tw: yikes, torture

En passant, Piotr en profite pour faire bénéficier à la wyverne de son sortilège de désillusion - il se dit que ça leur fera une jolie petite surprise quand, immanquablement, le gibier viendra essayer de récupérer leur jolie amie. "Tout va bien, ma belle, je prends soin de toi et tu prends soin de moi, d'accord?" Piotr ajoute à sa nouvelle compagne, @Rena Marsh, en sentant qu'elle essaye de se débattre contre le sort qui recouvre sa conscience. Quelle petite chose fragile et ridicule. Il se demande comment elle a fini sur cette île terrible, peut-être qu'il pourra la sponsoriser lors des Jeux suivants.

« Ils approchent. » Piotr détache son regard clair des jolis traits de la louve pour voir le groupe en train d'approcher, ayant apparemment révélé la présence de la wyverne. Lentement, la main de Piotr effleure l'épaule de Rena puis dévale le long de son dos jusqu'à ses reins, et il la presse contre lui pour pouvoir lui murmurer à l'oreille (comme si le sort avait besoin de ces mots pour réussir, mais il espère au moins que les boules cristal sont en train d'attraper son meilleur profil): "tu vois celui qui s'avance vers nous? Je veux que tu t'approches et que tu lui jettes un petit Doloris, de quoi le réveiller... ne t'inquiète pas, Renshka, je te couvre. Montre-lui de quoi t'es capable, n'est-ce pas la raison de ta présence ici?" Le russe s'enchaîne à toute vitesse dans sa bouche mortifère, avant qu'il ne la pousse un peu en avant, défaisant le sortilège d'invisibilité d'un mouvement de baguette.

Il s'assure que l'Imperius fonctionne toujours en la suivant à la trace, s'esclaffant en voyant l'homme être jeté à terre et se mettre à hurler. "C'est bien, ça, Renshka, continue, fais durer!" l'encourage-t-il, laissant sa volonté glisser sur la sienne avec aisance. D'autres cris résonnent, venant sans doute du coin de @Dante Burke que Piotr a rapidement aperçu plus tôt - un petit personnage portant la Marque, apparemment. Tant mieux, si tout le monde s'amuse.

Piotr contourne Rena et son nouvel ami pour s'approcher du groupe et de celui qui semble en être le leader (@Anthony Rogers) - ils semblent vaguement occupés avec la wyverne, mais pas que, à l'affût. Il désigne tour à tour, du bout de la baguette, les têtes des sorciers qu'il peut voir de là où il est, incertain de qui choisir en premier. "Eeny, meeny, miny, moe. Ah-ah!" Il rit un peu en pointant sa baguette sur une sorcière qui vient de l'apercevoir et qui ouvre la bouche pour donner l'alerte: "Mólnija!" s'écrie-t-il d'un ton joyeux, se fiant à son répertoire russe aux sorts aussi simples que destructeurs. Avant même que la sorcière ait le temps de faire le moindre bruit, un vrombrissement se fait entendre et l'air se charge d'ozone - et l'instant suivant, un éclair blanc apparaît et la foudroie sur place, dans un bruit assourdissant et terrifiant. Piotr est momentanément aveuglé, et éclate de rire en voyant le corps s'effondrer dans un bruit sourd, attirant par la même l'attention du groupe. "On danse?"

Spoiler:

tw: sang, ptsd, mention of love, ko technique


Lorsque Raf lui semble aller mieux, elle s’autorise enfin à respirer. Il lui était impensable de perdre la jeune femme, qui plus est devant Elliott. Que serait-il devenu ? Elle qui avait évité le champ de bataille, entraînée partiellement par son frère, mourant sur place lorsqu’elle décide de les rejoindre ? Le traumatisme aurait été indélébile, et Amaya ne s’aurait jamais autorisée à se pardonner. Tout comme son amoureux. Mais heureusement, les choses semblaient s’applanir, et Sam trouvera bien une solution pour sa langue. Si elle avait envie de la serrer dans ses bras, c’était bien impossible sur l’instant, et son regard fut attiré par Tony, qui s’était éloigné. Fuck. Elle se releva d’un bond et partit à sa suite pour le rattraper. "Attends-moi !” Elle jette un coup d’oeil à Kad, qui avait finalement retrouvé Simon. Dans d’autres circonstances, elle en aurait pleuré de joie. Mais il fallait avouer qu’elle était bien trop inquiète de voir Anthony disparaître. En prouvant qu’il était le digne chef de leur groupe, il eut la présence d’esprit de vérifier qu’aucun autre humain n’était dans les parages. Loupé. “Qu’est ce qu’on fait ?” Elle lève sa baguette, persuadée qu’il est trop tard, et qu’ils sont déjà repérés : son vrai problème, c’est qu’elle est incapable de se concentrer : elle est bien trop angoissée par Tony et Elliott, elle a si peur qu’il leur arrive quelque chose qu’elle se fige, et ne sait plus comment agir.

