NEW ORDER

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TW/CW LE LONG DE LA FICHE : ASSIMILATION CULTURELLE, GUERRE, MORT, RACISME, TRAUMA, PTSD

nom prénom(s)  » KAYA (rock), robustes et reliable - c'est comme ça qu'on les a toujours décrits. BERXWEDAN (resistance, prononcé comme ceci) un prénom masculin pour l'aînée de la famille. Amertume dans la gorge et dans les veines. Flamme ardente aux colères dévastatrices, terreur des rues. DELAL (sweetheart, beautiful), qu'elle porte si bien - beauté intimidante, et regard noir. Et tout, tout en bas de la liste il y a le MÜJDE (good news) qui a été imposé à ses parents par le gouvernement à son enregistrement, dont elle s'est bien vite débarrassé à son arrivée aux Royaume-Uni. Si c'est un beau prénom, il n'est pour elle que synonyme d'assimilation forcée. surnom(s)  » DELALÊ, en référence à la chanson que sa famille chantonnait régulièrement à chaque fois qu'on voulait l'appeler ; avec le temps, c'est resté - seulement prononcé par la famille et les proches. Elle a du mal à accepter les surnoms, son prénom ayant déjà été écorché à de nombreuses reprises (et continuant de l'être, tous les jours) ; raison pour laquelle elle se présente plus régulièrement comme DELAL. Ça l'irrite, de devoir faciliter la vie aux britanniques que ne semblent pas vouloir faire d'efforts. date de naissance » 21 MARS 1972 à 04h32 du matin précisément, en plein Newrôz, sous la neige qui fond et les premiers bourgeons qui pointent le bout de leur nez ; le printemps qui s'installe. Ça lui fait TRENTE-CINQ ANS - un BÉLIER dans toute sa splendeur. origines & nationalité  » TURQUE sur les papiers - KURDE dans le coeur. Née et élevée à GIRÊ XERZÊ (renommé KARTEPEKENT par le gouvernement), un petit village sorcier kurde alevi situé dans les montagnes de DERSIM, en TURQUIE. Naturalisée BRITANNIQUE depuis quelques années. pureté du sang  » Le SANG MÊLÉ a été révélé par le sortilège Von Baüme, sans grande surprise. Ça n'a commencé à être qu'un problème lorsqu'ils sont arrivés au Royaume-Uni, cela dit. métier/études  » Berxwedan n'est JAMAIS ALLÉE À L'ÉCOLE: tout ce qu'elle connaît, elle l'a appris au village. Que ce soit la magie, la botanique, la lecture, l'écriture .. Elle n'a jamais mis les pieds à Sihirkkale: le village a toujours été hostile envers cette école qui, selon les habitants, n'offre qu'un cursus mensonger. Pratiques de magie volées aux peuples indigènes de la zone, histoire magique et du pays complètement faussées ... Tous les enfants du village ont appris ensemble, s'abreuvant des connaissances de leurs aînés. C'est quand elle est arrivée au Royaume-Uni qu'elle a suivi, entre 1996 et 1999, un cursus pluridisciplinaire de remise à niveau magique: elle y suit des cours d'Histoire de la Magie (Britannique), Potions, Métamorphoses, Sortilèges, Botanique, Défense Contre les Forces du Mal (seulement en première année, puisque Voldemort a pris le pouvoir l'année précédente et cet enseignement a été jugé obsolète). Elle a, par la suite, suivi à ses frais des cours magistraux donnés par des magizoologistes sur les sombrals en même temps qu'elle se lançait dans ses recherches, en mai 2006. Depuis novembre 2006, Berxwedan a obtenu un post au sein du Département des Mystères, après des mois à préparer son dossier: elle a d'abord été apprentie langue-de-plomb, et ce pendant neuf mois. C'est ainsi qu'elle est devenue LANGUE-DE-PLOMB dans la SALLE DE LA MORT. orientation & état civil  » HÉTÉROSEXUELLE et CÉLIBATAIRE, au grand dam de la société sorcière. C'est qu'à la trentaine passée, il serait temps pour une sorcière de son âge de se marier - c'est ce que tout lui monde le dit. Et ça l'énerve, Berxwedan. camp  » Elle ne porte pas le gouvernement dans son coeur, c'est un fait. Nul doute qu'il ne lui faudrait pas grand-chose pour vaciller du côté de l'Ordre - mais faute de contacts (et de temps pour s'investir réellement, soyons honnêtes), elle se positionne comme NEUTRE. Elle est, de toute façon, bien trop impliquée dans ses recherches pour se focaliser sur autre chose. baguette  » Acquise en arrivant au Royaume-Uni, elle est taillée dans du BOIS DE GRENADIER, mesure 23 CENTIMETRES et contient en son coeur un CRIN DE SOMBRAL. Plus ou moins RIGIDE. patronus  » Un KANGAL, comme ceux qui erraient dans le village de son enfance, qui gardaient un oeil sur les moutons. Il aboie fort et montre les crocs, sa queue en point d'interrogation pointée vers le ciel. épouvantard  » De l'EAU à perte de vue, partout où elle regarde: noire, sombre, remplie de mains aux ongles noires qui fourmillent dans ses direction, ne demandant qu'à la noyer. particularité(s)  » OUTRE-TYMBISTE, don qui court dans la famille depuis plusieurs générations ; vient ensuite la MAGIE SANS BAGUETTE puis l'OCCLUMANCIE à laquelle elle a été sensibilisée très jeune.

