Un coup d’œil dans le miroir. Le reflet face à elle n’est pas l’habituel, et pour cause. Cheveux plus raides, d’une nuance ou deux moins sombre, les yeux bleus plutôt que verts. Les ingrédients pour s’amuser à faire du polynectar sont de plus en plus rares sur le marché (noir, bien sûr) et Myrthild a préféré se contenter de faire confiance à son propre don. Après tout, tant qu’à être métamorphomage, autant profiter de son don. Et puis, ça fait longtemps qu’elle n’a pas fait le coup au principal intéressé alors il se peut qu’il ait presque oublié les capacités spécifiques de Madame Travers. Basculant la tête en arrière, elle trouve son cou trop fin vis-à-vis de celui de sa cible, et elle se concentre pour arrondir encore son menton, naturellement plus pointu.

On ne pourra pas dire qu’elle ne se sera pas appliquée.

Et, puisqu’elle a appris de ses erreurs précédentes, depuis le temps, sa baguette ne sortira pas de son étui, histoire de ne pas être bêtement trahie par un objet aussi personnel que celui-ci. Quelques vérifications encore de profil de face, de trois-quarts, elle affine son fessier pour qu’il soit moins large que ce qu’elle avait prévu - probablement que la donzelle n’a jamais enfanté- et observe sa poitrine en contreplongée. Elle n’est pas sure pour la taille des seins, mais se dit que ça devrait faire l’affaire. Elle n’est même pas certaine que l’intuition qui s’est fait jour à son esprit risque de se vérifier, ou plutôt elle ne s’attend pas franchement à ce que la taille de ses seins la trahisse.

On verra bien, de toute façon. Il manque un grain de beauté dans le cou, tiens, d’ailleurs. Elle corrige cet oubli et se félicite d’avoir un sens de l’observation pointu, sans cela cette tentative de soutirer des informations à son frère serait sans doute vouée à l’échec.

Le changement de tenue prend bien moins de temps qu’il ne lui en a fallu pour changer d’apparence. Une chance que les quelques runes tracées à la craie sur le loquet aient empêché quiconque d’entrer dans les toilettes du cinquième niveau, même avec un alohomora.

Se passant une main dans les cheveux, Myrthild hésite puis se les noue en queue de cheval haute, avant de quitter les lieux pour prendre un ascenseur du Ministère et remonter au deuxième étage, d’où elle était partie plus tôt sans vraiment annoncer d’heure de retour, ni prétexter quoi que ce soit, puisqu’il valait mieux qu’on la pense à l’étage ou sur le point de revenir, pour que la mascarade fonctionne.
C’est ainsi qu’elle s’approche tranquillement du secteur de la Brigade de Police Magique, moins altière et hautaine dans sa démarche qu’elle ne le serait au naturel. La secrétaire l’accueille d’un « Bonjour Miss Abbott. », auquel elle répond de façon affable, et là encore bien plus polie que Myrthild Travers n’aurait pu le faire. Le temps de demander si « Monsieur Travers » est là, elle est introduite dans le bureau par la secrétaire quelques instants plus tard, avant que la porte ne se referme derrière elle. Il va falloir qu’elle se retienne de se passer la main dans les cheveux, parce que Marlon risque de repérer la supercherie immédiatement. Ne pas se trahir, et chercher à comprendre.

En guise de salutations, un début de prise de congé : « Je te dérange, on dirait. Tu préfères que je repasse plus tard ? », propose-t-elle d’une voix calquée sur celle de Freya, n’ayant aucune idée de comment a pu se terminer leur précédente entrevue.

