Marcus a envie de se jeter par la fenêtre. Il étouffe dans son costard et entre la musique et le brouhaha des différentes conversations, sa tête commence à lui faire un mal de chien. Il sait qu’il a promis à sa mère qu’il viendrait et qu’il essayerait d’agir comme s’il passait un bon moment, mais il n’a jamais été un bon menteur et Marcus adore sa mère, vraiment, mais il ne pense qu’à rentrer chez lui, brûler ses fringues et s’écrouler sur le canapé. Les discussions le rendent malade et il ne peut même pas se noyer dans l’alcool sous peine de finir par s’embarrasser. Pour être tout à fait honnête, ça ne le dérange pas tellement - il a l’habitude après tout - mais il ne veut pas ridiculiser sa mère devant tout le monde, alors Marcus se tient droit comme un piquet et prétend écouter les conversations en hochant la tête de temps en temps.
Les soirées comme celle-ci ne sont vraiment pas faites pour lui. Trop de monde, trop de conversations différentes, trop de bruit et d’agitation, Marcus a l’impression de devenir barge et la panique qui s’empare de lui à chaque fois qu’on lui adresse la parole le fait transpirer dans son costume. Souvent, on le confond avec Isaac qui est là lui aussi, et on lui pose des questions auxquelles il est bien incapable de répondre, alors Marcus doit afficher un sourire gêné et répondre. “Hum, je suis Marcus, Isaac est--” “Ah. Le joueur de Quidditch.” Il peut presque goûter le mépris qui dégouline de ces mots. Certains tentent de faire la conversation malgré tout, d’autres se contentent de tout simplement s’en aller et de chercher Isaac.

Marcus préfère la dernière alternative, c’est moins gênant pour tout le monde.

“Marc ?” fait une voix à côté de lui et le jeune homme sursaute presque avant de tourner son attention vers sa mère, qui lui adresse un sourire tendre. “You don’t look so good, maybe you should go take some fresh air.” Il sait reconnaître une issue de secours quand il en voit une et Marcus s’empresse de hocher la tête, infiniment reconnaissant.

Alors il s’éclipse le plus discrètement possible, non sans embarquer au passage de quoi boire et surtout, de quoi manger sur un plateau qu’il remplit généreusement avant de prendre la direction du balcon le plus proche. Il fait nuit noir dehors, à l’exception de la lumière des étoiles et de la lune, haute et ronde dans le ciel. Il fait surtout bien froid, ce qui explique que personne ne s’attarde sur le balcon, alors Marcus laisse échapper un soupir de soulagement et se dirige vers les chaises longues pour s’y installer.

C’est là qu’il repère les cheveux blonds, puis un visage familier.

Malfoy est assis sur une des chaises, sa mâchoire crispée alors qu’il serre les dents et malgré la pénombre, Marcus discerne sans trop de mal les larmes qu’il tente de retenir de toutes ses forces.

Le plus jeune ne semble pas l’avoir remarqué, et Marcus reste planté là à se demander s’il ne devrait pas se trouver un autre endroit où aller. Malfoy a l’air misérable. Parfaitement misérable. Il tremble dans le froid parce qu’il est sorti sans enfiler une cape, juste vêtu de sa robe de soirée et Marcus se souvient du môme qui s’entraînait jusqu’à s’évanouir parce qu’il n’avait pas suffisamment mangé à Hogwarts.
Il a vu tous ces vautours s’écarter sur son passage, comme si Malfoy risquait de les contaminer avec une maladie mortelle. Il a vu ses anciens camarades le considérer avec dégoût. Marcus a l’habitude d’être traité comme un moins que rien et sa situation à lui s’est améliorée. Malfoy est une raclure, mais Flint n’éprouve aucun plaisir à le voir ainsi. Avec un soupir, Marcus sort sa baguette et d’un Accio, fait venir à lui la cape de Draco. Ca met un moment, mais il finit par voir le vêtement flotter devant la large porte fenêtre qu’il ouvre pour la récupérer. Alors il retourne auprès de Malfoy qui ne semble toujours pas avoir remarqué sa présence - il faut dire que même d’ici, la musique peut s’entendre - et laisse tomber la cape sur ses épaules.

Cette fois, le blond l’a clairement remarqué et Marcus laisse presque échapper un rire en le voyant sursauter et lever de grands yeux vers lui. Mais c’est de la peur qu’il y voit, alors Flint ravale son gloussement et se contente de lever sa main pas prise par le plateau qu’il porte toujours pour lui montrer qu’il ne lui veut aucun mal.

“T’avais l’air sur le point d’te transformer en glaçon,” lui explique-t-il en haussant les épaules. “Sers-toi, t’as l’air d’en avoir besoin,” dit-il avant de déposer le plateau sur la chaise longue, devant Malfoy, en indiquant un des verres remplis d’alcool. Il en attrape un, ainsi que quelques petits fours, puis il s’installe sur la chaise parallèle à la sienne avec un soupir.