L’horreur se poursuit. Dans un temps si rapide, Percy se prend de plein fouet un crucio, et la jeune fille proche de Raf se retrouve torturer. Et Amaya tente de lever sa baguette. De formuler un sort. De lancer quelque chose, d’aider, de crier.

Rien.

Rien ne sort, elle est inutile, parce qu’elle est terrifiée : il y a trop de gens qu’elle aime en difficulté. Son cerveau a arrêté de fonctionner.

Lorsque Raf rate son sort à cause de sa langue, elle se reprend un peu. Copiant la réaction de sa belle soeur, elle imite le sort en le prononçant correctement, puisqu’elle n’a pas de langue atrophiée. “Bombarda!” Le sort fonctionne, mais elle frappe aussi dans sa tremblote la jeune fille. “Raf, je suis désolée !” Comme elle ne connaît pas le prénom de la jeune fille, elle ne peut pas s’excuser auprès d’elle, mais le coeur y est. Vraiment.

Mais au lieu d’avoir peur pour ses proches, Amaya aurait mieux fait de s'inquiéter pour elle-même. Mauvais soldat, éparpillée, déconcentrée.

On dit que l’eau et l'électricité font mauvais ménage. Et s’il n’y a rien qui rend plus fière Amaya, ce sont ses origines. Digne fille néréide, c’est bien ce qui la rapproche le plus à ses racines. Elle chérie cette partie d'elle-même en souvenir à celle qui lui a offert sa vie pour lui donner la sienne. Jamais elle n’a regretté d’être faite d’écaille une fois au contact de l’eau. Jamais elle n’a renié sa voix, sa peau, sa famille.

Mais qui aurait su que cela l’aurait entraîné à sa perte ?

Le courant n’était en rien de ceux qu’elle avait connu : les picotements contre ses lèvres, son épiderme lorsqu’Elliott l’embrassait, la touchait, l’aimait. La chair de poule lorsqu’il chuchotait qu’il l’aimait, c’était doux. Fort, mais tendre.

Elle brûlait littéralement. Ca n’avait duré quelques secondes où elle avait l’impression de mourir tant la douleur était intense : les éclats de foudre qui frappaient ses muscles, ses organes, offrant un loupé à son coeur, pas ceux qu’on  apprécie, ceux qui coupe la respiration presque pour de bon.

Elle s’effondre.

Ses yeux ont le temps de voir la panique chez Tony, et elle se sent plus coupable que jamais. Elle l’a abandonné, alors qu’elle tentait de le protéger.

Puis, le noir.

RESUME:

Andrés hésite. Se balançant sur ses deux pieds, il jette tour à tour un regard vers le groupe mené par le héros, puis vers là d'où il vient. Si le temps semble s'être arrêté quelques secondes, ce n'était que le calme avant la tempête. Bien trop vite, le chaos semble disperser les résistants. Il voit d'abord l'un des rouquins se tordre de douleur. Le sort venait de nulle part et Andrés a beau scruter l'orée des bois, il ne voit rien. Mais il sent son cœur battre un peu plus fort, et une sueur glacée couler dans son dos. Jamais le chanteur n'a eu aussi peur de sa vie. Le danger vient de nulle part et de partout tout à la fois. Il aimerait fuir, prendre ses jambes à son cou. Il n'est pas courageux, il ne l'a jamais été. Il n'est pas fait pour tout ça. Andrés continue de scruter la forêt, qui dissimule dans son obscurité les sorciers menaçants. L'espagnol songe a Rena... L'idée qu'elle soit déjà morte le pétrifie sur place.