Ta dernière entrevue avec Freya Abbott ne s'était pas terminée de la meilleure des façons. C'était le moins que l'on puisse dire. L'harmonie qui avait régné entre vous avant que tu ne l'abandonnes à son triste sort, s'était subitement évaporée dès l'instant où tu avais ouvert la bouche. C'était un peu l'histoire de ta vie, d'une manière ou d'une autre, tu parvenais toujours à tout gâcher. Même ce qu'il y avait de plus précieux à tes yeux. Et il semblerait que ce soit une caractéristique que tu partages avec ta chère soeur, bien que tu l'ignores encore. Cloitré dans ton bureau, à la manière d'un monstre tapi dans son antre attendant que son heure ne sonne, tu rumines ta colère dans la plus grande des solitudes. Tu te sens comme prisonnier de ces quatre murs emplis de souvenirs des différentes courbes féminines qui ont su au fil des ans égayer un peu les lieux. Une tempête s'élève de l'autre côté de la porte de ton bureau, mais tu ne la sens pas arriver dans ta direction. D'un air maussade, tu épluches une nouvelle fois le dossier de l'enquête sur l'attaque du logement de Dolores Umbridge. Dans ton for intérieur, tu espères sincèrement ne trouver aucun indice quant à l'identité des coupables. Ce serait certainement très dangereux pour ta carrière de clore l'enquête sans avoir pu la résoudre, mais la perspective d'assouvir une sorte de vengeance personnelle -aussi infime et innocente soit elle par rapport aux horreurs que tu avais subies par sa faute- te procurait une joie indécente. Tu te surprends à sourire naivement avant d'entendre la voix geignarde de ta secrétaire résonner dans le couloir. Parfois, tu regrettes l'époque où c'était la petite Lupa qui t'accueillait chaleureusement lorsque tu faisais ton entrée. Bien vite, les souvenirs de ta sulfureuse assistante se dissipent et laissent la place à Freya Abbott. Impossible de masquer ta surprise de la voir ici, de la voir faire le premier pas alors que tu étais clairement le fautif de l'histoire. Tu hausses les sourcils, l'air intrigué, avant de mettre sa présence sur le compte de ton irresistibilité. L'égo regonflé, tu l'observes s'avancer vers toi, sans même te douter une seule seconde de la supercherie qui se déroule juste sous ton nez. Néanmoins, tu n'es pas d'humeur à lui faciliter la tâche, tu n'as pas oublié son refus d'officialiser votre relation après quatre longues années de clandestinité. Si tu avais su que cela te conduirait dans une telle impasse, tu ne te serais pas donné autant de mal à rester fidèle en toutes circonstances. Reposant les yeux sur ton dossier, tu te décides à lui répondre avec une nonchalence déconcertante. "Maintenant que tu es là, je suppose que je peux bien t'accorder quelques minutes." D'un geste de la main, tu l'invites à s'asseoir sur le fauteuil face à toi, et dans un élan de courtoisie, tu fais apparaitre une tasse en porcelaine que tu remplis de ce café imbuvable dont ton assistante est toujours si fière. "Je dois avouer que je ne m'attendais pas à te voir ici. J'imagine qu'il doit y avoir un sérieux problème au niveau neuf, pour que tu t'imposes ce déplacement." Oui, tu brûlais d'impatience de l'entendre te faire ses excuses. Et tu allais tomber de si haut lorsque tu comprendrais quel petit jeu mesquin se jouait là.

Spoiler:

