still young and beautiful [philda(r)]

still young and beautiful

Tonight
We are young
So let's set the world on fire
We can burn brighter than the sun

@frida beckett | écosse, début septembre

Un crac accompagne l’apparition d’une silhouette fine et élancée dans un paysage écossais. L’air est frais, le vent souffle de la mer vers la terre. Les pans de la cape claquent un peu, mais tu ne t’en émeus pas plus que ça, alors que tu avances seule vers la demeure où tu as été conviée. Seule, oui. Disons que tu n’as pas estimé nécessaire d’entraîner Elie à ta suite, puisque tu ne craignais rien en te rendant chez sa sœur. Est-ce une preuve de ton tact ? Peut-être. Peut-être te doutes-tu aussi que ton amie de longue date pour en venir à te reprocher d’avoir fait bénéficier ton garde du corps de tes dons. Peut-être ne t’en soucies-tu guère, cela dit. Difficile à savoir, avec toi.

Toujours est-il que tu arrives à la porte de la demeure de la haute-juge du Magenmagot, que tu as rangé ta baguette dans son étui, et que tu toques tranquillement mais fermement à l’huis. Tu patientes quelques instants avant que la porte ne s’ouvre, ce qui te laisse le temps d’observer brièvement le jardin alentour et de noter dans un coin de ton esprit les différentes plantes magiques qui entourent la propriété.

Dès lors que la porte pivote sur ses gonds, un sourire chaleureux étire tes lèvres alors que tu croises le regard de ta vieille amie. « Ma chère amie, quel plaisir de te voir ! », la salues-tu avec sincérité, sans pour autant esquisser un quelconque mouvement pour l’enlacer ou quoi que ce soit. À la place, tu la cajoles avec douceur par tes mots : « Merlin, tu es rayonnante, tu le sais ? » Tu lui trouves en tout cas un air plus reposé que les dernières fois où tu as pu la croiser (en août de façon trop ponctuelle, et puis plus récemment à l’enterrement de cette détestable Dolores que tu n’allais certainement pas pleurer), si bien que tu en viens à supposer que les weekends sont le moment où Frida est sans doute la plus à même de prendre l’air.

Tu n’en rajoutes pas trop non plus dans les compliments, parce qu’à lui présenter un visage qui garde toujours la fraicheur de tes quarante ans, tu te doutes qu’elle pourrait finir par croire que tu te fous d’elle. Encore plus en ce moment, vu que tes traits ont été bien raffermis par le rituel de rajeunissement que tu as réalisé la veille des dernières désastreuses Battues. La suivant à l’intérieur de son domicile, tu laisses ton regard glisser sur les murs et les photographies sorcières dont certaines ont l’air de te calculer et te saluent -salut rendu poliment par un signe bref de la tête.

« Tu as le bonjour de ton frère. transmets-tu alors que tu reportes ton regard sombre sur ton amie, avant d’excuser son absence à votre réunion : J’ai jugé que ce serait mieux qu’on reste entre filles aujourd’hui, j’espère que ça te convient ? » De toute façon, si ça ne lui convenait pas, c’était déjà trop tard pour faire venir Elie, qui avait sans doute trouvé une occupation pendant l’absence de son employeuse.
Dans un sens, tu aurais pu aussi inviter Frida dans l’immeuble du BITE, si tu avais voulu qu’elle puisse croiser l’ombre de son frangin. Néanmoins, considérant que certains membres de cette organisation d’alchimistes marginaux étaient plutôt recherchés par les autorités ministérielles, il valait mieux ne pas créer une sorte de tentation qui n’avait pas lieu d’être. Autant participer sciemment à la protection de vos petits secrets collectifs en n’invitant pas chez vous une représentante du Magenmagot entre vos murs. Si bien que vous vous retrouviez ou chez elle, ou dans un secteur plus neutre.

Et parce que les photographies que tu avais croisées en entrant abritaient certains visages juvéniles, tu embrayas ce début de conversation vers un sujet de fierté pour Frida, dont tu avais bien compris qu’elle n’en faisait pas démonstration auprès des principaux intéressés -comme toi, finalement avec tes neveux et nièces : « Quelles sont les nouvelles, niveau deuxième génération ? Des mariages en vue ? Des diplômes ? Des entrées à Hogwarts ? Je t’avoue ne pas être capable de savoir quels âges ont tous ces enfants, mais je t’en prie, raconte moi un peu comment se porte ta descendance ! » Si le sourire était devenu très fin sur tes lippes alors que tu lui posais pareilles questions, il n’en était pas moins que tu étais réellement intéressée.
Après tout, là où vous vous rejoigniez parfaitement, c’était bien dans votre souci de laisser quelque chose derrière vous, une fois que vous quitteriez ce monde. Toi, tu n’en démordais pas vis-à-vis de cette fichue pierre philosophale, mais Frida avait peut-être bien trouvé un moyen de survivre, au moins en paroles, à son décès qui, tu l’espérais, n’arriverait que très tardivement.

