tw: langage cru, sang, feels un peu tu connais

"Besoin d'être ressaisie ?" "Merci boss… Comme quoi il suffisait de te gueuler un peu dessus." Sourire sans rancune qui lui monte aux lèvres alors qu’elle tend les bras à @Dean Thomas pour qu’il l’aide à se relever ; Elena rigole même un peu, mais ça ne dure pas parce que -- "Euh… Ma baguette… Mon sac…" Hors de question de garder la baguette de l’autre, mais Dean semble totalement étanche à ses réclamations et, encore trop dans le gaz, elle ne peut que se laisser entraîner au bas de l’escalier, les dents serrées. "On va s'occuper de toi une fois qu'on sera un peu plus à l'abris, okay ?" "Non mais t’inquiètes, c’est la tête ça saigne toujours beaucoup, j’vais bien je –" "Dean, tu prends Elena, tu vas en bas et tu rejoins Kingsley et—"

Elena tourne la tête trop vite, tant en entendant les grincements pas franchement rassurants de tout-le-putain-de-bâtiment qu’en réalisant enfin que @Lee Jordan est derrière eux. "Tu vas bien ?!" Les mots sortent plus abruptement qu’elle ne l’aurait voulu, mais -- Lee, putain, tu viens de lancer un Avada Kedavra sur quelqu’un. "Ça va ?" Elle tend une main dans sa direction, sourde à son tour, regarde sans (vouloir) comprendre les doigts qu’il a refermés sur son poignet tendu. "J'y vais, y'a Ian et George, ça va aller. T'es blessée, retrouve King et on se revoit au manoir. Tranquille." Non non non -- "Non, non, non -- c’est rien c’est la tête ça saigne beaucoup, vraiment Lee je –" Et d'un coup elle prend conscience de son cœur qui bat la chamade, son estomac tout retourné, ses jambes qui flageolent (heureusement que Dean la retient), son cerveau tout juste bon à lui gueuler mais t’es trop conne ma parole, tu t’es vraiment fait ça toute seule et regarde où on en est maintenant ; elle crispe une main par-dessus celle de Lee, veut protester, et surtout ne pas le lâcher (ils n’ont jamais été séparés en mission – ce n’est pas le plan – elle ne peut pas le laisser partir poser une bombe tout seul…)

"… Ok." Elle a la capitulation douloureuse, peut-être encore plus que d’habitude, et les ongles inconsciemment fichés dans sa peau. Parce qu’elle a croisé ses yeux, parce qu’elle sent bien à son contact que lui non plus n’est pas aussi assuré qu’il le prétend, parce qu’elle l’a forcée à faire demi-tour et tuer quelqu’un et merde elle ne peut pas laisser ça se reproduire. "Si tu la lâches, j'te défonce bro. Allez." "T'inquiète, je gère." Et Elena ne peut pas lui rendre son sourire, et se demande même si elle va pouvoir le lâcher, et est ravie d’entendre les autres dire qu’ils gèrent parce qu’elle ne gère pas du tout, elle, qu’elle a la gorge nouée et une vague envie de chialer (mais c’est sûrement le contrecoup de s’être vue mourir, ou l’autre qui dans son cerveau a titillé le bouton qui commande les voies lacrymales, ou...) "Hey !" Incapable de dire quoi que ce soit de plus, mais incapable aussi de le laisser partir comme ça – Lena se détache de Dean, va se réfugier dans les bras de Lee, cinq secondes c’est tout, juste le temps de calmer les tremblements en s’accrochant à sa veste, juste le temps de dire sans le dire désolée merci bonne chance love you, juste ses bras et son odeur, au cas où. Et d’ailleurs c’est elle qui se détache en premier, cette fois, tente un petit sourire. "Déso," (elle frotte maladroitement la tâche rouge que son crâne a laissé sur son haut), "J’ai un super détachant t’inquiètes. Et oublie pas ce qu’on s’est dit tocardo." (Que t’as pas le droit de mourir.)

"Fais chier." Les premiers mots qui lui échappent dès qu’il a tourné les talons sont beaucoup moins sereins. Elle est furieuse, et terrorisée (donc furieuse), et miskin il n’y a que Dean dans le quartier pour en subir les frais. "Bon y a sûrement pas besoin d’avoir fait Sainte-Mangouste pour s’en occuper," (geste agacé vers son crâne toujours sanguinolant), "tu fais quelque chose ou quoi ?! Qu’on y retourne." Elle achève en grognant entre ses dents, s’assoit dramatiquement sur une marche en attendant qu’on lui prodigue les premiers soins. La pâte qu’il lui applique finalement pique un peu, alors elle grogne davantage, surtout quand du bruit à l’étage lui fait brusquement tourner la tête et qu’elle se retrouve avec de l’onguent dans l’œil. "Je suppose que si je te demande de rester ici, tu vas m'envoyer chier ?" Elena fait la moue et secoue vaguement la tête, l’air pas franchement consciente qu’elle complique toujours plus l’étalage. "Lee va me tuer." "Lee –" "… une blessure à la tête comme ça peut être très grave alors promet moi que tu ne vas pas faire de folie ?" Elle hausse un sourcil (difficilement parce que collé par un mélange sympathique de sang et de pommade), a un sourire qu’elle s’étonne de sentir vraiment amusé, lève le petit doigt pour sceller très sérieusement la promesse. "T’inquiètes champion, on ramène tout le monde aujourd’hui." Et elle lui ébouriffe les cheveux en se relevant, et ils sont repartis de plus belle.