Puis il entend un nouveau cri, bien plus familier, bien plus effroyable. “ Moon! ” Ne réfléchissant plus, il court en direction du cri. Il entend des explosions, des hurlements, mais il est encore trop loin pour comprendre ce qui se passe. Et puis, sous ses yeux, il voit Moon et ce qu'il identifie être un mangemort voler dans les airs à la suite d'une explosion. Par instinct de protection, il se jette vers la chanteuse, ne remarque même pas la sorcière qui s'effondre sur son chemin, elle-même foudroyée par un sort peut-être mortel. Il se jette auprès de son amie, ses genoux heurtant la terre de plein fouet. Puis il jette un regard au blondinet à côté d'elle. “ Hijo de puta! ” Il amorce un geste vers la poche arrière de son jean, pour y chercher sa baguette, mais, se rappelant qu'il en était dépourvu, ramasse un caillou un peu plus gros que les autres et l'envoie avec rage vers le mangemort. Le caillou heurte de plein fouet son visage, mais Andrés n'en tire pas assez de satisfaction. S'il aimerait obtenir vengeance, il sait qu'il n'a pas le luxe de s'éterniser ici. “ Come on, Moon, we need to go. ” A cet instant, Andrés ne réfléchit même plus aux autres. Rena est morte, il est hors de question que Moon y reste aussi.

RECAP:

tw: torture, sang
Rien ne se passe comme prévu. En vérité, Moon ne sait pas vraiment comment les choses auraient dû tourner. Aucun des prisonnier ne connait le plan en entier. Ils le découvrent au fur et à mesure. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il semble plutôt compromis. Le chaos est partout. Rena a disparu avec la wyverne. Andrés est parti à sa recherche sans aucun moyen de se défendre. Raf est mal en point et pas vraiment en capacité de se battre. Alors, elle essaye de réfléchir un peu. Rapidement, elle demande s'il n'y a pas des baguettes en plus pour eux. Moon n'est pas certaine de ses capacités magiques, mais rien ne l'empêche d'essayer au moins. Attendre que tout s'arrange, très peu pour elle. La sorcière en a fini de se cacher derrière les autres.
Elle n'a pas le temps d'avoir une réponse d'un membre de l'Ordre. Pendant un instant, sa main était dans celle de Raf, et la minute d'après elles sont arrachées l'une à l'autre. Moon lâche un cri de surprise. ─ RAF! Elle essaye de s'agripper à quelque chose, n'importe quoi, mais elle n'attrape que de l'herbe et de la terre. Ses ongles s'enfoncent dans le sol, en vain. Elle n'a aucun contrôle de son corps. Elle finit sa course aux pieds d'un type qui ressemble fortement à un chasseur. Moon aperçoit même la marque sur son avant-bras. Son coeur bat à tout rompre. La cantatrice ratée. Il a au moins le don de lui arracher un rire. Moon aurait volontiers répondu à son commentaire, mais il vient poser sa main contre sa bouche, et ce contact lui donne la nausée. Instinctivement, elle lui mord difficilement la paume. Elle n'y arrive pas comme elle le souhaiterait, et le mangemort continue son petit discours. Sa baguette s'enfonce dans ses côtes, puis sa main se retire, et avant d'avoir le temps de répliquer, il lance un Crucio. Moon a l'impression, que le monde autour d'elle a cessé de fonctionner. Il n'y a qu'elle et lui. La douleur irradie tout son corps, jusqu'au bout de ses doigts. Elle lâche un cri malgré elle, se tordant de douleur sur le sol. Elle mord tellement fort sa lèvre, qu'elle la fait saigner. Son corps est en feu, et elle a l'impression de se consumer sur un bûcher. La mort est plus douce. Mais il n'a pas envie d'être rapide évidemment. Il faut bien s'amuser un peu avant. Tant qu'il est occupé avec elle, il n'ira pas voir Andrés, Raf, Rena et les autres. Elle aurait aimé ne pas crier, ne pas leur indiquer où elle se trouve, mais elle n'a pas été assez forte pour ça.
Moon ne se rend pas compte de la présence de Rafaela. Elle se bouche les oreilles, essayant de faire cesser les décharges dans sa tête et le reste de son corps. Quand l'effet du Crucio s'estompe, Moon n'a plus aucune force dans son corps. Elle peut déjà sentir les courbatures. Prête à mettre son poing dans le joli petit visage du mangemort, elle se fait devancer lorsqu'une explosion retentit juste à côté d'eux. Elle est envoyée un peu plus loin et se cogne contre un arbre. Une grimace de douleur déforme son visage. Alors qu'elle ouvre doucement ses yeux, elle voit que la mangemort est lui aussi mal en point. Si seulement elle arrive à attraper sa baguette, mais elle a mal partout. Moon halète, et essaye tant bien que de mal de se relever, en vain. Une odeur familière arrive à sa hauteur, et elle aperçoit Andrés. Elle le voit essayer de toucher le mangemort d'un caillou. ─ Tu peux pas rester là Andrés. Va te protéger ailleurs. Elle s'appuie sur lui et arrive à se remettre sur ses jambes. Elle vacille un peu, mais finit par retrouver un équilibre convenable. ─ Je-je vais m'occuper de lui. Par pitié, va te protéger quelque part. Je ne peux pas te perdre.

