NEW ORDER

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nom prénom(s)  » Flamel, un nom connu et reconnu tant en France que dans le monde magique dans son intégrité. Mais quoi de plus normal quand on connait les travaux de cette famille, sa longévité, sa pureté… Un nom qui est autant une bénédiction pour son porteur qu’une malédiction au final tant on attend des exploits de leurs parts. L’autre côté de la médaille sans doute…
Raphaëlle en premier prénom, nommée comme l’un des archanges sans vraiment chercher de dimension religieuse dans ce choix, uniquement pour la symbolique. Celui qui guérit, celui qui protège. Une ambition que son père avait pour elle mais qui n’est pas la sienne. A croire qu’elle se sent plus proche de son équivalent coranique, Israfil, celui qui soufflera dans la trompette annonçant le Jugement Dernier, si tant est qu’elle accorde la moindre importance à ces croyances moldues d’un autre âge. Une ambivalence qui lui va pourtant si bien…
Louise en deuxième prénom, comme la signature orgueilleuse de son père sur elle, la signature de sa réussite d’avoir presque égalé son propre père au sujet de la conception par mère porteuse, par alchimie. Une façon de s’assurer de bien marquer sa fille comme sienne, comme réussite ou comme création, elle n’a jamais vraiment su.
Viveka en toute fin d’identité, comme ajouté à la hâte par cette mère qui voulait laisser une trace du sang scandinave qui coule dans ses veines. Pour ne pas effacer un héritage qui semble pourtant minimisé, presque même méprisé, par un père qui se veut trop possessif, trop accaparant.

surnom(s)  » Oh, des surnoms, elle en a connu pas mal au cours de sa vie, Raphaëlle. Allant de ma princesse par ce père si fier de sa création ou Viveka par cette mère bien décidée à l’appeler ainsi plutôt que Raphaëlle, aux classiques Raph’, Rapha’, Raphi’ pour son mari, tout en passant par l’iceberg par la plupart de ses camarades de Beauxbâtons. Et elle ne dénombre plus le nombre de fois où elle a simplement été appelé Flamel. Il n’y a que son frère qui a fait preuve d’un peu d’originalité, l’appelant depuis longtemps Flamèche, en léger clin d’œil à leur nom de famille entre autres. Et depuis quelques années, il y a aussi ce Matricule 66 qui lui colle à la peau lorsqu’elle se trouve à un étage si nimbé de mystères au Ministère.

date de naissance » Le cri de sa naissance, Raphaëlle l’a poussé au petit matin du 13 juin 1969. Un vendredi pour la petite anecdote, pour ceux qui peuvent y attacher une quelconque forme d’importance, ce qui n’est pas son cas. Trente-huit années déjà à chercher à combler cette soif de connaissances, cette soif d’apprendre et de comprendre.

origines & nationalité  » Franco-suédoise de naissance, issue d’un mariage entre un père purement français et une mère suédoise. Même si elle s’est toujours sentie plus française que suédoise, ayant toujours vécu en France et connaissant au final assez mal la culture et le pays natal de sa mère… Mais aujourd’hui, et depuis 1996, elle est a été naturalisée britannique suite à son mariage avec un sorcier anglais. Une naturalisation qui lui a fait serrer les dents mais qui était nécessaire malgré tout, tant pour emmerder son père que pour ses recherches.

pureté du sang  » Sang pur issue de la lignée immaculée des Flamel du côté de son père, et d’une lignée suédoise toute aussi authentique du côté de sa mère. Mère porteuse ou non, pour son père comme pour elle, ils n’en restent pas moins l’un comme l’autre le résultat d’un embryon conçu par l’union de deux sangs purs.

métier/études  » Des études brillantes à Beauxbâtons, de longs moments passés à apprendre l’alchimie auprès de son père et son grand-père, d’autres à étudier les runes avec sa mère. Tout ce qu’il fallait, en plus de son nom, pour faire une grande et brillante carrière. Mais une ambition, une soif de connaissance qui rongeaient Raphaëlle depuis l’enfance qui est venue s’en mêler : celle de comprendre. Comprendre d’où vient la magie, pourquoi certains nés-moldus s’en voient subitement offrir le don alors que d’autres enfants de sorciers se révèlent cracmoles. Ce qui différencie la pureté des sorciers de la bassesse des moldus. Un besoin de connaissance qu’elle a étouffé les premiers temps, suivant à la lettre le plan de carrière que lui dessinait son père pour se faire alchimiste pour la Couronne de France à ses côtés. Elle n’y reste pourtant que quelques années avant de rejoindre l’Angleterre, enfin décidée à tracer sa vie, et entrant au Département des Mystères, devenant dès lors une Langue-de-plomb.  Puis, Raphaëlle a vu une opportunité de trouver des réponses à ces questions si longtemps rejetées, enfouies, mises de côté. Elle demande à intégrer le MuTEx quelques mois après sa création et a héritée du matricule 66.

orientation & état civil  » Veuve d’un mari pour qui elle n’éprouvait que de l’indifférence, liée à lui par un mariage arrangé, de convention. Un mari de sang-mêlé pour faire bonne pub à la famille, et Anglais pour resserrer les liens entre les Flamel et la société sorcière britannique. Si Raphaëlle a fini par accepter (de mauvaise grâce malgré tout) de devenir Madame Theodore Miller, elle continua pourtant, par habitude ou par provocation selon les jours et ses humeurs, de se présenter sous le nom de Flamel. Après tout, en France, c’est Theo qui aurait pris son nom, pas l’inverse. Et son nom de naissance, elle l’a très vite repris après la mort accidentelle de Theo. Mais jamais elle n’a réussi à s’attacher à lui, pas même en tant qu’amie, lui restant totalement indifférente. A quoi bon s’intéresser à un homme avec qui elle n’avait aucune affinité ? Surtout en sachant que rien ne pourrait jamais découler de cette union.
Sa discrétion sur les élans de son cœur, quand elle s’y laisse aller, l’aide à cacher sa bisexualité. Et même si cela vient à s’apprendre, Raphaëlle sait qu’elle peut se cacher derrière sa moitié française, celle qui lui vaut des préjugés qui excusent presque ses penchants aux yeux de ces conservateurs qui font la pluie et le beau temps dans la bonne société sorcière. De toute façon, elle est bien trop mariée à ses recherches pour les tromper avec autre chose que le célibat… Enfin, jusqu’à maintenant…

camp  » Trop jeune lors de la première guerre, son père, à l’image de son grand-père, a toujours essayé de lui instaurer le principe de neutralité. Elle la garde dans certains domaines il faut bien l’avouer, ne s’intéressant que peu à ce qui peut arriver aux nés-moldus. Pourtant, elle ne peut s’empêcher d’embrasser la plupart des valeurs du Lord, finissant par rejoindre les rangs de ses Mangemorts à la fin des années 90. Une provocation de plus selon son père, la goutte d’eau de trop. Mais peu lui en chaut à Raphaëlle, bien décidée à tracer sa propre route et non celle dictée par ce paternel trop envahissant à ses yeux. Elle ne l’a pas fait pour lui mais pour elle, pour ses convictions. Elle ne fait pas partie de l’Elite, certes, mais elle sait user de son tatouage comme d’un laisser-passer pour certaines de ses recherches.

