july 21st, 2007 Ils ont dépensé sans compter. Du moins, c’est ce que les Strugatsky souhaitent faire croire aux invités qui les rejoignent les uns après les autres en sortant de la Fontaine. Le faire-part agissant comme un laissez-passer - sortilège dissimulé sous l’encre sobre qui forme les prénoms des futurs mariés. Il sont accueillis par des guirlandes qui illuminent les jardins ainsi que le palais aux multiples étages. D’autres lumières flottantes et illusoires s’y mêlent pour compléter le décor. Guidés par des employés affables, on leur fait suivre un chemin richement décoré de drapés, accompagnés par la douce musique d’un piano dont les touches s’agitent par elles-même.

Aucun détail n’a été laissé au hasard jusque dans les portes qui resteront closes tout du long de la célébration et celles qui s’ouvriront au plus grand plaisir des convives. Dans les sonorités choisies et les plats préparés avec soin. Jusque dans le choix des couleurs, jusque dans l’animation qui n’attend que la présence complétée des invités pour se déployer. Les Strugatsky maîtrisent autant l’art du grandiose que du spectaculaire et comptent bien laisser une trace impérissable dans les esprits des curieux autant que des sceptiques.

Mikhail Strugatsky - tout de blanc vêtu - est accompagné de ses soeurs et de leurs ombres, de sa fiancée et de sa mère. Une ligne d’hôtes qui accueillent avec déférence ceux venus pour être témoins de cette union sacrée. Un sourire sur les lèvres, il offre à chacun une poignée de main et une remarque personnalisée, sans jamais laisser son regard trop s’attarder sur l’un ou sur l’autre. Ilya n’est pas très loin derrière et le Suprême sait ne pas avoir à s’inquiéter outre mesure. Il a passé en revue chacun des détails, des deux couronnes émeraudes que l’on posera sur leurs têtes, aux cierges qu’il faudra allumer, au ruban blanc qui les liera à jamais. A toutes ces traditions dont ils ne peuvent se soustraire. Encore moins alors que leur prêtre rôde dans les parages. Mikhail s’est également enquis des préparatifs de la soirée nocturne et du jeu à venir. Il ne sera pas dit qu’il aura laissé une seule tache d’ombre lui échapper sur le planning de la journée.

Dire que son coeur n’est pas à la fête serait un euphémisme. Toutefois, il n’est pas question ici d’autre sujet que d’un contrat d’affaires comme un autre que l’héritier mènera à bien comme tous ceux qui l’ont précédé et tous ceux qui le suivront. Sa façade révérencieuse et accueillante ne s’estompe jamais.

Une fois les formules de politesse échangées, les invités peuvent rejoindre une grande salle débarrassée de tout mobilier en son centre, agrémentée de fauteuils et de sofa sur les côtés. Des chandeliers accrochés au vide éclairent la pièce d’une lumière tamisée, sur le mur l’oeil amateur d’Art peut se délecter d’une fresque grandeur nature où des danseurs tournoient sur un lac glacé en rythme avec la musique se dégageant du piano. Enfin, un buffet est mis à disposition de tous sur le côté droit de la pièce : éternels mets dans les plats d’argent et fontaines remplissant les coupes à l’infini.

Le décor est posé.

july 21st, 2007 Elle a littéralement envie de vomir et pourtant c'est un sourire chaleureux qui se dépeint sur son visage. Quelle ironie, lorsque l'on sait à quel point Vera aime dire le fond de sa pensée, et si elle le pouvait, elle n'hésiterait certainement pas à leur dire de trouver quelqu'un d'autre pour ce mariage et à partir avec un salut digne d'une reine. Mais non. Elle est plantée là, dans sa magnifique robe blanche, qui révèle ses jolies formes avec brio. Comme toujours avec les Strugatsky, tout est parfait. Parfaitement parfait. De la décoration, à la musique. Des activités au déroulé de la cérémonie, tout est minuté, programmé, paramétré afin d'en mettre plein la vue. Et puis à quoi s'attendait-elle après tout ? Depuis ses fiançailles tout est sous contrôle et aujourd'hui plus que jamais, elle sait que le moindre de ses faits et gestes est réglé comme du papier à musique.