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@Philomène Flamel | août 2007

Les sentiments qu'elle éprouvait l'égard de Philomène étaient en demi-teinte. Si Frida appréciait l'alchimiste, leur amitié était émaillée de jalousie tenace de la part de celle qui paraissait plus vieille. Cinq ans de différence sur le papier, beaucoup plus en visuel et les crèmes anti-ride n'y changeaient quoique ce soit. Frida ne faisait certes pas ses soixante-dix-sept ans mais sa peau restait trop parcheminée à son goût et ses traits trop marqués par les années. Sans compter quatre grossesses et sa grande taille qui lui octroyait des problèmes de genoux (en plus de la faculté de prendre très facilement les gens de haut). Restait l'alchimie qui semblait très bien marcher mais Frida n'y connaissait rien et même si elles 'était penchée sur le sujet, la probabilité de succès aurait été très faible. Sa spécialité n'était pas la magie mais la justice (sic), elle n'avait au moins pas besoin de recourir à sa baguette pour montrer qu'elle avait du pouvoir (pas comme les hommes, n'est-ce pas). Siéger au Magenmagot ne permettait cependant pas de faire disparaître les rides, d'ailleurs cela aboutissait sur un rythme de vie sédentaire et elle avait lu dans un Daily witch que ce n'était pas optimal. Elle s'était alors trouvée un croup, pensant que devoir le sortir l'amènerait à marcher plus, mais au final elle déléguait tout à Molky son fidèle elfe de maison (sauf ses sorties hebdomadaires et plaisir coupable où elle déambulait dans le village moldu voisin vêtu de son plus beau jogging criard et son clebs très vaguement attaché qui s'excitait sur tout ce qui était impur et bougeait).

Là d'ailleurs, le temps était optimal pour sortir promener Eddy - elle l'avait appelé comme son premier mari parce qu'il lui ressemblait un peu : même manière de remuer la queue en bavant - mais comme Philomène allait arriver d'une minute à l'autre (toc toc à la porte en bande-son), Frida s'était contentée de laisser le croup vaquer à ses occupations dans le jardin avant d'aller ouvrir la porte. Sourire à l'invitée. "Plaisir tout partagé" grinça-t-elle, à deux doigts de mentir éhontément en lui disant qu'elle avait l'air fatigué mais s'abstenant vu qu'on lui sortait qu'elle avait une mine resplendissante. De la part de n'importe qui d'autre, Frida aurait pris ça pour un compliment, là elle doutait un peu. "Flatteur de ta part" finit-elle par répondre avant de s'effacer de l'entrée pour laisser Philomène passer.

Le chemin vers le salon fut parcouru sous les habituels regards plus ou moins aimables des portraits et photos décorant le couloir et si certains été franchement hostiles, Frida y trouvait une sorte de réconfort. Au moins n'était-elle pas seule dans sa demeure, l'elfe et le croup ne comptant évidemment pas. Petit claquement de langue réprobateur à la mention de son frère. Si elle était un peu jalouse de Philomène, elle l'était d'autant plus de son aîné qui - en bon frère - l'agaçait rien qu'en étant évoquer. "C'est parfait comme ça, pourquoi s'encombrer d'un idiot alors que l'on peut être tranquilles ?" Et c'était bon, Frida arrêta de voir la quarantenaire pour commencer à voir l'amie, glissa son bras sous celui de Philomène - position optimale pour se pencher à l'oreille de cette dernière afin d'y murmurer les dernières rumeurs - mine plus que satisfaite au visage. "La deuxième génération se porte à merveille" s'enorgueillit-elle, faisant marcher sa mémoire sélective pour oublier les petits-enfants l'ayant déçu et les arrières-petits enfants qui allaient avec (encore une moldue d'épousée, elle commençait à le prendre personnellement). Et si l'on trouvait quand même une photo d'eux, cette dernière se trouvait tout en haut de l'escalier, à l'abri des regards alors que le portrait de son chouchou du moment trônait dans le salon. "Tu sais, j'ai une petite fille joueuse de quidditch" - ton fier, le talent pour ce sport était de famille car après tout, elle aussi aurait pu y devenir une star si elle n'avait pas préféré sa carrière toute aussi réussie - "qui a à peu près l'âge du fils de Narcissa, on en a discuté et ils iraient si bien ensemble !" Tant pis si le sang n'était pas si pur, il restait descendant des Black et promettait de faire de beaux enfants. Encore fallait-il mettre au courant les principaux intéressés mais c'était anecdotique.

Canapé du salon atteint, Frida délaissa son fauteuil fétiche pour s'installer à côté de son amie. Un claquement de doigts pour invoquer son elfe qui apparu dans l'instant et elle tourna les yeux vers la brune. "Que souhaites-tu boire ? J'ai un excellent thé au voltiflor, je te le conseille" dit-elle avant de se tourner vers Molky en lui faisant des gros yeux parce qu'il n'avait pas encore ramené les scones. "Sinon, l'avant-dernière de mes petits enfants vient d'entrer à Poudlard. Serpentard comme sa grand-mère, elle ira loin !" Puis surtout, fille de son seul fils ayant pris la marque, exception à la règle qui voulait que les enfants fassent tout pour décevoir leurs parents.

Entraînée par Frida vers le salon, tu te laissas guider par la maîtresse des lieux alors qu’elle commença par te raconter quelle union elle avait pu réussir à imaginer avec Narcissa Black. Hochant la tête, tu semblais considérer qu’effectivement l’union entre la petite-fille de Frida et le jeune Malfoy pouvait être une bonne alliance matrimoniale. Dans un sens, tu ne pouvais que te sentir navrée pour Narcissa d’avoir découvert la trahison de son ex-mari quant à la véritable nature de son sang, et compatir vaguement, puisqu’après tout, tu avais toi-même été trahie par ton précédent mari. Si bien que, rétrospectivement, tu estimais que l’union était finalement heureuse pour le jeune Malfoy, vu le degré de respectabilité auquel les descendants de Ms Beckett pouvaient prétendre. « En voilà, une perspective réjouissante ! » t’enthousiasmas-tu à cette annonce, avec un fin sourire.

