tw:sexy-ish et beaucoup de love

Les semaines à plonger dans cette forme d’amour tangible, physique, contre le corps et le souffle de Celyn, ont su faire fondre une partie de cette épaisse couche de glace, un mur érigé il y a plein longtemps, entourant les craintes d’Ezekiel que d’embrasser une forme d’intimité, quelle qu’elle soit. Des certitudes se sont forgées, en chassant d’autres, lors de ces échanges à voix basse d’une sincérité dépassant ce sont il se serait encore cru capable, lors de ces étreintes dans le secret de cette forteresse qu’est le Zabini Palace. Découvrir la chaleur de Celyn, autant qu’il a pu le laisser découvrir la sienne, a été d’une aisance inattendue, leurs échanges portés par un naturel, une évidence puisant sa source, Zeke en est certain, dans ce pont qui semble s’être forgé entre leurs deux êtres, là-bas, dans l’Invisible, et leurs corps. Mais il est plus aisé encore de se voir fondre comme neige au soleil alors qu’ils se sont déclarés cet amour - une autre surprise, quand Ezekiel ne mettait aucune importance sur ce mot, qu’avoir cet échange lui semblait futil, accessoire.

Il se trompait amplement.

Son cœur est porté par autre chose, de plus fort, de plus grand, bat sur un rythme inconnu contre celui de Celyn lorsque leurs peaux se rencontrent entre les pans de leurs robes de chambre qui semblent s’ouvrir d’elles-mêmes tant leurs gestes sont instinctifs. Même son corps semble souffrir d’une chaleur différente à la lueur de ces mots échangés, bien plus vive qu’à l’accoutumée sous les mains de Celyn venant chercher sa peau sous son vêtement. Ezekiel a appris à ne plus s’en embarrasser, dans les bras du sorcier, et ce qu’il avait conclu n'être qu'une simple réaction mécanique ne lui semble plus être aussi primaire désormais ; il sait parfaitement qu’il s’agit d’une autre manifestation de toute la passion que lui inspire Celyn, et cela ne fait qu’ajouter à la beauté de ces instants si particulier qu’il a le privilège de vivre avec lui. ”Love me.” Un instant, le souffle de Zeke se coupe face à ce qu'il pense être un simple tour que lui joue son esprit mordu par la douceur des mains de son compagnon sur lui, dans ses cheveux, tant le murmure de ce dernier est bas, et son sens ne lui paraît pas réel. Ses paupières s’ouvrent pour mieux retrouver les pupilles plantées dans les siennes, et l’éclat qu’il y trouve fait dégringoler son cœur, une chute provoquant un léger vertige.

Love me. Il a parfaitement entendu, et Celyn n’a pas besoin d’ajouter quoi que ce soit pour clarifier cette requête bouleversant Ezekiel, le secouant du plus profond de son être craquelé, chaque fissure se voyant progressivement comblée par le sorcier. ”Love me, Zeke.” Un frisson cavale le long de sa peau, là où les doigts de Celyn s’étendent en une caresse tout aussi saisissante que celle de son regard dans le sien. L’assurance dans sa voix, dans ses yeux qui semblent le couvrir d’un amour presque tangible, le laisse coi un instant, alors qu’il détaille ses traits avec attention, comme pour y chercher la moindre forme d’hésitation. No preset expectations, and no preset boundaries, se sont-il promis en décidant d’explorer ensemble, avec patience, cette indéniable envie d’être au plus près de l’autre, un filet de sécurité à la fois écartant la moindre attente, à la fois ouvrant la porte sur une expression sans conditions de leurs désirs.

Et c’est cette porte qu’emprunte Celyn. Love me. La respiration d’Ezekiel est sensiblement plus courte, sous leurs baisers, et face à cette demande se répercutant sans sa boîte crânienne en une multitude d’échos - se répercutant dans son corps, également, dont la chaleur devient presque étouffante. ”I will, for I want to love you too… ”, prend-il quelques secondes à répondre, avec une fébrilité qui ne lui ressemble guère, qu’il apprivoise, elle aussi, à mesure qu’ils s’apprennent. Ses doigts effleurent son front pour dégager lentement une mèche de cheveux, avant de finalement quitter son regard pour venir y presser ses lèvres, prenant son temps en venant déposer un baiser entre ses yeux, puis sur ses paupières closes. ”I will love you the same way that I’ve been loving you until now, I promise.” Ses baisers ne sont interrompus que brièvement par ce soupir bas contre sa peau, pour mieux reprendre et couvrir en premier lieu son visage de cet amour demandé, et promis, redéfinissant sous ses lèvres les traits d’une beauté unique et rare de Celyn, qu’il a tant redessiné dans son esprit par le passé.