Troll! Si Marlon tombe potentiellement dans le panneau, il ne laisse rien paraître et Myrthild se retrouve fort marrie de n’avoir rien à se mettre sous la dent. Il va falloir réfléchir vite et réagir dans un temps raisonnable pour qu’il ne sente pas qu’il y a strangulot sous roche. C’est un problème mais Myrthild a toujours su rebondir -ou presque, et la voilà qui se tient les mains dans son dos et commence à faire quelques pas vers le maître des lieux jusqu’à ce que son ton de voix l’informe, ton de voix certes relativement égal, mais plus aisément déchiffrable pour quelqu’un qui a passé son enfance à essayer de déceler une once de chaleur dans les propos de son frère. Il y a un loup, songe-t-elle. Un loup énorme et un non-dit quant à la discussion précédente.
Logiquement, elle parie que leur dernière entrevue s’est mal passée. Sans mot dire, la pseudo-Freya daigne prendre place dans le fauteuil désigné mais ne touche pas à la tasse de café fumant qu’il lui sert. Si c’est le breuvage infect concocté piètrement par sa secrétaire, mieux vaut éviter : un jour, il y a de grandes chances pour que cette teigne cherche à l’empoisonner par ce biais... Tout en s’installant, Myrthild prend soin d’imiter les gestes qu’elle a pu observer chez Freya Abbott, pour ne surtout pas se trahir, et se penche légèrement vers Marlon qui ne se doute pas du vilain tour qu’on ose lui jouer. « Tu trouveras bien une raison officielle à ma présence ici, si on t’interroge, non ? », affirme-t-elle sans sourire, avant de reprendre : « Pas d’urgence au 9e. Je suis simplement venue pour te laisser une chance de t’excuser. » Le sous-entendu évident étant qu’il n’aurait jamais fait le premier pas.
Culotté, ce pari, et dans un sens absurde de s’imaginer que Môssieur Marlon Travers peut présenter des excuses à tout va, à une femme qui... Elle ne sait toujours pas, tiens, Myrth, ce qu’est cette femme aux yeux de son frère. Néanmoins, si leur dernière entrevue s’est mal passée comme elle le ressent, et que Marlon ne l’a pas jetée dehors en la voyant entrer, c’est qu’il doit y avoir un lien puissant entre lui et l’employée du Département des Mystères. Alors autant y aller fort et avec aussi peu de raison qu’il n’en faudrait. La chance sourit aux audacieux, se souvient-elle avoir lu un jour (sans doute dans un ouvrage écrit par un imbécile de Gryffindor)..

Spoiler:

Bien loin de te douter de ce qui est en train de se tramer, tu demeures cependant sur tes gardes.  Au vu de de la situation actuelle de votre relation, tu juges plus sage de laisser tes habituels discours passifs agressifs de côté. Remarquant que Freya refuse le café que tu lui offres, tu réalises avec un effroi certain que ton instinct s'était fourvoyé. Ta charmante interlocutrice ne semble pas être venue jusqu'ici pour te présenter ses excuses. Lorsqu'elle reprend la parole, un sourire vient étirer le coin de tes lèvres et ta voix se fait instantanément plus douce alors que tu lui réponds sans équivoque. « Je devrais bien pouvoir trouver quelque chose à dire, oui. Mais je ne pourrai empêcher les rumeurs de se propager. Tes dernières visites se sont quelque peu… éternisé. » Tu as beau avoir un niveau d'estime quasiment inexistant à l'égard de ta secrétaire, tu supposes pourtant qu'elle est parvenue à comprendre quels sont tes liens avec Freya.
Difficile de définir la nature du rire que tu laisses échapper lorsqu'elle t'assène sa prochaine réplique. A la croisée des chemins entre la stupéfaction, l'amusement et l'agacement, tu ne sais trop sur quel pied danser. Tu as la sensation d'être mis devant le fait accompli. Et tu n'aimes pas cela. Signe chronique du malaise évident que tu ressens, tu te passes une main dans les cheveux. Ton visage se referme soudainement, alors que tu reportes ton regard sur Freya. Un long soupir s'élève du creux de tes entrailles et tu finis par te lever. Quelques enjambées suffisent à réduire considérablement la distance qui te sépare de Freya. La surplombant de toute ta hauteur, tu savoures cet instant que tu sais d'ors et déjà de courte durée. Ton amante est bien trop orgueilleuse pour te laisser avoir le dessus plus de cinq minutes. « C'est aimable de ta part de me donner cette occasion. » Le ton de ta voix se raffermit, et laisse entendre que tu n'es pas prêt à céder du terrain. Un pas de plus dans sa direction, tu viens te placer derrière elle. « Si tu as changé d'avis quant à ma proposition, je pourrais songer à m'excuser. Sinon, on peut toujours rentabiliser ton temps de trajet jusqu'ici, avant que tu ne retournes à tes caprices. » Alors que ton poignet droit vient s'appuyer sur le dossier de sa chaise, ta main gauche se met à caresser l'épaule de Freya, avant de redescendre lentement vers son décolleté.

