NEW ORDER

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nom prénom(s) » Abram, connotation vénérable qui, à première vue, ne sied pas au mage noir, mais est finalement juste dans son récit : celui-ci aussi tuerait par conviction. Carrow, et là sans aucun doute, lui va comme un gant, lui dont la nature est hostile, en toute franchise cruelle, et cependant impérieuse ; il a la morgue nobiliaire, si bien qu’un bref coup d’œil sur sa personne (et plus précisément ses ses traits durs, méprisants) vous fait comprendre qu’il a du rang. surnom(s) » Sauf si l’on a des penchants suicidaires, auxquels il répondra volontiers, on s’abstient. Amabella, de son côté, lui donne du Abie depuis qu’ils sont enfants. Mais Amabella, de toute façon, a bien tous les droits. date de naissance » 2 novembre 1963. origines & nationalité » Tout ce qu’il y a de plus anglais, quoiqu’on puisse trouver dans son sang des origines françaises héritées de sa mère, une Lestrange. pureté du sang  » Impeccable. Ne souffre pas la moindre contamination ; on y veille depuis des siècles, au prix d’associations calculées (et d’entre-soi immoral, chuchote-t-on encore). Une persévérance telle qu’elle a fait des descendants Carrow des êtres opiniâtres dont il vaut mieux ne pas contester ladite pureté. métier » Siège à la Chambre du Ministère, et œuvre en qualité de Chef du bureau d’expérimentation sur les nés-moldus et traîtres consentants (a.k.a MuTEx Office, pour Muggle and Consenting Traitors Experiments Office – et, oui, consenting manque à l’acronyme mais, non, ce n’est pas un oubli). Plutôt discret, son implication y est cependant zélée ; seulement il n’aime pas se mêler aux fonctionnaires et autres employés de second ordre auprès de qui il ne manque pas être imbuvable. Lorsqu’il s’arrache au laboratoire du MuTEx c’est donc en majeure partie pour échanger avec des collègues Mangemorts. Préférablement de l’Elite, quoi qu’il lui arrive dans sa grande générosité d'en tolérer d'autres. orientation & état civil  » Veuf depuis quinze ans. Abram a bien tenté le remariage mais mademoiselle est décédée avant même que les fiançailles n’aient été officialisées. Voilà quelques mois qu'il questionne cependant et à nouveau son veuvage, et plus encore le devenir de la lignée Carrow. Il est tout à fait possible qu’il revienne sur le marché des alliances, c’est en tout cas ce qui se murmure dans les cénacles aristocratiques. La question de son orientation ne se pose d’ailleurs pas. Il n’a jamais été vu qu’en compagnie de femmes, et ses remarques dures envers certains pairs victimes de certains ragots trahissent une éducation conformiste et un esprit fermé. camp » Sa Marque, et sa chevalière, sont autant de signes qui ne trompent pas. À l’instar de son frère et ses sœurs, il est un Mangemort dit de l’Elite qui a passé les trois-quarts de sa vie à servir les intérêts du Lord. baguette » Longue de quarante-et-un centimètres, elle tire son bois du même arbre, et sa corne de serpent cornu du même animal que les composants ayant servi à fabriquer celle d’Amabella. Les deux baguettes forment donc elles aussi une énergie jumelée, qui paraît crépiter (ou siffler, diront certains) chaque fois qu’elles sont proches l’une de l’autre, comme si elles se menaçaient et se souhaitent à part égales. C’est Amabella qui la lui a gardée tout le long de son emprisonnement, et il est ironique de noter qu’une baguette aussi fortement imprégnée par l’horreur de ses crimes a fini par prendre le parfum de sa sœur. patronus » N’en a jamais produit. épouvantard » Les capes noires et décharnées ont éclipsé depuis longtemps la figure d’Amabella (Amabella inquiète, Amabella blessée, Amabella triste, Amabella morte). Les détraqueurs continuent leur ronde dans l’esprit d’Abram et n’en ont pas fini de lui dévorer l’âme. particularité(s) » Maître Legilimens pour le moins incisif, ne s'embête en général pas d'approches discrètes et autres modes opératoires feutrés, encore moins au MuTEx où il lui arrive de mener personnellement certains des interrogatoires qui y sont pratiqués. Puise également dans les émotions de ses cibles ; se satisfait des mauvaises, mais aussi des autres, surtout quand elles sont vives, puissantes, comme il n’arrive plus tellement à les ressentir. Lorsqu’elle est concluante, l’opération lui fait l’effet d’une drogue – aux effets aussi différents que l'émotion qui a été fauchée. Son abus, au contraire, fait remonter à la surface les émotions et souvenirs parasites qui lui ont été transmis par la Pensine des Carrow. Ceux-là le plongent alors dans des cauchemars éveillés que seul l’isolement, et le ronron des cuivres et autres instruments à corde, parviennent à renvoyer dans son subconscient.