Des semaines qu’il a vu sa bulle de tranquillité voler en éclat. Des semaines qu’il subit l’ignorance de ses meilleurs amis (et leur mépris aussi) et qu’il s’est retrouvé seul du jour au lendemain. Des semaines qu’il a subi un crucio parce qu’il s’est montré insolent avec un mangemort et qu’il valait mieux pour lui qu’il se la ferme la prochaine fois, le sang-mêlé. Il ne sait pas si c’est Merlin ou un fichu karma qui lui revient dans la figure mais la sensation est déplaisante. Il n’arrive pas à décolérer. Il en veut à son père et à cette famille qui a menti depuis beaucoup trop longtemps en prônant des principes qu’elle n’a pas été fichue d’appliquer. Ah par contre pour l’hypocrisie, les Malfoy sont les rois.
Draco essuie rageusement une larme qui a réussi à se frayer un chemin et qui coule sur sa joue. S’il ne l’arrête pas maintenant, il sait que d’autres vont suivre et un Malfoy ne pleure pas. Techniquement.
Il ne sait pas ce qu’il fait ici. Sa mère l’a convaincu de venir en lui disant que c’est bien pour son image et qu’il doit se montrer en société pour faire taire les rumeurs. Draco lui a bien répondu que ce ne sont pas des rumeurs et que tout est vrai. Il n’est pas un sang-pur et il n’y a aucun moyen pour rattraper ça. Sa mère a du mal à le comprendre et c’est principalement pour ça qu’elle le traîne avec elle dans quasi tous les événements organisés par la haute société. Et à chaque fois, il a l’impression de se briser un peu plus. Il ne sait pas ce qui lui fait le plus mal : l’ignorance de ses prétendus amis ou le mépris de tous les autres.
Ce soir il a eu droit au silence gênant lorsque sa mère l’a présenté. Il s’est senti décortiqué. Par chance, il n’a pas eu à parler vu qu’on a immédiatement fait en sorte de l’isoler. Draco a bien essayé de s’intégrer, il a fait des efforts. Vraiment. Mais rien. Même les serveurs ne semblaient pas vouloir le regarder ou même le servir. Alors il est sorti sur le balcon sans cape juste avec sa colère pour lui tenir chaud. Il a essayé d’utiliser l’enseignement de son parrain, mais pour une fois, la peine est trop grande pour qu’il réussisse à faire le tri dans ses pensées.

Le froid lui mord la peau et il sait qu’il devrait rentrer, mais l’angoisse lui serre l’estomac et le cloue sur place. Il tremble. Il joint ses mains et se crispe.

Draco essaie de faire le vide.

En vain.

Il voudrait s’enfuir, retourner au Manoir et ne plus bouger de son lit. Mais il sait qu’il donnerait raison à toutes ces personnes qui lui crachent dessus, l’évitent et, de plus, sa mère n’approuverait pas qu’il parte sans elle. Alors il est coincé sur ce balcon. Il sursaute lorsqu’il sent quelque chose frôler ses épaules. Il remarque une cape et il redresse la tête. Pourquoi une cape ? Est-ce qu’elle va l’étouffer ? Le tuer ? Draco reconnaît le visage de Marcus Flint. Sa mâchoire se serre. Il a un plateau rempli de nourriture dans une main et lève l’autre en signe de paix. Les épaules de Draco se relâchent un peu. “T’avais l’air sur le point d’te transformer en glaçon. Sers-toi, t’as l’air d’en avoir besoin,” Un peu choqué, Draco le regarde faire, prendre son verre d’alcool et enfourner quelques petits fours dans sa bouche tout en s’installant à ses côtés. Il ne comprend pas. Est-ce que c’est une nouvelle forme de mépris made in Flint ? Il ne le connaissait pas comme ça. Les sourcils du blond se froncent. Ses mains sont toujours jointes et il ne relâche pas ses muscles. Il est toujours aussi tendu. « J’ai pas besoin de ta pitié, Flint. » Il regarde son ancien capitaine d’une manière peu amicale et il est sur la défensive. « J’ai pas faim. » Bougonne-t-il dans sa barbe en détournant son regard de lui.
Il met du temps à comprendre pourquoi Marcus lui a donné une cape et lui propose à manger. Il attend forcément quelque chose de Draco. « Qu’est-ce que tu veux Flint ? » Finit-il par s’agacer parce que le silence le tue et qu’il ne comprend pas pourquoi Marcus Flint lui parle, s’assoit à côté de lui, lui donne sa cape et lui propose même à manger. Ça cache forcément quelque chose. On n’est plus gentil avec lui depuis des semaines maintenant.

