1977, june 20th » Naissance de Seo Jun, Corée du Sud.
Y a plus que le trop grand vague de souvenirs rares de ces premières années de vie ; quelques images imprécises, trop brumeuses pour être certaines, où les sens en viennent à se mêler. La douceur matinale d'une étreinte au goût d'été, les jappements roux de renardeaux joueurs, la fraicheur bruissante d'une nuit à observer les constellations mouvantes, encore bégayantes pour lui, des auras qui les entouraient alors. L'impression douce-amère et persistante d'une simplicité heureuse - of feeling safe and cared about.


1981, august » Seo Jun est amené chez son père, à Séoul.
Il n'a jamais su pourquoi. Il ne se rappelle pas, ou peut-être n'a jamais compris pourquoi, souvenir perdu dans le flou de l'enfance, encore un peu innocente. Ne reste que la mémoire de l'arrivée, de cette froideur sévère dans le regard de cet homme qui est son père et l'indifférence amère de celle qui est sa femme ; la curiosité un peu suspicieuse de Jae Hwa et de Sun Hwa, les deux enfants du couple. Y a les regards du coin de l'oeil, en chien faïence. Y a la difficulté à s'adapter à cet environnement inconnu, dont il ne comprend vraiment ni le fonctionnement ni les attentes, et encore moins les règles. Il n'y trouve pas, non plus, l'attention et l'affection dont auraient besoin tout enfant, surtout suite au changement. He misses his mom and the mountain's forest. He doesn't know why he's here, or where she is.


1984, april » Entrée en premier cycle à Mahoutokoro, Japon.
Seo Jun va avoir 7 ans. Pas de tuteurs contrairement à ceux qui défilent pour son frère et sa soeur - on dit de lui qu'il est un cousin, pour ne pas admettre ce que les rumeurs murmurent malgré tout, enfant bâtard, fruit d'une aventure honteuse sous bien des aspects. Une volonté de le garder à l'écart ? Plus que probable. Il n'empêche que son admission dans l'école japonaise a nécessité une négociation entre son père et le conseil de l'école, on le lui a bien dit et assez répété - "We're doing this for you, be thankfull and work hard."

Si la barrière de la langue est dépassée par des sorts d'interprétation et de traduction qu'on place alors pour lui, en parallèle d'un apprentissage de la langue qui se fait avec plus ou moins de succès, reste la barrière culturelle et les préjugés. Les regards traînent, en biais, sur le gamin étranger, et au coin des lèvres pendent des rumeurs qui ne vont que croissantes - peut-être d'autant plus qu'il est l'un des rares élèves ne pas s'animixer lorsque ses camarades se lient avec des animaux, et qu'eux ont, pour la plupart, bien perçu l'étendue de sa différence.

Adaptation difficile ; la scolarité d'autant plus. Enfant jugé trop turbulent, désobéissant même, la concentration toujours une tâche herculéenne, les remarques s'enchaînent et ses résultats scolaires s'en ressentent. On recommande de l'envoyer se défouler dans des cours de sport après l'école, et il est alors inscrit dans une équipe de quidditch junior et un cours de taekwondo magique. Les améliorations sur ses résultats scolaires théoriques s'avèrent plus que subtiles, mais Seo Jun se passionne immédiatement et y montre du talent. Surtout, il est heureux lorsqu'il fend les airs, sensation de liberté grisante d'avoir été retrouvée.


1988, april » Début du second cycle à Mahoutokoro.
Le temps de l'internat arrive, accueilli par Seo Jun avec un mélange d'émotions contradictoires. Au soulagement de s'éloigner de la maison familiale se mêle le regret de quitter la Corée, ses cours extrascolaire et les amitiés naissantes ; à la joie impatiente de rejoindre les clubs de l'école à l'amertume que fait naître sa situation à Mahoutokoro.
Il rejoint ainsi le club d'art martiaux magiques et, dès l'âge atteint, une équipe de quidditch en tant que Poursuiveur. Les entraînements sont rudes et salins sur le terrain au-dessus de la mer rarement calme, mais il s'y prête avec une ferveur heureuse et un peu sauvage - a bit raw - et développe un style de jeu instinctif et bien à lui - assez pour être considéré comme l'un des joueurs star de l'école et gardé à l'oeil par des recruteurs professionnels vers la fin de sa scolarité.

Surtout, c'est pendant ces années qu'on le fait rejoindre ce qui est appelé le "Programme", qu'on ne nomme jamais vraiment et dont le but n'est jamais véritablement expliqué non plus. On l'y fait s'essayer à l'alchimie - un fiasco tel qu'on l'en dispense très vite au vu de sa propension à créer le chaos - et à l'occlumencie, mais qui vient également avec des cours de duels et d'art martiaux renforcés où il excelle. Qu'il est utile de percevoir ce que les autres ne voient pas, dans ce cas, de n'avoir qu'à apprendre s'ouvrir davantage à ses sens pour trouver où frapper pour interrompre momentanément le flux magique de sa cible - secret qu'on lui a dit de garder et qu'il n'a jamais vraiment partagé.

