#2 Deamus - Step by step

Dean devrait peut-être songer à se redresser. L'alcool plus la discussion sur les odeurs - embarrassante, certes, mais bien sincère - plus le fait qu'il est si facile pour lui de se pencher vers Seamus font que dans quelques minutes, voire quelques secondes, il va se retrouver le nez dans le cou de Seamus.

"Non, jamais Dean. Ca sera écrit sur ta tombe." Dean souffle, rigole plus que nécessaire, se disant ironiquement que si ça continue comme ça, sa tombe est peut être plus proche qu'il ne le pense. (Parce qu'il va mourir de honte, vous avez compris ?) "T'es trop méchant avec moi," il se plaint - chouine presque - comme si lui même n'avait pas été incroyablement dur avec Seamus jusque là - avant ce soir et La Grande Réconciliation.

"Pourquoi ? Importance capitale voyons," Seamus lui répond quand Dean est à deux doigts de le supplier de passer à autre chose. Lui ne semble pas vouloir lâcher l'affaire le moins du monde et ça n'a rien d'étonnant. Il est en train de se taper le meilleur rire de sa vie. "J'aurais jamais du rien dire. Ta tête va plus passer les portes," Dean continue de se plaindre - une nouvelle phase de son alcoolémie ? Le chouinage ? Non, c'est peut être simplement sa personnalité. Il lève alors sa main pour aller tapoter la tempe de Seamus d'un doigt, comme pour illustrer son propos.

Dean n'a jamais vraiment cru au concept de "type" mais visiblement, Seamus y croit dur comme fer, exposant très clairement à Dean le sien. Et visiblement, c'est tout le monde sauf Dean puisque après les roux, c'est les blondes qui le branche. "Les blondes," Dean répète alors, comme si verbaliser l'idée aller l'aider à... quoi ? L'accepter ? Le changer ? Le devenir ?

Dean est presque prêt à lui demander ce qu'il pense des bruns mais se retient. Demain, il pourra au moins s'attribuer un bon point pour ça. Parce que pour le reste, on repassera. Si son but ce soir était de se comporter comme un gamin de douze ans qui tombe amoureux pour la première fois, c'est réussi. Il a bien fait de se préparer avant de venir... Qu'est ce que ça aurait été sinon ?

"Ok, je te fais confiance." La phrase a la capacité de réchauffer le cœur de Dean tout en le lui serrant. Il suppose que si jamais Seamus venait à découvrir qu'il n'avait pas entièrement dit la vérité, il pourrait le comprendre. Mais quand même, ça reste un mensonge et il sait ce que Seamus pense des mensonge, surtout venant de Dean. Il détourne donc son regard et essaye - enfin - de se redresser, histoire de mettre un peu de distance entre eux. L'ambiance est soudainement froide et Dean se demande si c'est seulement le fuit de son imagination ou si Seamus le ressent aussi.

"Tu as l'air mort mec. Je peux te déposer à la Tour. C'est préférable que tu ne rentres pas seul." Dean lève la tête et lâche un, "Uh ?" pas très convaincant qui confirme qu'il est bien en redescente que la fatigue a pris la place de son euphorie de tout à l'heure. "Elle est où ta veste ?"

Dean regarde autour, se souvenant vaguement d'avoir en effet enlevé son manteau en arrivant. Il regarde autour de lui et finit par repérer sa veste à la table qu'ils occupaient avant leur partie de billard. "Le billard !" Dean s'exclame alors, voulant s'avancer vers la table mais se prenant un peu les pieds, se rattrapant sur Seamus in extremis. "On va dire que j'ai gagné, hein ?"