Spoiler:

Voir Marlon se passer la main dans les cheveux la crispe légèrement : c’est qu’elle connaît ce geste qui trahit l’ensemble des Travers et elle comprend bien que la tournure des événements, si elle semblait l’amuser et l’agacer aussi, le gêne finalement. Aurait-elle aussi bien visé que cela ? En même temps, la position défensive qu’avait adopté Freya lorsque Myrthild avait commencé à l’interroger sur son frangin indiquait bien qu’il y avait une sorte de secret, ou en tout cas l’once d’un mystère. À entendre soupirer son frère, Myrthild ne savait plus trop à quoi s’attendre et redoutait qu’il y ait un lien plus avancé que ce qu’elle avait d’abord soupçonné (une attirance peut-être dont elle ne s’était pas vraiment attachée à déterminer la traduction physique).
Un instant, un seul, Myrthild s’interroge quant à ce qui pourra sortir de cette rouerie à laquelle elle se prête actuellement. Une petite voix semble murmurer « rien de bon » mais elle préfère ne pas se concentrer dessus. A la place, elle penche la tête en arrière pour dévisager Marlon qui louvoie jusqu’à la toiser de toute sa hauteur. Le moment est de courte durée car lorsqu’il passe derrière son fauteuil, elle pose de nouveau son regard sur le bureau abandonné par le Chef de la Brigade Magique et se concentre sur la voix du frère tout en lui dissimulant un rictus amusé qu’il vaudrait mieux qu’il ne repère pas.
Rêve-t-elle ou bien Marlon minaude à son tour, avec beaucoup moins, certes, de pinaillerie qu’elle ne peut en avoir, toujours sérieusement ancrée dans son rôle de composition. C’est une bonne chose qu’il ne puisse voir son visage, car elle ne peut retenir un sourcil qui s’arque à la mention de sa proposition. Piquée par la curiosité, elle voudrait bien en savoir davantage mais la main du Travers sur son épaule, qui glisse lentement mais sûrement vers son décolleté bien fourni traduit une tout autre pente glissante qui pourrait être fort gênante. Les paroles prononcées dans ce huis clos n’ont en tout cas aucune ambiguïté et Myrthild s’en trouve presque surprise de découvrir son frère dans une intimité qu’elle n’avait chercher à imaginer (oh bien sûr, elle sait comment les enfants, même de sang mêlés, sont faits, mais baste!).
Maintenant encore son apparence et restant dans son rôle choisi, la voilà qui prend délicatement mais fermement ladite main entreprenante de son frère et, tout en la tenant, tourne sur elle-même pour se relever et lui faire face, le fauteuil comme unique rempart insoupçonné entre eux. Il croira sans doute à un jeu de la part de celle que Myrthild a désormais identifiée comme son amante. Les doigts liés, la metamorphomage plante ses yeux dans ceux de son frangin, et c’est toujours le visage de Freya Abbott qui répond en ces termes : «Rappelez-moi déjà, Monsieur Travers, les termes exacts de cette proposition ? », elle dit ça doucement, l’ombre d’un tendre sourire au coin des lèvres, comme si oui, elle y avait repensé, avant de revenir à la charge : « Quoique non, d’abord : tu ne t’es pas encore excusé. Quelle femme serais-je si j’oubliais mes exigences au moindre effleurement ? »

Spoiler:

