Blaise n'est pas trop stressé de l'évènement en lui-même: ça fait quelques mois qu'il travaille sur cet évènement en compagnie de son associé Kalen Yaxley. Il est surtout très content parce qu'il a, impunément, sifflé le contrat sous le nez de Benjamin. Apparemment, il était sur le point de signer le contrat quand Blaise a fait sa proposition au Lord et que celui-ci lui a donné sa bénédiction, le contrat, ainsi que le joli chèque qui allait avec. Dans son cu-- “ Monsieur Zabini? — Ouiii? ” Il se tourne avec un énorme sourire en direction du jeune employé en livrée vert bouteille aux boutons dorés étincelants. “ Je crois qu'il y a un problème avec les leprechauns, euh... ” Grimace mal à l'aise, il s'en tord les mains et Blaise lui emboîte le pas en fronçant les sourcils pour aller de voir de quoi il en retourne.
Yaxley a réussi à mettre la main pour lui sur un leprechaun femelle, un tour de force vu qu'elles ont tendance à être aussi rares que difficiles à attraper, et Blaise a eu la bonne idée de l'exhiber en compagne d'un de ses compagnons du sexe opposé. Et ils sont actuellement, semble-t-il, en train d'essayer de repeupler la Grande-Bretagne avec leurs rejetons.
Blaise reste un long moment silencieux devant la vitre, à les regarder faire, son employé détaillant son visage avec une angoisse grandissante alors que le silence (seulement entrecoupé par les coups donnés à la vitre de la cage des leprechauns) s'étire.
Finalement, Blaise lève sa baguette et effleure la vitre avec. Un courant électrique traverse la surface et remet à leur place les ignobles petites créatures qui se mettent aussitôt à déverser un flot ininterrompu d'insultes à l'adresse du jeune homme. “ Vous en ferez de même avec le moindre perturbateur. Est-ce que vous avez vu Yaxley? ” demande-t-il en se détournant mais, sans attendre la réponse, il s'en va déjà.

Loup-garous, harpies, vélanes, êtres de l'eau, Strangulots dans des eaux sombres, Doxys peints en noir pour paraître impressionnants, un Runespoor affamé, un Demiguise déguisé pour faire peur, Blaise a même réussi à convaincre les membres du centre Llewelyn à lui prêter deux wyvernes qu'il a mis en cage pour le plaisir de ses multiples invités. L'objectif? Effrayer et dégoûter, rappeler au beau monde à quel point ils sont chanceux de ne pas faire partie de la plèbe, et que le Lord les protège tous. L'alcool coule à flot, des gentils sang-de-bourbe ont été engagés pour répondre aux besoins de tous, certaines familles sont assises à des tables et regardent le défilé du beau monde d'un oeil critique. Tous attendent le discours du Lord.
Qui commence un peu à tarder.

De ça, en revanche, Blaise est très stressé. “ Ah, Kalen! ” Il s'approche rapidement de son partenaire en le voyant. Comme d'habitude, il lui fout une claque dans le dos avec un air jovial. Il pense que ça l'agace mais jusque là, il n'a jamais fait la réflexion. “ Je te cherchais! Vous m'excuserez, ” dit-il à la jeune femme à qui il était en train de parler — Elisabeth Shafiq, il lui semble —, avant d'entraîner son ami à l'écart. “ Où est-Il? ” demande-t-il d'une voix pressante. D'un geste dramatique, Blaise tire la manche de sa chemise et fout sa montre sous le nez de Kalen pour qu'il regarde avec lui l'heure avancée de la soirée. “ Il était censé venir il y a une heure! ” La prochaine fois, il laissera ce foutu Benjamin se démerder avec les caprices du Lord.

