Oh baby, don't hurt me
Don't hurt me
No more

@Silver Marsh @Marlon Travers @Freya Abbott | Muswell Hill, début septembre

Tu apparais dans le jardin que vous partagez avec Silver, alors qu’il est pratiquement sept heures et demie du soir. Le soleil est déjà en train de redescendre et tu vérifies qu’aucun voisin n’aurait pu te voir. Un coup d’œil à ta montre spéciale te permet ensuite de constater que ton double s’est bel et bien barré pour commencer cette deuxième journée que tu viens d’achever, et que tu ne risques pas de le croiser. Ces dernières vingt-quatre heures (ou plus) ont été prenantes, ce qui s’explique par le fait que tu as profité que Dan soit reparti à Hogwarts pour t’autoriser à remonter complètement le fil d’une journée, histoire de rattraper des dossiers que tu n’avais toujours pas eu le temps de traiter pour le compte des Black Hands. Toujours ton problème de concilier deux existences qui ne semblent que difficilement conciliables, et que tu avais mis entre parenthèses, le temps où ton fils était dans ta partie de la maison, pour le garder dans son insouciance.

De ce fait, tu es un peu éreintée et tu t’affales quelques instants sur l’une des chaises en fer forgé du jardin. Peut-être es-tu sur le point de t’assoupir quand la voix de Silver te tire de cet engourdissement général, pour t’asséner un reproche sur ton retard, remontrance à laquelle tu es trop lasse de répondre. Tu déglutis, rouvres les yeux en luttant et tu finis par le rejoindre en cuisine où il s’affaire déjà depuis un certain temps, si on en croit l’odeur qui arrive jusqu’à tes narines.
Il te faut quelques secondes pour remettre de l’ordre dans tes pensées, et surtout te souvenir de quel jour vous êtes et du pourquoi il a l’air si exaspéré. Te rendant compte que ce n’est pas un jour comme les autres, tu soupires longuement en te massant les tempes et en lâchant un juron qui traduit une légère gêne quant à l’idée d’avoir laissé ton mari faire tout (ou presque) tout seul : « Merde, j’avais pas calculé... Attends, je prends un café et puis je t’aide. »
Meh, oui, tu l’aides : encore faudrait-il qu’il reste des choses à faire, bien sûr !

Tu aurais besoin de dormir, mais tu n’as clairement plus le temps. À la place, sans chercher à obtenir une quelconque autorisation, tu passes dans ta partie de la maison, où tu sais que ton double (ton toi du passé donc) a laissé du café quelque part (à force, tu as pris certaines habitudes). Il ne te faut que quelques secondes pour le réchauffer d’un coup de baguette, t’en servir une grande tasse, et commencer à laisser les effluves familières te sortir de ta torpeur.
La première gorgée descend dans ta gorge et réchauffe tout sur son passage, alors que tu montes à l’étage pour te changer et quitter tes habits de la journée. Tu en profites pour déposer le retourneur de temps et la montre associée dans un écrin scellé que tu es la seule à pouvoir ouvrir, écrin que tu ranges dans un recoin sûr où le regard ne porte pas en général. Lentement, le café fait effet, mais tu ne te fais pas suffisamment confiance pour t’autoriser à t’asseoir brièvement sur ton canapé, une fois de retour au rez-de-chaussée, dans une robe plus courte que la précédente. Mieux même, pour prévenir cette tentation qui ne ferait que vous mettre davantage en retard, tu repasses du côté de chez Silver, en refermant la porte derrière toi.

Fort heureusement, la caféine te redonne vraiment un coup de fouet, ce qui n’est pas plus mal parce que tu supposes que la soirée ne va pas être très courte. Après tout, ce n’est pas souvent que vous recevez Freya, une de tes meilleures amies, et Marlon, son très récent mari, et ce serait sot d’imaginer qu’en moins d’une heure, tout sera plié. En prime, Marlon est tout de même le patron de Silver (enfin, il te semble que c’est ainsi que la hiérarchie actuelle du Niveau 2 est foutue), donc tu supposes qu’il s’agit aussi de maintenir les apparences quant à votre couple qui n’en est plus vraiment un (enfin, qui pourrait l’être si vous n’étiez pas aussi buté l’un que l’autre)(bref).
L’horloge indique 19h43 quand tu t’approches du cuisinier pour demander en croisant les bras ce qu’il aurait besoin que tu fasses d’ici l’arrivée de vos invités. Sauf que tu dis ça, mais que tes paroles sont couvertes par du bruit à l’entrée, ce qui te fait comprendre que tu avais franchement abusé sur ton horaire de deuxième retour du boulot : « Attends, tu leur avais dit 19h30 ?! » Et de réussir néanmoins à réagir comme une bonne maîtresse de maison alors que tu en voulais à Silver d’avoir donné un horaire aussi inhabituel (clairement, tu étais en tort, mais comme d’habitude, St Mungo’s qui se fout de la charité, etc) : « Ça va, ça va, je m’en occupe ! »

