tw:mention de tentative de suicide

”Celyn, please”, soupire Ezekiel en renvoyant d’un geste de la main les (énièmes) remerciements de Celyn face à son hospitalité, ses doigts trouvant les siens sur la banquette du salon de l'aile Ouest, où ils se retrouvent désormais. Le rez-de-chaussée a toujours été exclusivement réservé aux invités, de marque ou non, ce que Celyn n’est plus le moins du monde. Il a été tout naturel, pour Ezekiel, lui donner accès à l’intégralité de l’étage de la villa Zabini - et non plus uniquement à l’aile Est, souvent surnommée à tort par le maître des lieux la guests wing, quand elle n’a jamais accueilli que l’aîné des Rosier en plus de cinq ans. Et de la même manière, jamais personne n’avait pénétré auparavant dans ces lieux hautement protégés, une forteresse où se trouvent les appartements privés d’Ezekiel ; et de Celyn, désormais, a-t-il décrété au vu du tournant de leur relation, et face à l’évidence de le laisser vaquer librement dans ses appartements, maintenant qu’ils partagent le même lit - à l'exception évidente de son bureau, et de la salle où il effectue ses propres rituels, un secret bien gardé derrière de nombreuses runes et sortilèges de protection.

En l’espace de quelques semaines seulement, Ezekiel a pourtant ouvert bien plus de portes qu’il ne se serait même cru capable d’effleurer de nouveau. Cette affection mêlée d’une indéniable tendresse, plutôt que de l’effrayer, a plutôt pénétré ses pores comme jamais auparavant ; et il n’a jamais été aussi aisé que de faire ces pas précautionneux qu’il fait un peu plus chaque jour vers Celyn. Il s’agit d’une danse lente, prudente qu’ils mènent l’un comme l’autre - évidemment, comment pourrait-il en être autrement pour deux hommes à l’existence rigide et millimétrée ? Et c’est probablement la nature aussi patiente que respectueuse de leurs échanges qui cristallise cette confiance bâtie au fil des années, des mois, et maintenant des semaines, à découvrir le visage de Celyn dans l’intimé, et à lui révéler un peu plus à chaque instant le sien - derrière lequel on peut apercevoir, parfois, au travers des fissures qui s’y creusent progressivement, pour Celyn uniquement, des étendues encore sombres que Zeke lui-même n’approche de trop près.

Les récents événements ont probablement participé, eux aussi, à cette complicité presque tangible qu’Ezekiel peut sentir se tisser de manière tout à fait inattendue. Les allées et venues éparses de Celyn, alternant entre le chevet de Caesar et le Zabini Palace, plutôt que de représenter un obstacle, a au contraire parfait les débuts de cette relation par trop dangereuse et sensée à la fois (parfait, un terme qu’Ezekiel n’oserait jamais utiliser devant le sorcier, il serait malvenu d’opposer un tel mot à l’accident (un autre) qui a secoué les Rosier il y a peu). Parce que chaque visite a été significative, lui a permis d’apercevoir Celyn, de cette même façon qu’il peut le sentir de l’autre côté du voile, d’embrasser cette part de lui vulnérable, de mieux décortiquer avec une attention et un une sensibilité qu’il ignorait encore posséder l’homme qui a pris une place centrale dans sa vie depuis longtemps déjà. ”Actually”, poursuit-il en se redressant légèrement sur la banquette, sa main libre venant aplatir le col déjà parfaitement repassé de sa chemise. Il marque une légère pause, comme il peut souvent le faire après avoir attiré l’attention d’un interlocuteur d’une brève introduction ne révélant rien de ses intentions ou de la direction qu’il compte emprunter.

”I think it would be way more convenient for you to be able to apparate directly in the house.” Son ton est sérieux, et sa décision mûrement réfléchie, depuis quelques jours déjà. Elle a germé dans un premier temps lorsque Celyn lui a demandé à passer un soir où il lui était impossible de se libérer ; puis s’est développée, a mûri au fil de ses visites. Jusqu’à s’ancrer profondément dans ses pensées - car celle de Celyn à la porte, dans un de ces états de détresse qu’il a pu observer récemment, lui est insupportable, étouffante, irritante même. Ezekiel, à son grand désespoir, ne peut tout contrôler ; il ne peut effacer les afflictions de Celyn, ni remonter le temps pour empêcher son jeune frère d’attenter à sa vie, il ne peut non plus rendre son emploi du temps flexible et quitter le travail trop tôt pour retrouver le sorcier - ou pire encore, passer une autre soirée à travailler tout en sachant qu’il a dû fermer sa porte au Rosier. Cela, il peut néanmoins le contrôler, offrir une forme de refuge à Celyn, ce qu'il sait avoir été, en un sens, ces dernières semaine, ce qu'il sait pouvoir lui donner entièrement par ce biais.  ”This is your home, after all, you shouldn’t have to call me or to wait at the door for me to open. And during these troubled times, you sure deserve to have a place where you know you can come and go as you please, not a lock keeping you away”, explique-t-il sur cette fréquence intime qui s’est installée entre eux, quand ils ne se retrouvent que tous les deux, à l’abri des regards et de ceux qu’ils sont en dehors de ces murs - de celui qu’Ezekiel est, du moins, assurément. ”I’ll make all the necessary arrangements first thing tomorrow morning, darling.” Et sur cette conclusion assurée, presque sans appel, Ezekiel porte la main de Celyn jusqu’à ses lèvres pour les presser brièvement contre ses doigts repliés au creux de sa paume.

tw:mention de tentative de suicide, angst

"Are you going home?" Le regard de Benjamin avait tracé une ligne nerveuse, le long de sa colonne ; comme à chaque question l'enjoignant à feindre un semblant de vérité devant son propre cousin. Ce n'était pas mentir, pas vraiment ; on avait appris à Celyn, dès le plus jeune âge, entre les mensonges condamnables, pour son propre confort égoiste, et ceux nécessaires, pour le plus grand bien - et quand bien même il peinait à le ressentir comme tel, Ezekiel lui avait répété, et lui répétait encore régulièrement, que son palace était chez lui, désormais.

Il en allait de leur sécurité, et du bien-être de tous : du sien, bien sûr, d'Ezekiel, des Rosier et de Rosier Events, de la BCBC même - l'esprit de Celyn s'était immanquablement aventuré sur le terrain vertigineux du "et si", à l'aube de leur premier baiser, et les conséquences d'un tel scandale seraient désastreuses, irréparables, une éclaboussure crasse sur leurs vies impeccables. Alors Celyn s'était contenté d'un bref hochement de tête, pris à parti devant son cousin et son frère, préoccupé, plutôt, par le délai bien trop court qu'il avait laissé à Ezekiel, en s'annonçant pour le soir quelques heures plus tôt. I'm really sorry, this is poor planning on my end. Il n'avait néanmoins pas prévu d'entendre l'écho des voix reprendre, dans son crâne, ni la fatigue s'abattant sur ses épaules après de longs jours à veiller, puis, à son miraculeux réveil, visiter Caesar après son passage à Rosier Events ; tout lui revenait désormais que son frère reprenait des forces, et Celyn, vidé des siennes, avait eu le besoin impérieux de se tourner vers celui qui, durant cette terrible épreuve, avait été sa seule ancre solide.

