#5 Deamus - Making bad decisions

Une nouvelle acclamation, accompagnée de plusieurs rires exagérés, se fait entendre de l'autre côté de la porte de la cuisine et Dean grimace, ayant l'impression que c'est de lui qu'on rigole. Il n'a clairement plus du tout envie d'être ici, l'envie de partir se cacher loin, à la Tour probablement, se faisant de plus en plus forte, mais il reste, parce qu'il sait qu'il ne doit pas s'écouter, sait qu'il doit aller au bout de cette conversation maintenant, au risque de faire empirer les choses plus tard.

Il aurait tout de même préféré qu'ils soient dans un endroit plus tranquille pour parler, moins exposé et moins susceptible de se faire envahir par des fêtards en quête de nourriture ou de boisson. Malheureusement, il peut difficilement amorcer l'idée à Seamus. Qu'est ce qu'il serait censé dire de tout façon. "Eh, tu veux pas qu'on aille se prendre la tête ailleurs, j'ai pas envie qu'on nous voit comme ça." Et puis quand bien même, vu l'état de Seamus, pas sûr que son offre soit reçu avec beaucoup de sérieux. Cette pièce devra donc faire l'affaire.

Décidé à sauver les pots casser - et à éviter que leur relation devienne la représentation même de "à toucher le fond mais creuse encore" - Dean est prêt à surmonter son malaise, sa honte, et sa peine et à mettre tout de suite les choses à plat. Mais, en face de lui, Seamus ne semble pas du tout sur la même longueur d'onde, son taux d'alcoolémie et lui ayant sûrement trois trains de retard sur l'angoisse grandissante de Dean. "Moi bourré ?!" il a alors l'audace de soulever, avec un air amusé qui fait grincé les dents de Dean. "N’importe quoi."

La bonne volonté de Dean se fracture en un instant. Il lui jette donc un regard noir, ne sachant même pas quoi répondre à ça. Et puis, les nouveaux vieux démons de Dean n'étant jamais bien loin, il sent son anxiété se transformer en agacement, et avec une pointe de venin, il crache froidement, "Tu empestes l'alcool."

Même si ce n'est pas quelque chose dont il est très fier, Dean a souvent imaginé ce que ça pourrait être d'embrasser Seamus. Mais dans les nombreuses dizaines de scenarios qu'il a pu jouer dans sa tête depuis le jour où il a compris, il est presque sûr que jamais il n'avait imaginé ça. Et c'est peut être ça qui le met le plus en colère, sa frustration avec lui même de ne pas avoir su anticiper cette éventualité - et donc s'y préparer - ou alors son agacement futile envers Seamus de ne pas avoir plus réfléchis avant de lui sauter dessus.

A nouveau pris d'un rire amer à son dépens, Dean se met à faire les cent pas, en continuant de répéter, "J'y crois pas, j'y crois pas." Il aimerait pourvoir choper un Retourneur de Temps, revenir ne serait-ce que vingt minutes plus tôt et recommencer sans se laisser glisser.

"Pourquoi t'as fait ça ?" La question quitte les lèvres de Dean avant qu'il ne puisse se demander si c'est une bonne idée. Il en veut à Seamus parce que Dean, ça fait des mois si ce n'est des années qu'il se torture là dessus, ses sentiments pour lui, et depuis qu'il est rentré, qu'ils se sont revus, c'est dix fois pires mais il a pris sur lui, a tout contrôlé, enfoui, parfois maladroitement certes, mais toujours dans l'optique de préserver leur amitié déjà bien cabossée. Et Seamus, il lui a fallut une soirée et quelques verres pour tout envoyé valser sans la moindre gène, ni même la moindre réflexion. Et pour quoi ? "Tu... Quoi ? T'avais envie de t'amuser ? T'étais en manque ?" L'idée que Dean aurait pu être n'importe qui d'autre lui retourne l'estomac.