Parce qu’il n’y a rien de plus naturel que d’aimer Celyn, et Ezekiel n’a de cesse de le redécouvrir, à mesure qu’il embrasse sa peau, qu’il y fait glisser sa main en des caresses chastes le long de ses flancs pour appréhender les contours de son corps. Love me. Et Celyn l’aime en retour, lorsqu’il fait glisser sa robe de chambre le long de ses bras, en même temps que Zeke lui retire le sien, leurs pupilles se retrouvant de nouveau pour mieux s’embrasser dans ce silence presque cérémonial seulement rompu par leurs souffles rapides et le bruissement de leurs peaux s’épousant une fois de plus quand il revient coucher son corps sur le sien. Et chacun de ces sons fait grimper une émotion vertigineuse en lui, plus vertigineuse encore qu’il ne cherche pas à l’endiguer, quand il cherche toujours à avoir un contrôle parfait sur ce qui le traverse. Il n’est pas question de chercher à retenir quoi que ce soit en cet instant, alors qu’il quitte de nouveau les lèvres de Celyn pour tracer un ligne de baisers le long de sa gorge, sa main coulant dans un même temps sur le côté de sa cuisse en l’une de ces caresses lentes, légères, avant d’embrasser le haut de son torse avec une fébrilité évidente. ”You’re so beautiful, Celyn”, souffle-t-il contre sa peau, les yeux clos - il n’a pas besoin de le voir, il n’a pas besoin de connaître toute l’étendue de son corps, pour savoir qu’il s’agit d’une oeuvre d’art qu’il manipule avec au moins autant de soin. This is where I belong. Cette vérité persiste toujours, et bat en lui en sentant les mains de Celyn sur sa peau chercher son corps de la même façon, et Ezekiel se sent étouffer sous cet amour dont il ne saurait voir les limites - éternel, à ses yeux.

Il interrompt un instant ses baisers, relève les yeux vers Celyn qu’il n’aperçoit qu’en partie dans l’obscurité, lorsque ses doigts effleurent le haut de son bas de pyjama, marquant une brève avant de s’assurer : ”Would you like me to take it off?” Son cœur lui est presque douloureux, tant il peut battre rapidement dans son torse (mais cette question est nécessaire, peu importe ce no present boundaries, il est plus qu’essentiel d’avoir son accord avant de franchir cette frontière inédite entre eux), et il l’est d’autant plus en réalisant que sa main tremble presque, traversé par un sentiment de vulnérabilité sans précédent, face à l’évidence qu’il désire l’aimer dans son entièreté.

En un mouvement fébrile, Ezekiel fait glisser le pantalon de Celyn le long de ses jambes, sans quitter un instant son regard ; à la fois par pudeur, à la fois parce qu’il ne ressent pas le besoin de voir son corps. Il veut être avec lui, simplement, entièrement, alors qu’il le déshabille entièrement pour la première fois. C’est également sans relâcher ses yeux, qu’il s’empare de son propre vêtement, aidé par les mains de Celyn pour le retirer avec lenteur ; Zeke craint perdre le souffle, en se retrouvant ainsi nu près de lui, vulnérable et entier, vibrant autant d’amour que d’une forme d’appréhension lui tordant le ventre. Cette dernière n’a pas lieu d’être, purement irrationnelle, et bien vite chassée par les paumes de son compagnon étendues sur son corps, et toujours, ses pupilles sombres dans les siennes où il peut lire une vulnérabilité similaire. Love me. Alors Ezekiel s’allonge à côté de Celyn, sur le flanc, coule une main sur ses côtes saillantes puis dans le bas de son dos, avant de glisser une main dans le bas de son dos, fébrile et à court de mots pour exprimer la vague qui s’échoue en lui en glissant une jambe entre le siennes pour embrasser son corps du sien. L’intimité peut être quelque chose d’une beauté à couper le souffle, et Ezekiel s’en rappelle, enfin, en ressentant pour la première la peau de Celyn rencontrer la sienne. ”I love you”, répète-t-il sur une fréquence à peine audible, en glissant sa main sur le côté de sa cuisse en un contact léger, presque du bout des doigts, appréhendant pour la première fois directement cette partie de son corps, qu’il veut aimer et respecter de part en part. Et son souffle vient se mêler de nouveau au sien, en allant cueillir de sa bouche un baiser empreint de la même douceur, à l’écoute de son souffle et des battements rapides de son coeur se confondant avec les siens.