Une bouffée de soulagement l'étreignit lorsqu'il pénétra le hall de la demeure Zabini ; et une autre, repoussant son mal de crâne à l'arrière de celui-ci, en retrouvant les lèvres d'Ezekiel en un baiser, devenu, au fil de leurs rencontres, merveilleusement naturel - nécessaire, vital même, ce soir où il avait franchi la porte en pleurs, épuisé par le verdict inchangé du médicomage. "He may never wake up. They still don't know, or won't say, I am going mad." Et Ezekiel avait accueilli chaque visite, un thé, quelques bouchées d'une assiette prises à contre-coeur, une heure à tenir la main fébrile de Celyn, chaque discussion, et chaque crise - maintenant que ces frayeurs maladives étaient derrière lui, Celyn ne pouvait ressentir que l'impérieux besoin de se perdre contre sa chaleur, et reposer son corps fatigué contre le sien, habitué à s'y blottir désormais.

Il avait retenu un soupir en retrouvant l'intimité des appartements d'Ezekiel - et avait manqué d'en pousser un autre, tout aussi discret, lorsqu'il avait chassé ses excuses d'un mouvement de la main, enserrant tendrement ses doigts pour allier les gestes à la parole. "You are spoiling me", fit-il en massant légèrement sa tempe de sa main libre, pour en chasser la migraine qui menaçait de nouveau - kind, really?

Ce n'était pas le moment ; elles étaient revenues avec d'autant plus d'aplomb, depuis l'accident de Caesar, culpabilisantes, voraces, prêtes à prendre d'assaut ses manquements d'aîné et sa faiblesse de convalescent. "Actually", l'attention de Celyn revint aux yeux bruns d'Ezekiel, au-dessus du geste sur son col, une habitude qu'il lui connaissait déjà depuis longtemps, significative de son goût pour l'ordre, entre autres choses, "I think it would be way more convenient for you to be able to apparate directly in the house. This is your home, after all, you shouldn’t have to call me or to wait at the door for me to open. And during these troubled times, you sure deserve to have a place where you know you can come and go as you please, not a lock keeping you away." Des actions concrètes, au-delà des mots ; Celyn cilla devant ce cadeau qu'Ezekiel lui faisait - s'il lui avait assuré son hospitalité entière et complète depuis les premières heures, ni l'un ni l'autre n'avait su considérer Celyn au-delà du statut d'invité (de marque, certes), retenus tous deux par leurs limites et leurs barrières, ainsi que ces convenances forçant Celyn à respecter l'étiquette. "You have already thought it through", constata Celyn en détaillant l'expression assurée d'Ezekiel - cette décision, comme toutes les autres, mûrement réfléchies dans l'esprit brillant du Mangemort. "I’ll make all the necessary arrangements first thing tomorrow morning, darling." "This is beyond spoilage," fit-il avec une expiration fatiguée, teintée par le léger sourire venant s'accrocher à ses lèvres, la pression douce de celles d'Ezekiel diffusant une chaleur contrastant avec les échos glacés le long de sa boîte crânienne - he's tricking you, once again, when are you going to see? "On the other hand, it would be quite convenient, I confess, and more secure aswell..." Il pressa de nouveau sa tempe de ses doigts, détournant les yeux un instant d'Ezekiel, chassé par les voix lui imposant cette image déplaisante de son partenaire.

Il n'était pas certain que l'endroit représente, encore, un quelconque intérêt sans la présence d'Ezekiel : il tolérait tout juste les elfes de maison, et évitait de s'adresser autant que possible aux Sangs-de-Bourbe, heureusement la plupart du temps invisible. Il relâcha sa tempe, et reporta son regard sur Ezekiel, inclinant légèrement la tête en retrouvant ses yeux. "I'm sorry, I am having a hard time thinking or expressing myself clearly tonight. My head feels quite heavy," ajouta-t-il en fronçant légèrement les sourcils, finissant par chasser ce nuage en papillonnant légèrement, se repositionnant sans relâcher la main d'Ezekiel dans la sienne. "I must ask, for the sake of it: are you absolutely sure you'd be comfortable knowing I'm here without you?"

”This is beyond spoilage.” Ce n’est pas la première fois, que Celyn qualifie les attentions d’Ezekiel envers lui de spoilage, et à chaque fois, comme en cet instant, l’homme d’affaires accueille cette remarque d’un regard exaspéré accompagné d’un sourire, lui, au contraire, parfaitement satisfait. Évidemment, il est loin d’ignorer qu’il en fait beaucoup pour le sorcier, parfois trop, comme ce dernier ne manque jamais de lui faire remarquer - ce à quoi Zeke répond toujours qu’il ne s’agit que du strict minimum. Il pourrait faire plus, bien plus que de l’accueillir et de répondre présent dès que Celyn l’appel, que de le prendre dans ses bras et de tenter difficilement de trouver des paroles réconfortantes lorsqu’il s’y échoue en pleurs, que de lui avoir accordé une place dans sa vie, dans son emploi du temps, dans son lit, dans son intimité. Le strict minimum ; rien n’est jamais assez à ses yeux habitués à donner tout ce qu’il a et plus encore pour le moindre des projets dans lesquels il s’investit. Et il n’y a pas de projets de plus grande ampleur que celui d’aimer Celyn Rosier. C’est aussi simple que cela, pour l’esprit d’Ezekiel grouillant de mille obsessions, dont le sorcier fait définitivement partie.

D’autant plus quand il peut relever la fatigue habitant les traits de Celyn, tout comme ses gestes nerveux, qu’il ne parvient à chasser pleinement malgré tous ses efforts. S’il commence à saisir, petit à petit, qu’il n’y a rien de plus qu’il puisse faire que de lui offrir un refuge et toute son attention, Ezekiel n’a pas encore pleinement accepté cette idée révoltante. ”On the other hand, it would be quite convenient, I confess, and more secure aswell... − That’s the idea, yes”, répond-il tout aussi sérieusement en éloignant la main de Celyn de ses lèvres, sans pour autant la relâcher, pressant même doucement ses doigts entre les siens, tout en sondant le visage tiré du sorcier. ”I'm sorry, I am having a hard time thinking or expressing myself clearly tonight. My head feels quite heavy. − I know dear, don’t apologize.” Sa voix est toujours teintée par cette tendresse qu’il jugerait éhontément chez les autres, mais naturelle entre eux désormais, une fréquence sur laquelle il n’est capable de se brancher qu’avec Celyn. Certaines choses, à son grand désespoir, échappent parfois à la compréhension d’Ezekiel, et souvent, face à Celyn, il est forcé de formuler des hypothèses hasardeuses, de se reposer seulement sur son intuition et son sens de l’observation pointu - sur sa complicité avec lui, également, ainsi que sa connaissance de l'aîné des Rosier, de plus en plus étendue. Cela ne lui empêche pas d’identifier rapidement ces moments où il semble peiner à fonctionner correctement - un regard fuyant, une éloquence moins évidente, une couleur différente dans la voix et sur ses traits. That’s what I signed for, and that’s what I want, a life with you, rappelle souvent Ezekiel, autant pour Celyn que pour lui-même, quand il se retrouve frustré de ne pouvoir saisir pleinement l’ensemble de ce qui nourrit les peines de Celyn - et surtout de pouvoir les chasser aussi facilement qu’avec un sourire et sa présence à ses côtés.