La méfiance est clairement visible sur les traits de Malfoy et Marcus a l’impression de se regarder dans un miroir. Pas que le blondinet et lui soient physiquement comparable, cela va de soi, mais Marcus a tant de fois affiché cette expression, tant de fois pensé que tous ceux qui venaient lui adresser la parole venaient pour se foutre de sa gueule, ou pire encore. Marcus ne peut que comprendre sa méfiance. Il a eu le temps d’observer la façon dont les autres le traitent depuis que les Malfoys ont été déchus de leur piédestal et Marcus doit bien avouer que ça lui file un peu la gerbe. Plus jeune, il aurait sûrement pensé que Draco le méritait un peu, mais aujourd’hui, il éprouve juste de la colère et surtout, de la tristesse pour le plus jeune. ”J’ai pas besoin de ta pitié, Flint.” Marcus arrête de mâcher le petit four qu’il a commencé à attaquer et fronce les sourcils en lançant un regard à Malfoy. “J’ai pas faim.” Ca lui fait hausser les épaules, s’il n’en veut pas ça en fait plus pour lui et Marcus ne va pas s’en plaindre. Oliver n’est pas là pour lui faire des remarques sur ce qu’il mange et boit alors il compte bien en profiter. “Qu’est-ce que tu veux Flint ?” L’ancien Slytherin se cale plus confortablement contre le dossier de la chaise longue et rince le petit four à grandes rasades de vin.
Au moins, la bouffe et la picole valent le coup. “J’ai une tronche à avoir pitié de toi ?” demande-t-il en arquant un sourcil. Lui-même ne supportait pas qu’on ait pitié de lui à Hogwarts, ce n’est pas pour se comporter de la même manière avec Malfoy. Et puis, il faut dire que la dernière fois qu’ils se sont vus, Draco ne lui a pas tellement laissé la meilleure des impressions, alors Marcus n’a pas tellement envie d’avoir pitié de lui. “C’que j’veux? Prendre l’air. M’éloigner de tous ces faux-culs,” fait-il avec un geste en direction de la porte fenêtre derrière laquelle la fête bat toujours son plein.

Il attaque un autre petit four et prend une nouvelle gorgée de vin. “T’es sûr que t’en veux pas ?” demande-t-il en désignant le plateau qui se trouve toujours devant Draco. “Cette soirée est à chier mais à ta place, j’en profiterais pour vider un peu leur cave à vin,” dit-il avec un sourire en coin. “T’as plus de couilles que c’que j’pensais,” admet-il enfin d’un air approbateur.

“J’pensais pas te revoir de sitôt à une soirée comme celle-ci, quand la nouvelle est tombée,” poursuit Marcus a l’air confus de Malfoy. “Venir subir leur connerie, c’est soit complètement masochiste, soit la preuve que t’as plus de couilles que ce que je pensais,” explique-t-il avant de lever son verre en direction du plus jeune. “Alors respect.” Le Malfoy qu’il a connu à Hogwarts se serait probablement terré sous son lit et aurait refusé de mettre le nez dehors, Marcus en est presque certain. D’un autre côté, ce n’est pas la première fois que Draco le surprend, il suppose qu’il a tendance à le sous-estimer.

Draco s’attend à tout venant de Flint. Qu’il se fende d’un rire avant d’activer un sort qui va l’étouffer dans sa cape. Qu’il le méprise comme les autres. Mais pas qu’il semble se moquer royalement de ce qu’il est devenu. “J’ai une tronche à avoir pitié de toi ?” Ouais, il a raison. Flint n’est pas du genre à avoir pitié tout court. “C’que j’veux? Prendre l’air. M’éloigner de tous ces faux-culs,” Draco le regarde avec des yeux ronds. Il ne peut pas s’empêcher de laisser échapper un sourire sur ses lèvres. Ça fait bien longtemps qu’il n’a pas entendu autant de franchise dans la bouche de quelqu’un. Il baisse la tête pour que l’ancien Slytherin ne le remarque pas, mais il est plus occupé à manger et boire qu’à faire attention à lui. “T’es sûr que t’en veux pas ?” Draco secoue la tête en guise de réponse. Il n’a pas faim et pour sûr, les petits fours doivent avoir de la viande ou du poisson et il n’a pas la force de faire semblant ce soir. “Cette soirée est à chier mais à ta place, j’en profiterais pour vider un peu leur cave à vin,” Un léger ricanement s’échappe de la bouche de Draco cette fois. Marcus marque un point. Puis quel déshonneur que de voir un sang-mêlé (un traître à son sang) boire de leur vin. L’ultime provocation que Draco ne peut se résoudre à faire. Il veut juste rentrer.