RECAP:

"On danse?" L'odeur d'ozone nourrit la violence tranquille qui anime les muscles de Piotr comme autant de sursauts, lui donnant des mouvements étrangement fluides et gracieux alors qu'il offre un sourire à l'homme en face de lui (@Anthony Rogers) en défaisant un peu le noeud de sa cravate - c'est qu'il commence à faire chaud, dans son costume trois pièces. Il n'a pas besoin de tourner les yeux vers elle ou de lui adresser la parole pour faire se rapprocher Renshka (@Rena Marsh), agitant sa baguette dans l'air en silence. "Non?" insiste-t-il quand l'homme en face de lui ne répond pas et se contente de lever sa baguette, l'air furieux. "Dommage." Il dévie le sortilège du sorcier et saute sur le côté, enchaînant avec un enchantement pour briser en deux le tronc d'un arbre à proximité, qui tombe entre eux et lui offre quelques secondes de répit.

Piotr se met à courir à toute vitesse, se jetant dans les fourrés en ayant l'impression d'être de retour à l'école - les vieilles parties de chasse et de survie lui manquent... Il n'y a rien de tel pour rester jeune, après tout, et il s'est rarement senti aussi vivant. Surtout alors qu'il sent l'oeil magique des boules cristal sur lui, suivant le moindre de ses mouvements, offrant un spectacle qu'il espère divertissant à Mikhail au manoir.

"Accio Renshka," gronde-t-il sans ménagement dans la direction générale de Renshka, l'attirant à lui avec brutalité sans pour autant relâcher son Imperius sur elle. Ses yeux clairs balayent les alentours alors qu'il l'attrape par le bras pour la forcer à le suivre, marmonnant un autre sortilège de camouflage en s'éloignant. "On va les prendre à revers, chérie, tu vas voir, ça va être un joli spectacle..."

Il les fait emprunter un sortilège autour d'un périmètre bien délimité, additionnant les sortilèges de camouflage et de protection pour ne pas se faire repérer, et il tombe un peu par hasard sur le petit prince (@Dante Burke) et quelques amis (@Moon Shadow, @Andrés Nunier-García et Rafaela). "Monsieur Burke, un plaisir de vous voir, mais je suis au regret de vous annoncer qu'il va falloir arrêter de jouer," lui dit-il d'une voix claire en réapparaissant avec un grand sourire, se passant une main dans ses cheveux gominés. Il les voit déjà se mettre en mouvement, mais un "Petrificus Totalus" s'occupe de celle avec la baguette (Rafaela) et un "Silencio" des protestations des deux autres (Moon et Andrés). "Les choses sérieuses commencent, et il est grand temps pour nous de nous y mettre. Ils sont là-bas." Il fait un geste dans la direction générale du reste du groupe qui est à l'affût à proximité. Il peut aussi entendre la wyverne non loin, et des voix qui se rapprochent.

Cette soirée va être amusante, mais épuisante. C'est toujours comme ça, lorsqu'il faut s'occuper de la vermine.

Il se tourne vers Burke avec sérieux. "Prêt, mon bichon? Je vous tiens par la main, si vous voulez" Un mouvement brusque lui fait tourner la tête d'un geste rapide, et il siffle, "tsk," en voyant que l'une des prisonnières a bondi sur ses pieds d'un air furibond (Moon). Il lui adresse un sourire éclatant avant de se tourner vers sa nouvelle alliée: "Renshka, ma belle, tu t'en occupes pour moi?"