Et d’aller ouvrir à vos invités avec un sourire à peine feint mais qui donnait bien l’impression qu’il ne s’était rien passé de mal : « Bonsoir bonsoir ! Venez, entrez donc ! Silver termine deux trois petits trucs, mais il sera avec nous très vite. » Et d’entraîner Freya et Marlon dans le premier salon, déjà embaumé par les odeurs délicieuses de la cuisine, après avoir pris leurs capes et les avoir fait voleter jusqu’aux crochets du porte-manteau, tout en oubliant ta tasse de café dans la cuisine (tant pis). « En attendant, Vous voulez quelque chose à boire ? De légal, bien sûr ! », précises-tu en riant, avec un regard appuyé à l’adresse de Marlon.
C’est sûr que c’est pas chez Silver qu’on trouvera de l’alcool de contrebande. Heureusement d’ailleurs qu’il n’a jamais eu l’idée de perquisitionner chez toi...

Oh baby, don't hurt me
Don't hurt me
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@Silver Marsh @Gina Marsh @Freya Abbott | Muswell Hill, début septembre

Tu ne savais plus trop comment cette invitation avait vu le jour. Ni même pourquoi. Silver avait certainement dû lancer l’idée comme ça, un jour, à la pause déjeuner. Et toi, t’avais sûrement machinalement accepté tout en pensant à autre chose. Toujours est-il, que tu n’avais malheureusement été frappé par aucun rhume entre-temps, et que tu te voyais désormais contraint de te plier aux conventions. Bien sûr, il y avait bien pire qu’un dîner chez les Marsh, et on pouvait même aller jusqu’à dire que tu estimais Silver. Mais deux problèmes majeurs demeuraient cependant. Le premier était le fait que tu aies expliqué à Freya, que Marsh se chargerait de t’aider à retrouver les membres de l’Ordre qui avaient voulu intenté à ta vie durant les dernières battues. Au vu de la réaction complètement disproportionnée de ton épouse à l’égard de Gracefield, il était certain que le sujet serait parfaitement tabou ce soir. Tu espérais notamment que Freya tempère ses ardeurs et garde ses leçons de morale pour elle. T’afficher en public avec Freya avait certes été l’un de tes souhaits les plus chers, mais c’était avant que tu n’apprennes toute la vérité sur son compte. Désormais, tu redoublais de méfiance lorsque l’on te posait la moindre question sur elle. Un simple “comment se porte votre épouse ?” suffisait à te rendre paranoïaque. Le second problème que posait ce fameux dîner était la présence inévitable de Gina Marsh. Ce n’est pas que tu ne l’aimais pas, mais disons que tu estimais qu’elle exerçait une mauvaise influence sur Freya. Depuis que tu avais entendu dire qu’elle faisait partie du petit comité qui avait organisé un enterrement de vie de jeune fille surprise à ton épouse, tu la considérais avec moins d’égard qu’auparavant.

Fraîchement douché, tu ressors de la salle de bain attenante à votre chambre, et observes Freya, qui finit de se préparer. “Tu m’aides à choisir ce que je mets ? Je ne veux pas trop en faire, ce sont des…” Le mot sang-mêlé se retient de justesse de franchir tes lippes. “Enfin, je veux dire que Silver est mon brigadier, je ne veux pas le mettre mal à l’aise.” Pirouette peu habile qui t’aurait valu de transpirer si tu ne venais pas de te doucher quelques instants auparavant. Ce n’était pas le moment d’attiser une nouvelle fois la colère de Freya. “Tu es splendide, comme toujours.”

