i want to ki-- you,
answers may vary

@Siham Al-Massri

On peut pas dire que tu t'attendais à grand chose en rejoignant la fameuse Armée de Dumbledore. Déjà, tu dois avouer trouver ce nom légèrement extra, non pas que tu doutais du potentiel dramatique de celui que l'on surnomme communément "l'Élu", mais ça te donne un peu l'impression de rejoindre une société secrète d'enfants de huit ans (un truc que t'aurais adoré à l'époque). C'est juste que là t'as un peu passé l'âge. Pourtant, quand tu t'es ramenée pour la première fois dans cette gigantesque salle du septième étage, t'es restée bouche bée pendant bien quinze secondes. “ Ya' seeing this too???, t'avais répété en tirant la manche de Lena avec insistance. ” Faut dire que t'étais restée sur le cul, et vaguement déçue de ne pas avoir entendu parler de cet endroit plus tôt (les soi-rées que vous auriez pu faire...) ; pire, de ne pas l'avoir découvert toi-même plus tôt. Il a fallu attendre que Longbottom of all people connecte ses deux neurones et tombe dessus par tu-ne-sais quel hasard. Vraiment, t'es pas du genre complotiste mais tu croirais presque que c'est Dumbledore lui-même qui l'a mis sur le bon chemin.

Enfin qu'importe, en rejoignant ce petit groupe de jeunes résistants, tu te demandais bien ce qu'un gamin de deux ans ton cadet pouvait t'apprendre de plus, mais tu partais avec l'idée de passer du bon temps avec tes potes, et de tourmenter la vieille Ombrage en guise de cerise sur ton porridge. Il y avait, en plus de ça, une petite curiosité malsaine de ta part, à l'idée d'en savoir plus sur le destin de cet enfant dont tu avais tant entendu parler pour ses exploits magnifiques, mais qui te semblait incroyablement banal à chaque fois que tu le croisais dans la salle commune.

T'as pas eu d'autre choix que d'admettre que Potter avait quelque chose. Un talent naturel pour capter votre attention, une connaissance du terrain qu'aucun de vous ne pouvait encore prétendre avoir - et sans doute que vous ne l'aurez jamais. Si pour l'instant tu te contentes de peaufiner ton expelliarmus - qui semble être le sort préféré de Potter, allez savoir pourquoi, le type n'a jamais entendu parler de la magie sans baguette, but then again, son arch-nemesis non plus (enfin t'espères) - tu te sens galvanisée par l'entrain collectif, le sentiment d'appartenir à quelque chose de plus grand que toi, de plus important. L'impression qu'ensemble, vous allez faire la différence. Bien sûr, il n'est pas rare que tu te retrouves au milieu de paris douteux sur qui de Lovegood ou de Longbottom sera le plus gênant lors de ce cours, mais tu prends globalement ces séances avec un minimum de sérieux et d'implication. Pour la première fois depuis longtemps (toujours ?), ta vie a un sens, un vrai, et tu t'épanouis dans l'idée que jamais rien ne pourra vous séparer, qu'ensemble, vous parviendrez à changer le monde et à vaincre pour de bon Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom (Voldemort, insisterait sans doute Potter).

Le mois de décembre s'accompagne comme chaque année des premières neiges. Le thermomètre passe en-dessous des 32°F et tu troques tes vestes légères pour d'épais manteaux et pulls en laine. T'aimes bien l'hiver, en particulier le mois de décembre, parce que c'est bientôt Noël et que ça te rappelle les batailles de boules de neige avec Ash et Rob. Tu n'as malheureusement pas le temps de t'attarder sur la beauté des premières neiges puisque Fred s'arrête brusquement en vous faisant signe de vous taire. Évidemment, n'ayant pas anticipé cet arrêt brutal, tu le percutes de plein fouet et t'apprêtes à râler, quand tu entends des petits pas pressés que tu ne connais que trop bien. Des petits pas qui se dirigent tout droit dans votre direction. “ Umbridge, tu souffles. ” Mais personne n'avait besoin de ta précieuse remarque pour comprendre. Comme une machine bien huilée, vous vous séparez en petits groupes de deux ou trois et empruntez des chemins différents. Tu cours à côtés d'un quatrième année de Poufsouffle pendant quelques mètres, jusqu'à ce que tu ne voies le reflet d'un manteau rose au détour d'un couloir. Le garçon prend peur et s'enfuit dans la direction opposée. T'as même pas le temps de lui dire que vous êtes à deux pas du portrait de Wilderick le Cornu, un passage secret que George t'avais fait découvrir il y a quelques années maintenant, et que t'avais emprunté plus d'une fois. “ Fuck. ” Tant pis pour lui, tu n'as pas l'intention de te faire prendre en rebroussant chemin. Tu décides de foncer vers le tableau et tu t'engouffres juste avant que le suppôt du Ministère ne tourne les talons dans ta direction.

Tu restes plantée là quelques secondes, le nez presque collé à l'envers du tableau, le souffle court, les sens aux aguets. Les pas s'arrêtent devant le portrait... Puis reprennent leur route le long du couloir. Tu attends quelques secondes supplémentaire avant de pousser un long soupire de soulagement qui vient rompre le silence nouvellement installé. Persuadée d'être à présent hors de danger, tu fais un pas en arrière, et heurte quelque chose qui ne devrait pas être là, quelque chose ou quelqu'un. “ Fuck, lâches-tu plus fort que tu n'aurais dû. Fuck... ” Tu te retournes et recules pour mieux voir qui te fait face. “ Al-Massri ? Que- Qu'est-c'que tu fous ici ? ” Tu laisses échapper un nouveau soupire de soulagement. C'est que Al-Massri, et même si tu connais bien sa passion pour la nouvelle Brigade Inquisitoriale, on ne peut pas vraiment dire qu'elle te fasse peur. “ Tu vas aller me dénoncer à ta nouvelle prof préférée ? ”

