers elle.

Plus qu’une centaine de mètres, et il aura le droit de rêver à un avenir, pour la première fois depuis bien longtemps. Il a eu le temps d’y réfléchir, depuis son arrivée à Gracefield il y a un mois de cela. Qu’est-ce que je ferai de ma vie si je parviens à sortir d’ici ? Jamais Sofiane ne s’est posé ce genre de questions. Il ne s’est jamais autorisé à penser plus loin que le lendemain, menant une vie instable et d’incertitudes pendant des années. Mais la chaleur d’Aoife, le sourire d’Aoife, la voix d’Aoife, et cette proximité constante avec la mort ont ouvert d’autres portes dans son esprit concentré sur la vie. Il y a un après, il y a une vie qu’il pourrait mener.

Sofiane pourra demander à l’Ordre de l’aider à fuir le pays, une bonne fois pour toute. Il pourra demander à Aoife de venir avec lui. Il pourra lui proposer d’aller au Maroc. Il pourra lui demander sa main. Ils pourront avoir une maison au bord de la mer, peut-être un enfant ou deux. Ils pourront trouver du travail, vivre et mettre derrière eux ce chapitre effroyable de leur vie. Ils n’auront plus à se battre, plus à fuir, juste à être ensemble, ne penser plus que l’un à l’autre et abandonner la peur, la faim, la douleur. Ils pourront être heureux.

Plus qu’une fuite, une seule fuite, et Sofiane pourra être heureux, calme, reposé. Enfin.

Les yeux verts du lycanthrope, plantés dans ceux de la femme qu’il aime, avec laquelle il a rêvé une fraction de seconde d’une vie simple, s’arrondissent brusquement lorsqu’une sensation froide se diffuse depuis son dos jusqu’au reste de son corps. Sofiane n’a pas mal, non, pas le moins du monde. Il sent simplement une immense fatigue gagner tous ses muscles, et jusqu’au dernier de ses nerfs, un vent glacial souffler dans ses veines ; un choc suffisamment lourd pour que ses jambes le lâchent et qu’il se retrouve au sol en l’espace d’un instant. Sa joue s’écrase dans le sable humide de la plage sans qu’il ne puisse maîtriser la chute de son corps. Sofiane ne sent plus rien, si ce n’est les doigts gelés d’Aoife dans les siens, et la chaleur indescriptible de son regard bleu dans le sien, le premier regard dans lequel il a tant aimé plonger, et dans lequel il a toujours vu un avenir qu’il n’était prêt à effleurer avec quiconque.

Sofiane est prêt désormais.

"Je t’aime, Aoife."

Sofiane ne sait pas si Aoife l’entend ; et il ne sait si ses mots ont franchi ses lèvres étirées en ce qui ressemble à un sourire crispé tant son souffle s’affaiblit.

Sofiane est prêt, et il garde ses yeux dans ceux d’Aoife jusqu’au bout, pour y recueillir cette vie paisible qu’il n’a jamais su lire que dans les ondes profondes de son regard.

tltr:

Petit à petit, tes pupilles s’habituent à l’opacité des flammes qui jaillissent inlassablement de l’extrémité de ta baguette magique. Seul ton rire crispé vient interrompre le craquement des arbres, consumés par le brasier ardent. De l’autre côté de ce mur de feu qui gronde furieusement, tu crois distinguer la voix de ton oncle, qui s’escrime à multiplier les sortilèges dans l’espoir de contenir ton feudeymon avant que toute l’île ne parte en fumée. A mesure que la force du sortilège gagne en intensité, tu perds le contrôle. Mais loin de t’en inquiéter, tu te sens comme galvanisée par le pouvoir de destruction qui s’échappe d’entre tes doigts. Si seulement tu avais pu être aussi redoutable le jour où ta mère avait péri aux mains de l’ennemi, tu aurais anéanti ceux qui avaient osé te l’enlever. Mais tu n’étais encore qu’une grotesque adolescente à cette époque-là, tu n’avais ni l’expérience ni la soif de vengeance qui t’animaient désormais. Depuis lors, tu vouais une véritable obsession à la mort du moindre adversaire qui croisait ta route. Aussi, lorsque tu entendis le sang souillé parler de fuite, tu te promis que tes ennemis n’en réchapperaient pas, que jamais ils n’auraient l’occasion d’embarquer à bord du fameux navire qui venait d’accoster non loin de là. Ce tombeau serait leur tombeau. Peu importe ce que cela en coûterait, peu importe s’il fallait que tout le monde périsse, sans exception.

