"Il doit me rester du gin..." Tu hoches la tête légèrement, d’un air satisfait par la proposition. Ça fera l’affaire pour trinquer. Observant sans rien dire l’autorité naturelle avec laquelle Frida donnait ses ordres à son elfe de maison, tu réfléchissais brièvement à ce que tu pourrais exiger d’elle en retour de son rajeunissement alchimique.
C’est que tu n’étais pas non plus d’une générosité légendaire et que, même si la proposition de la débarrasser de ses rides avait jailli de nulle part, il ne fallait pas imaginer que tu ferais ça sans contrepartie. Pour l’heure, néanmoins, tu ne savais pas encore ce que tu  pourrais obtenir de ton amie, et tu tâchas de remettre cette pensée à plus tard, alors qu’elle jubilait encore : "Rien que pour la tête d'Elie." Oui, l’aîné des Beckett serait sans doute surpris, à la condition bien sûr que tu ne dises rien à ton garde du corps avant l’achèvement du rituel. (il risquait pourtant d’en être informé en amont, puisqu’il fallait bien qu’il sache ce que tu comptais faire)(ou bien peut-être ne lui en toucherais-tu aucun mot, puisque tu savais déjà quel serait son avis sur une telle pratique -négatif, évidemment). Laissant Frida dans ses rêveries, tu ne cherches pas à la contredire, surtout que tu partages certaines de ses pensées sans grand problème, comme la suivante qu’elle formule : "Et pour la tête de mes petits-enfants..."
Le rictus sur tes lèvres reste carnassier, alors que tu constates aisément l’effet que produit l’hypothèse de cette cure de jouvence chez la sang-mêlée, qui se voit déjà rabattre le caquet des uns et des autres et qui poursuit : "Et celles de nos adversaires quand ils me verront de nouveau au sommet !"

Faudrait-il la détromper ? Lui faire comprendre que l’effet de rajeunissement fonctionnerait quelques années, mais que le temps ferait néanmoins son œuvre, même s’il était repoussé pour peut-être dix ans ? Il était possible qu’elle se soit rendue compte de tes phases de rajeunissement, mais Frida, pas plus que d’autres, ne savait pas grand chose de ce que tu sacrifiais à chaque fois pour garder une apparence de quadragénaire (chose logique, tu n’avais aucun intérêt à donner tes secrets, même si une partie d’entre eux avait été éventée par cet idiot de Telford, lorsqu’il t’avait dénoncée au BOAT).
"Au temps qui passe" Tu lèves ton verre en esquissant un sourire complice à l’adresse de ta vieille amie, et tu portes également un toast, qui fait écho au sien : "Aux amitiés qui durent."

Prenant ensuite une gorgée du liquide incolore versé dans ton verre, tu as une sensation corrosive dans ta trachée et tu t’en accommodes sans grand problème. Faisant tourner l’alcool dans ton verre quelques secondes, tes billes sombres remontent vers Frida avant que tu établisses quelques éléments quant à ce que tu t’engages à faire pour elle : "Il va me falloir quelques temps pour réunir les composants alchimiques nécessaires" sous-entendu : en plus de ceux dont tu disposes pour tes propres besoins (et ceux de son frère, mais ne mentionnons par l’importun heureusement absent de ce huis clos) "et il faudrait sans doute choisir une période où les flux magiques nous seront favorables..." une moue se peint sur tes traits : l’équinoxe est trop proche et tu n’auras nullement le temps de te préparer à tout cela, mais un peu plus tard... "Si rien de fâcheux ne vient modifier nos plans, que dirais-tu de fêter l’arrivée de l’hiver en te débarrassant de tes rides ?"oui, le solstice d’hiver pourrait être le bon moment (tu ne te doutes pas que, d’ici là, les dérèglements magiques en cascade vont s’intensifier)(comment le pourrais-tu ? Pour l’heure, ils sont circonscrits à l’île de Gracefield et tu ne saurais prédire l’avenir). "À moins que ce ne soit trop tôt pour toi ?", hasardes-tu rapidement, avec un rictus espiègle au coin de tes lèvres.