Spoiler:

TW: mort, drogues, manque, dépression, pensées suicidaires, culte de la richesse et de la beauté, harcèlement scolaire.

“ Tu peux pas rester là Andrés. Va te protéger ailleurs. ” Moon a l'air si inquiète en lui demandant de se mettre à couvert. Mais Andrés ne comprend pas pourquoi. Pour lui, tout ira bien. Tout ira bien. Il lui a promis, il le sait. Alors il secoue la tête tandis qu'elle insiste. “ Je-je vais m'occuper de lui. Par pitié, va te protéger quelque part. Je ne peux pas te perdre. ” Il sourit, non sans difficulté, parce qu'il est toujours assailli par cette fièvre qui le rend si faible. “ Je bouge pas. Et tu me perdras pas. Parce que quoi qu'il arrive, je serai toujours là. ” Il lui serre doucement le bras, pour signifier cette présence qui ne quittera jamais la chanteuse, mais il ne va pas jusqu'à lui tâter le cœur comme dans les films américains. Il se permet malgré tout un baiser, fugace, sur sa joue. Une preuve de cet amour platonique qu'il lui porte aujourd'hui. Elle est sa famille et il ne compte pas la quitter. Alors, il tente de se relever tout en aidant la sorcière à faire de même. Il chancelle légèrement, tourne la tête, et s'apprête à parler quand soudain les sons semblent s'étrangler dans sa gorge. Et puis il les voit.

A travers les buissons, les silhouettes de Rena et d'un homme, beaucoup plus âgé. Et un éclair vert qui file droit sur Moon.

Il brise le silencio.

“ NO! ”

** Andrés a seize ans et cette petite tête de con qui donne envie de mettre des claques. Le sourire un peu béat, il a bien trop confiance en lui alors qu’il foule pour la première fois les pavés froids de Poudlard. C’est compréhensible, au fond, puisqu’on lui déroulerait presque le tapis rouge, à lui et à tous les autres élèves étrangers de cette année. Sa contemplation des lieux, et son émerveillement dissimulé derrière des remarques du genre “ En France, c’est bien plus raffiné ”, sont interrompus par une voix provenant de derrière lui. “ Andrés, c’est ça ? Moi c’est Moon, je dois te faire faire le tour de l‘école. ” **

** “ Andrésito ! Mon garçon, remets ta chemise correctement. Tu crois que c’est en ressemblant à un mendiant que ton père a de quoi t’offrir une belle villa comme ça ? ” Le père Nunier aide son fils à arranger son col et à rentrer sa chemise dans son pantalon. Les gestes sont un peu brusques et le garçon ne dit rien. Il a l’habitude, au fond, parce que ça marche comme ça chez les Nunier. Tout doit filer droit, tout doit être parfait. Ce sont les apparences qui comptent. C’est sans doute pour ça qu’ils ne dînent en famille que quand les collègues du padre sont invités. Pour ça aussi que les parents d’Andrés passent plus de temps en déplacement qu’à s’occuper de lui. Mais bon, en rentrant, on lui offre le dernier Nimbus. C’est le plus important, non ? **

** “ Entre ! ” Andrés ouvre la porte et entre dans l’appartement de Moon. “ Je suis tellement contente de te voir ! ” Le garçon sourit, ravi de l’accueil tandis que la chanteuse lui tombe dans les bras. “ Quelqu’un a pris sa happy pill… ” Le couple s’embrasse. Ils sont heureux, et pas juste grâce à la poudre. **

** Andrés est entouré de cinq filles de son âge, probablement des françaises rencontrées sur la côte d’Azur, près de Cannes. Sorcière, moldues, difficile à dire. Le garçon joue quelques airs de guitare, chante quelques couplets inventés, bien trop content de l’attention qu’on lui porte. Au final, il avait bien raison de ne pas écouter son père. Le travail attendra, pour l’instant il profite de sa jeunesse et mène la gran vida. “ C’est toi qui a écrit ça ? ” Le Nunier se retourne – une jeune femme, à peine plus âgée que lui, l’observe derrière ses lunettes de soleil bien trop grandes pour son visage. “ Oui… ” Elle fait une moue pensive, avant de fouiller dans son sac et d’en ressortir une petite carte. “ Je suis Dulce, je travaille pour un label de musique britannique. Je cherche de nouveaux talents. Tu m’intéresses. On reste en contact. ” Andrés saisit la carte alors que les bruits de talons résonnent et s’éloignent déjà. **