Tu acceptas d’un hochement de tête la proposition d’un thé au voltiflor, reconnaissant que : « Ça me fera le plus grand bien, je pense. », sans pour autant trop t’appesantir sur la légèreté que cela pourrait t’apporter. Et d’accueillir avec un murmure appréciatif l’annonce de la répartition de la jeune enfant. Tu n’avais pas fait tes classes à Poudlard, mais tu n’étais pas totalement stupide et tu savais bien que c’était la maison dont étaient sortis la plupart des membres des rangs du Seigneur des Ténèbres. « Buvons donc à sa réussite dans les murs de l’école et au dehors ! » proposes-tu même lorsque la théière apparaît de nulle part et verse le thé dans vos tasses.

« Tout va bien, si je comprends bien. », résumes-tu en portant la tasse à tes lèvres, soufflant légèrement dessus alors que son contenu fume de façon assez ostentatoire. « J’aimerais pouvoir en dire autant avec mes neveux présents en Angleterre, mais j’ai l’impression qu’ils ne sont bons qu’à s’empêtrer dans des problèmes plus gros qu’eux. », un petit soupir de dépit accompagne cette affirmation en demie-teinte, que tu ne te permets que parce que tu connais Frida depuis bien trop longtemps pour lui dissimuler tes quelques états d’âme. « Je croyais pourtant qu’ils auraient le bon sens de ne pas approcher de trop près les canines d’un hémovore, ou de dilapider leur fortune trop rapidement, mais on dirait que mes frères et sœurs ont omis de leur inculquer les plus basiques précautions… Ou peut-être me fais-je vieille et ne suis-je plus capable d’apprécier la fraicheur insouciante de la jeunesse… » Oh, tu pouvais parfois apprécier les discussions sans queue ni tête de Rayane (surtout lorsqu’il parlait foot), ou les récits des jumeaux, mais tu gardais néanmoins une position plutôt distante de ces mioches qui n’étaient pas les tiens.

Songeuse, tu baisses tes yeux sur le contenu de ta tasse, avant d’en prendre une gorgée pour finalement relever tes prunelles sombres vers ta voisine de canapé et lui demander, un rien dépitée presque : « Merlin, étions-nous si sottes quand nous étions jeunes ? J'ai du mal à y croire, je t'avoue… » Tu te souvenais avoir été d’une gravité sans pareils jusqu’à un certain âge, n’étant pas vraiment la plus aimable des adolescentes et certainement pas la plus drôle. Si le temps et l’âge t’avaient délié la langue, plus acérée et plus précise, ils n’avaient pas faire grand chose sur ton sens de l’humour, assez dramatiquement inexistant. Pour finalement revenir sur le sujet de la petite entrée à Serpentard : « C’est la fille d’Archibald, la petite à Serpentard, n’est-ce pas ? Comment va-t-il, justement ? Toujours un plaisir de travailler avec lui ? » Depuis le temps, tu avais bien compris que c’était peut-être le seul rejeton dont Frida ne refuserait jamais de causer, donc c’était l’occasion de continuer à prendre des nouvelles et détournant la discussion du chaos qu’était la tienne.

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@Philomène Flamel | août 2007

Les hypothétiques projets de fiançailles et la répartition d'une des petites dernières suffisaient à rendre totalement sincère le sourire de la vieille qui ne prit même pas la peine de rabrouer la photo d'une partie de ses petits-enfants en train de chahuter posée juste à côté d'elle. Alors elle ne se fit pas prier pour boire à leur réussite - sa réussite -, levant bien haut sa tasse avant d'en prendre une longue gorgée. Il faudrait qu'elle pense à glisser un mot à Molkky, le breuvage était de quelques degrés trop chaud, cela n'allait pas du tout. Hochement de tête en direction de son amie. Tout allait bien, en effet, à part pour la portion de Beckett qui se l'était jouée un peu trop rebelle (quoique peut-être qu'ils allaient bien, Frida n'avait juste pas de nouvelle) et aux arrières petits-enfants qui n'avaient pas pu accéder à Poudlard à cause d'un mariage qu'elle n'avait jamais approuvé. Son fils aîné n'avait décidément pas eu le nez creux à épouser une moldue, voilà que toute une génération de Beckett était gâchée, navrant. Mais le fait que même chez les Flamel, il y avait des déviants rassurait Frida. Elle, au moins, n'avait pas de vampire dans la collection. "Oui j'ai entendu ce qui était arrivé à ton neveu. Cette histoire est tout bonnement tragique. Au moins a-t-il encore une chance de briller dans notre chère brigade." Air compatissant peint sur la tronche, intérieurement ravie que ce genre de choses ne lui soient pas arrivé (enfin, si on oubliait la petite adoptée de Michelle mais les adoptés ne comptaient évidemment pas). "Mais il faut que jeunesse se fasse paraît-il et je suis bien placée pour savoir que l'on a beau élever correctement ses enfants, ils prennent un malin plaisir à nous déplaire." Ton amer, il fallait dire que sur ses quatre gamins, un seul tenait la route sur le papier. Peut-être parce que son père était sans doute le plus fiable.