CW. teenage anxiety, parents vraiment pas ouf, lowkey phobie scolaire

@Hunter Wallace | décembre 1995

Quand elle était à Poudlard, elle rêvait d'être en vacances. Quand elle était en vacances, elle rêvait d'être à Poudlard. Puis au milieu, elle avait un peu le mal des transports (ou la boule au ventre d'appréhension) alors le Poudlard Express... Dix-sept ans, au top de sa vie, pas du tout mal dans sa peau, pas du tout son père qui lui avait dit que la fête était finie (comme si elle avait commencé un jour) et que si par malheur elle n'avait pas tous ses ASPIC... Il s'était arrêté là pour lui signaler qu'en vrai, il n'attendait plus grand chose d'elle parce qu'une Al-Massri qui préférait être turbulente plutôt qu'intellectuelle était une Al-Massri au rabais ("tu fais honte à notre ancêtre" qu'il lui avait glissé entre deux silences pesants avant de se souvenir que l'ignorance était le meilleur des mépris). Elle n'était pas du tout à traîner toute seule en plus du reste, à cause d'une dispute à la con avec Joseph qui durait depuis trop longtemps et du temps qui passait qui faisait que Marius avait fini sa scolarité. L'année dernière, au moins, il y avait eu de l'action et même des dragons. Et un mort, certes. Et ce morveux de Potter qui se l'était ramené avec son petit air de moi je suis l'élu, moi je m'en fiche des limites d'âge, ouin ouin je suis une victime aussi puis qui continuait à se la ramener avec son histoire de retour de Voldemort (elle le croyait, pas parce qu'il était crédible mais parce que son père était aux anges). Et Delacour qui était bien trop jolie à regarder (de loin). Et Krum qui n'était pas mal non plus. Et Bree avec qui elle avait tout foutu en l'air parce que les filles n'embrassaient pas les filles (mais Siham y pensait souvent).

Il fallait voir le positif : elle n'avait pas d'amis donc elle pouvait se concentrer sur ses études (youhou). Du moins en théorie, en pratique elle n'arrivait plus à grand chose maintenant qu'il n'y avait plus Joseph à côté d'elle pour se tirer la bourre. Elle essayait pourtant mais perdait sa concentration même pas au quart des parchemins qu'elle devait apprendre et les mots finissaient par valser devant ses yeux sans que ses rétines n'en impriment qu'un seul. Résultats ? Mauvais. Sauf peut-être en DCFM (parce qu'elle était sang-pur et pas traîtresse à son sang, comme quoi) mais là c'était la prof qui était mauvaise. Par contre, il y aurait eu course à pieds en matière scolaire que Siham aurait été première de sa promotion. A défaut de travailler, de flâner au bord du lac, de squatter la bibliothèque, ou même parfois de dormir, wizadidas flambantes neuves aux pieds (ok elle était une Al-Massri au rabais mais c'était pas pour ça qu'elle ne devait pas être parmi les mieux fringuée dixit mama) elle courrait, ça avait le mérite de lui vider la tête et la dose d'endorphine que cela lui procurait lui était presque devenue nécessaire.

En décembre, alors même que les températures viraient au négatif et que le sol était on ne pouvait plus glissant, elle ne s'arrêta pas de courir si bien que la nuit où il commença à neiger pour la première fois, elle n'hésita pas à se glisser hors de son lit, baskets aux pieds. Le dortoir des septièmes années était quasiment désert (il n'avait pas été très difficile de griller que plein de gryffondor manquaient régulièrement à l'appel et bizarrement Potter était dans le lot donc Siham commençait à se dire qu'il avait créé sa propre secte) alors elle n'eut pas trop de difficulté à se tirer discrètement. Ce fut après que ça se gâta, peut-être parce qu'elle avait trop envie de sentir la neige crisser sous ses pieds ou peut-être parce qu'elle avait un peu froid donc s'était pressée en faisant moins attention qu'à son habitude. Toujours était-il qu'elle s'était retrouvée face à la chatte des enfers du concierge, que cette dernière poussa son miaulement des enfers pour alerter son maître avant de se lancer à toute vitesse vers Siham. Course poursuite dans les couloirs, après un virage en éclair à cheveux, la gryffondor parvint à se glisser dans un passage planqué derrière la tapisserie qu'il fallait brosser dans le sens du poil pour dévoiler la volée d'escaliers secrets.

Elle les grimpa trois par trois, tendant l'oreille pour déterminer si on la suivait toujours ou non. Les clameurs de mécontentements qui lui parvenaient comme étouffées par la distance lui faisant plutôt dire que non alors elle ralentit, souffle toujours court, regardant plus derrière que devant si bien qu'elle finit par rentrer dans un truc. "Fuck Fuck..." Oui fuck, comme la voix on ne pouvait plus familière le disait. "Al-Massri ? Que- Qu'est-c'que tu fous ici ?" La brune roula des yeux face à l'absurdité de la question (elle faisait le mur, c'était obvious). "Je te suis, évidemment." Ton venimeux, dans le doute toujours sortir les crocs (puis avec Hunter, il y avait souvent Alvarez, ou pire les jumeaux qui allaient lui faire une super blague qui ferait rigoler tout le monde sauf elle). "Tu vas aller me dénoncer à ta nouvelle prof préférée ?" Hein ? Oh ! Umbridge. Siham profita de la pénombre pour faire la grimace, absolument pas fan du personnage (mais vu que tout le monde avait entendu parler du fait qu'on lui avait proposé de rejoindre la brigade inquisitoriale et nettement moins savait qu'elle avait refusé - parce qu'elle n'était pas une balance - la confusion régnait, ce qui l'arrangeait bien parce que personne ne savait si on pouvait l'embêter sans conséquence). "Votre petite réunion est finie ?" Sous-entendu, elle pouvait faire plus que dénoncer qu'Hunter.   Comme si elle allait s'y risquer alors que ça reviendrait à se dénoncer elle-même par la même occasion, ce qui finirait invariablement par remonter jusqu'aux oreilles de son père et donnerait lieu à une nouvelle beuglante qui exploserait en pleine Grande Salle si Siham ne parvenait pas à l'intercepter avant (l'avantage était que la lettre hurlait en arabe donc personne ou presque ne savait de quoi il en retournait, le problème était que les gens avaient beaucoup d'imagination donc les rumeurs allaient bon train (puis il n'était jamais très agréable de se faire incendier devant tout le monde)).