(making bad decisions )

~~La Madriguera~~ Little IRELAND - janvier 2008 | ♬
Les réponses vindicatives de Dean le blessent, mais il garde la face. Montrer ses faiblesses n’est pas dans ses habitudes encore moins dans une situation pareille. Tu empestes l’alcool. Toujours plus. Il ne comprend pas la colère de Dean et encore moins ses reproches qui sont pour le moins parfaitement déplacés. Il croise les bras, mécontent tout en lâchant un petit rire d’agacement. « Ah bah super, merci du compliment. » Comme toujours, il fait comme si cela ne le touche pas. Il essaye même de trouver des circonstances atténuantes à l’autre, parce qu’il n’a pas envie de repartir dans une énième dispute.

Dean est sûrement un peu bouleversé par les événements. Il a juste besoin d’espace, raison pour laquelle il entame les cent pas dans la cuisine. Seamus l’observe du coin de l'œil, parfaitement immobile. Il n’a pas envie de donner trop de crédit à cette crise, parce qu’il sait que ça risque d’exploser. Il a le sang chaud l’irlandais et rentrer dans un conflit rendrait tout encore plus compliqué. Il se tait, laisse l’espace à son ami, mais ce dernier tourne en boucle. Depuis l’extérieur, il a presque l’air fou.

Il est en colère contre Seamus. L’ennui c’est que Seamus ne comprend pas vraiment ce que l’autre lui reproche. Son alcoolisme, son baiser ou son existence. « Pourquoi ? » Il ne voit pas vraiment ce qu’il peut répondre dans un moment pareil. Toutes les réponses sonnent problématique, alors il se tait, histoire de ne pas aggraver la situation. Malheureusement, Dean n’a pas besoin de lui pour aggraver la situation. Il se débrouille très bien… Trop bien.

Tu es en manque. La remarque est de trop. Seamus lui lance à son tour un regard noir. Il trouve ça injuste, comme souvent avec Dean. De tous les défauts de son ami, c’est sûrement celui qu’il tolère le moins. L’irlandais ne comprend pas pourquoi il rejette ses propres défauts sur les autres. Autrefois, il gardait cette amertume pour lui, mais depuis la dispute à l’hôpital, il refuse de se faire malmener par la personne qu’il apprécie le plus. « En manque ? C’est ça que tu penses de moi ? Contrairement à toi, je n’ai pas couché avec la moitié de l’Ordre. » La réponse est méchante, mais pas totalement fausse. Il se souvient d’avoir entendu parler d’un Alvaro. Il se souvient de Ethan. Et il ne doute pas que d’autres ont existé. Pendant que lui tentait tout pour se faire pardonner par ses amis et sa famille.

C’est l’hôpital qui se fout de la charité, vraiment. « Tu sais quoi, je ne sais même pas pourquoi j’ai fais ça. Laisse tomber. Retourne avec les autres. » Son ton est rempli de colère. Idéalement, il aurait aimé partir lui-même, afin de mettre un terme au débat. Malheureusement, l’alcool le retient près de la fenêtre de la cuisine. Pour autant, il détourne son regard de Dean pour revenir sur l’extérieur tout en serrant ses poings. Il en a marre de toutes ces remarques. Pourquoi tout le monde se permet-il de lui faire des remarques ? Se sentent-ils si parfaits par rapport à lui ?

@Dean Thomas

( Pando )

Dean aimerait pouvoir faire pause. Pas forcément pour fuir la scène - non, il sait qu’il doit rester, faire face à tout ça maintenant (~~ou jamais~~) - mais au moins pour respirer un grand coup, prendre le temps de souffler, de réfléchir, et d’agir en conséquence. Parce que pour l’instant, il n’a plus le contrôle sur rien, à l’impression d’être dans une voiture qui roule à toute berzingue sur l’autoroute en sens inverse et il a le pied au plancher. “Ah bah super, merci du compliment.”

Dean lève les yeux au ciel. Il doit parler à Seamus de tout ça mais s’il fait ça maintenant, il sait que ça ne mènera à rien. Alors il ne dit rien de plus, garde ses mots - ceux là en tout cas - pour lui.

À Poudlard, Dean savait toujours quoi dire. C’était le bon copain, l’ami de tout le monde qui savait rassurer quand il le fallait, réconforter quand il le fallait, faire rire quand il le fallait, s’effacer quand il le fallait. La fuite, la guerre, la morsure ont brisé tout ça, ont fait de Dean quelqu’un de cynique, d’amer, souvent sur la défensive et qui visiblement fait tout de travers.