girê xerzê » (litt. "gir" hill, "xerz" old tree - hill of the old tree) - inspiration
Girê Xerzê a été fondé en 1916, pendant la Première Guerre Mondiale. C'est en hiver qu'un groupe de sorciers kurdes alevis a trouvé refuge dans les montagnes de Dersim, fuyant l'assimilation et les déportations des peuples kurdes, imposés par le gouvernement de l'Empire Ottoman dans une tentative de complètement unifier et turquifier la nation. Le village tirait son nom du vieil olivier qui, jadis, se trouvait en son centre - le coeur de la communauté. Des générations d'enfants s'y sont retrouvés les après-midi pour grimper jusqu'à son sommet; ses longues branches noueuses ont abrité des mariages, des veillées funéraires et des naissances. Pendant les décennies où la communauté s'est cachée dans les montagnes de Dersim, le vieil olivier a été leur pilier.
Il n'était pas rare d'y apercevoir quelques petites créatures magiques natives de la région comme les mêşa demdemî (litt. "jumpy bee"), une variété d'abeille magique de couleur vert dont la piqûre, à défaut d'être particulièrement douloureuse, a pour effet de faire sautiller sur place les être vivants touchés (un effet secondaire qui amusait particulièrement les enfants du village). Le miel qu'elles produisent est de couleur marron et, si son goût est particulièrement fade, il est aujourd'hui encore réputé au sein des communautés rurales pour ses vertus curatives qui aident à accélérer la cicatrisation des blessures ouvertes.

L'endroit n'a pas échappé à l'assimilation - son nom dans une langue qui, à l'époque, était interdite, n'a pas plu et c'est ainsi que Girê Xerzê s'est fait connaître par l'appellation Kartepekent (litt. "kar" snow, "tepe" high, "kent" city) dans les registres du gouvernement sorcier turc. Un nouveau nom peu original que les habitants n'ont jamais accepté - ni employé au sein du groupe. Très secrète et renfermée, la communauté a évolué pendant des années sous la protection rassurante des montagnes et des vallées. Les villageois étant avant tout des fermiers, des agriculteurs, c'est ainsi que Girê Xerzê a survécu - des générations de bergers, travailleurs de la terre, soigneurs, etc. se sont enchaînés.
Les Kaya n'ont pas fait exception à la règle - Berxwedan se souvient encore des journées passées à surveiller leur troupeau avec son père, accompagnés de leur kangal Balkes. Les prédateurs étaient nombreux: des loups, aux créatures magiques que l'on pouvait également croiser dans les montagnes de Dersim. La prudence était de mise: mais il était rare pour les habitants du village d'avoir des problèmes avec la faune environnante. Comme s'ils cohabitaient ensemble, d'un commun accord, sans jamais empiéter sur leurs territoires respectifs: a mutual understanding.

De Girê Xerzê, il ne reste aujourd'hui que des cendres. Le village est attaqué en octobre 1993 par un groupe de sorciers du village voisin - eux-même encouragés par le gouvernement, lancé dans sa campagne de destruction des villages kurdes sorciers comme moldus. L'attaque tombe sans prévenir, violente et fugace - l'endroit est rapidement mis à feu et à sang par les attaquants.
L'olivier a été enflammé jusqu'aux racines par des maléfices, et on ne voit plus de mêşa demdemî dans les environs - l'endroit est devenu une tombe, à l'image même des martyrs qui ont perdu la vie dans les montagnes des années auparavant. Les vallées sont devenues le cercueil des défunts, et l'on raconte que l'esprit des villageois sorciers du village hantent aujourd'hui encore les montagnes - on peut entendre leurs plaintes se répercuter en des centaines d'échos.