tw:sexy-ish, body-shaming, slight slut-shaming

”I will, for I want to love you too… ” Sa caresse stoppa à l'orée de sa clavicule, la lueur dans son regard vacillant sous la nervosité provoquée par cette promesse conclue à l'abri du monde – il n'avait jamais aimé personne, comme Ezekiel le savait depuis qu'il s'était confié à lui lors de ses premières nuits au palace (des échanges qu'il aurait cru douloureux, rodé à l'inconfort de devoir extirper de ses entrailles des secrets et des émotions bien gardés sous l'oeil scrutateur de son père – avec Zeke, le malaise se dissipait sitôt que les mots franchissaient ses lèvres, une nouveauté déroutante qui l'avait laissé coi). Il n'avait ainsi pas pu s'empêcher d'éprouver un soulagement léger à entendre qu'Ezekiel, bien que plus expérimenté, se satisfaisait pleinement du cadre de leurs baisers.

Il sonda l'étendue noire de ses pupilles, son cœur battant lourdement à la délicatesse de sa caresse sur son front, se raccrochant à la confiance, le respect, l'amour profond qu'il pouvait éprouver pour lui – tant de nouveautés, en une seule soirée, manquaient de faire défaillir son système fragile, encore rattaché à des croyances anciennes, profondément ancrées en lui, qu'il avait découvertes, dans leur justesse, erronées lorsqu'il s'agissait de Zeke. Comme un théorème universel s'appliquant, en la présence d'inconnues uniques, de façon différente, produisant un résultat inattendu aux yeux effarés de l'arithmancien ; c'était ce que constatait Celyn, depuis des semaines à retrouver les lèvres du sorcier, à caresser sa peau en des gestes fébriles, à appréhender sous le souffle chaud d'Ezekiel le contour de limites qu'il avait cru autrement plus rigides.

Celyn ferma les yeux, se laissant aller à la douceur des lèvres d'Ezekiel sur son front. Ses mains coulèrent sur son torse en un bruissement soyeux, appréhendant pour une énième fois ses contours en un contact désormais familier, la mécanique du corps de Zeke des vibrations sensibles sous ses sens amplifiés par la présence d'Écaille. ”I will love you the same way that I’ve been loving you until now, I promise.” Son cœur se serra, à la fois sous la fébrilité inhabituelle d'Ezekiel, semblable à la sienne sur l'instant, à la fois sous les baisers couvrant son visage avec délicatesse – cette même délicatesse qu'il avait remarquée à sa surprise, entre deux éclats de rires flamboyants, un éclair inattendu qu'il avait pu constater, au fil de leurs rencontres, composer ses gestes, presque physique, faisant partie intégrante de son corps auquel il n'avait pas songé avant de le sentir soutenir le sien, suite à leur premier rituel. Son instinct ne s'était pas trompé ; et la nuit, Celyn goûtait désormais à l'essence de cette délicatesse recueillie à même ses baisers.