Elle observe alors les invités qui arrivent les uns après les autres. Les accueils en essayant de garder un visage parfaitement comblé. Une expression joyeuse, comme si aujourd'hui était le plus beau jour de sa vie. C'est censé être le cas non ? Oui. Bien évidemment. Mais ça ne l’est pas. Elle a déjà réfléchi à mille façons de fuir. Prétexter qu’elle se sent mal. Feindre un malaise.  Courir à travers la salle; droit jusqu’à la sortie. S’éclipser discrètement après la cérémonie et ne jamais revenir. Elle serait bien elle, loin de tout et de tout le monde. Oui elle serait bien mieux qu’ici à faire la potiche avec son air ravi qui, elle n’est pas sûr est si bien fient que ça. Le mensonge n’est pas son fort non et elle préfère se taire avant d’exploser littéralement. Elle en est consciente, elle a ses obligations envers sa famille et son sang. Elle ne pensait juste pas que tout cela serait aussi rapide, aussi abrupt et aussi soudain. Après tout elle n’est que la troisième de sa fratrie, elle était censée être tranquille. On lui avait vendu sa vie ainsi. Loin de tous les tracas dont ses frères se chargeraient, mais avec la disparition d’Herbert tout a changé. Pour elle, comme pour Elias qui prend un peu trop à cœur son rôle à son goût.

Et là voilà qui serre quelques poignées de mains avec sa grâce légendaire. La tête haute. Le regard sûr. Sa tenue d’un blanc immaculé lui donnant des airs d’ange. Un sourire. Une révérence. Quelques mots accordés. Echangés. Elle se plie à la bonne volonté des Strugatsky afin de faire que ce moment passe au plus vite. Tout aussi vite que la cérémonie et ce baiser qu’elle va devoir échanger avec cet inconnu. Il est bel homme ; incontestablement, et plus d’une (ou d’un) rêverait d’être à la place de Vera en ce jour si particulier mais elle, ça ne l’enchante guère de devoir poser ses lèvres sur celles du Russe. Elle en frissonnerai presque de dégoût. Elle préfère ne pas y penser et passer sur un mode automatique pour le reste de la soirée.

Dans la foule qui commence à s’amasser dans la salle, elle cherche des visages connus. Celui de sa mère. Celui de sa belle sœur peut-être. Ou d’une amie. Entourée des sœurs de celui dont elle partagera bientôt le nom, elle se sent bien seule. Elle prie intérieurement pour que cette animosité qui se dégage d’elles et de leurs ombres cesse au plus vite. Il n’y a peut-être que Zoya, la plus jeune qui semble plus intriguée qu’hostile. Si bien que Vera n’ose pas vraiment bouger. Ferme les yeux une demi seconde, se concentrant sur l’air que joue le piano ensorcelé. Elle a besoin de déconnecter un court instant. Essayant au mieux de se rassurer en admettant qu’elle y est. Qu’elle ne sera bientôt plus Vera Slughorn, mais bien madame Strugatsky.

July 21st, 2007

Le palais vibre d'excitation, empli de vie comme il ne l'a pas été depuis de nombreuses années. Si du temps de leur père les Strugatsky recevaient plus ou moins régulièrement, presque exclusivement en petit comité, et des partenaires de business dont ils partageaient les origines principalement, l'usage avait été perdue avec Ekaterina, d'abord par précaution puis par habitude.
Ils n'étaient pas reclus pour autant, vus et reçus aux diverses mondanités et événements importants de la société sorcière, mais les voir tous réunis tenait de l'occasion spéciale, les soirées souvent reléguées à Zoya ou au rare Strugatsky disponible par souci d'efficience.
Sans réellement partager l'enthousiasme du domaine, qu'il s'agisse à l'idée de recevoir autant de convives – traîtres potentiels, espions et indésirables – ou à celle de passer autant de temps avec la fratrie complète – traîtresse potentielle, espionne et indésirable : Vasilisa – l'effervescence qui se murmure dans le lien qui l'unit à l'immense demeure ne la laisse pas de marbre. La magie bourdonne au bout de ses doigts et dessine un sourire léger sur ses lèvres qu'elle n'essaye plus de faire disparaître – elle aura au moins l'air d'apprécier les festivités.
Elle effectue les dernières vérifications de sécurité, comme d'esthétique, soucieuse d'éviter la tendance à la débâcle britannique comme leur mauvais goût et, une fois assurée que la délimitation des zones du domaine accessibles est claire, que le sortilège météorologique employé pour afficher un ensoleillement agréable au lieu de la bruine du Londres moldu tiendra même en cas de tempête et que les hounds sont en place, elle ajoute un balayage de pétales de fleurs à la fragrance délicate aux allées et rejoint la haie d'honneur formée par sa famille.