"Heeey ça fait un bail !!" Entrée discrète comme promis, assortie d’un Stupefix en direction d’une des pauvres employées venues en renfort (et tant mieux, parce qu’ils sont où les autres méchants ?!). Le sort part à toute berzingue et la heurte de plein fouet ; tellement qu’Elena doit regarder la baguette volée d’un œil vaguement admiratif, finalement plutôt satisfaite de sa nouvelle acquisition. Au même moment, @Seamus Finnigan sort ses plus beaux tours pyrotechniques, envoyant voler quelques silhouettes supplémentaires – elle profite de la confusion pour se glisser derrière @Dean Thomas, nourrissant quand même l’espoir de récupérer son sac et sa baguette (elle est bélier faut lui pardonner). Avisant un sort qui part dans sa direction, elle le bouscule légèrement, lance un nouveau "Stupefix !" qui fait l’effet d’un pétard mouillé (trop trop trop nulle finalement cette baguette), va pour se raccrocher à Dean qui… qui n’est plus là. "DEAN ????? ……. C’EST UNE BLAGUE ?!"

Pas chassés maladroits pour éviter le trou dans lequel il est manifestement tombé – elle heurte alors de plein fouet @Rubén Herrera. "Rubén !!! T’inquiètes c’est rien, c’est la tête ça saigne beaucoup –" Surtout, Elena remarque distinctement le sac qu’il tient, et elle pourrait tout aussi bien lui sauter au cou (heureusement qu’il y a quelqu’un qui écoute ce qu’elle dit ici). "On a pu récupérer des trucs quand même ?!" Elle le pousse ""à l’abri"", commence à tirer trois ou quatre couteaux et au moins tout autant de gadgets d’endroits plus ou improbables, lui fourre dans les bras sans cérémonie. "Dans mon sac, il y a des petites pastilles violettes, si Gin ne se réveille pas –" (Elle la cherche vaguement du regard, balance un sort à l’aveuglette qui fait boum, s’agrippe à Rubén pour éviter les objets que le sort a envoyé voler) "Ecoute, si tu penses que vous devez… pouvez… encore prendre des choses go, sinon – Tout va se casser la gueule, mais on ramène tout le monde ok, alors… jouez pas les héros…" (Regarde Seamus aux prises avec un employé, baisse la voix – p’tain s’il n’y avait pas Seamus et Gin et la mission elle le prendrait sous son bras et ce serait réglé) "Je vais chercher Dean, si je suis pas revenue ou qu’on s’est pas retrouvés d’ici 5 minutes vous avez le feu vert pour le chercher aussi. Ok ?!" Elle lui serre encore un peu le bras, cherche son regard pour hocher la tête avec conviction. "On se revoit toute à l’heure." (C’est comme ça que ça marche les affirmations, on le dit et ça se réalise nan ???) "S’il te plaît."
Et bam, Elena out pour de vrai.              

Spoiler:

Les pensées d'Abbas sont brumeuses et, pour la plupart, inaccessibles alors que ses synapses se remettent difficilement en marche et refont leurs connections dans son cerveau. C'est douloureux comme un bout de Légilimancie qui passe mal et, étourdi, Abbas ne voit ni Travers qui tombe, ni Zabini qui commence sa magie noire - il ne voit que trente-six chandelles, et sent la Marque sur son bras se mettre à brûler comme une lame chauffée à blanc posée sur sa peau. Il prie simplement pour que le Lord ne s'abîme pas trop ce soir, sinon il va de nouveau être de corvée de plateaux repas...

“Hey tocard !” Abbas cligne difficilement des paupières en s'entendant être interpellé, ses yeux sombres parvenant enfin à faire le point sur la silhouette assise à même le sol de l'esprit duquel il vient de s'extirper en y laissant quelques plumes. “Attention à la tête !!!” Quelque chose vole dans sa direction et il a à peine la présence d'esprit de se jeter sur le côté, qu'il se le prend dans l'épaule. La boule cristal explose, enfonçant des morceaux de verre dans son épaule, son cou et sa nuque, et Abbas grogne en en tombant parterre - il n'a jamais été du genre robuste.

Abbas ne passe pas un très bon moment - il pense à vrai dire qu'il va s'évanouir, et est plutôt satisfait de cette porte de sortie ainsi présentée, jusqu'à voir le joli parquet de Blaise Zabini s'écharder de légères fissures. Hmm... ”Shafiq ! On se réveille, ils sont en train de s’enfuir !” Abbas lève des yeux flous vers Zabini et fronce les sourcils. "Je suis pas endor--" commence-t-il en se redressant, s'arrêtant en voyant que sa chemise a été déchirée et que la Marque des Ténèbres, dans le creux de son avant-bras, pulse désagréablement. Ceci explique cela, raisonne-t-il en voyant quelque chose ressemblant à un tentacule d'ombre commencer à se glisser entre les rayures du parquet.

"Zabini, je--" Il relève la tête vers Ezekiel, mais il n'y a plus personne. Abbas reste un instant interdit avant de secouer la tête. Ses tempes lui font un mal de chien, son nez aussi, il a quand même un peu envie de pleurer, mais il parvient à raffermir la prise de ses doigts sur sa baguette en se relevant, sourcils froncés dans une expression vaguement soucieuse. Trois employés apparaissent et disparaissent, des résistants font des allers-retours, Zabini a disparu, Travers est inconscient (?), il est seul et il a envie de rentrer chez lui. Abbas lève sa baguette et murmure en ourdou une formule rapide - tous les papiers de la pièce se mettent aussitôt à voler dans un beau foutoir aveuglant et assourdissant, ressemblant de loin à des oiseaux de proie de toutes les couleurs.

Une autre incantation et le papier se fait acier: une tempête de lames trop rapides pour être esquivées et trop fines pour s'enfoncer profondément. Ça fait un mal de chien, ceci dit. Non pas qu'Abbas pourrait le savoir: quand il s'avance, baguette levée, au milieu de la tempête de papiers, ils l'esquivent sans mal et sans demander son reste, alors que le sol commence déjà à se résorber sous ses pieds, il se jette en direction des escaliers les plus proches et les dévale quatre à quatre à la recherche de la cheminée la plus proche en chouinant sous sa respiration.

