Ton arrivée il y a quelques semaines a provoqué peu de changements en soi, si ce n'est le volume légèrement plus élevé de voix dans les couloirs. Ouistiti - qui s'appelle en fait Elena, rien que ça - en tenait une couche elle aussi, il ne fallait pas être un ancien pour le savoir. Maintenant que tu étais là, installée, fallait faire tes preuves, et surtout glaner des informations là où tu pouvais en gratter. Poussée par une fierté que tu ne nommerais pas, tu n'es pas allée crier sur tous les toits qui tu cherchais et pourquoi. Aller directement faire l'interrogatoire à Elena ne te paraissait donc pas encore envisageable, alors que la facilité aurait dû t'y mener : au lieu de ça, alors, tu cherches à t'occuper.

Mieux encore, tu vas pour discuter de ta première initiative, à savoir voir ce qu'il se cache en dessous de la plateforme usée. D'aller vérifier que tout était clair, et que s'il y avait de quoi graille, tu le remonterais (mais ça, c'était déjà sous-entendu)(tu ne savais pas que tu allais surtout récupérer des déchets militaires et autres morceaux de fers rongés par la rouille et habillés de micro-organismes particulièrement intéressés). Ton initiative, donc, tu ne l'as pas vraiment discutée, juste vaguement auprès de Seamus, avec qui tu t'entends déjà plutôt bien.

Suffisait donc d'un vague accord pour que tu partes plonger, Aegiya le cul sur la flotte en train de tourner en rond, pour signifier que tu étais là-dessous et pas ailleurs. Tu n'étais d'ailleurs pas tout à fait équipée pour ça, mais tu n'en avais rien à faire : non seulement ça pouvait pas te faire de mal, mais en plus de ça tu en avais besoin.

La première chose qui te frappe c'est que cette eau est pas aussi claire, et pas aussi propre que chez toi. T'es triste et en colère dès le départ. Ta crinière blonde finit par disparaître assez rapidement alors que tu plonges en apnée pour aller voir ce qui se cache là-dessous, la pression se faisant sur ta cage thoracique, toujours un peu plus, au fur et à mesure que tu descendais.

Tu aurais dû demander avant de disparaître, même si tu n'étais pas bien loin. Tu aurais dû communiquer, même trois mots, avec ton accent à couper, au lieu de dire à Seamus "ok à tout à l'heure" sans trop d'informations sur ce que tu allais faire.
Ce que tu ne sais pas, c'est qu'une nouvelle tête est elle aussi arrivée à la Madriguera et que, peut-être, elle allait pouvoir t'aider.
Pas pour récupérer de quoi manger, mais...

"Ah mais les connards !" que tu t'époumones à peine la tête ressortie de l'eau, après six minutes de disparition programmée. Tu craches, fait quelques brasses pour revenir à l'échelle, ton autre main tenant un bout de ferraille qui ne te plaît pas, mais que tu aurais bien voulu jeter à la figure de n'importe qui, à commencer par le type qui te regardait littéralement de haut, là, sur la plateforme. Tu as jamais vu sa tête, et pourtant t'en as vu passer. Le goéland braille un coup, annonce la couleur.

"T'es qui toi ?" que tu lui jettes en respirant avec amplitude, à défaut de pouvoir en récupérer d'autres pour le bombarder avec, comme en 44.

Pour tromper la faim permanente, Winston était toujours par monts et par vaux, se pointant dans les planques après y avoir été plus ou moins invité - "pour voir à quoi ça ressemblait, il parait que chez vous c'est trop cool, tenez un pack de bières" - quand il n'était pas fourré avec SJ ou en train de magouiller pour se trouver plus de sang. Son choix du jour s'était porté sur la Madriguera (une envie de nouveauté dés le réveil) et comme il y avait Elena là bas, il n'avait même pas besoin de prévenir (il avait quand même pris un pack de bières en guise d'offrande). Tout guilleret, il avait enfilé petit pantalon chino, petite chemise à motifs vintage, petite paire de lunettes de soleil et à sa dégaine, on avait du mal à croire que l'on était en janvier. Depuis sa vampirification, il n'avait plus chaud ou froid comme avant donc pouvait s'habiller comme il le voulait tant qu'il ne s'exposait pas trop au soleil. Ce fut pour cela qu'il compléta sa tenue d'un panama, se peignit un triangle vert sur la joue, avant de faire un check à ses colocs qui devaient être absolument ravis de le voir lever le camp (il avait parlé tout le temp que lui avait pris ses essayages de tenus, non sans leur avoir demandé leur avis à chaque chemise).