Mikhail est altier, princier comme leur sang l'exige, et s'ils ne brillent pas par leur disposition chaleureuse, personne ne pourra reprocher aux Strugatsky de manquer d'éclat, la sobriété habillée d'exquis joyaux et de luxueux drapés sur lesquels coulent rayons solaires et reflets d'or.
La mariée est... adéquate. Impossible de lui reprocher sa tenue, élégante et souriante, ou son nom, les Slughorn plus que respectables dans le paysage anglais, et c'est tout ce qui importe concernant Vera à l'instant. Elle la trouve un peu fade, surtout pour une amie de Luca, mais elle n'a que quelques brefs échanges sur lesquels se baser, un peu biaisée, et personne ne lui demande de briller ni d'être appréciée. Zoya, en revanche, resplendit et charme déjà les invités, et, de fil en aiguille, penser à l'aura de sa sœur l'amène à l'absence de charisme de son fiancé, qu'elle n'aperçoit pas mais qui, elle parierait ses artefacts favoris dessus même sans voyance, est l'invité caché dans un recoin obscur que lui signale la demeure, pour enfin terminer sa pensée sur son propre fiancé.
Ils ne sont guère apparus ensemble et elle suppose que la cérémonie est une occasion comme une autre de compléter le tableau finement agencé du bonheur marital de son frère et des fiançailles de sa sœur en y accolant son propre binôme – ne serait-ce que pour imaginer Tonyah fulminer. Elle devrait définitivement inventer des prénoms de progéniture rousse pour leur future discussion, sa relation plus que professionnelle avec Hadriel bien plus amusante quand il s'agit de l'inventer auprès de son amante, ex amante ?

Les idées vont et viennent entre deux poignées de main – Ginger, évidemment, et quel hommage à sa famille – qu'elle a veillé à garder nues pour faciliter les visions, aussi malvenues soient certaines. (Elle n'avait vraiment pas besoin de visualiser de tels détails). Tenue comme bijoux sont parés de glyphes et de runes, comme à l'accoutumée, ces dernières cependant tournées vers l'ouverture de son esprit plutôt que sa protection, le changement évident depuis le décès de leur mère et son inquiétude grandissante à mesure que les jours s'écoulent sans coupable.
Autumn et Poppy sont des choix immondes qui siéraient parfaitement – et n'est-ce pas un Guterman, le visage identique à Benyamin sans pourtant jamais pouvoir s'en approcher, accompagné de la Shacklebolt dont la profession lui échappe, indicateur certain qu'elle n'a aucun intérêt pour son domaine d'activité. Elle n'a pas cillé face à la liste des invités, malgré le pédigré parfois douteux de certains, curieuse d'alliances possibles au travers de Vasilisa, dernière pièce solitaire de leur échiquier. Ilya reste une question trouble, qu'il s'agisse de son sang pur peu affiché comme de la grâce que Mikhail lui octroie, Kolya, lui, qu'elle sait quelque peu en retrait derrière elle, est bien évidemment libre de son choix et Izar...
Keegan. Keegan est la cerise sur le gâteau des prénoms de gamins roux, si proche de ce à quoi ils auraient pu rêver, un peu d'eux deux sans jamais n'être d'elle.
Elle clôture les platitudes avec les Harcourt et ferme le cortège en direction de la salle de réception.

Les notes du piano s'élèvent avec clarté dans les airs, leur volume modulé pour ne jamais couvrir les conversations sans pour autant s'y perdre et elle se surprend à anticiper les premières danses, la fresque animée un souvenir doucereux des bals en plein air en Russie et des leçons de danse, leur père derrière l'instrument. Elle attendra, pourtant, le jour trop jeune et le programme chargé à peine entamé.
Les traditions sont les traditions, et, tout comme son frère est vêtu de blanc et bientôt nouvellement couronné, la mariée devra les respecter et se prêter au jeu, celui de la soirée, celui d'une vie qui ne fait que commencer.  

21 juillet 2007
Velvet wedding
J’aime les grandes fêtes, elles sont intimes.

Hector arrive avec sa mère. Évidemment. Mal à l'aise dans son costume au bras de maman, les deux architectes lèvent le nez devant la grandeur du palais Strugatsky. Même pour ceux comme lui qui préfèrent en général leur canap' à une vie sociale superficielle, l'opulence déployée ne pouvait laisser de marbre même l'homme le plus mou de la soirée (Hector). Lui, il avait grandit dans un vingt-cinq mètres carré à trois - parfois quatre quand leur mère se rappellait d'eux. Et les y voilà.
Pas grâce à lui, grâce à Rosemary.
Sang-pur en costume banal de plus, ils se mêlent à la foule d'invités qui venaient d'arriver. C'était ce genre de mondanités qu'il appréciait, celles où on pouvait facilement disparaitre, celles qu'on pouvait agiter sous le nez d'Anthea et la regarder souffler des naseaux comme un dragon parce que elle, elle était pas invitée. Et lui si. Et elle non.
Ça lui ferait presque oublier la pression de faire bonne impression devant la belle famille.
Tout va bien se passer.
Tout va bien se passer.
L'air de piano qui les accompagne le détend, un peu. Ça, et la fiole de cachets qu'il avait pris en plus, des fois qu'il refasse une crise comme la dernière fois. On s'en rappelle (maman s'en rappelle).