“T’as plus de couilles que c’que j’pensais,” Lui sort Marcus au bout d’un moment. Draco fronce les sourcils, il n’est pas certain de comprendre. “J’pensais pas te revoir de sitôt à une soirée comme celle-ci, quand la nouvelle est tombée. Venir subir leur connerie, c’est soit complètement masochiste, soit la preuve que t’as plus de couilles que ce que je pensais. Alors respect.” La confusion est totale dans le regard de Draco. Il se redresse un peu, desserre ses mains et va même refermer la cape autour de ses épaules. Il ne comprend pas pourquoi Marcus cherche à le rassurer. « J’ai pas eu le choix. » Marmonne-t-il dans sa barbe inexistante. Il se rappelle que sa mère le reprend toujours sur ça. Ce n’est pas digne d’un sorcier bien élevé que de parler sans être compris. Draco se racle la gorge. « T’as l’air aussi ravi que moi d’être là et pourtant t’as plus de privilèges que j’en aurais jamais désormais. » Constate-t-il, plus pour dire qu’est-ce que tu fiches ici si tu t’ennuies autant ?

Draco n’arrive pas à s’enlever de la tête ce sentiment d’insécurité. Il sait que Marcus ne peut pas être là par plaisir et qu’il a besoin de quelque chose de la part de Draco. Le blond se perd un instant dans ses pensées et n’entend pas la réponse de Flint. Il fouille dans ses souvenirs ce qu’il peut bien avoir sur son ancien capitaine pour qu’il se sente obligé de lui faire la discussion. Ça le frappe lorsqu’il repense à cette soirée où il l’avait surpris avec un homme et où Marcus lui a arraché la promesse de ne rien dire. Ça le frappe comme un coup de poing dans l’estomac. Non, mais évidemment qu’il était là pour quelque chose. Ses doigts se resserrent autour de la cape et il ne peut pas s’empêcher de se dire qu’il a fait tout ça pour s’assurer qu’il se la ferme sur cette histoire. « T’inquiète pas. Je dirais rien. » Fait-il pour toute réponse. Il est probablement hors sujet vu qu’il n’écoutait pas Marcus jusqu’à présent. « Si tu te forces à être sympa pour être sûr que je vais pas balancer ton histoire avec ton ami, tu peux arrêter. Je t’ai dit à l’époque que j’irai pas balancer. Parce que c’était absurde à ses yeux. Flint pouvait bien faire ce qu’il voulait. C’est pas parce que je sais ça sur toi que ça va changer quelque chose à mon statut. Je suis un sang-mêlé et je le resterai quoi qu’il arrive. » Fait-il amer. Il a cru, l’espace d’un court instant, pouvoir avoir un dialogue normal avec quelqu’un. Mais une fois de plus, il s’est trompé. Flint n’est pas différent des autres.

“J’ai pas eu le choix,” qu’il marmonne et Marcus lui adresse une grimace compatissante. S’il y a une chose qu’il peut comprendre, c’est bien ça. Il ne s’est jamais pointé à une de ces soirées par choix. “T’as l’air aussi ravi que moi d’être là et pourtant t’as plus de privilèges que j’en aurais jamais désormais.” Marcus hausse les épaules : “J’suis comme toi, j’ai une mère à qui il est difficile de dire non.” Viviane n’a même pas besoin de trop insister, il lui suffit de se plaindre qu’elle ne le voit pas assez, qu’il faut bien qu’il sorte un peu de temps en temps, et Marcus se retrouve à enfiler un costume et à faire figuration juste pour la voir sourire.
“T’inquiète pas. Je dirais rien,” dit Malfoy et Marcus fronce les sourcils. Hein ? Il se fiche pas mal qu’il aille raconter à tout le monde que Flint ne sait pas dire non à sa mère et qu’elle peut lui faire faire n’importe quoi si elle le souhaite. ”Si tu te forces à être sympa pour être sûr que je vais pas balancer ton histoire avec ton ami, tu peux arrêter. Je t’ai dit à l’époque que j’irai pas balancer.” Ah. Oh. Marcus était loin de s’attendre à ça. Bien évidemment, il n’a pas oublié cette soirée-là et encore moins que Draco était le seul à avoir cette information sur lui, il a passé des semaines à vivre dans l’angoisse que Malfoy finisse par en parler à quelqu’un, encore plus lorsque Voldemort a pris le pouvoir. Mais les semaines sont devenues des années et Draco n’a toujours rien dit à personne, alors Marcus a fini par se dire que le jeune homme allait bel et bien tenir sa promesse. “C’est pas parce que je sais ça sur toi que ça va changer quelque chose à mon statut. Je suis un sang-mêlé et je le resterai quoi qu’il arrive.” Okay, rude.

D’un côté, Marcus aurait dû s’y attendre. Tous ses amis lui ont tourné le dos et tout le monde lui parle comme à une merde depuis le fameux scandale, alors ça doit lui faire bizarre de voir Marcus lui adresser la parole. D’un autre côté, damn, ça pique un peu. Il pensait que Draco le connaissait au moins un peu et savait que Marcus n’était pas du genre à faire ce genre de choses.