Tu as beau être un redoutable mangemort de la première heure, mais il n’en demeure, que face à de sulfureuses courbes féminines, tu finis toujours par capituler. Le refus évident de Freya d’officialiser votre relation, t’avait blessé plus profondément que tu ne serais prêt à l’avouer. Et pourtant, à la voir ainsi devant toi, aussi fière et sûre d’elle qu’elle pouvait l’être, tu n’aspires plus qu’à succomber une nouvelle fois au plaisir de la chair. Ta main s’aventure alors en un terrain que tu estimes conquis, jusqu’à ce que Freya te prouve brusquement le contraire. Emprisonnant tes doigts au creux de sa paume, la voilà qui se relève et vient te défier du regard. Tu reconnais bien là l’habituelle volonté de domination de ton amante, et si tu meurs d’envie de céder immédiatement à son petit jeu, le sens de ses paroles te pousse d’abord à la réflexion. Conservant sa main dans la tienne, tu soutiens son regard et tentes d’y déceler une réponse sincère à tes espoirs désespérés de la faire officiellement tienne. Peur d’être rejeté, abandonné, trahi une nouvelle fois, tu avances précautionneusement sur ce terrain-là. Mais ta possessivité maladive semble t’ordonner de réitérer ta question, afin qu’elle accepte enfin de t’appartenir aux yeux de tous. A chaque fois qu’elle reprend la parole, Freya repousse les limites encore un peu plus loin, te poussant jusque dans tes derniers retranchements. Elle peut se montrer si habile lorsqu’il est question de jouer avec tes nerfs. Le visage fermé, tu ne la quittes pas un instant du regard. Mais plus tu attends avant de lui répondre, plus tu réalises que tes options sont bien maigres. Si tu veux parvenir à tes fins, il n’y a qu’une seule chose à faire. Sortant ta baguette magique de la poche intérieure de ta veste, tu la pointes entre vous, sans rien dire. Tu marques une courte pause, comme pour entretenir ce suspense malsain, qui avait toujours su te galvaniser avant le pire de tes actes. Puis, d’un vif mouvement du poignet, tu envoies le fauteuil valser à l’autre extrémité de la pièce. Tu ranges alors vivement ta baguette et viens franchir les derniers centimètres qui te séparaient de Freya Abbott. L’attrapant par la taille, tu l’attires vers toi. Ta respiration s’accélère alors inévitablement. « Je suis désolé. » Voilà c’est dit. C’était plus rapide que tu ne te l’étais imaginé, et pourtant tu ne peux t’empêcher de te sentir honteux. Alors tu viens enfouir ton visage dans le creux de son cou et y déposes quelques baisers. Tes lèvres remontent lentement et viennent se positionner près de son oreille. « Je veux que tout le monde sache que nous sommes ensemble. » Tu réitères ton souhait le plus cher, sans te douter une seule seconde que tes espoirs allaient être violemment anéantis lorsque la vérité éclaterait.

Spoiler:

Myrthild n’a jamais été extrêmement proche de Marlon, autant psychologiquement que physiquement, ceci n’est pas nouveau. Quelques contacts ponctuels, mais jamais elle n’a vraiment imaginé Marlon sur un plan charnel. Certes, certes, son frère a eu des enfants, il a donc dû faire des choses avec son ancienne femme -qu’elle pourrisse six pieds sous terre, si elle en croit ce qu’il lui a raconté. Il a probablement fait des choses aussi avec ses amantes passagères, mais aurait-elle mis sa main à couper que Freya Abbott en faisait partie ? Peut-être pas.
Toujours est-il que sous l’apparence de la pulpeuse brune du Département des Mystères, Myrthild se demande soudainement ce qu’elle va bien pouvoir trouver comme porte de sortie qui ne serait pas complètement hors-personnage. Le fauteuil entre eux valdingue à l’autre bout de la pièce et Myrthild sent les remparts érigés subtilement s’effriter progressivement. Ça sent le sapin, cette histoire. Elle n’a pas eu un seul mouvement de recul quand il a sorti sa baguette : s’il n’a pas tué sa femme de sang froid, il n’y a aucune raison qu’il abatte une femme qui semble avoir un certain ascendant sur lui, encore moins dans son propre bureau.

Le problème, c’est qu’en deux enjambées, le voilà contre celle qu’il croit être son ancienne collègue du Département des Mystères, l’enserrant par la taille et la pressant contre lui tout en présentant ses excuses. Un rien étonnée, Myrthild n’en maintient pas moins son apparence de Miss Abbott, bien entraînée depuis des décennies pour son propre intérêt. Elle parvient encore à être ancrée dans les traits de Freya lorsque Marlon enfouit son visage dans le creux de son cou, la faisant frissonner, moins de plaisir mais de gêne. Elle est nerveuse, Myrthild, nerveuse parce qu’elle comprend ce qui unit son frère à cette femme qu’elle a cru bon d’incarner le temps d’une entrevue, nerveuse aussi parce que si la supercherie est dévoilée, elle redoute que Marlon la déteste pour de bon. Il va falloir qu’elle foute le camp, vraiment.