“Pourquoi ?” Dean grimace, baisse la tête en entendant ses paroles répétées. “En manque ? C’est ça que tu penses de moi ? Contrairement à toi, je n’ai pas couché avec la moitié de l’Ordre.”

Ouch. Dean s'arrête net, les mots de Seamus ayant le même effet qu'une gifle. "Wow. Est ce que c'est ça que tu penses de moi ?" Après son arrivée à la Madriguera, Dean pensait qu'ils avaient mis de côté ces histoires après Halloween et Ethan, mais visiblement non. Seamus est encore en boucle là dessus.

"Tu sais quoi, je ne sais même pas pourquoi j’ai fais ça." Ouch. Encore. "Laisse tomber. Retourne avec les autres."

C'est... tentant. Jusque là, Dean est resté sobre, alors prendre un verre ou deux, étouffé son esprit avec l'alcool et la musique - et pourquoi pas un mec puisque apparemment la moitié de l'Ordre lui est passé dessus - semble être une excellente idée. Alors Dean acquiesce, tapote le plan de travaille avec ses doigts et se laisse tenter par l'idée. En tournant la tête, cependant, ses yeux tombent sur le punch tout frais qu'il vient de préparer - avant - et une autre idée lui vient en tête. Il attrape un verre, le rempli à moitié, et le vide cul sec avant de le reposer un peu trop fortement sur le plan de travail.

“Tu sais quoi ? Non. Je bouge pas d’ici. Il faut qu’on en parle, il faut… je veux dire… On aurait jamais dû… Tu sais !” Les paroles de Dean n’ont plus aucun sens, il le sait, s’entend parfaitement bien dans le calme de la cuisine, mais le problème c’est qu’il a peur, chaque phrase qu’il commence est un élan de courage qu’il n’arrive pas à exploiter, faisant demi-tour dès qu’il se sent rapprocher un peu trop prêt du ravin. Il va finir par sauter, il le sait, mais il fait tout pour retarder l’échéance. “Tu sais, je te l’ai dit, tu l’as entendu, ne me fais pas croire que t’as rien entendu, que tu ne sais pas.” C’est injuste de sa part de rejeter la balle dans le camp de Seamus, de le laisser lui finir sa phrase plutôt que d’avoir le cran d’enfin - enfin - dire les choses clairement et ne plus laisser place au malentendu, mais il ne peut pas s’en empêcher. Le timing est catastrophique de toute façon. Tout ce qu’il se passe là, il n’est même pas sûr que Seamus s’en souviendra demain. “T’aurais jamais dû-" il continue, comme si Seamus était le seul acteur, comme si Dean n’avait rien fait. Il ne finit pas sa phrase cependant, coupé dans son élan par la porte de la cuisine qui s’ouvre brusquement.

A l’heure convenue, ils sont un petit groupe à transplaner depuis la Tour pour rejoindre le bord de mer. Ce soir se tient la soirée d’anniversaire surprise, pour Dae Won et l’équipe d’organisation tient à ce qu’un maximum de monde soit présent. Lorsque Dean avait abordé le sujet, elle avait su qu’il s’agissait d’un combat perdu d’avance – surtout que Raheem s’était rallié à lui pour la faire plier. Deux contre un, elle n’avait aucune chance. Une soirée. Elle pouvait bien faire ça ! En plus, il ne s’agissait même pas de Seamus, mais de Dae Won et jusqu’à preuve du contraire, elle ne l’avait pas offensé, il n’avait donc pas de raison de lui en vouloir d’être venue. Le raisonnement avancé par le duo avait été extrêmement alambiqué, trop pour qu’elle lutte et cherche à y voir une quelconque logique. Ok. Elle irait à cette soirée. Oui, elle se tiendrait. Non, elle ne s’en prendrait pas à Seamus (comme si c’était son genre). Oui, elle ferait un effort pour qu’ils s’entendent bien, au moins ce soir. (elle l’éviterait et ce serait plié.)