** Andrés et Nacho courent dans les couloirs de Beauxbâtons en poussant de grands éclats de rire. Ils viennent d’enfermer Charlotte dans une salle de cours avec un lutin de Cornouaille. Elle a très peur des lutins. “ Bro… ” “ BRO ! ” **

** La chaleur des projecteurs fait perler quelques gouttes de sueur dans la nuque d’Andrés. Mais elle est enivrante, cette chaleur, presque autant que les cris de ses fans qui s’époumonent à ses pieds. Les SMILEs n’ont qu’à bien se tenir, rien ne peut rivaliser avec l’exaltation de la scène. Andrés a bien conscience que ça lui donne l’impression d’être un dieu, même pour quelques heures, mais comment s’en lasser ? Alors, quand il grimpe sur scène, il donne tout. Toute son âme, toute sa voix, tout son corps. Il ne laisse rien dans la loge. “ I can feel your heartbeat. ” Le chanteur entame une danse endiablée avec Moon, avec qui il est en feat sur la chanson. C’est un carton. En haut des charts. Les gens hurlent de plus belle devant le spectacle qu’ils leur donnent, alors que d’autres chantent avec eux. “ I can feel your heartbeat. ” “ She says to me. ” Le temps s’arrête quand il est sur scene. **

** La bouteille de firewhisky tombe et se fracasse sur le sol en un millier d’éclats de verre. Andrés n’y prête pas attention. Ça n’a pas d’importance, plus rien n’a d’importance. Il s’essuie le nez pour enlever la poudre blanche qui tombe encore de sa narine, mais il ne fait que l’étaler. Il a abandonné. Il est seul. Prisonnier de son propre esprit. Il ne contrôle plus rien, ne peux plus faire confiance à personne. Il n’a même plus de larmes pour pleurer. La mort serait un luxe qu’il ne peut tout simplement pas se permettre. **

** Le regard d’Andrés se pose avec horreur sur le cadavre encore chaud de son agent. Dulce est morte. Dulce est morte. Dulce est morte. Et Dulce l’a trahi. Pendant toutes ces années, la seule personne en qui il pouvait avoir confiance était en réalité celle qui lui volait, jour après jour, sa liberté de penser. Andrés n’arrive pas à y croire. Mais il n’a pas le temps de comprendre, ni de lui pardonner. Il voit Nacho fuir au loin, pourchassé par un mangemort, évitant tant qu’il le peut les jets de lumière verte qui viennent s’abattre tout autour de lui. Nacho va mourir. Par sa faute. Parce qu’il a osé espérer. Andrés n’a plus personne à présent. Personne d’autre que le mangemort qui se dirige vers lui, la baguette levée. **

** L’ancien chanteur tremble de tout son corps, sous la couverture de fortune que les prisonniers de Gracefield lui ont prêtée. Il ne pense qu’à une chose : prendre sa dose. Mais il ne peut pas. Et au fond, il ne veut pas. Cette réhabilitation forcée ne lui fait pas de mal mais il ne s’est jamais senti aussi faible de toute sa vie. Il se lève pour aller vomir dans la bassine près de la fenêtre. En se relevant, il jette un coup d’œil dehors. Moon discute avec Rena. Elles ont l’air proches. Andrés est si content d’avoir retrouvé son amie. Peut-être encore plus de savoir qu’elle a trouvé une forme de bonheur, au beau milieu de l’horreur qui les entoure. **

** Ce soir, Andrés va un peu mieux. La fièvre n’est pas passée mais il a le baume au cœur, l’impression d’avoir trouvé une famille après toutes ces années passées seul entre les quatre murs de son esprit malmené. Et puis, pour la première fois depuis des années, il a retrouvé l’inspiration. L’envie de chanter avait disparu avec les innombrables tubes qu’on lui a inventé pour promouvoir un régime qui le révulse. Mais ce soir, ce soir il se sent bien, vraiment bien. Alors il chante, cette chanson qui sera à jamais sa dernière.
“ A corps perdu, j’écrirai mon histoire.
Je ne serai plus le pantin du hasard.
Si toutes les vies sont des causes perdues,
Les hommes meurent de n’avoir jamais cru,
De n’avoir pas vécu ivres et sans fards,
Soldats vaincus pour une guerre sans victoire.
Et si ma vie n’est qu’une cause perdue.
Je partirai libre d’y avoir au moins cru
A corps perdu. ” **

Le regard ancré dans celui de Moon, il semble lui dire, une dernière fois, que tout ira bien, alors que d’un geste ferme il la pousse pour prendre sa place. Andrés a vécu. Andrés a connu l’amour et le bonheur. Alors tout ira bien. Tout ira bien.