Souvenir doux-amer, c'est aussi là qu'il rencontre Hollis, et ils se lient d'une amitié particulière, leurs caractères chaotiques s'entraînant l'un l'autre alors que leur passés résonnent d'arrière-goûts bleus qui se ressemblent. More than his first real friend, she's his family.


1994, january » Transféré hors de Mahoutokoro pour son service militaire magique.
Presque un changement d'affectation sous couvert, quittant le programme pour commencer son service militaire magique en Corée, enrôlé un peu avant l'heure habituelle - on l'y fait se concentrer sur les duels et les arts martiaux magiques, l'entraîne à la furtivité en poursuivant l'occlumancie.
Aucune raison n'est officiellement donnée, mais il sait même sans y avoir été, Seo Jun, que nombreux étaient ceux à penser que c'était attendu, juste une question de temps. Certains à rétorquer que c'était tant mieux, ou qu'il était étonnant que ça n'ait pas été fait plus tôt - et eux n'ont peut-être pas tout à fait tord, dans le fond. Peu importe ce que les autres pensent, lui n'en est à vrai dire pas vraiment ravi, voyant ses chances de rejoindre une équipe de quidditch professionnel s'amenuiser drastiquement - avec le recul, il se dit que c'était peut-être aussi un moyen de contrer l'attention posée sur lui, de le faire oublier des sélectionneurs et des adeptes de quidditch pour en refaire un anonyme, bon soldat concentré sur les tâches confiées.


1995, january» Fin du service militaire, enrôlé dans une unité spéciale.
On n'en parle pas. Ce qu'ils font là, le peuple sorcier ne le sait pas - si tant est qu'il ait seulement conscience de leur existence. C'est une unité magique affiliée au gouvernement et à sa puissance armée, parmi d'autres peut-être. Ils savent ce qu'ils font.
Ce sont toujours les mêmes profils. Individuels mais remplaçables - trop facilement, même. Pas vraiment de la chaire à canon, plutôt des armes bien huilée. Les missions s'enchaînent et se ressemblent, s'entre-mêlent dans une brume grise et perpétuelle.


1997, fall » Mission R-9031.
Seo Jun est envoyé en mission de reconnaissance avec Hye Rin, rencontrée pendant leur service et qui est devenue une de ses rares amies, et un petit groupe aux alentours d'un village comme il y en a tant.
Quelque chose ne colle pas. A l'écart du village, un hameau en ruine. Un sentiment de déjà vu, la magie et le vent qui fredonnent un air oublié, excavé de la mémoire. Certaines pierres sont encore noires d'avoir été brûlées.

Il est silencieux sur le retour, plus pensif que d'ordinaire. L'a-t-il vraiment quitté ? Ils n'ont rien trouvé, semble-t-il, pourtant le hameau continue à se rappeler à ses souvenirs. Un spectre persistant et pourtant trop imperceptible. Un mystère qui agite son sommeil.

C'est là que commencent les rêves.

Un air de rien, d'abord. Juste ce souvenir de maisons crevées et décrépies, de la roche brûlée. Qui brûle encore, attaquée par des flammes encore vives. Ch-che, à peine un souffle dans sa tête.
Ils reviennent, souvent. Le temps remonte. Il retrouve la nature luxuriante et les arbres. Il se souvient qu'il aimait s'y lover, assis sur une branche basse à profiter de l'air frais, les yeux fermés. Il n'y était pas seul, non ? Souviens-toi, ça murmure comme une brise.
Ils continuent. Se diversifient aussi, les images varient d'une nuit à l'autre, accaparent son esprit. Il y voit un renard, un jour. Il le suit - sa magie est chaude et familière, une flamme rousse et blanche qui oscille et qui grésille. Leurs regards se croisent, s'accrochent pour une seconde qui s'éternise. Le renard sourit et s'évanouit.

Seo Jun est de plus en plus agité. Plus acéré aussi. Il sent son instinct grandir, l'animal en lui plus présent. Son qi penche, déséquilibré plus vite que d'ordinaire.


1997, december » Enquête et suspicion.
Les rêves ont continué, leurs occurrences rapprochées. Seo Jun en vient à les attendre et les guetter, malgré les flash parfois terribles dont ils se composent. Il en perd presque le sommeil, paradoxalement, l'esprit obsédé par ce mystère qui hante ses nuits.

Il ne recroise pas le renard. Y en a-t-il seulement besoin ? Y a la conviction intime que les rêves émanent de lui - il sait. Il le sent.
Y a de la défiance dans les ombres tamisées, un manque de confiance à l'idée qu'on lui implante des images, des pensées qui ne viendraient pas de lui-même et qu'on le manipule. Pas autant qu'il le devrait, pourtant. Jamais la voix ne cherche à imposer sa vision. Cherche, Seo Jun, la litanie résonne dans sa tête même éveillé, écho aux percutions perpétuelles.
Ne ferme pas les yeux sur ce qui se passe. Ecoute. Cherche, surtout là où il ne faut pas.

