La lecture du testament et du mot d’introduction a été interminable. À plusieurs reprises, assise sur l’accoudoir d’un des canapés installés pour l’occasion, dans un bureau dont l’occupante principale n’était pas fichue de lancer un sort d’agrandissement, Myrthild a croisé le regard des quelques personnes qui avaient été conviées à ce déballage d’érudition vaguement ridicule, convives qu’elle avait d’ailleurs salué poliment en les rencontrant à l’extérieur du bureau tandis qu’il fallait attendre pour y pénétrer.

Jarvis était une vieille connaissance qui datait du temps où elle pensait réussir à poursuivre la carrière de runiste qui lui aurait tant plu, juste avant que son père n’en décide autrement. Elle avait gardé contact avec le vieil extravagant, notamment pour des questions en lien avec la gravure des runes et, de ce qu’elle retenait de leurs échanges, le professeur Antlebottom avait toujours été de bon conseil, quoiqu’il eût fallu savoir lire à travers les lignes.
Ce qui étonnait quelque peu l’employée du Magenmagot, c’était de voir quelques visages qui ne lui étaient pas étrangers. Certes, Daisy baignait dans ce milieu et partageait certains traits de caractère avec Jarvis, donc la voir ici ne la surprenait pas tant que ça. De même, ça ne l’étonnait pas d’apprendre que Lofti Hashimi, avec qui elle avait échangé des lettres pendant plusieurs années, sans qu’il sache que c’était elle cela dit, était parmi les récipiendaires du testament de Jarvis. Mais Farrow ? Il faudrait qu’il lui raconte d’où il connaissait le défunt, mais peut-être pas maintenant… De même, la jeunette qui avait le même nom de famille que Lance (une fille cachée ? Ils allaient en avoir, des choses à se raconter, une fois cette histoire réglée), et Azra Shafiq (que Myrthild avait vu à plusieurs réceptions de sang-pur) lui donnaient l’impression de n’avoir rien à faire ici. Comme quoi, on en apprenait tous les jours.

Elle avait écouté la description des artefacts transmis par le professeur et se demandait si la maladie lancinante n’avait pas eu raison de certains neurones entre temps : on aurait pu croire que les objets étaient donnés au hasard, finalement, et elle voyait bien mal ce qu’elle allait pouvoir faire de cette petite boîte qu’il lui avait léguée, quoique les caractères inscrits sur les pièces de la mosaïque soient assez proches de ceux qu’elle avait pu mémoriser pour l’étude des runes. Il faudrait sans doute qu’elle trouve un dictionnaire pour ne pas trop se casser la tête sur les traductions… Peut-être que Daisy pourra la dépanner là-dessus. Mais quand même, cette répartition était étrange et même sa présence ici était on-ne-peut-plus curieuse. Tiens d’ailleurs, s’adressant à Fairchild, elle hasarda : « N’y a-t-il rien d’autre qu’il précise sur ces objets ? J’imagine qu’il n’a pas décidé d’hanter son bureau après son trépas, par hasard ? » Ç’aurait sans doute permis de clarifier bon nombre d’éléments.

Résumé:

Spoiler:

« Merde, merde et re-merde. » jure Morrigan, en sortant à la hâte du petit appartement londonien de sa conquête du soir. La jeune femme attache d'une main ses cheveux en un chignon sommaire tandis qu'elle réajuste ses habits fripés de l'autre avant de transplaner devant l'office de Mme. Fairchild. Elle est en retard, la Farrow. Comme d'habitude, certains diraient. Fort heureusement, alors qu'elle pénètre dans le bureau de la notaire, celle-ci vient à peine de commencer sa lecture. La jeune Farrow adresse quelques excuses à mi-voix avant de venir se placer près de son oncle, derrière un des canapés alors que Mme. Fairchild continue sa - longue - lecture.