Elle l’a promis à Dean, elle ferait des efforts pour passer une bonne soirée et surtout ne pas contrarier Seamus. (comme si elle avait l’intention d’aller lui parler) L’important étant de ne pas gâcher la soirée en l’honneur de Dae Won. (d’où l’importance qu’elle passe le moins de temps avec Seamus et sa souris.) Elle avait beau lui avoir promis quelques semaines plus tôt qu’elle ferait un pas vers lui bientôt (sa présence à Halloween en était pourtant déjà un, non ?) elle était restée assez floue sur l’agenda de la réconciliation.

Elle gravite donc toujours autour du même groupe, une bouteille de bière à la main qu’elle prend soin de vider très doucement. Déformation professionnelle, elle se voit déjà chargée de ramener des invités un peu trop éméchés à leur planque pour éviter des désartibulements et autres accidents. Mais globalement, elle passe un bon moment. Elle parvient même à oublier la présence de Seamus, le temps d'une conversation ou d'un jeu.

" Merde y a déjà plus de punch ? " Elle tourne la tête vers celui qui s’exclame, évidemment déçu du constat établit. " hein ¿ attends je crois que Dean est parti en faire tout à l’heure. " " Il lui faut combien de temps pour en faire ! " " Vous croyez qu'il est en train de s'enfiler le nouveau saladier? "Chacun y va de son commentaire, mais tout le monde s’accorde sur le fait que le nouveau punch met bien trop de temps à arriver. Sentant les autres s’impatienter, elle quitte son spot, se dévouant de fait pour aller découvrir pourquoi le responsable des lieux met autant de temps à revenir. De toute façon, elle a besoin de se dégourdir les jambes.

" Bon alors, il arrive ce punch ou .. " Elle est entrée avec une énergie bien trop positive par rapport à celle qu’elle trouve dans la cuisine. La porte claque même contre le mur, presque en rythme avec la musique qui joue trop fort dans la salle principale. "Oups – elle jette un coup d’œil inquiet derrière la porte, le mur n’a rien ! avant de retrouver son sourire, qu'elle reperd une fraction de seconde plus tard – …J’interromps quelque chose, peut-être … ? je vais vous …enfin, non, les autres … on se - " Ses phrases n’ont pas de fin, ses yeux passent de Dean à Seamus (il était donc caché là !), cherchant à déterminer lequel des deux a contribué au changement d’ambiance entre les deux salles. C’est évident, ils étaient en train de parler, et il ne s’agissait probablement pas du calendrier des prochaines soirées qui se tiendraient dans leur planque. " … juste les autres s’impatientent.. " Du doigt elle désigne le saladier. Ça va, ils comprendront ce qu’elle veut.

Eternelle curieuse, elle ne repart cependant pas tout de suite. Elle le devine, il y a de quoi passer une soirée à décrypter tout ce qu’elle a vu et n’a pas entendu, un peu plus tard. On ne sait jamais, peut-être qu’ils vont lui confier le sujet de leur désaccord ! " Tout va bien ? "

(making bad decisions )

~~La Madriguera~~ Little IRELAND - janvier 2008 | ♬Seamus lâche prise. Il est profondément blessé et se vexe encore davantage lorsque l’autre prend la mouche sur sa remarque. Non, ce n’est pas sympa de parler de ces anciens plans culs, mais il l’a bien cherché en lui pointant du doigt des défauts qu’il n’a pas. « Ce que je pense de toi ? Dean tu viens de dire que j’étais juste en manque. » Son visage se ferme et l’alcool se voit encore plus qu’auparavant. Il n’essaye pas d’adoucir sa voix, parce qu’il n’a plus envie. Son ami est compliqué à suivre, trop compliqué. Depuis des mois et des mois, il a l’impression de marcher sur des œufs et surtout, de subir les sautes d’humeur de l’autre.

Cette remarque sur l’alcool, à un moment pareil, est de trop. Il trouve le propos humiliant et sacrément désuet d’empathie. « Dean tu me gaves là. » Agacé, il tape le cadre de la fenêtre avec sa paume de main, comme pour essayer d’évacuer cette amertume et cette lassitude. Un pas en avant, dix en arrière. Puis, comme si la situation n’était pas assez tendue, une invitée surprise fait son entrée. De toutes les personnes sur terre, il fallait que ce soit Vanessa Devon qui pointe le bout de son nez.