”I must ask, for the sake of it: are you absolutely sure you'd be comfortable knowing I'm here without you?” L’expression d’Ezekiel reste impassible, sérieuse, de plus en plus à l’aise à montrer son vrai visage à Celyn ; et celui-ci est celui de la réflexion, tandis qu’il prend une seconde pour considérer la question. Bien des étapes ont été franchies entre eux, autant de barrières abattues progressivement pour le bien de leur relation, ainsi que leur bien-être personnel - à commencer par leur relation en elle-même. Jamais Zeke ne se serait cru capable de placer ainsi de nouveau la confiance en un autre être humain ; c’est pourtant ce qu’il a fait, en se penchant sur Celyn pour l’embrasser cette dernière fois, en lui donnant accès à ses appartements privés, en l’invitant dans son lit, en s’abandonnant au confort de ses baisers et de ses bras, en lui ouvrant ainsi la porte sur son intimité. ”I’d be more comfortable knowing you here without me, than knowing you out there calling for me while I’m unable to answer, that’s for sure.” It’s all about balance, et faire les choix les plus sensés. Évidemment qu’Ezekiel ressent une forme d’appréhension à l’idée que Celyn soit au Zabini Palace sans lui ; mais ce n’est rien comparé à celle de devoir parfois faire un choix entre son travail et son partenaire. Il n’a pas le luxe de pouvoir se permettre ce stress supplémentaire. Et il est grand temps de mettre un terme au statut d’invité de Celyn, qui ne fait plus sens face au besoin impérieux de Zeke de lui offrir un confort sans limite ni condition. ”I have all the reasons to trust you, your question alone is another one. Of course, I will need a few days to adjust, but this will be way more manageable than how we’ve been handling this until now, I believe”, ajoute-t-il d’un ton un peu plus léger, un sourire étirant le coin de ses lèvres alors qu’il se redresse pour mieux se tourner vers Celyn. ”And on a very personal and selfish level, the thought of finding you here after a long day is far from unpleasant.” Le sourire du Mangemort s’affirme lorsqu’il lève sa main libre pour la poser sur la joue du sorcier, une caresse légère où il récolte au creux de sa paume la fraîcheur apaisante de sa peau. ”How does it sound?”

Celyn replia ses phalanges sur sa propre jambe, les yeux rivés sur le sorcier, une expression réfléchie au visage - l'impassibilité de ses traits bien dessinés était une ancre aussi solide que ses sourires sincères, bienvenue parmi l'écho butant, inconstant et imprévisible, autant de choses que Celyn détestait cordialement, mollement contre son crâne. Accoudée aux rituels, la tendresse sincère d'Ezekiel était le plus efficace des remèdes, avait-il constaté durant ces semaines passées à ses côtés, chassant les ombres menaçant de s'abattre avec violence sur son esprit fragmenté. "I’d be more comfortable knowing you here without me, than knowing you out there calling for me while I’m unable to answer, that’s for sure." Celyn détailla l'onde sérieuse de son regard ; bien sûr, tout avait été mûrement réfléchi, vu et revu, dans l'esprit vif et minutieux d'Ezekiel. "This shouldn't be taken into account." Lui, appelant sans réponse depuis l'extérieur, grattant à la porte du palace : l'image, déformée par son esprit fatigué, le dérangeait sensiblement, le renvoyant à tous les services et toute l'aide qu'il était allé quérir en l'espace de ces dernières semaine. I have my own place to crash if need be, sentit-il buter contre ses lèvres sans pour autant laisser les mots les franchir : il avait été insidieusement statufié, à la visite d'Ezekiel chez lui, que la demeure impersonnelle de Celyn faisait figure de pied-à-terre, au mieux de refuge pour épancher ses besoins de solitude. Celyn préférait, de loin, le confort des appartements d'Ezekiel - et celui de ses bras ; tous deux le savaient sans que rien ne fût avoué par les mots, et mentir à ce sujet aurait été une insulte envers leur histoire et la confiance qu'ils se vouaient. "I have all the reasons to trust you, your question alone is another one. Of course, I will need a few days to adjust, but this will be way more manageable than how we’ve been handling this until now, I believe."

Les protestations de Celyn moururent dans l'oeuf, étouffées par sa propre fatigue, le sourire venant étirer les lèvres d'Ezekiel et l'inutilité de cette lutte de convenance, dont tous deux connaissaient l'issue ; autant s'éviter des ronds de jambe épuisants et accepter sans se faire prier. Être honnête avec soi, et avec son entourage hors son propre sang, était une épreuve pour un Celyn habitué aux politesses et aux batailles d'ego aiguisé - le sien et celui d'Ezekiel n'étaient certainement pas en reste. "And on a very personal and selfish level, the thought of finding you here after a long day is far from unpleasant." Celyn relacha l'expiration retenue, devant l'inévitable oui qui se profilait, au ton léger de son compagnon ; malgré l'absence de sourire, son expression s'adoucit à la caresse sur sa joue, une douceur enrobant jusqu'à son coeur perclus de lassitude. "How does it sound?" Celyn prit une seconde pour appréhender l'affection lovée dans sa voix basse. "As always when you come to a decision: it makes sense, and I have no reason, or urge in that case, to say no. Quite the opposite." I'd love to, dans son langage - Celyn n'exprimait que rarement explicitement ses envies, et cette dernière se logea dans le silence tombant légèrement, son regard dans celui d'Ezekiel, qu'il baissa pour glisser ses doigts entre les siens. "Thank you for letting me in." Il vint chercher ses yeux de nouveau, la lueur dans les siens d'une tendresse discrète, encore retenu par sa pudeur, à son égard, avant de se pencher dans sa direction, portant sa main sur le haut de son torse, détaillant ses traits comme pour énoncer son intention, et mieux aller chercher le réconfort de ses lèvres contre les siennes.

Au fil des semaines, Ezekiel a eu tout le loisir de découvrir les différentes nuances du regard de Celyn ; des lueurs nouvelles, venant s’ajouter au catalogue précieusement entretenu des détails plus ou moins futiles concernant l’aîné des Rosier. Et s’il commence par s’y faire, il se retrouve abasourdi par la lueur tendre qui vient s’y loger par moment, lorsqu’il pose l’onde noisette de ses yeux sur lui, comme en cet instant où il sent son coeur baigner dans une chaleur exclusivement réservée, et surtout procurée par son compagnon. ”As always when you come to a decision: it makes sense, and I have no reason, or urge in that case, to say no. Quite the opposite.” Dans ce quite the opposite, Zeke entend un I’d love to habillé comme Celyn sait si bien le faire, et une expiration basse file aussitôt entre les lèvres du Mangemort, offrant en retour de celui du sorcier, plus pudique, un regard empli d’une affection satisfaite et entière. ”Well I’m glad”, commente-t-il, toujours sur ce ton léger, d’une voix sensiblement plus basse, son volume d’habitude autrement plus sonore tronqué naturellement par la caresse de ses doigts entre les siens, et de manière générale, par l’abandon progressif des faux-semblants entre eux. Ezekiel n’a plus aucune raison d’être ce loud American qu’il présente au reste du monde en présence de Celyn. ”Thank you for letting me in. − My pleasure darling.” Un plaisir, certes, mais à la fois une nécessité pour son esprit démangé par ce détail logistique depuis des semaines.

Le sourire de Zeke se fait plus prononcé en voyant Celyn se pencher doucement sur lui, la nature lente et délicate de ses gestes envers lui à jamais la bienvenue, chaque contact accueilli avec reconnaissance teintée d’une confiance de plus en plus solide, stable. Ses doigts glissent sur sa peau pour mieux se refermer dans sa nuque en une prise légère, fermant les yeux pour se fondre dans la chaleur de ce simple baiser faisant fondre son cœur entre ses côtes. La tendresse de ces échanges a su prendre le pas sur le bien-être qu’il aurait considéré comme trivial le prenant dès que ses lèvres rencontrent les siennes, que leurs corps et leurs chaleurs s’entremêlent ; il n’y a rien de trivial, à être dans les bras de Celyn, bien au contraire. Et Ezekiel sait qu’ils ne se trouvent que sur le seuil de cette symbiose sur tous les plans qu’il ne tient qu’à eux de développer, explorer, cristalliser.