Spoiler:

tw:blessure, sang

Dès que la porte se referme dans son dos, un bref soupir file entre les lèvres d’Ezekiel, une expiration un peu trop brusque et nerveuse pour quiconque le connaît. Même les traits de son visage son déformés par une expression qu’on n’y voit que rarement, pour ne pas dire jamais, un mélange de rage, de peur, de douleur. Son premier réflexe est de baisser les yeux vers ses mains ensanglantées ; il n’a pas le temps de s’apitoyer sur les éclaboussures et déchirures sur son costume (tout neuf, évidemment), ni sur la douleur qui vient former un poids dans sa poitrine et rend sa respiration sensiblement plus courte. Les bruits à l’extérieur lui font brièvement tourner la tête - il n’a pas besoin d’être sur place pour comprendre que les hostilités ont repris, et qu’il n’a probablement pas beaucoup de temps.

Il grince des dents lorsqu’il revient à ses mains, et qu’il s’applique sans chaleur ni hésitation à retirer les plus gros bouts de verre qui y sont plantés, juste de quoi se donner une meilleure liberté de mouvement et utiliser sans encombre sa magie. ”Bordel de...” Le dernier bout de verre retombe au sol dans un faible tintement, à peine audible face au brouhaha de son cœur battant jusque dans ses tympans - et accessoirement, celui derrière la porte scellée qui le protège de l’action.

Bon. Il sonde du regard les nombreuses étagères face à lui - un bordel sans nom, si vous voulez son avis. D'un geste de la main, il envoie balader documents et objets inutiles sur le sol, à la recherche de-- bingo. Ses yeux tombent sur une miniature du manoir, assez petite pour tenir au creux de la main, recouverte d'une cloche en verre. Indestructible si on essaye de la fracasser contre un mur, évidemment. Nerveusement, Ezekiel pose ses deux mains sur la cloche, et ses paumes s'illuminent d'une lueur rougeâtre. ”Allez, allez...” Il peut sentir le sortilège ouvrir plus profondément ses plaies, et il se retrouve à grimacer en continuant à appliquer son toucher magique sur l'artefact. Le verre chauffe contre sa peau, et commence à craqueler en de longues fissures sur l'objet. Il a tout juste le temps de retirer ses mains et de se protéger le visage quand la cloche, enfin, cède et se brise.

Il a déjà été plus propre et délicat ; la magie se lève dans une détonation sourde faisant vrombir les murs du manoir déjà en piteux état. Et une hésitation le prend, un instant seulement. Son instinct le presse de fuir cette bâtisse de malheur, de rentrer aux côtés de Celyn, de panser ses plaies, de retrouver le confort de son palace et d’un bain chaud pour pouvoir apaiser ses pensées et réfléchir prestement à la suite ; garder pour lui que le manoir risque de bientôt exploser, soit abandonner derrière lui le reste de l’élite, ses confrères Mangemorts, et accessoirement le Lord. Ce serait après tout une solution arrangeante : il n’aurait que sa version à conter à la presse, celle d’un grand héro qui a tout tenté pour arrêter l’attaque terroriste, et qui s’en est sorti vivant in extremis, pleurant la mort d’un trop grand nombre de sorciers innocents. Ezekiel Zabini, unique survivant d’un attentat meurtrier. Cela pourrait fonctionner.

Et si quelqu’un d’autre est au courant pour la bombe ? Et si Shafiq prévient les autres ? Et si le reste de l’élite se rend tout de même compte qu’il est désormais possible de transplaner et que certains s’en sortent vivant ? Et si le Lord s’en sort vivant et réalise qu’il a pris la fuite sans le prévenir ?

Quelle idée à la con, d’avoir pris la Marque.

”Mesdames et messieurs, navré d’interrompre cette charmante soirée.” Ezekiel s’est saisi de la boule cristal la plus proche, sur l’une des étagères, et l’a connectée rapidement au réseau principal des Battues, diffusant désormais son visage sur tous les miroirs et boules cristal du manoir plutôt que ce qui se déroule sur l’île. Il peut sentir le sol trembler sous ses pieds, menacer de s’écrouler - il n’a pas beaucoup de temps pour passer son message, et accessoirement pour se présenter comme grand sauveur de la soirée. ”Il semblerait que les terroristes soient en possession d’une bombe : le manoir risque d’exploser d’un instant à l’autre”, ajoute-t-il en jetant un coup d’oeil par-dessus son épaule avant de revenir à la boule entre ses doigts ensanglantés. ”En l’absence regrettable de Blaise et Kalen, j’ai levé le sortilège empêchant de transplaner, donc je me permets de chaudement vous recommander d’évacuer les lieux sur-le-champs.” Son sourire est crispé, sans joie, et de manière générale, tout son visage transpire cette profonde irritation (pour ne pas dire un mélange de rage et de panique) ; cela ne l’empêche pas de caler dans son message un petit tacle à l’attention des hôtes de cette soirée, qui semblent d’être volatilisés dans la nature. ”Je répète : évacuez immédiatement le manoir !” Et sur ces dernières paroles, Ezekiel laisse retomber la boule sur le sol, cette dernière s’écrasant lourdement pour exploser en mille morceaux.