Claquements de doigts pour intimer à son elfe de maison de faire apparaître les gâteaux. Frida en saisit un et le trempa distraitement dans sa tasse de thé avant de lever un sourcil. "Oh, nous vivions surtout dans une époque différente où l'on ne pouvait se permettre de telles bêtises." Mensonge de femme tombée enceinte à dix-sept ans. Vrai que pour le coup, cela avait coupé court à sa période de sottises et lui avait mis un peu de plomb dans la tête. "J'ai surtout l'impression qu'il y a un léger manque d'ambition. Regarde ma petite-fille joueuse de Quidditch par exemple. Mignonne, tout pour être une star et pourtant elle ne fait rien pour se mettre en avant. J'avoue que cela me préoccupe, on leur a peut-être trop mâché le travail en assistant le Lord si bien que nous nous trouvons, nous et nos familles, dans une situation des plus confortables qui ne pousse peut-être pas à entreprendre plus." Elle croqua dans son scone avant de prendre une gorgée de thé. Légère grimace, il était encore un peu chaud à son goût. Elle reposa la tasse sur son assiette avant de prendre l'air fiérot. Son dernier fils était définitivement sa plus belle réussite. "Oui, l'aînée d'Archie en effet. Lui et ses deux filles sont des perles." Sa belle-fille, Frida n'en avait pas particulièrement quelque chose à faire. Elle resta songeuse quelques instants avant de reprendre. "Oh il va très bien en ce moment et fait du merveilleux travail au magenmagot. Honnêtement, je ne vois que lui pour me remplacer dans quelques années." Et le plus tard serait le mieux, si une de ses petites-filles osait lui sous-entendre que l'heure de la retraite approchait à grands pas, Frida ne s'y voyait absolument pas. "Enfin, tout cela ne me rajeunit pas" conclut-elle, un peu amère face au visage de quadragénaire qu'affichait sa vieille amie. "Parfois je t'envie de ne pas avoir d'enfant. Cela cause quand même bien des soucis." Et en conséquence des rides. Remarque qu'elle aurait pu s'occuper de sa marmaille comme Elie s'était occupé de la sienne, soit avec une certaine distance de sécurité. Tasse de nouveau entre les mains, Frida constata que le thé était maintenant presque trop froid alors elle s'empressa de boire une longue gorgée.

Ce qu’il était arrivé à Rayane, alors qu’il était déjà sous ta surveillance (et celle d’Igor) avait eu pour effet de te rendre particulièrement maussade les premières semaines de cette effroyable découverte. Consciente que tu avais clairement failli aux attentes de ta sœur disparue, tu gardais donc un goût amer au fond de la gorge à chaque fois que tu y repensais (à chaque fois que tes yeux sombres se posaient sur le triangle rouge qui ornait la joue d’un Flamel). En parler à Frida montrait bien à quel point tu estimais cette femme, une amie de longue date, là où tu n’avais guère l’habitude de t’épancher sur tes états d’âme auprès de n’importe qui. Hochant donc la tête à la conclusion que proposait Frida avec un certain égard, tu gardes néanmoins la mine assez sombre : il brillera dans la Values Brigade à condition de ne pas s’y faire étriper par son Handler, sur le compte de laquelle tu t’étais discrètement renseignée, suffisamment pour comprendre qu’elle ne laisserait probablement pas passer longtemps les écarts potentiels de Rayane. Peste soit de la connerie des jeunes !, ruminais-tu alors que la haute-juge semblait te proposer un réconfort léger, en te dédouanant des bêtises de ton neveu. Un grognement en guise de confirmation, et tu te sens tout de même de l’interroger, n’étant plus vraiment sûr de ce que tu faisais à cet âge d’insouciance. "Oh, nous vivions surtout dans une époque différente où l'on ne pouvait se permettre de telles bêtises." Tu la regardes longuement, alors qu’un sourire complice semble ourler le coin de tes lèvres. Ni elle ni toi n’avez vraiment été raisonnables lorsque vous étiez jeunes. Tu sais qu’elle a été mère fort tôt, et tu n’en as fait qu’à ta tête en décidant de quitter la France pour parcourir le monde alors que tu n’avais que 25 ans et un simple diplôme de Magister d’Alchimie en poche. On ne saurait vous décrire comme des modèles de raison.

Lorsque Frida reprend sur le manque d’ambition de la jeunesse, tu ne peux qu acquiescer, étant toi-même une grande ambitieuse qui aurait très certainement trouvé tes marques à Serpentard, si tu y avais été répartie. "(...) on leur a peut-être trop mâché le travail en assistant le Lord si bien que nous nous trouvons, nous et nos familles, dans une situation des plus confortables qui ne pousse peut-être pas à entreprendre plus." L’hypothèse est intéressante, et tu restes songeuse un instant, comme pour peser le vrai et le faux et tenter de la vérifier dans ton cas : tu devrais reconnaître à cette occasion que tu dois beaucoup à son frère, dans ton petit confort personnel obtenu grâce à la marque qui orne ton avant-bras gauche, mais tu préfères faire une moue mi-figue mi-raisin, avant de reprendre une gorgée de ton thé. Et te voilà à embrayer sur Archie, prunelle des yeux de ton amie, ce que tu as très bien compris depuis des décennies. "Oh il va très bien en ce moment et fait du merveilleux travail au magenmagot. Honnêtement, je ne vois que lui pour me remplacer dans quelques années." "Je suis assez admirative du parcours qu’il a réussi à tracer, sans vraiment que tu l’aides. Pas que j’aie douté un jour de ses capacités mais il y a de quoi être fier, c’est bien vrai." et la fierté, ça te connaît !