sip it » La détestation des Carrow envers les moldus vient tôt. Il est en effet de coutume que dès ses neuf ans, on présente l’enfant à la mémoire familiale ; la Pensine des Carrow est transmise depuis des générations et referme des souvenirs vieux de six siècles. Leur violence est à l’image de ce que les ancêtres de la famille ont subi aux balbutiements de l’Inquisition ; aussi l’enfant est-il régulièrement plongé dans des visions d’horreur qui lui font revivre les tortures et les morts lentes de ses prédécesseurs, à des âges obscurs où la haine se rangeait du côté des moldus. Le rite n’est en rien gratuit. On veut, et cherche, à ce que le traumatisme marque l’enfant, et que son esprit, dès lors parasité par la peine, la douleur et la rage de ses ancêtres, développe à l’endroit des moldus une haine féroce – durable. C’est à la fois une question de rancœur, de survie, et d’éducation ; on s’assure ainsi, génération après génération, qu’aucun moldu n'altèrera plus jamais l’arbre généalogique des Carrow. Efficacité prouvée.

bullies » On ne le sait que trop bien, les Carrow ne s’aiment pas : ils se tolèrent. La légende dit même que s’ils naissent par paires, c’est qu'on (!?) a voulu assurer un minimum vital d’affinités – aucun jumeau Carrow n’a, en effet, jamais fait défaut au sentiment fusionnel qui l’attache à son Autre. Entre adelphes, la chanson est cependant différente. On sait qu’ils se pourrissent entre eux, se maltraitent entre eux, se dédaignent entre eux, mais toujours entre eux. N’ayez ni le malheur, ni le mauvais goût, de prendre parti ou de critiquer un Carrow devant un autre Carrow. C’est, faut-il croire, un honneur qu’ils se réservent, et qu'on leur jalouse franchement peu.

(not a) party boy » Elitiste, oui. Méprisant, aussi. Mais mondain ? Certainement pas. Abram n’est pas de ces aristocrates que l’on croise aux réceptions et autres dîners nobliaux, où les bavardages sont interminables et les ragots inépuisables. Au contraire d’Amabella, qui brille par son phrasé envoûtant et son charme pointu, Abram est l’archétype du noble antipathique et ennuyé de tout qui préfère encore s’enfermer dans son manoir et se livrer à des activités autrement plus passionnantes que de soutenir un débat sur le bien-fondé de l’ASAP (riche idée ; fin du débat). Il arrive que les rares soirées auxquelles il daigne cependant participer se concluent par un duel dont il est l’instigateur, et cela seulement afin de tromper son ennui. Maigre simulacre en rien comparable aux combats d'antan que le Mangemort regrette – même les Battues, auxquelles il a quelques fois accompagné Amabella, lui ont parues insipides, presque trop faciles, comme une chasse à courre convenue et à l'issue décidée. Abram est après tout un soldat et n'a jamais connu que la guerre ; depuis qu'elle est gagnée, l'absurdité de sa place dans la sphère mondaine lui fait parfois l'effet d'une gifle – à moins qu'il s'agisse là d'une énième lady qu'il aura outrée.

paint it black » Elève désengagé et absent, Abram ne s’est jamais intéressé aux cours dispensés à Poudlard – si ce n’est, il faut le noter, à celui des duels, surtout quand un pauvre né-moldu se présentait comme adversaire. On ne compte plus le nombre de retenues qu’il a essuyées, non plus le nombre de points qu’il a fait perdre à sa Maison. Dire qu’Abram n’a rien retenu de ses leçons serait cependant une erreur, car il en a bel et bien appris ; à Carrow Manor où il n’a jamais été difficile de se procurer des grimoires. Des précepteurs qui se sont succédés, aux enseignements d’Armand, et de Leto en particulier, Abram s’est initié à diverses disciplines dont, et surtout, la magie noire. Un art pernicieux, qui donne mais prend aussi ; son étude – poussée par une soif insatiable de connaissance – a plongé le jeune-homme si bas que le point de non-retour était déjà atteint bien avant qu’Azkaban ne le ronge. Ironiquement, ses dix années d’emprisonnement lui ont même accordé un certain sursis dans cette descente aux enfers, mais il reste malgré tout en bonne passe pour finir bouffé par la Noire : qui obscurcit son jugement et aliène sa morale.