A l’Ordre du Phénix, il est connu que Vanessa et Seamus ne peuvent pas s’encadrer. Plus ils sont proches, plus l’ambiance devient tangible. Par mesure de sécurité, ils s’évitent et s’ignorent. La dernière fois qu’il lui a adressé la parole, c’est dans ce foutu ascenseur et pour ainsi dire, il se serait bien passé de ce moment fastidieux. Amie avec Dean, la brune remarque immédiatement le problème. En soi, Seamus comprend parfaitement sa réaction, l’ennui, c’est qu’il sait très bien de quel côté elle se range et qu’encore une fois, il va passer pour le méchant de l’histoire.

Seamus en a ras-le-bol d’être le vilain petit canard, pendant que Dean profite de la sympathie des autres. Même s’il sait que ces mots ne changeront rien à la situation, il décide de quand même prendre la parole et vider son sac. « Non tout ne va pas bien. Ton pote rejettes la faute sur les autres, comme toujours. » Un fait qui n’est pas si faux. C’est Dean qui a fait sa déclaration amoureuse le soir de Noël. Si l’ambiance a changé c’est lui le responsable, personne d’autre. Seamus a pris le temps de réfléchir, suffisament pour prendre les choses en main. Malheureusement, Dean ne voit pas ça du même œil. « Ca m’étonne pas que vous soyez amis, égocentrés comme vous êtes. » La colère et l’humiliation du moment le pousse à dire des mots durs.

Maintenant qu’il a proposé une presque introduction à la nouvelle venue, son regard se reporte sur le problème numéro 1 : Dean. Si l’anglais veut se lancer dans le jeu de la critique, il est tombé sur la mauvaise personne. Parce qu’avec son taux d'alcoolémie dans le sang, Seamus ne va aucunement le préserver. « Tu vois Dean, j’ai essayé de bien faire les choses. J’ai tenté, parce qu’il fallait bien après ce que tu as dit. » Son regard semble défier l’autre, alors qu’il laisse à chaque instant son accent irlandais prendre davantage l’ascendant.

« Mais toi, tu me parles de quoi ? De mon alcoolisme ? » Il l’a dit. Pour la première fois, il le dit à voix haute. Leur jugement, il s’en contre-fiche. Dean a vu et n’a jamais rien dit, tandis que Vanessa a toujours fait en sorte de lui mettre tous les défauts du monde sur le dos. « Oui, le mot que tu cherches c’est ça. » L’irlandais est loin d’être stupide. Il sait que sa consommation dépasse largement la moyenne, même à Little Ireland. Il sait aussi pourquoi il boit et ce qu’il fuit.

« Tu débarques complet mec. Ça ne te dérangeait pas ce souci quand tu vivais ta vie à la tour, quand tu me criais dessus ou quand tu flirtais avec je ne sais qui. Ce qui t’allait très bien, c’est que je sois là, comme un gentil toutou à chaque fois ! » Il se sent utilisé, plus que jamais. Il a un sentiment d’injustice qui lui serre le ventre. En parlant, il agite ses bras, comme pour extérioriser son mécontentement. Ses yeux ne quittent pas ceux de l’autre, parce qu’il refuse de plier devant cette remarque déplacée.

« Contrairement à toi, je t’apprécie entièrement et je ne fais pas semblant de ne pas voir un problème. Oui je t’ai entendu à Noël, j’ai juste pris le temps de réfléchir pour pas tout briser, alors que toi, quand il y a un problème tu repousses les autres et tu ignores le problème. » Les mots sont durs, mais finalement, la situation est réelle. Dean a balancé un “je t’aime” sans jamais revenir dessus. Ce fut à l’irlandais de se démerder avec cette situation, comme un grand. Il a pris un risque que l’autre se refusait et maintenant, il le lui reproche. Seamus n’a jamais aimé parler de lui, de ses émotions et de ses problèmes. Pour autant, il n’a jamais caché ses mal-être à son ami, qui a trop souvent fermé les yeux.