Le ton redescend, et alors qu’elle pose les yeux sur toi, tu sembles percevoir dans son timbre une légère amertume. "Enfin, tout cela ne me rajeunit pas" Effectivement, vous n’êtes plus toutes jeunes, même si vous être encore loin de la tombe... "Parfois je t'envie de ne pas avoir d'enfant. Cela cause quand même bien des soucis." Tu reposes gracieusement ta tasse de thé dans sa soucoupe, et la soucoupe sur la table basse devant vous. . "Je ne vais pas te mentir en disant que j’envie ta descendance : tu me connais, j’ai toujours eu horreur des mioches." Tu dis ça avec une sincérité désarmante et une grimace au dernier mot, comme pour accentuer ton aversion à l’égard des enfants. "Ce n’est pas par hasard que je n’ai jamais été trop longuement enceinte..." Dans tes jeunes années, quoiqu’en dise la doxa sang-pure et quoiqu’essayent de te convaincre tes parents restés en France, tu avais usé et abusé gaiement des potions et des sorts contraceptifs, de façon à ne pas risquer de devoir aller au terme d’une grossesse qui n’aurait été qu’un ralentissement dans tes plans de carrière et de recherche. Tendant la main vers elle, tu en recouvres l’une de ses mains, et un instant, cette superposition de chair souple et de chair ridée te frappe. "Et puis, finalement, si tu te souviens bien, c’est de ne pas en avoir qui a fini par m’attirer quelques soucis..." Ta voix est encore un peu chaleureuse à l’égard de ton amie, mais ton sourire s’est effacé alors que tu fais allusion à ton ancien mari, cette espèce d’immondice humaine à qui tu avais rendu la monnaie de sa pièce.

"Il a fallu que je fasse un choix, dirons-nous... et ce dernier a eu l’avantage d’être assez facile, parce que je n’ai jamais eu cette fibre maternelle dont parlent tant de crétins qui n’y connaissent rien..." Tu n’étais pas spécialement nostalgique de ce chemin que tu avais pris, mais tu semblais percevoir chez ton amie une envie qu’elle n’avait jamais vraiment formulée en ces termes. "Mais ôte-moi un doute un instant, j’espère que personne ne songe déjà à te pousser vers la sortie ? Blackeye Sharp n’oserait quand même pas, n’est-ce pas ?" Caractus étant à la tête du Magenmagot, il n’y avait pas trop de raison pour qu’elle ait besoin de faire ce genre de choses, mais tu voyais mal qui pouvait oser sous-entendre qu’elle n’avait vraiment plus que quelques années à officier encore.

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@Philomène Flamel | août 2007

Oh Frida, elle en rosissait de fierté, qu'on dise autant de bien de son fils. Vrai qu'Archie était parfait, preuve qu'au bout de trois brouillons (dont deux avaient été - avec du recul - un peu précipités) on arrivait à quelque chose de beau. Voilà pourquoi les Beckett avaient plein d'enfants, pour espérer qu'il y en ait un qui tienne finalement la route. Les petits derniers, c'était les meilleurs et Frida avait plein d'exemples : Archibald, Bree, Imani, elle même. Même si Elie se pavanait avec son air de petit jeune, il n'en restait pas moins vieux et elle se faisait un plaisir de le lui rappeler à chaque fois qu'il n'était que le premier essai. "Je ne l'ai même pas tant aidé que ça" ajouta-t-elle, faussement modeste, sur la carrière de son fils. Elle ne lui avait donné que les bons gènes, les bons conseils, les bons contacts, trois fois rien. Archie avait fait l'école de la vie malgré un stage ou deux chez maman. La définition du mérite. Lui, jamais elle ne regrettait de l'avoir eu, les autres... Non plus en réalité, Frida était de celles qui avaient eu la chance d'aimer ses gamins au premier regard, même si elle ne les avait pas forcément chouchouté. Mais des fois, elle se disait que sans Samuel, il y aurait eu des soucis en moins. Et sans Samuel, pas de longues années avec son premier mari qui était une plaie. Ni de Duncan... Ni six de ses petits-enfants dont seul un avait déserté à l'Ordre comme son père. Bon ratio quand même. Mais les rides, les soucis, le teint frais de son amie.

Moue entendue sur les couches écourtées de Philomène, plus simple de détester les mioches en effet. Mais vieille presque vexée que l'on ne veule pas de sa splendide famille. Et ce thé pas tout à fait à la bonne température... Elle appellerait Molkky dés que l'alchimiste aurait fini de parler pour y remédier. Le regard se fit un peu sombre à la mention voilée de l'ancien mari de Philomène. "Les hommes" lâcha-t-elle sur un ton qui voulait tout dire. Elle non plus n'avait pas eu particulièrement de chance avec ses époux et quand elle avait cru trouver le bon, il était mort trop rapidement. Ne restaient que leurs portraits exposés en trophée de chasse, pour rappeler que les femmes comme Frida - et comme Philomène - ne devaient leur réussite à personne d'autre qu'elles. Les yeux se posèrent sur la main de son amie posée sur la sienne, la différence la fit grimacer alors elle s'écarta. Peut-être un peu brusquement, peut-être aussi parce qu'elle avait entendu le mot sortie comme dans la retraite. Elle ne l'entendait que trop ces temps-ci. "Ne m'en parle pas. Si Sharp ne l'ose pas, c'est ma propre petite-fille qui m'a sortie tout un discours sur les bienfaits de la retraite. Tu te rends compte ? Son propre sang nous aimerait dans un placard ! Que s'imagine-t-elle ? Que je subis mon travail ?" Frida fulminait, ton si fort que tous les portraits de la pièce avaient les yeux fixés sur elle et l'air anxieux.