To die ; to sleep.
No more.

RECAP:

tw: torture, objectisation, meurtre

Elle tangue au bord du vide, soumise aux vents violents qui se précipitent au bord de la falaise. Il y a des fils invisibles qui la tirent en un sens, et un souffle puissant qui l’envoie ailleurs. Tiraillée entre sa conscience, son corps, une volonté propre qui s’est implantée dans son esprit, elle hurle intérieurement, se débat, transcendée par la violence du moment. Elle cherche encore à se défaire de la culpabilité, faire le vide, chuter dans un abime sans fond, plongée dans le noir, pour ne surtout pas avoir à sentir la baguette serrée entre ses doigts, la puissance qui s’en dégage, le moindre soubresaut qui se répercute dans le corps d’un pauvre homme. La voix qui geint, supplie, geint, se fait de plus en plus discrète, s’étouffe sous le fond de la colère, de la rage qui s’écoule, précipité par une conscience propre qui ne lui appartient pas. La rébellion ne tient qu’à une étincelle tenue, un battement de cil, une flammèche bien vite soufflée par l’emprise de plus puissant, bien plus puissant. Il n’y a besoin d’aucune parole, pour qu’elle comprenne, pour qu’elle agisse. Il n’y a besoin que de sa volonté qui supplante le reste. Marionnettiste qui torture par procuration, relègue les tâches ingrates, tâche les mains de Rena, soudain voilées de pourpre. Petite poupée qui ne voit plus qu’un seul chemin, celui qu’on lui indique, qu’on lui impose, écrasée sous le poids du pouvoir qui s’exerce sur elle. Elle pourrait s’en détacher, de la violence qu’elle perpétue, accuser un autre, mais la culpabilité se niche dans son cœur, ne la renvoie qu’à ses propres actes. Qui est vraiment responsable ? Sa propre faiblesse ? Elle aurait préféré qu’on lui ôte toute conscience, petit objet étouffé, aux yeux bandés. Plus qu’un réceptacle, plutôt que de constater avec effroi la puissance qui la transcende, lui fait mener un Doloris à la baguette.

Et un instant, elle croirait presque que sa sentence s’allège, lorsqu’on l’arrache au supplicié, l’emmène au loin, petit animal que l’on traine dans son sillage, que l’on attire à soit d’un geste de la main, forcée d’obéir, par cette main intransigeante comme cette conscience qui écrase la sienne. Ils avancent dans le brouillard, camouflés aux yeux du monde, et quelque part, elle voudrait que cet instant dure pour l’éternité. S’effacer du tissu de la réalité, ne laisser qu’un souvenir amer, mais ne surtout plus avoir à faire face à des choix qui ne sont pas les siens, aux horreurs dans laquelle on la projette en première ligne, à qui l’on donne un rôle répugnant. Peut-être qu’il vaudrait mieux ne jamais se réveiller. Peut-être qu’il vaudrait mieux passer le reste de sa vie sous sa coupe. Peut-être que le retour à la réalité serait trop brutal. Face aux prisonniers, elle voudrait ne pas avoir à reconnaitre les yeux de Moon, sentir son regard effrayé, plein d’attente. Oublier celui d’Andrés, ou de l’inconnue près d’eux. Prendre un autre visage, ne pas être reconnue. C’est la honte, le regard des autres qui la brûlent, plus que sa propre conscience qui s’est éteinte. Coquille vide qui ne peut plus penser, réduite à néant, vouée à obéir, lever une main tremblante, pointer une baguette menaçante vers leur groupe. Le cœur s’est étouffé, la rébellion de Moon n’amène plus rien d’elle, ne tire pas une seule réaction, sinon le suivi des ordres véhéments du russe.