Il partit mains dans les poches, gourde de sang rétrécie magiquement également glissée dans la poche arrière de son pantalon , sourire aux lèvres, sifflotant un truc qui lui valu des regards en biais (vrai qu'il ne fallait pas chantonné). Dés qu'il fut sortit du périmètre de sécurité, il transplana en direction de la nouvelle plaque et plutôt que de foncer direct à l'entrée, il préféra en faire le tour pour le plaisir d'humer l'air marin (ou pas marin, il ne savait pas trop) et de se balader au bord de l'eau. Il s'approcha du bord pour voir si il ne voyait pas de poissons mais c'était tellement trouble qu'on ne voyait pas sur plus de dix centimètres de profondeur. Il se rabattit sur l'ornithologie : il avait un goéland juste sous le nez et se demanda si ça mangeait les canards ou pas (certainement que oui).

Le vampélane en était à se dire que la bestiole était drôlement statique quand l'eau sous elle se mit à onduler jusqu'à ce qu'une fille en crève la surface, le faisant sursauter par la même occasion. Il se reprit vite cependant pour dégainer son sourire plus blanc que blanc, ce qui ne servit à rien vu que la fille ne l'avait pas vu. De l'observation du gabian, il passa à l'observation de l'inconnue qui progressait vers l'échelle du ponton en brassant avec un seul bras. Un style. "T'es qui toi ?" Une absence totale de politesse, il ne s'en formalisa pas. "Moi, j'suis Winston !" Mini courbette, risette enjôleuse. "Toi t'es qui ? Une nouvelle non ? Je ne t'ai jamais vu ici." Après, il n'était jamais venu ici avant mais vrai qu'il connaissait un sacré paquet de résistants au moins de vue (huit ans dans l'Ordre doublé d'un naturel extraverti, ça aidait) et que ceux qu'il connaissait moins étaient les réchappés des Battues mais la fille n'avait aucun triangle bleu sur la joue (elle se baignait en janvier, en Angleterre, évidemment qu'elle avait des ascendances être de l'eau). "L'eau est bonne ?" demanda-t-il, curieux de savoir les critères de température des êtres de l'eau. Il fronça les sourcils lorsque le gabian augmenta encore le volume de ses piaillements. il fronça encore plus les sourcils quand il vit que l'inconnue tenait une barre de métal, ce qui n'était jamais rassurant.

"Moi, j'suis Winston !" Winston, c'est pas beau comme prénom ça, on dirait un chien dans un dessin animé ! Il te fait même une courbette que tu aperçois qu'à moitié, parce qu'évidemment, t'es en plongée. "Toi t'es qui ? Une nouvelle non ? Je ne t'ai jamais vu ici. - Ben moi non plus je t'ai jamais vu, et ça c'est pas normal !" que tu signifies en grognant. C'est que si le fameux Winston avait fait partie de cette planque, tu l'aurais déjà croisé au moins une fois, depuis toutes ces journées passées à flâner dans ces derniers. Mais pas l'ombre d'un énergumène comme celui-ci ! Tu trouves ça louche, et c'est d'autant plus louche qu'il est plutôt bien habillé pour un résistant proclamé. Mais ça, tu lui diras pas, il a pas besoin de savoir, parce qu'il pourrait très bien en profiter comme un paon par après. "L'eau est bonne ?" tu fronces du nez, le goéland commençant à piquer la chemise du vampélane alors que tu remontais l'échelle non sans distinction : t'avais encore la barre de métal abîmée dans la main. Tu sommes Aegiya d'arrêter de l'embêter (en coréen, bien sûr)(et sans grande douceur, bien sûr) alors que tu mets un pied sur la plateforme sur laquelle il se trouve.  