Antonin détestait les coutumes anglaises. Boire du thé, manger de la mauvaise bouffe avec de la viande bouillie, devoir porter des pulls moches en hiver parce que ce pays était juste trop proche du pôle nord, se prendre de la flotte quatre fois par jour et respirer un air pollué par ces cheminées qui faisait bouillir de la viande de vache folle dans des marmites. Pays de merde. Même si certains anglais étaient cools. Antonin s’était fait quand même quelques amis, au fils des années. Assez d’amis, apparemment, pour se faire inviter lors des petites soirées des sang-purs friqués. Comme dans sa jeunesse, quand il suivait son bon-à-rien de papa dans les soirées hypées des richous. Et Antonin, s’il aimait pas les coutumes anglaises, n’était pas du genre à cracher sur une occasion de rigoler, à fortiori si on pouvait se déguiser. Antonin aimait les déguisements.
Bon, ça lui trouait un peu le cul que ça vienne de Blaise les-sang-mêlés-ne-peuvent-pas-venir-à-mon-mariage-de-pète-sec Zabini, (même si de toute évidence il avait eu raison de ne pas laisser des gens comme Antonin squatter sa cérémonie — il était assez doué pour défoncer l’ambiance sous prétexte de rire un peu) mais il n’allait pas cracher dans la potion.
Surtout pas alors qu’on promettait du divertissement. Même s’il doutait un peu de la capacité des jeunes de nos jours à savoir s’amuser. Well… Zabini pouvait avoir des idées, de temps en temps. Parfois. Fallait bien lui admettre ça. En plus d’avoir une bonne tête. Bon.

Le programme, franchement, n’était pas top top. C’était moyen top. Un village décoré avec un goût de basic bitch, des hybrides dans des cages, et un discours du Lord pour conclure le tout. Ouais, il manquait un DJ et clairement les discours du Lord, ça ne faisait pas rêver. Avant ses petits dégâts physiques (genre, la mort) au moins on pouvait un peu mater, mais depuis, ça craignait à mort. Et ce qui craignait encore plus, c’était quand ils étaient en comité réduit, et que là il ne fallait pas trop penser à comment avant on le matait et comment maintenant on le trouve moche parce que le boss, il est legilimens. Ça empêche clairement de trop penser de la merde. Quoi qu’il en soit, Antonin était venu pour deux choses : le déguisement, et les copains. Bon, à la fête, y en avait plein qui n’étaient pas déguisés, mais c’est ces bouffons de sang-purs là qui ne savaient vraiment pas comment s’amuser. Anti-top.

Pour le déguisement, fallait prendre un truc qui faisait peur. Ça tombait bien, Antonin savait exactement ce qui faisait peur à la plupart des sorciers normalement constitués.
Ce fut donc avec une longue cape bien rapiécée et une capuche du meilleur effet — qui recouvrait bien sa tête — qu’il arriva à la fête. Pour le coup Antonin avait suffisamment fréquenté les détraqueurs pour savoir à quoi ça ressemblait. Là, il était en Jack, son super pote détraqueur de quatorze ans. Ah, les longues amitiés inébranlables…
En parlant de longues amitiés inébranlables… Il repéra assez vite @Rodolphus Lestrange, toujours si rayonnant celui-là. Il glissa sur ses supers rollers entre les cages (pour donner un peu plus l’impression d’être un détraqueur, parce que marcher c’est clairement pour les ploucs, rouler c’est pour les gens stylés) jusqu’à son compagnon d’arme pour se glisser dans son dos : « Rodolphuuuuuuuuuus… » Il imita à merveille l’inspiration rauque du Détraqueur. « Je viens te chercheeeeeeeeeeeeeeeeeer… » Lauréat 1978 de l’animateur le plus drôle d’Angleterre, oui oui. Hilarant, cet Antonin.

« Huuuun, toi, là, tends un peu le cou par là, pour voir ?? » que tu gémis, affalé contre les barreaux, à l’intention de l’un des employés de la soirée. Ce dernier grimace et fait un pas sur le côté, retournant à ses petites affaires. Tu soupires, lèves les yeux au ciel avant d’examiner le reste de l’assemblée de là où tu es, soit, au fond d’une cage, comme un animal. Yaxley#2 n’avait pas eu besoin de trop te mentir en te proposant cette offre, puisque tu avais accepté, aussitôt qu’il avait été question de « soirée ». Depuis le temps que tu crevais d’envie de te parer de tes plus beaux atours pour les beaux yeux dégoûtés de la haute société sorcière ! Ça te rappelait presque le bon vieux temps, à l’époque où tu étais encore le fils prodigue et prodige des papiers du Ministère et égérie de quelques obscures marques de porte-chaussettes.