@Dean Thomas

( Pando )

Le monde est une fête et Dean est sa piñata. Il a le visage totalement horrifié lorsqu’il voit la porte s’ouvrir et Vanessa plutôt que quiconque d’autre entrer dans la pièce. (Bon si, ça aurait pu être pire. ça aurait pu être Lena ou Cormac ou Raheem ou Ethan. En fait, Dean se rend compte qu’il a toute une liste de gens qu’il ne voudrait absolument pas voir entrer maintenant. Peut être qu’au final, Vanessa est la moins pire de la liste.)

“Bon alors, il arrive ce punch ou ..” Mortifié. C’est le meilleur mot qu’on puisse utiliser pour décrire l’état de Dean à cet instant précis. Il a envie de disparaître avant que Vanessa ne puisse le repérer mais c’est déjà trop tard, beaucoup trop tard. Et il n’a aucun contrôle sur comment Seamus va réagir, lui dont le seul mode semble être “en roue libre.” “Oups …J’interromps quelque chose, peut-être … ?” Les yeux de Dean sont grands ouverts. Il essaye de communiquer avec Vanessa mais la pauvre ne risque pas de comprendre grand chose vu que ses pensées sont un mélange de Pars, s’il te plait - reste, me laisse pas seul avec lui - emmène moi avec toi - donne moi une grande gifle - donne lui une grande gifle - tue moi tout de suite qu’on en finisse. “je vais vous …enfin, non, les autres … on se - … juste les autres s’impatientent..” Dean ne sait pas vraiment l’impression que renvoie la scène mais ce n’est visiblement pas très glorieux. “Tout va bien ?”

Il va pour dire oui, veut absolument se sentir de là le plus vite possible, mais sa réponse est couverte par celle de Seamus qui est bien décidé à creuser la tombe de Dean ce soir. “Non tout ne va pas bien. Ton pote rejette la faute sur les autres, comme toujours. Ca m’étonne pas que vous soyez amis, égocentrés comme vous êtes.” Les mots de Seamus ne sont pas nécessairement faux, mais ils blessent Dean quand même. Il est totalement muet, la langue coupée, alors que Seamus déverse son flot de parole qui lui sert l’estomac et lui fait monter les larmes aux yeux. Il se déteste, putain. “Tu vois Dean, j’ai essayé de bien faire les choses. J’ai tenté, parce qu’il fallait bien après ce que tu as dit.” Ce qui vient après est comme assourdi, certains mots résonnant plus que d’autres. Parce qu’il fallait bien. Dean a peut être des tendances drama queen mais il est persuadé à cet instant d’avoir le coeur qui saigne. “Mais toi, tu me parles de quoi ? De mon alcoolisme ? Oui, le mot que tu cherches c’est ça.” Cela n’a plus vraiment d’importance que Vanessa soit là, qu’elle entende tout ça. Dean a totalement oublié sa présence. Les yeux rivés sur Seamus, il ne voit que lui, n’entend que ses mots, et chaque phrase est un coup en plus qu’il se force à encaisser parce qu’il essaye de se dire que c’est l’alcool qui parle. Mais c’est difficile de l’accepter quand Seamus n’a jamais paru aussi sincère. “Tu débarques complet mec. Ça ne te dérangeait pas ce souci quand tu vivais ta vie à la tour, quand tu me criais dessus ou quand tu flirtais avec je ne sais qui. Ce qui t’allait très bien, c’est que je sois là, comme un gentil toutou à chaque fois !” Dean n’a jamais autant voulu jouer les victimes, se cacher derrière l’innocence qui lui va toujours si bien. Il aimerait se dire que c’est injuste mais si c’était le cas, les mots de Seamus ne lui ferait sans doute pas si mal. “Contrairement à toi, je t’apprécie entièrement et je ne fais pas semblant de ne pas voir un problème. Oui je t’ai entendu à Noël, j’ai juste pris le temps de réfléchir pour pas tout briser, alors que toi, quand il y a un problème tu repousses les autres et tu ignores le problème.”