A contre-coeur, Zeke quitte le confort de ses lèvres pour mieux aller retrouver celui de ses appartements privés - de leurs appartements privés, se corrige-t-il à chaque fois qu’il y pense, son esprit peu prompt au changement prenant du temps de s’adapter à cette nouveauté qu’est la présence constante de Celyn dans sa vie désormais. Et il fut le premier surpris à découvrir qu’il n’y avait rien d’effrayant, à l’idée de partager cette intimité que représente l’aile Ouest de son palace avec le sorcier au cœur des sentiments fermement enraciné dans son torse. Il y trouve même une forme de douceur, dans ces habitudes qui commencent à s’installer entre eux - nécessaires et rassurantes, pour une créature comme lui souffrant du moindre manque de constance ou de régularité. ”I’ll see you in a minute dear”, lui adresse-t-il lorsqu’ils se séparent sur le pas de la porte pour rejoindre chacun leur salle de bain attitrée - la perspective de partager sa propre salle de bain avec Celyn est encore absolument inenvisageable pour Ezekiel, pour une liste de raisons bien trop longues pour être toutes énoncées.

Comme chaque soir, présence de Celyn ou non, Ezekiel respire un grand coup avant d’enclencher sa routine millimétrée, la même depuis des années, donc sauter la moindre étape le plonge dans un inconfort indescriptible - à vrai dire, il ne peut que l’imaginer, puisqu’il lui est physiquement impossible de ne pas la compléter dans son intégralité. D’abord retirer ses bijoux, les disposer sur leur présentoir, choisir un bas de pyjama dans son dressing, se rendre dans la salle de bain, se déshabiller selon un ordre précis, plier ses vêtements et les déposer sur le petit banc près de la fenêtre (sauf lorsqu’il s’agit de vêtements plus décontractés, auquel cas ils devront être déposés sur le meuble près de la porte), se laver, se sécher manuellement, là aussi selon un ordre précis, et les cheveux d’un sortilège, faire le reste de sa toilette devant le miroir de gauche, puis sa skincare routine devant le miroir de droite, retourner dans la chambre, choisir une robe de chambre, l’enfiler, vérifier toutes les lumières, se glisser dans son lit (du côté gauche), puis les éteindre une à une pour ne laisser que les lampes de chevet allumées.

Et, seulement quand cette unique partie visible de l’iceberg est complétée, Ezekiel peut enfin se considérer comme prêt pour se mettre au lit - peu importe qu’il soit déjà dedans.

D’autres coutumes, habitudes, viennent s’ajouter à cette recette nécessaire, plus naturelles et moins maladives, maintenant qu’il apprend à partager son lit avec Celyn. Comme en cet instant, où il s’allonge sur le flanc lorsque le sorcier le rejoint enfin dans leurs draps, pour le détailler quelques secondes, une distance de convenance entre eux, qu’il rompt en glissant sa main sur le lit pour venir la loger dans son cou. ”You’re with me now Celyn, you can let it all go”, souffle-t-il en sondant l’ombre voilant le regard de Celyn, elle aussi répertoriée dans son esprit, l’un de ces appels silencieux témoignant de ce qui agite par moment son partenaire. ”How can I take this weight off your mind, dear? Talk to me”, ajoute Ezekiel d’une voix basse, son pouce à l’angle de sa mâchoire caressant sobrement sa peau tiède.

Le trajet jusqu'à la chambre s'était fait dans un silence lourd, différent de celui, naturel, qui enrobait leurs pas du salon privé du palace au lieu de repos où ils passaient leurs nuits ; Celyn, sa main sur celle d'Ezekiel, avait dû forcer sa concentration sur la mécanique de leur marche, parasitée par le souffle cognant sourdement dans son crâne. La fatigue, l'épuisement, l'énergie investie dans la veille, puis la convalescence de Caesar, abandonnée à ses nouvelles fonctions de vice-président, le laissant dépouillé de celle nécessaire pour son propre rétablissement – you need to rest, too, lui avait soufflé Benjamin en posant une main sur son épaule, la prise de ses doigts plus dure qu'à l'ordinaire, un écho à son regard où flottait une vague réprimande. C'était sans doute la fatigue, l'épuisement, l'énergie investie dans Rosier Events et auprès de Caesar ; tout le monde semblait las, éreinté, et Celyn resserra doucement sa prise sur le bras d'Ezekiel lorsqu'ils parvinrent aux appartements privés, avant d'abandonner sa main à la bienséance.

Celyn hocha la tête, et se détourna pour rejoindre la salle de bain qui lui était désormais réservée – ses pas l'y guidèrent par automatisme, et il ne put que constater à quel point il avait bien trop naturellement, de façon presque dérangeante, quand il peinait à s'adapter aux changements dans son existence, pris l'habitude d'arpenter les couloirs de l'imposante villa Zabini.
L'endroit était sien, désormais ; de moitié, en quelque sorte – qu'Ezekiel lui confie les clés de sa demeure, jusqu'à l'intimité de sa chambre où il s'était jusqu'alors bien évidemment conduit comme un invité, équivalait à lui donner le droit de faire partie de ce décor riche, correspondant difficilement aux goûts sobres et minimalistes de Celyn, de s'approprier les lieux en l'absence du maître de maison, d'être chez lui, véritablement. Il considéra la salle de bain d'un regard circonspect, y portant la nouveauté qu'il pouvait désormais s'y trouver et s'y rendre lorsqu'il le souhaitait ; quelques cosmétiques avaient été discrètement déposés à l'intérieur d'un petit placard à la lourde porte en marbre, les seuls effets d'urgence que Celyn s'était permis de disséminer derrière lui. Ezekiel l'avait rapidement invité à laisser quelques vêtements de rechange, lui offrant un espace nettement délimité du sien, dans sa penderie, mais Celyn avait poliment refusé l'offre – en disant merci, et en n'en faisant rien par la suite. Mais, maintenant qu'Ezekiel lui avait ouvert les portes de chez lui, en son absence...

Celyn repoussa le souvenir cuisant de sa dernière nuit (ou plutôt, de son dernier matin) passée sur les lieux, où il avait enfreint deux des règles tacitement imposées à ses visites : ne pas déranger Ezekiel, en dehors des horaires dont ils avaient convenus, et ne pas outrepasser ses droits d'invité, sous prétexte d'entretenir avec le propriétaire une relation amoureuse, aussi tendre et unique soit-elle. Emprunter l'une des robes de chambre d'Ezekiel, après l'avoir surpris d'une visite au petit matin... Il déposa sur le comptoir la mallette magique qu'il était, comme toujours (moins cette fois dont le souvenir le hantait encore pour de multiples raisons), allé récupérer chez lui avant son passage, et en tira ses produits de beauté (différents de ceux d'urgence, auxquels il n'avait pas touché), ainsi que son ensemble de pyjama du soir, qu'il envoya se pendre dans les airs d'un rapide coup de baguette. I have all the reasons to trust you.
Lies. Celyn serra les mâchoires à la réponse résonnant dans son crâne ; une autre raison l'empêchant de savourer pleinement la fleur faite par Ezekiel. Lies lies, lies. - What about honour? - What about it? Écaille s'enroula autour des doigts de Celyn lorsqu'il retira sa chemise, et déposa l'animal sur le bord de l'impressionnante baignoire où il lui semblait pourtant qu'il ne pourrait rentrer, encombré par ces voix cognant contre son esprit.