Elle reprit un peu contenance, appelant sèchement l'elfe de maison pour qu'il ramène du thé à la bonne température avant de reprendre, voix plus calme mais trahissant l'envie. "J'imagine que toi, on ne te parle pas de retraite" fit-elle, yeux dans ceux vierges de toute patte d'oie à leur coin. Puis à Elie non plus on ne devait pas lui parler de retraite. Juste à Frida qui, si elle n'était pas la plus vieille, faisait figure d'ancêtre aux réunions de mangemort. Même Tom avait rajeuni, la laissant définitivement seule, honteuse de ses rides. Elle n'y tenait plus. "Dis moi Philomène, nous sommes amies depuis de longues années, n'est-ce pas ?" Question rhétorique, évidemment, la Flamel avait eu droit à toutes les invitations aux mariages et faireparts de naissances. "Alors pourquoi avoir choisi Elie plutôt que moi ?" Jalousie crevant l'abcès, avait vraiment on besoin d'une cure de jouvence pour jouer les gardes du corps ? Dans sa mauvaise foi, Frida disait que non.

Tu es sincèrement choquée d’apprendre que c’est son propre sang qui se permet de dire pareilles horreurs à Frida. Après tout, elle n’a même pas quatre-vingt ans, c’est encore la fleur de l’âge chez les sorciers, alors que la plupart d’entre vous atteint aisément les 120 ans sans trop se plaindre des douleurs d’articulation.
Bon, pour ta part, tu triches un peu, il faut bien le reconnaître, mais tu comptes bien trouver la pierre philosophale avant de toucher la fin de ton premier siècle d’existence. Pour quoi en faire, après ? Problème de toi du futur !
Pinçant les lèvres avec perplexité lorsque Frida s’énerve contre sa petite-fille, tu te dis que tu es bien contente de ne pas avoir enfanté de braillards, surtout si c’est pour s’entendre dire des inepties pareilles par la jeune génération.

"J'imagine que toi, on ne te parle pas de retraite", lâche finalement Frida alors qu’elle plante ses yeux clairs dans tes prunelles sombres. Un sourire étire le coin droit de tes lèvres, comme si tu étais presque gênée par cette différence énorme dans le traitement qu’on pouvait vous réserver, alors que tu étais même plus âgée qu’elle. "On évite, effectivement.", concèdes-tu, par un euphémisme qui, tu l’espères, saura être assez lénifiant pour ton amie de longue date.
À vrai dire, il faut bien reconnaître que tu ne publicises pas constamment ton âge, considérant que ça ne regarde vraiment que tes proches (et encore). Certains vieillissent autour de toi, prennent de l’âge tandis que leurs traits durcissent (tu penses par exemple à ceux que tu as connus jeunes alchimistes avides et curieux, et dont tu pouvais encore admirer les prouesses pas plus tard que le mois dernier.

La conversation prend un tournant étrange lorsque Frida profite du fait que tu la regardes, songeuse, et sans ajouter grand chose de plus, pour tâter le terrain par une question rhétorique tout à fait basique ("Dis moi Philomène, nous sommes amies depuis de longues années, n'est-ce pas ?") qui te fait hocher la tête à l’affirmative. Tu ne dis mot, curieuse de voir où la sang-mêlée veut en venir. Une faveur à te demander ? Tu n’es pas sans savoir qu’elle use et abuse de toutes les crèmes rajeunissantes possibles (des trucs plus ou moins de charlatans, d’ailleurs, de ce que tu as regardé durant un de tes passages précédents dans sa demeure) et tu devrais te douter du chemin emprunté, en grimpant les marches de votre longue et solide amitié. Pour autant, peut-être es-tu un tout petit peu surprise de la question qui survient : "Alors pourquoi avoir choisi Elie plutôt que moi ?"
Arquant légèrement un sourcil, alors que tout le reste de ton visage demeure impassible, tu la dévisages un bref instant, avant que ton sourcil reprenne sa position et sa courbure habituelles. Tu jettes un coup d’œil à ta tasse de thé, comme si elle pouvait te sauver, mais non, elle est vide. Pas de refuge, et finalement, tu prends ça pour un signe qu’il te faut être aussi sincère que possible (mais pas à 100% non plus, ça risquerait de la froisser). "Je ne t’ai jamais imaginée dans une carrière de garde du corps, à vrai dire…" Tu dis ça avec une légère raillerie qui roule dans ton timbre, et puis tu soupires en chassant le sourire malicieux qui s’esquissait au bord de tes lèvres, en croisant les bras et en t’enfonçant davantage contre le dossier du canapé, ne quittant pas des yeux ton hôte. C’est que, derrière la question sibylline, il en est une que tu comprends très vite, sans qu’elle n’ait besoin de préciser, surtout au vu de ce dont vous venez de discuter au préalable. Un petit claquement de langue, et puis tu reprends, un peu plus sérieuse : "Tu sais ce qu’on dit, « au bon endroit au bon moment ». Il était là quand j’ai eu besoin, et lui rendre sa jeunesse était un argument nécessaire pour… garantir qu’il se laisse débaucher sans broncher, dirons-nous." Sept ans après, tu ne savais plus vraiment s’il avait fallu que tu insistes, et tu ne t’étais jamais demandée ce qu’il aurait répondu sans que tu lui garantisses et de lui rendre sa jeunesse, et de le débarrasser du glyphe de merde que Telford avait cru bon de lui apposer en le sortant d’Azkaban. "Il semblerait que la cure de jouvence a revivifié ses réflexes, ce qui est loin de me déplaire, évidemment…" Après tout, comme les alchimistes le savent bel et bien de par la nature de votre art, c’est donnant-donnant. Le retour sur investissement établi depuis sept ans et, en tout cas, tout à fait remarquable.