muffled cursed music playing in the distance » Mélomane invétéré, écoute ce que les jazzmen sorciers ont eu fait de plus prodigieux à l'âge d'or du genre ; via des vinyles, en général, mais aussi grâce à toute une collection d'instruments ensorcelés qui joue pour lui derrière les murs du manoir. Il se raconte que les cordes, des basses notamment, ne sont pas vraiment faites en boyaux d'animaux, et que si l'ensemble joue aussi bien, cuivres compris, c'est qu'il est habité par des esprits que le Carrow a rappelés à lui et piégés en dedans.

keep it pro » Quand ses exactions de Mangemort ne l’occupent pas, Abram œuvre dans le laboratoire du MuTEx où il dirige des travaux variés, fort heureusement classés secret ; non pas qu’il ait une quelconque sympathie pour la sensibilité du public, mais cet halo de confidentialité institué par le régime profite selon lui à l’avancée des recherches qui y sont faites. Bien qu’il garde ses rituels obscènes et morbides pour l’atelier de son manoir, il lui arrive d’orienter certaines études à des fins personnelles – comprenez, vu le nombre de cobayes qui y résident, ce serait dommage de s’en priver. Par principe, ses employés ne sont pas dans la confidence, mais puisqu’il ne s’en cache pas tellement, ils n’ignorent pas non plus travailler sur des poisons et des sortilèges en lien très étroit avec la magie noire. Certaines de ces langues-de-plomb, qui ont su mettre du cœur à l’ouvrage – littéralement parlant – l’assistent même et cela sans trop souffrir son acariâtreté légendaire. Comme quoi. Abram Carrow n’est pas dénué de ce que la piétaille nomme le professionnalisme.  

sweet lullaby » Entre autres appareils de torture confectionnés par ses soins au MuTEx, il y a les berceuses ; sortes de sarcophages hermétiques dans lesquels on installe un individu, lequel est plongé dans un sommeil paradoxal où il est alors aisé d'accéder à son esprit. Certains interrogatoires difficiles à mener pour x raisons sont pratiqués grâce aux berceuses, mais une étude portée sur le lavage de cerveau est également menée via ce processus ; par légilimancie, des souvenirs sont ôtés au sujet et remplacés par d'autres, factices. L'étude a pour ambition de renvoyer des traître assainis dans les rangs de l'Ordre. Nom de code : baby blotters. Parce qu'ils absorbent tout ce qu'on leur fait gober. Ces double-agents ne sont pas encore opérationnels, et les deux sujets d'expérimentation ayant jusqu'ici survécu sont devenus fous. Mais on ne fait pas d'omelette sans casser des... you get it.

Vanilla is an unsightly colour » Se dit favorable à la Grande Séparation – en même temps, qui en aurait douté. De là à avaler tout ce que raconte Faraway, n’exagérons pas, mais ce ne serait pas la première fois qu’il s’aligne sur des allégations bancales pour appuyer l’idéologie souverainiste qui place les moldus en deçà des sorciers. Il ne serait d’ailleurs pas contre l’idée de les éliminer complètement, mais les crimes de guerre ont visiblement toujours autant mauvaise presse : un comble. Il faut dire que cette paix gorgée de compromis, il l’a encore de travers, et les manœuvres diplomatiques, aussi hypocrites soient-elles, lui sont impigeables de là où il se tient. Tyran dans l’âme, va-t-en-guerre incorrigible, Abram s’exaspère face à la démagogie du gouvernement qui point à chaque déclaration ; comptez en revanche sur lui pour donner sa voix aux édits oppressif et autres mandements punitifs que le régime met régulièrement en place. C’est le moins qu’il puisse faire. Et puis, au pire, la populace se révolte ; on le soupçonne de n’attendre que ça.

not cool, bro » Depuis dix ans maintenant, la démarche d’Abram est discordante. Les bons jours, on entend simplement son pas s’écraser plus pesamment d’un côté. Les mauvais jours, quand il a loupé les soins hebdomadaires que la blessure requiert, ses grandes enjambées sont cassées par la douleur, et son humeur redouble d’exécrabilité ; même cané, Amycus lui pourrit encore l’existence. De toutes les mutilations que son frangin lui a infligées, il fallait que la plus banale et bête d’entre elles lui coûte l’usage de sa rotule droite – où il a fallu ressouder entre eux les os, nerfs et tissus organiques. Fun fact, cette blessure-là n’était pas un produit de magie noire – auquel cas Abram aurait su se soigner, quitte à ‘y sacrifier un marmot’. Il ne peut donc s’en remettre qu’aux spécialistes de Ste Mangouste, devant qui lui, illustre, infâme Carrow, doit une fois par semaine baisser son froc et tendre la guibole.