Une fois l’heure venue de transplaner, tu enfiles ta cape de voyage par-dessus tes vêtements et attrapes la main de ton épouse. Quelques dizaines de secondes plus tard, vous voilà à Muswell Hill, devant la bâtisse des Marsh. Tu avais beau connaître Silver depuis des années, c’était la toute première fois que tu te rendais chez lui. D’ordinaire, vous vous rencontriez toujours dans des lieux du Londres sorcier. Ta première impression t’arrache une mimique à mi-chemin entre l'étonnement et le dédain. La maison te paraissait si petite, que tu n’oserais même pas la qualifier de manoir. Mais sachant pertinement que la femme à tes côtés ne partagerait ton avis méprisant, tu décides de garder le silence. Soudain, la porte s’ouvre sur Gina qui vous accueille avec un grand sourire, te faisant presque froid dans le dos. Silver termine deux trois petits trucs. Te voilà agréablement surpris, si seulement les autres brigadiers pouvaient être comme lui. “Silver travaille encore à cette heure-ci ? Quel mangemort modèle !” Un sourire de façade vient illuminer ton visage, alors que tu t’adresses à la maîtresse de maison. Par réflexe, tu entreprends de détacher ta cape, et t’apprêtes à la laisser retomber, avant qu’un elfe de maison ne vienne la saisir au vol. Mais alors que Gina tend une main vers toi, tu t’arrêtes net et la gratifies d’un regard perplexe. Après une demi-seconde d’hésitation, tu finis par comprendre et lui confies ta cape. Si les elfes sont occupés en cuisine, alors il vaut effectivement mieux qu’elle s’en charge elle-même, au lieu de laisser les mains sales des petites créatures tâcher tes vêtements. Alors que Gina vous conduit jusqu’au salon, elle s’autorise une plaisanterie, que tu sembles avoir déjà entendue mille fois auparavant dans la bouche de toute la communauté sorcière de Grande-Bretagne. Un sourire forcé vient étirer tes lèvres en guise de première réponse. “Je ne suis pas en service ce soir. Disons, que je serais prêt à fermer les yeux sur certaines choses.” Ton regard oscilla tour à tour entre Gina et Freya.

Devant toi, sur ta coiffeuse en bois précieux, s’accumulent des produits de beauté griffés. Tu aimes jouer avec les couleurs, les ombres et les lumières. D’un coup de pinceau, tu gommes les traces laissées par le temps qui passe. D’un geste du poignet, tu donnes l’illusion d’une mâchoire plus dessinée. D’un trait tracé, tu sublimes le bleu de tes iris. Tu as toujours aimé t’apprêter. Tu sublimer, et ce dîner est l’occasion de t’amuser un peu. Et surtout, pendant que tu pares ton coups de magnifiques atours, tu n’as pas à penser au fait que la personne qui va vous acceuillir ce soir traque les membres de l’ordre ayant attaqué Marlon. Bien entendu, tu as peur que la soirée dérape. De par ta position d’agent double, tu es en permanence sur le fil. Évoluant au sein même de l’ennemi, biche déguisée en louve. Tu trinques, tu ris avec l’ennemi. Tu couches même avec lui dans un sens.

Ce soir, il va encore falloir user de courbettes et de sourires. Profiter du moment, sans tomber dans les pièges de la mondainité. Ne pas réagir si d’aventure la conversation venait à dévier sur de dangereux sentiers. Rester digne. Heureusement, il y a Gina. Dans cet océan de mensonges, cette brume sombre qui vous cache du soleil, elle fait office de lueur rassurante. Un phare dans la nuit. Un rire dans les larmes. Une couvertrure dans le froid. Et tu te réjouis de passer une soirée en sa compagnie. D’un geste assuré, tu pares ta bouche d’un rouge coqueliquot. Tu observes un instant ton reflet. La robe cache-coeur d’un bleu sombre met en valeur ta silhouette tandis que le rouge qui laque tes lèvres illumine ton visage. Autant d’atours dont tu aimes te parer, autant pour te sentir bien dans ta peau que pour rentrer dans ton personnage.