Morrigan sent rapidement son esprit divaguer, son regard parcourant le petit bureau tandis qu'elle repense au docteur qui a réuni six sorciers de tous horizons dans ce bureau sinistre. Jarvis Antlebottom. Ce vieux sorcier un peu fantasque venait ainsi de tirer sa révérence. La première fois qu'elle avait rencontré, c'était quelques jours à peine après avoir intégré le Daily Prophet, voilà cinq ans maintenant. Elle était alors une jeune stagiaire et sa supérieure l'avait envoyée interviewer le sorcier ... Une mission assez compliquée, dans le sens ou le vieux sorcier avait toujours refusé d'accorder la moindre interview. Mais qu'importe, sa supérieure voulait son article, et gare à la jeune stagiaire si elle revenait sans. Heureusement pour la Farrow, Antlebottom était comme qui dirait lié aux Black Hands. Et bien qu'à l'époque, elle n'était pas encore membre de l'organisation, la jeune journaliste avait joué de cette relation via son père entre autres. Une relation bien utile, qui permit à Morrigan d'approcher le vieux collectionneur ... et de rendre l'article à une responsable médusée.

Étonnement, Morrigan avait bien accroché avec Antlebottom. Après tout, se retrouver dans ce manoir chargé d'objets en tout genre, il n'en fallait pas plus pour que l'insatiable curieuse ne pose mille questions au propriétaire des lieux. Plusieurs fois, elle était revenue rendre visite au sorcier malade, savourant un thé - certainement aussi âgé que les bibelots présents dans la demeure - en écoutant Jarvis lui raconter les histoires de ses voyages. Malheureusement, alors qu'elle pris enfin sa place chez les Black Hands deux ans plus tard, voilà qu'elle eu beaucoup moins de temps, et que les visites se firent de plus en plus rares.

Quelle ne fut pas sa surprise, de se retrouver sur le testament du vieillard. Ça elle ne s'y attendait guère. Mais qu'importe les interrogations, là voilà ici à attendre son tour dans un bureau déprimant. Intriguée, elle écoute la notaire répartir les objets hérités d'une voix chevronnante. La plupart des objets semblent assez étranges - elle ne peut s'empêcher un rictus amusé devant le chapeau hérité de son oncle - certains semblent dignes d'intérêt. La plume à papote, par exemple, lui serait bien utile ! « Mademoiselle Farrow, Mr. Antlebottom vous lègue cette statuette Shub-Ad d'Ur. » Enfin vient son tour. Et Morrigan fronce les sourcils, observant la statuette élimée posée sur le bureau. Intriguée, la jeune sorcière tend la main, s'apprêtant à saisir l'objet lorsque la voix de son oncle retentisse. « Morrigan, non ! Ne touche pas à ça. » Morrigan est coupée net dans son élan, les doigts à quelques centimètres à peine de l'objet. « Euh, d'accord. » répond-elle en otant sa main, lançant un regard intrigué vers son oncle, presque aussi surprise par le fait qu'il l'appelle par son prénom complet que par le ton de sa voix. « Et pourquoi donc ? Ça mord ? » Demande-elle, autant à Lance qu'à la notaire.

Spoiler:

Si Azra s'attendait à se retrouver dans ce minuscule bureau, entourée de sorciers, pour la moitié inconnus ou presque à ses yeux. Elle avait été plus que surprise de recevoir ce hibou lui demandant de se rendre à une certaine adresse, au sujet d'un certain héritage concernant le Dr. Jarvis Antlebottom. On pourrait se demander comment elle a bien pu rencontrer ce sorcier savant fou. L'histoire remonte à quelques années déjà. Azra était à la recherche d'un objet magique particulier : un retourneur de temps. Evidemment, la sorcière avait eu en tête de remonter le temps pour éviter la mort de feu son mari. On aura compris que cela n'avait pas été concluant. Le docteur n'avait malheureusement pas pu donner réponse positive à sa requête. Pas parce qu'il ne pourrait pas en trouver un, ni même le fabriquer, mais parce qu'il n'était pas recommandé d'utiliser un tel objet dans le but d'empêcher la mort d'un être humain. Son éthique le lui empêchait. Azra lui avait répondu qu'il pouvait se la mettre où elle le pensait son éthique. Rien donc qui ne présageait qu'il mette la sorcière sur son testament. Elle se demandait donc ce qu'il pouvait lui avoir légué.