Détachée de la réalité, elle ne cherche même plus à lutter, refuse de prendre conscience, de comprendre ce qu’il se passe, des mots qui se bousculent derrière ses lèvres scellées. Voudrait le jeter au feu, ce cœur, ne devenir qu’objet abêti. L’Impero lui englue la conscience, et elle s’y perd, s’y jette sans ne plus chercher à lutter, de peur de reprendre un semblant de bon sens, et de comprendre. Mieux vaut encore demeurer idiote. « Avada Kedavra ! » Le sortilège roule sur sa langue, pour une première et dernière fois. Quelques syllabes qu’elle n’aurait jamais cru utiliser. Un éclat vert qu’elle aurait préféré ne pas connaitre. Mais elle est l’auteur de ce crime, de la condamnation à mort qui file, file trop vite pour elle, mais pas assez pour Andrés. Assez fou pour s’interposer, et se prendre le sortilège de plein fouet, sans tirer le moindre soubresaut à Rena. Plongée dans le noir, perdue dans le flou abyssal, il y a comme un mécanisme qui s’est enrayé, dans le fond de son esprit, refuse de se confronter à la réalité. Tu as tenté de tuer Moon. Tu as tué Andrés. Elle s’est barricadé derrière la conscience du marionnettiste, s’en sert comme de rempart pour réparer ses torts. Et comme paralysée à son tour, elle se tient sur ses jambes, immobile, voudrait s’y perdre, dans l’Impero confortable qu’on lui impose. Tout, plutôt que de se réveiller.

Spoiler:

Piotr est déjà en train de se détourner pour examiner les arbres, sentant leurs adversaires se rapprocher. Ils ne sont pas assez bien cachés, il faut qu'ils se mettent à bouger. Avec Burke? Le gamin n'aura d'utilité que sa présence, Piotr ne l'utilisera que comme bouclier - non, il faut que lui et Renshka s'échappent, et qu'ils utilisent son flair de louve. Quitte à s'éloigner et les prendre à revers. Et si ils se rapprochaient du dragon? Et--

“NO!” Piotr tourne brusquement la tête vers la provenance de ce bruit, les sourcils froncés. Il n'a pas le temps de punir l'imprudent d'une gifle qu'il s'interpose dans le rayon vert qui sort de la baguette de Renshka et il retombe, dans un bruit sourd pathétique, à même le sol de la forêt, ses yeux clairs tournés vers le ciel. Piotr soupire. Au moins, ce n'est pas salissant. "Renshka, occupe-toi des autres, on--" Il est interrompu par le ciel qui lui tombe sur la tête.

Piotr fait un looping en arrière sous l'onde magique envoyée par Stephen, et atterit dans un craquement de mauvais augure contre le tronc d'un arbre.

Pendant quelques secondes, il voit trente-six chandelles et sa tête résonne douloureusement. Ça lui rappelle vaguement les duels organisés par sa femme et plus particulièrement ses attaques discrètes quand il s'y attend le moins. Sa tête résonne, ses oreilles sifflent, et son coeur bat la chamade quand il rouvre les yeux.

Sa mallette.

Où est sa mallette?

Piotr se relève d'un bond, ses yeux clairs furieux balayant les alentours. Sa mallette, où est sa mallette? Sa mallette, Moroz, Tretyak et Zima, ses amis, ses seuls amis, ses affaires, son lit... Ses yeux clairs se fichent en direction de Burke, des prisonniers et des nouveaux venus, qui sont déjà en train de se battre. Il trouve sa baguette et en posant les doigts dessus, réalise que son influence sur Renshka s'est estompée, qu'il ne trouvera pas sa mallette avec un sortilège, qu'il est décoiffé, que sa cravate est trop serrée, et qu'il est en colère. Une émotion étrangère pour lui, à ce stade. Piotr est lisse. Il ne s'énerve pas.

Et pourtant, il lève sa baguette, ses traits déformés par la rage. "укуса оборотня!" gronde-t-il, empruntant un sortilège du carnet de sa femme. Le sort n'est pas aussi gracieux et efficace que le sien, mais les crocs argentés sont bien réels, filant en direction du groupe pour mordre sans distinction.

Il faut qu'il trouve sa mallette, il faut qu'il trouve sa mallette - comment va-t-il trouver sa mallette dans le noir, dans la forêt? Les yeux bleus de Piotr roulent dans leurs orbites avec angoisse. "Incendio Maxima," souffle-t-il sans repos, d'une voix basse. Il brûlera tout Gracefield s'il le faut, peu lui importe.

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