haunted » Depuis sa mauvaise expérience lorsqu'elle avait onze ans, où elle a manqué de se noyer dans un lac gelé en plein hiver, Berxwedan est atteinte d'une ablutophobie profonde. Terrifiée par les grandes étendues d'eau et à l'idée de se noyer, rien qu'imaginer l'océan la plonge dans une grande détresse. Parfois, le lac revient dans ses cauchemars: et elle se revoit couler, toujours plus profond, empêtrée dans la laine de ses vêtements et sa propre terreur.
Lorsqu'elle se retrouve face à de l'eau en grandes quantité, Berxwedan est prise par des tremblements violents aussi naturellement qu'elle respire, si bien qu'elle jurerait que ses dents pourraient s'éclater les unes contre les autres: l'air lui manque, et son coeur se met à battre si fort qu'elle a l'impression qu'il pourrait sortir de sa poitrine. Même prendre une douche est un supplice pour elle: sentir l'eau glisser le long de son visage, s'infiltrer dans sa bouche ravive de mauvais souvenirs. C'est la principale raison pour laquelle elle se lave avec un seau d'eau et un bol, assise dans sa baignoire, puisque prendre un bain lui est également impossible.

Berxwedan est également sujette à un syndrome de stress post-traumatique depuis l'attaque qui a réduit son village natif en cendres. Cauchemars, survivor guilt, crises de paniques et hyper vigilance : ces symptômes font partie de son quotidien, bien qu'ils ne soient plus aussi sévères que dans ses premières années au Royaume-Uni. En effet, le suivi psychologique dont elle a bénéficié lui a permis d'améliorer sa condition, mais son passé n'a pas été effacé pour autant. Ses difficultés à s'endormir et insomnies qui sont grandement causées par son outre-tombe sont également aggravées par son syndrome de stress post-traumatique, si bien qu'il lui arrive de prendre des potions de sommeil lorsque cela devient nécéssaire.
Il n'est pas rare que ses réactions soient guidées par une réponse combat-fuite lorsqu'elle est mise dans une situation qui la trigger: bruits assourdissants, flashs de magie échangés, cris d'hommes en grand groupe, feu. L'hypervigilance dont elle fait preuve la cause également à être facilement surprise, ce qui ajoute à sa réponse combat-fuite. De ce fait, lorsqu'elle se sent mise au mur, elle peut tout autant chercher à fuir la situation par n'importe quel moyen que vous sauter à la gorge, complètement guidée par son instinct de survie, et ce peu importe votre identité.

fascination » Berxwedan n'oubliera jamais la première fois que son regard s'est posé sur un sombral. C'est en mai 1994, alors qu'elle participe aux portes ouvertes de Lynches Magical Beasts en Irlande avec sa famille, qu'elle s'arrête devant l'enclos où se trouvent un troupeau de sombrals composé d'adultes et de petits. Le déclic se fait instantanément dans son esprit, et elle ne comprend pas pourquoi seulement sa famille reste à les observer quand les autres visiteurs semblent ne pas leur adresser un regard.
Ce n'est que lorsque l'éleveur leur explique la particularité de ces chevaux ailés qu'elle comprend, Berxwedan. You need to face death, to perceive them. Elle ne sait pas exactement ce qui la pousse à s'identifier autant à eux: peut-être parce qu'ils sont incompris, ou qu'ils sont vus comme des créatures synonymes de mort, de mauvaise nouvelle, et que ce sont exactement les termes auxquels elle a déjà été confrontée dans son enfance, et même ici au Royaume-Uni. Le fait est qu'ils ont une place toute particulière dans son coeur; elle éprouve une certaine tendresse à leur égard.

Ses recherches sont nées de cette fascination qu'elle éprouve à leur égard: depuis mai 2001, son temps et son attention sont portées sur ses questions. Y a-t-il un lien entre la particularité des sombrals et les Gens du Sidh? Si personne ne semble s'être encore penché sur la question dans le milieu des recherches, Berxwedan espère bien trouver des réponses, un jour. C'est ce qui l'a poussée à quitter son emploi précédent à la volière située sur Diagon Alley pour rejoindre le Département des Mystères, dont les moyens plus conséquents pourront lui permettre d'approfondir ses études.
Berxwedan a conscience du manque flagrant d'éthiques du N9, voire même de ses collègues: mais pour obtenir les réponses à ses questions, elle est prête à fermer les yeux. Cependant, ce n'est pas pour autant qu'elle les approuve: bien au contraire, elle prend bien note de tout ce qu'elle entend, de tout ce qu'elle voit. Ces informations pourraient bien s'avérer utile un jour, si un contact avec la résistance se faisait.