Un temps, tu guettes une réaction de la part de la sœur de ton garde du corps. Un temps, tu comprends bien, à sa question, la jalousie dévorante qui a pu également te broyer le poitrail quand tu enviais à en crever les réussites de tes frères et sœurs, voire de ton propre père. Tu n’as jamais été franchement gâtée, enfant, ni même adulte. Ce que tu veux, tu as tendance à devoir le prendre, t’en saisir avec fureur et détermination, de peur que cela ne t’échappe. Ta fierté a probablement contribué au fait que tu n’aurais pas forcément accepté qu’on te donne quelque chose gratuitement, que tu aurais douté de la réalité du don, du désintéressement… Tu n’es, par ailleurs, pas vraiment généreuse. Mais il y a quelque chose dans la plainte de ton amie que tu ne comprends que trop bien, même si elle a l’air de croire que la jeunesse lui est due, dans un sens. Entre Mulciber, Elie, Voldemort lui-même, et toi, il semblerait que plusieurs anciens ont su trouver des moyens plus ou moins répréhensibles de recouvrir la fraicheur de leurs traits (ou de ceux d’un autre). Et si sa descendance la considère déjà comme ayant un pied dans la tombe, il y a une pointe en toi qui fourrage dans ta vanité et te pousse à lui tendre une main que tu n’aurais jamais tendu à personne d’autre, de façon aussi gratuite. Bras toujours croisés contre ton buste, tu te penches vers Frida, les sourcils désormais un peu plus froncés, la scrutant avec intérêt et gravité : "Est-ce que, par hasard, tu voudrais leur rabattre le caquet, à tous ces merdeux qui te pensent trop vieille pour siéger ?" Le rictus qui étire tes lèvres est carrément carnassier, alors que la perspective d’étendre ton art à une si bonne amie te semble être désormais une nécessité, maintenant que tu as presque l’impression qu’à travers elle, c’est ta propre fierté qui a été piquée par les remous séditieux et irrévérencieux de la jeune génération.

still young and beautiful

@Philomène Flamel | août 2007

Evidemment que l'on n'embêtait pas Philomène avec ces histoires de retraite. Avantage de ceux qui ne faisaient pas du tout leur âge (et qui étaient un peu inquiétants mais Frida pouvait l'être aussi). Avantage que possédait Elie et qui laissait sa sœur verte de jalousie. On ne grandissait jamais réellement sur certains points et il lui semblait même normal de réclamer au moins la même chose que son frère surtout que l'alchimiste était d'abord son amie à elle (du moins Frida en était intimement persuadée). "Je ne t’ai jamais imaginée dans une carrière de garde du corps, à vrai dire…" Sourire sarcastique en réponse à celui de son amie. Frida avait peut-être la stature pour ce genre de métier mais était loin d'avoir le talent de duelliste de son frère. "C'est que je suis plutôt une intellectuelle" ronronna-t-elle, pas modeste pour deux sous (on avait le droit de se vanter de sa carrière quand elle était comme la sienne). Elle but une gorgée de thé, y cachant son impatience d'avoir la suite des bonnes excuses pour les démonter une par une. Rajeunir Elie plutôt qu'elle, cela ne pouvait qu'être une erreur stratégique et Philomène aurait pu se trouver un garde du corps en meilleur état qu'un vieillard tout juste sorti d'une des pires prisons après plus de dix ans de détention (ou moins, Frida ne savait pas trop, n'avait pas non plus compter les jours séparée de son frère). "Tu sais ce qu’on dit, « au bon endroit au bon moment ». Il était là quand j’ai eu besoin, et lui rendre sa jeunesse était un argument nécessaire pour… garantir qu’il se laisse débaucher sans broncher, dirons-nous." Légère moue, il y avait plein d'autres façons de débaucher son frère et les hommes en général. Du style le chantage, le sortilège d'imperium, liste non-exhaustive. "Il semblerait que la cure de jouvence a revivifié ses réflexes, ce qui est loin de me déplaire, évidemment…" "Evidemment" reprit Frida, sarcastique, qui aurait bien laissé sous-entendre que ça ne semblait pas non plus déplaire à Philomène d'avoir Elie jeune avec elle en quasi-permanence. Il ne fallait pas la prendre pour une truffe, surtout sur ce sujet là alors qu'elle avait passé les trois quarts de sa vie mariée ou en couple. Elle reposa sa tasse de thé, rendant son regard à Philomène, sans ciller. Elle faisait la même chose avec ses présumés coupables, jusqu'à ce qu'ils craquent. "Est-ce que, par hasard, tu voudrais leur rabattre le caquet, à tous ces merdeux qui te pensent trop vieille pour siéger ?" Frida ouvrit la bouche en grand mais aucun son n'en sortit à part quelques syllabes indistinctes pendant un petit moment avant de se reprendre une fois que son cerveau ait digéré l'information. Oui, elle le voulait. Elle prit sur elle pour ne pas laisser échapper un petit cri de joie et d'excitation mêlées. Et peut-être de soulagement aussi, se sentant presque à l'écart des jeunes visages de ses pairs. "Oh bah quand même ! J'ai cru que tu ne me le proposerais jamais !" Ce soir, Frida sabrerait le champagne pour fêter ça et tant pis si ça ne serait qu'avec Molkky pour garder le secret. Elle avait les yeux brillants d'une gamine pour Noël alors même qu'elle ne se faisait aucune illusion sur le montant de la dette qu'elle aurait envers son amie. Mais rien (ou presque) ne valait la jouvence à ses yeux brillant de convoitise. "Quand ? Comment ?" reprit-elle. "Tu veux autre chose que du thé ?" Parce qu'une nouvelle comme ça... Il lui fallait un verre.