Pas de dénonciation prévu donc. Elle dévisagea Hunter quelques instants avant de constater que cette dernière n'était pas loin tableau qui marquait la sortie du couloir. Par là qu'elle était rentrée ? "Filch m'a vue de l'autre côté mais le passage s'est refermé juste derrière moi et il n'a pas l'air de savoir comment l'ouvrir... Je crois qu'il attend du coup" finit par avouer la brune, à voix basse et l'air franchement embêté. Parce que si des deux côtés il y avait les suppôts d'Umbridge en train de faire le guet, elles étaient totalement bloquées. La brune soupira avant de se laisser glisser le long du mur pour s'asseoir sur le sol poussiéreux. Le passage était trop étroit pour y étendre les jambes alors elle s'assit en tailleur avant de balayer des yeux autour d'elle pour s'assurer qu'il n'y avait pas d'insectes ou pire d'araignée ou encore pire de rats en plus de Wallace (parce qu'elle n'avait pas peur d'Hunter, des bestioles si, au point qu'elle sortirait du passage secret en hurlant si il y en avait une et tant pis pour la beuglante).

tw: slight bullying
Ton cœur martèle encore tes côtes et tu reprends peu à peu ton souffle. Entre la course, la poussée d'adrénaline à l'idée de confronter l'autre bonbon rose et la surprise d'être tombée nez-à-nez avec Al-Massri, il te faut quelques instants avant de retrouver ton calme. “ Je te suis, évidemment. ” Toujours un rayon de soleil, cette meuf. Tu lèves les yeux au ciel avant de t'adosser au mur derrière toi, histoire de reprendre ta respiration plus rapidement. Évidemment, Al-Massri répond pas à ta question et laisse sous-entendre qu'elle sait pertinemment où tu étais, et ce que vous faites avec le reste du groupe. “ Votre petite réunion est finie ? ” Il n'est pas non plus nécessaire de s'appeler Merlin pour comprendre que quelque chose se trame chez les Gryffondors en particulier - imaginer Siham arriver seule dans les dortoirs tous les soirs t'arrache un sourire. Il n'empêche, ça fait un moment qu'elle aurait pu vous dénoncer, et qu'elle ne l'a pas fait. Tu connais pas ses motivations, si c'est pour avoir un quelconque levier sur vous ou tu ne sais quoi, mais tu es reconnaissante pour le moment. “ Tout juste. On s'est dit qu'tu risquais de t'ennuyer toute seule au dortoir., tu rétorques avec un sourire mauvais. ” Tu te demandes cependant ce qu'elle fait vraiment là, et si elle était pas justement sur votre piste, mais tu comptes sur l'indifférence légendaire d'Al-Massri à votre égard pour ne pas trop t'inquiéter.

Le silence s'étire quelques instants. Et maintenant quoi ? Tu peux pas rebrousser chemin, étant à peu près sûre qu'Umbridge est capable de traîner dans les parages pendant une bonne demi-heure juste au cas où. Et remonter les escaliers... “ Filch m'a vue de l'autre côté mais le passage s'est refermé juste derrière moi et il n'a pas l'air de savoir comment l'ouvrir... Je crois qu'il attend du coup. ” Tu soupires. “ J'suis à peu près sûre qu'Umbridge fait le piquet derrière le portrait de Wilderick. ” Presque simultanément, tu te laisses tomber sur le sol d'un air las - l'idée de rester bloquée pendant des plombes avec Al-Massri, dans un couloir aussi étroit qui plus est, n'était clairement pas l'idée que tu te faisais de ta soirée. Tu cales tes boots sur le mur d'en face, les jambes repliées sur elles-mêmes à cause de l'étroitesse du passage, avant de jeter un regard en direction de l'autre sorcière. Son petit air inquiet alors qu'elle observe les alentours ne passe pas inaperçu. Un rictus naît au coin de tes lèvres, t'adores la faire chier avec ses phobies. Combien de fois t'as fait apparaître un rat dans votre dortoir, juste pour l'embêter ? Dommage que ça ne fasse pas rire tout le monde. Toi les rats, ça te fait vraiment rien, tu te rends même pas compte de l'effet que ça peut faire à ceux qui en ont peur. Tu trouves juste ça drôle de les voir crier à cause d'un faux rongeur. Et puis Siham vous le rend bien, enfin t'aimes te justifier ainsi. “ Al-Massri, tu lances dans un souffle pour capter son attention. T'as un truc qui grimpe là... ” Tu passes une main entre ton épaule et ton cou pour accompagner tes paroles avant d'éclater de rire (la discrétion on repassera). Ton rire s'achève en un nouveau soupire. Tu baisses la tête et regardes le mur en face de toi. “ De tout Poudlard, fallait que j'me retrouve bloquée avec toi. ” L'ironie de la situation t'arrache un nouveau rictus. “ Ça fait longtemps qu'tu fais ça ? J'veux dire, qu'tu t'bares la nuit ? ” Puisque vous êtes là, autant discuter. Vous allez pas vous regarder dans le blanc des yeux pendant quinze minutes ou vous ignorer complètement. Et puis c'est pas vraiment que tu t'inquiètes pour Al-Massri - parce que c'est Al-Massri quoi, ew - mais t'as bien remarqué que les choses avaient pas l'air d'aller fort ces derniers temps (enfin, qu'elle avait l'air encore plus moody et distante que d'habitude). Elle avait même pas lancé une petite pique venimeuse à ton égard quand t'as fait ton coming out aux filles du dortoir - vous partagez une chambre, t'avais pas vraiment d'autres choix que de faire avec.

CW. lowkey bullying

@Hunter Wallace | décembre 1995

Il n'empêchait que maintenant, elle regrettait de ne pas être restée seule au dortoir à s'ennuyer, surtout quand Hunter lui indiqua qu'Umbridge campait de l'autre côté du passage. La peste, le choléra ou... Cela pouvait être quelle genre de maladie la blonde ? Un truc franchement irritant mais peut-être moins mortel et qui aurait éventuellement l'avantage de ne pas créer d'ennuis sur le long terme (style petite missive aux parents). Puis elle pouvait toujours l'ignorer, rester en tailleur sans décrocher un mot en regardant le mur d'en face. Quand il s'agissait d'éviter les interactions, elle savait très bien jouer les statues. Avec un peu de chance Hunter l'oublierait, un autre élève passerait devant Umbridge et la chasse à l'homme serait lancée loin de l'entrée du passage secret. "Al-Massri" Ok, ça partait mal pour l'ignorance, les yeux se tournèrent vers la blonde, interrogateurs. "T'as un truc qui grimpe là..." Main qui vint instinctivement se plaquer sur son cou alors que le regard se teintait de terreur. "Vraiment ?" souffla Siham. Son visage avait perdu trois teinte, elle n'aimait définitivement pas les bestioles, Merlin que ça ne soit pas un insecte (ou pire) qui lui rentre dans l'oreille ou... Le rire d'Hunter se répercuta sur les murs du couloir et la brune se dit qu'elle aurait peut-être du choisir Filch. Au moins il n'y avait pas eu invocation de rats - elle se consolait comme elle le pouvait - et ni le concierge ni Umbridge avaient l'air d'avoir entendu Wallace (ou alors si mais ils ne savaient toujours pas comment entrer). Regard franchement assassin en direction de l'autre, la brune ne se risqua même pas à un c'est pas drôle, ça ne faisait que donner l'envie d'en ajouter une couche.