”Il est temps de rentrer. J’ai quelqu’un à te présenter.” Son regard se tourne vers Bastet, qui ne l’a pas quitté d’une seconde, perché sur l’une des étagères à le dévisager de son regard perçant. Il n’est pas très bestioles, mais si celle-ci lui a sauvé la mise par deux fois, il y a bien une raison. Ezekiel attrape alors l’animal par le cou, et sans demander son reste, disparaît dans un craquement.

tltr:

tw: langage cru, mention d'idéation de suicide et de drogues, mort

Les énormes yeux brillants et humides des elfes suivent le moindre de leurs mouvements, alors que George s'empare de sa baguette d'un geste rapide, que Ian se passe une main désespérée sur le visage, et que Lee fait passer son sac à dos sous son épaule pour commencer à l'ouvrir. "On fait quoi? - On s'en fout non? - On va pas les laisser là..." Une vague de malaise s'abat brusquement sur le trio, qui échange un regard tendu. "T'as pas une chaussette en trop ou un bail du genre à leur filer, ou j'sais pas? - Mec, j'suis pas Mary Poppins, y'avait à peine assez de place pour la bombe dans le sac..." Terrorism 101, le retour. Lee se mordille la lèvre avant de secouer la tête. "On les emmène avec nous," décide-t-il pour eux trois alors que George et Ian restent pétrifiés. "Ils peuvent transplaner, t'façons, nan? C'était pas ça le délire à Hogwarts?" Sans écouter la réponse des autres, Lee pose un genou à terre et ouvre son sac en grand.

Il entend vaguement quelques échanges entre George, Ian et les elfes, des interrogations anxieuses, des assurances qu'ils peuvent leur préparer de quoi grignoter si ils le désirent ("euh non, ça va, pas trop faim là...") et est-ce qu'ils savent ce qu'il se passe en haut? "Tu peux pas aller voir toi-même?" demande George à l'elfe qui vient de poser la question. "Le maître nous confine ici... - Mais file-lui une chaussette, putain," Lee grommelle en commençant à déballer l'étrange conception d'Elena. Elle lui a appris comment monter et démonter la bombe à n'en plus finir, il pourrait le faire les yeux fermés. "Ian, j'sais pas, donne leur des trucs à porter, et commence à les faire sortir? Putain, ils vont pas exploser avec le reste, merde." La voix de Lee est tendue, et ses deux amis ne font pas de remarque sur ses paroles plus injurieuses que d'habitude, se mettant plutôt en marche. Lee entend George négocier avec des elfes, Ian leur poser des questions, et puis des petits cris reconnaissants de surprise quand il fourre une foutue chaussette entre les mains d'un des elfes. Lee lève les yeux pour voir Ian se faire sauter dessus par un elfe qui semble vouloir essayer de lui embrasser-lécher la joue. Crade.

La bataille fait rage, en haut. Le bâtiment craque, il y a des cris, et une sale odeur que Lee associe à la magie noire: une sorte de souffre fétide et acariâtre. Il espère qu'Elena a trouvé Kingsley... En se remémorant les leçons infinies de sa colocataire, Lee finit de monter la bombe. Avec sa baguette, il active dans l'ordre les runes qui ont été gravées à même la carcasse de métal fabriquée à Little Italy. Il a déjà fait ça plusieurs fois, il se fait confiance. Il ne reste plus que l'interrupteur, et la mèche et-

Où est l'interrupteur?

Lee plonge les mains dans son sac pour le retourner mais il ne trouve que des miettes des cookies qu'il a récupéré d'Alexis avant de partir. L'interrupteur, putain, où est l'interrupteur? Il sent tout son sang quitter son visage quand il réalise qu'il n'est pas dans son sac, et quand il se souvient qu'ils l'ont mis dans celui d'Elena en partant parce qu'il n'y avait plus de place dans le sien. Il n'y a pas d'interrupteur, et aucun moyen de faire exploser la bombe à distance.

Lee a l'impression qu'on vient de lui plonger la tête sous l'eau. Une eau cruelle et gelée, profonde et noire, et sur laquelle il est progressivement en train de s'étouffer.

Il n'y a pas d'interrupteur. Et la bombe doit exploser. Ils ne peuvent pas le faire à distance. Quelqu'un doit le faire manuellement. Il n'y a pas d'interrupteur. Putain, comment a-t-il pu oublier qu'il était dans le sac d'Elena? Ils vont faire comment? Il n'y a pas le choix. Et si la bombe n'explosait pas? Serait-ce si grave? On s'en fout, que Kingsley soit déçu. Mais il y a tous ces Mangemorts, à l'étage. Et--

"Lee?" La main d'Ian s'abat sur son épaule et Lee sursaute en se tournant vers lui. "Ça va? - Ouais, ouais, ça va." Ce réflexe nerveux de dire tout le temps que ça va ne lui a jamais mieux servi que maintenant. "T'as fini? - Yep, manque plus que l'interrupteur et on est bon." Il jette un regard aux cuisines. Il ne reste plus que quelques elfes, dont un qui se triture les mains d'un air nerveux. "Le maître n'aimerait pas ça... - C'est tranquille, hey, c'est quoi ton nom? Moi, c'est Lee. - Flimsy... - Okay, Flimsy, ça va, t'inquiète, le maître il s'en fout, j'crois il est occupé à l'étage..." Il pince des lèvres. "Hey, Ian." Il se tourne vers ce dernier, et le couve d'un regard sérieux. "Tu vas amener le reste des elfes en haut, okay? Ils peuvent transplaner, non? Fous-les dans les pattes de Kingsley ou un truc du genre, comme ça on se tire du manoir et on retrouve Sofia au point de rendez-vous." Ian hoche la tête, et Lee lui sourit.

Est-ce que c'est la dernière fois qu'il voit son ami?

Le coeur de Lee sombre dans sa poitrine, et il serre les dents en maintenant ce sourire qu'on lui connait si bien aux lèvres. Il aimerait hurler, se battre, demander à Ian de ne pas le laisser seul, de ne pas l'abandonner, de l'aider, de l'aimer, de faire quelque chose, n'importe quoi, mais à la place il secoue la tête quand son ami lui demande: "Okay, t'as besoin de combien de temps encore pour installer? - Deux minutes." La gorge de Lee se serre et il se tourne vers l'elfe à l'air nerveux. "Après ça, je vais demander à mon nouveau poto le bro Flimsy un peu d'aide pour vous rejoindre, en deux secondes ce sera réglé." Ian hoche la tête, s'approche des autres elfes restants, et les rassemble en finissant de se déshabiller pour les enjoindre à le suivre dans les escaliers. "Je vais finir à poil avec ces conneries," grommelle-t-il avant de quitter la pièce.