Avec l'aide de Seamus, Dean récupère sa veste et puis les deux sortent du bar, Dean assurant son meilleur ami sans être très convaincant qu'il peut marcher tout seul. "Je suis un loup-garou maintenant, j'ai des super-pouvoirs." Et avec ça, il manque à nouveau de se rétamer, un nouvelle fois retenue par son meilleur ami. "Et toi t'es mon sidekick parce que clairement, sans toi, je suis perdu."

step by step / dean

( en musique )

Ah bah tiens, voilà ouin-ouin. Quand Dean jouait au petit garçon le plus malheureux du monde, cela donnait toujours une forte envie de rire à l’irlandais. Loin d’être apathique, il savait juste faire la différence entre la vraie tristesse et les petits caprices. « Arrête un peu de faire ton Caliméro. » Si tout le monde s’accordait à dire que Dean était le plus intelligent et mature du duo, Seamus trouvait qu’ils allaient un peu vite en besogne. Certes, il n’était pas un intellectuel, mais il ne sortait pas des “tu sens bon” et des “t’es trop méchant avec moi” au beau milieu d’un bar. Si les autres le voyaient ainsi, peut-être qu’ils relèveraient en disant qu’ils étaient finalement amis pour des raisons évidentes.

Gêné de sa remarque, Dean accepta finalement dans rire, venant ainsi tapoter la tempe de l’irlandais pour lui indiquer que sa tête allait enfler. Cette approche le fit sourire, alors qu’il attrapa la main de Dean pour la retirer avec douceur. « Ma tête se porte très bien, je savais déjà que je sentais bon. » Depuis toujours, il aimait jouer le rôle du “mec sûr de lui”. Ce n’était pas vraiment qu’il se pensait particulièrement beau, fort et malin, mais simplement que dire le contraire n’apportait rien de positif. Dès lors, il optait pour une démarche plus agréable pour l’âme. Si personne ne voulait lui faire de compliments, il était parfaitement capable de s’en faire. De toute manière, il n’était pas du genre mielleux et pouvait largement vivre sans déclaration du genre.

Seamus ne releva aucunement la réaction de son ami suite aux aveux de ses préférences physiques. Pour lui, tout cela ne disait pas grand chose, principalement parce que la plupart de ses relations avaient été assez peu sérieuses. L’amour était un concept assez flou à ses yeux. Il aimait sa famille, il aimait ses amis, mais ne percevait pas vraiment de nuance. Pudique sur ses émotions, il était rare qu’il s’interroge sur cette thématique. Il prenait les choses comme elles venaient, sans prendre le temps de creuser la nature de ses sentiments.

De toute manière, depuis son retour en Angleterre, Seamus avait d’autres choses à faire que de trouver l’amour. Il avait dû renouer avec sa famille, se refaire des amis, s’expliquer avec les anciens et enfin, réussir à approcher Dean. Cette dernière étape avait été, sans hésitation, la plus dure. Le métisse s’était montré d’une extrême violence, qui lui faisait, encore aujourd’hui, froid dans le dos. L’irlandais espérait ne plus jamais avoir à subir la colère de l’autre, même si dans le fond, il avait conscience que cela serait difficile de lui en vouloir définitivement. Heureusement pour lui, Thomas semblait avoir ravalé son amertume et acceptait de redevenir un ami précieux.

Ivre, Dean peinait visiblement à rester focus. Alors qu’il cherchait sa veste, il reporta son attention sur le billard, terminé depuis belle lurette. Malgré le fait qu’il tenait à peine debout, son ami affirma sa victoire sur la partie, ce qui offusqua faussement le blond vénitien. « Pardon ? Dean je t’aime beaucoup, mais tu as perdu le billard. » Jamais Seamus ne lui accordera une victoire, même pour lui faire plaisir. Non seulement il avait perdu, mais en plus, il avait triché pour essayer de remonter la pente. « Et en plus, tu as triché ! » Inacceptable. Même Lenita n’aurait pas user d’une telle supercherie pour amasser des points.

Maintenant que le point billard était clos, il était temps pour les deux amis de partir. Un orgueil mal placé émana soudainement du brun, qui semblait persuadé d’être capable de marcher seul grâce à ses pouvoirs de loup-garou. Naturellement, Seamus lâcha un rire sincère, avant de l'attraper par le bras pour l’aider à marcher. « Ouais, des super-pouvoirs ! Évite de faire pipi à tous les lampadaires alors. » Mine de rien, le gaillard pesait son poids. Plus petit, l’irlandais devait utiliser pas mal de force pour maintenir l’autre, tout en l’écoutant gindre que sans lui, il ne serait rien.