Et les quelques mots échangés avec Marlon alors qu’il sort de la salle de bain te donnent raison. Tu es assez indépendante pour ne pas te vêtir en fonction de ce que pense ton époux, mais les compliments font du bien à ton ego de quarantenaire. Tu prends donc le compliment avec plaisir, même si tu n’es pas dupe à la vague tentative de Marlon de te cacher son dédain. Vous ne serez surement jamais d’accord sur la pureté du sang, aussi tu décides de ne pas relever. Tu ne veux pas perdre de l’énergie à lui hurler dessus pour rien. Pas pour le moment. « C’est un diner informel, prends quelque chose dans lequel tu es à l’aise. » Là-dessus, tu enfiles une paire d’escarpins. L’avantage de se rendre chez les Marsh en transplanant, c’est que tu peux te permettre de porter des talons sans risquer d’avoir les pieds en feu à la fin de la soirée.

« Ravie de vous voir, merci de nous recevoir ! » Une fois fois installée auprès de vos amis, tu te détends légèrement. Tu es sincèrement heureuse de les voir (surtout Gina, il faut bien l’avouer) et les mets qui vous sont servis semblent délicieux. Tu goutes avec plaisir le vin qui t’est proposé, ravie que Silver ait suivi tes conseils. Pour toi, une bonne soirée passe par le bon vin, et le bordeaux qui t’es servi est délicieux. Anonciateur d’une bonne soirée ? Tu l’éspères. Tu as le reflexe de guetter Marlon de tremps en temps, pour t’assurer qu’il passe du bon temps. Ou alors par peur qu’il ne s’isole avec Silver pour discuter de quels membres de l’ordre ils pourraient bien arrêter. Aussi, tu préfères prendre les devant, rebondissant à ce que Marlon répondait à Gina quelques minutes plus tôt. « Ce qui se passe dans ce manoir ce soir, restera dans ce manoir, c’est donc ce que tu nous dis mon amour ? » Tu portes le verre à tes lèvres avant d’adresser à ton époux un sourire malicieux. « À vrai dire, j’ai un peu de mal à t’imaginer t’encanailler. De façon légale ou non. » Tu le titilles un peu, mais tu ne rigoles qu’à moitié. Marlon a un passé sombre, tu ne le sais que trop bien. Alors que tu connais certains de ses plus noirs secrets, tu ne l’as jamais vu se laisser vraiment aller. Laisser tomber la carapace pour vraiment s’amuser, être spontané. Ou alors juste dans l’intiminité de vos draps, ce qui est assez différent. Tu te tournes vers tes hôtes.  « Nous sommes entre nous, n’est-ce pas le moment idéal pour commencer ? »

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Tu n’avais pas particulièrement envie de te retrouver ici ce soir. Mais pour être tout à fait honnête, il fallait bien avouer que les Marsh se donnaient du mal pour vous accueillir comme il se doit. Tu retiens de justesse une grimace d’inquiétude lorsque tu t’aperçois que Silver semble bien renseigné sur les préférences de ton épouse en matière de vin. D’abord, parce qu’il était officiellement interdit de consommer de l’alcool. Mais aussi et surtout, parce que dès qu’il était question de Freya, tu ne pouvais t’empêcher de te retrouver sur la défensive. Tu estimais dangereux que l’on en sache un peu trop sur son compte. Et bien qu’il ne s’agisse en l'occurrence que de banalités, cela suffisait à t’irriter. Néanmoins, tu finis par passer outre et ton attention s’attarde sur un autre fait suffisamment étrange pour être souligné. Tu ne comprends pas bien pourquoi Silver se donne tant de mal à faire léviter coupes, bouteille, et plateaux d’amuse-bouche à travers le salon. Ses elfes de maison devaient être sacrément empottés pour ne pas être capables d’assurer à la fois en cuisine et au service. La prochaine fois que tu verrais ton frère bien aimé, tu ne manquerais pas de lui dire d’envoyer de toute urgence un nouvel elfe de maison jusqu’à la bicoque qu’habitaient Silver et Gina.