Oh, tu ne t’en fais pas trop pour ta superbe ; si tu pouvais échapper une soirée durant, au rôle ingrat de videur (et pas au sens propre et sanglant du terme), tout était bon pour se tourner les pouces. Ceci dit, il commençait à faire sérieusement soif, ici. « Hé ! Est-ce que je pourrais parler au manager ? » que tu continues de couiner, alangui dans ta prison, le sang séché sur ta figure craquelant à mesure que tu ouvres le bec. Quelques invités autour de toi sursautent, à croire qu’ils avaient oublié que vous autres vampires étaient doués de parole. C’est que pour l’instant, les plus courageux osaient à peine reluquer avec effroi tes canines ou tes mollets. « Nan parce qu’on m’avait dit que si j’acceptais le job, je pouvais boire à l'oeil ! Et là, pour l’instant, tout ce que je bois, c’est des déguisements de mauvais goût ! » Tu fais peut-être le malin pour l’instant, mais tu espérais secrètement qu’ils n’iraient pas vous pousser jusque dans vos derniers retranchements. C’est que, tu t’étais porté volontaire, alors tu y croyais, à ton traitement de faveur. Alors, en attendant, tu fais ce que tu sais faire de mieux : attirer l’attention aux dépens des tympans de tes obligés.

L’avantage, c’était que tu reconnaissais bon nombre de visages familiers. C’était donc plus pour toi un numéro de charme un peu tiré par les cheveux qu’autre chose. La portée politique de cette exhibition grotesque te passait un peu par-dessus le brushing. Effectivement, tu comptais préserver la face jusqu’au bout, histoire qu’on se rende compte, qui sait, que c’était stupide d’enfermer un jeune sorcier portant si bien le cuir (et oui, il fallait jouer du cliché jusqu’au bout des crocs). Avantage qui pouvait très vite tourner au lynchage public, puisque tu devines aussi bon nombre de tes détracteurs en place et lieu de collègues de la brigade. « Vous là-bas ! » tu prends un passant à partie. « Approchez un peu… » tu tends le bras à l’extérieur de ta cage, sans vraiment distinguer pour le moment à qui tu t’adresses. « Dites-moi, j’ai pas un truc entre les dents ?? » que tu t’inventes comme excuse pour appâter le chaland, vautré contre les barreaux comme une strip-teaseuse à sa barre de pole dance.

Spoiler:

Il a hésité à venir. Il a hésité deux bonnes minutes. Parce que maintenant y a moins d’alcools aux soirées et ça donne moins envie de sortir chez soi. Mais finalement, ça aurait été se mentir à lui-même, mentir au monde. Même à moitié mort les frères Lestrange ne manquent pas les grandes fêtes, ça fait partie de leur marque, ça donne l’impression qu’ils ne sont pas tout à fait au bout du rouleau et au bout de leur fortune. D’autant plus qu’il a été informé, en tant que chef du bureau d’extermination, qu’il y aura beaucoup d’hybrides à cette soirée, comme attraction – drôle d’idée mais en même temps… assez sympa y a pas à chier, ça fait un peu comme un menu de chasse – et que si un d’entre eux se rebelle il sera bienvenu à prendre du service. Il ne se gênerait pas. Une bonne fête, sans un seul mort, ça n’existe pas. Pour l’instant tout cela est fort tape-à-l’œil, avec de la très bonne bière au menu, mais ça manque d’agitation, on se croirait à un gala. Or, Rabastan, comme privilège de l’Elite, préfère les banquets bacchanals aux galas.