Paraîtrait que le bras de son frère a été vu pour la dernière fois entre les mains d'un sorcier vaudou. S'il le choppe... Ψ Accent posh un rien irrévérencieux somme toute adéquat à sa nature profane ; aristo, oui, mais Mangemort avant tout. Ψ Aurait la main un peu trop lourde sur les malédictions. Si bien qu'on est jamais trop serein quand il offre un présent – ou prête un stylo. Ψ Apprécie peu – pas, en fait – qu'on convoite Amabella, par quelque forme que ce soit ; en la regardant avec un peu trop d'insistance, ou en flattant sa beauté ténébreuse. C'est à se demander qui, de Chadwick ou de lui, est vraiment son mari. Ψ N'aime pas les néons, les routes, le plastique, les désodorisants, la télévision, les sonneries de téléphones et les téléphones, surtout, surtout les téléphones : n'aime rien de leur monde, de ce qu'ils en font, et même si les moldus se débrouillent plutôt bien tous seuls pour le détruire, il lui arrive régulièrement de leur filer un coup de pouce. Ψ Peu disposé à accepter les remords qui l'habitent, il continue d'imputer le décès de ses filles à l'Ordre, ce qui n'a fait qu'accroître sa haine envers les traîtres et plus largement les résistants. Révulsé par le fait que la dépouille d'Hestia ne lui ait jamais été rendue malgré sa demande explicite, il mène depuis les interrogatoires de tout membre de l'Ordre qui est envoyé au MuTEx ; une boucherie qui ne lui a, pour l'heure, toujours pas livré de réponse.

1963 » Un cri déchire l’air vicié de la chambre à coucher. Ils sont pourtant deux à naître cette nuit-là, mais seul le garçon vocifère ; la fille est sortie en silence et ne respire pas. Tandis que le médicomage de la famille fait tout pour la sauver, le jumeau – qu’on a pris soin d’éloigner dans la pièce voisine – ne décolère pas, s’emporte même davantage. Ce sont peut-être les soins apportés qui, finalement, font respirer la sœur ; ou le désespoir enragé de son frère qui n’a de cesse de glapir. Un lien magique s’est en effet créé, et le tumulte que les jumeaux poussent enfin à deux le scelle à jamais entre eux.

1968 » Abram est jugé ‘colérique’. Pas que ses adelphes soient particulièrement équilibrés ni même irréprochables – leurs jeux sont dangereux et on frôle assez souvent le fratricide – mais il est celui qui se laisse le plus déborder par sa magie naissante. Le décès malencontreux d’un elfe de maison (perte dont on s’émeut somme toute peu) signe donc les débuts d’un mentorat rigoriste, professé en parallèle des cours à domicile que son frère et ses sœurs suivent. La mise à l’écart aggrave l’attitude d’Abram qui lui vaut des châtiments comme on en a le secret, chez les Carrow, jusqu’à ce qu’on réalise que l’enfant se calme dès lors que sa jumelle est dans son champ de vision. Quand on s’enquiert (enfin) de la raison de son geste sur l’elfe de maison, le garçon répond ‘qu’il a fait mal à Bells’. C’est donc ça qui a coûté la vie au domestique : un thé servi brûlant. Armand et Leto Carrow s’en voient soulagés. Et eux qui le croyaient incapable.

1975 » Les jumeaux intègrent Poudlard et sont répartis à Serpentard – la sagacité d’Amabella lui aurait probablement valu d’intégrer Serdaigle, mais le Choixpeau n’a peut-être pas voulu relever le défi d’éloigner sa sœur d’Abram. De leur côté, Armand et Leto, compagnons de Jedusor et Mangemorts accomplis, ne se félicitent pas tellement d’envoyer à leur tour les cadets dans ce ‘nid à rats’ – qui selon eux a tout perdu du prestige d’antan – mais les avantages prévalent sur toute appréciation ; leurs enfants sont en effet des pions idéals avec lesquels ils espèrent infiltrer les rangs ennemis et recueillir des informations riches en détails. La fratrie n’a, à cette époque, pas la moindre idée de la teneur réelle des repas de famille, lors desquels on leur pose autant de questions sur l’école et leurs petits camarades, qu’on les assomme de crédos idéologiques.