Le balbutiement de Frida quant à ta proposition est peut-être la meilleure des réponses qu’elle pouvait faire à ton offre. Le rictus carnassier au coin de tes lèvres n’en grandit que plus et si ce n’était le vide intersidéral dans ta tasse, tu prendrais une gorgée juste pour le plaisir de laisser le silence envelopper ces promesses de jeunesse retrouvée. Frida reprend le contrôle de ses expressions et s’exclame enfin : "Oh bah quand même ! J'ai cru que tu ne me le proposerais jamais !" À vrai dire, au début, tu n’avais pas spécialement prévu de lui proposer de vous rejoindre dans le club très sélect des rajeunis magiquement. Ça ne t’était pas venu à l’esprit et ce n’était vraiment que parce qu’elle t’avait posé la question ce soir-même que tu t’étais mise à envisager une telle possibilité. Tu ris néanmoins à son affirmation, sans chercher à la détromper.
C’est qu’il est difficile de leurrer Frida Beckett.
Et ce serait sans doute l’insulter que de tenter de nier ne serait-ce qu’une fraction de seconde.

Tu laisses couler, par conséquent, et reportes un regard amusé sur la Haut-Juge alors que ton rictus s’est refermé. La voilà qui s’excite, comme un enfant qui verrait de la neige pour la première fois de l’année. "Quand ? Comment ? - Ah ça…", laisses-tu planer sans répondre immédiatement. En même temps, elle ne te laisse pas développer davantage, puisque la voilà qui enchaîne : "Tu veux autre chose que du thé ?"

Cette fois-ci, tu l’observes par en-dessous, comme si tu te demandais si c’était vraiment la redoutable Ms Beckett que tu avais face à toi, ou si elle avait rajeuni de quarante (cinquante ?) ans d’un coup, rien qu’à t’entendre évoquer la possibilité de la débarrasser de ses rides et de sa vieillesse visible. C’est que tu avais l’impression que les Mangemorts de la première heure avaient plutôt tendance à appliquer les préceptes du Lord -ou bien peut-être est-ce qu’Elie et Otto sont les seuls qui sont particulièrement scrupuleux vis-à-vis de ces principes, maintenant qu’on y songe…- si bien qu’entendre Frida, qui n’a pas rejoint Voldemort en même temps que toi pourtant, proposer de sortir une boisson plus forte t’étonne… mais n’est pas sans te déplaire, avouons-le. Si bien que tu esquisses une moue de comploteuse et te penches vers elle en lui susurrant de ta voix plus grave que la moyenne des sorcières de votre génération : "Pourquoi pas ? Qu’est-ce que tu as de beau à me proposer ?"
Du moment que ce n’est pas du vin anglais ignoble, tu es ouverte à tout.

still young and beautiful

@Philomène Flamel | août 2007

Rien que la proposition avait rendu à Frida des airs juvéniles. Effets purement placebo mais ses mains tâchées par l'âge tremblaient un peu sous le coup de l'émotion. Elle se revoyait regarder dans le miroir, il y avait des années de ça, et contempler sans y prêter réellement attention ses traits de l'époque. Maintenant, l'examen lui prenait des heures où elle répertoriait ses rides avec une rigueur catastrophée avant d'écrire aux boutiques qui lui vendaient ses crèmes révolutionnaires qu'elle leur collait un procès pour diffamation. Tout ça ne serait plus qu'un lointain souvenir. Si bien qu'elle fut légèrement agacée de ne pas obtenir de date pour son lifting alchimique. Philomène se faisait désirer, Frida savait très bien tirer les vers du nez des gens, elle attendrait un peu mais son amie ne partirait certainement pas avant de lui avoir donné une réponse claire. Il y avait donc bien le temps pour un apéritif. "Pourquoi pas ? Qu’est-ce que tu as de beau à me proposer ?" Gloussement, air de dire que Philomène n'avait qu'à demander. Et au pire, si elle désirer un de ses machins français, la vieille sommerait Molkky d'aller en voler dans une cave quelconque de moldus originaires de l'autre côté de la Manche. "Il doit me rester du gin..." Il lui restait totalement du gin et bien d'autres choses, ce n'était pas parce que Tom avait décrété que l'alcool était banni que Frida avait vidé son sellier. Question de principe d'abord : on ne jetait pas et on n'obéissait pas non plus tout le temps aux ordres des hommes. Elle appela Molkky d'un ton sec, posant sa tasse sur le plateau tellement ringard qu'il ne pouvait même plus passer pour kitsch pour qu'il desserve avant de lui ordonner d'amener deux verres et une bouteille, une bonne. "Rien que pour la tête d'Elie." Rictus moqueur alors qu'elle se peignait la mine déconfite de son frère quand il verrait qu'elle était de nouveau plus jeune que lui. A son tour d'être jaloux comme un poux et l'ordre établi des choses serait rétabli. "Et pour la tête de mes petits-enfants..." Celle de Bree par exemple, qui lui sous-entendait qu'elle avait l'âge d'être la retraite, ou celle de Laurel qui la croyait gâteuse alors que même si Frida perdait la moitié de ses capacités de réflexions, elle resterait plus intelligente qu'une star de Veritaserum. Et comme ses raisons lui semblaient très superficielles - à raison - elle renchérit. "Et celles de nos adversaires quand ils me verront de nouveau au sommet !" Une tripotée de nouveaux prisonniers, de quoi ravir les détraqueurs, voilà ce qu'elle prévoyait pour fêter ça. Pour montrer que ni Frida Beckett, ni le Lord, n'était sur le déclin. Molkky revint avec les verres, dépoussiéra la poussière au-dessus du tapis (il la fit disparaître à la vue de l'air courroucé de sa propriétaire) avant de faire le service. Frida leva son air bien haut pour trinquer. "Au temps qui passe" fit-elle dans un gloussement ravi.

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