july 21st, 2007 Si Mikhail ne sait que penser des groupes formés par le sort, il ne peut rien en redire, les règles du jeu sont strictes et rien ne sert de vouloir les discuter. De loin, le fiancé salue ses sœurs avec un petit sourire et un regard qui pourrait dire “On vous retrouve de l’autre côté, en espérant que la défaite ne vous soit pas trop amère.” mais sans que ses lippes ne forment effectivement ces paroles. Son groupe composé d’Ephraim, celle qui s’appelle apparemment Thema et de Lucrèce, le rejoint et d’un geste de sa baguette, Mikhail fait apparaître un miroir qui était auparavant dissimulé. Le miroir a de particulier que sa surface réfléchissante ne semble pas aussi dure que le verre, mais bien au contraire renvoie les réflections déformées et donne la nette impression qu’en tendant la main on pourrait l’y enfoncer tout entier. Le Suprême se décale sur le côté, c’est qu’ils ont le goût du spectacle les Strugatsky et ne reculent devant aucun artifice pour que cette soirée se fasse inoubliable dans l’esprit des convives. Ceux qui ne se sont pas portés volontaires auront le privilège d'observer les différentes quêtes dans la grande salle de bal tout en se délectant du buffet.

Il se décale sur le côté et tend le bras en direction de la porte magique. “Je vous en prie, après vous. Je me dois de vous prévenir cependant, il ne sera pas dit que nous pourrons sortir par là où nous sommes venus. Vous pouvez encore faire marche arrière.” dit-il, et peut-être que son regard vient se poser quelques secondes de trop sur la seule membre de son groupe qu’il ne connaît point. Et peut-être que dans son ton pointe une note de défi qui semble vouloir dire que ses convives n’ont pas intérêt à choisir la porte de sortie. Il ne leur révèle cependant rien de ce qui les attend de l’autre côté pour l’effet de surprise.

Mikhail est le dernier à emprunter le passage magique, c’est comme s’enfoncer dans un liquide - les sons disparaissent - avancer n’est pas des plus aisé mais un chemin l’amène à une autre porte, similaire à la première qu’il emprunte sereinement. Lorsqu’il fait le dernier pas en dehors du miroir celui-ci se referme. Il peut alors contempler la pièce préparée avec soin et se délecter du regard de ses convives. La Salle des Glaces à cela d’exceptionnels qu’elle paraît immense et dénuée de toute utilité au premier abord. Pourtant l’en s’y arrêtant quelques secondes on peut apercevoir que les fenêtres qui l’éclairent n’en sont point, mais qu’elles donnent à voir des paysages très diversifiés. Que les miroirs ne reflètent rien, ou pas tout le temps ce que l’on penserait y voir. Le plafond est lui-même infini et les lumières qui font office d’étoiles sont en réalité des billes argentées - si quelqu’un décidait de voler jusqu’au ciel de la pièce, il pourrait se contempler dans les astres plantés. Mikhail ne révèle rien de ce qu’il a préparé, les laissant se déplacer dans la pièce comme ils l’entendent. Il sait très bien qu’au bout de la salle, trois portes similaires à celle empruntée les attendent. Il y a ce grand miroir orné de moulures dorées dont le centre renferme un secret, qui à trouver également parmi les nombreux objets s’offrent à leur regard. Et bien sûr la porte d’entrée. Le Fiancé a hâte de les voir à l'œuvre et prend son temps, confiant quant à la suite des événements. La règle est qu’il ne doit intervenir qu’en dernier recours, son rôle étant d’accompagner plutôt que participer pleinement. Le jeu est pour les invités, tout comme les surprises qui les attendent. Et pour le Strugatsky, il n’y a pas plus beau délice que celui-ci.

july 21st, 2007 Elle a l'habitude des mariages et des buffets, Hollis, surtout quand les fins de mois sont difficiles parce qu'elle a tout claqué dans des kilos de métal magique, mais d'y être invitée pas vraiment. Aussi les petits fours ont une délicatesse rare, celle du bon droit, et l'amertume qui va avec. Apparemment, quand on porte son véritable nom et visage en bonne compagnie on doit s'obliger à ne pas vider tout le buffet et à attendre que d'autres se lancent au Mermaid's Tears pour ne pas passer pour le morfale ou l'alcoolique du coin. What a pain.
Les conventions sociales l'ennuient beaucoup, d'autant plus quand elle y joue possiblement sa vie, et l'exercice l'a déjà épuisée alors qu'elle vient à peine d'arriver. L'invitation était d'une opulente sobriété, savant mélange d'un texte laconique sur papier décoré à l'argent recouvert d'or saupoudré de diamants or some shit, si bien qu'elle même ne sait pas trop en quel honneur elle a été invitée.
Pour éviter la fameuse question du « Groom's side or bride's side ? » à laquelle elle n'aurait qu'un « Dead mother's side, I think ? Should I wait by the casket ? » à répondre, elle a donc opté pour l'arrivée en retard, mais pas trop, la ligne fine entre l'outrage et la bienséance.
De fait, elle a manqué une partie des festivités mais s'est évertuée à montrer à grands renforts de moues tristes et de « aaahhh » et « ohhh » émerveillés que franchement qu'est-ce qu'elle était contente d'être ici et de tout de même enfin pouvoir profiter du spectacle.
Son manège a possiblement trop bien fonctionné et elle se retrouve maintenant piégée, coincée par Creepy Strugatsky à sa sortie des toilettes – nowhere is safe, really - obligée de participer à une série de jeux dont elle n'a pas écouté les règles.