La porte se referma silencieusement lorsqu'il pénétra dans la chambre, son regard coulant sur le lit où Ezekiel se trouvait déjà – il devait avoir mis plus de temps que prévu, à frotter son crâne afin d'en faire sortir les échos, avant de se laisser aller à cet échec cuisant, le désespoir gonflant ses yeux d'une humidité qu'il avait chassée de quelques rapides sanglots. Ses yeux étaient encore brillants, d'un rouge qu'on pouvait aisément confondre avec sa fatigue ; Celyn déposa sa mallette sur la chaise qui lui avait été réservée dès le premier soir, et, prenant soin de ne trop regarder Ezekiel, fit le tour du lit pour rejoindre son côté, s'assit, déposa sa baguette sur la table de chevet, et retira ses pantoufles avant de se glisser sous les draps soyeux, richement décorés, eux aussi, d'Ezekiel Zabini.

Retrouver le confort de ce lit où régnait l'odeur douce d'Ezekiel, un mélange de sa peau et des parfums sirupeux dont il s'entourait, diffusé dans l'air de la chambre où l'apparat n'avait plus sa place, lui ôta les banalités qu'il s'apprêtait à poser à Ezekiel – des politesses intimes destinées à détourner l'attention, bien trop appuyée à son goût, depuis de longues semaines, sur l'éclat épuisé de ses yeux. La lutte lui semblait terriblement désuète, ainsi étendu à ses côtés, baignant dans ce silence doux qui semblait étouffer jusqu'aux échos virulents de son crâne.

Les doigts d'Ezekiel dans son cou le sortirent de cet état de contemplation passive, une mort douce de quelques secondes seulement ; il tourna la tête à la caresse, retrouva le regard inquiet de son compagnon. ”You’re with me now Celyn, you can let it all go.” Il sonda les pupilles tendres, douloureusement sincères d'Ezekiel ; ils savaient tout deux qu'il lui était impossible, désormais, de laisser par simple égoïsme derrière lui. Caesar, Jeong-Hee et lui partageaient le même sang, quand bien même il présentait dans leurs veines des couleurs sensiblement différentes – il était le premier fils, et celui le plus à même, jugeait-il sans mal, à prendre les responsabilités d'une fratrie déboussolée (il n'y avait qu'à voir les maigres tentatives de Caesar pour reprendre ce rôle, et ce qui en avait résulté). ”How can I take this weight off your mind, dear? Talk to me.” Le pouce d'Ezekiel traça une courbe tendre sur sa mâchoire anguleuse ; Celyn se tourna sur le flanc, dans un bruissement de soie, venant saisir délicatement la main d'Ezekiel entre ses doigts fins (et trop courts, selon ses propres standards d'élégance). ”This weight can't be taken off, I'm afraid. Barely put aside, at times, and I'm tired of talking...” souffla-t-il, épuisé par les échanges intérieurs entretenus avec les voix – celle de Basil se mêlant à celle de Caesar en un entremêlement qui n'avait pas entièrement à voir avec les restes de magie qu'il avait inhumés durant l'incendie. Sa psyché endommagée lui jouait immanquablement des tours, participant à son trouble, se saisissant de ses confusions et de ses peurs pour les muter en une chimère horrifique dont il peinait, sur l'instant, à démêler le vrai du faux. ”Being here is enough. Being here, with you...” Is beyond anything I could have hoped for ; comme souvent lorsqu'il s'agissait de donner une voix aux émotions sincères dans son torse, sa voix mourut en un silence léger, qu'il combla en portant les doigts d'Ezekiel jusqu'à ses lèvres en un baiser tendre, lent, où se trouvait toute l'affection qu'il lui portait, fermant les yeux en embrassant ses doigts nus. ”This is the only place I can rest.” Il rouvrit les yeux et retrouva son regard, la reconnaissance et le soulagement conjoints brillant discrètement dans le sien.

En plongeant dans les yeux de Celyn seulement Ezekiel a été capable de puiser dans une part de lui-même prenant la poussière depuis des années ; égoïstement, ce dernier mois à ses côtés, et même ces dernières années, il s’est perdu dans ces deux ondes brunes pour mieux s’y retrouver, et avancer sereinement dans ce qui aurait pu être, et est en réalité, la décision la plus inconsidérée qui soit. Par la seule force de son regard, Celyn est capable à la fois de chasser la moindre ombre de doute, de réflexion, et à la fois de ramener à la surface ce qu’Ezekiel pensait avoir laissé pour mort, un fossé en réalité, vidé de sa substance et ignoré, revenant progressivement, difficilement à la vie. Et voir ce même regard, cette même source vitale s’assécher comme la plus triste et oubliée des oasis est bien au-dessus de ses forces. ”This weight can't be taken off, I'm afraid. Barely put aside, at times, and I'm tired of talking...”, murmure Celyn après s’être tourné vers lui, Ezekiel glissant ses doigts entre les siens pour les serrer légèrement, en une prise tendre. This weight can't be taken off. Ce n’est pas quelque qu’il peut entendre - il y a toujours une solution, un moyen, une porte de sortie pour échapper au pire. Et des solutions, ce n’est pas ce dont son esprit en perpétuelle recherche d’améliorations, de suite, de l’après manque.

Des solutions que Celyn, cette fois-ci, ne peut pas entendre. Se concentrer sur son travail, son rétablissement, les rituels, ne pas se forcer à rendre visite à son frère qui, de toute façon, dans son état, ne va rien lui apporter qu’une perte de temps et un drain d’énergie, de laisser sa soeur entre les mains de son nouveau mari et de cesser de s’en faire comme s’il s’agissait encore de son problème, d’ouvrir les yeux sur les opportunités qui se présentent à lui, d’arrêter de s’en faire, tout simplement, de ne plus penser qu’à lui-même, et lui seul, et d’avancer sans se laisser envahir par le bruit ambiant des siens et de ce qu’il considère comme des responsabilités familiales, en réalité des tâches ingrates dont d’autres peuvent se charger à sa place.

Ezekiel s’y est essayé, plus d’une fois, à la présentation de ces solutions miracles (qui font des merveilles pour lui), seulement pour être confronté à une évidence, qu’il aurait dû voir il a longtemps, et qu’il apprivoise encore : Celyn ne fonctionne pas comme lui. Et il n’en a que plus envie d’avoir la capacité de saisir à mains nues sa colère, sa fatigue, sa peine, ses sanglots, ce mélange profondément ancré dans son regard, et l’en arracher à tout jamais, loin de Celyn, loin d’eux.

