Vingt-trois janvier mil neuf cent quatre-vingt-cinq. T’aimes à croire que c’était le jour le plus heureux pour tes parents Myrthild et Bertram. Après tout, c’était le jour de ta naissance, celui où la princesse était enfin là. Princesse, démon, ça se discute. Déjà gamine, t’avait le caractère bien trempé, digne de ta famille à vrai dire, digne d’une Travers, le côté de ta mère, et d’une Prewett, celui de ton père. Mais est-ce que ça a vraiment de l’importance finalement ? Après tout, si tu étais aimée et entourée, tu pouvais bien être la reine des pestes que ça n’aurait fait aucune différence. Tu as toujours été une gamine forte de caractère donc, et très proche de ton père et tu soupçonnais que ta mère puisse être jalouse de la relation que tu pourrais avoir avec lui. Mais par chance, tout est relatif, maman t’a laissé un petit cadeau. C’est dans tes gênes, t’es comme elle, une métamorphomage. C’était pas une évidence au début, personne n’aurait pu devinez que c’était le cas avant que tu ne changes involontairement la couleur de tes cheveux alors que t’étais encore au berceau, en couche-culotte, à chouiner comme tu savais si bien le faire. Même toi tu ne savais sans doute pas pourquoi y’avait ces larmes de crocodiles qui coulaient sur tes joues mais au moins, tu attiraient l’attention, c’était tout ce que tu voulais, qu’on s’intéresse à toi. Une année, deux années, puis une troisième. Les jours passaient, ne se ressemblaient pourtant pas. Ce don de métamorphomagie était un peu imprévisible mais tu étais trop jeune pour apprendre à le maîtriser, ça viendrait bien assez tôt. Pourtant, d’autres changements vinrent, en particulier cette rune. Tu comprendra bien plus tard de quoi il était question, maman avait juste dit que ce n’était pas grand chose, juste pour ne pas te perdre et tu l’avais cru sur parole avec un grand sourire qui te caractérisait si bien. Quatre ans, cinq ans puis la sixième année. Tu aimais tes parents, tu aimais ton frère mais tu passais de plus en plus de temps chez ta grand-mère. Tu ne comprenais pas pourquoi et parfois, tu te disais que c’était parce que tu étais trop insupportable et que tes parents ne t’aimaient plus suffisamment pour te garder avec eux. C’était un peu une punition que de t’envoyer aussi souvent chez Adèle. Tu y passais bien souvent des journées entière avant de retrouver la maison, papa et maman qui avaient fini leur journée de travail. Tu ne savais pas si c’était un fardeau pour eu de te récupérer, ils donnaient l’impression que non, tu n’en parlais pas en tout cas. Ça avait duré quelque temps, la journée avec Grand-Mère, le reste du temps avec tes parents. Grâce à ta grand-mère, tu avais la chance d’apprendre une autre langue que l’anglais et quand tu rentrais le soir, tu apprenais d’autres choses avec ta mère. Elle prenait le temps de t’enseigner ce que tu avais à savoir concernant ton don. Tu grandissais, il était temps après tout car ton entrée à Poudlard finirait par arriver bien plus vite que tu ne l’aurais imaginé. Il fallait que tu saches gérer, un minimum tout du moins. Et si au départ ce fut laborieux, tu t’appliquais finalement à être une bonne élève, à faire ce qu’on te demandait sans broncher.

Âge ingrat, toujours dans le défi, il était temps pour toi de découvrir de nouvelle chose, un nouvel horizon, un nouveau monde. Et Poudlard fut celui-ci. D’abord sceptique à l’idée de ce que pouvait t’apporter cette école, tu y as rapidement trouvé ta place au sein de la maison Serpentard. Tu ne cachais pas ta fierté d’appartenir à la maison des Verts et Argents, c’était tout ce que tu désirais. Ambitieuse que tu étais, ta place était dans cette maison et tu le prouverais. Fière d'être Sang-Pur, tu grandissais dans un monde ou peu à peu, les sangs inférieurs n’avaient plus leur place dans cette école, et c’était normalement. L’éducation allait à l’élite, vous revenait à vous, élève au Sang-Pur depuis toujours, jamais souillé par de quelconques personnes sans magie. Terreur à Poudlard dès le début, tu as découvert lors de ta deuxième année à quel point cette rune que ta mère avait marqué sur ta nuque bien des années plus tôt avait du bon. Le Quidditch, quel belle invention ça encore. T’avais passé les sélections haut la main, en tant que batteuse ce qui au départ avait bien fait rire. T’avais pas vraiment la carrure pour être à ce poste et pourtant, t’étais redouble car tu n’avais pas peur des cognards, tu n’avais pas peur de tomber car tu étais protégée sans que personne ne le sache. Mais ce sport n’était pas suffisant, tu avais besoin de plus et tu ne savais pas à qui en parler. Tu aurais pu te confier à ton frère de qui tu avais toujours été très