Plan de survie : ne pas offrir d'ouverture supplémentaire (donc rester aussi immobile que possible). Partir au quart de tour au premier truc qui toucherait juste, contre-attaquer, d'abord avec les mots puis avec un bon petit maléfice. Ou un coup de poing dans le nez. Dans les deux cas de figure, le couloir était étroit donc pas besoin de viser, fallait juste être la plus rapide. "De tout Poudlard, fallait que j'me retrouve bloquée avec toi." Comme si c'était pour Hunter que c'était le plus désagréable. Le plus triste dans l'histoire, c'était que Siham préférait largement être coincée avec la blonde plutôt qu'avec un des Weasley (le pire aurait été avec la bande au complet, elle aurait sauté dans les bras d'Umbridge si ça avait été le cas). Elle ne répondit pas, mâchoire serrée, yeux résolument fixés sur le mur. Un quart d'heure, ce n'était pas si long, que dalle même comparé aux réceptions interminables où ses parents la trainaient. Elle tourna sa paume  gauche vers le plafond et un lumos informulé plus tard, une petite boule de lumière lévitait dans le creux de sa main. De quoi repérer l'arrivée d'hypothétiques araignées (non imaginaires cette fois-ci) puis de s'occuper les doigts.

"Ça fait longtemps qu'tu fais ça ? J'veux dire, qu'tu t'bares la nuit ?" Vraiment ? Haussement d'épaules, style c'est pas tes oignons (style genre ça t'intéresse), sa mâchoire s'était même resserrée d'un cran et la lueur vacilla un peu, faisant valser les ombres sur le mur (toujours pas d'araignée en vue). Elle aurait pu lui dire que si Hunter avait eu une once de talent pour l'observation, elle le saurait (mais il ne faudrait surtout pas que Wallace prenne ça comme un défi et se mette à la stalker sur un malentendu). Elle opta plutôt pour le semi-mensonge, après avoir fait traîner le silence. "Je n'arrivais pas à dormir" finit-elle par dire (c'était valable pour cette nuit, elle laissait volontiers à l'autre le loisir de tirer propres conclusions) et il était notoire qu'elle n'était pas le style de personne à réussir à rester allongée à contempler le plafond pendant des heures (déjà qu'elle n'avait pas tenu son rôle de statue plus de deux minutes). "Et il neige dehors..." Du moins, elle espérait que ce serait encore le cas quand elle sortirait de ce foutu couloir poussiéreux. Elle aimait bien être la première à poser les pieds dans la poudreuse avant que tout soit piétiner par les autres élèves. Un instant, Siham songea à interroger Hunter sur leurs petites sauteries avec Potter - elle ne l'avouerait pas à haute voix mais ça l'intriguait un peu (la fierté l'empêchait cependant d'avoir l'air intéressée par un truc où elle n'était pas conviée) - mais ce fut une toute autre question qui franchit ses lèvres. "Comment tu l'as su ? Que tu aimais les filles je veux dire." Elle plongea ses yeux noirs dans ceux d'Hunter, ton mortellement sérieux.

“ Je n'arrivais pas à dormir. ” Les yeux rivés sur la boule lumineuse qui lévite dans la paume d'Al-Massri, tu fais une petite moue. Un mélange de 'okay' et de déception, parce que c'est bien la réponse la plus bateau qu'elle pouvait te servir. Et en même temps quoi ? Vous êtes pas amies ? Elle te doit rien ? En particulier si tu passes ton temps libre à lui faire croire qu'elle a du succès auprès de toutes les petites bestioles de la région. “ Et il neige dehors... ” Tu pouffes. C'est pas tant que tu te moques d'elle, enfin pas vraiment. Toi aussi, t'adores la neige et t'as qu'une hâte c'est d'aller te rouler dedans à l'aube (enfin vers dix heures, quand tu émergeras enfin de ta courte nuit pour aller prendre un petit déjeuner dans la grande salle avec le reste du groupe). Mais c'est juste qu'il y a quelque chose de risible à imaginer Siham aimer la neige. A imaginer Siham aimer quoi que ce soit, d'ailleurs. Tu la trouves tellement ronchon que la voir filer en douce du dortoir pour aller voir la neige, quelque chose de si enfantin, te fait rire. Serait-elle humaine derrière cette façade plus aride que le désert ou est-ce que la neige lui rappelle tout simplement la température de son âme ?

T'as pas le temps de répliquer quoi que ce soit, cela dit, parce qu'elle te pose une question à son tour et que t'en restes muette quelques secondes. “ Comment tu l'as su ? Que tu aimais les filles je veux dire. ” Son regard plonge dans le tien et même si tu distingues à peine ses yeux avec la lumière vacillante qu'elle tient toujours d'une main, tu sais qu'elle est sérieuse. Et comme toi, tu l'es rarement, tu pousses un rire nerveux en ne sachant pas quoi dire. Pire, tu sens tes deux joues s'empourprer de malaise et tu pries pour qu'elle ne le remarque pas. Tu détournes les yeux, c'est plus simple. Ton cœur bat un peu plus vite, parce que même si t'es plus à l'aise avec l'idée qu'avant, tu l'es pas vraiment. Ça reste nouveau pour toi, un sujet hautement sensible et que t'avais pas vraiment prévu de partager avec elle mais bon, elle t'a quand même confié qu'elle aimait la neige. “ Qu'est-ce qui se passe Al-Massri, tu finis par lancer avec un sourire, tes yeux rencontrant à nouveau les siens. Tu veux savoir si t'as une chance ? ” Tu n'en crois évidemment pas un mot. Vu la famille qu'elle se traîne, tu serais pas surprise qu'elle te pose cette question parce que tu la dégoûtes ou un truc du genre. Alors faire une blague t'aide à la mettre mal à l'aise à son tour - comme ça vous êtes sur un pied d'égalité - et surtout à te détendre un peu. “ Je sais pas... ” Tu hausses les épaules. “ Je- Tu te souviens d'Elisabeth Prewett ? ” Toi, tu t'en souviens très bien. “ J'la trouvais trop belle. ” T'esquisses un petit sourire en souvenir de ton tout premier crush. “ Au début j'croyais que c'était juste que je voulais être comme elle. ” Tu penches la tête sur le côté. “ Il s'trouve que finalement j'aurais préféré être avec elle. ” Tu poursuis. “ Et puis y a eu Delacour, l'année dernière. Et puis- ” Ouais, non, tu vas pas non plus trop en dire, ça reste Al-Massri, pas ta pote. “ Bref ça faisait un moment que j'avais des doutes. Surtout que tous les pseudo BG sur qui tout le monde a un crush ne m'ont jamais fait lever un sourcil. ” Tu repenses à ton aversion pour Diggory et tes a priori sur King. Qui, finalement, n'est pas si terrible. “ Enfin bref, j'en sais rien, c'est difficile à dire, comment t'as su que t'aimais les mecs, toi ? ” Tu trouves que c'est la meilleure réponse. Parce qu'au fond, qu'est-ce que t'en sais, toi ? Ça t'est tombé dessus comme un cognard sur un mauvais joueur de quidditch. Tu l'as pas vu venir, c'est juste arrivé. T'as posé les yeux sur une fille et t'as senti tous ces trucs que tu désespérais de ressentir pour un mec. Et t'imagines que c'est partout pareil, qu'un jour ça vous tombe dessus et qu'on peut rien faire d'autre que d'accepter les choses comme elles sont, parce qu'on ne choisit pas ses sentiments. “ Pourquoi tu poses la question, tu finis par demander, parce que ça te brûlait les lèvres. ”