Et il assène le coup de grâce, à lui balancer la bombe qu’il vaudrait mieux que Miss Abbott -la vraie- entende pour de bon.
Il va la tuer s’il comprend que c’est elle.
Son but n’était pas de l’humilier, loin de là. Elle voulait surtout davantage le comprendre, et elle considérait qu’il n’aurait jamais consenti à lui dire la vérité si elle la lui avait demandée en face. Comme d’habitude, les Travers étaient des champions pour détruire les relations à peu près saines qu’ils avaient su péniblement tisser.

Elle déglutit tandis qu’il est toujours contre elle. Il prendra ça pour une émotion, n’importe laquelle. Réfléchir, vite, trouver une bonne solution, qui serait propre à Miss Abbott. Elle l’a assez étudiée pour savoir comment elle réagirait, non ? Quand elle se sent cernée, poussée dans ses derniers retranchements, elle attaque. Elle renvoie la balle et pose de nouvelles questions. « J’accepte tes excuses... », et de passer sa main dans la chevelure de Marlon, pour le forcer à rester contre elle et éviter de lui montrer son visage qui pourrait trahir une émotion autre que celle logique dans cette situation, « Mais quand tu dis « tout le monde », tu veux dire ta famille, le Ministère, tout Londres sorcier ? »

Spoiler:

Emporté dans le flot de ses pulsions, l'homme ne réfléchit que trop peu. Il ne détecte aucun des signaux d'alarme qui devraient normalement s'activer lorsqu'il s'engouffre dans le pire des pièges. Qui aurait-cru que le chef de la brigade de police magique se laisserait avoir si aisément ? Qui aurait cru que tu laisserais ta propre soeur se jouer de toi. Après tout ce que tu savais sur elle, après tous les vilains petits tours qu'elle t'avait joués durant votre enfance. Tu aurais dû savoir que Myrthild était capable du pire. Et pourtant, voilà qui est déjà trop tard, voilà que tu lui as révélé un énième de tes secrets, sans le vouloir. Une fois de plus, une fois de trop.

Perdu dans le creux de son cou, tu entends Freya déglutir. Pour la première fois depuis qu'elle est entrée dans ton bureau, tu as un mauvais pressentiment. Quelque chose ne va pas, quelque chose te pousse à croire, qu'elle va reculer encore une fois. Et alors qu'elle passe la main dans tes cheveux afin de te maintenir contre elle, tu réalises que c'est la seule issue qu'elle a trouvée pour te cacher ses émotions. Elle ne veut clairement pas que tu vois son visage alors qu'elle reprend la parole et remet une nouvelle fois tes intentions en doute. Sa question te semble si vide de sens, tu ne comprends pas où elle veut en venir. Cherche-t-elle à gagner du temps, à repousser l'échéance de ce terrible moment où elle te dira encore une fois non ? Peu à peu, tes pulsions se transforment. Du désir, elles glissent inévitablement vers la déception, l'amertume. Sans véritable surprise, tu te détaches de Freya. Tes mains retombent le long de ton corps et tes lèvres quittent sa peau. L'amant a disparu, il a été remplacé par le mangemort inquisiteur, traquant sa proie à la recherche des informations qui sauront étancher sa soif. Tâchant de déceler les origines du trouble qui l'habite, tu poses tes yeux sur elle, tu scrutes son visage jusque dans les moindres détails. Tu crois reconnaitre des traits à la fois familiers et étrangers. Des traits que tu connais mais qui ne s'accordent pas véritablement au visage de Freya. Et c'est alors que tu es frappé par l'effroi.  Impossible de ne pas reconnaitre ce rictus mauvais. Myrthild avait beau être une métamorphomage talentueuse, tu ne la connaissais que trop bien. Sous l'effet de la colère qui s'éveille brutalement, ta mâchoire se contracte, ton regard se fait plus sombre que d'ordinaire. Un juron t'échappe alors que de rage ton poing vient s'abattre sur le bureau. Le visage déformé par le dégoût que t'inspire cette supercherie désormais mise à nue, tu reportes ton attention sur l'imposteur qui te fait face. "Comment oses-tu ? Même venant de toi, je ne me serais jamais attendu à une telle bassesse." Tu n'avais jamais porté Myrthild dans ton coeur, c'était le moins que l'on puisse dire. Mais lors de votre dernière entrevue, on avait cru observer un certain rapprochement. La décepton était alors d'autant plus grande, maintenant que tu croyais pouvoir lui faire confiance. "Quand pensais-tu reprendre ta véritable apparence ? Avant ou après que nous nous soyons envoyé en l'air ? Tu es complètement malade, Myrthild ! " Prenant pleinement conscience de ce qu'il venait de se produire, et de la proximité qui s'était installée entre vous, tu étais au bord de la nausée. "Je suppose qu'il aurait été trop facile de me demander directement. Cela n'aurait pas pu satisfaire tes lubies malsaines. Avec des parents pareils, pas étonnant que Bartholomeus ait autant de problèmes." Alors que tu craches ton venin au visage de ta soeur, ta colère s'atténue peu à peu et laisse une place grandissante à ton incrédulité. "Tu devrais t'en aller avant que je ne décide de te faire arrêter pour usurpation d'identité."