A l’époque, Seamus aurait sûrement affirmer les dires de son ami. Ils avaient toujours été inséparables et après trois années loin l’un de l’autre, il était assez évident qu’ils ne savaient vivre avec cette absence. Pour autant, ils avaient aussi appris qu’ils savaient se débrouiller seuls, même si cela était davantage de l’ordre de la survie. « Tu as réussi à survivre trois ans sans moi, je pense que tu te sous-estimes. » La voix de Seamus sonnait un peu trop sérieusement. Malgré les boissons consommées, il pensait sincèrement ses paroles.
Pour autant, l’heure n’était plus à ce genre d’échanges et il décida d’entamer sérieusement la marche en dehors du bar. « Bon, allons-y ! » Dehors, l’air était froid, mais l’alcool leur tenait chaud. Avant de poursuivre, l’irlandais s’autorisa une pause clope, comme pour souffler un peu. Il n’en proposa pas au brun, convaincu qu’une seule bouffée lui donnerait envie de vomir. Une fois la précieuse allumée, il porta son regard sur le visage en pleine descente du métisse. « Va falloir t’entrainer un peu sur l’alcool, parce que là, même lena te défonce, alors qu’elle fait genre 40 cm de moins que toi… » A little Italy, ils possédaient tous et toutes (presque) une descente de compétition. Une fierté locale qui ne traduisait qu’un fort taux d'alcoolémie, mais qui à l’ordre du phénix pouvait les juger d’un tel comportement.

(@dean thomas)

Dean fait la moue quand Seamus refuse de lui accorder la victoire au billard. Ses souvenirs sont peut-être déjà flous mais il est presque sûr qu’il avait réussi plus de bons coups que lui. "Pardon ? Dean je t'aime beaucoup mais tu as perdu le billard. Et en plus, tu as triché !" Dean ricane à ça, la tête de Seamus à cette révélation lui revenant d'un coup. "T’aurais du voir ta tête. Et puis c’était pas de la triche. Je me confiais à toi. Tu sais, en tant que meilleur ami. Il se trouve juste que t’étais sur le point de jouer ton coup. Mauvais timing," il conclut en haussant les épaules, son air sérieux ne restant pas longtemps en place avant que le rire ne le gagne à nouveau. Il se sent étrangement soulagé de pouvoir en rire comme ça, se rendant compte qu'il s'était peut-être un peu trop mis la pression pour rien.

Il s'éloigne du billard maintenant et il a beau y mettre toute la volonté du monde, il n'empêche qu'on dirait qu'il a appris à marcher par correspondance. Heureusement, Seamus est là pour le rattraper et Dean est partagé entre se sentir un peu embarrassé d'avoir besoin d'aide pour marcher droit et se laisser faire parce que c'est quand même vachement plus pratique. "Ouais, des super-pouvoirs ! Évite de faire pipi à tous les lampadaires alors." À moitié avachi sur Seamus, Dean lève les yeux au ciel avant d'accrocher les regards étonnés d'un groupe d'amis à côté d'eux. "Ah. Ah. Il rigole, hein," il se sent obligé de leur expliquer avant de répondre à Seamus. "T'en as d'autres des comme ça ? Des centaines de civilisations terrifiées par ce que je suis devenu et toi tu me réduis à un pauvre chien..." Sa lycanthropie est encore un sujet sensible, bien sûr, mais entendre Seamus en plaisanter ainsi (plus l'alcool, bien sûr, encore et toujours) l'aide à relativiser. Difficile de se voir comme un être torturé, soumis à la damnation, quand son meilleur pote le compare à un chien...

Il suppose que c'est par là que passe l'acceptation de sa condition. Si les personnes les plus chères à son cœur - si Seamus - n'ont réellement pas peur de lui, l'acceptent sans sourciller, et se montrent là pour lui, peut être que finalement, lui-même peut faire ce chemin. ça ne changera rien au poids du calendrier lunaire, ni à la douleur de ses transformations, mais ça l'aidera à se sentir moins seul. Et encore humain. Encore lui-même.

C'est pour cette raison que Dean ne peut que sourire un peu tristement quand Seamus le reprend. "Tu as réussi à survivre trois ans sans moi, je pense que tu te sous-estimes." Il suppose que Seamus n'a pas entièrement tort. C'est vrai qu'il a survécu et il pourrait sans doute continuer à survivre sans lui. Mais ça serait être bien optimiste de dire que Dean n'a pas été profondément affecté par l'absence de Seamus. Alors bien sûr qu'il pourrait vivre sans lui, mais il n'en a pas envie. "C'est toi qui te sous-estimes," Dean rétorque à demi-mots, sur un ton presque un peu enfantin (c'est toi ! non c'est toi !) "Enfin," il continue, un peu plus assurément et joyeusement, "t'es là maintenant t'façon. C'est ce qui compte."

"Bon, allons-y !" Seamus annonce en les sortant du bar, Dean accueillant avec plaisir le froid automnal. Il respire doucement, ses sens moins agressés qu'à l'intérieur du bar. A côté de lui, Seamus sort une cigarette et Dean grimace, l'odeur moins attrayante qu'auparavant. Foutu nez supersonique. "Va falloir t'entraîner un peu sur l'alcool, parce que là, même Lena te défonce, alors qu'elle fait genre 40 cm de moins que toi..."

"J'ai pas mangé aussi," Dean rétorque, comme si c'était maintenant le moment de sauver son honneur. Il essaye de marcher droit, en fait presque un jeu, concentré à aligner ses pieds avec les pavés. "Et puis peut être que j'ai un peu abusé," il continue, soudain très soucieux de parler franchement. "Mais j'étais nerveux. J'avais peur que ça soit trop... bizarre ce soir. Tendu. Je voulais pas être déçu," il ajoute, s'accordant un regard vers Seamus avant de reprendre son défilé. "La prochaine fois, promis, pas d'excès," il annonce très solennellement en hochant de la tête. "T'imagines si je dois être bourré à chaque fois pour te parler ?" il continue, sans vraiment de filtre. "L'horreur," il finit, avec une grimace.

step by step / dean

( en musique )

Faussement innocent, Dean expliquait ne pas avoir fait exprès d’avouer sa sexualité pile au moment où Seamus allait jouer. Une affirmation qui était sans aucun doute un mensonge, mais qui amusait tout de même l’Irlandais. « Mauvais timing, bien sûr. Je suis idiot, mais quand même. » Il n’était pas le sorcier le plus intelligent du monde, mais il était tout de même capable de comprendre quand quelqu’un lui mentait, ou lorsqu’on se moquait. L’irlandais ne comprenait toujours pas vraiment pourquoi Dean avant balancé une information aussi importante d’une manière aussi banale, mais finalement, le plus important était que ce secret n’en était plus un. Il avait sincèrement le sentiment d’avoir renoué avec son ami, pour autant, même si la soirée se passait merveilleusement bien, il savait que ce n’était pas comme avant.

Quelque chose avait changé entre eux. Une faille qui restait entrouverte et qui allait sûrement les pousser à reconstruire quelque chose de nouveau. Seamus, pas vraiment du genre à se poser mille questions, décida qu’il était préférable de laisser le temps faire les choses et de ne surtout pas chercher à retourner en arrière. L’un comme l’autre avait changé durant ces trois années, et il était temps pour eux de se réapprovisionner. Pour autant, il y avait un changement qui, à ses yeux, n’était pas si important. La lycanthropie de son ami bouleversait très certainement la vie de ce dernier, mais ne modifiait en aucun cas la vision que Seamus pouvait avoir de Dean. Pour dire vrai, il était même plus étonné d’apprendre son homosexualité que sa morsure.

Dean rigolait aux blagues canines, sûrement habitué à la non subtilité de l’irlandais. Pour autant, Creed soulignait les commentaires avec un ton faussement outré. « Pas n’importe quel chien, un… Shih Tzu. » Comme pour surenchérir à sa propre blague, il lâcha un petit grognement, avant de relever la tête vers le ciel vaguement étoilé. Sa fumée de cigarette s’envolait lentement vers les cieux, tandis que ses poumons assouvissaient leur besoin en nicotine.

Pyro regrettait le trou de trois ans qui existait dans leur amitié. Pour autant, même en retournant la situation dans tous les sens, il ne voyait pas vraiment comment cela aurait pu se passer autrement. Bien évidemment, sans cette guerre, rien d’aussi négatif ne se serait déroulé. Pour autant, il était un peu facile, et surtout enfantin, de dire que c’était uniquement à cause des méchants qu’ils s’étaient déchirés. La réalité était, malheureusement, bien plus cruelle. Ils avaient cédé à leurs faiblesses et au lieu d’essayer de se comprendre, ils avaient préféré se détruire.

Au moment où Dean expliqua, de manière beaucoup trop énergique que l’irlandais se sous-estimait, ce dernier ne put retenir un petit sourire triste. « Ouais, si tu le dis. » Seamus jouait souvent le gars très sûr de lui, mais en réalité, il évitait surtout de se poser des questions, parce que se retrouver seul avec ses pensées l’effrayait. Il ne savait pas vraiment ce qu’il pensait de lui-même, et quand cette question lui trottait dans la tête, il la chassait le plus rapidement possible. Avant de plonger dans une phase un peu moins festive, Seamus se redonna un brin d’énergie en attrapant la flasque qui se cachait à l’intérieur de sa veste pour en boire une gorgée. L’alcool l’aidait, même s’il savait que ce remède était dangereux.

Heureusement, il était le seul du binôme atteint de ce mal, du moins c’était ce que la capacité à consommer de son ami lui indiquait. « Manger c’est tricher. » Il se souvenait toutes les fois où il avait balancé cette phrase en soirée, pour inciter les autres à faire n’importe quoi. Combien avaient vomi à cause de Finnigan ? Beaucoup trop. Aujourd’hui, ils avaient grandi et savaient que la triche était finalement la seule et unique véritable stratégie pour tenir plus longtemps en soirée.

Puis, alors qu’il finissait sa clope, l’autre se confessa une nouvelle fois, avouant qu’il avait bu pour se déstresser. Un comportement que Seamus comprenait, lui qui était venu la boule au ventre à ce verre. « Ouais, moi aussi j’étais un peu stressé. Je pensais qu’on allait juste, faire notre vie chacun dans notre coin. » Il était heureux que cette première vraie soirée ensemble depuis son départ en France se soit bien passée, pour autant, il attendait de voir si la suite allait s’avérer aussi joyeuse. Après toutes les sautes d’humeur du brun, il ne savait plus vraiment sur quel pied danser.
Bien qu’il restait méfiant, il ne pouvait s’empêcher d’avoir envie de passer du temps avec son ami. Quand ils étaient ensemble -et pas en train de se battre, tout semblait aller pour le mieux. Un sentiment qui faisait du bien et qui redonnait un second souffle à leur histoire. « Je suis SI intimidant que ça ? » Seamus était intimidant comme personne, parce que ses gros bras et sa grosse voix pouvaient faire peur. Pour autant, il savait que Dean le connaissait trop pour avoir peur, du moins, il estimait que cela n’avait pas dû changer durant leur silence.

Une fois le mégot écrasé contre le goudron du trottoir, Seamus décida de prendre la route en direction de l’ancienne planque de son compère. Elle se trouvait non loin d’ici, et plus vite ils partiraient, plus rapidement Dean pourra s’allonger et décuver de son excès. « Bon, on avance ? Tu peux marcher ou il faut que je te porte jusqu’à la Tour ? » Seamus guettait du coin de l'œil comment se tenait son ami, prêt à l’aider au premier vacillement.

(@dean thomas)

"Pas n'importe quel chien, un... Shih Tzu." Les vannes continuent de fuser et Dean n'a plus tellement l'énergie ni même la réelle envie d'envoyer promener Seamus. Il fait l'agacé, histoire de, mais un léger sourire étire quand même ses lèvres, parce qu'il est honnêtement incapable de s'en empêcher. "Un Shih Tzu," il répète en secouant la tête. "Non mais je... T'es impossible." La phrase est soulignée d'une forte affection qui gonfle comme une bulle et qui va finir par exploser.

Il faut dire que Dean est presque ému par le lien facile qui semble se rétablir entre eux, leur vif échange au sein de l'infirmerie de la Fawkes encore trop récent pour être oublié. Dean ne pense pas avoir jamais été aussi bas que ce jour là, un trou béant à la place du cœur, laissé la par sa transformation mais agrandit par chaque mots qu'ils se sont crachés dessus. Et à ce moment, il était persuadé qu'il ne pourrait plus jamais discuter normalement avec Seamus, encore moins passé une soirée comme ça avec lui.

Cette réconciliation, puisque c'est de ça qu'il s'agit, Dean a envie de la célébrer. Mais en faire trop risquerait de tout gâcher, alors il se trouve coincé, se retient de s'exprimer trop librement, même si quelques phrases s'échappent ici et là. Comme quand il avoue son stress lié à la soirée. Heureusement, Seamus semble partager son sentiment. "Ouais, moi aussi j’étais un peu stressé. Je pensais qu’on allait juste, faire notre vie chacun dans notre coin." Cet aveu ramène un peu d'amertume au dessus de leur tête parce qu'ils savent tous les deux que si Dean ne s'était pas repris, cela aurait pu être une réelle possibilité. Dean baisse un peu la tête et souffle, ne pouvant s'empêcher d'en rajouter une couche. "Seam, je suis tellement désolé. Ce que je t'ai dit ce jour là, la façon dont je me suis comporté... Jamais j'aurais dû te dire ça." Il se répète, il le sait, mais il a besoin que cela soit très clair entre eux. "Je m'en veux, t'as pas idée et je... je sais que t'as pas à me pardonner ou quoi que ce soit et je comprend si t'as besoin de temps mais il faut que tu saches que plus jamais je me comporterai comme ça." C'est une promesse assez risquée à faire mais Dean n'a plus vraiment le filtre de la réflexion. A ce moment, tout ce qu'il souhaite c'est faire comprendre à Seamus qu'il peut à nouveau compter sur lui.

"Je suis SI intimidant que ça ?" Dean rit un peu malgré lui et surtout malgré Seamus, celui-ci n'ayant pas idée d'une nombre de maladresse que Dean a enchaîné ce soir. "Intimidant n'est pas vraiment le mot," Il répond en se frottant la tête. "Important serait plus exact." Il lève son regard vers le ciel en disant ça, comme pour essayer de contrer l'intensité de ses mots. Faudra pas non plus partir sur un mélodrame.

"Bon, on avance ? Tu peux marcher ou il faut que je te porte jusqu’à la Tour ?" Seamus semble se tenir prêt à aider mais, aller savoir pourquoi, Dean tient encore à rester digne. "Easy," il répond, alors que... pas vraiment. Techniquement, il peut marcher. Il tient debout, réussi à mettre un pied devant l'autre, mais ça lui demande de la concentration et, vu de l'extérieur, ça doit vraiment être laborieux.

Il se laisse donc, à contrecœur, soutenir par Seamus, se laissant une nouvelle fois aller à une plainte pas vraiment réfléchie. "Est ce que tu vas me remplacer parce que je tiens pas l'alcool ? Je suis sûr que Lena, t'as pas besoin de la porter..."

step by step / dean

( en musique )

Est-ce qu’il avait déjà pardonné à son ami son comportement ? Pas vraiment. Seamus aimerait pouvoir tourner la page rapidement. Seulement, il avait été profondément touché par toutes ces remarques, sincères ou pas. Loin d’être rancunier, il éprouvait pour autant une certaine difficulté à excuser tous les propos tenus. Oui, Dean avait traversé une période compliquée, mais la situation avait largement dépassé les limites du tolérable. Bien sûr que voir son ami présenter ses plus plates excuses lui réchauffait le cœur, mais il ne parvenait pas à le croire sur parole. Seamus avait toujours été un homme d’action, loin des grandes déclarations. Certes, il avait attendu des excuses de son ami, mais maintenant qu’elles avaient été données, il n’attendait rien d’autre que des preuves. « J’espère bien. » Quelque part, seul l’avenir leur dira si leur amitié pouvait perdurer. Une situations qu’il n’aurait jamais imaginé possible, lui qui avait tant aimé crié sur tous les toits que leur amitié était plus forte que tout. Une fois de plus, il s’était trompé.