en vrac » INTJ - A, THE ARCHITECT (79% introverti, 60% intuitif, 60% pensée, 72% jugement, 57% assuré) + aries sun, pisces rising, gemini moon, taurus venus, aries mercury, taurus mars + un accent qui se ressent dans l'anglais qui, pourtant, apparaît assuré - les r sont roulés, et certains mots sont parfois oubliés + une tendance à combler les trous dans ses phrases par des mots en kurmanji ou en turc, avant de se rappeler que personne ne risque de les comprendre ici + difficultés à saisir l'humour, le second degré, ce genre de choses: soyez patient t promis, elle finira par rigoler + prend tout littéralement, évitez les expressions imagées avec elle + le henné qui recouvre la paume des mains et les doigts, orange sanguin et enflammé - parfois, les avant-bras et les pieds + un nazar boncuk au cou, pour éloigner le mauvais oeil et les malédictions + tendance à se laisser guider par ses émotions : impulsive, imprévisible + plutôt lunatique au point que ça en devient surprenant, parfois: mais c'est pas de sa faute, elle est super sensible à tout ce qui l'entoure, surtout les esprits + le coeur sur la main, le rire sonore et la poigne franche : altruiste, assurée et un peu étrange, aussi + un sleep schedule complètement fucked up: toujours focalisée sur le travail, ses recherches. tout pour éloigner les mauvais rêves, les voix, les prémonitions de mort + semble toujours avoir un pied dans la réalité, un pied ailleurs + des longues cernes sous les yeux, souvent: noires, épaisses, et creuses + on sait jamais réellement ce qu'elle a en tête, avec ce regard noir et cette expression indéchiffrable + signature colors: coffee brown, cinnamon brown, khaki, black + collectionne les esprits comme des cartes pokémons, le dernier en date s'appelle paul job et lui prend littéralement la tête + book smart and street smart + fascinée par les sombrals et possède plein de figurines, sculptures, dessins, livres qui les représentent + joue du saz depuis qu'elle est jeune, c'est un instrument qui la rend très nostalgique et lui rappelle son enfance + ne se considère ni comme un villain, ni comme une possible héroïne: l'objectif de sa vie, c'est l'achèvement de ses recherches + des migraines qui l'assaillent, souvent: c'est pas rare de la voir travailler avec la main sur la tempe, une grimace qui déforme ses traits + la mort ne l'effraie pas le moins du monde, bien au contraire: elle y trouve un certain réconfort + son espace de travail est un bordel organisé: on le lui reproche souvent mais, comme elle sait toujours où est quoi, on la laisse tranquille.

OUTRE-TOMBE:

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février 1916 Création de Girê Xerzê par un groupe de sorciers kurdes alevis fuyant, alors, les déportations kurdes par le gouvernement moldu et sorcier. Le village est construit autour d'un olivier centenaire: la communauté se sent à l'abri au coeur des montagnes, et commence à se sédentariser après plusieurs mois à arpenter le pays. Le village deviendra un village d'agriculteurs et de bergers, avec le temps.

1920s - 1930s Les marchands devaient payer une amende pour chaque mot kurde qu'ils prononçaient. Si les enfants étaient surpris en train de parler kurde à l'école, ils étaient punis.

1937 - 1938 Rebellion de Dersim.

1946 Utiliser la langue kurde, faire vivre la culture kurde, et donner des noms kurdes est complètement banni. Les zones habitées par les communautés kurdes sont sous Loi Martiale jusqu'en 1946.

22 janvier 1948 Naissance de Bijwên Kaya à Girê Xerzê, père de Berxwedan - le gouvernement n'accepte pas son prénom, il est renommé "Binali" sur les registres sorciers.

15 avril 1951 Naissance de Dilara Aslan à Girê Xerzê, mère de Berxwedan - le gouvernement n'accepte pas son prénom, elle est renommée "Özlem" sur les registres sorciers.

mai 1971 Mariage de Dilara ("Özlem") Aslan et Bijwên ("Binali") Kaya, parents de Berxwedan, Azad, Rojan, Dîlan et Xezal. Ils sont jeunes: ils ont vingt et vingt-trois ans.

21 mars 1972 Naissance de Berxwedan à Girê Xerzê - le gouvernement n'accepte pas son prénom, elle est renommée "Müjde" sur les registres sorciers.

05 septembre 1976 Naissance d'Azad, petit frère de Berxwedan, à Girê Xerzê - le gouvernement n'accepte pas son prénom, il est renommé "Mustafa" sur les registres sorciers.

17 juin 1979 Naissance de Rojan et Dîlan, petits frère et soeur de Berxwedan, à Girê Xerzê - le gouvernement n'accepte par leurs prénoms, ils sont renommés "Mehmet" et "Emine" sur les registres sorciers.