Ses doigts trouvèrent le nœud de sa robe de chambre, suivant en miroir la caresse sur ses propres flancs, et il rouvrit les yeux au cœur de la nuit pour discerner l'éclat discret des broderies d'or sur le vêtement – il les releva pour retrouver les siens, brillant d'une lueur éclipsant tout fil d'or, tout reflet d'argent à la lumière de la lune, son souffle plus court en ouvrant les pans de l'habit pour le découvrir pleinement, se redressant légèrement, gêné comme toujours de se dévoiler à son regard, de la maladresse de ses gestes comparés à leur habituelle mesure. Il suffisait de retrouver la peau d'Ezekiel contre la sienne pour oublier son embarras, d'embrasser son souffle, ses doigts coulant sur sa nuque pour le garder ainsi au plus près de lui, se pressant sur sa peau en sentant ses lèvres dévier jusque dans son cou tiède, déglutissant avec difficulté au fil de ses baisers accélérant le rythme de son propre cœur. ”You’re so beautiful, Celyn.” C'était, sur le souffle bas de l'homme qu'il aimait, comme s'il l'entendait pour la première fois, une onde brillante éclatant dans son torse pour balayer tout l'inconfort de déclarations similaires, déplacées lorsqu'elle ne se trouvait pas dites dans l'intimité de sa relation avec Ezekiel – il pouvait y sentir une admiration, un amour et un soin qu'il n'aurait jamais cru effleurer un jour de si près, pas même dans le reflet des yeux de sa propre mère. You're too skinny. Don't frown, it makes you look old. L'interruption des baisers chauds sur son torse le sortit de ce mauvais rêve ; le regard de Celyn vira jusqu'à celui d'Ezekiel, son ventre se creusant légèrement sous ses doigts ayant trouvé le haut de son pantalon. ”Would you like me to take it off?” ”Yes”, répondit-il sur le même murmure fébrile, ses mains coulant dans le creux de ses épaules pour mieux s'y raccrocher, tandis que son amant faisait descendre le vêtement sur ses hanches, ses jambes, cette progression intime lui faisant retenir son souffle, de brèves respirations en se retrouvant ainsi nu pour la première fois devant lui. C'était des années de honte, d'embarras, de non-dits qui se trouvaient à même sa peau fragile, dont un écho apeuré se trouvaient dans ses pupilles, rivées, nerveuses, dans celles de Zeke – ce dernier ne le quittait pas du regard, conscient de sa gêne ou simplement désintéressé par la bête matérialité d'un corps, et seulement grâce à ce regard Celyn supporta-t-il de se sentir vulnérable, son envie de se trouver ainsi, contre lui, tant trahie par son propre corps que par son propre silence.

Ses mains coulèrent à leur tour sur les hanches de Zeke et accompagnèrent le pantalon en soie jusqu'au haut de ses jambes, le relâchant fébrilement lorsqu'ils découvrirent l'intimité nue d'Ezekiel ; un souffle chaud remonta jusqu'à ses joues, son regard coulant sur ses cuisses, suivant le fil de peau dévoilé par la course du vêtement de ses pupilles noires.
Il y avait une éternité qu'il n'avait vu un corps nu autre que le sien ; celui d'un de ses frères dans l'adolescence, s'amusant de la gêne furieuse de Celyn face à cet inconfort brutal. C'était en revanche la première fois que ce corps autre portait autant d'amour, autant d'attrait, qu'il ressemblait si peu au sien – tout son contraire, à vrai dire, et il dut se faire violence pour ne pas de nouveau laisser couler ses pensées sur l'embarras de son propre corps exposé, blanc et maigre, à la vue de Zeke.

Celyn reprit ses mains, un instant en suspens sans savoir qu'en faire, désarçonné par leur nudité nouvelle, mutuelle, pour effleurer le terrain connu du buste d'Ezekiel, ses pupilles raccrochant les siennes après ce bref voyage pressant son cœur contre son torse – ses paumes s'étendirent fébrilement sur son cœur tandis que les vêtements se repliaient d'eux-même dans un coin de la chambre, son souffle en suspens, ses muscles raides, désormais qu'ils se trouvaient ainsi sans possibilité de refuge. Son ventre se pressa en voyant Ezekiel s'étendre à ses côtés, au lieu de couvrir son corps du sien, comme pour le faire disparaître, comme il l'avait espéré. Celyn, paralysé par cet imprévu, chamboulé par la force de ce moment qu'il n'aurait jamais cru vouloir vivre un jour, dut sentir la caresse couler dans le bas de son dos pour enfin se résoudre à se tourner sur le flanc – une chaleur douce lui remonta le long de sa gorge en trouvant le contact du corps d'Ezekiel, chaud, organique, une émotion brut roulant sous sa peau en la sentant embrasser la sienne en des endroits inédits, osés, ses doigts se repliant dans son cou en une caresse fébrile. ”I love you.” Il cilla sous la teneur de cette répétition (l'une des rares bienvenues à ses oreilles abhorrant le superflu) – fébrile, intime, semblable à sa première déclaration, pourtant différente, abattant d'un souffle l'appréhension dans son torse pour y planter une douceur éclatante, presque douloureuse de par son intensité, le laissant coi, d'autant plus sensible à sa main sur sa cuisse, un séisme le prenant depuis l'essence pour le presser avec d'autant plus d'amour contre ses lèvres.