"Bah, t'as qu'à y aller pour savoir !" que tu lui réponds enfin. Ben oui, t'es pas sourde non plus. Puis t'es pas là pour faire la météo des plages. Etant sur le même pied d'égalité que le Winston (difficile à assumer) tu remarques que trop tôt sa grande taille, qui te fait même de l'ombre. Encore un qui va devoir supporter tes humeurs parce que ta fierté en a prit un coup. Au hasard et parce que c'est de circonstances (non), tu lui jacte : "Tu saurais pas qui a jeté ça dans la mer par hasard hm ???" sur un ton du reproche, comme s'il pouvait en avoir une fucking idée. Tu lui montres ce qu'il a déjà vu, à savoir ce morceau de métal qui pourrait aussi bien être utilisé comme arme, vu la façon dont tu la prends et la remue dans tous les sens. "Et puis d'où tu sors alors ?" c'est pas comme s'il avait été clair non plus, le bougre. Aegiya piaille un coup et tu menaces de lui en coller une, si bien qu'il s'envole comme un lâche avant de se reposer sur le voile d'eau en bas. Tu renifles, gouttant de partout comme un saule pleureur sous les restes d'une tempête littorale. "On dirait que t'es mort tellement t'es blanc" pas le moindre filtre comme qui dirait, mais c'est la triste vérité au demeurant : il n'a pas bonne mine, Winston. Manquerait plus que ce soit un vampire et tu serais prête à repiquer une tête dans cette eau salée.

"Ben moi non plus je t'ai jamais vu, et ça c'est pas normal !" Le sourire du vampélane s'étira encore avant qu'il ne hoche la tête. Clairement pas normal qu'on ne l'ait pas encore vu alors qu'il était trop fab (un drame dans la vie de cette fille, évidemment). Il retint la réplique un rien narcissique cependant, la fille dégageait trop de mauvaises ondes pour ça. Il préféra plutôt s'intéresser à elle et à sa baignade, Winston aurait peut-être mieux fait de s'abstenir. Le gabian commença à attaquer sa chemise, lui arrachant un petit cri de surprise. Il tenta de chasser la bête à renfort de moulinets de bras. Echec total, le pronostic vital de son haut était désormais engagé. L'inconnue finit de gravir l'échelle toujours armée de sa barre de métal et le blond commença à craindre pour son pronostic vital à lui. Ou pas, elle se mit à jacter en... Coréen ? Et l'oiseau s'envola vers d'autres cieux. "Bah, t'as qu'à y aller pour savoir !" Quelle amabilité, le sourire de Winston ne se ternit pas d'un iota (il avait l'habitude des lycanthropes aux veilles de pleine lune). "Non merci, j'suis déjà en hypothermie" qu'il dit d'un ton léger, pas du genre à donner dans les bains du Nouvel An de toute façon (et certainement pas sans maillot). "C'est ton goéland ?" ajouta-t-il en pointant le gros oiseau du doigt. Décidément, il rencontrait plein de sorciers avec des familiers inattendus, même son canard faisait pâle figure à côté.

Mais la fille n'avait vraiment pas l'air de vouloir discuter bestiaux, préférant lui agiter sa barre de fer sous le nez, faisant reculer Winston de quelques pas. "Tu saurais pas qui a jeté ça dans la mer par hasard hm ???" Léger rire du joueur anglais qui ne se démontait pas (il devrait pourtant mais son vampirisme lui donnait une légère sensation d'invulnérabilité). "Les mangemorts ont encore frappé !" Tentative de détendre l'atmosphère, ça marcha bof, il n'était pas en face d'un être de l'eau mais d'une harpie en fait. "Et puis d'où tu sors alors ? - De nulle part en particulier, j'venais juste rendre visite." Son ton était léger, un peu plus et il lui racontait sa vie, qu'il s'ennuyait un peu dans sa planque, que ça faisait longtemps qu'il n'avait pas vu Elena, qu'il avait raté la crémaillère parce que c'était pile dans la période où il avait envie de bouffer tout le monde (ça ne s'était pas tant calmé que ça, d'ailleurs l'énervée avait une petite odeur iodée qui ne lui déplaisait pas).