En guise de déguisement, ce soir, il a décidé de faire peur, d’être détraqué. Ce soir, Rabastan est Rodolphus. Quand on met un cheveu de son frère dans un verre de polynectar, la potion devient entièrement noire, mais si on la mélange on peut y remarquer un reflet rouge. Bien évidemment, son aîné a un goût de merde, il donne presque autant envie de gerber que la bouille d’Azkaban. Mais Samhain ça ne se renie pas, alors il a fait l’effort. Rodolphus lui, est absolument éblouissant en Rabastan, il va faire des ravages ce soir c’est sûr. Ils sont rentrés ensemble dans la soirée mais se sont vite séparés dans la foule. Le mangemort a repéré Ulrike Von Bäume et l’a saluée au passage. « Alors Mademoiselle Von Bäume, vous ne vous êtes pas déguisée en harpie ? » Il aurait adoré rester faire la conversation mais il file, quelqu’un d’autre qu’il ne reconnait pas lui faisant signe un peu plus loin. Quelques mètres plus loin il perd déjà de vue la personne qui l’avait attiré, alors il jette son dévolu sur une sorcière trentenaire ravissante, espérant, qui sait, dégoter une touche à son frère. « Enchanté, Rodolphus Lestrange. » Tout se passe bien. Tout se passe même très bien, il est beaucoup plus charmant et loquace quand il essaie d’imiter quelqu’un d’autre. Puis un râle derrière lui. Un râle très familier. Trop familier, qui lentement appelle son aîné, ou plutôt lui ce soir. Sa chope de bière lui échappe des mains, vient éclater au sol, éclaboussant les chaussures de son interlocutrice. En un mouvement il est retourné, mais il n’a pas saisi sa baguette, pétrifié sans doute, incapable de réagir correctement. Avec le râle n’est pas venu le froid, très vite la supercherie est découverte. Il y a qu'un seul con pour se déguiser en détraqueur. « Dolohov sale fils de chienne ! » Il n’a plus peur mais pour bonne mesure, il lance une droite dans la gueule de son vieil ami, pour lui apprendre. Faudrait pas non plus se foutre de la gueule du monde. Puis il prend par l’épaule le détraqueur, même s’il a un frisson instinctif en le faisant. « Quand cette soirée est finie je te le fais bouffer ton putain de déguisement. » En toute amitié bien sûr. On ne plaisante pas avec Azkaban. « Mais d’abord, si t’allais faire la même à Rodolphus ? Tu devrais pouvoir le trouver facilement, il est déguisé en moi. » Soudainement la peur le prend que son frère réagisse à la blague en hurlant comme une fillette. L’assemblée penserait alors que c’est Rabastan Lestrange qui manque de virilité. « Ouais non oublie en fait, tu sais bien qu’il est fragile en ce moment, tu vas te prendre un avada. » En ce moment depuis dix ans ouais. « Tu me dois une bière connard. »

TL;DR:

Tu avais fini par laisser ton frère te convaincre de l’accompagner à la réception donnée par Blaise Zabini. Après tout, Samhain avait toujours été la fête préférée de Bella, alors quoi de mieux qu’honorer sa mémoire en le célébrant à ton tour ? L’espace d’un instant, tu avais eu l’idée folle de faire léviter son cadavre à tes côtés en guise d’accessoire ou de déguisement. Et puis tu avais vite fini par te raviser. Même pour une réputation comme la tienne cela aurait été too much. Si tu soupçonnais bien Rabastan d’être au courant pour l’histoire des restes de Bella, tu ne tenais pas vraiment à ce que le reste de la société sorcière l’apprenne. Même le Lord viendrait à penser que tu es fou à lier et on t’enfermerait à Sainte-Mangouste aux côtés des Longbottom. Puis, faut dire que Rabastan avait eu une idée de génie en ce qui concernait le déguisement. Echanger les rôles en buvant du polynectar, voilà un plan qui risquait fort de vous réserver de belles surprises. Tu allais prendre un malin plaisir à aller tourmenter les collègues de ton frère, juste histoire d’égayer un peu sa vie au boulot, dès qu’il serait de retour au Ministère. Alors que tu finis de te préparer, Rabastan frappe à la porte de la salle de bain et te tends silencieusement une fiole de polynectar. « T’es sûr que tu t’es pas trompé dans la préparation ? Je n’ai pas envie de me retrouver déguisé en sombral toute la soirée. » C’est précisément dans ce genre de moments que tu regrettes un peu la mort de Snape. Lui au moins, il n’avait jamais risqué de faire exploser la moitié de sa promotion en confondant jus de citrouille et pus d’éruptif…