Alors que les sortilèges d’Engel étaient enfin parvenus à suffisamment dégager la vue, tu te lanças sans plus attendre à la poursuite des fugitifs, ta baguette toujours brandie devant toi, prête à entrer en action. Le souffle court, les cheveux moites collés contre ton front noir de suie, tu ne semblais plus avoir quoi que ce soit en commun avec Ulrike von Bäume, l’héritière irréprochable d’une noble famille. Les bourrasques de vent déclenchées par ton oncle finirent par traîner dans leur sillage une légère brise marine. La plage n’était plus qu’à quelques mètres. Tout comme ce couple d’hybrides que tu avais repéré un peu plus tôt dans la soirée. Ce serait eux. Tes victimes du jour.

La silhouette sombre d’un navire finit par se dessiner à l’horizon. L’issue était proche. Si tu n’agissais pas rapidement, ils te fileraient entre les doigts. Tu ne pouvais pas te permettre de les laisser regagner leur liberté, pas après ce qu’ils avaient fait. Dans ton esprit, le mal ne possédait pas qu’un seul visage, mais bien des milliers. Il était partout et nulle part à la fois. Tout comme ceux qui t’avaient arraché ta mère. Tu t’autorises un seul regard en arrière, juste le temps de t’assurer qu’Engel est là, à tes côtés. Et c’est pratiquement à l’unisson que que le sortilège funeste s’évade d’entre vos lèvres respectives. “Avada Kedavra !” La lumière émeraude, le claquement sonore de deux corps qui s’effondrent, et puis plus rien. Le méfait est accompli, l’adrénaline s’est évaporée. Tout est fini.

tltr:

Spoiler:

tw: langage cru, violence verbale, mort
« Dégage ! » Elle s'était relevée avec la ferme intention d'en mettre une à Seo Jun – une fois n'était pas coutume, un vieux réflexe ancré dans sa chair que l'adrénaline, l'incompréhension, la pression de ses sales pattes sur son bras et la douleur lui rongeant le torse lui enjoignaient d'exécuter. Seo Jun l'avait jetée comme un sac contre un autre type ; elle allait bondir lorsque son regard avait coulé jusqu'à leur compagnie – en la présence de flamme immenses léchant la forêt.
L'écho d'un avertissement lointain heurta sa boîte crânienne avec grand fracas, se répercutant dans le vide qui la composait. Soyez prêts. Savage dégagea farouchement le bras qu'on lui pressait avec compassion – ça va aller ? Elle le fusilla du regard pour toute réponse, et se précipita en avant, ses yeux rivés sur Seo Jun. « Fils de p... » Les salutations furent interrompues par la voix tonitruante autour d'eux, et un sort qui fila au-dessus de la tête de Savage ; lorsque ses yeux revinrent à Seo Jun, ce dernier posa une question qui durcit ses traits et pinça ses lèvres en une expression amère. « Dégage au lieu de causer ! » éructa-t-elle avant qu'on ne lui attrape l'épaule (et qu'on lui éclate les oreilles d'un cri barbare au passage).
Une forte odeur d'alcool et de sang lui éclata dans les narines, et Savage tomba nez-à-nez sur... Omega bitch? Il lui fourra une baguette dans la main ; ses yeux étaient rivés sur ses traits paniqués, prise au nez par les effluves de loup qu'il dégageait aussi sûrement qu'un mauvais Firewhisky. « Tu pues le... Putain ! » rugit-elle en voyant un sort éclater un arbre à côté d'eux ; et elle décampa dans la foulée de Noam, suivant Sofiane et Aoife partis en amont.