1980 Le terme “mountain turk” pour parler des kurdes est officiellement remplacé par “eastern turk”. Cependant, il n’est pas rare que, lors de déplacements en ville ou dans d’autres villages, Berxwedan et sa famille entendent ces deux termes pour les désigner.

12 septembre 1980 Suite au putsch qui a retourné le pays côté moldu comme sorcier, la langue kurde a totalement été bannie et ce dans la sphère privée comme publique. Depuis toujours au sein du village, on continue de parler kurde puisqu'il est isolé et que rares sont les visiteurs extérieurs: mais lorsqu'on se déplace en ville ou dans la capitale, les parents Kaya forcent leurs enfants à parler turc. "Don't speak kurdish outside of the village, understood?"

1983 Jusqu’en 1991: les mots “Kurde”, “Kurdistan” sont bannis par le gouvernement turc. Interdiction de publier, enregistrer des émissions en kurde. Tentative de nier totalement l’existence des kurdes. Le village se renferme un peu plus, et l'on en sort très rarement: c'est que, ça n'est pas forcément sûr pour eux en dehors des montagnes.

16 février 1984 Berxwedan se noie presque dans un lac gelé. Elle voit la silhouette d'une femme, alors qu'on la remonte à la surface: c'est la première fois qu'elle voit un esprit aussi nettement. Son don, qui se manifestait déjà petit à petit, commence à se réveiller pour de bon.

avril 1985 Dilara commence à enseigner l'occlumancie à sa fille, maintenant que son don d'outre-tombe se réveille complètement. Elle entreprend de lui enseigner tout ce qu'elle sait également, pour que sa fille puisse appréhender son don avec le plus de facilités possible: mais c'est compliqué. Et les esprits sont nombreux, dans les montagnes: ils la tiennent éveiller, la supplient de les aider, lui demandent où ils sont. Ça la terrifie, d'abord: puis, avec l'aide de sa mère, elle commence à comprendre.

31 décembre 1988 Naissance de Xezal, petite soeur de Berxwedan, à Girê Xerzê - le gouvernement n'accepte pas son prénom, elle est renommée "Zeynep" sur les registres sorciers.

2 octobre 1993 Girê Xerzê est attaqué en pleine nuit par des sorciers turcs du village voisin: l'attaque a elle-même été encouragée par le gouvernement, alors en pleine phase de délocalisation des populations et villages kurdes. De nombreux villageois (dont certains de leurs cousins) meurent lors de l'attaque: les maisons sont brûlées, et l'olivier au centre du village aussi. Girê Xerzê est mort. La vision est traumatisante, brutale et horrifiante. Leur père, Bijwên, est blessé: alors que leur maison brûle, il se jette à l'intérieur pour en faire sortir Azad qui est coincé sous les décombres. Il en gardera un boitement à vie. Azad, lui, perd l'usage d'un oeil. Dilara, Rojan, Dîlan, Xezal et Berxwedan s'en sortent physiquement indemnes, à part quelques égratignures/bleus et la fumée respirée.

fin octobre 1993 Les Kaya, n'ayant plus aucune possession, suivent pendant un temps les autres villageois. Un campement de fortune est monté dans les vallées, mais ils se rendent bien vite compte que ça ne sera pas vivable, pas avec l'hiver qui arrive. Leurs troupeaux ont été décimés, et ils n'out plus aucune ressource. La communauté commence à s'effriter. Les Kaya tentent de s'accrocher au groupe, qui est tout ce qu'il leur reste: puis ils émigrent au Royaume-Uni pour fuir les oppressions du gouvernement turc sorcier et moldu, suite à la destruction de leur village.

novembre 1993 Lors de leur arrivée au Royaume-Uni, les Kaya sont redirigés vers le Magenmagot qui s'occupe de leur dossier. On leur pose beaucoup de questions, on étudie leurs profils, etc. Ils finissent par obtenir le statut de réfugiés politiques, vers la fin du mois. Ils sont accueillis dans un logement social dans le Londres sorcier et entament alors un long processus de guérison et d'adaptation.

janvier 1994 Alors qu'elle arpente les étalages de Flourish & Botts pour trouver de nouveaux livres à lire et continuer à se familiariser avec la langue anglaise, Berxwedan tombe sur le livre de Jocari et Stevenson, Outre-tombe : les morts nous parlent: il lui permet d'en apprendre plus sur son don et ses origines.

mai 1994 Berxwedan rencontre son premier sombral lorsqu'elle visite une réserve magique: la fascination est immédiate, surtout lorsqu'elle apprend la particularité de cette animal. Immédiatement, elle se demande s'il n'y a pas un lien entre l'outre-tombe et cette créature. Cette rencontre marquera le début de ses questions, qui mèneront plus tard au lancement de ses recherches.

septembre 1996 - juin 1999 Après s'être accordé du temps pour panser ses blessures et rester avec sa famille, sa familiariser avec la langue et le pays, Berxwedan saisi les opportunités qui lui sont offertes au Royaume-Uni: elle se lance dans ses études, pour la première fois. Elle suit un cursus pluridisciplinaire de remise à niveau magique pendant trois ans qui lui offre pas mal de portes. Ça lui permet également de se familiariser avec la magie d'ici.