Alignés pour son exécution, les Strugatsky sont nombreux. Ces têtes qu'il ne connaissait pas, ils faisaient pas partie de la famille, si ? Déjà perdu, sa fiancée se détache de la jolie brochette pour venir personnellement à leur rencontre les accueillir. Avec Zoya Strugatsky, c'est toute l'attention des invités qui se déplace et Hector n'a pas même le temps de se souvenir de la mariée qu'il se retrouve dans la position inconfortable d'être braqué sous le même projecteur qu'elle. Elle est belle, Zoya. Le temps de s'échanger quelques platitudes en montant les marches et il se retrouve devant le restant du clan. Mikhail manque de lui briser les os, et sa future épouse.. A le mérite d'être là.
Tout comme lui on dirait.
Quant au reste, il arrive pas trop mal à soutenir leur regard ce qui est selon ses standards une des meilleures impressions qu'il puisse donner.

« Tu es.. Très belle aujourd'hui. » Pouah c'était nul (regardez le, tenter de faire des efforts). Navigant tout deux dans la salle principale, même après avoir échangé à son bras la mater pour la princesse russe Hector restait mal à l'aise. Il y a des choses qui ne changent pas. « Et ton frère aussi. » Encore pire. « Enfin tu.. Voilà »
Voilà voilà.
Elle était belle, Zoya.
« Je vais prendre des petits fours - tu en veux ? »

Ephraim tire Thema de la fontaine avec un grand sourire, et ils se redressent d'un même mouvement en rejoignant la longue file d'invités qui attendent sagement l'ouverture au reste du domaine Strugatsky. Il doit se forcer à ne pas dévorer des yeux l'endroit quasi-mythique à ce stade, et sur lequel il n'a pas pu trouver la moindre information dans tous les livres, manuels et autres vieux actes de propriété sur lesquels il a tenté de mettre la main - c'est dire que Mikhail a attisé sa curiosité déjà dévorante lors de leur dîner, et que malgré ses promesses, il va être difficile pour lui de ne pas avoir envie d'essayer de déverrouiller toutes les portes.

Ses deux cadeaux soigneusement enveloppés sont donnés à ce qui ressemble à un domestique ou un employé, puis Ephraim noue son bras à celui de Thema en se joignant à la lente procession. Il s'est rasé de frais et a ajusté son costume à plusieurs reprises, envoyant multiples lettres à Thema pour que leurs tenues soient accordées. Ils sont venus en amis évidemment (après tout, un vulgaire sang-mêlé tel que lui en couple avec une sang-pure? à d'autres!) mais Ephraim compte bien leur donner l'apparence d'un couple. Avec un peu de chance, les Strugatsky auront engagé un photographe sorcier et il pourra montrer le cliché de leur soirée à Django - ou mieux, le revendre au Prophet, ça ferait bien les pieds à son frère.

Quand ils arrivent au niveau de la famille Strugatsky, Ephraim les balaye tous d'un regard désintéressé avant de sourire à Vera. "Vera, je suis ravi de te revoir. Tu es ravissante. Je te présente Thema." Il pose une main dans le bas du dos de son invitée, la fait s'avancer, et se tourne vers Mikhail. "Mikhail." Son sourire s'étire et ses yeux pétillent de malice, et il incline rapidement la tête. "Merci encore pour l'invitation." Il échange quelques mots avec les autres qui s'adressent à lui, puis Thema et lui cèdent la place aux invités suivants, et il reprend son bras dans le sien, direction le manoir.

Ils pénètrent dans une grande salle qu'Ephraim étudie posément, les dirigeant naturellement vers le buffet pour récupérer quelques choses à boire avant de s'installer en attendant le début de la réception. Une petite mélodie de piano résonne dans les airs, entêtante et discrète. L'endroit est richement décoré, et avec goût, et Ephraim aimerait y passer des heures. "Eh bien, j'espère que cette affaire sera un peu moins guindée qu'elle en a l'air," finit-il néanmoins par glisser à l'oreille de Thema, en se penchant un peu trop vers elle. "Mais si jamais, j'ai apporté de quoi nous distraire." Il lui jette un regard en coin, et un sourire qui cette fois n'atteint pas ses yeux. "Si tu tapes encore." En tant qu'ex de Django, il en espère pas moins d'elle.