“Really, Malfoy?” grogne-t-il. “Tu l’as dit toi-même, j’ai rien un craindre d’un sang mêlé, pourquoi je m’emmerderais à te faire de la lèche ? C’est pas comme si qui que ce soit allait te croire, à présent,” dit-il en haussant les épaules. Il est peut-être un peu dur, mais c’est la vérité et ils en ont tous les deux parfaitement conscience. Et puis il faut bien admettre que cette promesse de ne rien dire à personne, Marcus en a sué pour lui arracher, alors peut-être qu’il savoure un petit peu l’assurance que Draco ne pourra jamais se servir de ce qu’il sait contre lui. “Tes ancêtres auraient baisé des trolls que j’en aurais rien à cirer,” dit-il plus doucement, parce qu’ils ont beau être seuls sur ce balcon, les murs ont des oreilles. “Après tout, c’est ce qu’on a dit des miens pendant des années,” ajoute-t-il avant de s’enfiler un autre petit four.

“J’suis pas ton ennemi, Draco,” dit-il avec un soupir. “Alors arrête de faire ta victime et bois un coup,” dit-il en faisant léviter un verre jusqu’à lui d’un coup de baguette magique.

“Really, Malfoy ? Tu l’as dit toi-même, j’ai rien un craindre d’un sang mêlé, pourquoi je m’emmerderais à te faire de la lèche ? C’est pas comme si qui que ce soit allait te croire, à présent,” Il le foudroie du regard. Il lui rappelle une fois de plus qu’il n’est qu’un moins que rien. Il n’a pas tort ceci dit. On ne l’écoute plus depuis plusieurs semaines. Il se prend juste une vague de mépris dans la tronche sans pouvoir répliquer sous peine de recevoir des crucio parce que c’est bien trop plaisant d’en mettre plein la gueule au fils Malfoy. “Tes ancêtres auraient baisé des trolls que j’en aurais rien à cirer. Après tout, c’est ce qu’on a dit des miens pendant des années,” Draco baisse la tête et pince les lèvres. Il avait entendu ces rumeurs à Hogwarts et comme le bon imbécile qu’il est, il a suivi, en a ri jusqu’à ce que Marcus lui hurle dessus après une défaite au Quidditch. Après ça, Draco l’a vu autrement et a arrêté de rire sur lui. Il a voulu lui prouver, à lui aussi, qu’il pouvait être le meilleur. Il a un peu honte, maintenant, de se dire qu’il s’est moqué de lui et qu’il n’a pas été mieux que les autres sur ce point. C’est un peu à ce moment que Draco comprend qu’il ne fera rien contre lui. Depuis des semaines, il subit tellement de railleries qu’il est tout le temps sur la défensive. Des amis sont devenus des ennemis. Il a basculé dans le camp des opprimés plutôt que des oppresseurs et ça le déstabilise. Ouvrir les yeux sur les enseignements nocifs de son père n’est pas facile et il lutte pour s’en défaire.

“J’suis pas ton ennemi, Draco,” Il ne sait pas pourquoi, mais l’entendre dire ça le détend. Marcus confirme sa pensée. Ses épaules se relâchent et il retient un soupir. Il n’est pas son ennemi. Il a du mal à le croire, mais pourtant il se permet de se détendre. “Alors arrête de faire ta victime et bois un coup,” Marcus fait léviter un verre jusqu’à lui et Draco le prend sans rechigner cette fois. Il referme ses doigts autour et le remercie du bout des lèvres. Il baisse de nouveau la tête et fixe le vin comme si quelque chose allait apparaître pour l’engloutir.

Peut-être que Marcus a empoisonné le vin avant de lui tendre le verre. C’est son moyen pour le faire taire définitivement. Il effacerait un sang-mêlé de plus, une erreur de la nature. Draco ferme les yeux. Il laisse sa panique l’emporter une fois de plus et il ne faut pas. Il se concentre et comme d’habitude efface ce sentiment, le range dans un tiroir et émerge, victorieux. Il sait qu’il prend un risque en buvant ce vin, mais il s’y risque, porte le verre à ses lèvres et avale une gorgée. Il grimace un peu en avalant. Il n’a pas mangé et ça passe mal. « C’est… pas français ce vin. » Autant dire qu’il était dégueulasse. Dès qu’on sortait de la production française, le vin était tout de suite très fade. « Mais au moins si t’as empoisonné mon verre, aucune chance pour que je sente le goût. » Il sait que Marcus va encore faire une remarque sur le fait qu’il était paranoïaque, c’est pourquoi il lui offre un sourire (il tremble un peu et il est hésitant, mais il est là). Signe qu’il plaisante. C’est rare qu’il plaisante, autant que Marcus en profite. « Et ça donne quoi les petits fours ? » Demande-t-il en faisant un geste du menton. Il garde ses mains autour du verre. Il n’a toujours pas faim et pose la question plus par mécanisme que véritable intérêt. Il ne sait pas de quoi ils vont parler ensuite. Peut-être qu’ils n’ont pas besoin de parler aussi ?