George est déjà à l'étage avec les autres elfes. Lee aimerait qu'il revienne, lui dire quelque chose - désolé, j't'aime bro, me laisse pas seul, désolé, désolé, désolé - mais il croisera sûrement Ian en chemin, comprendra qu'il n'a plus rien à faire en bas, que Lee les rejoindra. Putain, il espère qu'ils vont trouver les autres, Dean, Ginny, Seamus, Elena et le reste de la team, ils ont intérêt à s'en tirer, putain, putain, putain.

Putain, il est seul.

"Il n'y a plus que Flimsy, maintenant..." Les yeux de Lee, rivés sur la bombe inachevée, se posent sur l'elfe qui se triture toujours les mains. "Tout le monde est parti, tout le monde est libre, et il n'y a plus que Flimsy, le maître ne va pas être content... - Non mais j'te dis Flimsy, le maître, il est occupé, hein." Et il n'a plus de frère. Lee jette un coup d'oeil à sa baguette, dans sa main, avant de raffermir l'emprise de ses doigts dessus. "Attends, j'ai un truc pour toi." Il récupère son sac et détache la casquette constamment accrochée à la anse, un vieux cadeau d'Alicia dont il ne s'est jamais séparé après sa supposée trahison. Il la met sur la tête de l'elfe. "Voilà, t'es libre. C'est comme ça que ça marche, non?" La casquette tombe un peu sur les yeux de la créature, et il la redresse avec un air hébété. "Flimsy est... libre?" Lee hausse les épaules et soupire, s'agenouillant pour commencer à triturer la bombe, un peu nerveusement. "Flimsy doit faire quoi maintenant? - Flimsy doit vivre."

Lee aimerait se rouler en boule, devenir un lynx, retourner au Canada, revoir sa mère, embrasser sa soeur, prendre son frère dans ses bras. Il aimerait ne jamais avoir quitté Banff, ne jamais avoir vécu avec son père, n'avoir jamais mis les pieds à Hogwarts - il n'a pas envie de mourir, réalise-t-il soudainement, alors que l'idée lui trotte dans la tête depuis des années, lui soulève le coeur dans des courants intenses et contraires lors de ses périodes les plus noires.

Mais il n'a pas envie de mourir, plus maintenant, jamais en fait, il est sensé retourner à la Fawkes auprès de Minerva, il est sensé apprendre à Cat comment devenir un Animagus, il est sensé dire à Elena qu'ils doivent parler, il est sensé renouer avec Angelina, il est sensé sauver Alicia de la situation dans laquelle elle est, il est sensé réparer George, il est sensé faire de Dean un cinquième cercle, il est sensé tout apprendre à Ian, il est sensé aider Nacho à finir sa poussée de croissance, il est sensé assister Sofia à former Dennis, il est sensé calmer Ginny, il est sensé épauler Seamus, il est sensé dire à Riley combien il est heureux pour elle, il est sensé faire fumer au moins un pète à Luna, il est sensé dire un dernier fuck Kingsley au nez de cet enfoiré, il est sensé finir de tatouer Noam, il est sensé rejoindre Anthony, il est sensé se souvenir de Flora pour toujours - parce que si il meurt, elle aussi quelque part, une deuxième fois.

Il est sensé vivre, putain.

"Va à l'étage et trouve Royal, c'est un grand mec noir mal rasé avec une tête de sale con et tu lui dis..." Lee pince des lèvres. "Putain." Ses mains tremblent alors qu'il les regarde. Elles lui semblent si lointaines et impuissantes, si minuscules et faibles. "...tu lui dis que je le déteste, putain, okay?" Flimsy hoche la tête avec véhémence. Lee ignore si l'elfe exaucera ce dernier voeu, il ignore même si c'est possible, mais une partie de lui est soulagée tout de même. Il espère que cet enfoiré de Kingsley aura au moins le bon goût de se sentir un peu coupable. "Flimsy... part sans Lee? - Ouais j'dois régler un dernier truc..." Les murs tremblent plus que jamais et leurs temps est compté - il faut qu'il se dépèche avant que Ian ou George redescende pour voir ce qu'il se passe et pourquoi il met autant de temps. "D'accord." Et aussi simplement que ça, l'elfe disparaît dans un craquement sinistre.

La bombe vibre magiquement sous ses mains, alors qu'il la dépose au centre de la pièce, puis fait courir une dernière fois ses doigts le long des runes qui brillent légèrement. Elena lui a montré la procédure plusieurs fois, il sait exactement quoi faire et à quoi s'attendre. C'est comme à la DHS, c'est comme pendant les entraînements, c'est comme à Gringotts - sauf que cette fois, il ne va pas revenir.

Il essaye de ne pas penser à la déception de Minerva, à la tristesse de Sofia, au désespoir d'Elena - à la place, il pense à la main de son ancienne professeure sur son épaule, et à la solidité de sa cheffe, et au shampoing de sa colocataire. Il repense à tout ce qu'il a vécu et à tout à quoi il a réchappé, les retenues à n'en plus finir avec les jumeaux et les soirées stupides avec Angelina, Alicia et Katie, les bails de meufs et de mecs, les gossips partagés en scrèd dans le fond de la classe. Y'a les moments d'innnocence et de complicité au sein de l'Ordre, et puis l'amour aussi: les lèvres de Riley partout sur lui, sa patience et sa tendresse, puis celle de Flora, ses sourires et ses mots, sa douleur et sa douceur. Lee a toujours vécu sa vie tranquillement et sans se presser, et maintenant il a plein de regrets. Il a l'impression d'avoir fait beaucoup de choses, d'avoir accompli quelques exploits, et même d'être parvenu à améliorer la vie d'une ou deux personnes - et pourtant, tout de suite, confronté à ce qui va être sa fin, il se dit qu'il aurait fait bien des choses différemment. C'est un peu trop tard, maintenant. Il aurait aimé avoir plus de temps.