Alors que tu dégustais bien sagement quelques tranches de charcuterie (tu avais arrêté de manger du fromage à l’âge de onze ans, par pure provocation à l’égard d’Adèle, qui vantait constamment les mérites de la gastronomie française, symbolisée, entre autres, par le fromage), la remarque de Freya te fit l’effet d’une douche froide. Surgies d’absolument nulle part, ses paroles t’apparurent tout d’abord comme une remarque moqueuse, aux amers relents de reproche. Si tu avais déjà du mal à digérer les surnoms affectueux en public, le fait que ton épouse soulève ton manque d’entrain n’allait certainement pas rendre cette soirée plus plaisante à tes yeux. Si Freya te trouvait aussi ennuyeux que cela, elle aurait mieux fait de te le dire ailleurs qu’au beau milieu du salon des Marsh. Irrémédiablement gêné par la tournure que prenait cette conversation, tu te passes rapidement une main dans les cheveux. Et comme toujours, lorsque tu es acculé dans tes retranchements, tu réponds avec un sourire accompagné d’une pointe d’acidité. “Si tu avais pu assister à la soirée que Langford m’a organisée à El Dorado, tu aurais certainement moins de mal à imaginer que je puisse de temps à autre me détacher de la rigueur imposée par mes fonctions.” Tu gratifies Freya de ton sourire de façade, avant de porter ton verre à tes lèvres, comme pour appuyer tes propos. Tu évites soigneusement le regard de Silver, car tu ignores si sa femme est au courant de cette escapade, et tu préfères ne pas le mettre dans l’embarras.

Ce que tu ignores alors c’est que tu n’es toujours pas au bout de tes surprises. Freya reprend la parole et laisse échapper une nouvelle insinuation des plus mystérieuses. Tu n’es pas certain de ce qu’elle sous-entend, mais tu es à peu près sûr que cela n’a absolument rien de légal. Qu’il s’agisse d’alcool ou de quelques dérapages avec Gina et Silver, tu ne préfères pas calculer le nombre de lois fondamentales que vous risqueriez d’enfreindre. Mais avant que tu n’aies pu tenter d’éclaircir les intentions de Freya, une nouvelle scène improbable se déroule sous tes yeux. Gina Marsh semble être à deux doigts d’étouffer. Peu désireux de t’exposer aux microbes projetés par sa toux, tu demeures confortablement assis sur le canapé, en faisant mine d’afficher un air concerné sur ton visage. Puis tout revient finalement dans l’ordre, et tu peux enfin détendre les muscles de ta mâchoire pour réajuster ta trombine impassible.

A ton plus grand désarroi, Gina revient à la charge et relance la discussion quant à ta capacité à t’amuser. Qu’avaient-elles donc toutes à te considérer comme le mec le plus chiant du monde ? S’était-elles donné le mot avant de se retrouver dans cette habitation douteuse, que Freya osait qualifier de manoir ? Tu aurais pu lui servir une bonne dizaine de répliques sur la façon dont le jeune Marlon Travers s’amusait jadis, mais tu n’étais pas certain que les moldathons et autres réjouissances impliquant des sortilèges impardonnables parviennent à réchauffer l’ambiance. C’est ainsi que tu décidas finalement de te lancer sur une toute autre voie. Elles pensaient que tu étais incapable d’être drôle et de t’amuser comme elles savaient si bien le faire ? Et bien tu allais t’employer à leur prouver tout le contraire. “Je ne vais pas vous révéler tous mes secrets d’un coup, mais disons que j’ai eu de la chance de vivre ma jeunesse avant que certains de nos décrets actuels ne soient promulgués.” Pour la première fois de la soirée, le sourire taquin qui vient étirer tes lèvres n’a absolument rien de forcé, alors que tu te remémores certains moments de ta scolarité à Poudlard. Tu te retournes finalement vers Freya, assise à tes côtés sur le canapé, et tu poses une main sur son genou, pour attirer son attention. “Quoique tu proposes pour nous divertir, je suis certain que je serai en mesure de t’étonner.” Coup de bluff, assurément. Tu espérais bien qu’il ne faille pas en arriver jusque là et que cette simple remarque emplie d’assurance suffise à clore le sujet.