”Being here is enough. Being here, with you...” Et c’est tout ce qu’il peut lui apporter, de concret, de tangible, ce qui a poussé cette décision précipité de lui ouvrir un accès complet à ce qui a été sa forteresse, son royaume, et que partager avec Celyn fait sens, désormais. Ce n’est jamais assez, aux yeux critiques d’Ezekiel, quand lui-même ne requiert rien d’autre de Celyn que sa présence à ses côtés, son regard dans le sien. Ses pupilles vives suivent le geste de son compagnon, resserrant ses doigts dans les siens lorsqu’il les porte à ses lèvres, un souffle bas, à peine un soupir d’aise, lui échappant à la douceur de ce simple baiser, où il peut sentir toute la tendresse affectueuse du sorcier imprégner sa peau - un énième rappel que, peut-être, c’est assez, après tout. ”This is the only place I can rest.” La voix basse de Celyn trouve un écho dans son torse, raisonnant contre cette impression (non, cette certitude) qu’il partage également, ses yeux et ses bras ses seuls échapatoirs de son quotidien par trop prenant, et un remède efficace contre l’anxiété qui le ronge à chaque instant. A chaque instant, sauf quand il peut retirer son masque et s’autoriser l’amour de Celyn, a-t-il pu constater, à sa grande surprise. ”Rest then, darling”, souffle Ezekiel, en caressant lentement ses doigts de son pouce tout en plongeant plus profondément dans le regard brillant de son compagnon. ”Rest, with me, it is all that I want.” Sa voix est à peine audible, un murmure pour eux deux seulement, alors qu’il reprend avec autant de douceur que de délicatesse sa main pour s’appuyer contre le matelas de son avant-bras, sa main libre, elle, venant trouver le haut de son torse pour s’y poser en un contact léger, savourant le contact de la soie sous sa paume étendue. Naturellement, son corps trouve le sien pour mieux l’épouser, une jambe entre les siennes lorsqu’il le fait tendrement basculer sur le dos afin de pouvoir tout juste le surplomber, à moitié sur lui seulement. ”I wish I had the power to lift it off, whatever the cost that’d come with it”, chuchote-t-il, ses yeux sondant avec attention ces traits qu’il connaît si bien désormais, qu’il pourrait redessiner les paupières closes. Il incline tout juste le visage pour venir presser ses lèvres entre ses sourcils, embrassant avec respect sa peau, et y imprimant cette promesse qu’il a déjà exprimée à de nombreuses reprises et sous bien des formes. Avec la même lenteur, il effleure son visage de ses lèvres, traçant une ligne le long de sa peau pour se retrouver au-dessus de sa bouche, ses pupilles cherchant à attraper ce qu’elles peuvent de ses traits à cette distance réduite, avant de fermer les yeux pour mieux écouter son souffle mêlé au sien. ”Just once, let me take it all away, darling”, ajoute Ezekiel avec douceur, avant de cueillir ses lèvres avec une affection sensible, sa main voyageant de son plexus à sa hanche pour s’y refermer après une caresse entière. Peut-être est-ce assez, après tout, oui.

tw:mention de mort, pensées dépressives

Il peinait à croire qu'il pouvait se réveiller désormais aux côtés d'Ezekiel s'il décidait seulement de passer la nuit chez lui. Il peinait à croire qu'il n'avait qu'à étendre les doigts pour les glisser entre les siens, aller chercher ses lèvres des siennes pour sentir son souffle ; il peinait à saisir la tangibilité de ce bonheur qui avait éclos au milieu du tumulte, l'enveloppant d'une noirceur aveugle. Si quelqu'un lui avait dit, deux ans plus tôt, lorsqu'il avait adressé à Ezekiel un regard hautain qui illustrait sensiblement ce qu'il pensait de lui (un arriviste et un rustre, sous ses dorures tapageuses, un de ces self-made men estampillés par la grossièreté américaine) qu'Ezekiel serait l'étincelle guidant ses pas au milieu de la nuit, Celyn en aurait été estomaqué. Me, with someone? Me, with him? Doublement absurde ; et Celyn avait ouvert les yeux lorsqu'il avait senti le sang âcre couler sur son torse, perdu dans le regard d'Ezekiel, sous la guidance d'Esmée, témoin muet de leur union.

”Rest then, darling. Rest, with me, it is all that I want.” He's tricking you. What would you rest for? Mais les échos des voix étaient plus ténus, désormais, balayés par le souffle d'Ezekiel tout juste perceptible sur leurs chuchotements, balayés par ce qu'avait ramené Caesar du pays des morts. I've seen her. La preuve que les disparus veillaient sur eux ; qu'ils ne leur souhaitaient rien, si ce n'était leur rappeler qu'ils pouvaient compter l'un sur l'autre ; que dans son crâne rôdait une magie insidieuse, transformée par sa détresse et le dernier souffle de sa mère.

Celyn lui laissa sa main et, sans le quitter du regard, se laissa naturellement aller sur le dos, sa paume glissant dans le dos de soie d'Ezekiel. ”I wish I had the power to lift it off, whatever the cost that’d come with it.” Celyn cilla sous son regard, frappé par la sincérité marquant cette promesse, d'abord, puis le fait déroutant qu'il le croyait pleinement, ensuite ; de la même façon qu'il avait été frappé par la raison par trop simple qui avait amené Ezekiel à accepter de conduire les rituels avec lui – des faits qu'il aurait cru incroyables, encore quelques semaines plus tôt. Celyn, qui s'était toujours pensé éclairé et fin observateur, était désolé de constater qu'il lui fallait souffrir de nombreux et terribles chocs pour se rendre compte des choses les plus simples. ”Don't be silly...” Celyn poussa un soupir imperceptible, saccadé par l'émotion tandis qu'il fermait les yeux sous les lèvres d'Ezekiel, prêt à tout (ou presque) pour chasser cette ombre qui le mordait jusqu'à l'os et dont il ne pourrait, hélas, se débarrasser pleinement.

Les baisers d'Ezekiel diffusèrent une chaleur tendre fondant sous la surface de sa peau ; ses doigts glissèrent sur ses côtes en une prise douce, se raccrochant à Ezekiel comme pour s'empêcher de basculer dans l'abîme si elle cherchait à l'appeler encore à lui. Sentir son cœur battre dans sa cage thoracique, les vibrations transmises par les sens affûtés d'Écaille caché sous son vêtement, était une mélodie rassurante, organique, l'assurance que si, à défaut, lui était partiellement mort avec les siens, des mois plus tôt, il pouvait encore se raccrocher à la vie vibrant sous la peau du sorcier pour en habiller la sienne. ”Just once, let me take it all away, darling.”

Celyn fondit contre ce baiser lent, le cœur battant d'Ezekiel sous les doigts un rappel de cette vie coulant en lui, de sa bouche à la sienne ; comme si Ezekiel insufflait en lui une forme de magie ancienne, la plus primaire et naturelle qui fut, Celyn ressentit, comme promis, le nœud de ses afflictions se desserrer juste assez pour laisser filtrer un rayon de lumière. Let me take it all away, darling.

Il avait voulu attendre le moment propice pour lui déclarer son amour dans les formes, en bon gentleman, détaché de tout baiser ou de toute étreinte qui aurait pu, à ses yeux comme à ceux d'Ezekiel, entraver son bon jugement – puis Caesar avait disparu dans la forêt du domaine, et la tragédie avait enfermé une fois de plus les sentiments d'amour au plus profond de Celyn, le torse submergé par une tristesse vive, suintant d'une blessure par trop fraîche. Et Celyn, en sentant les bras d'Ezekiel se refermer autour de lui pour absorber ses pleurs quelques heures après la découverte, quand bien même il avait enfreint les règles tacites de leurs rencontres, avait senti ce qu'il avait naïvement cru être la forme définitive de cet amour éclater en une onde autrement plus profonde, ébranlant son essence, au fond de son torse, un baume libérateur appliqué à même ses plaies ouvertes. Il n'existait aucune condition à cette affection qui avait ébranlé ce qu'il avait cru être ses limites naturelles, en réalité érigées par son esprit guindé, sur la défensive, rodé à la méfiance de l'autre.