"On dirait que t'es mort tellement t'es blanc" Ca, ça lui déplut par contre. Pile là où ça faisait mal dans son ego de vélane à l'apparence plus si parfaite. Déjà qu'il avait mis du temps avant de pouvoir de nouveau se regarder dans le miroir... "Ah ouais ?" Le ton avait un arrière goût de désespéré, Perdita lui avait juré que ce n'était pas si terrible que ça la mine blafarde, les cernes sous les yeux dues à la faim (il les cachait sous ses lunettes quasi en permanence). "Bah c'est pas sympa, ni pour les revenants, ni pour les vampires ! Tu crois qu'on aimerait pas prendre des couleurs, comme tout le monde, hein ?" Avant, il adorait passer son été (en Grèce, avec ses sœurs et ses parents, il y avait une éternité) à dorer au soleil sur une plage de sable fin. Maintenant, s'il voulait faire de même, ce serait sous la lune et ça ne donnerait pas le même résultat. "Faut vraiment arrêter avec les remarques comme ça ! J'crois qu'on a suffisamment été discriminés par l'Ordre pour qu'on nous lâche la grappe avec notre apparence !" commença-t-il à s'énerver avant de se recalmer vite fait pour ne pas s'attirer un t'es moche quand t'es en colère, ce qui était pile de la vélanophobie (tout comme les critiques sur son physique en général, bien entendu (et sous-entendre qu'il était un poil narcissique)).

Tu es tellement prise dans ton agacement (pas si léger, à en voir la façon dont tu remues ce morceau de métal) que tu n'écoutes pas sa question concernant le goéland, goéland qui de toute façon s'est fait la malle comme le lâche qu'il est, après s'être fait rouster. Parfois on dirait plutôt que c'est le goéland qui a une Iseul de compagnie, à se demander qui était l'adulte en charge ici.
Ce qui est encore plus agaçant, c'est les réponses sibyllines et un brin moqueuses (à ton goût) du Winston. Il a l'air de se la péter sec, lui, avec sa chemise froissée et ses lunettes de soleil sur le nez ! T'espères au moins qu'il ne s'imagine pas être le plus fab du territoire, parce que t'en tiens une couche aussi. Mieux encore, toi tu viens d'une île super loin, et t'es venue ici comme une cheffe ! Est-ce qu'il peut en dire autant, lui ?
Alors non, il ne te dit pas d'où il sort, juste qu'il vient pour "rendre visite", ce qui est encore plus louche aux oreilles de la gamine, vous vous en doutez bien. "C'est Winston ton nom de code alors ?" que tu lui assènes, sans doute parce que tu veux avoir le cœur net qu'il soit un vrai résistant (ce que tu peux être bête parfois) et pas un résistant qui a un prénom de chien (vraiment). Vraiment à faire le malin, il allait pas aller bien loin, celui-là.

Mais c'est justement quand tu lui dis qu'il est quand même très blanc (avec zéro tact au compteur) que tu fais tomber son masque de beau-gosse. Si t'étais pas attirée par les femmes, peut-être même que tu l'aurais vraiment trouvé beau et à ton goût, c'est d'ailleurs le seul constat que tu peux faire : il est blanc comme un mort, mais il est beau comme un cœur. Et ça, après avoir trouvé des saletés dans la mer, ça te met encore plus du fuel dans ton moteur à grincheuse.

"Bah c'est pas sympa, ni pour les revenants, ni pour les vampires !" mais de quoi il parle là ? Il est vraiment mort alors ??? Ton visage commence à prendre une autre expression, plus perplexe. Il se fout de toi non ? Tu savais pas qu'il était mort, hein, sinon tu... non en fait t'aurais rien fait de différent, mais tu lui aurais pas dit ça comme ça, de but en... blanc (encore). "Tu crois qu'on aimerait pas prendre des couleurs, comme tout le monde, hein ? - Hey, j'savais pas que t'étais vraiment mort moi hein !" te défends-tu, quand même un peu piquée par ton empathie à son égard. Ben oui, maintenant que tu avais fait ton pikachu tout rouge, il fallait un peu redescendre, et il t'y aide sans trop d'efforts. La redescente, comme on dit, même si pas si douloureuse que ç'en a l'air. Tu songes même à t'excuser, mais il a quand même ce côté agaçant et puis, t'as trop de fierté pour faire ça au premier rendez-vous. "Faut vraiment arrêter avec les remarques comme ça ! J'crois on a suffisamment été discriminés par l'Ordre pour qu'on nous lâche la grappe avec notre apparence !" tu t'es rapprochée d'un demi-pas pour parler aussi haut que lui, de ta petite taille : "C'est bon, c'est bon ! Je savais pas OK ! On fait la paix maintenant !" prise de tête d'enfants de huit ans et demi, mais au moins, tu sais reconnaître (un peu) tes tords.