Peu importe, au final. Aurait-il refusé de venir à Gracefield si il savait que ça finirait comme ça? Sans le moindre doute. Mais il est là, et ses amis comptent sur lui, et il n'a pas le droit de les décevoir.

Lee murmure une dernière prière sous sa respiration et puis pose le bout de sa baguette sur la bombe, qui explose.

blitz squad

juillet 2007 - manoir de gracefield

S’il était ravi de voir les renforts arriver, cette joie ne dura qu’un instant. En moins de temps qu’il en fallait pour dire Merlin, Dean venait de traverser le sol. Une disparition soudaine, qui dans une autre situation aurait sûrement été hilarante. Malheureusement, peu enclin à rire, Seamus chercha du regard son ami à l’étage inférieur. Elena avait remarqué la chute et s’empressa de donner les ordres pour la suite de la mission. Tout comme lui, la brune ne souhaitait pas perdre de compagnon dans la mêlée et se proposa pour partir à la recherche du champion en tour de passe-passe. Rester seul avec un cracmol et une inconsciente n’était pas le meilleur programme possible, mais par chance, les ennemis commençaient à disparaître.

Seamus commençait à sentir le stress monter en lui, il ne gérait absolument plus rien et avait peur d’échouer à protéger les deux plus en danger. Cependant, l’erreur était impossible, il devait faire ses preuves et ainsi montrer à tous qu'il était bel et bien un membre de l’ordre. L’envie de bien faire le poussa à prendre sur lui, et ainsi mieux gérer la situation. Une fois le dernier assaillant à terre, il se tourna vers ses deux compères, le souffle court. « J’ai quasi rien écouté, mais dans tous les cas, faut qu’on bouge. » Rester isolé n'était pas la meilleure idée du monde, d’autant plus qu’aux dernières nouvelles, une bombe n’allait pas tarder à exploser dans le manoir, du moins, si la mission se déroulait comme prévu.

Sans attendre, il attrapa la rousse dans ses bras, et donna le sac à l’hispanique. « On lui donnera une pilule quand on sera avec les autres. » Se maintenir en mouvement permettait d’éviter une quelconque attaque surprise. Sans attendre de réponse du brun, il s’orienta vers les marchés, direction le rez-de-chaussé. Cela devait bien faire cinq minutes que la brune était partie, il respectait malgré lui les ordres. « Elena ?! » Du coin de l’oeil, il guetta chaque recoin de la pièce, à la recherche de ses alliées. Malheureusement, une voix le coupa dans son enquête, et indiqua à l’ensemble des occupants du manoir qu’une bombe allait exploser et que tout le monde pouvait désormais transplaner. Il suggéra que tout le monde avait dû déjà partir, et qu’ils étaient peut-être les derniers présents dans la pièce. Transplaner avec les deux allait utiliser beaucoup d’énergie et il espérait qu’aucun accident n’allait subvenir pendant le voyage. Puis, des bruits de pas se firent entendre au loin, il s’approcha, baguette en main, afin de vérifier si ce n’était pas un des siens qui risquait sa vie.

Spoiler:

tw: explosion, sang, langage cru, mention de drogues, mort, lowkey dissociation/breakdown, p'tit trauma crânien, giga drama, pp c pour toi

Elena voudrait s’excuser en voyant Susan s’agenouiller à côté d’eux, elle ne voulait pas lui parler comme ça, et elle voudrait s’excuser auprès de Caliban, qui n’a rien fait pour mériter ça mais qui va lui crever entre les doigts à ce rythme, et elle voudrait éviter de beugler sur Michael Corner en lui disant qu’il "FAUT TROUVER DEAN AUSSI !", mais -- "Je prends le relai, va faire ce que tu dois faire." Elle serre encore un peu l’épaule de son si petit informateur, comme si ça allait changer les choses, comme si d’un coup le sang allait arrêter de gicler partout partout partout. "Caliban ? Ce sont mes amies, Susan et Angelina, elles vont prendre soin de toi d’accord ? C’est les meilleures, je te promets." Il y a trop de choses à faire en même temps et Elena peine à penser de manière cohérente, alors elle essaye de se concentrer sur une chose à la fois : déplacer Caliban de ses genoux à ceux de Susan. Relâcher le moins possible la pression sur sa plaie béante. Ne pas faire attention à l’état dans lequel elle est, il est. "Touchez-le le moins possible, et euh –" Elle n’arrive pas à savoir s’il a le petit fidget spinner qu’elle lui a donné pendant leur troisième entrevue, parce qu’elle savait que ça aidait Esteban à se calmer, étant gamin, et qu’elle s’était dit que ça pourrait plaire à Cal, et que… Une chose à la fois. "Il aime bien…. compter des trucs, je crois..? Ça le calme et…" Elle perd du temps, mais en même temps elle n’en perd pas, elle ne peut pas le laisser comme ça, il est sa responsabilité et elle ne lui a rien dit, c’est de sa faute si – La bombe.

Pire que la bombe, le détonateur.
C’est elle qui l’a.
Enfin -- qui l’avait.
C’est pas une pierre qui lui tombe dans l’estomac mais un putain de menhir.
Rubén.

"Le laissez pas… Le laissez pas, ok ?!" Elle a la voix blanche quand elle se relève, et les mains crispées sur ses baguettes qui tremblent quand même comme des feuilles, et le sang qui bat contre les tempes à mille à l’heure. Hochement de tête pour signifier qu’ils se revoient tous toute à l’heure ; ses derniers mots d’encouragement restent coincés dans sa gorge.