July 21st, 2007

Il n'a pas besoin de les entendre, ni de troisième oeil, pour savoir que toutes les lèvres content ce dont se gorgent les yeux. Les mariés, peints d'une beauté opulente et immaculée. Les soeurs Strugatsky resplendissantes, parées de pierreries qui scintillent sous un soleil qui les jalouse. L'élégance exquise du décor : le parc digne d'un conte sans fausse note ; le palais une déclaration à lui seul, qui parle d'une grandeur dont tous n'ont pu que rêver.
Les invités défilent, serrent les mains des Strugatsky, présentent leurs voeux. Les sourires sont partout, autant de nuances d'un même camaïeu. Debout un peu en arrière de Zoya, sur la même ligne que Kolya et Ilya - et l'absence flamboyante de Nadejda - fondus dans les ombres de leur Strugatsky respectif, Izar observe ce ballet de son oeil unique. Attentif, mais pas inquiet : par logique et à la demande de Mikhail, il a cherché à s'assurer, comme Fryd et, il n'en doute pas, Brygida, que rien de fâcheux n'arriverait ou ne dérèglerait la partition soigneusement composée ; les questions inlassablement posées à l'éther, cherchant à couvrir chaque possibilité, chaque imprévu auquel il aurait pu songer. Rien pour les alarmer. La voyance, pourtant, n'a rien d'une science exacte. Aussi, la sécurité reste de mise, montée par couches intriquées d'enchantements anciens et de sorts plus actuels, moyens magiques multiples qui se trouvent liés à Brygida, et auxquels s'ajoutent encore des moyens humains.

L'oeil se coule vers elle, subtil. Il détaille, pour un instant qui lui semble trop bref, retrace sans toucher la ciselure des traits sur lesquels ses doigts ont si souvent erré. Il s'attarde, rien qu'une seconde, sur la sincérité du sourire léger sur ses lèvres. Elle luit - les ombres qui la ceignent, l'auréolent habituellement, repoussées par l'éclat de sa cape d'or, richement brodée. Régalienne. Otherworldly, too. La réalité pas oubliée pourtant : il a tout à fait conscience qu'aujourd'hui sera la première fois qu'elle apparaîtra avec son fiancé, et Izar ne peut que ravaler la goutte d'amertume qui vient lui chatouiller la gorge et, vite, repousser les pensées qui l'ont créée.
Son regard remonte la haie des Strugatsky. Il ne voit qu'un bout du profil et le dos de Mikhail, le blanc une couleur inhabituelle mais qui le nimbe d'un halo princier et indicible, d'une prestance qui exige le respect. Vera, à ses côtés, une douce chaleur, une pierre qui doit encore se révéler pour ne pas se faire dissimuler par l'aura intense des Strugatsky. Elle devra s'y faire, et vite : en tant qu'épouse du Suprême, les regards seront aussi braqués sur elle, à présent, une attention à double tranchant lourde à porter. Izar s'attarde, l'observe sans en avoir l'air, intrigué. S'il l'a croisée à Poudlard du temps de leur scolarité, les deux promotions d'écart ont joué dans le fait qu'il ne lui a jamais vraiment parlé, jusque là. Il ignore ses forces comme ses faiblesses.

Il venait de passer à Vasilisa et sa présence si forte, qu'il a toujours imaginée pleine de flammes et de furie, lorsqu'un mouvement le ramène à Zoya. Si elle vole sans effort l'attention de bien des personnes d'un sourire gracieux au goût d'été, c'est son avancée vers le sorcier qui s'approche d'un pas hésitant qui capte la sienne. Hector. L'oeil le rive, et à la douceur ordinaire du regard se mêlent des angles plus vifs, d'un coupant subtil.
Sa présence est attendue, sans surprise. Comment ne pourrait-il pas être là, en tant que fiancé de Zoya ? Voilà trois mois que l'annonce a été passée, depuis qu'ils sont officiellement apparus ensemble. Son absence aurait été trop remarquée, d'une fausseté étrange sur le tableau de perfection qui a été dressé.
Si certains s'étonnent peut-être de cette alliance en devenir, froncent des sourcils perplexes face au choix du Rowle, effacé et mal à l'aise, pour l'étincelante, la séduisante cadette des Strugatsky, ceux d'Izar le font pour une toute autre raison. Voilà combien de temps maintenant ? Des années passées depuis qu'Hector a cessé de répondre à ses lettres pour faire le fantôme. Rude, après ce qu'ils ont partagé plus qu'été, peut-être, au vu des mots jamais posés sur leur relation faite de flou et de secret.
Encore que les fantômes s'avèrent plutôt bavards, pour qui sait écouter et voir. Il devrait plutôt dire : depuis qu'Hector a fait le mort. There.

Izar l'observe bégayer face à Zoya, et il doit se retenir de lever l'oeil au ciel. Evidemment qu'elle l'impressionne et l'éblouit - c'est à raison, comme il se doit. Il n'empêche que ça l'irrite, un peu, pour des raisons sur lesquelles il ne s'est jusque là pas attardé. Hector n'est pas venu lui parler. Lui non plus. Il est resté à l'écart, ces quelques fois où Zoya et lui se sont fréquentés en public. It's overdue, now. Le Rowle prend provisoirement congé et s'éloigne vers la salle où se rassemblent les invités déjà accueillis.
Le regard d'Izar se pose sur ceux qui traversent encore les jardins pour venir saluer les mariés et leur famille - parmi eux, un des Guterman, lui-aussi croisé à Poudlard et dont il a facilement retenu le nom au vu de sa fratrie étendue, au bras d'une jeune actrice, reconnue d'une série qu'il suit parfois sur sa boule de cristal, lorsqu'il en a le temps. Il cligne, non pas surpris mais comme pris de court, un instant, par l'inattendu de la voir dans une réalité partagée. Il repousse la sensation, qu'il juge lui-même de trop naïve, alors que les derniers convives défilent. Les Strugatsky referment enfin le cortège et, à leur tour, rejoignent la salle où les discussions vont bon train.

Il se rapproche légèrement de Zoya avec, aux lèvres, le vague d'un sourire. Le regard pourtant concentré passe d'un visage à l'autre, englobant la foule au son doux du piano. « Prête pour la suite ? » Une touche de connivence dans la voix basse. Le temps des activités prévues, et s'il sait partiellement de ce dont les premières seront faites pour en avoir supervisé une partie, il a aussi hâte de voir de quoi leur déroulement concret sera fait. « Je suis curieux de voir ce qu'il en ressortira. » Tout autant que de l'alliance célébrée en ce jour, des Strugatsky et des Slughorn. La cérémonie, surtout, promet d'être un spectacle plus somptueux encore.

july 21st, 2007Les invités arrivent les uns après les autres, le fiancé de Zora d’abord que Mikhail ne connaît que peu. Dans un coin de sa tête, il se dit qu’il devra bientôt avoir une discussion avec le jeune homme afin de cerner un peu mieux le personnage qui doit épouser sa plus jeune soeur (avec la certitude qu’il sera toujours de meilleure facture que celui promis à Brygida). Puis, viennent Ephraim et Thema Shacklebolt l’invitée dont lui a parlé l’alchimiste. Mikhail sourit à leur encontre et si ses lèvres se crispent en comprenant qu’il a rencontré Vera, et si elles ne se détendent pas en remarquant le physique de Thema ni-même la complicité qu’ils semblent partager ; le futur marié ne fait aucune remarque, ne laisse pas non plus son regard s’appesantir trop longtemps sur leurs personnes et se reporte bien rapidement sur les invités suivants. Aujourd’hui, il n’a pas l’opportunité de se laisser distraire.

Lorsque l’ensemble des invités sont salués, complimentés et rassemblés dans la salle de bal, la cérémonie peut débuter. En suivant les règles d’un mariage orthodoxe des plus traditionnels, les deux futurs époux font leur entrée dans la grande pièce où le Suprême prend la parole. “Je vous remercie d’être venus aujourd’hui. Nous vous invitons à nous suivre jusqu’à l’église où la cérémonie pourra débuter.” Menant la procession aux côtés du prêtre qui officiera, Mikhail d’un geste indique à Ilya que les festivités peuvent commencer. Tous s’engagent sur le chemin les menant à l'église, certains en discutant et d’autres - comme lui - dans un silence que l’on aurait pu croire contemplatif s’il n’était pas occupé à s’assurer que le plan se déroulait sans encombre.

Une fois arrivés devant le grand bâtiment imposant fait de pierres anciennes directement apportées de Russie, Mikhail allait inviter les invités à prendre place dans l’Eglise lorsqu’il remarqua - ou plutôt confirma - l’absence de la future madame Strugatsky ainsi que de sa mère et d’Ilya. En prenant un air faussement désolé d’où perçait un calme qui n’avait que pour objectif d’apaiser les convives, le futur époux reprit la parole. “Ah, il semblerait que certaines traditions ont été respectées jusqu’au bout et que ma charmante fiancée a disparu. Il nous incombe de la retrouver mais notre demeure est grande et les recoins ne manquent pas. Je vous propose de nous séparer, bien entendu une récompense sera attribuée au groupe qui parviendra à retrouver les coupables ainsi que la disparue. Pour plus d’équité je vais laisser à une main innocente le soin de créer les groupes, Brygida ?” Et d’un geste, il tend la main vers sa soeur afin que tous les regards convergent vers elle.