1980 » Un élève sang-mêlé, Robert Barkins, est retrouvé mort dans une venelle de Pré-au-lard. Après enquête et autopsie, deux conclusions tombent. La première, c’est qu’il a succombé à un doloris long de plusieurs heures. La seconde, c’est que tout incrimine Abram Carrow. Le Serpentard avoue son crime sans une once d’émotion et évoque, avec une monotonie à glacer le sang, que Barkins et lui se sont disputés et que la dispute a mal tourné. Il va sans dire qu’aucune personne dans l’assistance n’est dupe, mais puisque la chose est réservée aux autorités compétentes, on ne se permet pas encore de fouiller dans ses pensées – autrement quoi on aurait su qu’Abram avait été chargé de soutirer des noms de l’Ordre à Barkins. Le renvoi est bien évidemment immédiat, et si la direction s’attendait à ce que le Ministère prenne la relève et mène enfin son enquête, il n’en est rien. Des ficelles ont été tirées dans les plus hauts niveaux hiérarchiques (déjà gangrénés par les Mangemorts) et l’affaire est étouffée. Seul regret du jeune Carrow : Amabella. Qu’il doit laisser derrière lui, et dont l’absence, au contraire du crime commis, le trouble dans sa fierté, même lorsque le Seigneur le récompense de sa Marque.

CONT’D 1980 » Sacrifiée à quelque énième stratégie parentale, Amabella est promise à Chadwick Shacklebolt. Son jumeau cache non seulement sa joie, mais révèle un niveau d’imbuvabilité jamais atteint.

1981 » Armand meurt un mois avant les noces d’Amabella et de Chadwick. Le regard de Leto se tourne instinctivement vers Abram mais il se trouve qu’il n’y est pour rien (‘le hasard fait simplement bien les choses’, croit-on l’entendre dire). Amycus et Alecto, qui étaient avec lui et leur père lors de l’affrontement contre des Aurors, pourront en témoigner : il a été abattu par l’adversaire. Amycus jette le doute en pinaillant (‘mais peut-être a-t-on mal vu’) (‘et puis tes Avada manquent encore de précision, cher frère’) si bien que Leto perd patience et s’en assure d’elle-même. La legilimancie pratiquée sur le cadet est d’une grande maîtrise mais brutale et inquisitrice : son innocence (relative) est confirmée. Au mariage d’Amabella, qui a finalement été maintenu, Abram doit composer avec sa migraine et l’ébullition de sa sœur qu’il ressent et l’agite. La baguette d’Amabella, que Leto lui a ordonné de garder (“or else”), n’est cependant pas retournée à sa propriétaire. Quoique l’envie lui démange à plusieurs reprises. Surtout quand, au pied de l'autel, il abandonne sa jumelle aux côtés du fiancé.

CONT’D 1981 » Abram fait le guet dans une impasse de Godric's Hollow. Le calme y est traître puisque, dans la maison des Potter, on y assassine ses membres. Une lueur de riposte l’alerte cependant et le fait se précipiter dans la bicoque. Lorsqu’il déboule dans la petite chambre du morveux, Amycus et Alecto qui gardaient l’entrée sont eux aussi présents, accroupis autour du corps inerte et ravagé du Lord. Les quatre individus disparaissent dans un nuage noir, abandonnant derrière eux une scène de crime et un (1) seul survivant qui défraiera la chronique.

1982 » Contrairement à Alecto (Amycus, lui, se range étonnamment de son côté), Abram ne veut pas croire en l’anéantissement du Lord – sans qui rien n’a plus vraiment de sens. La scène à laquelle il a assisté, et les circonstances de cette supposée mort, le travaillent jour et nuit. Fort de ses connaissances en magie noire il se livre alors à des expérimentations défiant toute morale ; au fil des mois, la petite bourgade jouxtant Carrow Manor déplore plusieurs disparitions, celles de moldus, d’abord, puis de sorciers, ensuite. La scène de Godric’s Hollow est sans cesse répétée dans l’atelier du Mangemort qui réajuste les variables en fonction des résultats, et noircit ses manuscrits de conclusions (peu probantes) et d’impressions (très frustrées). Le phénomène n’est jamais reproduit, pas même un peu lorsque ce sont des nouveau-nés qui cette fois sont enlevés dans le village voisin. Il y a bien cet inferius brailleur et joufflu qui a troublé la direction d’un sempiternel Avada Kedavra lancé à son endroit, mais Abram s’en désintéresse rapidement quand il comprend que la nature de l’enfant mort-vivant a tout simplement annulé les effets du sortilège – Leto, au contraire, se prend d’affection pour la chose et décide de s’en occuper comme d’un être tout à fait vivant (Abram soupçonne là un début de sénilité et s’en étonne guère peu) (passé le dépit d’avoir à table un inferius qui pousse des gazouillis nauséabonds).