@Hunter Wallace | décembre 1995

Maintenant, Siham regrettait un peu d'avoir posé la question - elle ne savait d'ailleurs pas trop d'où elle la sortait vu que c'était dans le top un des sujets qu'elle ne voulait pas aborder - et parierait beaucoup avec plus ou moins n'importe qui pour une Hunter hilare dans les secondes qui viendraient et qui irait raconter leurs conversations même à Umbridge (sinon le niveau de paranoïa était impeccable). Il y eut le rire mais pas celui que la brune attendait. Et hein ? Quoi ? Wallace rougissait ? Regard interloqué à cette dernière qui le lui rendit bien "Qu'est-ce qui se passe Al-Massri ? Tu veux savoir si t'as une chance ?" Hein ? Quoi ? le deuxième round (avec éventuellement le rire nerveux et le rougissement, heureusement il faisait sombre). Elle finit par se ressaisir, petit regard style "jamais de la vie je suis trop bien pour toi-les torchons et les serviettes-je fais pas dans la charité ciao bye la gueuse" avant de balancer un "J'ai un copain". Fait vrai, raisons douteuses (quoique c'était peut-être honorable de former des alliances pour ne pas avoir ses darons à dos). Son regard se fit de nouveau insistant - maintenant qu'elle s'était lancée, Siham voulait sa réponse - et elle réussit même à faire la statue le temps d'écouter Wallace. "Je sais pas... Je- Tu te souviens d'Elisabeth Prewett ?" Hochement de tête, moue un rien ennuyée. Bien sûr qu'elle voyait qui était Elisabeth Prewett, elle ne se farcissait pas une tonne de dîners de la haute pour oublier les noms une fois sur deux (Siham détestait l'étape des présentations alors les répétitions de présentations...). "J'la trouvais trop belle." Valide. "Au début j'croyais que c'était juste que je voulais être comme elle. Il s'trouve que finalement j'aurais préféré être avec elle." La lueur du lumos vacilla d'un coup alors que la brune constatait avec effarement que le coup du je voulais être comme elle mais en fait non c'était beaucoup trop elle versus Bree. Fuck. "Et puis y a eu Delacour, l'année dernière. Et puis- - Delacour, c'est parce qu'elle est vélane." Elle en avait débattu avec Joseph à l'époque, si Fleur était trop belle comme ça, c'était parce qu'elle trichait (comment ça le charme des vélanes n'opéraient pas sur les filles ?). "Bref ça faisait un moment que j'avais des doutes. Surtout que tous les pseudo BG sur qui tout le monde a un crush ne m'ont jamais fait lever un sourcil." D'un côté, les mecs populaires urg.

"Enfin bref, j'en sais rien, c'est difficile à dire, comment t'as su que t'aimais les mecs, toi ?" Mais parce qu'on le lui avait dit voyons. Puis déjà qu'elle n'était pas la fille rêvée, si en plus elle en ramenait une autre au détriment du mari sang-pur... Ne valait mieux pas y penser et jouer le petit couple d'amoureux avec Marius. "Je ne sais pas, c'est normal non ?" Petit moment de battement avant de reprendre précipitamment. "Pas que tu sois pas normale hein, c'est juste que que... Voilà quoi." L'éloquence, un ; Siham, zéro. Potentiellement vexer la personne avec qui on est enfermée et qui avait la manie d'invoquer des araignées ? Pas le bon mouv du tout (puis peut-être qu'elle avait plein d'autres raisons d'insulter Hunter que sur ça). "Pourquoi tu poses la question ?" Hahaha. Elle rougit franchement. "Curiosité." Etude sociologique, un truc du style (pas du tout une étude comparative). "On est coincées ici, il faut bien parler de quelque chose." Et le dernier scoop en date était plus intéressant que la météo (quoique qu'il était sur Hunter et il neigeait...). Siham étira ses jambes, s'agita un poil - elle n'aimait définitivement pas être coincée à rien faire - et décida d'opter pour le changement drastique de sujet, que Wallace ne commence pas à creuser de trop. "Vous faites quoi avec Potter ?" Deuxième question piège de l'interrogatoire improvisé. Elle ramena les genoux contre son torse, posa la tête sur ces derniers. "Je le répèterai pas, t'en fais pas" ajouta-t-elle, petite grimace à l'appui. Même Hagrid était mieux qu'Umbridge et elle ne parlerait déjà pour rien au monde au demi-géant (surtout depuis qu'elle avait entendu qu'il avait des araignées géantes).

“ J'ai un copain. ” T'as un nouveau rictus. Sure, Jan. Elle ira pas te faire croire que quelqu'un accepte de supporter son tempérament au quotidien mais qu'importe. T'aimes qu'elle se sente obligée de se justifier. Tu sais pas vraiment pourquoi. Sûrement parce que ça la met mal à l'aise, elle aussi, et que comme ça vous êtes sur un pied d'égalité. Ça t'aide à pas te dégonfler comme un soufflet aussi, parce que faut pas croire, c'est pas parce que t'as une grande gueule et que t'es la reine des chieuses que t'es à l'aise avec ce genre de sujets. Enfin ça va tant que ça te touche pas toi et là on va dire que ça te touche d'un peu trop près. Tu sais même pas pourquoi tu lui racontes tout ça mais tu te lances. Tu hausses les épaules quand elle s'empresse de justifier ton attirance pour Delacour par le fait qu'elle soit vélane. Peut-être. Ça ne fait pas beaucoup de différence à tes yeux. Cela dit tu songes qu'Al-Massri a sans doute une petite insécurité cachée par rapport à la française, car la remarque est venue trop vite.