Elle a perdu son sac quand ils l’ont attrapée.
Mais Rubén l’avait dans les mains quand elle est remontée.
Elle l’a laissé à Rubén – p’tain, pourquoi elle l’a laissé à Rubén…
Ça ne va peut-être pas si bien que ça, finalement.
Ils n’ont pas le temps pour toutes ces conneries bordel.

Et puis, le reste du Blitz apparaît en haut des escaliers – Seamus et Rubén qui soutiennent Ginny, c’est presque si parfait qu’elle croit d’abord à un mirage, une hallucination de son cerveau un peu trop bringuebalé.  
"RUBEN !!!" Il a toujours son sac au bras – bien sûr – tout va bien. Tout va bien aller. Les autres vont retrouver Dean, et ils vont tous s’en sortir, et ce sera une opération rondement menée, et bientôt ils pourront rire de toute cette merde. Elena se sent sourire, déjà ; elle gravit les dernières marches à la volée, attrape son sac, se sent infiniment plus légère en voyant le précieux sésame tapi tout au fond.
Personne ne va avoir besoin de se faire exploser, tout va bien aller.

Elle repart de plus belle, repasse à fond de train à côté de Caliban, Susan et Angelina, s’efforce de ne pas s’arrêter, de foncer droit vers les cuisines.
Elle va tellement vite, d’ailleurs, qu’elle manque de heurter de plein fouet George et tout un attroupement… d’elfes de maison ?! "Mec ?!" "Elena ? Lee a dit que –" Leurs yeux se croisent ; quelques elfes les dépassent, d’autres restent obstinément plantés derrière George, malgré les habits disparates plantés sur leurs têtes, leurs mains, leurs pieds. "Non mais c’est bon t’inquiètes c’est tout vu avec Kingsley, mais c’est quoi. ce. bordel ?!" Et il commence à la baratiner sur fond d’elfes pâtissiers, de Ian à moitié à poil, de Lee et de Ian et de la bombe… Elena ne comprend rien, elle est sérieusement en train de se demander si tout ça n’est pas un vaste délire collectif parce qu’ils ont juste trop fumé à la Tour et que p’tain pourtant on sait bien qu’il ne faut jamais laisser Nacho rouler, et -- "Hé tu sais quoi frère laisse tomber, on se revoit au Manoir ok ?!" Petite tape sur l’épaule, elle ne lui laisse pas le choix, puis de toute façon il est comme emporté par son carrousel d’elfes.

Elena ne panique pas encore. Ils ont évacué les elfes, ok. Ian et Lee sont en train de poser la bombe. Lee connait le fonctionnement de la bombe sur le bout des doigts, elle s’en est assurée, tout pour qu’il puisse la détonner si jamais quelque chose venait à lui arriver.
En même temps, elle ne lui a pas trop dit qu’elle, elle prévoyait que rien ne lui arrive, et que c’était pour ça aussi qu’elle s’était arrangée pour se retrouver avec le détonateur dans son sac, à défaut de la bombe – elle lui fait confiance, sûrement plus qu’à n’importe qui d’autre ici, ce n’est pas le problème ; mais hors de question qu’il se retrouve tout seul face à cette merde. Together or not at all, elle lui a fait promettre par pinky promise hier, et c’est pas parce qu’ils étaient défoncés que ça ne compte pas. (Sinon, tout le reste ne compte pas, même pas cette nuit ou le petit-déjeuner au soleil de ce matin – et ça, elle ne l’entendra pas).

Lee connait le fonctionnement de la bombe sur le bout des doigts. Il va voir qu’il manque l’interrupteur, il va devoir l’attendre.
Elle ne panique pas, elle se dépêche tout juste.
Et elle croise Ian.      

Elena blêmit d’un coup. Elle n’écoute pas, n’entend pas tout ce qu’il a dire sur Lee a dit que…, marmonne tout juste que mais non mais pas de problème c’est pas son sang, qu’elle a l’aval de Kingsley, des trucs un peu sans queue ni tête parce que les fils commencent à se connecter dans son cerveau.
Et elle l’interrompt d’un coup. "MAIS PUTAIN IAN IL A PAS L’INTERRUPTEUR COMMENT IL VA POUVOIR FAIRE SAUTER LE TRUC A TON AVIS ??????" Elle perçoit vaguement son expression qui se défait, ses mots qui n’en finissent plus et dont elle ne comprend foutrement rien, lui passe à côté comme une flèche et s’en fout bien de le bousculer, s’en fout même complètement de ses "ELENA !" – elle court, et p’tain elle va beaucoup trop vite, et cette foutue cuisine peut pas être si putain de loin, et est-ce que son cœur peut vraiment sortir de sa cage thoracique ou c’est juste une expression à la con –

Elle croise un dernier elfe, qui se sent obligé de lui dire avec vélocité "Flimsy doit vivre !!!", sûrement parce qu’elle le regarde un peu trop, mais elle le regarde un peu trop parce qu’il a la casquette de Lee, et… "LEE !!!" Elle voit la cuisine, comme sur le plan – c’est là d’où réchappe l’elfe, il n’y a aucun doute, Lee est là, p’tain p’tain p’tain, elle va s’étaler à courir comme ça et c’est tout ce qui va se passer. "LEE ATTENDS !! LEE J’SUIS LA P’TAIN – S’IL TE PLAIT J’AI L’INTERRUPTEUR, J’AI –" Elle dérape un grand coup sur le seuil, se rattrape tout juste à un pan de mur, le voit aussitôt.
Tout est bien fait, tout est comme prévu – sauf la baguette de Lee sur la bombe.
Et Elena a l’impression que ça dure mille ans, que le temps est suspendu ou ce genre de conneries ; elle s’entend dire "…. Lee ?", elle croise ses yeux, bordel, ses yeux qui la rassurent tellement habituellement --- et puis, plus rien.