baguette  » 26 cm, bois d’acacia et cheveu de Vélane, flexible mais pas vraiment dans son caractère. Raphaëlle s’est fait choisir par une baguette têtue, susceptible et qui refuse d’obéir à quiconque en dehors d’elle. Une preuve de la loyauté que Raphaëlle semble avoir gagné de la part de sa baguette, ayant depuis longtemps appris à user de subtilité pour s’en faire obéir quand elle se fait capricieuse.

patronus  » Cela fait un moment que Raphaëlle n’a pas tenté d’en invoquer un, ne sachant pas si elle est encore capable de le faire ou non. Mais elle se rappelle très bien du lynx argenté qui répondait à son appel à une époque…

épouvantard  » L’ignorance comme plus grande peur. L’incapacité de répondre à une question pourtant si simple, si basique. Elle qui veut tant apprendre, comprendre, découvrir, elle ne peut supporter l’idée de ne rien savoir.

particularité(s)  » L’alchimie, un don qui coule dans ses veines avec un naturel désinvolte, digne héritage de sa famille qu’elle n’a cessé de développer auprès de son père et son grand-père paternel. Magister depuis ses 27 ans, elle aurait aimé pouvoir connaître plus tôt cette tante ayant maitrisé plus vite qu’elle les subtilités de cet art pour, pourquoi pas, atteindre ce niveau au même âge qu’elle. Après avoir travaillé pendant plusieurs années auprès de son père sur la pierre philosophale, elle a fini par s’émanciper de ce dernier. Et maintenant qu’elle travaille au MuTEx, elle peut se livrer à ses vraies recherches. Celles pour comprendre pourquoi certains naissent avec la magie alors qu’ils ne devraient pas et inversement.
La magie runique comme un autre héritage familial, mais du côté de sa mère cette fois. Sa curiosité insatiable l’a poussé à toujours vouloir en savoir plus, en connaître plus. A ne pas se limiter à ce qui lui était enseigné à Beauxbatôns, dans le cadre du programme. Mais y passant moins de temps qu’à l’étude de l’alchimie, Raphaëlle est restée une runiste confirmée, même si elle frôle presque le niveau de maître, mais sans pousser plus loin. Pour l’heure en tout cas…
Occlumens depuis quelques années seulement, n’ayant commencé à apprendre cet art qu’à son arrivée en Angleterre, en 1996. Elle reste une pratiquante élémentaire intermédiaire à l’heure actuelle, Raphaëlle ayant toujours eu envie d’apprendre à protéger son esprit tant de ceux qui voudraient lui arracher des secrets de familles et alchimiques trop bien gardés, que pour se protéger de ce père si intrusif, mais n’estimant ne pas avoir suffisamment de temps pour s’améliorer plus que nécessaire. Elle connait la base, cela lui suffit… Pour le moment en tout cas. Peut-être qu’un jour, quand elle en aura assez de se taper des migraines infernales, elle consentira à accorder du temps à son amélioration dans ce domaine…

Born experience – Son père s’est toujours imaginé père d’une famille nombreuse. Mais sans doute plus pour inonder l’arbre des Flamel de sa descendance que par réelle fibre paternelle. Mais vu les difficultés qu’ils ont connu sa femme et lui pour avoir Gabriel, il a vite changé de stratégie. Il lui aura fallu 11 ans pour réussir à donner naissance à Raphaëlle, avec ce qu’il pense être le même procédé alchimique que son propre père a utilisé pour plusieurs de ses demi-adelphes et lui. Mais peut-être pas aussi bien réussi, Raphaëlle s’avérant être stérile. A croire que la conception de ce genre d’une génération à l’autre n’est pas la meilleure façon de s’assurer la poursuite de sa lignée. Une des raisons pour lesquels Louis n’a pas cherché à reproduire l’expérience après Raphaëlle ? Sans doute. Mais une question que s’est toujours posée la jeune fille reste combien d’essai a-t-il fallu à son père pour la créer ? Et jusqu’à quel stade de développement les fœtus avant elle sont-ils allés ?... En tout cas, Louis a fait en sorte de tout étouffer pour éviter des scandales à ce sujet.

La French Touch – Impossible de passer à côté de son sang français. Par son nom déjà mais aussi par certaines de ses manies. Certes son accent a presque disparu depuis le temps qu’elle vit en Angleterre mais il ne tarde pourtant pas à réapparaitre quand elle est fatiguée ou qu’elle est agacée. Sans parler des fois où elle se met naturellement à parler français au lieu de l’anglais. Principalement quand elle râle, jure ou est trop absorbée par ses recherches pour faire attention à la langue qu’elle parle. Arrogante, hautaine sans y faire attention, elle semble avoir une certaine prestance naturelle, sans doute à cause des années passées à travailler pour la Couronne de France. Ou peut-être à cause d’une part de son éducation, si ce n’est les deux. Et a-t-on réellement besoin de parler de sa préférence pour la nourriture et les boissons françaises ? Moldue comme sorcière, il faut dire que la gastronomie française semble bien au-dessus de celle anglaise. Et voilà, le retour de son côté hautain… Autre indice qui saute rapidement aux yeux concernant sa nationalité : plus de la moitié de sa bibliothèque est en français. L’autre moitié se partageant entre l’anglais et le suédois, entre autres.