Et puis t'arrives à la fin de ton explication et t'as l'impression de nager dans le malaise alors tu préfères lui retourner la question, histoire que le focus ne soit plus sur toi. “ Je ne sais pas, c'est normal non ? ” Outch. “ Pas que tu sois pas normale hein, c'est juste que que... Voilà quoi. ” Cringe. Tu dis rien sur le coup. Un peu vexée. Un peu blessée. Tu tentes de te dire que c'est Al-Massri et que tu t'en fiches de ce qu'elle pense. En même temps tu sais qu'elle est loin d'être la seule à penser comme ça. Ça te rend un peu triste. Alors tu fais ce que tu fais de mieux quand t'es triste. Deflect with sarcasm. “ C'est normal de manger des escargots en France, ça n'en reste pas moins dégueulasse hein. ” En réalité, toi ça t'a semblé si normal quand t'as eu tes premiers crushs. Tellement plus naturel qu'avec des mecs. C'est à ce moment-là que tu t'es dit que peut-être que les gens s'étaient inventé tout un pataquès pour se donner l'impression qu'un groupe valait mieux qu'un autre, en disant que c'était normal. Ce serait pas la première fois.

Au moment de savoir le pourquoi du comment elle s'intéresse à ce genre de choses, là voilà qui rougit. Siham rougit. Et pas discrètement en plus, pour que tu le remarques dans la pénombre. T'arques un sourcil, visiblement curieuse de ce qui peut la mettre dans cet état. “ Curiosité. ” Tu hausses les deux sourcils cette fois (visage très expressif on a dit). “ On est coincées ici, il faut bien parler de quelque chose. ” Tu lâches un rictus. Franchement, t'étais prête à croire n'importe quoi. Tout ce qu'elle pouvait te dire comme excuse. N'importe quoi qui justifierait son malaise apparent mais la banalité de sa réponse t'arrache un “ Bullshit ”. Tu secoues la tête, mais décides de ne pas insister quand elle change de sujet. Tu te dis qu'il y a un truc à creuser pour plus tard. Bien que tu ne sois pas certaine d'aimer ce que tu découvrirais en fourrant ton nez là où il ne devrait pas être. Sans doute quelques couches d'homophobie qui t'exploseraient en pleine face. Pas sûre que tu sois d'humeur pour ça. “ Vous faites quoi avec Potter ? ” Tu t'attendais pas à celle-là. “ Je le répèterai pas, t'en fais pas. ” Elle te lance une petite grimace qui ne convainc personne. “ Tes oreilles sont trop chastes pour comprendre. ” Tu lui fais un clin d'œil avant de te lever en étirant haut tes bras. La première règle de l'AD c'est de pas parler de l'AD askip. Alors elle va pas aller tout à raconter à une brigadière inquisitoriale en puissance, elle s'est suffisamment livrée pour une nuit. Tu te masses les cuisses avec une élégance absente mais qu'importe, le sol est bien trop inconfortable et le temps trop long. Puis tu t'adosses nonchalamment au mur, le regard vrillé sur tes ongles. “ T'aurais pu être avec nous, tu sais... ” Le visage dégoûté de Lena s'impose à ton esprit. Tu sais pas pourquoi tu lui dis ça. Peut-être parce qu'une partie de toi s'en veut un peu de la savoir autant à l'écart du reste de la promo. C'est plus facile de s'en foutre quand t'es avec les autres et que t'es pas coincée en tête à tête avec elle. Les critiques acerbes de Lena à son sujet te bercent jusqu'à oublier qu'en soit, Siham est un être humain comme tout le monde. C'est tellement plus facile de choisir d'en rire. Et puis Siham étant loin d'être fragile, t'as l'impression que c'est de bonne guerre. N'empêche, le fait qu'elle te pose cette question sur l'AD te fait réaliser à quel point elle est l'une des rares Gryffondors à ne pas y être conviée. Alors tu te dis que peut-être, les choses auraient pu être différentes. Et tu te demandes aussi comment elle a pu se retrouver à Gryffondor, en étant si éloignée de leur dynamique à tous. “ Mais là encore j'imagine que c'est normal de pas vouloir traîner avec des sangs de bourbe, sangs-mêlés et traitres à leur sang dans notre genre. ” Décidément, la pique est pas passée.

Non, manger des escargots, définitivement pas normal même en France. Siham y était déjà allée avec sa famille - à Nice, pendant l'été, pour faire comme les riches anglais de base et on ne les avait pas du tout traités comme des riches anglais de base - et jamais elle n'avait vu escargot au menu. Elle n'était pas du tout convaincue par la comparaison ni par une quelconque phrase à ajouter pour dire qu'elle n'avait pas voulu dire ça mais un peu quand même parce que la société, les parents, les quand tu seras grande, tu te marieras et auras beaucoup d'enfants. Elle préféra fixer la boule de lumière qui éclairait faiblement les lieux et qu'elle regretta d'avoir invoquée quand vint la question fatidique et qu'elle sentit ses joues chauffer. "Bullshit." Evidemment. Siham n'osait même pas se dire la vérité alors à Hunter ? Elle lui en fut d'ailleurs presque reconnaissante de ne pas s'appesantir sur le sujet. D'ailleurs, pourquoi l'avait-elle abordé ? (Pourquoi Wallace lui avait répondu ?) Quelle idée de merde.

Sa question suivante, elle, resta sans réponse. "Tes oreilles sont trop chastes pour comprendre." Un sourcil d'haussé, ça se faisait des tournantes en secret maintenant ? Le clin d'œil lui certifia que non (pourquoi Wallace lui faisait des clins d'œil ?) alors Siham haussa les épaules. "Je m'en fiche de toute façon" marmonné, un peu comme une gamine pas invitée aux anniversaires et qui faisait genre que c'était un choix. Elle se recroquevilla un petit peu plus au point que l'on pourrait traverser le passage sans même avoir à l'enjamber. Ses yeux étaient rivés sur ses baskets neuves, encore à réfléchir à ce que Hunter avait dit. "Au début j'croyais que c'était juste que je voulais être comme elle. Il s'trouve que finalement j'aurais préféré être avec elle." Et elle se revoyait à trouver Bree trop cool, trop belle, trop sympa (beaucoup plus douée pour parler aux gens sans s'en faire des ennemis au bout de deux minutes), à l'envier un peu, à toujours traîner pas trop loin l'air de rien... Merde, elle ne tenait déjà pas la route - on avait dit Al-Massri au rabais - elle ne pouvait pas en plus - "T'aurais pu être avec nous, tu sais..."