Il regarde Malfoy qui hésite, les yeux rivés sur le verre de vin qu’il vient de faire léviter devant lui comme s’il était dangereux. Marcus fronce les sourcils, prêt à lui lancer un Captain’s orders même s’il n’est plus le capitaine de Draco depuis des années maintenant, mais le jeune homme finit par porter le verre à ses lèvres et boire une gorgée. Il grimace aussitôt et Marcus lève les yeux au ciel. “C’est… pas français ce vin.” Un rire nasal lui échappe et Flint manque de recracher un peu sa propre gorgée de vin. “Pas assez bien pour ton palais délicat, princesse?” demande-t-il avec un sourire en coin. ”Mais au moins si t’as empoisonné mon verre, aucune chance pour que je sente le goût.” What the fuck. Il voit au sourire - bancale et un peu nul comme sourire, mais il fera avec - qu’il lui adresse qu’il plaisante, mais c’est plutôt sombre comme sens de l’humour et surtout, Marcus ne peut pas s’empêcher de se demander s’il n’y a pas de réelle inquiétude derrière son soi-disant trait d’humour.
“C’est vrai que j’ai que ça à foutre,” grommelle-t-il quand même, histoire de rappeler, au cas où, qu’il n’a vraiment pas empoisonné son verre et surtout, que ce n’est clairement pas son genre. “Et ça donne quoi les petits fours ?” Marcus esquisse un sourire, satisfait de voir que même si c’est carrément nul comme sujet de conversation, Malfoy essaye.

Alors Marcus hausse les épaules. “J’suis à la diète depuis que j’habite avec Wood alors ça m’paraît divin, mais à toi de me dire,” dit-il en faisant un geste en direction du plateau.

Il faut dire que Marcus n’est pas particulièrement difficile lorsqu’il s’agit de la bouffe. Et à force de se taper les repas super healthy de Wood, il est bien content d’avoir autre chose à se mettre sous la dent.

“Aw,” fait-il, déçu, lorsqu’il réalise que son verre est déjà vide. Il devrait vraiment s’arrêter là, il a promis à sa mère qu’il se tiendrait bien et finir la soirée bourré n’est clairement pas l’objectif. D’un autre côté, il n’a vraiment pas envie de retourner à l’intérieur et s’il ne croise personne, il ne risque pas de trop embarrasser sa mère.

Honnêtement, il se tâte.

“Sur une échelle de un à dix, où tu situerais la colère et la déception de ta mère si tu finissais la soirée à quatre pattes ?” demande-t-il d’un air faussement détaché. Quand il voit l’air parfaitement outré de Malfoy et le rouge qui colore ses joues, Marcus réfléchit deux secondes, rembobine et-- “A cause de l’alcool, Malfoy ! A quatre pattes d’avoir trop bu ! Merlin, j’te faisais pas ce genre de proposition !” qu’il s’exclame avant de se mettre à rire, plus qu’amusé par la tronche que l’autre vient de faire.
“J’veux savoir si tu veux essayer de rendre cette soirée moins pénible en allant faire un tour dans leur cave à vin pour tenter de dénicher quelque chose de plus digne de Draco Malfoy,” dit-il en plissant le nez, un peu comme Draco avait tendance à le faire plus jeune lorsqu’il considérait avec dédain son entourage.

Ce n'est peut-être pas le genre d'humour que Marcus apprécie se dit Draco en constatant la tête qu'il tire lorsqu'il parle du poison. Il aurait peut-être mieux fait de s'abstenir. Il se mord l'intérieur de la joue et se dit une fois encore qu'il est vraiment nul pour se faire des amis. Faut dire qu'on a ébranlé sa confiance en lui alors il a tendance à remettre tout en question. “J’suis à la diète depuis que j’habite avec Wood alors ça m’paraît divin, mais à toi de me dire,” Draco sent son estomac lui remonter dans la gorge lorsque Marcus lui propose implicitement d'en prendre. Il secoue la tête en crispant sa mâchoire.
“Aw,” Marcus passe finalement à autre chose et cet autre chose, c'est son verre. Vide visiblement vu la tête déçue qu'il tire. Draco lève un sourcil interrogateur lorsqu'il voit Marcus reporter de nouveau son attention sur lui. “Sur une échelle de un à dix, où tu situerais la colère et la déception de ta mère si tu finissais la soirée à quatre pattes ?” Draco est surpris. Il écarquille les yeux et prend un air choqué avant de sentir ses oreilles le chauffer. Il a peur de comprendre. Vient-il de lui faire une proposition ? Est-ce qu'il parle de-- “A cause de l’alcool, Malfoy ! A quatre pattes d’avoir trop bu ! Merlin, j’te faisais pas ce genre de proposition !” Oh. Oui, évidemment. Il ne parle pas de-- Il sent une partie de lui qui est soulagée que ça ne soit pas une proposition indécente de la part du Flint, mais d'un autre côté...
Il secoue la tête et se met à rire un peu nerveusement. Oui, une blague. On va se calmer sur les pensées qui dérivent un peu trop. “J’veux savoir si tu veux essayer de rendre cette soirée moins pénible en allant faire un tour dans leur cave à vin pour tenter de dénicher quelque chose de plus digne de Draco Malfoy,” Il passe une main sur sa nuque avant de se redresser. « Ils doivent avoir ça. »