C'est l'héritier russe qui l'accueille, elle et un petit groupe de convives parmi lesquels elle ne reconnaît qu'Ephraim, et l'horreur de la situation est supplantée par sa surprise.
Voir Mikhail Strugatsky d'aussi près est un spectacle en lui-même, peut-être plus fascinant encore que celui qu'il donne, son visage aussi lisse que la surface du miroir magique présenté.
Ça tient presque du mythe ou de la légende. Après avoir observé ses traits sur papier glacé comme en personne, les visages troqués avec aisance en public comme en privé, le rencontrer sous sa véritable identité tient du surréel. Who would have thought ?
L'instant de flottement est désagréable quoique familier, un focus nécessaire à faire pour aligner tout ce qu'elle sait de lui sans qu'il ne l'ait jamais rencontrée, gymnastique mentale des usurpateurs d'identité. Son regard s'attarde quelques secondes alors qu'il offre la possibilité de rebrousser chemin, she wishes, mais elle le détourne rapidement, feint à moitié un intérêt pour le miroir et l'entrelacs de magie qui le recouvre.

La passerelle magique franchie, un décor nouveau se dévoile et elle doit cligner des yeux quelques secondes, éblouie. Le faste des russes ne l'étonne pas et elle n'y prête pas même attention, certaine qu'un larcin serait une bien mauvaise idée, et c'est l'océan d'auras magiques qui l'arrête un instant à son arrivée, l'attention tiraillée.
Des camaïeux de tous tons s'étalent à perte de vue, marée colorée qui se déverse des cieux artificiels à ses pieds, les murs léchés de la surface scintillante d'un sortilège déposé. Le travail d'orfèvre est saisissant et elle ne cache pas son admiration, quitte à passer pour de la plèbe facilement impressionnée, les doigts glissant lentement le long d'un cadre ouvragé, l'entrelacs de runes invisibles une dentelle de maître.
Elle se tient à distance des cadres les plus trompeurs, peu désireuse de se faire happer dans les paysages enchanteurs comme ceux plus cauchemardesques et elle déambule entre les miroirs, intriguée.
Prétendre ne pas voir la magie est une seconde nature après autant d'années, d'autant plus qu'un seul de ses yeux n'est touché, mais il reste certains challenges auxquels s'acclimater. Les illusions russes en sont unes, le brouillard de leur trace magique délicat à décortiquer. Certaines sont visibles de tous et d'autres réservées à la famille comme aux intrus, une poignée n'est que visuelle ou olfactives, plus rare, certaines ne sont même que des vestiges d'anciennes magies, poussière abandonnée là à l'insu de chacun, vouée à être absorbée par la demeure. Sa curiosité reste le plus coriace.
« Are we free to touch and investigate as we wish ? », les doigts à quelques centimètres du reflet d'une rivière tranquille, bordée d'un cadre d'argent, si ce n'est idyllique, le glouglou léger de l'eau et l'arc en ciel des rayons du soleil sur l'onde moins attrayants que l'éclat magique qui luit faiblement entre deux rochers, elle prend le temps de peindre l'hésitation dans sa voix comme dans sa posture, le geste arrêté et l'intonation incertaine. Une touche de nervosité face à l'inconnu et l'illusion nait.

Elle s'abstient pourtant, abandonne à contrecœur la lueur mystérieuse pour retourner à ses déambulations, l'intérêt captivé toujours un peu plus loin, un peu plus encore, par d'autres sortilèges étrangers.
Les pas résonnent dans la pièce tandis qu'ils tournent entre les paysages et les époques et elle finit par s'arrêter face à une psyché montée sur de lourds pieds massifs, le bois sculpté d'arabesques peint à l'or fin. Malgré sa richesse apparente le miroir ne lui présente rien d'autre que la triste réalité, son reflet humain, loin de la réincarnation de métal et de magie dont elle rêve. Boring.
La brume caractéristique d'une illusion est pourtant présente, nimbe qui entoure le sommet du miroir comme un nuage de mauvais augure. Index replié, elle frappe à deux surprise sur le verre - solide, pas de passage secret ici, l'absence du halo de magie correspondant une évidence qu'elle n'est pas supposé connaitre - un amusé quoi que méfiant "Knock knock, anyone home ?" jeté à la ronde.
Est-ce que ses cheveux ne sont pas un peu plus foncés normalement ? Son nez un peu plus droit ? Are her eyes the right shade of brown ? "That's weird."