Assise non loin d'un sorcier puant la cigarette à des kilomètres, elle tente d'écouter les explications, sans suffoquer. L'indienne ne se gêne pas pour passer sa main sur ses narines. Elle n'a pas à attendre longtemps avant qu'on lui attribue un objet. Il s'agit d'une bague magique, dont l'utilité lui échappe. Le docteur avait bien de l'humour pour lui attribuer ce qui s'apparente à une alliance. Azra ne peut s'empêcher de secouer la tête, un rire suspendu à ses lèvres.─ Une bague, sacré humour, marmonne-t-elle dans sa barbe. Elle examine l'objet, ne prêtant que peu d'attention aux autres objets légués. Ce n'est que vers la fin, lorsqu'elle entend Shub-Ad d'Ur, qu'elle relève son visage, subitement bien plus intéressée. Ur, comme la ligue, comme Ambros. Elle voit la gamine intriguée par cet objet, et le fumeur s'interposer devant elle. ─ Si vous n'en voulez pas, j'en ferais bon usage. Elle s'adresse à cette Morrigan, unique gamine dans cette pièce. Elle se demande bien comment elle a connu Antlebottom.

Spoiler:

Spoiler:

Haussant les épaules à la remarque d’Hashimi, elle se retint de grommeler que Jarvis aurait quand même pu être plus clair dans ses remarques à leur égard. Tout le monde ne prenait pas autant de plaisir à résoudre une énigme lorsqu’il était le dindon de la farce lui-même. Un grognement bas de la part de Madame Shafiq confirma que personne ne semblait vraiment satisfait de son héritage. Prenant note des remarques de sa voisine -elle savait bien que Daisy serait d’une grande aide- Myrthild continuait d’ausculter la boîte qu’on lui avait confiée sous toutes les coutures. Problème fondamental : elle ne parlait pas arabe, et n’avait pas non plus appris à l’écrire ou le lire. Si bien que pour le moment, si l’identification par Daisy se confirmait avec l’encre -le henné- qui avait été utilisé pour tracer les différents caractères, Myrthild ne pouvait pas encore déchiffrer tout ça -et elle n’était même pas sûre que c’était de l’arabe, d’ailleurs, peut-être une langue plus ancienne encore… Bon, elle n’eut pas le temps de s’y intéresser davantage parce que Lance découragea brutalement la dénommée Morrigan (et Lancelot, clairement, elle était de sa famille, il n’y avait aucun doute) de saisir l’objet qu’on lui avait légué. Coup d’œil derrière elle, mais elle s’en détourne pour s’intéresser au maillet de Daisy et hocher la tête avec un air appréciatif quoique confus lorsqu’elle révèle une lame dissimulée dans un fourreau.

Il lui faut un ou deux instants pour comprendre ce qu’est la lame que Daisy vient de dévoiler et ses yeux s’écarquillent sous la reconnaissance. C’est qu’elle en a croisées, des légendes d’armes enchantées, pendant qu’elle faisait ses recherches sur les lames renforcées par de la magie, celle-là éveille un sentiment perçant d’envie chez elle alors qu’elle laisse échapper un petit hoquet de stupeur. D’ailleurs, il faudra qu’elle en touche deux mots à Lance, mais elle a enfin réussi à faire quelque chose de pas trop dégueu avec les runes. Elle se fait une note mentale, et revient vers Fairchild, qui a l’air de n’avoir aucune information supplémentaire pour eux, avant de poser le regard sur Hashimi lui-même. Il va falloir ne pas se dévoiler comme sa mystérieuse correspondante, mais elle aimerait bien avoir son avis sur l’arme, et à vrai dire sur le reste des objets passés en leur possession. Elle interrompt aussi toute velléité d’échange en embrassant d’un regard circulaire les occupants de la pièce : « À moins qu’il se soit amusé à jeter un sortilège de confusion sur son propre testament, il semble que ces objets ne doivent nullement changer de possesseur. Est-ce que l’un d’entre vous a une idée du sujet qui l’occupait encore sur son lit de mort ? Daisy, peut-être ? »

Résumé: