Perdita était déçue ; toutes ces années, elle avait mis l’Ordre sur un piédestal, avait tenu bon à Gracefield en se persuadant qu’ils viendraient les sortir de là quand bien même certains prisonniers affirmaient qu’en presque dix ans d’existence de l'île, la résistance avait eu tout le temps du monde pour intervenir. Elle n’y avait pas cru, elle était certaine qu’ils révolutionneraient le monde magique en mettant fin à la guerre et au gouvernement Voldemort, c’était pour ça qu’elle était devenu informatrice en premier lieu, pour ça qu’elle avait accueilli la libération des Battues avec la certitude qu’elle allait enfin devenir vraiment utile.

Douche froide, non seulement sa magie était cassée mais en plus elle avait été parquée à sweet river dès que les ex prisonniers avaient été jugés trop encombrants à la Fawkes. En y regardant bien, Perdita ne voyait aucune différence entre la mise à l’écart des hybrides de l’Ordre et le traitement que leur infligeait la société à l’extérieur, les rassembler sur le même camps ne valait pas mieux que les marquer comme du bétail, alors elle était amère et ses discussions avec Winston n’avaient en rien aidé à la faire changer d’avis.

Ils étaient nombreux à sweet river, peut-être qu’ils pourraient se faire entendre, d’ailleurs, elle était loin d’être la seule rescapée de Gracefield à s’être retrouvée mise à l’écart, or après tout ce qu’ils avaient vécu, elle voyait mal les autres accepter sans broncher la situation.

Elle avait tout de suite accepté d’assister à l’assemblée générale, y serait de toute façon venue même si elle n’avait pas été d’accord rien que pour soutenir son frère qui l’avait stressée toute la journée à s’agiter comme un diable.

Elle étouffa un sourire dès les premiers mots du discours, échangea un regard amusé avec la personne à sa droite avant de retrouver une expression sérieuse pour la suite qui n’était définitivement pas agréable à entendre. Elle hocha la tête à plusieurs moments, se disant au passage qu’elle était tout de même sacrément fière de Winston, puis Lucjan pris la parole et les iris de la sorcière se tournèrent vers lui.

- On pourrait se mettre en grève. Puisqu’ils tiennent tant à ce que les hybrides se confinent, plus aucun non-mixed ne rentre dans la planque, on leur coupe tout accès à ce qu’on cultive et on ne répond plus à leurs communications, propose-t-elle suite à la question du demi-selkie. On pourrait aussi essayer de rallier à notre cause ceux qui sont contre sweet river ; on m’a dit qu’il y a eu un sitting au printemps ? Peut-être qu’on pourrait convaincre ceux qui y ont participé de mettre leur planque en grève eux aussi. Je suis sûre qu'ils peuvent pas se permettre de perdre contact avec plusieurs de leurs planques.

Perdita chercha à croiser le regard de l'audience en quête d'un assentiment général ; rien n'était possible si la mobilisation n'était pas totale.

Ta baguette est prête dans ta main lorsque tu transplanes près de Sweet River, dans un coin un peu en retrait dans la forêt toute proche. Aux aguets, tu sondes ton environnement. Y a bien l'amas des auras encore lointaines des habitants de la planque, mais rien de suspect directement autour de toi. Bien. Préférant une certaine discrétion avant de te jeter dans un des retranchements de l'Ordre, tu revêts la fourrure rousse de ton animagus avant de filer pour rejoindre l'endroit. Initialement plutôt adepte de foncer dans le tas et de voir où ça te mène, t'as bien été obligé d'apprendre la prudence pour survivre aussi longtemps. Pas trop le choix comme t'es recherché par un gouvernement en tant que déserteur et par un autre en tant que résistant belliqueux. Tu doutes que l'Ordre aussi te porte dans son coeur d'ailleurs.

Sweet River est tel que tu t'en souviens : quasiment identique à ce qu'il était durant les quelques années où t'y as toi aussi été parqué avant de te casser, si ce n'est les nouvelles têtes de ceux qui y ont été refourguées - ou s'y sont réfugiées. Un peu des deux sûrement. Tu trouves facilement le lieu de la réunion tenue par Winston au vu de la concentration des magies et des indications qu'il a pu te donner lorsqu'il t'a invité. Le contact repris après vous être croisés lors de la frappe à Gracefields a été plus qu'utile apparemment, et t'espères mutuellement. Tu profites d'un espace ombragé et désert entre deux maisons pour reprendre ta forme humaine, maintenant que t'es sur place.
Ca a déjà commencé. T'appuyant contre l'encadrement de la porte de la salle à manger les bras croisés, t'observes le vélane debout dans le cercle de chaises occupées ; l'écoutes discourir de la position des hybrides au sein de l'Ordre aux ailes cramées, des discriminations qu'encore aujourd'hui ils subissent de la part des résistants, de ceux qui sont censés être du bon côté de l'Histoire, de ceux qui disent vouloir le bien et l'égalité de tous mais s'empressent de vous refouler d'un coup de pied. Old news. Pas moins rageant pour autant.
S'asseyant, il fouille des yeux la foule. Vos regards se croisent lorsqu'il tombe sur toi, et tu lui adresses un signe de tête - pour saluer, pour manifester ton assentiment aussi.
Vous en avez déjà parlé, tu sais que son avis rejoint le tien.

En revanche, t'es curieux de voir ce que d'autres ici peuvent penser. A moins que certains ne soient là que par contradiction, s'ils sont là c'est qu'eux aussi sont mécontents du traitement que l'Ordre leur réserve. Tes yeux traînent sur les visages, sur les auras que tu perçois, et tu tâches de te souvenir au maximum de ceux qui se trouvent là - ça peut toujours être utile, pour plus d'une raison d'ailleurs. Quelqu'un que t'identifies comme étant un hybride être de l'eau prend finalement la parole, hésitant, sans trop oser, demande comment ils peuvent se faire écouter. Le coin de tes lèvres s'étire, pas vraiment un sourire en coin, plus vif, un peu amusé. Au moins sa question est à propos.
Une autre vélane, que tu crois avoir aperçu sur le Tempest au revenir de Gracefields, prend la parole directement à sa suite pour proposer une grève et de leur couper l'approvisionnement. Tu souffles, t'écartes du mur d'une impulsion de l'épaule. They're cute.

"Leur couper l'approvisionnement et rallier d'autres planques à vous est pas une mauvaise idée pour attirer leur attention," t'acquiesces en contournant le cercle. Une chaise vide te sert d'escalier pour grimper sur une table, profitant de ton perchoir pour croiser le regard du plus de personne possible dans l'auditoire, l'assurance aussi assertive qu'impertinente. "Faut se faire entendre pour être écouté, quitte à rugir et s'imposer. Jusqu'à être la seule chose qu'ils puissent voir et entendre, s'ils essayent de vous ignorer. Vous êtes plus forts, plus déterminés qu'ils vous en donnent le crédit. Vous avez une voix, vous importez."
Tu t'accroupis, east-asian style, comme pour te rapprocher d'eux, concentrer la discussion sur son importance et son sérieux, maintenant que t'as démontré ton premier point. La voix est basse, cherche à rassembler et enflammer plutôt qu'à haranguer. "Revendiquez l'égalité. Le droit d'exister, au même titre qu'eux. Préparez vos demandes et n'en démordez pas. Laissez rien passer, parce qu'ils profiteront de n'importe quoi pour vous garder en position d'infériorité. Winston l'a bien dit : de la chaire à canon volontaire mais qu'ils s'empressent d'oublier dès que le combat est passé." Tu marques un instant, bref, juste de quoi laisser s'ancrer cette partie de ton discours, croises encore quelques regard, dont celui de Winston. "On peut pas faire confiance aux humains. Pas en tant que majorité ni société, même si l'Ordre essaye de couvrir ça à coup de promesses et de beaux discours. Ca a été assez prouvé. On l'a tous subit, ici. Vous attendez pas à ce que tout se passe simplement. Soyez prêts." T'approches du sujet, du mot sans le dire encore le dire. Sous-entendu, sous-tendu entre les lignes. Raise and revolt.
Tu pourrais leur dire, aussi, que c'est au pire qu'ils devraient se préparer, parce que c'est la seule manière d'être prêt à toutes les éventualités et de pas se faire prendre de court et devoir abdiquer prématurément le mouvement qui s'est déjà lancé ici. Tu veux pas les décourager non plus, le temps viendra d'y penser. Ils le savent aussi bien que tu le sais de toute manière.
Ils auront pas à être seuls.

Etonnamment, la première personne à prendre la parole après ta diatribe au goût révolté n'est autre que le semi-être de l'eau timide qui s'était déjà exprimé quelques minutes plus tôt. Plutôt que de s'intéresser au contenu de ton discours et à ce que t'as effectivement soulevé, il préfère s'intéresser à la forme, à savoir de qui il vient, et donc qui t'es pour oser parler comme ça alors que tu fais pas - plus - partie de Sweet River. Avant que t'aies pu lui répondre, il se tourne vers Winston pour l'accuser de t'avoir invité - à raison - et tu peux pas t'empêcher de laisser passer quelques notes d'un ricanement un peu étouffé. D’un signe de la main, tu signifies au vélane de te laisser t’occuper de répondre à la tentative de confrontation. "Cute. T'as du mordant après tout, c'est bien, c'est important pour ce qu'on fait là." Le pire c'est que, malgré ton air amusé, t'es même sincère en disant ça. Au-delà du fait que t'as toujours eu une préférence pour les gens qui en ont, c'est surtout toujours utile quand on veut faire bouger les choses. Pas se laisser faire, questionner ce qui est dit - refuser de se laisser marcher sur les pieds. It needs to be more bite than barks, tho.

C’est pas vraiment le lieu ni le moment pourtant, parce que vous êtes pas là pour vous pencher sur ta personne, même si t’as jamais détesté l’attention. "Je savais pas qu'on était là pour perdre du temps à faire les présentations plutôt qu'à se pencher sur le sujet de l'assemblée mais soit." Souplement, tu t'assoies sur la table au lieu de te tenir dessus, te penches un peu plus vers l'assemblée pour mieux fixer le selkie contrarié du regard.
"Ton Sweet River, je l'ai connu à ses débuts, quand on nous y a parqué soit-disant pour nous protéger quand on savait tous très bien que c'était le même spécisme écœurant que d'habitude, juste caché sous de belles promesses. Avec déjà la même rengaine qu’aujourd’hui, à s'engourdir en attendant qu'on nous inclue dans le combat de l'Ordre et leurs grandes idées d'égalité."

La table quittée d'une impulsion, t'entres dans le cercle pour venir lui faire face plus directement, accordant tout de même un regard à Johannes sur la chaise d’à côté. Tu te plantes là, juste devant le selkie, prends la peine de te baisser un peu pour que vos regards soient au même niveau. Dans le mordoré, le sérieux de la situation, la détermination et l'assurance gagnées au fil des années. T'as rien à prouver. Tu sais ce que tu fais, sûr de la valeur de tes actes et de tes convictions. T'as pas de compte à rendre, ni à lui ni à personne, mais autant remettre les choses en place. Surtout si ça peut les bousculer et les faire se bouger. "Sweet River, j'l'ai quitté pour me battre pour nous. Pour faire quelque chose concrètement pour les hybrides. Alors ouais, en plus d’avoir des choses à vous apporter, ma place ici je l'ai gagnée, et j'te ferai pas l'insulte de te demander ce que toi t'as pu faire, parce que j'suis pas sûr que tu puisses en dire autant. De toutes façons c’est ce que tu - vous - faites maintenant et que vous ferez encore qui compte, alors on a pas de temps à perdre avec ça." Comme c'est toujours le cas avec ce genre de structure, ce faisant, t'attaques un peu les raisons de sa présence ici malgré tout. Oops ? Mais eh, t'as jamais prétendu pas être trop incisif, ni trop direct. T’es pas là pour épargner les égos et les sentiments des gens, plutôt pour pousser à la révolte, à ce qu'ils rejoignent le combat mené pour vous hybrides.

Tu te redresses sans encore le lâcher du regard, laisses filer une expiration amusée avant de te retourner pour t'adresser au reste des présents. "Content ? On peut en revenir au sujet de la réunion maintenant ? On en était à comment faire pour que l'Ordre vous entende et vous préparer pour la révolte je crois," tu glisses avec l'impertinence d'un sourire en coin et une certaine légèreté alors que tu retournes une chaise pour te laisser tomber dessus, les bras croisés devant toi sur le dossier - no you don't know how to sit straight. A vrai dire, ça a quelque chose de secrètement plaisant pour toi, de ramener la conversation où elle en était, quand d'ordinaire c'est toi qui a tendance à perdre le fil.

Perdita avait tôt fait de rejoindre la résistance à Gracefield, comme elle n’avait pas tardé à devenir informatrice pour l’Ordre quand son poste lui avait permis d’être utile. Si elle avait longtemps cru que l’organisation résistante était l’espoir du pays, elle avait un peu déchanté lorsqu’une fois rétablie, on l’avait envoyé en classe verte avec les gens comme elle, comme s’ils étaient différents et ne pouvaient pas se mélanger avec les autres, comme s’ils n’étaient bon qu’à cultiver la terre et à servir de chair à canon.

Elle avait parlé avec Winston et partageait ses idées, il ne lui avait pas fallu plus de quelques semaines pour savoir que Sweet River lui déplaisait et qu’elle était légitimement en colère contre la hiérarchie qui avait gardé secrète l’existence des Battues pour retarder la mission de libération. Aujourd’hui, elle participait à l’AG pour soutenir son frère et surtout parce que s’il fallait agir, alors elle voulait en être – Perry avait fini de subir la condescendance des hauts placés, du gouvernement ou de l’Ordre, elle avait trinqué et refusait que cela lui arrive une fois de plus.

Elle avait réfléchi avec son frère, avait une idée de ce qui pouvait être fait pour forcer la main du cercle 7 et reléguer Sweet River au rang de mauvais souvenir, aussi s’exprima-t-elle sans hésiter avant de suivre du regard l’apparition d’un homme qu’elle n’avait jusqu’alors pas remarqué. Elle se souvenait de lui pour l’avoir croisé sur le Tempest, et s’il ne l’avait pas franchement marquée sur le moment (parce qu’elle était au bord de la crise de nerfs, probablement) elle se retrouva à admirer sa manière de s’exprimer et de se tenir. Ses mots vibrèrent en elle et Perdita hocha la tête ; elle n’était pas si radicale, elle ne l’était pas avant mais avait-elle le choix maintenant ? Les sorciers le prenaient toujours pour elle, pour eux, pour les mixed, comme s’ils n’étaient rien comparés à eux. Il était temps d’agir vraiment.

Perry s’apprêta à reprendre la parole après Seo Jun mais son regard convergea vers Lucjan. Elle ne le connaissait que de vu, s’était mise dans l’idée qu’il était un peu timide. Son animosité lui fit hausser les sourcils et regarder du côté de Seo Jun pour voir ce qu’il allait répondre à ça. Elle ne pouvait que lui accorder qu’il savait parler, esquissa même un léger sourire réprimé vers la fin de son discours et ses iris s’attardèrent sur lui lorsqu’il s’assit sur sa chaise. Son gaydar sonna, elle eut un air appréciateur et reporta son attention sur son frère qui reprenait son rôle de maître du jeu.

Elle lui rendit son sourire (elle aimait quand on reconnaissait la pertinence évidente de ses propositions), hocha la tête.

- Je suis d’accord aussi, dit-elle.On pourrait passer voir tout le monde, leur expliquer notre point de vu et leur montrer pourquoi on pense que c’est la bonne solution. Y’aura peut-être des désaccords mais la majorité doit bien voir que la situation est injuste et que ça a assez duré. Je veux dire, je viens d’arriver et je m’en rends compte alors les anciens, ceux qui sont mis à l’écart depuis des années ont pas pu passer à côté. Il suffirait de tenir quelques semaines pour voir le résultat et plus le temps passera, plus ça devrait convaincre les réticents sur le fait que l'Ordre nous donne aucune importance.

Elle jeta un coup d’œil à Lucjan, se demandant si son antipathie à l’égard de Seo Jun n’était pas qu’uniquement due à la peur de se mettre la hiérarchie à dos. Elle elle s’en fichait, elle ne leur devait rien, ils n’avaient rien fait pour elle quand elle se battait pour sa vie à Gracefield, alors s’il le fallait, si on ne lui accordait pas plus de crédit à elle et aux mixed, elle partirait.

- Pas que j'espère que le cercle 7 réagira pas, je me dis juste que vu ce qu'il s'est passé avant, j'imagine qu'il se passera rien de plus et qu'on restera comme des cons dans notre ferme à attendre qu'on veuille bien nous inclure dans les affaires. elle marqua une brève pause pour se donner le temps de réfléchir, puis reprit : Ouais, quelques semaines je suis sûre qu'il en faut pas plus pour montrer à tout le monde que Sweet River a pas été crée dans notre intérêt.

Perdita qui s'était redressée sur sa chaise balaya le cercle du regard et accrocha le regard de tout ceux qui la regardaient pour appuyer son propos. Elle finit par esquisser une ombre de sourire satisfaite par sa prise de parole et croisa jambes et bras en se rappuyant contre le dossier de sa chaise.