proche mais au fond de toi, tu savais qu’il était une partie du problème. Etant l’ainé, tu le jalousais sans vraiment le vouloir. Jalousie dont tu ne connaissais pas vraiment la cause, sans doute parce que lui, il pouvait faire plus de chose que toi, il avait un peu plus de liberté. Et c’est comme ça que t’es entrée dans cette pseudo compétition avec lui, à toujours vouloir être meilleure, à tout faire mieux que lui pour montrer que ce n’était pas parce que tu étais plus jeune que tu étais plus faible, que tu ne valait rien. Plus tard, tu réaliserais probablement combien ton comportement était idiot mais quand tu n’avais que douze, treize ans et plus, ça te semblait le mieux à faire. Ca et de demander à ton père de retourner aux battues après qu’il t’y ait emmené une première fois à ta sortie de Poudlard. C’était peut-être pas un endroit pour les gamins, dont tu n’avais que l’apparence, mais c’était là-bas que tu apprendrais beaucoup de choses, tu en étais convaincue. C’était un sport, c’était du divertissement et si beaucoup de personne ne trouvait pas ça très éthique, c’était pour toi une forme de justice adéquat. Tu avais peut-être grandi mais quand on te voyait, tu paraissais toujours frêle et innocente. C’était là aussi une question de point de vue car en toi, il n’y avait rien d’innocent. Tu avais une opinion bien tranchée, tu savais ce que tu voulais et ce que tu pensais. Une poupée fragile en apparence, un roc à l’intérieur, prête à déplacer des montagnes, à briser des barrières et à tout faire pour que le bien triomphe à jamais.

Qu’est-ce que tu veux faire de ta vie Imogen ? A cette question qui t’avait souvent été posé, tu avais à chaque fois eu la même réaction, un haussement d’épaule avant de détourner la conversation sur autre chose. C’était pas un truc qui t’intéressait, de savoir ce que tu pourrais faire de ta vie. Après tout, avec l’argent de ta famille, tu aurais très bien pu rester chez toi, ne rien faire, te contenter de vivre de ce que tu possédais déjà mais ça ne te ressemblait. Tu étais une femme d’action, une femme qui avait besoin de faire bouger les choses pour t’en trouver satisfaite. Un stage au Ministère avait paru être une bonne idée au départ mais ça n’était clairement pas ton truc. Ca avait duré un an. Une année après Poudlard à subir le Département des Mystère et tu avais détester ça. Soit disant que ça t’aiderait à trouver ta voie et ce que tu voulais faire. Ca t’avait au moins aidé à savoir ce que tu ne voulais pas faire. Peut-être un mal pour un bien en fin de compte. Quand on te voyait comme ça, on avait du mal à imaginer ce que tu pouvais faire de ta vie, ce que tu voulais être et toi non plus tu n’étais pas certaine. Ce dont tu étais sûre c’était que tu aimais écrire, tu avais toujours aimé ça et déjà lorsque tu étais gamine, tu te plaisais à écrire des petites historiettes que tu gardais bien sagement dans un coffre, sous ton lit, sans jamais les dévoiler. Peut-être que quelques elfes étaient déjà tombés dessus mais ça n’était pas important, t’étais même pas certaine qu’ils sachent lire. Mais aujourd’hui, peut-être que tu devrais faire les choses différemment, peut-être que tu devrais faire entendre ta voix. Une voix au travers d’un pseudonyme, histoire de garder une certaine tranquillité de vie. Ca ne te dérangeait pas qu’on puisse penser que tu ne faisais rien de ta vie, que tu ne savais pas te servir de tes dix doigts. A ces personnes, tu leur faisais le plus malpoli des gestes sans aucune honte et peu importe qui en était la cible. Mais il n’y avait pas que ce travail d’écriture qui avait de l’importance pour toi. Il y avait aussi le fait qu’en grandissant, tu t’étais progressivement détachée de ta mère et de ses enseignements pour te rapprocher des pensées de ton père. Papa avait ses convictions et tu avais commencé à ressentir la même chose que lui. Peut-être que tu étais encore trop jeune pour porter sur ton bras la marque des ténèbres mais ça ne voulait pas dire que tu ne supportais pas le gouvernement mis en place. Ils avaient raison, tu l’avais vécu à Poudlard et tu pouvais clamer haut et fort qu’avec la disparition progressive des sang-de-bourbe de l’école, la tranquillité était bien plus présente. Tu les soutenais, tu les soutiendrais quoiqu’il advienne. Et au fond de toi, tu savais que tu pourrais être un bon élément de part ton sang, ton rang mais aussi ton don. Ton don était bien entendu recensé au Ministère mais par ton affiliation à ton père, tu avais quelques avantages, si on pouvait appeler ça ainsi. Une formation, rien de bien intéressant en apparence mais qui avait un but, te permettre d’infiltrer les résistants pour le gouvernement.