Une heure plus tard, c’est bel et bien sous l’apparence de Rabastan que tu franchis le seuil de la demeure Zabini. Tâchant d’avoir l’air aigri et tourmenté, tu détailles le décor d’un regard faussement suspect. A vrai dire, tu apprécies le charme malsain de toutes ces créatures enchainées à moitié nues dans leur cage. Tu es certain que Bellatrix aurait apprécié le spectacle. Tu te débarrasses de la compagnie de ton frère et te fraies un chemin jusqu’au buffet. Tu meurs de faim. Depuis que Rab et toi aviez entrepris de dilapider la fortune familiale, faut dire que vous ne mangiez plus autant qu’auparavant. Mais alors que tu venais à peine de remplir innocemment ton assiette, tu manques de t’étouffer en avalant un morceau. Cette ordure de Rabastan est en train d’accoster toutes les femmes de la soirée sous ton apparence ! Putain mais pourquoi ne lâchait-il jamais l’affaire ? T’avais pas envie de te recaser, et encore moins de le laisser salir la mémoire de Bella de la sorte. Prêt à bondir en direction de ton frère pour lui octroyer une bonne leçon, tu te ravises en te souvenant de votre déguisement. Et puis il semblerait bien que ta vengeance soit déjà en cours d’exécution. Un abruti vêtu d’un costume de très mauvais goût venait de se glisser dans le dos de Rabastan, qui sursauta immédiatement. Ne pouvant empêcher un rire de t’échapper, tu remarques rapidement les regards déconcertés qui se posent sur toi. Rabastan Lestrange ne riait pas et tout le monde le savait pertinemment. Ton visage redevient alors brusquement impassible. En fait elle allait être hyper chiante cette soirée, tu regrettais déjà presque d’être venu. Jusqu’à ce que tu n’aperçoives cette chère @Dolores Umbridge. La supérieure hiérarchique de Rabastan. Reposant vivement ton assiette désormais vide, tu t’avances le ventre plein en direction de l’odieuse petite femme. « Dolores, cette tenue vous va à ravir. » Un mince sourire faussement charmeur vient étirer les lèvres de ton frère.

Spoiler:

Ton père avait insisté pour que tu daignes enfin faire ta première sortie officielle au bras de ton fiancé Andrew Prewett. Si depuis près de neuf mois, tu t’étais toujours savamment débrouillée pour passer à côté de cette corvée, à l’occasion de Samhain, tu n’avais plus aucune excuse en stock pour justifier ton absence. Andrew avait émis l’idée de vous dégotter un déguisement de couple, ce qui t’avait paru être l’idée la plus stupide du siècle. Tu ne t’étais d’ailleurs pas privée de lui expliquer ton point de vue à ce sujet en long, en large et en travers. Depuis, le jeune homme évitait soigneusement de t’adresser la parole, il n’avait pas même osé te complimenter sur ta tenue. La mine sombre et lugubre, tu te tenais froidement aux côtés d’Andrew alors que le personnel de maison vous faisait entrer à l’intérieur de la demeure. « Aurais-tu l’amabilité d’aller nous chercher à boire ? Mais par pitié, ne me ramène pas de bière anglaise, j’ai horreur de ça. Plutôt boire de l’urine de sombral. » Ta sympathie légendaire ne semblait pas te faire défaut ce soir. Partageant le même désir que toi de mettre le plus de distance entre vous, Andrew disparut aussitôt. Soulagée, tu parcourus les environs d’un regard inquisiteur. Et puis, tes pupilles se posèrent avec intérêt sur une cage au fin fond de la pièce. Tu crus apercevoir le corps élancé de ton hound se dandiner entre les barreaux. Mais tu n’eus malheureusement pas le temps d’approfondir ton observation puisque tu fus soudainement interrompue par Rodolphus Lestrange. Il te fut tout bonnement impossible de masquer la surprise qui vint déformer ton visage. C’était quoi son problème à ce vieux dépressif ? Pourquoi venait-il t’adresser la parole ? Et puis cette allusion aux harpies, tu ne trouvais franchement pas ça drôle. Se pouvait-il que Rabastan lui ait parlé de votre… histoire ? Sentant la colère monter inéluctablement en toi, tu ne trouvas rien à répondre à Lestrange, mais tu te promis de faire regretter à son frère d’avoir trop parlé. Pas moins de cinq minutes après ton arrivée à la soirée, tu éprouvais déjà l’envie de doloriser tout ce beau petit monde dans l’espoir t’apaiser tes nerfs. C’est alors que tu te souvins subitement avoir aperçu Bagshot dans une cage. Le pas vif et colérique, tu te dirigeas précipitamment dans sa direction. « T’en fais pas, chien, tu n’as rien entre les dents. Du moins pas pour l’instant. Cette te tenue te met d’ailleurs parfaitement en valeur. Tu devrais sortir comme ça plus souvent, peut-être que l’on t’interdirait l’accès au Ministère et que je serais débarrassée de toi. L’espoir fait vivre, non ? » Un rire amer s’échappe entre tes lèvres alors que tu détailles Boris d’un air méprisant. De ton air habituel, en fait. Profitant des quelques secondes de répit avant qu’il ne te réponde en une longue tirade beaucoup trop théâtrale, tu laisses ton regard chercher Rabastan. Tu reconnais de nombreux visages du Ministère et regrettes déjà de t’être rendue ici. Et puis tes pupilles finissent par se poser sur Lestrange, qui n’est pas aussi seul que sa réputation le laisse à penser. Tes sourcils ne peuvent s’empêcher de se froncer alors que tu l’observes sourire à une autre. Oui, il s’en est passé des choses entre vous depuis votre petit problème de harpie. Et le fait est que tu n’appréciais pas beaucoup le voir faire la cour à cette grotesque petite femme. Tu savais pertinemment que tu n’étais pas dans ton bon droit et que ta jalousie était parfaitement déplacée, mais c’était plus fort que toi. Enfant déjà, tu n’avais jamais supporté de devoir partager tes jouets avec Colm. Et puis, plus les années avaient passé, plus ta possessivité était devenue envahissante.