Siham releva la tête brusquement vers la blonde dans un rire étranglé entre l'ironique et le nerveux. Comme si eux voulaient qu'elle soit là (à moins que les jumeaux aient besoin d'un cobaye pour leur super nouveau truc à la con). "Mais là encore j'imagine que c'est normal de pas vouloir traîner avec des sangs de bourbe, sangs-mêlés et traitres à leur sang dans notre genre." Le petit rictus hautain revint au galop, de même que le regard noir. "Ce qui est normal, c'est de ne pas avoir envie de traîner avec une bande de crétins comme vous !" siffla Siham qui avait refermé son poing sur le lumos, les laissant dans l'obscurité (elle était trop énervée pour avoir peur des araignées maintenant). "Toute façon, ce n'est qu'une question de temps avant que vous ne vous faisiez tous pincer et ce sera bien fait pour vous" qu'elle siffla. Même pas besoin de les dénoncer d'ailleurs : si les trois quarts du dortoir des filles de septièmes années était déserté, Siham se doutait que ça devait être la même chose pour les autres et les gryffondors n'étaient pas connus pour leur discrétion. Genre Longbottom qui trébuchait sur son ombre, Alvarez qui criait plus qu'elle ne parlait, les Weasley qui devaient avoir un cerveau (d'occasion) pour toute la fratrie... Umbridge et Filch avaient beau être sacrément cons (comme tous les adultes), Siham s'étonnait qu'ils ne les aient pas déjà tous choppés. La tête s'enfonçant encore plus contre ses genoux, elle en revint à son plan initial, jouer les statues jusqu'à ce que l'on entende plus les vociférations des deux vieux coincés de l'autre côté du tableau (ou alors c'était elles qui étaient coincées) et filer dehors dés que la voie serait libre.

Elle a l'air préoccupée, Al-Massri, mais tu le relèves pas tout de suite. T'as la tête encore un peu chamboulée par ton déballage de vie privée et t'as peur de dire un truc de trop sur l'AD. Alors tu fais pas trop gaffe sur le moment, même si une partie de toi enregistre l'information et se demande même ce qu'elle pense. Si c'est à cause de ce que t'as dit. Si elle est dérangée par tes mots. Bref, insécurité quand tu nous tiens.

En revanche, sa réaction est plutôt claire quand tu mentionnes l'idée saugrenue qu'elle ait pu faire un jour partie de votre groupe, au lieu de se la jouer emo solitaire toute sa scolarité. “ Ce qui est normal, c'est de ne pas avoir envie de traîner avec une bande de crétins comme vous ! ” Whoosh. Elle est pas volée celle-là. La surprise devant une telle réplique t'arrache un rire nerveux. Et comme Siham est quelqu'un de très théâtral, la lumière s'éteint aussitôt, avalée par son poing qui se referme avec vigueur. “ Toute façon, ce n'est qu'une question de temps avant que vous ne vous faisiez tous pincer et ce sera bien fait pour vous. ” Tu arques à nouveau tes sourcils, non pas qu'elle puisse vraiment te voir dans l'obscurité nouvelle. Non pas qu'elle t'accorde un regard de toute façon. Tu restes un moment là, sillée par sa colère soudaine, à te demander ce qui a pu la piquer comme ça. S'il s'agit juste d'un sujet sensible, à force de côtoyer tout un groupe qui n'a que faire d'elle. Ou si elle vous déteste pour de vrai. Après quelques secondes de silence, durant lesquelles tu l'imagines aisément se complaire dans ses dernières répliques, tu finis par te décoller du mur. “ Bien fait pour nous ? ” Tu lâches un rictus. “ Parce qu'on ne respecte pas le règlement ou parce qu'on est pas potes avec toi ? ” Tu te balances sur tes pieds, hésitante, puis tu décides de t'asseoir à côté d'elle. A quelques centimètres d'écart, hein, on ira pas jusqu'à se toucher non plus. T'y vas à moitié à tâtons parce qu'il fait nuit et que tu distingues à peine les contours, tes yeux ne s'étant pas encore complètement habitués à l'obscurité.  “ Quand les règles sont débiles, faut être débile pour les suivre. ” Tu fixes tes pieds sans les voir et joues nerveusement avec tes mains avant d'ajouter. “ Ça vaut pour toutes les règles d'ailleurs. ” A savoir détester quelqu'un parce qu'il a des parents moldus, ou- “ J'ai pas relevé mais j'ai bien vu que ça te dérangeait, hein. C'est pour ça que t'as posé la question. ” Tu restes volontairement floue, parce que t'es à nouveau trop mal à l'aise pour employer des mots clairs sur quelque chose qui ne l'est toujours pas pour toi. Au bout de quelques secondes, toujours aussi gênantes, tu conclues, résignée : “ J'me fiche de ce que tu trouves normal ou non. Ou si tu nous prends pour des crétins. Au moins on fait pas semblant en se cachant derrière des bonnes manières, et on vit notre vie. ” Tu dis ça avec une telle ferveur, sans vraiment chercher à la convaincre de ton propos. Plus pour montrer ton soutien infallible aux tiens, à tes amis qui depuis le début t'acceptent et partagent avec toi tant de rires et de moments qui resteront à jamais gravés dans ta mémoire. C'est sans doute parce que t'as tout ça en tête, que tu te radoucis. Tu connais pas Siham, parce que t'as jamais vraiment fait l'effort de lui parler, mais tu te dis que normale ou non, ta vie doit être vachement plus simple que la sienne. Ça t'aide à gommer (un peu) ta frustration à son égard, ton agacement face à son coup de gueule.