1983 » Amabella et Chadwick ont leur premier enfant. Les félicitations d’Abram, écrites avec amertume sur un vulgaire billet, tiennent en trois mots : qui l’eût cru.  

CONT’D 1983 » Une enquête de grande envergure a été ouverte depuis quelques temps déjà et vise les partisans du Lord ; Abram ne conscientise vraiment la menace qu’au moment où Alecto et Amycus décident de disparaître. Pour Amabella, lui décide au contraire de rester. Inspirée par l’union Shacklebolt-Carrow qui s’avère finalement bien utile, une deuxième alliance est donc trouvée ; les Al-Massri apportent ainsi au nom Carrow un parfum d’honorabilité, en retour de quoi la lignée égyptienne met un pied en Angleterre par le biais d’une union somme toute prestigieuse. Les fiançailles avec Samira sont annoncées, et le mariage consommé dans les règles, quoique les travaux secrets de l’époux et ses préoccupations tout aussi secrètes le tiennent un peu trop éloigné d’elle (ce que Leto ne manque pas de relever, elle qui vit sous le même toit et qui s’échine – elle !? – à amadouer l’épouse négligée) (elle a même consenti – elle !! – à se débarrasser de son inferius de compagnie pour ne pas effrayer la belle-fille).

1984 » Bien que des mesures soient prises pour que sa femme ne se sache pas mariée à un Mangemort – ils font chambre à part, et, les très rares fois où ce n'est pas le cas, un sortilège de métamorphose camoufle la Marque au bras d'Abram – une (1) imprudence menace le secret. Pas assez pour qu'il éclate au grand jour, mais suffisamment pour que Samira soit traversée par le doute ; elle n'en dira cependant rien. Abram la soupçonne un temps vouloir le dénoncer, se prépare à devoir agir, mais l'épouse garde l'incident pour elle – ce que corrobore un tour de légilimancie dans son esprit. Cet aveu feutré de loyauté le rapproche de sa femme. Ses visites dans la chambre de Samira sont plus régulières, et sa présence aux dîners suffisamment remarquée pour que même Leto cesse de s'en plaindre.

1985 » Une première tête Carrow tombe sous le couperet de la justice : Amycus est retrouvé et écroué à Azkaban, bientôt suivi par Alecto. A la veille de sa propre convocation, Abram visite sa jumelle, appelée comme témoin dans son procès, et lui fait jurer de ne pas le défendre. Amabella, contrairement à lui, a les moyens de s’en sortir – il faut qu’elle garde cette aura d’irréprochabilité que tout le monde lui prête (très à tort). Au Magenmagot, Abram ne cille pas une fois à la lecture des chefs d'accusation, sauf pour souligner un oubli : le jeune Barkins, qui n’est pas dans la liste des victimes citées. Il ‘veut bien que l’incompétence des Aurors omette le reste’ (‘quel reste !?’ s’écrie un Haut-Juge) ‘mais Barkins, c’est sentimental. On n’oublie jamais sa première fois.’ La morgue du Mangemort écœure les membres du tribunal, lesquels expédient le procès en se passant finalement de témoin – tant mieux ; le frère n’a pas un regard pour sa jumelle, assise dans la tribune, ce qu’on ne manque pas de souligner dans l’article du procès en qualifiant l’accusé de monstre sans cœur. Abram est envoyé à Azkaban alors qu’il n’a que vingt-deux ans. Sur place, l’impertinence du Carrow s’effondre et une terreur comme il n’en avait pas connu depuis sa naissance l’étreint, réalisant ce(ux) qu’il l’y attend(ent). Son matricule est tatoué. Sa cellule refermée.

1985 - 1996 » Les dix années d’emprisonnement s'enchaînent et se fondent les unes aux autres. La détresse psychologique se mêle à des moments d’aliénation qui lui font halluciner des visites d’Amabella, des engueulades avec Amycus – celles-là sont peut-être réelles, son frère étant dans la cellule d’à côté (la blague) – et des évènements bizarres, là horrifiants, là troublants, comme cette fois où les pleurs et la peine de sa jumelle réveillent en lui une colère brutale ; aussitôt matée par quelque énième Baiser. Abram grandit dans les ténèbres, devient père sans le savoir, veuf sans le savoir, s’accoutume aux cliquetis des cellules qui se libèrent au plus le cimetière de la prison s’emplit, se familiarise aux hurlements des autres d’abord, et des siens ensuite, s’acclimate aux souvenirs lourds, chargés, mauvais, qui lui remplissent le crâne et noient ses pensées (vers 1990, il n’en a déjà plus tellement) (vers 1992, ses émotions en ont ras-le-bol et le plaquent aussi). Et puis la Marque, tout à coup, qui lui brûle le bras. Le regard vide d’Abram regarde le serpent se mouvoir sans que le phénomène, pourtant inouï, inespéré, ne l’affecte vraiment. Il faut plusieurs jours, plusieurs nuits (deux cent trente-six, en vérité) pour que la foi, quoique balbutiante, lui revienne. En 1996, une force phénoménale noircissant le ciel brise les murs de certaines cellules. La sienne en fait partie.