Elle courut sans comprendre autre chose que ce que son esprit linéaire voulait bien saisir : on avait crashé la fête et on essayait de les sortir de là – la résistance, bien sûr, depuis quand ce bâtard de Seo Jun était avec ces cons ? Son cœur battait lourdement, précédant ses pas vifs sur le sol accidenté de l'île ; il lui faudrait décarrer avec Sofiane et Aoife fissa, retrouver Numa, et ensuite, ensuite... Numa aurait une solution – Numa irait mieux, hein ? Une boule se forma dans sa gorge, gonflant sous la fumée qui leur léchait le train, repoussant avec virulence ces questionnements empreints de panique sous la fuite farouche de ces secondes et dernières Battues, le souffle saccadé de Noam à ses côtés.

Une odeur salée les accueillit en débouchant sur l'un des rivages de l'île ; une silhouette immense se dressait dans la nuit – Savage pila brutalement en levant les yeux vers le bateau qui leur faisait face, indifférente aux files de fuyards qui se précipitaient dans sa direction. L'Ordre viendra nous chercher. Soyez prêts. - L'Ordre est un poison. Ne l'oublie jamais. Ses yeux parcoururent les alentours, . « Aoife! Sofiane! » siffla-t-elle en direction des deux silhouettes, plus loin sur la plage, pas par là, pas par l... » Savage ravala brutalement sa bile, les yeux écarquillés par le spectacle.
Deux éclairs verts avaient fusé et venaient de cueillir les deux sorciers en pleine course.
Leurs corps s'effondrèrent mollement, deux poupées de chiffon s'écrasant au sol, face contre terre.

Non.
Non.
Non, non, non.
C'était impossible, ils ne pouvaient pas – non !

« AOIFE ! SOFIANE ! » hurla-t-elle à plein poumons en se précipitant, aveuglée par la douleur, en direction des deux corps immobiles à distance, indifférente aux deux silhouettes meutrières se tenant près des deux corps inanimés.

tltr:

TW.  mentions de blessures, sang, combats

Manifestement, le temps passé aux Battues n'a pas affecté le caractère violent de Savage, pas plus que sa vulgarité, et t'estimerais ça être un signe rassurant si elle était pas apparemment aveuglée et confuse au point de te croire capable de te retourner contre les tiens, que ce soit auprès des chasseurs ou de l'Ordre. Quoique, tu temporises, c'est peut-être aussi juste de la connerie. T'as pas le temps de t'en offenser maintenant en tout cas, l'attention trop prise par la bataille qui rugit partout autour de vous alors que sonne l'appel des trente minutes restantes.
T'as pas de réponse quant à Rivage, alors que les chances qu'ils soient sur l'île sont relativement élevées - pas avec Numa, pas ici avec les rescapés de la NSFW, où alors ? Et tu grognes en direction de Savage un "Justement !" qui se perd alors qu'on l'attrape par l'épaule et que tous se précipitent en avant. Une série de jurons coréens lancé bas dans expiration - ils laisseraient pas Riv en arrière comme ça, t'es sûr. Pas sur l'île alors ? Ailleurs ? Ou cette possibilité qui fait remonter cette colère amère dans le fond de ta gorge, et que tu préfères pas évoquer maintenant. Vous avez pas le temps de trop chercher maintenant cela dit, pas sans risquer d'augmenter le nombre de morts et de blessés.