Tu soupires du nez en laissant tes épaules s'affaisser. Tu regardes un peu tes pieds avant de zieuter dans sa direction - vraiment trop grand ce bougre. Le presque-silence est pas forcément le plus agréable qui soit, mais au moins, tu fais une pause. Et après celle-là, t'as l'air déjà moins remontée comme un chihuahua. "Mais du coup t'es mort ou t'es un vampire ?" que tu lui demandes avec réel intérêt, en jaugeant un peu le concerné, comme pour deviner avant lui ce qu'il pourrait te servir. "J'ai jamais vu de vampire." c'est surtout pour ça que tu demandais, surtout. Sans réaliser que ce serait sans doute la pire information à donner à Winston, qui l'utiliserait volontiers pour continuer de se la péter comme jamais.

"C'est Winston ton nom de code alors ?" La seule réponse à cette question que Winston jugea absurde (il vivait depuis tellement longtemps avec les mêmes gens qu'il était passé au stade des prénoms) fut son rire mélodieux qui s'évapora très vite. L'inconnue - elle ne s'était toujours pas présentée et, en réalité, ce serait plutôt à lui d'être méfiant - était toujours aussi hostile. Voire insultante.  Surtout pour quelqu'un qui sous-entendait que Winston n'était pas un prénom convenable. S'il ne fallait pas frapper les plus petits que soit, le vampélane avait quand même une petite envie de la repousser dans l'eau, qu'elle aille faire le roquet aquatique ailleurs avec son goéland enragé. "Hey, j'savais pas que t'étais vraiment mort moi hein !" Pour un mort, il était drôlement bavard en tout cas, si bien qu'il continua dans sa lancée, encore amer de la façon dont l'Ordre avait traité vampires et autres hybrides pendant des années avant de tourner la page comme si de rien n'était. Quant aux revenants, Winston avait entendu des rumeurs les concernant, avait même espéré voir apparaître le visage de ses parents parmi les défunts au regard hagard, mais rien. Il n'avait d'ailleurs eu aucun objet hanté - même au centième du niveau de hantise du livre d'Alphonse -, pas même le pull préféré de son père qu'il enfilait les soirs de coup de mou. A croire que certains défunts ne voulaient pas retourner embêter les vivants (ou que ses parents lui en voulaient un peu pour les avoir conduits droit vers leur mort). Dans tous les cas, revenir des morts pour entendre des réflexions sur son teint, ce n'était pas du tout life goal (haha).

"C'est bon, c'est bon ! Je savais pas OK ! On fait la paix maintenant !" Winston baissa les yeux pour la regarder, un peu contrarié d'avoir une phrase d'enfant de cinq ans lassé de la dispute qu'il avait provoqué plutôt que des excuses. "Quand on sait pas, on se tait." La base. Puis on ne parlait pas du physique des inconnus sauf si c'était sympa et pas dans le but de faire de la drague de gros relou. "T'as de la chance d'être nouvelle !" finit-il par ajouter, souriant de nouveau car il lui en fallait beaucoup plus pour être vexé plus de deux minutes. "Mais du coup t'es mort ou t'es un vampire ? J'ai jamais vu de vampire." Ah oui, nouvelle, nouvelle. Et comme elle n'avait répondu à aucune de ses questions, il se fendit juste d'un "Devine !" souligné par un sourire sans les dents. Lunettes de soleil, teint blafard mais triangle vert sur la joue, de quoi semer la confusion (à condition qu'elle connaisse la signification des couleurs). Winston était décidemment diabolique (non).