Le long des murs, un murmure glisse, porté avec la brise de la forêt jusqu'aux oreilles du Suprême. "Careful, brother, I think we've got ourselves a little mouse."

Dés:

tw: mention de drogues

Tout ça n'est qu'un jeu, semblerait-il, qui laisse Ephraim plutôt indifférent - seule la présence de Thema adoucit un peu cette situation étrange, et il ne la lâche pas d'une semelle alors qu'ils suivent Mikhail, Lucrèce et Hollis (une autre fantastique surprise) à travers les beaux couloirs de la résidence Strugatsky. Dans un élégant geste de magie, Mikhail fait apparaître une porte-miroir où ils s'engouffrent à la queueleuleu. En passant devant lui, Ephraim adresse à son amant un regard intense et un sourire amical, ainsi qu'un clin d'oeil si rapide qu'on aurait pu l'avoir imaginé.

Ephraim ne réagit pas en rentrant dans la grande salle au murs richement décorés, mais ses yeux pétillants n'en pensent pas moins. "Don't get vertigo," intime-t-il à Thema à qui il a proposé de renifler une ou deux rails plus ou moins hallucinogènes dans les toilettes avant de retourner à la réception (il ne s'est lui-même pas privé), avant de se détacher d'elle pour s'approcher de Lucrèce d'un pas presque sautant - joyeux. « Are we free to touch and investigate as we wish ? » La voix d'Hollis lui fait tourner la tête, l'affirmation silencieuse d'un Mikhail observateur arrachant à Ephraim un sourire. "They're very serious about their little game it seems," dit Ephraim à  Lucrèce comme toute introduction. "So it seems." Il continue de bavarder à mi-voix avec elle alors qu'ils progressent dans la salle, désintéressé par ce vaste jeu un peu folklo pour être honnête. Et puis, il n'a ni prothèse ni baguette avec lui aujourd'hui, il ne sera pas d'une grande aide.

"Knock knock, anyone home ?" La voix de Hols le tire de ses pensées et il s'arrête dans sa marche aux côtés de Lucrèce pour regarder sa camarade alchimiste, fascinée par son propre reflet. Ephraim jette un regard ennuyé à Mikhail qui s'attend manifestement à quelque chose, puis soupire et s'approche, se prêtant au jeu à reculons. Il s'arrête en fronçant les sourcils en la voyant. Il a une impression étrange - c'est bien Hollis devant lui, mais différente? Ou alors juste une tromperie de ses yeux? Il n'en fait pas mention, et se tourne plutôt vers le miroir à son tour, les mains serrées dans un noeud dans son dos. "Where could my dear Vera be?" se demande-t-il pensivement à haute voix avec amusement, observant son reflet avec un certain malaise, par-dessus l'épaule d'Hollis.

Il fronce du nez en se concentrant, et apparaît progressivement quelques caractères à la surface du miroir poli. Il pense au début que c'est de l'hébreu, et finit par remarquer avec une certaine déception que ce n'est pas le cas. "Lucrèce, dear?" appelle-t-il par-dessus son épaule. "Do you have some parchment?" Les mains serrées derrière le dos, il résiste tranquillement à l'idée de s'emparer lui-même de la plume, et énonce plutôt à la française ce qu'il déduit de ce message caché qui lui apparaît. Il lui faut quelques minutes pour rassembler tous les caractères, tous les mots et toutes les phrases, et il en profite pour poser une main légère sur l'épaule d'Hollis en l'invitant à se décaler pour lui faire de la place, clin d'oeil condescendant à l'appui.

"That's it. - Could you read it for us?" Les yeux clairs de Lucrèce Harcourt balayent les visages tournés vers elle avant de revenir au parchemin. "Les miroirs sont des portes, les miroirs sont des yeux / Il suffit de savoir les ouvrir en se confrontant à eux." Ephraim jette un regard à Mikhail qui les observe toujours silencieusement, et lui adresse à lui aussi un clin d'oeil. "Le haut est le bas / Est-ce qu'avancer vous servira?" Ephraim jette un regard vers le plafond. "On ne trouve pas d'ombre sans lumière / À vous de dégoter la clef du mystère."

Ephraim se retourne légèrement vers la porte dont ils viennent de sortir. "If up is down, then onwards is backwards," propose-t-il à haute voix. Il est intrigué, mais pas particulièrement amusé par cette vaste blague qu'il trouve fastidieuse et guindée; il préfèrerait nettement se gaver de blinis et de worrynot à la place. "Maybe we should go back from whence we came?"

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