Vous commencez à dégager lorsqu'un sort touche Ayden, et tu t'empresses de le rejoindre pour le ranimer et l'aider à se remettre sur pieds, baguette toujours en main, prêt à réagir si besoin. C'est pas le cas. "Tu peux courir? - "Pas le choix non?" Il te répond rhétoriquement et le coin de tes lèvres s'élève en un début de sourire tendu. "Non. Pas le choix. Allez," et d'indiquer les bois, un peu plus profondément dans la forêt, pas tout à fait dans la direction du point de rassemblement. Tu laisses Ayden te précéder pour garder vos arrières, et vous vous enfoncez entre les arbres au pas de courses. Y a toujours les cris, mais l'épaisse fumée du fiendfire s'estompe alors que vous allez contre le vent.
Vous approchez de la plage lorsque tu les sens. Sur votre gauche, un peu plus loin, au niveau d'un amas de rochers - les auras reconnaissables de deux jeunes de Manticore, disparues y a quelques mois et quelques semaines. "Ayden." Tu l'appelles juste assez fort pour qu'il entende le son de ta voix et tu bifurques en leur direction, agitant ta baguette pour la faire produire un son léger mais reconnaissable à ses sons de flûte et de trompette pour les prévenir de vôtre présence. Un sifflement faible te réponds et tu te presses jusqu'à elles. Haley est à moitié consciente, couverte de sang au point de ne pas être sûr d'où il vient vu l'obscurité, et Patience, le visage inondé, presse ses mains tremblantes sur son abdomen pour tenter d'arrêter l'hémorragie. Ayden te bouscule  sans te laisser le temps de t'écarter pour atteindre la blessée, un murmure frénétique s'échappant déjà de ses lèvres alors qu'il arrête le flot du sang et pose une stase sur elle - tu supposes - et tu prends Patience par les épaule pour l'éloigner. "J'ai fait ce que j'ai pu je- - Shhh, tu as bien fait. On est là maintenant." Tu tapotes doucement son dos - peut-être pas autant qu'elle en aurait besoin mais vous manquez de temps - et te baisses pour la regarder dans les yeux. "On va se sortir de là, ok ? Encore un effort. Reste concentrée et t'éloignes pas de nous. Tiens." Tu lui tends une baguette et elle hoche la tête, alors qu'Ayden soulève le corps de Haley, sur lequel tu te hâte de lancer un sort de protection, et un autre d'allègement pour qu'il puisse continuer à se presser. "Elle a besoin de plus de soins, faut qu'on se dépêche," il informe, et vous hochez la tête avant de filer aussi vite et discrètement que vous pouvez.

La plage se profile et, au loin, la sombre silhouette du navire se découpe sur le fond de nuit. "Attention !" Tu t'exclames et un sort vous frôle à l'endroit où vous alliez mettre le pieds. Tu ripostes d'un slashing spell et stupéfix en leur faisant signe de continuer, le second touche sa cible et tu les rejoins, tâchant au mieux de les protéger des sorts qui volent autour de vous. Heureusement, une partie des chasseurs semble avoir abandonné l'idée de vous pourchasser, mais c'est pas le cas de tous : t'as juste le temps d'envoyer un protego pour repousser un maléfice que tout s'enchaîne. Ton adversaire est douée, t'es forcé de l'admettre alors que tu recules en ripostant pour rester près des tiens. Un autre protego pour éloigner un sort venant d'ailleurs, et qui aurait autrement atteint Ayden et Haley, et elle en profite pour te toucher - tu sens le sort déchirer la peau largement au niveau de tes côtes, dans l'ouverture laissée par ton bras lorsque t'as changé de cible. Tu siffles entre tes dents pour riposter d'une série de sorts - ça touche parfois, c'est surtout esquivé, et ça continue comme ça pour quelques instants de vos deux côtés. La fatigue et la douleur commencent à se faire sentir pourtant, et tu te prends un autre sort, qui t'envoie valser en arrière. Tu tousses du sable alors que t'entends Patience crier ton nom et tu lances un "Continue !" pour pas qu'elle s'arrête et se retourne dans sa fuite.
Tu tâtonnes le sable pour retrouver ta baguette, mais choisis de les imiter à ta manière - a taste of their own medicine, sort of. Tu concentres ta magie dans l'espace devant toi, serres et tends et donnes une impulsion qui vient projeter un blast de magie vers la chasseuse son environnement direct. Tu profites du chaos et de la latence qui en résulte pour ramasser ta baguette et décamper jusqu'au navire, juste à temps pour aider Ayden à monter Haley à bord.

Tu te concentres encore pour essayer de repérer les auras du reste du Manticrew présent, notant au passage que ni Savage ni Aoife ne sont sur le Tempest. Repérant Hye Rin, Ciaran et Alba qui se sont rassemblés dans un coin un peu à l'écart, t'entraînes votre groupe auprès d'eux, soulagé de les trouver en vie même si tous ceux que vous espériez retrouver ne sont pas là.

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