13 août 1997 Voldemort prend le pouvoir. La famille Kaya n'est, évidemment, pas d'accord avec les nouvelles valeurs qui semblent être prônées: ils ont quitté leur pays oppressif pour se retrouver sous le joug d'un autre. Ils baissent l'échine et tentent de se faire petits. Ils ont trop peur d'être renvoyés en Turquie, s'ils font des vagues.

mars 2000 L'intolérance commence à monter contre les hybrides et né-moldus, et les Kaya sont horrifiés par la tournure que prennent les choses. Ayant eux-même été victimes du même traitement dans leur pays d'origine, ils ne peuvent pas soutenir ces valeurs. Dans l'intimité de leur maison, ils s'insurgent: mais en dehors, ils restent silencieux. Ils n'ont pas le luxe de pouvoir ouvertement s'exprimer.

février 2001 Les Kaya font le test Von Baüme et, sans surprise, apprennent que leur sang est bien mêlé: mais ils le savaient déjà. Cela fait plusieurs générations que leur sang est mêlé, et ça n'a jamais été un problème. Ils ne comprennent pas trop pourquoi mais, ici, ça n'est pas une chose dont on doit être fier: alors, ils continuent de se faire discrets.

mai 2001 Après quelques années à tenter de soigner ses blessures et se concentrer sur ses études, Berxwedan trouve un emploi à la volière sur Diagon Alley: c'est son premier emploi au Royaume-Uni. Ça lui permet d'être active, de mettre son passé derrière elle et de se plonger un peu plus dans la culture britannique: elle apprend de nouvelles choses, de nouvelles expressions aussi. En parallèle, elle entame ses recherches sur les sombrals qu'elle finance avec son salaire: suit des cours/cours magistraux donnés par des magizoologistes sur ces créatures mystérieuses.

septembre 2004 Les expériences faites par le gouvernement sur les hybrides et né-moldus sont dévoilées. La famille est, à nouveau, horrifiée. Quand bien même le gouvernement rapplique avec une propagande, ils n'y croient pas: ils sont bien trop familiers avec les chefs d'État mensongers.

juin 2006 Berxwedan quitte son emploi à la volière pour prendre du temps pour elle, souffler un peu, et parce qu'il ne lui apporte plus autant que ce dont elle a besoin maintenant pour ses recherches. Son attention commence à se porter sur le Département des Mystères. Elle n'en parle pas tout de suite à sa famille car, elle le sait, ses frères et soeurs tenteraient de la dissuader: la famille ne porte pas le N9 dans son coeur.

novembre 2006 Berxwedan envoie sa candidature au Département des Mystères: elle est acceptée en tant qu'apprentie langue-de-plomb après plusieurs entretiens et autres tests pour s'assurer de ses compétences. Sa famille ne la soutient pas dans sa décision, de part l'implication du N9 dans les rumeurs qui courent sur les expériences sur les né-moldus et hybrides. Berxwedan comprend, mais le besoin d'avoir des réponses, et l'appel du Voile sont plus forts que son éthique. Elle quitte le domicile familial et prend un appartement dans le Londres sorcier: suffisamment loin de là où reste sa famille pour pouvoir éviter de les croiser.

août 2007 Après avoir passé neuf mois en tant qu'apprentie à faire ses preuves, et à préparer son dossier d'application pour la Salle de la Mort et la présentation de son projet de recherche sur les sombrals, Berxwedan est officiellement promue Langue-de-Plomb à la Salle de la Mort, sous les directives du Maître-Chercheur (et mangemort) Otto Fitzroy. L'appel du Voile se fait de plus en plus lourde et la curiosité la ronge: il lui tarde de pouvoir le voir de ses propres yeux.

novembre 2007 Les relations de Berxwedan avec sa famille sont toujours tendues. Ses parents prennent de ses nouvelles, mais restent distants. Ses frères et soeurs, eux, lui font bien comprendre qu'ils ne sont pas d'accord. Elle soupçonne certains d'entre eux, notamment Xezal, la cadette, d'être en lien avec l'Ordre: hésite à aborder le sujet. Le dilemme commence à monter: que faire des informations dont elle dispose sur le N9? Quand bien même son arrivée est récente, et la sécurité au sein du Département des Mystères est importante et limite grandement ce qu'elle peut dévoiler, Berxwedan n'a pas de doute que la résistance accepte toutes les informations dont elle peut bénéficier.