Spoiler:

Elle n’a pas assez étudié Freya Abbott, vraisemblablement. Elle ignore les sentiments de l’employée du Département des Mystères à l’égard de son frère, même si elle imagine qu’il y a une forme de réserve quant à s’afficher lui, peut-être en lien avec son statut de Mangemort -quoique… Alors comment la jouer de façon crédible dans un moment aussi impromptu ? C’est ce qui explique ce faux pas de la métamorphomage, qui pense tellement à s’extirper de ce filet du diable qu’est devenue cette entrevue qu’elle ne songe pas un instant qu’il est nécessaire -impératif presque- de jouer la comédie et de continuer de convaincre Marlon qu’il est bien en présence de Freya.
Peine perdue.
Il s’écarte, un instant elle croit qu’il est simplement vexé qu’elle se refuse à dire « oui » d’une façon aussi simple. Sauf que la façon dont il se tient, la façon dont il la fixe, la contraction au niveau de sa mâchoire, tout indique qu’il est furieux et que s’il a compris qu’il y a anguille sous roche, il ne va pas tarder à joindre les bouts et comprendre qui se trouve vraiment face à lui.

Ça pue, ça pue, ça pue.

Le juron accompagné du fracas sur le bois du bureau confirment clairement qu’il a compris et lentement, très discrètement, Myrthild commence à faire glisser sa baguette de sa manche vers sa main -on n’est jamais trop prudente. Mais à la place d’un sort qui serait -elle le reconnaît- tout à fait mérité, ce sont des mots qu’il assène, et des mots qui la meurtrissent autant qu’il l’est. « Comment oses-tu ? Même venant de toi, je ne me serais jamais attendu à une telle bassesse. » Même s’il n’a pas prononcé son nom, elle sait qu’il sait. Elle ne dit mot, inspire lentement, et tout aussi lentement, Myrthild reprend son apparence, démasquée par la sagacité de son frère, défaisant la queue de cheval et se passant une main dans les cheveux, n’ayant plus à dissimuler ce tic de gêne familial. « Quand pensais-tu reprendre ta véritable apparence ? Avant ou après que nous nous soyons envoyé en l'air ? Tu es complètement malade, Myrthild ! - Ne sois pas stupide, allons. Tu penses bien que j’essayais de trouver une sortie et que je n’avais aucune envie d’aller jusque là. » affirme-t-elle d’un ton plutôt bas, reprenant sa propre voix qui voudrait tenir mais qui tremble quand même, honteuse d’avoir été prise la main dans le sac au nom de la plus crasse des curiosités. Tout son visage est cramoisi et même si elle se prétend plus futée que ça, elle devrait tout de même reconnaître que ç’aurait été compliqué de s’en sortir, vu la tension qui montait. La gêne, le dépit, mais surtout le regret emplissent sa bouche d’un goût amer et elle déglutit en vain. « Je suppose qu'il aurait été trop facile de me demander directement. Cela n'aurait pas pu satisfaire tes lubies malsaines. Avec des parents pareils, pas étonnant que Bartholomeus ait autant de problèmes. » Baguette toujours fermement tenue, elle en tremble de rage mêlée d’horreur de se retrouver dans une situation pareille. Oui, il aurait été trop simple de lui demander. Elle était certaine qu’il ne lui aurait jamais dit la vérité au sujet de Freya et qu’elle n’avait donc pas le choix que d’aller fouiller d’une manière odieuse. Fierté mal placée, erreur peut-être aussi. Elle devrait répondre, défendre Bartholomeus, mais ce que Marlon dit lui coupe toute envie de rétorquer quoi que ce soit et la mère s’interroge de la véracité des propos de son frère. Toute arrogante qu’elle soit, car c’est cette arrogance qui l’a poussée à entreprendre pareille mascarade, elle est mortifiée par le doute d’avoir d’une manière ou d’une autre provoqué les troubles qui tourmentent son rejeton. Au creux de ses prunelles, luit l’inquiétude.