Tu aurais dû manifestement ne pas te laisser amadouer, ou plutôt attendrir (le mot est fort, quand même) par le vampélane mort-ou-pas, dont le triangle ne t'avait rien inspiré d'autre qu'une crispation certaine : c'est que par chez toi, c'est un truc de ripoux qui ne respectent rien. Hé ben, c'est que ça a quand même l'air de bien lui aller le Winston, vous croyez pas ? Il se la pète, il répond pas vraiment à tes questions, EN PLUS il a un tatouage... vous voyez un peu le tableau ? Ca la fout vraiment mal.
Son "Quand on sait pas, on se tait." a l'air tellement condescendant (ce que tu te serais pas permise, hein) que tu n'as qu'une seule envie, lui faire un geste grossier ou le pousser dans l'eau qu'il n'a pas encore goûtée. "T'es sérieux ?" que tu dis en Coréen, l'instinct n'ayant certainement pas eu le temps de laisser ton cerveau traduire correctement cette balle perdue. L'eau se remet un peu à bouillir, parce que tu n'aimes pas vraiment comment il se comporte, là, maintenant. T'es presque à t'excuser et il te lâche ça au nez ? Non mais franchement, il sait même pas quelle chance il a d'avoir une Iseul qui ne le bourrine pas à coup de savate. Parce que ça lui suffisait pas, il a même rajouté "Devine !" en prenant bien soin de ne pas te montrer ses dents. Vraiment... vraiment, c'est pas fair-play.

"C'est vraiment pas drôle" que tu lui dis avec un vocabulaire d'enfant de huit ans, parce que oui, l'anglais, c'est pas tout à fait ta langue maternelle en fait. "Je devine comment moi ?" fallait que tu utilises ta magie pour avoir des réponses ? Franchement, c'est nul, bas, petit. Pas autant que toi physiquement, mais presque, tu vois. Tu tapotes la barre de métal sur ta cuisse, pas avec une idée derrière la tête, au contraire, c'est plutôt pour t'aider à réfléchir (oui, ça t'arrive). (roll) "Je pense que t'es mort parce que t'es vachement blanc quand même" à croire que tu n'as pas vraiment retenu la leçon, hein. Mais être blanc c'est pas être moche dans ton jargon. Tu lui as jamais dit qu'il était moche. A en voir sa tête par contre, c'est comme si tu lui avais dit qu'il était né dans une poubelle moldue. "Pourquoi tu crois que t'es moche quand je te dis ça ? C'est juste blanc c'est pas grave" relativiser, la meilleure arme, sauf contre les souffrances narcissiques d'un vélane, à n'en point douter. "Du coup tu peux montrer tes dents ?" on sait jamais, d'ici à ce que ce soit le plot twist de ta journée... il aurait gagné au moins 1 point, et il l'aurait peut-être pas volé celui-là.

"C'est vraiment pas drôle" Rire mélodieux de basic veela. Lui, ça l’amusait un peu de la faire enrager (ça lui avait presque manqué, avant il avait sa deuxième sœur sous la main pour ça, peut-être que c’était elle qui lui manquait…). "Je devine comment moi ?" Un haussement d’épaules, Winston prit garde de ne pas trop ouvrir la bouche pour qu’on ne lui voit pas les canines. Qu’elle se débrouille comme une grande. La réponse de l’inconnue lui fit vite perdre le sourire par contre. "Je pense que t'es mort parce que t'es vachement blanc quand même." Ok, il lui fallait du fond de teint, pour paraître au moins un peu moins décédé (quoiqu’il était frais pour un cadavre, enfin pas frais froid, enfin si un peu mais pas autant, bref…). "Pourquoi tu crois que t'es moche quand je te dis ça ? C'est juste blanc c'est pas grave - Tu l’as dit pourtant. Je suis tellement blanc que j’ai le teint d’un mort. Avant, j’étais pas comme ça." Sa voix s’était faite mélancolique alors qu’il se revoyait avant, le teint lumineux, l’absence de cicatrice sur sa peau, sa famille autour de lui… Maintenant on le confondait avec un revenant, ses parents ne revenaient pas, Perdita était hantée par les Battues et Esme n’était pas là…