Celyn relâcha son flanc pour couler une main sur son torse, ses gestes fébriles comme lorsqu'il s'agissait d'appréhender le corps chaud d'Ezekiel, un contraste brûlant avec le sien, froid et dénué de vie ; il rompit l'échange avec une caresse, son souffle mêlé au sien, rouvrit les yeux pour retrouver ses cils épais, puis son regard devenu or à la lueur des lampes de chevet. Ses doigts se replièrent contre sa poitrine, ses phalanges absorbant le tambourinement doux de son cœur sous elles ; un silence s'instaura durant lequel Celyn détailla les traits du sorcier, sa main à moitié fermée remontant le long de son cou pour se déplier, de nouveau, à l'orée de sa barbe douce, entretenue avec une perfection qu'il pouvait constater à chacune de leur rencontre. ”I love you.” Un murmure, à peine, pourtant parfaitement audible dans le silence assourdissant de la chambre. ”I have loved you for quite some time now,” ajouta-t-il de sa voix basse, sondant ses yeux des siens, nerveux, d'une part, mû par une tranquillité certaine, de l'autre ; cet amour avait évolué, au fil du temps, se muant au fil des dîners hebdomadaires, des regards, puis lorsqu'il avait retrouvé Ezekiel après sa chute, en tâtonnant dans le noir. Love changes over time, lui avait confié son père, gêné, lorsque Celyn s'était confié à lui sur cet épineux sujet. It grows, matures, turns into a deeper, stronger bond even. If you're lucky enough, that is.

Il comprenait, maintenant – trop tard, et il n'y avait personne d'autre à qui le partager qu'Ezekiel. Ce qu'il avait pris pour un désintérêt total, une absence de sentiments romantiques inhérents, au fond de lui, s'était révélé être une mécanique autrement plus complexe, qu'il avait difficilement acceptée avec la présence du sorcier – il oscillait encore, incertain de son mode de fonctionnement profond, sûr néanmoins de la nature de ce qu'il éprouvait pour lui. ”I thought I would tell you over dinner, or tea some day. I hope you don't mind.” Il caressa sa barbe du bout des doigts, de la même manière qu'il caressait son cœur du sien, son regard embrassant les pupilles brunes au-dessus des siennes. Ce n'était qu'une dernière politesse ; l'informel de cette déclaration n'avait d'égal que celui de leurs baisers et de leurs échanges à voix basse, la nuit venue, plongés tous deux au cœur de leur affection. Quel meilleur endroit pour lui avouer la sienne ?

Il n’y a rien de plus aisé que de fondre contre les lèvres de Celyn, dans ses bras, a pu découvrir Ezekiel, à sa plus grande surprise. Des années de rigueur à écarter toute forme de proximité physique qui se sont vues fondre comme neige au soleil avec un naturel saisissant, face à la chaleur insoupçonnée de celui qui partage régulièrement ses nuits désormais. Mais les faits sont là, évidents, purs, logiques, à la fois une envie du coeur et de l’esprit que de se baigner dans ce qu’il a compris être du bien-être, ses propres convictions et la connaissance profonde de sa propre personne redéfinies par de simple regards, devenus de tendres baisers à la saveur salvatrice. S’il y a bien une chose que Ezekiel abhorre (parmi tant d’autres), est qu’on lui prouve qu’il a tort, d’une manière ou d’une autre. Et si on lui avait dit que son attention, puis son affection pour Celyn prendrait un jour cette forme des plus primaires, et qu’il en tirerait un apaisement tel, il aurait certainement ri face à cette absurdité. Il n’a jamais été aussi heureux d’avoir tort.

Avec autant de douceur, Ezekiel attrape le souffle de Celyn lorsqu’il reprend ses lèvres, retrouve son regard brillant de cette lueur qu’il n’a jamais pu observer que dans des conditions précises - quand ils ne sont que tous les deux, coupés du reste du monde, et que l’ombre habituellement logée dans ses yeux se lève, ne serait-ce qu’un peu. Sa main posée dans son cou remonte à l’angle de sa mâchoire, étendant ses doigts sur sa joue en une caresse lente, attentionnée, savourant dans un même temps celle dans sa barbe, le toucher de Celyn d’une délicatesse qu’il ne saurait prendre pour acquis, tant il peut lui renverser le coeur à chaque fois. Et à nouveau, il peut constater à quel point même les silences sont confortables entre eux, une première dans son existence où les mots ont toujours eu une place prévalente, chaque instant rythmé par le son de sa propre voix, de ses rires - n’importe quoi pour combler ce qui, habituellement, le plonge dans l’inconfort. Pas d’inconfort ici, tandis qu’il plonge dans le regard de Celyn, l’ombre d’un sourire ourlant le coin de ses lèvres. ”I love you.” Le silence est rompu, et le cœur d’Ezekiel dégringole entre ses côtes sous l’impact de ces trois mots se glissant entre les lèvres de son compagnon, inattendus, le secouant bien plus qu’il ne saurait l’avouer.

Celyn a apporté un nombre certain d’évidences dans l’existence structurée, presque froide d’un Zeke déjouant tout changement, tout imprévu. Il a apporté le besoin presque vital de pouvoir retirer son masque auprès d’une personne de confiance, cette protection soudée à même son visage qu’il parvient petit à petit à décoller, non sans effort et douleur par moment. Il a apporté l’assurance qu’un brin d’humanité demeurait toujours au fond de cette forteresse fermée au reste du monde. Il a apporté l’évidence que dans le secret de son torse bat bien plus qu’un sentiment léger à son égard, un feu en réalité, à la chaleur douce, confortable, le poussant à accomplir ce qu’il jugerait chez d’autres, ce qu’il s’est amené à faire sans la moindre hésitation pour Celyn.

Ces trois mots, pourtant, n’ont rien d’évident pour Ezekiel, qui reste dans le regard de Celyn en cillant légèrement face à cette déclaration pressant lourdement son cœur contre sa cage thoracique. ”I have loved you for quite some time now.” Comme bien souvent, les paroles du sorcier semblent être portées par une assurance sans faille, et Ezekiel comprend qu’elles ne viennent pas uniquement du coeur, ni de l’instant - cette déclaration semble être le fruit d’une réflexion profonde, aboutie, une réflexion que lui n’a pas menée, réalise-t-il dans un second temps. Parce que ce qu’il éprouve pour Celyn est une évidence, qui n’a pas besoin de porter de nom, encore moins un nom qui a perdu de son sens, qui a été utilisé contre lui, déformé, étiré, jusqu’à extraire la dernière goutte d’amour qu’il était capable de donner, ou même ressentir.

Pensait-il. Jusqu’à ce que ce mot banni, love, habillé de la voix basse et tendre de l’aîné des Rosier, ne vienne caresser son cœur rafistolé maladroitement, et ne lui tire un sourire discret, ému. ”I thought I would tell you over dinner, or tea some day. I hope you don't mind”, ajoute Celyn en glissant ses doigts dans sa barbe, une douceur semblable à celle de cette déclaration impromptue, et étrangement bienvenue. Une expiration brève se fraye un chemin entre les lèvres du Santoméen, pas tant amusée par cette précision qui a parfaitement sa place dans leur monde fait de conventions, que émue par l’envie de son compagnon de lui faire savoir la nature exacte de ses sentiments, une autre preuve de leur complicité au-delà de la matérialité de leurs deux corps. ”Now is just perfect”, souffle Ezekiel tout bas, une lueur affectueuse brillant dans son regard tandis qu’il glisse sa main dans les cheveux de Celyn, en une caresse légère accompagnant le son de sa voix.