Il étendit ses doigts pour les glisser dans sa nuque, se laisser aller à l'impulsion de son corps cherchant à épouser le sien, pivotant graduellement en coulant une main sur son flanc pour se retrouver de nouveau sous lui, son cœur battant vivement dans son abdomen en sentant l'étendue de sa peau nue embrasser la sienne, accueillant contre lui le poids de son corps et l'évidence de son désir, enroulant son bras dans le bas de son dos pour l'enserrer contre lui, repliant ses jambes, la soie de la peau de Zeke bruissant sous la caresse. Ses lèvres trouvèrent sa joue, dans la continuité de ses lèvres, jusqu'à se perdre dans son cou et dans le creux de son épaule, un frisson de bien-être déroutant le prenant, ainsi à se serrer au plus près d'Ezekiel.”This is how you feel...” murmura-t-il d'une voix tout juste audible, pressée contre sa peau douce, son cœur résonnant dans son corps à ce constat essentiel, ses doigts fébrilement le bas de son dos, à l'orée de sa fesse, enfouissant son visage dans son cou en enroulant sa main dans ses cheveux. You should be ashamed. De quoi, exactement ? Celyn, devant cette pointe de honte habituelle, ne quittant jamais l'arrière de son crâne lorsqu'il se retrouvait face à l'embarras de ses envies, ne ressentait plus qu'une vague d'amour pur, sincère, abattant ses barrières, lui faisant souhaiter de se serrer pour toujours contre le corps chaud d'Ezekiel. ”I never thought this could feel so right.” Sa voix se perdit dans le cocon de son cou, où il pressa les lèvres sans défaire l'étreinte étroite de ses bras sur lui, comme pour se fondre à jamais contre lui. ”Hold me.”

tw:sexy-ish, mention-ish d’abus sexuels

Le corps de Celyn, chaud et tangible contre le sien, est une évidence faisant souffrir Ezekiel d’un léger vertige. Il est pris par la saisissante impression de déjà le connaître sur le bout des doigts, et même de l’avoir toujours connu, alors que sa peau épouse entièrement la sienne pour la première fois ; et dans un même temps, la part rationnelle de son esprit lui souffle qu’il plonge là dans une eau inconnue, qu’il en a encore tout à découvrir. Car cette eau-ci n’est pas celle dans laquelle il a plongé plus jeune, une étendue terrifiante s’étendant à perte de vue, qui s’est infiltrée dans ses poumons jusqu’à lui voler son souffle, un lac sombre et profond où il a bien failli y rester, et au fond duquel il a irréfutablement laissé une partie de lui-même, irrécupérable et engloutie par ces flots trop agités. Cette eau-ci n’a rien à voir avec celle que, de fait, il a laissé grandir en lui ces dernières années, un étang acide et corrosif qui a grignoté sa conception de l’intimité, de l’amour même, transformant la beauté qui peut s’y trouver en une peur sourde et mordante.

Love me.
La voix basse de Celyn qui résonne encore entre ses côtes, la douceur de ses lèvres, la tendresse de ses caresses sur sa peau frissonnant d’une appréhension et d’un amour mêlés, la fébrilité de ses gestes semblable à celle qui l’anime, engloutissent ces croyances solides, déconstruites au fil de ces baisers et de ces étreintes où brûle un respect qu’il ignorait pouvoir exister avec une intensité si véritable, si pure.

Peut-être se fera-t-il avoir de nouveau, peut-être Celyn finira par le blesser à son tour, peut-être laissera-t-il une autre part de lui-même au fond de ces eaux rassurantes, bien trop claires pour être réelles ; mais Ezekiel n’a pas envie de croire en cette version de l’histoire que son esprit meurtri par la peur cherche à lui imposer. Il n’a plus envie d'avoir peur, à cause de lui, il ne peut plus le laisser dicter comment il mène sa vie, des années après, alors qu’il a fourni tant d’efforts pour éliminer définitivement les chaînes passées autour de son cou, dont les marques brûlent encore sa peau. Il n’a pas envie d’y croire, parce qu’il a l’assurance que Celyn n’est pas Oscar, et qu’ils construisent, ensemble, quelque chose de nouveau, de beau, qu’ils méritent l’un comme l’autre.