1996 » Retrouve Amabella ; avant quiconque d’autre.
Puis fait la connaissance d’Hestia, et de Flora. Elles ont onze ans. Sont orphelines de mère ; Samira, lui a appris sa jumelle, a été emportée par la maladie. Les filles vivent parfois chez leur marraine, parfois chez leur oncle. Malgré l’effort, Abram ne parvient pas à s’investir, ni dans cette vie qu’il a quittée et qu’il retrouve, ni dans sa relation avec ses filles. Il est convenu que l’organisation pensée entre Amabella et Kareem demeure comme telle, tandis qu’il retourne au manoir familial où le reste des Carrow a repris ses quartiers. Cette même année, sa jumelle rouvre le bal sordide des Marqués, bien qu’elle n’ait rien d’une novice dans les rangs de la Cause ; Abram et son amabilité légendaire ne manquent pas de le rappeler à ceux qui auraient l’impertinence de ne pas l’affilier à l’Elite.

CONT'D 1996 » Chadwick a assez souillé sa sœur comme ça. Porté par une jalousie somme toute illégitime, mais brûlante – surtout après tant d'années de séparation –, Abram se jure que plus aucun enfant ne naîtra de l'union Shacklebolt-Carrow ; mieux, même, il s'en assure. Tuer Chadwick est exclu – Amabella, pour une question de praticité, le lui a fait promettre –, mais il peut le réduire, l'humilier, et cela jusque dans le lit conjugal où, oh, une malédiction vient le frapper. Du jour au lendemain, monsieur ne bande plus. A la fin d'un dîner, alors qu'ils sirotent tous deux leur digestif, le beau-frère sous-entend à demi-mot son malheur. Abram ne feint aucune compassion, quoiqu'un sourire, dosé au vitriol, précède ce pronostic : ‘l'âge, sûrement’.

1997 » Amycus et Alecto sont nommés à la direction de Poudlard. A un repas de famille, Abram se moque. ‘Faut-il être affamé pour vouloir des restes de Dumbledore’ ; autant vous dire que c'est peu apprécié. Le [on-ne-compte-plus-tième] affrontement fraternel se solde par un bras en moins du côté de l’aîné, vengé par une jambe en moins du côté du cadet. Contrairement à Abram – et encore, ça se discute –, Amycus ne récupère néanmoins pas l'usage de son membre, lequel a disparu pendant la lutte ; un repulso malintentionné, peut-être.

1998 » Mort d’Amycus. Abram et lui se détestaient peut-être, mais ils restaient des frères. Sa disparition laisse un vide, peut-être plus chez Alecto sur qui les cadets jettent des regards en biais, non sans une certaine curiosité morbide, mêlée à une appréhension sourde.

1999 » Ne reste plus qu’Abram pour perpétrer le nom des Carrow : il lui faut un fils. Les fiançailles avec une aristocrate française sont donc annoncées, mais à la veille du mariage, la belle est retrouvée morte. Abram est furieux. Il veut qu’on lui livre au plus vite le nom du ou des coupables. Et puis plus rien. Du jour au lendemain, Abram demande à ce qu’on cesse les recherches. Fort de l’influence que son statut lui offre dans le nouveau régime en place, il est entendu. Les charges sont donc abandonnées et aucune question n’est posée.

2002 » Sur suggestion du Lord, accepte la direction d’un service fraîchement ouvert au Département des Mystères. La vie de rond-de-cuir – et, plus largement, le Ministère – le répugne et le barbe, mais cette ramification-là du nouvel organigramme l’attire irrémédiablement. Qui de mieux qu’un Carrow pour vous tortionner tout ça ? Des moldus et des traîtres, en plus : tout ce qu’il adore.

2006 » Hestia, apprend-t-il au hasard d’une torture perpétrée sur l’un de ses résidents, a été contaminée par une morsure de loup-garou, dans le même aveu il apprend également que sa fille s’était tout ce temps rangée du côté des résistants. La colère d'Abram est virulente et la déception qui lui succède presque aussi aigre : il ne veut, dit-il, plus entendre parler d'elle. Abram est loin de se douter que Flora, qu’il croise de temps en temps à Ste Mangouste pour y faire soigner sa jambe, laisse parfois sa place à Hestia...