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Le souvenir le plus lointain qu'elle a, c'est l'odeur du thé noir mêlée à celle du pain chaud. Ça et les notes fredonnées par les tantes, les cousines, les soeurs, la mère - pendant qu'au loin les oncles, les cousins, les frères, le père éclatent de rire.

Le soleil tape, fort - et les vignes grimpent au mur jusque très haut.
Les raisins, verts, n'attendent que d'être cueillis.

C'est l'été à Dersim. Girê Xerzê s'anime, se colore de vert, de jaune, de rouge - y a des coquelicots un peu partout, les moza demdemî pullulent sur tous les pissenlits.

Balkes surveille paresseusement les moutons et les chèvres: la queue en point d'interrogation se soulève, de temps à autres, quand son attention est piquée.

C'est l'été, et les montagnes sont vertes - pleines de vie. C'est là-bas qu'elle est née, Berxwedan. Au milieu des montagnes et des vignes - entourée de vie, de pierres, et de souvenirs macabres.

C'est là-bas qu'est son coeur, Berxwedan.
Au milieu des montagnes et des vignes.
Caché entre les coquelicots, au milieu des vallées.
Perdu, enseveli, vivant.

Berxwedan, ça a toujours été l'enfant qui faisait murmurer tout le village. Celle qui se mettait dans ses situations impossibles - celle qu'on soupçonnait d'attirer les (mauvais) esprits. C'est que, d'un côté, ils avaient pas torts, les villageois.

Descendante d'une famille aux liens un peu trop serrés à ceux des morts, cousines et oncles qui lisaient un peu trop dans le marc de café au goût des uns et des autres, mère et certaines tantes stranbêjen mirinê, chanteuses de mort, suffisamment pour que ça en fasse frissonner d'autre.
Une aïeule voyante aux prophéties souvent bien trop morbides: le genre de prophéties qu'on se garde de répéter, qu'on murmure dans le secret d'une tasse de thé entre quelques potins.

Et une gamine qui traînait les événements étranges derrière elle, comme une chaîne.

On lui disait toujours de ne pas jouer près du lac, que les mauvais esprits l'y attireraient et la tireraient jusqu'au fond pour la manger. Elle n'y a jamais cru, Berxwedan, et s'approchait toujours plus - jouait avec ses amis, ou seule parfois. S'amusait à faire des ricochets, ou à regarder les animaux s'abreuver - caressait, parfois, candidement les chèvres et les moutons.



Un jour, Berxwedan est morte.
Ou presque.

C'est que, pendant un court instant, le voile séparant vivants et morts s'est levé pour elle - de façon très ténue, mais suffisant pour changer sa vie à jamais.

Elle aurait dû écouter maman, Berxwedan. Faire comme papa lui disait. Regarder de loin, sans s'approcher.

Il faisait froid, ce jour-là.
C'était en hiver.
Elle voulait juste s'approcher des perce-neiges. En ramener une à maman. Lui faire un joli bouquet, parce qu'il n'y a pas beaucoup de fleurs qui poussent en hiver dans les montagnes.

La glace avait l'air solide quand elle avait posé le pied dessus.
Le deuxième aussi.

Pourtant, le craquement lugubre à la surface de l'eau après quelques secondes et la sensation du sol se dérobant sous ses pieds lui arracha un cri - noyé par l'eau glacée, bien assez vite.

Aucune réaction, au premier abord. L'eau gelée la paralyse sur place alors qu'elle se sent couler, encore et encore, de plus en plus profond. Noir, partout - juste la lumière du soleil à travers le trou dans la glace qui l'accompagne, unique témoin de la Mort qui arrive.

Et les mains qui semblent lui appuyer sur le torse, s'accrocher à ses chevilles pour la tirer de plus en plus profond dans l'eau - jusqu'à toucher le fond. Les vêtements de laine qui l'empêtrent, l'empêchent de bouger: la panique qui lui bouffe le ventre, et les mains qui comment à s'agiter faiblement - à tendre les bras vers le rayon de lumière qui traverse l'eau.

Les paroles de maman et de papa qui résonnent dans sa tête, alors qu'elle se sent partir. Ne joue pas près du lac! Ah, elle aurait dû les écouter. Peut-être qu'elle n'en serait pas là, Berxwedan.