Dean est bien conscient que ça ne sert à rien de calmer le jeu pour Vanessa. C’est trop tard et de toute façon, ça partirait sûrement en vrille. Alors, la gorge nouée, il se force à répondre. “Et bien je suis content que t’ais pu dire tout ça, visiblement ça te pesait.” Ses mots sortent difficilement, comme étranglés, et il fait tout son possible pour garder la face, ne surtout pas craquer. “Mais tu mélanges tout là,” il ne peut pas s’empêcher de lui reprocher. "Je sais ce que j'ai dit à Noël." Et il ne va certainement pas se répéter maintenant. "Et peut être qu'on aurait dû en discuter. Je sais," il se corrige rapidement, "que j'aurais t'en parler, le faire mieux que ça. Mais j'ai jamais voulu faire de test, moi !" il crache le mot, blessé par la solution de son ami plus que tout le reste. "Si j'ai mis autant de temps à le faire, te le dire, c'est justement parce que je ne voulais pas que ça vienne tout gâcher. Et toi, tu..." Dean s'interrompt. Il est lancé maintenant, prêt à être honnête, enfin, avec quinze mois de retard, mais c'est le pire moment pour le faire, au beau milieu d'une soirée, entre les chips et le punch, Seamus complétement pété, et Vanessa en spectatrice malgré elle qui doit bien regretté sa venue dans la cuisine. "On parlera, mais quand tu seras sobre," Dean expose fermement, conscient d'en remettre une couche, que Seamus ne va pas aimer mais il ne peut pas le forcer à avoir cette discussion maintenant. Si Dean ne voulait pas l'embrasser comme ça, il a encore moins envie de lui faire une grande déclaration.

(making bad decisions )

~~La Madriguera~~ Little IRELAND - janvier 2008 | ♬Les mots sont durs, mais cela ne veut pas pour autant dire qu’il ne les pense pas. Seamus est fatigué du caractère changeant de son ami. Il ne comprend pas pourquoi tout est compliqué avec Dean. Avant, les deux amis n’avaient même pas besoin de parler pour se comprendre et maintenant, plus ils parlent, moins ils se comprennent. Cette fois, l’irlandais est lassé de la situation. Le fait que Vanessa soit dans la pièce ne le perturbe pas le moins du monde. Il n’a rien à cacher, surtout pas après le risque qu’il vient de prendre.

Pour dire vrai, il se sent humilié par la réaction de Dean. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été autant blessé par une personne et il n’imaginait pas une seule seconde que son ami allait porter le coup fatal. Soudainement, il se demande pourquoi il est rentré en Angleterre et pourquoi il a tenté, tant de mois, de se faire pardonner par Dean. Seamus n’a jamais vraiment fait de coming out, pour autant parler de sa vie sexuelle ou sentimentale n’a jamais été sa spécialité. L’irlandais ne supporte pas l’idée d’être fragile ou d’avoir l’air fragile, et l’idée de que Dean lui plante un tel couteau dans le dos l’agace fortement.

Il a envie de tout envoyer valser. De retourner en France et de ne jamais revenir. Le visage et la voix de Dean l’énerve, à tel point qu’il n’écoute pas vraiment ce que l’autre répond. Il capte seulement quelques mots, qui n'améliorent aucunement la situation. « Bah oui, c’est moi qui mélange tout. L’idiot du village. » Seamus a toujours été vu comme l’idiot du groupe, celui qu’on ne prend pas au sérieux. Il s’est accoutumé de cette image, mais là, c’est trop pour lui. Il n’est plus le petit rigolo du dortoir. Comme tout le monde, il a souffert, vécu des difficultés et il ne mérite clairement pas qu’on lui jette son alcoolisme au visage dans un moment pareil.

Encore une fois, Dean souligne son état. Les traits du visage de Seamus se crispent, laissant aisément lire son agacement. Ses poings se ferment, il a envie de frapper dans quelque chose, mais se retient. Puis, après un soupire à peine caché, il se relâche légèrement. « T’sais quoi ?! Laisse-moi tranquille. » D’un pas peu stable, il s’éloigne de la fenêtre et se dirige vers la sortie. Au passage, il bouscule de l’épaule l’autre homme, comme pour le heurter au plus profond.

Lorsqu’il passe devant Vanessa, il ne lui accorde même pas un regard. Cette histoire ne la concerne pas et de toute manière, il est évident qu’elle prendra la défense de son ami. En traversant la cuisine, son pas est incertain. Il n’a plus envie de faire la fête, mais il compte bien finir ce qu’il a commencé avant de finir au lit dans un état lamentable, pour oublier.

@Dean Thomas

( Pando )

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