Spoiler:

Etre le mécène privilégié du Lord n’entrainait pas que de lourdes conséquences financières. Cela avait aussi l’avantage d’être informé du moindre projet de construction carcérale, de la moindre réception décadente. C’est ainsi que tu avais découvert le nombre considérable d’hybrides et d’elfes de maison qui allaient être employés durant la célébration de Samhain chez Blaise Zabini. Tu aurais largement préféré que le projet de Rosier l’emporte car il était beaucoup moins onéreux, mais pour d’obscures raisons, le Lord avait choisi de l’évincer au dernier moment et de confier le sort de l’organisation à Zabini. Bien décidé à faire un usage abusif de tes fonctions de chef de la brigade de police magique, tu profiterais de la soirée pour te renseigner sur la provenance de toutes les créatures présentes pour assurer le spectacle. Toujours aussi obsédé à l’idée de faire accuser ton frère d’exportation illégale de monstres sur le territoire béni du Royaume-Uni, tu voyais le mal partout et étais convaincu que Louis Travers avait encore dû s’enrichir en trempant dans de sombres affaires. Mais tu savais à quel point ton aîné pouvait se montrer rusé et prévoyant, aussi te fallait-il absolument échafauder un plan b. Et c’est précisément à cet effet-là que tu décidas d’oublier un instant tes griefs à l’encontre de ta sœur et décidas de l’inclure dans ta petite enquête fratricide. S’il y a bien quelqu’un qui haïssait Louis Travers plus que toi, c’était Myrthild. Cette dernière ne se fit donc pas prier pour venir te prêter main forte, d’autant plus qu’elle avait un semblant de dette envers toi…

Alors que tu finissais de nouer ta cravate, la porte de ta chambre s’ouvrit sans prévenir et ta sœur fit irruption dans la pièce. « T’as jamais pu t’empêcher de rentrer sans frapper, snitch. » Tu lèves les yeux au ciel et entreprends d’abord de l’ignorer. Vous aviez convenu que les préparations se feraient chez toi. Après tout, aucune âme ne vivait ici en dehors de la tienne, vous seriez bien plus tranquilles que chez les Prewett. L’air agacé, tu entreprends de partir à la recherche de ta veste qui semble avoir mystérieusement disparue. Il ne t’en faut guère plus pour te retourner vers ta sœur en un vif mouvement accusateur. « Où as-tu mis ma ve… » et puis tu t’interromps sur le champ alors que tu te retrouves nez-à-nez avec ton frère Louis. Tu pousses alors un long soupir, accompagné d’un regard hautement désapprobateur. « Tu ne vas recommencer, Myrt. Ta petite transformation de la dernière fois ne t’a pas suffi ? Ce n’est pas un don à utiliser à tout va. » Tu l’observes de la tête aux pieds et tes pupilles finissent par s’arrêter sur un détail qui t’arrache un sourire bien malgré toi. « Et puis j’ai jamais vu Louis avec une telle paire de seins. »