C’est ainsi que sa main s'aplatit sur sa cuisse, dont les contours jusqu’alors devinés au travers de la soie de ses vêtements, apparaissent nettement sous sa paume qui progresse avec assurance sur son corps. Tant de mots restent coincés dans sa gorge, traduits par son souffle en un soupir bas en se pressant contre lui pour le faire basculer avec douceur et lenteur sur le dos, fébrile lorsqu’il glisse sur Celyn pour venir retrouver l’entièreté de sa peau, son esprit embué par la sensation de son bassin nu rencontrant le sien, tout en restant parfaitement lucide et concentré sur cet instant inédit entre eux. Ezekiel se trouve à sa place, ainsi entre les jambes de son amant, à recouvrir son corps du sien, pris par un sentiment bien éloigné du dégoût qu’il pourrait ressentir ; à l’inverse, il ne trouve rien vulgaire ou de déplacé aux bras de Celyn l'enserrant avec amour, ou à ses lèvres couvrant son visage de baisers. ”This is how you feel...” Le murmure le prend directement au coeur, et trouve en son torse un écho sensible à ce que cet instant hors du temps, presque de l’espace souffle en lui. Son bras vient se refermer au-dessus de son crâne, en réponse aux mains de Celyn s’étendant sur son corps et dans ses cheveux, pour mieux l’entourer et l’accueillir dans son cou en gardant les yeux clos, se concentrant sur ses autres sens qui recréent à la perfection ce tableau de l’homme qu’il aime venant chercher refuge contre sa peau. ”I never thought this could feel so right. − It does feel right”, souffle en retour Ezekiel, son nez effleurant sa chevelure soyeuse dont s’échappe un parfum enivrant qu’il hume faiblement, en lui offrant ces quelques mots teintés d’une évidence certaine, qui tombent sous le sens, une expression terriblement simple de ce qui l’assaille avec douceur à chaque instant à ses côtés, celui-ci n’échappant pas à la règle en dépit de sa nature unique, bien plus intime.

”Hold me.”

De nouveau, l’assurance avec laquelle Celyn lui demande de l’aimer abat la moindre appréhension avant même qu’elle ne naisse en lui, son souffle dans son cou déclenchant une nuée de frissons qui cavalent le long de son échine et l’enjoint à passer son bras à l’arrière de son crâne, le serrant ainsi contre lui avec tendresse en plongeant son visage dans ses cheveux, y pressant ses lèvres en une multitude de baisers lents, imprégnés de tout l’amour dont il souhaite le couvrir. Son autre main, elle, coule sur sa peau aussi douce que de la soie, remonte sur le côté de sa cuisse, puis de sa fesse en une caresse pourtant chaste et légère, pour mieux s’arrimer à sa hanche et presser tout juste son corps contre le sien, un contact entier, déroutant et parfaitement sensé à la fois.

En l’étreignant ainsi, en se laissant aller à cette envie soudaine de découvrir le corps de Celyn, Ezekiel effleure bien plus que les contours de cette enveloppe matérielle, dont la pression difficilement ignorable sous la sienne fait grimper en lui une chaleur reconnaissable entre mille, qu’il ne cherche pourtant pas à endiguer. C’est l’essence même de son partenaire qu’il lui semble embrasser, se fondant dans la sienne, de la même manière que lorsqu’ils se trouvent dans l’Invisible, une étreinte qui dépasse largement les lois du tangible. ”I’m with you, darling”, murmure Zeke, laissant s’exprimer naturellement l’autre part de lui-même, celle opposée à sa rationalité maladive, qui puise sa source dans les recoins émotionnels éparpillés en lui, que l’amour qu’il éprouve pour Celyn rassemble progressivement. C’est cette autre part, qui prend petit à petit le dessus sur son besoin de tout contrôler, de toujours se diriger vers la solution optimale ; il n’y a ici aucune réponse à chercher, elles sont toutes exposées à même son être qui épouse celui du sorcier, dont il embrasse désormais la tempe, puis la pommette, ses doigts se resserrant dans ses cheveux dans un même temps. ”It’s just you and me.” En cet instant, en cet endroit, et pour l’après, jusqu’au bout, partout où ils se trouveront, cette étreinte qu’il raffermit en glissant sa main entre le bas de son dos et le matelas, un simple reflet de ce pont entre lui et Celyn, présent sur tous les pans de leur existence désormais.