Peut-être s’agit-il d’une autre de ces évidences qu’il ne vit qu’avec lui, que de se réapproprier ce concept qu’il pensait être pour les autres, ceux assez naïfs pour se laisser prendre par leurs émotions plutôt que de leurs raisons. Force est de constater que cela fait longtemps que son coeur et son esprit sont en accord sur ce point, et le nier, quand il se sent fondre dans les pupilles brunes du sorcier, son souffle mêlé au sien, serait une entorse à leur promesse. No need to pretend. ”I never thought about telling you before, for I believed it’s always been pretty obvious I’ve been in love with you for quite some time myself.” Le mot lui brûlerait presque les lèvres, mais allège son coeur d’une façon qu’il ne croirait réelle s’il n’était pas en train de le vivre en cet instant où il s’abandonne définitivement à leur amour. Et il n’y a rien en lui, des restes de cette rancoeur, de ce dégoût presque qu’il a longtemps éprouvé envers cet abandon sentimental - bien au contraire, Ezekiel ne s’est jamais senti aussi aligné avec ce qu’il ressent, embrassant la vulnérabilité dont il sait faire preuve dans le regard de Celyn. ”Truth is, this word had lost its meaning for me a long time ago, and I hardly believed in it at all. But I had to lay my eyes on you, for it to make perfect sense, to feel just right”, poursuit-il tout en étendant ses doigts sur le crâne de son partenaire, sa voix un murmure pour eux deux seulement alors qu’il lui livre les faits, bruts, néanmoins empreints de cette affection dont il brûle pour lui.

En réalité, Ezekiel a accepté cet amour le jour où ses doigts se sont refermés sur ceux de Celyn pour ne pas le laisser tomber dans le gouffre menaçant son être, dans la bibliothèque de Benjamin. Et depuis, il a été incapable de le laisser glisser - et à ce jour, il en serait toujours bien incapable. ”I love you, Celyn, and I always will.” Et il en serait incapable par la suite. There’s no going back. Et c’est avec la même fébrilité, la même émotion, qu’il courbe la nuque pour revenir chasser ses lèvres des siennes, avec la même tendresse caractérisant chacun de leurs échanges, comme scellant définitivement leur amour sur le plan physique également.

tw: angst

”Now is just perfect.” Celyn détailla l'onde du regard d'Ezekiel rivé dans le sien, loin de l'embarras qu'il s'était apprêté à lire suite à sa déclaration impromptue (en apparence, tout du moins – les mots roulaient dans son torse depuis déjà longtemps, ressassés en lui au plus profond de sa solitude). Les doigts de Celyn pressèrent légèrement la peau chaude de sa nuque au passage de ceux d'Ezekiel dans ses cheveux, faisant battre son cœur d'un rythme à peine plus soutenu que le faible battement qu'on percevait à peine, même à cette distance, entre ses côtes.

Il avait su, quelque part, qu'Ezekiel n'en serait pas effrayé ; dans ses regards, dans ses rires, dans le ton de sa voix où filtrait une chaleur éclatant en des ondes douces à même son propre torse. Ezekiel savait qu'il l'aimait depuis déjà quelques temps, et la réalisation d'avoir été percé à jour avec une douceur aimante le plongea dans une gêne plus profonde encore que celle d'essuyer un rejet. ”I never thought about telling you before, for I believed it’s always been pretty obvious I’ve been in love with you for quite some time myself.”

Le cœur de Celyn chuta dans son torse, une dégringolade vertigineuse qui stoppa en rebondissant contre une douceur cotonneuse au fond de son ventre, creusé en un réceptacle sous le souffle retenu sous le choc. Il ne pouvait pas prétendre l'avoir ignoré, ni en avoir été pleinement certain, perdu dans ce brouillard obscurcissant sa vision et émoussant ses instincts sociaux, ainsi que sa logique, affûtés – comment un homme comme Ezekiel Zabini pouvait aimer une ombre telle que lui ?

Parce qu'il l'avait vu, avant sa chute, connaissait l'autre face de ce Celyn ombrageux, traînant un boulet invisible à ses chevilles – c'était là la seule réponse qui justifiait pareil attachement, dans leur monde où les faiblesses ne pouvaient se faire de place sans bonnes raisons. ”Truth is, this word had lost its meaning for me a long time ago, and I hardly believed in it at all. But I had to lay my eyes on you, for it to make perfect sense, to feel just right.” Il avait ainsi déjà aimé ; une confirmation de plus, un indice égrainé à la faveur de la vulnérabilité douce de cette confession, qui coulait désormais en une pression tangible, un massage tendre, à la racine de ses cheveux. ”You weren't so keen on me, that very first time,” souffla Celyn en une dernière barrière contre la fébrilité qui s'emparait de lui face à cette vérité cherchant à s'inviter sous sa peau, ainsi portée par la voix basse d'Ezekiel. Ils savaient tous deux quels avaient été les véritables enjeux, lors de leurs premières rencontres, bien loin de ces murmures échangés au cœur de la chambre d'Ezekiel. ”I love you, Celyn, and I always will.”

Une pointe douloureuse lui traversa le torse, un bonheur si fort qu'il ne pouvait que faire souffrir son cœur tiède, battant faiblement entre ses côtes. How can you be so sure? interrogea-t-il de son regard sondant le sien, rendu muet à la fois par la beauté de l'instant et la douleur vive de ces émotions trop tendres après la morsure de la nuit. Rien ne durait jamais éternellement, quand bien même dans les bras d'Ezekiel semblait se trouver le début de cette éternité promise, entraperçue entre deux souffles, deux baisers, sa peau embrassant la sienne figeant le temps, l'espace, ancrant en eux les sentiments berçant leurs deux cœurs épris.

Celyn laissa perdre ses doutes dans l'onde chaude de ses lèvres contre les siennes, fermant les yeux pour savourer l'amour tangible de ces baisers, vivant, organique, trop à son goût de mort enterré avant même sa fin. I love you, Celyn, and I always will. Les doigts de Celyn s'enroulèrent dans ses cheveux, glissant son autre main sur sa hanche en une caresse fébrile sous la soie de sa robe de chambre, un bruissement doux oscillant entre tissu et peau, doigts et paume s'étendant à la surface de cette dernière, à la recherche de cette chaleur vitale qui lui avait toujours fait cruellement défaut. ”Love me.” Son murmure se perdit contre ses lèvres, un souffle remontant depuis les profondeurs de son essence, l'ébranlant jusqu'à l'os, éclatant jusque dans son regard lorsqu'il rouvrit les yeux pour retrouver les siens devant le brusque silence retombé à cette demande fébrile.

Ils s'aimaient, de fait, déjà depuis de longues semaines, leurs lèvres scellées à en perdre le souffle, leurs corps se trouvant par intermittence à travers les pans de leurs vêtements ouverts – toujours le torse, leurs jambes toujours couvertes, loin des caresses qui renversaient l'esprit rigide de Celyn, écrasé par le poids d'années à ne se trouver pour autrui aucune attirance physique. Mais tout avait été chamboulé, contre Zeke, jusqu'à l'indécrottable certitude qu'il ne souhaitait jamais toucher un autre corps, quand le sien peinait à trouver grâce à ses propres yeux. ”Love me, Zeke.” Ses doigts coulèrent dans son cou pour s'étendre, avec lenteur, sous le col brodé de son vêtement, sa voix tout juste plus assurée, en dépit de la nervosité mordant cette requête inédite, terriblement explicite dans leur langage de convenance.