"Du coup tu peux montrer tes dents ? - Perdu !" Et le sourire revint barrer son visage, crocs aussi blancs que son teint immaculé. Winston remit sa chemise bien en place - relevant le col à l’italienne pour exposer le moins de peau possible au soleil - maintenant que le gabian ne semblait plus vouloir l’attaquer avant de tendre la main vers la fille pour recommencer les présentations de zéro. "Winston Karahalios dit Chucky. Je suis dans l’ordre depuis des années et plus particulièrement à Sweet River" commença-t-il, espérant ne pas se prendre un coup de barre en métal sur la tête pour avoir dit son nom aussi rapidement (c’était bien un truc de nouveau ça, de faire la guerre pour garder les noms secrets alors que l’on pouvait le retracer en deux-deux rien que par son statut de vampélane). "Et toi tu es ?" redemanda-t-il d’un air engageant. Si elle était encore méchante avec lui, il le dirait à Elena. Et à Nacho. Et à tous ses potes comme ça ils… feraient strictement rien sans doute parce que la fille plongeait dans les eaux polluées pour trouver des armes donc était dangereuse par définition.

L'impression qu'il se fiche de toi n'est clairement pas qu'une impression. A croire que ton once d'empathie n'a pas vraiment fait son œuvre, puisqu'il t'en veut toujours autant de 1) lui avoir beuglé dessus 2) de lui avoir dit qu'il était blanc 3) surtout quand tu lui as dit qu'il était très blanc. Tu comprends même pas qu'il puisse s'en offenser, maintenant que tu t'es (presque pas) excusée. S'il est mort, c'est normal qu'il soit pâle, alors quoi ? C'est vrai que t'as entendu parler de ces histoires de revenants, mais surtout d'Inferis en arrivant à la Madriguera - ça a mit tout le monde sur le qui-vive, déjà qu'ils étaient pas bien marrants. T'en avais jamais vu. Des inferis, et des revenants aussi... enfin surtout ce genre de revenant, avec un petit chino pas volé au voisin (admettons). Il aura fallu que Winston chouine un peu plus pour que tu captes ce qu'il en était. "Tu l'as dit pourtant. Je suis tellement blanc que j'ai le teint d'un mort." donc, il est pas mort, super. Et c'est pas du tout parce que t'avais louché sur sa bouche en même temps, mais si t'avais pas réussi à voir vraiment tout ce qu'il faut. "Avant, j'étais pas comme ça." ça, t'aurait presque pu le parier. C'est qu'avant de mourir on est vivant... et avant d'être vampire... attendez, on naît pas vampire ?

T'en as la preuve par trois quand le bougre s'exclame "Perdu !" ta moue est imparable sur l'échelle du seum : faut dire que t'aimes pas qu'on te dise que t'as perdu, alors que t'avais même pas demandé à jouer. Winston fait un petit move de beau gosse avant de sniper une phrase que tu aurais dû mieux écouter, parce que pour toi il s'appelle Winston Lios Chucky, ce qui est encore moins canon qu'un nom de chien. Tu parles d'une affaire.
Une goutte d'eau salée te chatouillant le nez, tu passes le dos de ta main dessous pour la faire partir. Vrai bonhomme.
Bon, au moins, il a eu la décence de te dire qui il était. Même s'il pouvait très bien mentir. Est-ce que tu devais aller le signaler aux autres ?
"Et toi tu es ? - Minke" que tu réponds sitôt après. C'est que tu l'as répété vingt fois devant le bris de miroir qui était dans ton ancienne planque (un cauchemar). Fallait surtout pas que tu balances ton prénom, c'était un coup à te prendre un jet de harpon. Avec un peu de chance, ou pas de chance du tout, Winston penserait que c'est ton prénom. De toute façon, niveau mauvaises interprétations, vous étiez plus trop à ça près... "J'peux voir de plus près ?" que tu lui demandes, sans vraiment faire gaffe au danger potentiel. C'est que t'étais pas au courant qu'il était jeune vampire, hein. Faut dire, c'était ton premier. Maman avait bien raconté deux-trois conneries sur ces créatures, mais c'était surtout pour te faire peur. Résultat, t'étais surtout fascinée par eux. Une mauvaise idée quand on a du sang de selkie dans les veines, même un peu. "Tu te blesses jamais la langue avec ?" tu te demandes même comment il arrive à parler avec deux armes létales dans la bouche. "C'est stylé en vrai" que tu balances en coréen, à défaut de savoir le dire en anglais parfait. A sa tête, tu lui fais juste un signe cabalistique de type "pouce en l'air" et vieux rictus pour pouvoir lui faire comprendre que c'était un compliment. Agrémenté d'un "C'est super bien" digne d'un enfant de 8 ans.