Il doit laisser l'embarras de la scène derrière lui. Impérativement. Sinon il va y repenser pendant tout le reste de la soirée.

Draco s'étire en faisant craquer ses jambes. Il vide son verre à son tour et fait largement la grimace en constatant que le goût ne s'améliore pas en continuant de boire ce vin. « Oui, j'ai définitivement besoin de quelque chose de meilleur pour mes papilles. » Une main dans la poche, l'autre tenant son verre, il entre de nouveau dans la salle suivi par Marcus. Il lance un coup d’œil à tous les sorciers présents avant de croiser le regard de sa mère. Narcissa fronce les sourcils brièvement avant de retourner à sa conversation. Les lèvres du jeune homme se pincent et il préfère tracer sa route.

Avant, on l'invitait volontiers à participer aux conversations.
C'était avant.

Draco se tourne vers Marcus lorsqu'ils arrivent dans un couloir. « Tu sais par où on doit aller pour accéder à leur réserve personnelle ? » Il suppose que non, ils ne connaissent pas cette maison. Et Draco ne se voit pas demander le chemin de la cave alors qu'il est avec Marcus Flint. Les gens s'imagineraient des choses.
Une nouvelle fois, il sent ses oreilles chauffer et il chasse cette pensée absurde de sa tête. Qu'est-ce qui lui prend ? Est-ce qu'il y avait quelque chose dans son verre ?

Ils prennent un chemin au hasard, font des détours inutiles avant de trouver une porte qui à l'air de donner vers le bas. Ils la déverrouillent à l'aide d'un alohomora. Des escaliers descendent. « Quelque chose me dit qu'on est sur la bonne voie. » Ils allument les lumières. Il ne leur faut pas longtemps pour atteindre le nirvana. La cave est remplie d'étagères avec différents alcools. Draco siffle, admiratif. « Flint, je crois qu'on a trouvé notre bonheur. Tu parlais de finir à quatre pattes je crois ? »
Draco parcourt un peu les différents noms qu'il a sous les yeux. C'est une cave bien fournie. Il reconnaît un nom français et tire la bouteille. Celle-ci fera l'affaire pour une première bouteille. Il sort sa baguette et grâce à un sort fait sortir le bouchon dans un léger pop. Il tend la bouteille à Marcus. « Tiens. Ça, c'est ce que j'appelle du bon vin. »

Spoiler:

“Oui, j'ai définitivement besoin de quelque chose de meilleur pour mes papilles.” Marcus sourit, satisfait de voir que Malfoy semble partant. Alors ils retournent à l’intérieur et il s’empresse d’entraîner Draco loin de la salle de bal, beaucoup trop remplie à son goût. Il ne sait pas du tout où ils sont supposés se rendre, mais un peu d’exploration ne lui fait pas spécialement peur. Ils pourront toujours jouer aux abrutis si on les trouve là où ils n’étaient pas censés se faufiler. “Tu sais par où on doit aller pour accéder à leur réserve personnelle ?“ Marcus hausse les épaules “Nope,” réplique-t-il nonchalamment, mais ça ne l’empêche pas de continuer à avancer, les mains dans les poches de son pantalon alors qu’il observe chaque recoin qu’ils passent d’un oeil curieux.  

“Quelque chose me dit qu'on est sur la bonne voie.” Fait Malfoy après avoir déverrouillé une porte qui semble mener à la cave et Marcus esquisse un sourire en coin. D’un coup de baguette, ils éclairent la pièce dans laquelle ils finissent par arriver et les yeux de Marcus s’écarquillent lorsqu’il aperçoit les multiples rangées de bouteilles qui les entourent. A côté de lui, Malfoy laisse échapper un sifflement admiratif et Flint ne peut que hocher la tête un peu bêtement.