Hye Rin s'est bien rendue compte que quelque chose avait changé. Plus que tout autre, et c'est peut-être bien grâce à elle que ça ne s'est pas davantage remarqué - she has his back, like he has hers. Au milieu de tous les autres, y a cette non-humanité qui les rapproche, si bien qu'il a fini par lui expliquer à demi-mots cette situation qu'il ne sait pas vraiment qualifier et, avec, les doutes naissants, méfiants, à l'encontre de leur unité.
Ils mènent l'enquête ensemble. Le secret mû par la nécessité.


1998, january » Désertion.
Ca s'est passé d'un coup. Quelque chose qui lâche ; la digue cède et laisse place à la colère trop longtemps réprimée, qui a eu le temps de grandir dans un recoin sombre du coeur depuis l'enfance qui n'avait rien de tendre. Ca aurait presque pu être prédit - la bombe retardée et enterrée au minuteur soudainement détraqué.

Hye Rin et lui ont cherché, comme l'a encouragé le kitsune. Ils ont suivi les cailloux blancs semés sous la brume, remonté la piste des indices mal dissimulés, n'hésitant pas à fourrer leur nez là où ils ne devraient pas.
Ils ont trouvé.

Si l'élimination de population hybrides n'avaient pas suffit, c'est la confirmation de ce dont Seo Jun avait commencé à se douter, à voir ses souvenirs et les rêves commencer à se superposer qui a fini de mettre le feu aux poudres. L'unité est responsable de la destruction du hameau à la roche brûlée, celui qui était le sien. Elle est responsable, aussi, de la mort de celle qui était sa mère.

Seo Jun et Hye Rin s'échappent de justesse, aidés d'une personne dont la magie ressemble à une flamme rousse. Il n'a pas besoin de connaître son visage pour l'identifier.


1998, mars » Départ pour le Royaume-Uni.
Les quelques semaines filent vite, rythmées par les changements de planque trop nombreux pour les compter. Ils découvrent une communauté d'hybrides dont ils ignoraient jusque là tout de l'existence ; d'un gang, à vrai dire, qui les observent du coin de l'oeil avec une certaine méfiance.

Ils ne peuvent rester là. Pas tant pour une question d'acceptation, que parce que leur présence, si proche de ce qu'ils ont fuit, est un danger pour le gang - ils sont recherchés, trop pour être utiles à la cause des hybrides. Pas ici, tout du moins, mais Seo Jun est décidé à changer tout ça et regagner cette liberté à laquelle il n'a plus souvenir d'avoir goûter.

De concert, il est décidé que la meilleure marche à suivre est de fuir la Corée et l'Asie de l'est. Le choix se porte sur le Royaume-Uni, malgré la dangerosité de l'endroit et de la situation politique du pays : la langue ne sera pas un obstacle pour eux, et il y aura assurément beaucoup à faire. Ils misent aussi sur le fait qu'on ne pensera pas à les chercher là-bas, de tous les endroits, et sur les frontières qui menacent d'être durcies et même fermée, prochainement, rendant plus difficile d'envoyer quelqu'un sur leur trace.
On leur donne un contact appartenant à leur réseau souterrain, et leur départ est organisé avec soin dans la précipitation et le secret. Ils y rejoindront le gang, Manticore, et, quelques mois plus tard, l'Ordre du Phénix, alors la principale source de résistance contre le régime de Lord Voldemort.


2000, june » Les hybrides de l'Ordre sont parqués à Sweet River.
Y a la rancœur et la colère qui montent, la rébellion au bord des lèvres, mais pas de surprise. Il n'est pas sûr, Seo Jun, qu'ils auraient pu s'attendre à mieux. C'est toujours la même rengaine, avec les humains, toujours la même défiance à l'égard des hybrides. Et c'est peut-être pire, dans ce cas, qu'ils tentent de le cacher sous une couche d'un miel fade et doucereux.
Si l'esprit de communauté s'élève, avec la sécurité de se trouver entre eux, certains coeurs s'échauffent et la révolte monte dans les rangs - et il n'est pas le seul à penser, à ressentir ça.


2002 » Quitte Sweet River avec la NSFW.
Le départ traîne, selon Seo Jun, impatient à l'idée de quitter Sweet River et l'Ordre de toute manière absent de ces lieux, décidé à s'accrocher au wagon de la NSFW et, avec, Numa dont il partage les idées. L'impulsivité n'aide pas : Seo jun veut l'action, les presse au départ alors qu'il leur faut trouver un lieu de destination ; plus tard, il pousse à agir, aux actions drastiques et tant pis si elles sont terroristes.
Il s'y plaît, un temps, malgré les nombreuses têtes brûlées - la sienne particulièrement - , le sang chaud et les élans chaotique. Une communauté, une famille presque qui se crée.
Pourtant il s'en éloigne progressivement après quelques années, maugréant sur l'inaction. Il se rapproche alors davantage de Manticore qu'il n'a jamais vraiment quitté, jusqu'à ce que la question ne se pose plus - avant tout, il est des leurs.