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Leurs réaction t'amuse, et un sourire mystérieux vient étirer tes lèvres fardées. Tu aimes créer la surprise. On a tendance à te considérer comme une femme de nobles loisirs, une bourgeoise plus intéressée par les livres et les vins que par les activités plus osées. C'est l'image que tu dégages. En bonne Ravenclaw de bonne famille qui se respecte, tu as préféré te plonger dans les livres plutôt que dans les chairs pendant tes études et le début de ta vie d'adulte. Avant que tu ne comprennes qu'on pouvait parfaitement lier les deux. Personne après tout n'est tout blanc ou tout noir, et en tant qu'agent double, tu en sais quelque chose. Ton allure chic n'empêche pas de porter des dentelles affriolantes au plus près de ta peau. Ton parlé distingué se change parfois en vociférations féroces dignes d'un pilier de bar quand tu es en colère. Ton palais connaisseur de vins délicats apprécie de se laisser aller à l'ivresse de boissons plus triviales. Cette dualité t'amuse, et tu aimes en découvrir les penchants chez chacun. En bonne scientifique, tu aimes avoir des réponses à tes questions. Creuser, fouiller, découvrir. C'est pour cela que tu t'es tournée vers la recherche : pour satisfaire cette insatiable soif de connaissances, celle qui t'a fait dévorer tous les livres de la bibliothèque parentale, celle qui te pousse à voir ce qui se cache derrière un regard, celle qui te pousse - parfois - à pousser l'autre dans ses retranchements pour guetter sa réaction. Et mieux le comprendre. Aussi, tes yeux exercés à l'observation (c'est aussi ça, le métier d'espion) balayent l'assemblée, tentant d'y lire une gêne, une colère ou bien une envie de se lâcher qui serait bienvenue.

Ta main effleure celle de Marlon, non pas pour l'aguicher (pour une fois) mais plutôt pour le rassurer. Une caresse, comme une promesse. Tu t'amuses à le pousser à bout, qui aime bien châtie bien comme dirait l'autre. Mais tu sais aussi que l'humour n'est pas sa qualité première, ou alors que vous n'avez pas le même : au choix. Tu le taquines, puisque tu te doutes bien qu'il est capable de se lâcher. L'évocation de la soirée organisée par Langford te fait sourire. Tu n'en as pas vraiment eu d'échos, mais si l'enterrement de vie de garçon fut à la hauteur de ton enterrement de vie de jeune fille, il y a sans doute de belles histoires à raconter. Ou à garder enfouies, encore une fois, tout est une question de point de vue !

Le vin coule dans ta gorge, et ton palais exercé y cherche les notes que tu aimes tant. Ces effluves boisées et fruitées qui sentent bon la France et ses châteaux. Un voyage à proposer à Marlon tiens. Tu connais un excellent producteur de vin sorcier qui a su user des techniques moldues tout en y ajoutant suffisamment de magie pour en faire une boisson exquise. La main que ton époux pose sur tong genou, puis sa langue te susurre comme un défi. Vous étonner hein ? Qu'il fasse attention, tu pourrais le prendre aux mots (ou ailleurs). Silver quant à lui, semble plus enclin à la sagesse, malgré ce qu'il lance à son américaine. « Même le plus violent des alcools ne saurait m'arracher les secrets du département des mystères. C'est un critère de sélection, en complément des divers talents demandés. » Les secrets ça te connaît. Quelqu'un a dit un jour que le coeur d'une femme est un océan de secrets (tu ignores qui, sûrement un philosophe qui ne risque pas de marquer les esprits). Toi c'est au delà de l'océan, c'est une terre entière de secrets que tu manies au quotidien. Chaque jour, chaque minute, tu dresses une barrière entre eux et le reste du monde. À force d'occlumancie et de paroles habiles.  Comme ces mots que tu prononces pour changer de sujet. Vous travaillez tous pour le ministère (même si certains de façon plus officielle que d'autres), donc tu sais que vous êtes "alliés", mais tu ne serais pas une réelle langue de plomb si tu te laissais aller à en révéler ne serait-ce que des brides. « Parce qu'il y a de bonnes façons de s'encanailler ? Je ne pense pas, et c'est bien pour cela qu'on aime tant ça. Rien de tel que d'être un peu mauvais de temps en temps. » Sans te départir de ton sourire mutin, tu dégustes une nouvelle gorgée de vin accompagnée d'un morceau de fromage. « N'as-tu pas quelques alcools interdits ? » Ta main sur pose sur celle de Marlon, posée sur ta jambe. « Pas de soucis pour le chef de la police magique, je prendrais responsabilité de l'infraction. » Ou alors tu lui passeras les menottes, pour inverser les rôles.