The Swedish Coldness – Moitié suédoise par le sang, cela se voit plus dans son caractère que physiquement. Ce côté si pragmatique qu’elle a toujours, ne voyant que les faits et s’intéressant si peu aux émotions, qui lui valent si souvent ce surnom d’iceberg, de glaçon. C’est vrai qu’elle fait froide, Raphaëlle, même quand on la connait bien. Le visage presque constamment fermé, le regard sérieux et parfois presque jugeant, l’attitude austère, le côté taciturne quand le sujet ne l’intéresse pas… Rares sont les personnes en dehors de sa famille qui l’ont déjà entendu rire. Un vrai rire bien sûr. Et même chez les Flamel, chacun sait que cela n’est pas quelque chose qui arrive souvent. Une preuve de plus qu’il l’a "faite cassée" pour son père, sans émotions. Une marque de son trop grand sérieux pour son frère. Quelque chose de parfaitement normal pour sa mère. Si elle parle couramment le suédois, Raphaëlle l’emploie quand même moins souvent que le français. Principalement quand elle bosse sur la magie runique d’ailleurs. Et parfois aussi quand elle a un peu trop bu et qu’elle se laisse aller, qu’elle veut emmerder les gens autour d’elle pour s’amuser un peu.

Family portrait – Une mère qui l’a toujours appelé Viveka au lieu de Raphaëlle, un père bien décidé à faire tous ses choix de vie à sa place, des oncles, tantes et cousins du côté paternel qu’elle ne connait pas à cause des tensions entre son père et ses adelphes, même chose du côté maternel plus ou moins pour les mêmes raisons… Heureusement que, malgré leur 11 ans d’écart, Gabriel et Raphaëlle ont toujours été assez complices pour relever un peu le niveau. Mais pas vraiment étonnant du coup que Raphaëlle ait toujours été assez solitaire, peu à l’aise avec les autres et qu’elle ait du mal avec la notion de famille. Surtout vu la relation malsaine entre son père et elle, ce dernier ayant toujours voulu tout contrôler dans la vie de sa fille, lui imposer ses propres ambitions, délaissant souvent son fils pour se concentrer uniquement sur elle. Une situation qui, au lieu d’éloigner Gab’ et Raph’, les ont encore plus soudés. Parce que lui voyait combien sa sœur suffoquait petit à petit sous l’emprise de leur père, et elle voyait combien son frère souffrait de ne pas être reconnu à sa juste valeur par ce même homme. Bref, autant dire qu’avec elle, comme avec beaucoup de Flamel au final, la famille…. C’est compliqué.

Insurgency – 27 ans à serrer les dents, 27 ans à accumuler de la frustration de ne pas avoir son mot à dire sur sa propre vie. Elle en a mis du temps, Raphaëlle, pour finir par se rebeller. Le temps d’avoir son Magister en alchimie, d’avoir une légitimité claire et nette pour envoyer promener son père… Même si tant d’années de frustration, quand ça se relâche, ça ne se limite pas à simplement faire comprendre à son père qu’on n’est pas d’accord avec lui concernant un cercle de transmutation alchimique au boulot ou une piste de recherches possible. Non, loin de là. Changement de travail, déménagement dans un autre pays, changement de nationalité, nationalité qu’elle a d’ailleurs gardé après la mort de son mari. Et on rajoute à cela le fait qu’elle ait "osé" exprimer ses opinions en ralliant les Mangemorts… C’est simple, plus elle pouvait emmerder son père tout en vivant comme elle le souhaitait elle, moins elle hésitait pour le faire. Rien d’étonnant donc au fait qu’elle ait fini par couper les ponts avec son père, n’est-ce pas ?

Thirst for knowledge – Déjà enfant, Raphaëlle avait tendance à poser des questions que d’autres enfants de son âge ne posaient pas, auxquelles ils n’auraient sans doute jamais pensé. Si cela a toujours agacé certains adultes – surtout ses professeurs de Beauxbâtons quand elle y était élève – ses parents et son grand-père ont toujours fait en sorte de cultiver sa curiosité. Bon, de façon sélective bien sûre, la Flamel n’étudiant pas non plus tout et n’importe quoi. Mais il est vrai qu’elle a tendance à s’intéresser à bien des choses au-delà même de ses recherches principales, leur accordant quelques heures ou jours de son temps pour en apprendre un peu plus. Et depuis qu’elle sait lire, c’est vrai qu’elle n’a jamais bien loin d’elle un livre ou un grimoire en cours de lecture. Elle a fini d’ailleurs par se constituer une bibliothèque assez impressionnante pour son âge. Mais malgré ça, elle ne parvient toujours pas à trouver la réponse à la plus grande question qu’elle se pose depuis son adolescence : pourquoi certains naissent avec la magie en eux alors qu’ils ne devraient pas et inversement. Des réponses qu’elle espère trouver dans ses recherches au MuTEx, même si elle patauge actuellement.

Iron heart – Raphaëlle n’a jamais été une grande démonstrative ni même une grande romantique. Au contraire même, elle reste tellement discrète sur ses histoires de cœur que non seulement peu de gens rencontrés après 1997 la savent veuve, mais en plus de ça, ses parents sont toujours naïvement convaincus que le seul homme qu’elle ait connu soit Theo, feu son mari. Il n’y a bien que Gabriel pour connaître la vérité, pour savoir sa sœur bisexuelle et ayant eu plusieurs relations avant son mariage. Elle est comme ça Raphaëlle, elle ne voit pas l’utilité d’informer la Terre entière de ce qu’il se passe dans sa vie privée. Et elle n’a jamais été trop versée dans la sentimentalité et les niaiseries qu’on prête à l’amour. Si ceux qui la savent veuve depuis dix ans pensent qu’elle est encore en deuil, d’où le fait qu’elle n’ait pas eu relation depuis, il n’y a en vérité que son frère pour se douter que ce ne soit pas le cas… Bien qu’il ne soit plus autant au courant de ça depuis que Raphaëlle est en Angleterre. Il reste tellement plus simple de la voir comme la femme mariée à son travail, à ses recherches…

Même si cela faisait déjà plusieurs minutes que son père et elle étaient dans la boutique, le cœur de Raphaëlle continuait à battre à tout rompre. L’excitation du moment sans doute, l’impatience d’avoir enfin sa baguette à elle, comme elle attendait depuis des années de l’avoir. La seule chose qui lui manquait encore pour pouvoir légitimement répondre à son frère que SI ! elle était une vraie sorcière elle aussi quand il la taquinait avec ça en riant de son énervement. Docilement et silencieusement, elle avait laissé le vendeur prendre les différentes mesures dont il avait besoin, et quand il déclara qu’il n’y avait plus qu’à passer aux essais, Louis Flamel prit presque aussitôt la parole.

- Pourriez-vous commencer par lui faire essayer une baguette en bois d’érable et ventricule de dragon ?

La fillette ne put s’empêcher de froncer légèrement des sourcils en tournant le regard vers son père.
Le vendeur ne tarda d’ailleurs pas à rappeler au père de Raphaëlle que c’était la baguette qui choisissait la baguette et non le sorcier. Qu’il ne fallait donc pas s’attendre à ce que cela marche, même s’il ne tarda pas à tendre une baguette comme demandé par Louis Flamel. Et bien sûr, quand Raphaëlle prit la baguette quasi identique à celle de son père en main, rien ne se passa… Tout comme avec une dizaine d’autres baguettes que lui proposa le vendeur. Et qui n’avait rien à voir avec celle de son père pour le coup, ce qui faisait plaisir à Raphaëlle même si elle préférait ne pas le montrer.

Ce ne fut qu’une dizaine de minutes plus tard, Raphaëlle finit par sortir de la boutique pour rejoindre le reste de la Place Cachée. Un sourire fier aux lèvres et une boîte en forme de prisme dans les mains, juste devant son père et rejoignant presque en courant son grand frère qui l’attendait un peu plus loin. Et il ne fallut pas longtemps à Gabriel pour rendre son sourire à sa petite sœur et lui demander :

- Alors ?
- Acacia et cheveu de vélane.

Lui répliqua la fillette avec la même fierté dans son ton que dans son sourire. Et déjà Gabriel était en train de sourire de plus belle en s’accroupissant pour se mettre à la hauteur de sa sœur.

- Tu sais que c’est pas banal une baguette en acacia ?

Sans la moindre hésitation, toujours avec confiance et fierté, Raphaëlle hocha de la tête. Elle avait parfaitement entendu les remarques d’Acajor dans la boutique au moment où sa baguette l’avait choisi. La fillette se mit même à répéter ce que le fabricant de baguettes lui avait raconté, comme quoi l’acacia avait tendance à préférer des sorciers doués. Une chose que semblait savoir son frère aîné vu le sourire qu’il continuait de lui adresser.

- Quand je te dis qu’un jour, tu vas tous les éblouir Flammèche.

Un soupçon de fierté mais aussi de confiance dans la voix de son aîné quand il lui dit ça. Et Raphaëlle qui ne demande qu’à le croire, même si elle n’arrive pas encore trop à comprendre comment elle pourra le faire, Flamel ou non.

A la lumière de quelques chandelles magiques maintenant que la nuit était tombée sur Beauxbâtons, Raphaëlle était en train de lire de façon aussi distraite que peu intéressée les différents prospectus qu’Aliénor lui avait amené un peu plus tôt. Les deux adolescentes étaient seules pour le moment dans la chambre de la Flamel, sur le lit de cette dernière, et l’autre française, aussi blonde que Raphaëlle était brune, en profitait pour se coller à son "amie" (comme retiendront les historiens). Après tout, elle savait parfaitement que la Flamel n’était pas surnommée "l’iceberg" par la majorité de leurs camarades sans raison. Mais là n’était pas le débat ce soir. Ce soir, Aliénor essayait de faire envisager d’autres carrières possibles à la jeune Flamel, leurs examens de fin de sixième année approchant et les résultats de ces derniers leur permettant de déterminer les matières qu’elles pourraient suivre l’an prochain. Mais il fallait bien avouer que Raphaëlle ne faisait que peu honneur aux efforts de la blonde à ses côtés, soupirant en repoussant un nième parchemin vantant une carrière dans un domaine qui ne l’inspirait pas.

- Rapha ! T’as conscience qu’avec les notes que tu as, tu peux faire quasiment tout ce que tu veux ?

Commença visiblement à s’agacer la blonde face au comportement de Raphaëlle.
Pourtant, elle ne put s’empêcher de se contenter de hausser des épaules en guise de réponses. Mais se doutant bien que cette réponse silencieuse ne suffirait pas à Aliénor, la Flamel finit par se décider à utiliser sa voix, d’un ton assez las pour le coup, comme si ce qu’elle allait dire était une évidence.

- Tant que je peux être alchimiste…

Pas besoin aux yeux de Raphaëlle d’en dire plus pour se faire comprendre. Et la réaction de la blonde lui fait bien comprendre que oui, cela suffisait, Aliénor se mettant même à soupirer de façon bien plus agacée que quelques instants plus tôt. Inutile de faire celle qui n’avait aucune idée de pourquoi cet agacement, Raphaëlle avait trop de respect pour l’autre adolescente pour lui faire ce genre de chose. Si bien qu’à peine le soupir d’Aliénor terminé d’expirer que la brune reprenait déjà la parole, comme pour se justifier de ce choix de carrière sur lequel elle ne démordait pas.

- C’est mon père, Aliénor.

Dit-elle simplement… Elle aurait pu évoquer son nom de famille si fortement attachée à l’alchimie, ou son si célèbre grand-père sur les pas desquels elle avait envie de marcher ou tout autre argument qu’elle aurait pu avoir sur le fait de vouloir absolument devenir alchimiste. Mais non, elle venait d’utiliser celui qui énervait le plus Aliénor et elle le savait. Mais c’était quand même le premier qui lui était venue à l’esprit sans qu’elle n’y réfléchisse, sans qu’elle ne pense au reste.

- Et alors ?

Répliqua d’ailleurs du tac au tac la blonde et d’un ton assez agressif. Et sans même laisser le temps à Raphaëlle de réfléchir à quoi répondre à cette simple question, en commençant déjà à se redresser et à s’éloigner de la brune, elle se mit à enchainer.

- Tu sais quoi ? Je ne sais pas si c’est de l’aveuglement, de la naïveté, de la soumission ou du conditionnement de sa part mais dès qu’on parle de ton père, tu refuses de voir la vérité en face. Et j’en ai marre de te voir gâcher tes possibilités pour ce type. Et de m’engueuler avec toi à cause de ça.

Et le temps de sa diatribe, Aliénor s’était déjà levée et même éloignée du lit sur lequel Raphaëlle s’était elle aussi relevée en position assise dans le même temps. Qu’est-ce que pouvait bien faire la Flamel de toute façon pour répondre à la blonde, pour lui faire comprendre qu’elle aussi en avait marre de ce genre de dispute entre elles ?

- Ali…

Soupira-t-elle simplement, espérant se montrer quand même un peu apaisante malgré son ton assez neutre, comme d’habitude. Mais pas suffisamment apparemment pour retenir la blonde qui était déjà au niveau de la porte du dortoir.

- Bonne soirée.

Dit-elle simplement avant de sortir de la pièce, laissant Raphaëlle soupirer une dernière fois.

- Tu ne restes pas ?

La voix à moitié endormie de son amant s’élevant dans son dos ne fait même pas se retourner Raphaëlle, déjà en train de se rhabiller un peu plus loin, au milieu de la chambre du jeune homme qu’elle sait parfaitement encore entièrement nu sous les draps. Elle ne put pourtant s’empêcher d’esquisser un fin sourire au coin de ses lèvres à cette question.

- Depuis quand je reste ici plus que nécessaire ?

Fit-elle remarquer à juste titre, n’ayant jamais passé plus de quelques heures ici depuis aussi longtemps que dure son aventure avec l’italien qu’elle entend s’asseoir dans son lit. Juste le temps de faire ce qu’ils avaient à faire et elle disparaissait, retournait chez elle ou au laboratoire d’alchimiste des Flamel. Jamais elle ne s’était permise de passer une nuit dans les bras du brun ni même d’y dormir ne serait-ce que quelques instants.

- Et si je parlais à ton père ?

Finit par demander le jeune homme, la voix un peu plus réveillée maintenant et son accent plein du soleil de sa Sardaigne natale chantant presque à chacun de ses mots. Fronçant des sourcils à cette question, Raphaëlle finit par daigner tourner la tête vers lui, une expression d’interrogation sur le visage alors qu’elle commençait tout juste à enfiler le chemisier qu’elle portait plus tôt dans la journée.

- De quoi ?

Dario se contenta de hausser légèrement les épaules à cette question alors qu’il se mettait déjà à appuyer ses avant-bras sur ses genoux relevés vers son torse, le drap couvrant la moitié inférieure de son corps.

- De toi, de nous. Je pourrais lui demander d’oublier Theo et de me donner ta main à sa place.

Comme première réaction, Raphaëlle se mit à soupirer de façon parfaitement audible tout en détournant de nouveau son attention de son amant, reboutonnant son chemisier tout en cherchant du regard le reste de ses affaires dans la chambre de l’italien. Elle lui avait pourtant bien dit plusieurs fois que c’était inutile d’espérer quoi que ce soit de plus entre eux deux que ces quelques moments volés et cachés. Même si elle était quasi certaine que son frère Gabriel avait deviné ce qu’il se tramait entre l’apprenti italien de leur père et elle.

- Aucun intérêt. Tu es de sang pur et d’une importante famille italienne.

Et si en d’autres circonstances, à d’autres moments, un mariage entre eux aurait eu un réel intérêt politique ou d’importance, Raphaëlle ne doutait pas un instant que son grand-père aurait trouvé le moyen de faire en sorte qu’un ou une Flamel s’unisse à quelqu’un de la famille de Dario. Mais pas dans ces circonstances, pas avec Raphaëlle dans le rôle de la promise.

- On préfère m’offrir à un sang-mêlé anglais pour faire bonne presse à la famille.

Enchaîna-t-elle simplement, se gardant bien de dire que malgré la bonne pub faite à sa famille avec ce mariage, il était quand même étonnant qu’on choisisse l’héritière Flamel dont la stérilité était bien connue depuis le début de son adolescence comme future mariée à un sang-mêlé. Prêts à se faire bonne presse, à se montrer soi-disant ouvert et pro-Dumbledore malgré la prétendue neutralité de la famille Flamel sur la demande du patriarche, Nicolas, mais pas non plus à leur offrir une femme de sang-pur capable de procréer avec un sang mêlé.


- Mais on pourrait quand même continuer à se voir.

Continua pourtant d’insister, d’espérer, l’italien dans son dos. Venant tout juste de finir de boutonner son chemisier, Raphaëlle se tourna une nouvelle fois vers lui, le regard assez froid et l’expression aussi sérieuse que sévère.

- On se verra toujours Dario. On travaille ensemble je te rappelle.

Des faits avant des émotions, comme toujours avec Raphaëlle. Il devrait pourtant le savoir qu’elle n’était pas le genre de femme sentimentale à se laisser avoir par ce genre de chose.  

- Non, je voulais dire…
- J’avais compris Dario. Mais je t’ai déjà dit tout à l’heure que c’était la dernière fois qu’on se voyait de cette façon toi et moi. Si tu n’as pas plus d’ambition dans la vie que d’être l’amant d’une femme mariée à un autre, ce n’est pas mon problème. Mais clairement, ça ne m’intéresse pas.

Le coupa assez sèchement la française avant de se faire un peu plus stricte pour s’assurer que cette fois, le message passait bien auprès de l’italien. Combien de fois faudrait-il qu’elle lui répète qu’elle allait se marier dans quelques mois maintenant et qu’elle n’avait nullement l’intention de s’encombrer d’un amant, même si elle n’éprouvait pas le moindre sentiment pour son futur mari ? Pensant que cette fois-ci, les choses étaient claires pour le jeune homme, elle détourna de nouveau le regard de lui pour se mettre à la recherche de ses chaussures.

- Mais Raphaëlle… Je t’aime.

Lança Dario de façon presque désespéré alors que Raphaëlle se tournait encore une fois vers lui mais en soupirant de lassitude cette fois. Un peu plus et elle allait presque regretter le fait de ne pas avoir appris l’italien pour lui dire les choses dans sa langue natale, histoire d’être sûre qu’il comprenait bien ce qu’elle s’évertuait à lui dire.

- Non, tu ne m’aimes pas. Tu aimes l’idée d’avoir une relation secrète avec une Flamel, avec la fille de ton supérieur hiérarchique.

Cette fois, il n’y avait pas que le regard qui était froid, il y a le ton aussi.
Mais voyant déjà l’italien sur le point de lui répondre, sans doute de nier tout ça et d’insister encore une fois, Raphaëlle le prit de court et enchaîna rapidement, toujours d’un ton sec et sévère, qui ne laissait aucune place à une éventuelle négociation.

- C’est fini, Dario, c’est tout.

Des mots et des pensées informulées par la française, n’étant pas douée pour ce genre de chose. Et voyant à l’expression et à la résignation de son amant – ou plutôt ex-amant maintenant – qu’il avait enfin compris qu’il était inutile de chercher à insister, elle finit par remettre rapidement et en silence ses chaussures.

- On se voit au travail demain matin. Bonne nuit.

Lança-t-elle simplement après un long silence entre eux, murmurant presque sa dernière phrase. Mais sans un mot de plus, d’elle comme de l’italien, elle finit par sortir de la chambre de Dario, puis quelques secondes plus tard de son appartement. C’était mieux ainsi, pour lui comme pour elle. Parce qu’ils n’avaient aucun avenir ensemble et qu’elle le savait parfaitement même si lui avait réussi à se bercer d’illusion.

TW : Conflit familial  

Cela devait être un simple repas en famille. Encore un, le classique repas de famille du week-end avec les parents, les enfants et leurs conjoints, et même les petits-enfants grâce à Gabriel mais ces derniers étant couchés à cette heure assez tardive. Heure à laquelle les tensions avaient fini par rattraper les Flamel. Et la dispute entre Raphaëlle et son père avait éclaté, sans la moindre surprise pour la jeune femme ou pour son frère. Parce que la toute jeune Magister en alchimie se révoltait enfin face à ce père trop dominateur, trop intrusif, depuis quelques temps. Encouragée d’ailleurs par son frère aîné, bien que de façon discrète et intelligente pour ne pas jeter inutilement de l’huile sur le feu. Et si cela avait commencé par quelques remarques acerbes au travail, cela devenait de plus en plus fréquent, de plus en plus assumé, et gagnait même la vie personnelle maintenant, la vie familiale, comme c’était le cas aujourd’hui.

Et là encore, cela était partie d’une réflexion acide de la part de Raphaëlle à l’adresse de son père et qui, comme souvent dès qu’on contredisait Louis Flamel, prenait une ampleur démesurée pour ce que c’était. Au point d’ailleurs que les deux protagonistes étaient maintenant les deux seules personnes debout autour de la table mais surtout tous les deux avec leur baguette en main, brandie en direction de l’autre…
Quoi qu’il en soit, cela avait jeté un froid monumental dans la pièce, après l’orage qui avait éclaté dans cette même pièce avec la dispute entre le père et la fille. A tel point que plus personne ne semblait oser bouger ou parler. Sauf, après quelques secondes de silence et de tension presque palpable, Frederikke qui se fit plus audacieuse, plus pragmatique, mais qui se voulait aussi froide et sévère pour ramener le calme et la paix entre son époux et sa fille.

- Viveka…
- Raphaëlle ! Mon prénom, c’est Raphaëlle !

Eut-elle simplement le temps de dire avant de se faire couper de façon cinglante par Raphaëlle, bien que la jeune femme ne lâcha pas un instant son père des yeux. Mais le coup de colère qu’elle venait d’avoir à l’adresse de sa mère, cette femme qui insistait depuis 27 ans pour l’appeler continuellement par son troisième prénom au lieu du premier, montrait clairement qu’il faudrait plus que la tentative d’intervention d’un autre Flamel pour la calmer. Une chose que son père sembla comprendre plus vite que sa mère. Mais pas étonnant qu’il ait un certain avantage sur sa femme vu la façon dont il avait toujours tenté de modeler leur fille à son image, à sa façon…

- Alors on en est là ?

Finit par demander de façon presque ironique Louis à sa fille, les deux s’affrontant toujours du regard tout en se tenant sur ses gardes au cas où l’autre ne fasse le moindre geste d’attaque. Mais il fallait croire que Raphaëlle ressemblait bien plus à son père qu’elle ne voulait l’admettre elle-même, qu’elle était tout aussi arrogante et fière que lui, car sa première réaction à cette question fut d’adresser à son père un sourire tout aussi ironique et malsain que le ton de son paternel pour sa question.

- Il faut croire que oui.

Une réponse qui fit s’afficher quasiment le même sourire sur les lèvres de Louis alors que le père et la fille continuèrent de se défier ainsi durant quelques secondes. Et presque en même temps – preuve encore une fois que la jeune femme ressemblait bien plus à son père qu’elle ne le souhaitait – ils finirent par baisser en même temps leur baguette, sans la ranger pour autant.

- Theo, on s’en va.

Ordonna Raphaëlle à son mari sans même tourner le regard vers ce dernier, trop occupée qu’elle était à continuer son duel visuel avec son père. Mais elle n’avait pas besoin de le regarder pour savoir que le seul britannique de la pièce était déjà plus ou moins en train de l’écouter, se levant à son tour. Dans le même temps, il ne fallut pas longtemps à Louis Flamel pour chercher à reprendre le dessus sur la situation, à vouloir se faire l’alpha de la pièce en se laissant aller de nouveau à la colère.

- Il vaudrait mieux oui. Quitte cette maison tout de suite !
- Oh ne t’inquiète pas père, c’est bien la dernière fois que j’y met les pieds.

Répliqua presque du tac au tac Raphaëlle tout en commençant d’ailleurs à s’activer pour rassembler ses affaires et quitter ce manoir qui l’avait vu grandir, son mari se faisant presque son ombre. Sans prêter attention au fait que son frère, sa belle-sœur et sa mère semblaient soudainement avoir retrouvé leur voix, ou même aux nouveaux éclats de voix de son père, Raphaëlle continua à se diriger droit vers la sortie, tête haute et démarche aussi fière qu’assurée. C’était elle qui décidait de quitter les lieux, pas lui qui la chassait. D’ailleurs, profitant du fait qu’elle avait déjà sa baguette en main, et bien décidée à faire une sortie théâtrale – son côté français, que voulez-vous ? – elle ne tarda pas à la brandir de nouveau en direction de la porte d’entrée du manoir qu’elle avait enfin en visuel. D’un sortilège de Confrigo informulé, elle se chargea de s’ouvrir grand la porte pour sortir de là, provoquant bien sûr une nouvelle crise de nerfs et de colère de la part de son père.

- Considère ça comme une démission de ma part !

Lança-t-elle à voix haute, sans même tourner la tête en direction du reste de sa famille et en continuant son chemin jusqu’à sortir pour de bon de cette maison. Des regrets ? Pas le moindre. Pas pour le moment en tout cas. Elle savait parfaitement qu’elle n’aurait pas le moindre problème pour reprendre contact avec Gabriel, même après ce coup d’éclat de sa part, et ce départ pour le moins explosif. Non, à la place, Raphaëlle souriait, amusée de cette situation, contente d’avoir enfin réussir de se sortir des griffes de son père. Même si à ces yeux, ce n’était que le début encore, ayant déjà plusieurs idées de suite en tête. Notamment pour son travail… Car elle savait très bien qu’en quittant ainsi son boulot et avec le réseau de son père, elle venait de se bloquer toutes ses entrées dans les cercles de l’Alchimie française, Flamel ou non. Profiter de sa double nationalité et partir en Suède ? Non. Même si elle savait parler la langue, elle en savait trop peu sur le pays de sa mère pour savoir si elle réussirait à se faire à ce pays ou non. Et puis, les Lindgren étaient connus comme runistes là-bas, pas comme alchimistes…

- Tu as gardé ta nationalité britannique, pas vrai ?

Finit-elle donc par demander à son mari alors qu’ils étaient en train de traverser le jardin bordant le manoir en direction du portail.

- Oui, pourquoi ?

Lui répondit assez rapidement Theodore, en ayant l’air assez confus par rapport à la question de sa femme alors que cette dernière ne fit que sourire un peu plus à cette information.

- Simple renseignement.

Annonça-t-elle simplement juste avant qu’ils ne passent le portail de la propriété Flamel, leur permettant dès lors de pouvoir transplaner jusqu’à chez eux. Finalement, son avenir professionnel sans son père risquait d’être fort intéressant. Louis Flamel allait sans doute faire une attaque en apprenant que sa précieuse fille était passée outre-manche, imitant ainsi sa tante plusieurs décennies après elle.

TW : Cadavre, sang, autopsie, expérimentations scientifiques
- Matricule 66 ?

La voix féminine inconnue aux oreilles de Raphaëlle jusqu’à ce jour claqua dans le labo de la Flamel avec une autorité qui l’irrita plus qu’autre chose. Les deux mains plongées dans la cage thoracique ouverte d’un humanoïde dont on ne devinait plus vraiment l’apparence originelle, du sang jusqu’au coude à force de farfouiller dans les viscères de la créature, la française ne tourna même pas le regard vers la personne qui venait d’entrer dans son antre sans y avoir été invitée, toute concentrée qu’elle était sur son propre travail.

- Occupée.

Laissa-t-elle pourtant échapper en français sans y faire attention, trop focalisé sur ce qu’elle était en train de faire pour y faire attention. De toute façon, le mot en anglais ressemblait suffisamment à ce qu’elle venait de dire pour que l’intruse comprenne au moins l’idée si jamais personne ne l’avait prévenu de la moitié française de la brune. Et au pire, le fait que Raphaëlle soit encore concentrée sur son travail devrait lui permettre de comprendre non ?

- Comme beaucoup de gens ici. Prenez une pause de cinq minutes, ça ne prendra pas longtemps.

Ne tarda pas à se faire entendre de nouveau l’intruse, toujours avec ce ton autoritaire qui fit serrer les dents à la française.
Relâchant un peu la pression en poussant un soupir, la française s’accorda encore quelques secondes pour elle, pour son travail, comme pour montrer à l’inconnue qu’à s’inviter ainsi, il ne fallait pas s’attendre à être reçue comme la reine qu’elle pensait être… Finissant par attraper sans la moindre hésitation les poumons de la créature ouverte sur une table d’autopsie de son labo, la petite brune ne tarda pas à les sortir de la cage thoracique les enfermant encore quelques instants auparavant pour les déposer dans une bassine en métal à côté. Puis, se tournant vers une petite table un peu plus loin, elle siffla légèrement et sembla presque comme réveiller la plume à papotes poser sur le meuble, cette dernière se mettant aussitôt à léviter à quelques centimètres d’un parchemin sur lequel il y avait déjà des annotations, prête à l’emploi.

- Théorie sept invalidée. Les poumons ont été transformés en pierre durant une transmutation. Sans doute la dernière. Poursuite de la dissection plus tard pour valider ou non les autres.

Puis, se décidant enfin à se tourner vers l’intruse, elle découvrit face à elle une grande blonde à l’air presque aussi sévère qu’elle. Utilisant rapidement de façon informulée le sortilège Récurvite une fois sa baguette en main pour se nettoyer les avant-bras, elle finit par se décider à répondre à la blonde en se faisant bien plus hautaine qu’elle n’avait besoin de l’être et en croisant les bras au niveau de son torse.

- Qu’est-ce que vous me voulez ?

Si le ton de la blonde était autoritaire jusqu’à là, celui de Raphaëlle se fait bien plus glaciale maintenant qu’elle lui répond réellement. Mais à quoi d’autre pouvait bien s’attendre l’autre femme en se comportant de cette manière dans l’antre de la Flamel ? Pourtant, sans se démonter la blonde reprit assez vite la parole, toujours avec ce même ton qu’elle avait depuis le début.

- On m’a dit que vous pourriez m’aider à traduire des runes. Ce manuscrit pour commencer.

Annonça-t-elle en mettant déjà en évidence le manuscrit assez épais l’air de rien qu’elle tenait à la main. Pas besoin de bien plus que cela et des derniers mots de celle qui ne s’était toujours pas présentée pour que Raphaëlle se mette à froncer légèrement les sourcils tout en redressant le menton de cette manière si arrogante – si française selon certains de ses collègues – qu’elle avait de le faire, comme si elle cherchait à prendre de haut l’autre femme alors que cette dernière la dominait d’une dizaine de centimètre.

- Pour commencer ?

Si elle n’avait pas utilisé le matricule de Raphaëlle pour l’interpeler à son arrivée dans cette pièce, la française serait sans doute déjà en train de lui dire qu’elle s’était visiblement trompée de salle. Et dire que c’était elle qu’on avait l’habitude de traiter de femme hautaine… Comme pour en rajouter une couche d’ailleurs, la blonde se mit à hausser légèrement une épaule avant de répondre à la française.

- Il pourrait y en avoir d’autres après, en effet.
- Je ne sais pas ce qu’on vous a raconté sur moi mais je suis alchimiste. Pas traductrice.

Enchaina immédiatement la Flamel, toujours en gardant ce ton aussi glacial que les contrées ayant vu naître sa mère. Mais ce genre d’accueil sembla laisser la blonde de marbre.

- Oh je vous en prie. Ca ne devrait pas vous prendre plus de deux ou trois jours.

Voilà que la réflexion de la blonde arracha un très léger ricanement moqueur de la part de la Flamel, alors qu’elle se tenait toujours au même endroit, les bras croisés sur le torse. A croire qu’on avait mal renseigné la blonde sur un point assez important concernant les runes.

- La traduction des runes est bien plus subtile qu’une recopie d’une simple liste de fourniture scolaire à Hogwarts, matricule…

Si le ton était aussi moqueur que froid maintenant, Raphaëlle se fit pourtant faussement un poil plus sympathique, un peu plus chaleureuse, quand elle se mit à demander de façon détourner à ce que la blonde lui faisant face s’identifie enfin. Après toutes ces exigences qu’elle semblait avoir à l’égard de celle qu’on appelait Matricule 66 à cet étage, c’était la moindre des choses après tout non ?

- 13.

Finit par consentir à répondre la blonde, donnant ainsi cette information à Raphaëlle qui se fit de nouveau silencieuse en l’observant rapidement de haut en bas. Si elle avait fortement envie d’envoyer promener le Matricule 13 par rapport à ça juste pour la façon dont elle se comportait avec elle, la Flamel sentait pourtant sa curiosité naturelle se rappeler à son bon souvenir. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de se livrer à ce genre d’exercices concernant les runes, les utilisant principalement pour agrémenter certains de ses cercles alchimiques ces derniers temps. Cela ne pouvait donc pas lui faire de mal de s’intéresser un peu à ce genre de manuscrit que lui apportait cette grande blonde aussi hautaine qu’insupportable aux yeux de la française. Surtout qu’elle pourrait peut-être en profiter pour en apprendre plus sur les contenues de ces vieux livres à traduire. Finalement, après un dernier soupir, elle finit par faire un geste assez vague de la main en direction d’un bureau plus imposant que les autres tables éparpillées un peu partout dans la pièce.

- Posez-le sur le bureau là-bas. Je regarderais ce que je peux faire tout à l’heure.

Céda-t-elle finalement, sa curiosité l’emportant sur son égo pour le coup. Même si elle se mettait déjà à se détourner de l’autre femme pour reporter de nouveau son attention sur le corps qu’elle était en train d’autopsier à son arrivée.

- Parfait. Je repasserais dans 2 jours pour voir où vous en êtes.

Entendit-elle la blonde dire dans son dos en posant le manuscrit sur le bureau que Raphaëlle venait de lui indiquer. Et il n’en fallut pas plus pour que la française se mette de nouveau à ricaner de manière assez moqueuse.

- Apprêtez-vous à repasser régulièrement après ce délai, matricule 13. Comme je vous l’ai déjà dit, les runes sont bien plus subtiles que vous n’avez l’air de le croire.

Lança-t-elle par-dessus son épaule à la plus grande des deux femmes alors que cette dernière était déjà en train de se diriger vers la sortie de la pièce. Oh oui, il était évident aux yeux de la Flamel que cette Matricule 13 n’avait pas la moindre idée du temps qu’il fallait vraiment pour réussir à comprendre toute la sophistication des runes et de la magie qui en découlait.

- Amatrice.

Ne put-elle s’empêcher de souffler entre ses dents, encore une fois en français, maintenant qu’elle était de nouveau seule dans son laboratoire et en retournant déjà à ses véritables travaux.  

La sensation des lèvres d’une autre sur les siennes, les réflexes et l’esprit embrumés par l’alcool, et avant même de réellement comprendre ce qu’il venait de se passer entre Ciara et elle, voilà que la blonde s’écartait déjà brutalement de Raphaëlle. Laquelle des deux avaient initié ça ? La française ne s’en rappelait plus vraiment pour être honnête, les relents de l’ivresse ayant comme anesthésié son cerveau pourtant d’habitude plus efficace que ça. Sans doute était-ce elle vu le mouvement d’écart de l’irlandaise. Mais non, même si cela était confus, elle avait pourtant parfaitement le souvenir que la blonde avait plus que répondu à ce baiser avant de se reculer si vivement.

Un mélange de surprise, de confusion et de ces vapeurs d’alcool qui lui brouillaient l’esprit avaient envahi la Flamel qui ne savait plus quoi faire ou dire alors que Ciara ne semblait pas dans un meilleur état de réflexion qu’elle. Mais avant que la brune ne puisse faire le moindre geste, tenter la moindre parole, l’irlandaise préféra la fuite, pure et simple, sans un mot ou un autre geste de sa part à elle aussi. Et dans un soupir, la française la laissa faire, trop hébétée pour faire quoi que ce soit d’autre. Comment en étaient-elles arrivés là, elles qui quelques mois auparavant encore s’appelaient toujours par leurs matricules plutôt que leurs prénoms ou même leurs noms ? L’habitude de travailler ensemble sur les grimoires et manuscrits écrits en runique que dénichait la Petrova pour commencer. Et cette autre habitude ensuite, prise sans même qu’elles ne semblent s’en rendre compte l’une et l’autre, d’aller prendre un verre après une journée de traduction une fois par semaine ou toutes les deux semaines pour décompresser un peu. Pour se faire médisantes sur d’autres parfois aussi. Même si depuis l’accident ayant conduit à la fermeture jusqu’à nouvel ordre de tout le niveau 9, elles avaient plus l’habitude de râler ensemble sur leurs conditions de travail, certes temporaires mais qui les exaspéraient l’une et l’autre. Et il fallait croire que ce soir, elles avaient pris un verre de trop. Le verre de trop…

La française resta encore quelques secondes à essayer de comprendre ce qu’il s’était passé, ce que tout ce merdier pouvait bien vouloir dire. Puis finalement, dans un soupir, elle se décida à lâcher l’affaire, ne réalisant que trop bien que se tordre le cerveau pour comprendre tout cela ne servira à rien au final.
Finalement, tout comme la blonde quelques instants avant elle, Raphaëlle commença par faire quelques pas pour sortir de la ruelle dans laquelle elle se trouvait encore, puis transplana jusqu’au pied de l’immeuble dans lequel elle louait un appartement depuis quelques années maintenant.

Et une fois dans son appartement, la Flamel ne tarda pas à se changer, de façon un peu brouillonne certes mais réussissant quand même, pour la nuit et finit par se laisser tomber sur son lit. En cherchant à s’occuper l’esprit pour oublier qu’elle avait presque l’impression que la pièce tournait – encore une preuve que Ciara et elle avaient vraiment abusée ce soir, montrant bien qu’il n’y avait pas besoin d’alcool fort pour se retrouver dans un état aussi minable – la française en revint à penser à ce baiser aussi soudain et surprenant qu’imprévu avec la blonde. De quoi la faire soupirer une nouvelle fois alors qu’elle se tournait dans son lit, se retrouvant alors sur le dos et à observer le plafond. Et maintenant, qu’est-ce qu’elle était sensée faire concernant la blonde ? Comment est-ce qu’elle était censée se comporter ?
Se tournant de nouveau avec la ferme intention de dormir cette fois, Raphaëlle fit l’erreur de ne pas fermer les yeux à ce moment, laissant ainsi son regard se poser un peu plus loin , sur un des bouquins qu’elle était en train de traduire pour la Matricule 13.

- Putain mais c’est pas vrai !

Râla-t-elle en français en bougeant de nouveau pour tourner le dos à ce satané livre en runes qui ne faisait que lui rappeler la réalité des choses. Certes elle était ivre ce soir et cherchait donc à remettre à demain ses questions – si elles existaient toujours à ce moment-là – concernant sa collègue mais demain matin, elle était aussi sensée bosser avec elle…