"Bien fait pour nous ?" Siham releva la tête, plantant son regard dans celui d'Hunter (ou à peu près parce qu'il faisait noir et qu'elle n'était pas nyctalope) avant d'opiner. Oui, bien fait pour eux, ils n'avaient qu'à pas... "Parce qu'on ne respecte pas le règlement ou parce qu'on est pas potes avec toi ?" Non, non, juste parce que c'était une bande de cons (et peut-être aussi un peu parce qu'elle avait le seum).  Et comme ça chauffait (sa faute), elle se tenait prête à la bagarre (son prof de MMA lui avait dit qu'en espace restreint fallait être premier à taper) au point qu'elle fut toute désarçonnée quand Hunter préféra s'assoir à côté d'elle pour continuer à jacter. Elle se décala un peu pour rétablir la distance de sécurité. "Quand les règles sont débiles, faut être débile pour les suivre." Gnagnagna... La brune se garda bien de dire que celle sur l'interdiction de fonder une secte à la gloire du survivant ne semblait pas totalement à côté de la plaque (ni celle sur l'interdiction de se balader à trois heures du matin juste pour aller voir la neige, hein, un coup à chopper une pneumonie si on y réfléchissait un poil). Cela lui apprenait au moins que Potter et ses minions se réunissaient pas tant pour faire des rituels de magie noire (ce qui aurait été marrant) que pour partir en croisade contre Umbridge (seule à édicter des règles vraiment débiles, à deux doigts de soutenir Potter du coup). "Ça vaut pour toutes les règles d'ailleurs." Siham eut un petit rire étranglé fasse à la remarque visée visant pas si bien que ça, c'était qu'elle ne donnait pas trop dans le respect des règles (ni dans le respect tout court) juste qu'elle était plus maline chanceuse et ne se faisait pas pincer.

"J'ai pas relevé mais j'ai bien vu que ça te dérangeait, hein. C'est pour ça que t'as posé la question." Oh, ça. Les lèvres s'étirèrent en rictus nerveux, plutôt contente qu'Hunter ne puisse pas voir sa gueule à cet instant précis (plutôt contente de passer pour homophobe que pour concernée même). "Tu n'étais pas obligée de me répondre" fit remarquer Siham qui s'était d'ailleurs attendue à un silence pesant plutôt qu'à Hunter lui racontant sa vie (mais elle avait bien aimé qu'Hunter lui raconte sa vie). "J'me fiche de ce que tu trouves normal ou non. Ou si tu nous prends pour des crétins. Au moins on fait pas semblant en se cachant derrière des bonnes manières, et on vit notre vie." Ok {insérer ici le nom du héro de n'importe quel nekketsu}. Siham applaudit trois-quatre fois au ralenti - le petit discours valait au moins ça - avant de se relever, toisant Hunter (pour une fois que c'était elle qui était plus grande). "Si c'est pour entendre des niaiseries pareil, je préfère encore me faire prendre." Et hop ! elle enjamba la blonde pour atteindre la tapisserie et tomber nez-à-nez avec la vieille face d'Umbridge (ou plutôt son oreille vu qu'apparemment elle tentait d'écouter ce qui se disait). Game over.

***

Si à la première heure de colle, elle se l'était jouée au-dessus de la douleur, à la troisième, Siham avait du mal à garder l'air insolent alors qu'Umbridge leur servait son petit rictus satisfait à toutes les sauces. Le petit discours moralisateur sur ton déçu - "dire que je vous voulais dans ma brigade Miss Al-Massri..." - ainsi que l'interrogatoire qui avait suivi - "et donc vous êtes toutes les deux sorties voir la neige à minuit ?" sur ton soupçonneux et ça avait répondu oui-oui - paraissaient de l'histoire ancienne maintenant que les lignes s'enchainaient. D'ailleurs, Siham avait failli avoir à changer le texte pour un "je ne dois pas être insolente" quand, à la fin de la première heure, elle avait griffonné quelques mots en arabe encadrés de symboles ressemblant vaguement à des symboles préislamiques. "Quitte à utiliser du sang pour écrire" avait-elle déclaré à l'inspectrice avec un rictus un rien arrogant, comptant sur la réputation de son père pour faire passer ça pour une malédiction. Cela n'avait pas marché (ou alors pas très longtemps) et Umbridge, furax, n'avait fait qu'ajouter des heures à sa punition. 

A l'instar de tous les devoirs que Siham rendait, la première ligne était écrite soigneusement, lettres bien formées, bien identifiables et plus on descendait sur le parchemin, plus ça ressemblait à des vagues couleur carmin. Elle se disait que c'était tant mieux, comme ça le message au dos de sa main ne serait pas trop-trop lisible mais c'était peine perdue. Les mots étaient gravés dans la peau, écarlates. Je ne dois pas sortir la nuit, ce n'était même pas un peu badass. En plus, les vacances de Noël approchaient et Siham ne savait pas trop-trop comment ses parents allaient prendre sa blessure de guerre. Mal, certainement, au point qu'elle imaginait couvrir son parchemin de ratures le dernier jour pour que cela ressemble juste à une espèce de brûlure (ils ne seraient pas étonnés, elle avait toujours des brûlures). La plume à la main, elle se demandait aussi ce que ça ferait d'appuyer de toute ses forces en écrivant, ou en trouant le parchemin à force de le gratter. Je ne dois pas sortir la nuit. Il fallait qu'elle arrête d'avoir se genre d'interrogations.

Elle avait perdu le compte de ses lignes, elle avait mal à la mâchoire à force de serrer les dents et de faire genre que c'était tranquille comme punition (elle ne voulait pas qu'Umbridge soit encore plus satisfaite qu'elle le semblait déjà ni qu'Hunter ne la prenne pour une chochotte). Elle jeta un coup d'œil à la blonde, se fendit même d'un sourire désolé avant de retourner à son parchemin. Je ne dois pas sortir la nuit. Sa main la démangeait à force de s'ouvrir puis de se refermer de moins en moins bien sous les yeux des chats peints d'Umbridge. Ils étaient particulièrement hideux et Siham soupçonnait que leur présence faisait partie de la séance de torture. Le point final lui arracha un soupir de soulagement et elle ne frissonna pas quand la main de la professeure se referma autour de son bras gauche, approchant la main de ses yeux pour contempler son œuvre avec un sadisme certain. Tête haute, dos droit, rictus insolent. Même pas mal.

Ou peut-être un peu (beaucoup ?) parce qu'une fois seule dans les couloirs non loin de Wallace, elle avait l'air nettement moins jouasse. "Ca se voit beaucoup toi ?" demanda-t-elle d'une voix pas assez assurée pour que la question ne soit que d'ordre esthétique. D'ailleurs, elle était bête sa question et Hunter devait encore plus la détester vu que c'était sa faute si elles étaient collées. "J'aurai du choisir le côté de Filch" souffla-t-elle, faisant sonner sa phrase comme des excuses (elle s'était attendue à des heures de colle réglementaire, pas à ça, elle y aurait réfléchi à deux fois avant d'entrainer Hunter dedans sinon). Son regard croisa celui de la blonde et elle détourna les yeux presque immédiatement, l'air gêné (peut-être qu'elle avait un peu observé Hunter en train d'écrire, peut-être qu'elle commençait à la trouver jolie, peut-être qu'elle n'aurait vraiment pas du s'énerver la dernière fois).