Quelques instants plus tard, tu apparaissais à la réception de Zabini aux côtés d’un Louis Travers plus vrai que nature. Myrthild avait beau te taper sur les nerfs en permanence, tu devais bien avouer qu’elle maîtrisait son don de métamorphomage mieux que personne. Alors que tu cherchais déjà une victime pour ton premier interrogatoire, ton attention fut attirée par les cris d’un vampire qui gémissait depuis le fond de sa cage. En l’entendant ainsi appâter honteusement le chaland, tu te dis qu’il valait mieux que tu t’en tiennes à distance. Il aurait été dommage qu’une soirée aussi coûteuse soit déjà interrompue par l’une de tes trop nombreuses éruptions de violence. Tu préfères commencer doucement et aller t’échauffer en buvant une bière avec ces tarés de Lestrange et Dolohov.

Spoiler:

D'aussi loin que tu te souviennes, Halloween avait toujours été ta fête préférée. Tu adorais l'ambiance, mêlant légendes séculaires et légèreté exacerbée et ce mélange, parfois subtil, entre peur et joie. Mais avant tout, cette fête c’était des souvenirs. Tant de souvenirs. Tu te rappelles encore ce ces instants, images éparses de ton enfance, ou Gwenog et toi rivalisaient d'imagination pour parcourir les rues de Cardiff affublées de costumes en quête de précieuses sucreries. Et il y avait ces soirées, ou vous vous posiez toutes les deux avec votre mère qui vous narrait les plus effrayantes des vielles légendes sorcières, celles mêlant créatures enchanteresses et magie d’autrefois, le tout sous la lueur des citrouilles que vous aviez vous-même décoré. Puis les années étaient passées, et malgré l’âge Halloween restait pour toi teinté de joie, même si désormais c’était toi qui ouvrais ta porte aux enfants déguisés, emplissant leurs paniers de Sucres et plumes, de dragées surprises et d’autres patacitrouilles. Gwenog se moquait toujours de toi qui chaque année te rendait exprès à Hogsmeade pour dévaliser Honeydukes en prévision de la venue des gamins, tellement qu’il te restait toujours des kilos de sucreries que tu distribuais à tout ton entourage les jours suivants … qui ne s’en plaignait pas !

Mais ça, c’était autrefois. Depuis, il y avait eu la guerre.
Et la douleur.

Comme si les monstres de tes histoires étaient sorties de leurs contes, emplissant le monde que tu connaissais de malheur. Aujourd’hui, Halloween n’était pour toi que le souvenir brûlant d’un autrefois bafoué, oublié. Un autrefois que tu avais enfermé à double tour dans ton esprit. Et toi, alors que tu avais décidé de passer comme chaque année cette fête à boire une bière dans ton pub préféré, te voilà entrainée par un.ami.e à la soirée d’ouverture de Potter’s End, ce village gallois entièrement sorcier. Mais viens Hestia, ça va être sympa. Ca te permettra de te détendre un peu, malgré tout. qu'il avait dit. Tu parles. Et voilà là, à te balader dans ce village comme n’importe quel badaud. Tu regardes autour de toi, tes yeux parcourant les rues éclairées, les devantures chamarrées et les stands d’où s’échappes effluves entrelacées aux notes sucrées. On aurait presque dit un tableau, l’image parfaite d’un village fêtant Halloween en toute légèreté. Autour de toi, les enfants rient, entrainant leurs parents vers les étals. Les sorciers s’entremêlent, enfilant masques tout justes acquis en pointant du doigt les citrouilles exposées un peu partout. Tout n’est que joie, rires. Un instant, tu te serais presque cru à Hogsmeade, entourée de tes camarades de classe.

Un instant, seulement.

