Les petites appréhensions éprouvées à l’organisation de cette soirée entre amis ne sont pas dissipées du tout, mais la bonne humeur de Freya est définitivement un bon point. Un catalyseur positif qui réussit à te détendre, à calmer un peu de la mauvaise humeur générée par Gina, à adoucir les angles de Marlon… et définitivement, qui aime un peu trop enfreindre les règles pour un moment en compagnie de deux flics, dont un chef de brigade. « Si les hommes de loi acceptent de fermer les yeux sur cette entorse légère, je vais aller voir ce qui se terre chez nous. Je m’occuperai de punir cette offense plus tard », glisses-tu sans te soucier de ce qui est bien mal sous-entendu, au point d’être très évident.
Très canaille, même, dans ton sourire large.
Gina revient bien vite, tout juste le temps que tu te prépares quelques bouchées de ce plateau généreusement garni, avec une bouteille dont l’étiquette est prometteuse. « Je crois qu’il a l’âge de notre mariage, celui-ci... Jeune, donc. » Commentaire un peu distrait alors que ton regard se pose sur un objet apparu dans ton champ de vision, tout juste derrière vos invités. Il te faut quelques secondes avant de comprendre ce que tu vois, puis, sur la raison de sa présence à cet endroit précis. Pourquoi à ce moment précis ? Ça, c’est bien uniquement une affaire de très malheureux hasard qui te déteste cordialement.
Pendant que Marlon s’occupe de remplir les verres, tu sors ta baguette et semble replacer quelques livres de la bibliothèque d’un geste du poignet, mais tu t’assures surtout de faire disparaître le magazine incriminant. Vous pourrez en discuter dans la cuisine, lorsque vous retournerez vous y chicaner, hein.
« Maintenant que l’on a sorti le firewhiskey, j’imagine que l’heure est aux confidences. Quel est donc votre secret pour un mariage aussi long et prolifique ? » Tu te demandes très sérieusement si en fait, Marlon t’écoute pendant vos conversations (probablement que non). Parce que pour toutes les fois où tu qualifies Gina d’ex ; toutes les autres où tu conchies la moindre de ses actions (et surtout ses inactions)(vraiment, elle ne peut rien faire de bien) ; celles où tu regrettes à haute voix de t’être marié avec cette femme, de continuer de l’héberger, d’avoir eu un enfant avec elle ; à clamer que vraiment, Dan est la seule bonne chose née de cette union mal assortie ; et tout un assortiment d’autres détails qui n’en sont pas… y’a de quoi se questionner sur ce que le Travers qualifie de long et de prolifique, dans ce mariage.
Quoique.
Après une oeillade à ta tendre et chère, tu oses une réponse qui marche sur la ligne entre la vérité et le mensonge : « On a des quartiers séparés depuis plusieurs années, depuis que tu as pris la Marque des Ténèbres et l’engueulade cataclysmique qui en a résulté, ça nous permet d’avoir du temps pour nous. » Pour que que tu entretiennes tes amantes, oui. Pour que vous puissiez vous gueuler dessus dans une version de la maison ou une autre, pour que vous puissiez renouer au fil de vos humeurs et ensuite mieux vous séparer. Pour que ton fils puisse choisir sous la gouverne de quel mal vivre et avoir hâte de retourner à Hogwarts. Et vraiment pour que votre tempérament respectif puisse s’aérer, parce que s’il y a bien quelque chose de prolifique dans ce mariage, hors du sous-entendu scabreux de l’affaire, ce sont bien vos conflits. « Et je suis sous son charme depuis le premier jour. Tu peux bien l’avouer, cette vérité. Celle où Gina Devall-Rahman n’a pas quitté ton esprit depuis le premier regard échangé, lors de cette rencontre chez les Black Hands. C’est son sale caractère, qui m’a convaincu », et cette fois, la taquinerie est encore plus grande. Encore plus évidente, alors que l’affection est au moins égale, ramenant quelque chose de définitivement jovial sur tes traits souvent trop sérieux. Quelque chose de bêtement tendre qui peut tout à fait laisser croire à cette affaire de mariage heureux.