July 21st, 2007

Ça devrait être un grand jour pour eux. Leur, frère, leur Supreme qui se marie! Ça devrait être un jour de fête, un jour de festivités, de sourires et de rigolades. Pourtant, Zoya sait bien qu’aucun d’eux n’a le cœur à la fête. Malgré sa fière allure dans son complet immaculé, la jeune femme sait que derrière le sourire de Misha se cache de la tristesse. Ce mariage n’a rien de romantique, tout cela n’est que logistique. Comme quatre-vingt dix pour cent des mariages entre sangs purs. Elle aurait espéré meilleure finalité pour lui. Elle veut qu’il soit heureux. Après s’il regarde le bon côté des choses, il n’est pas tombé sur une idiote. Vera est sophistiquée et originale et elle sympathique. Elle est très jolie aussi. Zoya ne s’est pas gênée pour le lui souffler lorsqu’elle est passée près d’elle. Pour tenter de la faire sourire et la mettre à l’aise. Dès que les vœux seront échangés, elle sera de la famille. Si Brygida et Vasilisa sont sur leurs gardes et s’intéressent peu à leur belle-sœur, Zoya veut qu’elle se sente la bienvenue. C’est son jour après tout. Celui où elle doit briller et être le centre d’attention. Toutefois, elle voit bien qu’elle est ailleurs, qu’elle a probablement envie de fuir et de se cacher. Le cœur de la cadette des Strugatsky se serre se doutant que c’est ce qu’il l’attend dans quelques mois. Un miroir de sa propre cérémonie, de son propre sentiment. Cette obligation de s’unir à un être qui est loin d’être son premier choix et avec qui elle a peu d’affinités, juste pour continuer les lignées pures.

Comme à son habitude, Zoya vole et danse presque dans la pièce alors qu’elle accueille les invités. Une valse qu’elle maitrise depuis plusieurs mois. Elle accorde autant de temps et d’attention à chacun. Elle lance des sourires à tout va. Elle attire les gens vers elle pour libérer le poids sur les épaules de ses ainés et des futurs mariés. Si Bry s’assure que toute l’organisation soit au point, Zoya s’occupe de leurs convives. Jusqu’à l’arrivée de son fiancé et de sa belle-mère. Elle sort des rangs et vient les accueillir comme il se doit. Elle dépose un doux baiser sur la joue d’Hector et lui sourit pour lui signaler que tout ira bien sachant que tout ça le rend très nerveux. Elle l’entraine vers les membres du clan pour les salutations d’usage. Tout est mécanique et routinier, tout pour bien paraitre. Le fait est que la belle cherche une tête rousse dans la foule et qu’Hector est loin dans ses pensées. Elle tourne son visage vers lui lorsqu’il la complimente. "Tu es très élégant toi aussi." Le complet est de bon marché et délavé, mais il lui va bien. Elle sourit malgré elle devant ses tentatives. Il est tout de même mignon et elle apprécie qu’il essaie au lieu de se refermer comme une huitre comme il l’a habitué lors des autres soirées. "Non, ça ira. Mais sers-toi!" Elle le regarde se diriger vers le buffet somptueux en soupirant, accrochant le regard d’Izar qui est encore plus à l’écart lorsqu’elle est en compagnie du Rowle. Elle salue les invités qui se présentent à eux et elle n’arrive pas à croire que Thema Shacklebolt ne soit qu’à quelque mètre d’elle avec un des Guterman bien connus à Poudlard par leur nombre inhabituel. Elle se dirige vers Izar en contenant son excitation. "Il en faut bien une. Les autres ont dirait qu’ils s’en vont à un enterrement." Dit-elle en haussant les épaules. Elle espère que la suite va les secouer un peu sinon tout le monde va se rappeler de ce mariage supposé être grandiose comme le plus ennuyant de tous les temps. "Tu savais qu’il y aurait Lucrèce Harcourt? De où elle connait Misha?" qu’elle demande à son Ombre en murmurant. Mikhail prend ensuite la parole et remercie les invités de leur présence avant de leur annoncer que la future mariée est portée disparue. Un sourire amusé étire ses lèvres roses et brillantes. La foule s’agite, quelques-uns s’offusque de cette drôle de tradition, mais c’est surtout de l’excitation qui se sent parmi eux. Positionnée entre Izar et Nikolai, elle donne un coup de coude à ce dernier lorsque Brygida prend la parole.