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Plus la soirée se poursuit, moins tu te réjouis d’être assis dans le salon de cette petite bâtisse. Tu n’aimes pas beaucoup la curiosité dont Silver fait preuve à l’égard des travaux du département des mystères. Pas seulement parce que tu y as jadis travaillé et es donc au fait des horreurs que l’on y commet, mais aussi et surtout parce que tu sais que ton épouse a bien des choses à cacher. Tu vois toujours d’un mauvais œil les questions que l’on peut poser à Freya, dès lors que l’on s’écarte des banalités et des politesses. Néanmoins, la réponse de ton épouse te prouve une nouvelle fois à quel point elle peut se montrer rusée et implacable. Tu aurais presque pu te détendre quelque peu, si seulement sa prochaine diatribe n’avait pas pris une tournure aussi hasardeuse. Rien de tel que d’être un peu mauvais de temps en temps. Tu n’étais pas certain d’avoir la même définition qu’elle sur ce point-là. Quoiqu’il en soit, elle semblait d’humeur particulièrement joueuse ce soir, et tu aurais préféré qu’elle garde cela pour votre retour au manoir. Mais alors qu’elle pose sa main sur la tienne, tu vois clair dans ses intentions, et tu comprends que ce qu’elle s’apprête à proposer ne vas sûrement pas te plaire. Lorsque le mot “interdit” franchit ses lippes, tu te retiens de justesse de lever les yeux au ciel; tu ne tiens pas à passer une nouvelle fois pour le rabat-joie du coin. Elle prendra la responsabilité de l’infraction ? Tiens donc, dans l’intimité de votre manoir, tu aurais pu sauter sur l’occasion pour terminer la soirée d’une tout autre façon. Mais ici, dans le salon étriqué des Marsh, l’heure n’est pas aux fantaisies. Tu te contentes donc d’afficher un sourire crispé pour seule réponse.

Bien évidemment, Gina prend ton épouse au mot et ne se fait pas prier pour aller quérir un exemplaire de ces fameux alcools interdits. Tu as à peine le temps de saisir une nouvelle bouchée qu’elle est déjà de retour. Elle débouche ce qui semble être une vieille bouteille de firewhiskey, en hume le contenu, avant de finalement te la tendre. Tu l’inspectes un bref instant et préfères ne pas t’attarder sur le volume d’alcool contenu dans le breuvage. “Un rare spécimen, en effet. J’imagine que vous devez avoir de bonnes relations à la Values Brigade, pour avoir pu conserver cette bouteille. A moins que vous n’ayez une cachette redoutable, que même le nez avisé de ce cher Langford ne soit parvenu à débusquer.” Le jour où la Values Brigade ferait enfin correctement son travail, tu serais certainement prêt à rejoindre l’Ordre du Phénix. Mais bien sûr, tu gardes cette plaisanterie pour toi, sachant pertinemment qu’elle ne serait pas du goût de tous autour de cette table.

N’ayant d’autre choix que de remplir les verres apportés par Gina, tu te retournes brièvement et cherches les elfes de maison des Marsh du regard. Encore une fois, en vain. Tu allais bien finir par croire qu’ils faisaient la cuisine eux-mêmes, aussi invraisemblable que cela puisse paraître. Sans tergiverser plus longtemps, tu sors ta baguette d’emprunt de la poche intérieure de ta veste et la pointes sur la bouteille, qui s’incline délicatement au-dessus des verres. Au moment de remplir le quatrième, la bouteille vacille quelque peu et deux ou trois gouttes de firewhiskey viennent se répandre sur la table. “Navré, ce n’est pas ma baguette habituelle.” Dissimulant à peine ton agacement, tu te dis qu’il faudrait absolument que tu t’entretiennes avec Silver au cours de la soirée, afin d’en apprendre plus sur les indices qu’il avait rassemblés à Gracefield.

Tu distribues le premier verre à Gina, le second à Silver, puis le troisième à ton épouse. “Freya, tu devrais reprendre une bouchée de fromage avant de goûter au firewhiskey. Je ne suis pas certain que tu supportes autant d’alcool.“ Tu estimais qu’elle avait bien mérité une légère provocation. Tu lui effleures brièvement la main, pour lui prouver que ce n’était encore qu’une simple plaisanterie. Puis, tu reportes ton attention sur vos hôtes. “Maintenant que l’on a sorti le firewhiskey, j’imagine que l’heure est aux confidences. Quel est donc votre secret pour un mariage aussi long et prolifique ?”

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