Mais elle ne dit rien de plus, alors qu’il l’invite à quitter les lieux, agrémentant la porte de sortie d’une menace si elle ose persister en son bureau. Baguette rangée, elle s’éloigne vers ladite porte, appuie sur la poignée mais se retourne avant de retourner dans le couloir, ravalant sa fierté (qui, pour le moment, gît au sol, terrassée par l’épiphanie) : « Pour ce que ça vaut, je suis désolée. » Elle déglutit, encore. « J’étais certaine que tu ne me dirais jamais rien sur elle et j’ai fait comme j’ai toujours appris à faire… Je n’aurais pas dû. » Et pour couper à toute explication, trop penaude pour poursuivre ses excuses, après un bref mouvement de sa main au coin de ses yeux, elle ouvre la porte et s’éloigne sans attendre de réponse.

Spoiler:

Quel est le comble pour un sorcier de sang-pur ? Subir les malheurs de la trahison familiale. Comment pardonner à ces êtres chers, membres d'une entité sacrée dont le même sang abreuve les veines, de vous planter un couteau dans le dos pour leur propre plaisir ? Le visage de Myrthild a beau se tordre de honte, cela n'enlève rien au dégoût qui t'anime. Prise sur le fait, elle reprend lentement mais sûrement son apparence. Son véritable visage refait surface, et tu as l'impression d'avoir à nouveau devant toi cette enfant de cinq ans qui te jouait des tours à longueur de journée. Cette même foutue gamine que tu méprisais plus que de raison. La seule différence étant qu'à l'époque, snitch ne semblait pas craindre la moindre de tes menaces. Alors qu'aujourd'hui, elle portait immédiatement la main à sa baguette magique à la première de tes colères. En d'autres circonstances, cela aurait pu te faire sourire, tu aurais même pu prendre plaisir à l'effrayer ainsi. Mais là tout de suite, tu n'aspirais plus qu'à la voir disparaître sur le champ. "Moi, stupide ? Excuse-moi de remettre ta santé mentale en question, mais quand on sait que tu trompes ton époux avec son propre frère, on peut s'attendre à tout venant de toi. Et surtout au pire."  Tu secoues vigoureusement la tête comme pour illustrer la profondeur de ta désapprobation. Voyant Myrthild rester muette face à tes propos concernant son précieux fils, tu constates que tu as marqué un point. Mais une fois encore tu demeures incrédule face à cette soeur que tu ne seras finalement jamais à même de comprendre. L'air furieux, tu la regardes s'éloigner sans la quitter des yeux, comme si tu craignais qu'elle ne s'en aille jamais. Alors que la délivrance est proche, Myrthild se retourne et t'adresse de plates excuses, que tu ne lui avais jamais entendues prononcer jusqu'alors. Trop furieux pour lui faire l'honneur de prêter attention à ses paroles, tu continues de la regarder, sans réagir. Mais alors qu'elle ouvre la porte et passe un pied au dehors de ton bureau, tu te précipites dans sa direction et agrippes son poignet sans ménagement. "Ne sois pas stupide, allons. Tout le monde t'a vue entrer ici sous les traits d'une autre. Si tu ne repars pas sous l'apparence de Freya, qui sait ce qu'il pourrait t'arriver ? Je ne voudrais pas que quelqu'un d'autre me prive de ma vengeance." Relâchant ton emprise sur son avant-bras, tu la laisses retourner à sa misérable existence et refermes la porte derrière elle.

FIN

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