Elle ne sait pas combien de temps s’écoule – sûrement quelques minutes, peut-être même seulement une poignée de secondes, mais ça pourrait tout aussi bien faire une heure. Il y a les yeux de Lee, et puis – et puis plus rien.
Elena tâtonne autour d’elle, une de ses baguettes n’a pas tenu le choc, il faut dire que tout l’univers vient de se casser la gueule ; et elle a mal partout, il y a du sang partout, elle ne sait même plus à qui il est ; et il y a de la poussière partout, y compris pleins ses poumons dès qu’elle essaye d’ouvrir la bouche. "L—" C’est comme si son cerveau avait pris un deuxième coup, elle ne comprend rien, sent à peine les gravats sous ses mains, se dit qu’elle ne devrait pas bouger mais n’arrive pas à le faire.
La bombe a explosé. Ils ont réussi. L’interrupteur… LEE LEE LEE.

Elle ne peut plus distinguer la cuisine, l’endroit où il était il y a trois secondes (trois heures ???), qui se trouvait à dix mètres (cinq-cents ???). Lee Lee Lee. "Lee?" Bouffée de poussière ; elle tousse, crache vaguement rouge, ne s’entend pas le faire, ne s’entend rien faire, il n’y a qu’un sifflement continu, et un nom, et -- "LEE ???" Ça ne sert à rien, il n’y a plus de cuisine, plus de Lee, elle n’est même pas sûre d’être encore sur l’île, même pas sûre d’être encore en vie, ça n’a aucun sens, trois étages viennent de s’effondrer – non ?! "PutAIN mais LEE !" Elle sait qu’il ne faut pas crier, pas bouger, que ça va noyer ses poumons, que s’il reste une foutue colonne debout sur cette foutue île elle pourrait s’effondrer. "T’ES OU TROU DU CUL DE TES MORTS ????" -- elle sait, mais elle ne traite pas l’information, ou s’en fout, ou ne veut pas savoir. Elle hurle, mais ne s’entend pas ; elle se débat, mais ne sent rien, à part le poids sur ses poumons, qui n’a rien à voir avec les décombres, et puis peut-être un nœud dans son estomac, à s’en rendre malade, à se demander comment elle n’est pas encore tombée dans les pommes, ou morte. "JORDAN !" Le cri vrille contre sa gorge, vire à la plainte, le corps résigné avant le reste.

"ACCIO LEE !" Elle s’en fout bien de pouvoir tout faire effondrer, s’en fout même bien de tout ce que ça peut impliquer niveau complication des blessures ; s’en fout de ne pas savoir où viser, s’en fout de risquer de tout faire exploser avec cette baguette de merde. Un tas d’éboulis bouge vaguement, loin loin loin – Elena va se relever, elle va s’y précipiter, elle va l’y trouver, parce qu’il a promis, qu’il était là il y a trois secondes, qu’il n’a pas le droit, it can’t be just me elle lui a bien dit, et ils ont dit qu’ils rangeraient tout le bordel de leur chambre en rentrant et y en a vraiment trop pour une seule personne, et il y a encore son cadeau d’anniversaire qui dort dans l’armoire, il va avoir trente ans p’tain la honte, c’est quand même pas rien trente ans, tu te rends compte tocard, dix-huitième anniversaire ensembles, c’est le seul pour qui elle peut dire ça, même pas pour Javi – puis elle ne peut pas dormir toute seule ce soir, elle ne sait plus dormir toute seule, puis ils sont censés célébrer, ils sont censés tous être assis autour d’une table avec Javi, à rire à gorge déployée de tout ce merdier, à squatter ses genoux parce que de toute manière il n’y a plus personne pour les regarder en coin au Manoir à part peut-être ce tocard de Shacklebolt et c’est bon ils font ça depuis qu’ils sont gamins et…

Elle se retrouve sans s’en rendre compte à quatre pattes, se débat encore un peu pour finir debout en titubant, s’appuie contre un truc qui tombe aussitôt en poussière. "ACCIO LEE BAGUETTE DE MERDE !!" C’est si loin, mais elle peut le faire. Pour Lee, pour ce putain d’imbécile, son rire de ce matin qu’elle n’avait pas entendu depuis trop longtemps, ses bras qui sentent bon la maison.
Elle se retrouve avec une bague entre les mains – celle en forme de lion, elle la reconnaîtrait entre milles parce qu’elle la trouve kitsch à souhait et qu’elle l’adore ; elle la reconnaîtrait entre milles, même sous le sang et sous…
Non non non non.

"LEE !" Cri strident, qui n’en finit plus, même quand des bras finissent par se refermer autour d’elle, que les larmes ces grosses connasses finissent de brouiller sa vue, qu’elle sent ses jambes, ses cordes vocales, ses poumons, la lâcher. "VA T’FAIRE F-- LACHE MOI !!" Peu importe qui la tient, peu importe qui est revenu pour elle (Lee est revenu pour elle, Lee revient toujours) – il prend un Expelliarmus en pleine figure, provoque encore un petit éboulement de pierres – comme si c’était possible.
Ses genoux lâchent, sa respiration lâche ; elle est à nouveau à genoux, agitée de sanglots, ou des deux – elle ne peut pas résister au deuxième assaut, ne peut pas les empêcher de la tirer de là, malgré toutes les protestations du monde, malgré les coups qui pleuvent et menacent de les faire ensevelir à tout instant.

Hey, no – no, I’m serious arsehole. Fuck, there used to be, like, what, seven of us? And yeah I know Angelina and George they’re still around, but – c'mon, cut it. There used to be seven, and now look at us, it’s just us. And it can’t be just me. It can’t be. Fuck off, you’re high too, just bloody pinky promise already –NO I won’t shup up because that does NOT qualify as pinky promise, hEY LET GO OF ME – ok, don’t, but you bloODY PROMISE --

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