Y a quelque chose qui l'attrape par la hanche, alors que les yeux se ferment. Une main? Un bras? C'est bizarre, comme sensation. Le sang tambourine à ses oreilles - le bruit du silence est assourdissant, alors que son corps remonte à la surface par elle ne sait quelle sorcellerie.

Elle se laisse porter, poupée de chiffon molle et désarticulée - n'a même pas la force de prendre une respiration une fois à la surface.
Est-ce qu'elle est morte pour de bon?

Entre les paupières entrouvertes, un visage souriant - une femme aux sourcils très bruns, aux yeux très bleus et aux cheveux recouverts d'un foulard fleuri. Un teint brun, mais pâle à la fois - elle cligne des yeux, et plus rien.

La femme est partie.

C'est un berger qui la trouve, la sort de l'eau, et alerte le reste du village - elle restera clouée au lit pendant des semaines, Berxwedan.

Longtemps après, Berxwedan s'est mise à parler de la femme qu'elle a vue. Celle aux yeux bleus. Enfin, Berxwedan, personne n'a les yeux bleus dans le village, tu le sais bien! qu'on lui dira à plusieurs reprises, lorsqu'elle se plonge dans ses recherches.

Elle s'est mise à voir des choses, voir des gens que personne ne voyait - à part maman et elle. Des silhouettes en train de courir dans les champs. Des silhouettes paniquées, aux pieds sales, et aux vêtements en lambeaux.

Les victimes des massacres qui ont été masqués, des massacres qui ont eu lieu sur ces terres ensanglantées.



Les voix des morts se sont faites plus fortes encore avec les années - leurs visages et silhouettes plus distinctes, aussi. Il faut que tu les écoutes lui dit maman quand Berxwedan se bouche subitement les oreilles au milieu d'un repas ou d'une conversation, ils n'ont que nous pour les entendre.

Alors Berxwedan essaye d'accueillir les plaintes des défunts comme elle le peut. Mais ils sont si nombreux, à courir dans les montagnes.

Il y a des mères, qui lui demandent de retrouver leur enfant. Des soldats qui lui demandent si la guerre est enfin finie et s'ils peuvent rentrer à la maison, maintenant. Des maris qui souhaiteraient retrouver leur moitié pour s'excuser de l'avoir abandonnée. Des martyrs qui pleurent leur sort funeste. Des enfants, comme elle, qui appellent leur mère.

Leurs appels s'emmêlent dans son esprit si bien qu'elle peine, souvent, à trouver le silence. Ça bourdonne partout autour d'elle, et ça la poursuit. Maman lui apprend à fermer son esprit, à bloquer les voix, mais ça n'est pas toujours assez.

Comment tu fais? qu'elle demande à sa mère, plusieurs fois. Tu apprendras à faire avec, répond toujours Dilara, comme si ça réglait le problème.

Mais je n'arrive pas à dormir!




Berxwedan a mis longtemps à comprendre pourquoi papa ne voulait pas qu'elle parle kurde en dehors du village, quand il l'emmenait en ville avec elle.

Ce n'est que lorsque les yeux aussi acérés que des couteaux se sont pointés sur elle le jour où elle a eu le malheur de prononcer un mot dans sa langue maternelle, et que les insultes ont été marmonnées dans les barbes, qu'elle a pris conscience de leur réalité.

Kıro qu'elle a entendu à de nombreuses reprises sur leur passage, avant que son père ne lui bouche les oreilles et qu'ils reprennent leur route. C'était soufflé comme une malédiction, avec une méfiance et un dégoût qui lui donnaient envie de vomir. Mais papa était toujours là pour lui serrer fort la main et lui sourire, comme si tout allait bien.

Bijwên a toujours été fier de sa culture. Mais il aimait sa famille plus que tout: et la garder à l'abri de tout possible danger était sa priorité.

Parle turc! l'a-t-il souvent rabrouée lors de leurs passages dans les villages voisins, ou dans la capitale quand c'était nécessaire.



Souvent, maman chante: quand le froid vient et qu'elle sent la mort tout près. Elle se met à fredonner des chants anciens. Berxwedan les a tellement entendu qu'ils sont marqués dans son esprit en lettres dorées.

Ensemble, mère et fille murmurent, soufflent, chante pour les futurs défunts: accueillent la mort et accompagnent les défunts. Elles fredonnent sous l'olivier du village, vêtues de noir et les cheveux voilés de tissu fleuri.

Berxwedan ressent le même froid que maman.

Il leur tombe dessus, comme un voile glacé - et il leur colle à la peau, hérisse leurs poils. Elle déteste cette sensation. Mais, surtout, elle déteste ce qu'elle fait à maman. Plus les années passent, et moins le froid laisse Dilara indemne.

Berxwedan a peur qu'un jour, il les emporte elles aussi.