JANVIER 2007 » Le Lord apparaît moins. ‘Oui. Et ?’ Les jérémiades de certains – dont la majorité sont artificielles – ne trouvent pas un iota de réciprocité chez Abram. S'il y en a un qui peut comprendre le caractère obsessionnel de la magie noire et l'occultation de tout ce qui l'entoure quand on se fait son adepte, c'est bien lui. En outre, il n'a pas tellement l'impression que la société sorcière se casse la gueule à cause de Son absence ; c'est la laxité de certains, si pas carrément leur incompétence, qui sont les véritables responsables. Oui parce que, même du fin fond de son laboratoire, croyez bien qu'il juge.

JUIN 2007 » Jusqu’alors dépréciée, tant par manque d’intérêt que mépris du putsch déguisé, Abram intègre la Chambre : mais sur nomination du Lord. Paire d’yeux et d’oreilles à la loyauté infaillible, il se prend finalement au jeu des diktats, à la fois avec sérieux, parce que la société sorcière nécessite en effet d’être réformée, à la fois avec sarcasme, parce qu’il ne se lasse pas de voir Flint et autres Parkinson devoir pisser droit, maintenant que le Lord est revenu. Et puis il y a Alecto, qui tire la tronche chaque fois qu'il s'assied en face d'elle et, ça non plus, ça n'a pas de prix.

CONT'D JUIN 2007 » La mort d’Hestia (en vérité Flora) lui est rapportée de manière tout aussi officieuse que sa trahison. Un sentiment d’échec étreint le père, mais le Mangemort s’émeut a priori peu de la chose. Quand Flora (en vérité Hestia) sombre dans le chagrin, Abram ne s'en inquiète pas, n’y voyant là qu’un deuil douloureux qui finira bien par passer. Accaparé par ses fonctions et sourd aux différents signaux d’alerte, il ne voit pas que sa fille se meurt ; lorsque son décès est prononcé, Abram accuse le choc, s'isole un temps au manoir, puis demande qu’une enquête soit ouverte. C’est là, forcément, l’œuvre de l’Ordre. Amabella tente de lui faire entendre raison ; le chagrin, et lui seul, a emporté sa fille – qui de mieux qu’eux pour comprendre.

JUILLET 2007 » L’air de déjà-vu est tout à fait prégnant quand le Lord s’effondre à leurs bottes sur l'île de Gracefield. Comme la première fois cependant, Abram fait preuve d’abnégation et prend soin, avec les autres Mangemorts, de mettre le Lord en sûreté. Les Shacklebolt, décidément...

AOÛT 2007 » Les bureaux du MuTEx charbonnent sec pour pouvoir arracher aux résidents des informations sur l’Ordre, et sa progression dans la chasse aux Horcruxes. Abram déplore (avec toute l’amabilité qu’on lui sait) le peu de captifs (c’est relatif) dont son service dispose pour mener à bien ses recherches, et suggère (à sa manière) qu’on laisse ses équipes choisir dans la population sorcière des échantillons à examiner pour élargir ‘le spectre d’étude’. C’est risqué, lui dit-on, et l’image du gouvernement est déjà assez fragilisée comme ça. “I beg your fucking pardon!?”, entend-t-on éclater dans son bureau. Tout se perd, décidément, même, et surtout, l’art de la tyrannie.  

Octobre 2007 » Flint crève. De la main d'un terroriste et dans l'enceinte du Ministère, ce qui, avouons-le, passe moyen. Mais enfin, bon. Y a pas à chier : ‘le hasard fait bien les choses’.

CONT'D 2007 » Potter est porté disparu et, comme il fallait s'y attendre, la grogne du Lord grossit ; déborde ; ravage. Abram ne s'en réjouit pas – grand mal lui en prendrait – mais c'était peut-être le coup de grolle qu'il fallait pour que la fourmilière se bouge enfin. En attendant d'en savoir plus, tant sur les directives du Lord, que sur les nouvelles mesures à prendre, Abram balaie devant sa porte ; au MuTEx, les dérèglements magiques ont foutu la merde et saboté la plupart des expérimentations en cours. Nonobstant la tuile, et passée sa gueulante que l'on qualifiera de cathartique, le chef de service a ordonné qu'on lui rapporte tout incident et observation faite. La curiosité scientifique décidément vissée aux pupilles.