Mais c'est pas là pour endormir toute ta vigilance ! Tu fais un demi-pas en arrière, et tu lui demandes d'une voix on ne peut plus dynamique :

"Je sais pas si t'es sympa mais faut que j'te pose une question ! Je cherche quelqu'un. Il s'appelle..." le goéland arrive sur la rambarde en métal, comme s'il voulait t'entendre le dire. "Conan !" sauf que le piaf braille en même temps, en voulant faire comme toi. Alors tu l'engueules. Et tu t'apprêtes à réessayer un coup. "Bon du coup..." soupir. "C'est pas son nom de code mais..."

"Minke" Hochement de tête alors qu'il n'avait jamais entendu le nom de sa vie (était-ce au moins un nom ? la furie avait l'air fan des pseudonymes). Il sourit avec les dents - il le pouvait maintenant que les devinettes étaient finies - et lui tendit une main trop froide et trop blanche à son propre goût. "Et bien enchanté Minke !" Dans quelques décennies, il serait totalement le vampire faussement gentleman qui taperait ses meilleurs baisemains à tout ce qui oserait saisir ses doigts, pour l'instant il restait soft. "J'peux voir de plus près ? - Euh oui ?" Il ouvrit grand la bouche, se baissa même un peu, pour que l'inconnue fasse inspection (n'avait pas du tout l'impression d'être un cheval en vente). En réalité, il aimait bien être regardé, même si c'était juste ses dents. "Tu te blesses jamais la langue avec ?" Non de la tête. "Pour qui tu me prends ?" Mensonge en réalité, au début, il se mordait tout le temps la langue parce qu'il n'était pas habitué à la nouvelle longueur de ses canines - et les fois où il avait tellement faim qu'il se bouffait l'intérieur des joues, les laissant toujours un peu à vif - mais rien d'avouable à haute voix. "C'est stylé en vrai" Nouvel éclat d'incompréhension dans les yeux jusqu'à ce que la fille traduise de son anglais maladroit. "C'est super bien" Il éclata d'un rire mélodieux. "Tu veux les mêmes ?" proposa-t-il. A sa tronche, ça se voyait que Winston n'était absolument pas sérieux.

Minke se recula, il rangea ses crocs, l'observant toujours avec une pointe de curiosité, éclatant de rire de nouveau quand elle se remit à parler (bien la seule à remettre sa sympathie en doute). "Je sais pas si t'es sympa mais faut que j'te pose une question ! Je cherche quelqu'un. Il s'appelle..." {bruit de gabian} "..an !" Les yeux du vampélane s'écarquillèrent alors qu'il tentait de reconstituer le nom. Rowan ? Corban ? Ethan ? Finnegan ? Avait-il au moins la bonne syllabe ? La fille avait un sacré accent malgré son anglais plus que correct alors il ne savait pas trop. "Bon du coup..." Du coup répète... "C'est pas son nom de code mais..." Il prit l'air outré. "Comment oses-tu révéler le prénom des gens de l'Ordre ! A quelqu'un que tu connais pas en plus ! C'est toute la résistance que tu mets en danger !" Il força le trait, petite pose  dramatique, le dos de la main posée sur le front (il avait moins peur maintenant qu'elle n'agitait plus sa barre de métal). "Non, j'déconne. J'vois pas qui c'est." Il n'aimait pas faire répéter, il était trop cool pour passer pour un mec qui ne comprenait pas du premier coup. "Il ressemble à quoi ?" Si c'était un il. Winston n'en était même pas sûr (et n'était pas sûr non plus de devoir dire quoique ce soit à la dénommée Minke). "T'es là depuis combien de temps ?" demanda-t-il l'air de rien. Les étrangers ne venaient plus trop au Royaume-Uni alors encore moins dans l'Ordre..