July 21st, 2007

La mariée a disparu. Oh no.
Un bruissement d'inquiétude parcourt la foule, le souvenir du désastre du mariage Travers encore frais, mais s'estompe rapidement sous le ton calme de son frère, les explications brèves mais suffisantes pour apaiser les tensions. Les convives s'observent et hésitent, la participation facultative et réservée à ceux prêts à se départir de leurs atours ; ils sont prévenus, les événements peuvent s'avérer sportifs comme dangereux, et, s'ils assurent que toute blessure fatale sera évitée, ils ne peuvent garantir un risque zéro. Les rangs fondent plus vite que neige au soleil et ils ne sont bientôt plus qu'une poignée, les autres invités enjoints à profiter des festivités dans une autre salle depuis laquelle ils pourront suivre les épreuves via miroir magique. Bien installés avec rafraîchissements à volonté, ils pourront s'adonner à quelques menus paris sur les résultats à venir – qui récupérera la mariée et qui rentrera bredouille, sans sa dignité.
Misha lui délègue la création des groupes et, d'un sourire de connivence à la mention de l'innocence de ses mains, elle dégaine sa baguette pour une roulette russe inoffensive.
De la même manière que bien des querelles ont été réglées à Koldovstoretz, la baguette s'élève dans les airs aux murmures de whispeings, tournoiements et vrilles accentuées avant que le sortilège ne s'actionne.
Elle n'offre qu'une moue faussement candide à son frère lorsque Kolya est le premier à rejoindre son équipe – le hasard, vraiment, laquelle s'efface au profit d'une surprise teintée d'incrédulité alors que les différents rangs grossissent.
Weasley la rejoint, et peut-être qu'elle devrait changer de baguette si c'est ce qu'elle décide de lui donner, son déplaisir égalé peut-être uniquement par le sien ou celui de Tonyah, qui sait. De longues heures de cinéma en perspective qui lui feraient presque regretter de ne pas suivre le business du Zabini pour savoir quel cliché adopter dans une situation aussi ridicule. Izar aurait pu lui répondre, probablement, le seul à tenir éveillé assez longtemps devant la boule de cristal pour suivre les feuilletons qu'elle diffuse mais son propre groupe a largement de quoi l'occuper entre Fryderyk et Vasilisa.
L'absence d'Ilya est équilibrée par le manque de menace réelle dans l'équipe de son frère, bénédiction qu'il ne partage sans doute pas, coincé entre de la décoration – télévision et jardins, même combat de plantes vertes et vermines envahissantes, le palmarès des invitées révélé par un Nikolaï plus au fait qu'elle – et une relation qui n'est qu'à quelques heures de prendre son titre d'extra conjugale.
N'en déplaise aux convives comme à ceux qui les ont conviés, la magie a parlé et les voilà répartis pour la partie sportive des festivités.
Sans sortilège pour amplifier sa voix, l'acoustique de la pièce parfaite loin d'être une coïncidence et habituée à la moduler pour porter lors des représentations, elle l'habille de chaleur et d'à peine de malice.
« S'il est d'usage que le marié soit celui qui se soumette à une série d'épreuves pour récupérer sa fiancée, notre famille, dans la générosité qui nous caractérise » et la moquerie est partagée, plus que reprochée, elle sait bien ce que bon nombre pensent d'eux, « a accepté de l'épauler dans la tâche et vous remercie, aussi, de vous prêter au jeu. » Le sérieux prend place de nouveau, s'agissant des précautions de sécurité, comme de la preuve légale, aussi peu acceptable soit-elle devant un tribunal, qui s'apparente à un "on vous aura prévenu". « Veillez à bien suivre les instructions de votre référent, pour votre sécurité comme celles des autres. Ne vous éloignez pas des zones prévues, les mécanismes de protection du reste du domaine n'ayant pas été abaissés, et restez assurés que votre bien-être est notre priorité. » Elle incline la tête, légèrement, salutation de politesse qui clôture la sélection. « En espérant que cette occasion nous permette d'échanger et de faire découvrir certains pans de notre culture comme de notre domaine, trop longtemps gardés cachés. » Si elle est la première à préférer mourir plutôt que de révéler un quelconque secret sur leurs traditions et magie familiales, elle admet qu'Ekaterina les a tenu trop isolés.
Le palais n'a jamais été aussi vide que durant toutes ces années et elle jurerait que le parquet est un peu plus lustré, déjà revigoré des nouvelles vies en son sein, vorace.
Mikhail a besoin des connexions et Zoya pourrait se pencher sur d'autres activités que celles qui lui sont déléguées si son fardeau de mondanités était partagé. Elle peut faire un effort. Tant qu'elle n'en profite pas pour fuguer, encore.

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