Néanmoins, malgré l’amertume qu’il avait ressenti lors des attaques de son meilleur ami, Seamus savait que ce dernier n’était pas le seul coupable de cette douleur. Depuis son retour, et même avant son départ, beaucoup de personnes aimaient poser un jugement sur sa personne. Il n’était jamais assez bien. Trop idiot. Trop grande gueule. Trop bruyant. Trop impulsif. Trop lâche. Même s’il ne relevait pas tout, il les entendait ces critiques et ça le fatiguait un peu, surtout après avoir risqué sa vie au manoir. « Après c’est pas uniquement toi. Ca me soule la manière dont les gens parlent de moi. » La plupart du temps, il ignorait ces petits commentaires et se concentrait sur ceux qui en valaient la peine. Seulement, quand c’était son ancien meilleur ami ou les proches de ce dernier, la pilule était difficile à avaler.

La dispute avec Vanessa en faisait partie. Il ne la connaissait pas spécialement. Elle était proche de Dean et lui avait balancé, sans hésitation, des immondices en pleine face. La non réaction de l'audience l’avait poussé à penser que tout le monde pensait la même chose. Cette blessure, il l’avait minimisé et noyé dans l’alcool, comme souvent. Il ne savait plus comment prouver sa valeur, et peu à peu il baissait les bras. Tant pis, il restera avec sa clique de gréviste à little italy (que dis-je, little ireland).

Seamus souffrait. Moins qu’avant son départ en France, nettement moins, mais il était encore loin d’être celui d’avant. Pour autant, une constante restait, celle d’éviter les conversations trop émotionnelles. Dès lors, au moment où Dean souligna son importance, l’irlandais ne put se retenir de faire de l’humour. « Je sais que je suis important, je me tue à le répéter à tout le monde. » Il ne se pensait pas une seule seconde important, mais il préférait faire croire le contraire. C’était plus facile d’avoir l’air satisfait que triste. Au moins, quand il avait son sourire de petit con, personne ne le faisait chier.

De toute manière, il ne voulait pas finir cette soirée autrement que sur une note positive. C’était leurs réconciliations, un moment important que rien ne pouvait gâcher. De plus, son ami était bien trop ivre pour des débats philosophiques. Pour dire, il tenait à peine debout. « C’est bien ce que je pensais. » Seamus avait prédit la démarche bancale et s’empressa de le rattraper avant de le retrouver allongé sur le béton. L’anglais n’avait jamais beaucoup tenu l’alcool et avec le temps, l’écart entre leurs capacités devenait plus grand. Visiblement, ce détail perturbait l’autre, qui s’inquiétait de perdre sa place.

Une question enfantine qui ne manqua pas d’amuser l’irlandais, qui ne comprenait absolument pas les sous-entendus que cette dernière pouvait poser. « C’est vrai que Lena tient mieux l’alcool que toi, mais tu sais… Je vais t’apprendre un truc de dingue… Je peux avoir plusieurs amis en même temps ! » Comme souvent, il prenait la chose à la rigolade, incapable de penser qu’une rivalité pouvait s’installer entre ces meilleurs amis. Lena était clairement sa meilleure rencontre depuis son retour. Une bouée de sauvetage dans cette mer agitée. Elle était comme une sœur, une cousine, une membre de sa famille, ce qui voulait dire beaucoup pour l’irlandais.

Après plusieurs minutes de marche. Les deux amis arrivèrent ensemble aux abords de la Tour. Une planque qu’il avait longuement évitée par peur de croiser Thomas. Désormais, ce n’était plus son ami qu’il craignait de croiser, mais plutôt Vanessa et les autres amis de Dean qui ne le portaient visiblement pas dans leurs cœurs. « Bon te voilà à destination. Je ne monte pas. Je voudrais pas croiser l’autre vipère. » L’ébriété de Dean était avancée, mais il savait que ce dernier parviendra à regagner un canapé avant de s’écrouler.

(@dean thomas)

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