“Flint, je crois qu'on a trouvé notre bonheur.” “La vache, ils s’emmerdent pas,” dit-il en s’approchant déjà d’une des étagères. “Tu parlais de finir à quatre pattes je crois ?” “That’s the spirit!” s’exclame-t-il avec un large sourire. Marc ne sait même pas pourquoi il s’aventure de son côté, il n’y connaît pas grand-chose en vin. Il a tendance à prendre ce qu’on lui donne, si c’est bon, il continue d’en boire, sinon, il se contente d’abandonner son verre. Mais Draco semble être dans son élément, parce qu’il finit par tirer une bouteille de son rayon avant de la déboucher d’un coup de baguette magique.
“Tiens. Ça, c'est ce que j'appelle du bon vin.” Marcus arque un sourcil et s’empare de la bouteille. Ils n’ont pas pensé à prendre leur verre, alors tant pis, il apporte la bouteille à ses lèvres et boit directement une gorgée au goulot. C’est… différent de ce qu’ils ont bu un peu plus tôt. Marcus ne saurait pas dire ce qu’il préfère avec ce vin, mais c’est nettement plus agréable. “Eh, pas mal Malfoy, pas mal,” lui concède-t-il avant de lui tendre la bouteille avec l’air de presque le mettre au défi de boire après lui. Après tout, ils n’en sont plus à une règle de bienséance piétinée près…

“On aurait dû embarquer les petits fours,” fait-il avec une légère moue, parce que c’est toujours plus sympa de boire en ayant quelque chose à se mettre sous la dent. Enfin, tant pis, ils feront sans. Et puis, si leur objectif est vraiment de finir à quatre pattes, Marcus suppose que ça viendra plus vite s’ils gardent l’estomac vide.

Combien il y a de bouteilles au sol ? Draco ne sait plus. Il sait qu’il en a vidé une et que ça a commencé à tourner autour de lui et puis il a entamé la deuxième et a réussi à aller que jusqu’à la moitié avant que ça ne devienne trop terrible pour lui. Il a commencé à sentir la nausée l’envahir et il sait parfaitement que s’il boit encore, ça va ressortir. Il n’a pas vraiment envie de se donner en spectacle face à Flint. Il a déjà dû paraître bien pathétique depuis le début autant qu’il évite d’en rajouter une couche. Son regard est un peu brumeux et il a du mal à se fixer sur son ancien capitaine. “Tu tiens l’coup ?” Demande-t-il d’une voix beaucoup plus lente et moins mesurée. Draco n’a pas l’habitude d’arriver à ce stade et ça le dérange. Habituellement, il fait toujours très attention à ce qu’il fait, ce qu’il boit et comment il le boit. Il sait s’arrêter et c’est toujours avant d’atteindre un seuil critique. Donc on peut dire que Draco Malfoy n’a jamais connu de cuite de sa vie. Il a toujours eu trop peur de la réaction de son père si jamais il venait à l’apprendre. Autant dire que maintenant, il s’en fiche pas mal.

Il glisse au sol en sentant que ses jambes n’arrivent plus à le porter et qu’un pied devant l’autre commence à devenir beaucoup trop incertain pour lui. Il pose sa tête contre les étagères de la cave. “J’pensais pas finir ma soirée comme ça.” Il ricane. Ce n’est pas déplaisant et suffisamment inattendu pour qu’il veuille rester. Flint n’est pas ce qu’il semble être au final, il aurait eu toutes les occasions possible pour l’humilier ou l’effrayer, mais il n’a rien fait. Au contraire. “Tu crois que ça va nous valoir quoi comme punition ?” Demande-t-il soudainement, comme s’ils étaient encore des enfants. “De mon côté, j’opte pour un regard noir de ma mère, ses lèvres pincées et un je suis très déçue par ton comportement Draco Malfoy avant d’avoir tout un laïus en rentrant.” Il lève les yeux au plafond. Il n’est pas le plus à plaindre, il le sait parfaitement. Il y a des parents sang purs qui font subir bien pire que ça une fois les portes de leur maison sont fermées. Le tyran de Draco s’en est allé et il sait qu’il n’a plus rien à craindre, mais il ne peut pas s’empêcher d’être exaspéré que sa mère veuille toujours le considérer comme s’il était toujours un sang pur. Tout le monde va s’en foutre que le petit sang mêlé Malfoy se soit bourré la gueule à une soirée, il n’est plus bon à marier de toute façon.

Il porte de nouveau la bouteille de vin à ses lèvres avant de se rappeler : encore une gorgée et il va vomir. Il soupire. “Hé Flint ? T’as encore soif ?” Il a envie de voler quelques bouteilles pour chez lui. Les propriétaires ne vont peut-être rien remarquer vu ce qu’ils ont en stock. Draco tente de se relever, titube, s’accroche à une bouteille qui bascule en avant, tombe et se fracasse au sol. Le blond ricane de nouveau et plaque une main contre sa bouche. “Oups.” Fait-il en fixant le vin qui se répand entre les dalles. Il ne sait pas pourquoi ça le faire rire. L’alcool sûrement.