Derrière la façade, tu sais que ce cache un énième moyen d’acheter la population, d’accorder du crédit à ce gouvernement. Tout cela n’est qu’une opération savamment orchestrée. Rien que le nom du village, résonne en toi comme un outrage.

Potter’s End.

La fin de Potter. La fin de l’espoir. C’est juste un nom. Un nom. Un simple nom qui signifie pourtant tant, pour ceux qui comme toi se sont battus, autrefois. Un nom qui vous insulte, vous renvoie votre défaite à la figure. Un nom qui fait mal. Malgré tout. Tu serres les poings et pousse un soupir, ravalant la bile que tu as senti monter dans ta gorge. Tout ça, c’est du passé. Un passé oublié. Rien ne sert de penser à ça, après tout il n’y a plus rien à faire. L’espoir est mort, éteint. Ce monde, c’est le tien désormais et tes regrets n’y changeront rien. Après tout, ça pourrait être pire. Tu te frottes les mains, resserrant ta cape autour de tes épaules avant de t’approcher d’un stand de patacritrouille en attendant que la personne qui t’a entrainée ici ne daigne montrer le bout de se nez.

Après tout, ça pourrait être pire.

Spoiler:

Cette petite sauterie très mondaine et très pompeuse aurait pu l'amuser s'il n'avait pas été dépêché en qualité de cerbère. Une piqûre de rappel on ne peut plus aimable de la part de son employeur, un petit quelque chose d'acide censé corroder tout espoir éventuel d'indépendance qui se serait logé dans son crâne au fil des quatre dernières années. En quittant la VB, il pensait avoir tiré un trait sur ces ineptes conneries de chien de garde, mais force lui est de constater que rien n'a vraiment changé dans cette blague qu'est son statut — si ce n'est qu'il a l'honorable privilège de flanquer non plus ce gringalet de Bagshot, mais le Lord en personne. Une bien fade revanche sur le destin. En parlant du gamin, on lui a d'ailleurs dit qu'il camperait ce soir le rôle de la demoiselle en détresse (pour rester poli), tableau pas si fantasmagorique que ça si l'on considère toutes les situations douteuses dans lesquelles se fourre son ex-Handler, et non moins inouïe, attendu qu'il va pouvoir observer en personne l'apothéose de ce qui, manifestement, est le déclin du mirliflore. Ce sera au moins ça de pris.

Il avance en coulisses, grogne ici et là des ordres, croise quelques anciens collègues qu'il ne salue naturellement pas, et procède aux vérifications de rigueur tout en coulant des regards en biais aux convives qui pourraient ne pas l'être, histoire de cocher toutes les cases de sa mission. C'est guindé. Bruyant. Ridicule. Globalement normal, donc. Ombre parmi les ombres, il courtise cependant le buffet à revers duquel il voit poindre la mine sombre de Rabastan, mais avant qu'un trait d'esprit sans nul doute raffiné ait traversé ses babines, l'odeur de l'autre l'alerte. Soit le puîné Lestrange a fini par faisander, soit quelqu'un d'autre a pris ses traits. Il garde cette information pour lui et, qui sait, pour plus tard, continue de fixer le simulacre sans pour autant décélérer, puis moissonne un petit-four qu'il gobe d'une traite. Sa vadrouille le mène auprès des cages qu'il inspecte d'un coup d'oeil rapide — et dur, n'ayant guère plus de considération pour les singes libres que pour ceux délibérément enfermés — après quoi il jette l'ancre sur celle de Boris, interceptant au vol les cordialités qu'une invitée glisse en aparté. « On ne se débarrasse jamais d'un parasite. » Ses yeux rieurs et froids quittent relativement vite le minois féminin et dégringolent contre la bouille du prétendu captif. Un énorme sourire lui déforme la trogne. « Pas vrai, Bagshot ? » Et de contempler la scène pour en graver chaque détail dans sa mémoire. Si on lui avait dit un jour... « Quitte à tarifer ton humiliation, t'aurais mieux fait d'aller tapiner. » Sa mâchoire hispide se tourne derechef vers la jeune-femme sans se départir de sa risette. « T'aurais probablement eu des clients plus aimables. » L'hôpital se foutant évidemment de la charité.

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