Le visage d'Otto se fendit en un sourire qui n'atteignait pas ses yeux sombres : un trait tiré sur ses lèvres fines en une menace doublée par le début de cette danse - un pas en avant, ne laissant pas d'autre choix à Felix que de reculer avec maladresse devant cette force brute traçant une ligne droite, renversant ses obstacles, ignorant l'étau de ses doigts refermé sur sa gorge. Fuck."Oh but I am sorry Felix." La voix d'Otto lui vibra dans la paume, se répercutant en un choc électrique à l'intérieur de son corps - un écho furieux, sous ses airs tranquilles, un danger grondant que Felix, ses yeux rivés dans les siens, décryptait sans mal. "I am sorry you think my life revolves around fucking you. I’m sorry you can’t see further than the tip of your nose, that there are things far more important than this." Le coeur de Felix dégringola douloureusement dans son torse, un choc doublé par le mur dans son dos - my life doesn't revolve around you, entendit l'ouïe déformée par la rage triste de Felix, tombant à peu de choses près, à un minuscule mot qui faisait toute la différence et qui sur ce ton condescendant (il détestait quand Otto le traitait comme un gosse à punir) disparaissait brutalement. Ce n'était pas les excuses qu'il attendait (qu'il méritait, après cet abandon pur et simple), pas ces putain d'excuses sardoniques, merde. "Fuck, someone's getting impatient", souffla-t-il en serrant les mâchoires en goûtant à sa propre amertume, la pression de son corps contre le sien, déclenchant des frémissements violents le long de son échine d'animal pris au piège.

C'était ce qu'il lui avait demandé, pourtant ; et Otto répondait à la fois à sa requête tout en l'écrasant de son regard rivé dans le sien, son coeur battant lourdement contre son torse, assourdissant jusqu'aux battements du sien. "And I am sorry you’re in that state because of me. There’s nothing I enjoy about this despair of yours. Nothing Felix." Felix eut un rire sans joie, éclatant dans l'air sur une note déplaisante, contrastant avec les intonations basses de Fitzroy - les derniers sursauts de son désespoir (Otto le voyait, enfin), les dernières tentatives d'exacerber l'agacement latent de son opposant, acculé contre les rebords d'une fenêtre lui cisaillant les omoplates. "Despair? That's some upgrade from a mere crisis." Ses doigts s'étaient enroulés autour du col d'Otto ; sa respiration était lourde, bloquée par la pression du torse d'Otto contre le sien. "That’s why I’m here. And as I said, I should have come earlier, I can see that now." Il y eut une caresse, sur son flanc ; un changement imperceptible renversant pourtant le coeur de Felix, qui connaissait les inflexions de voix, les nuances des gestes d'Otto autant de notes familière dans cette mélodie qu'il avait apprise avec le temps. "I am sorry I didn’t." Les doigts d'Otto s'enroulèrent autour de sa gorge en une prise légère, la serrant de cette émotion vive au ton de voix sincère et du regard balayant ses traits, ses propres yeux dénués de leur froideur habituelle, du Mangemort.

Fuck - il n'aurait pas pu commencer par ces foutues excuses ?

"You don't look so much different from the first time I kissed you", Felix avait froncé les sourcils en inclinant la tête, autant que lui permettait la prise sur sa mâchoire, faisant l'inventaire des traits d'Otto sous son regard clair, le ton faussement calme, grondant encore de révolte, "same sparkles in your eyes, same grasp, same ice-cold look on your face", il retrouva ses yeux, et s'y perdit une seconde, le ton de sa voix chutant drastiquement des hauteurs agressives jusqu'alors, "but it's only on the outside: you're not the same man at all, with me, for old Otto would have never said sorry so easily." Et un sourire fendit ses lèvres, presque douloureux de par sa nature légère au milieu du tumulte intérieur qui l'agitait : à moitié moqueur, et à moitié soulagé d'avoir obtenu un sorry sans aspérité froide lui glaçant le corps, plissant ses yeux dénués d'étincelle. "Don't ever do this again." Il referma ses doigts fébriles, agrippant encore faiblement la Red Cat, sur sa nuque solide, pressant sa peau de sa paume tremblante, ses yeux valsant dans les siens, une pupille après l'autre. "Fuck, I missed you." Et après une seconde, un cillement écourté par l'empressement qui le saisissait, il vint saisir ses lèvres avec la même impatience, la même envie, la même imprudence qu'au premier jour : à l'exception que cette fois, son coeur perclus d'épines, poisseux de tristesse, explosa en une vague de chaleur au contact retrouvé, tant attendu, de son amant, sous un soupir fébrile.

tw:explicit content

Sous sa paume étendue sur la gorge offerte du Mangemort, Otto peut ressentir les battements rapides de son coeur ; il y sent sa vitalité et ces émotions vives, ce feu dont il manque cruellement et dont il se nourrit par le biais de ce contact, et celui du regard de Felix dans le sien. Définitivement, rares sont les tableaux aussi fascinants que celui de son amant consumé par l’incendie qui menace constamment de ravager tout ce qui se trouve sur son passage - et ce en dépit de la tristesse inédite qui s’y mêle. ”You don't look so much different from the first time I kissed you.” Les doigts d’Otto suivent naturellement le mouvement de la mâchoire qu’ils enserrent sans chercher à la maintenir en place (la prise est factice, un simple écran de fumée pour appuyer ses paroles, et Felix n’est certainement pas sans le savoir), tandis que le souvenir encore vif de ce premier baiser s’avance au devant de son esprit après avoir été invoqué. L’alchimiste n’y reviendrait pour rien au monde, aussi grisante puisse toujours être l’image de son “binôme” de l’époque se jetant sur ses lèvres avec impatience ; rien ne le ferait retourner à un temps où cette simple et primaire attraction ne s’était pas encore cristallisée en un amour éternel. ”Same sparkles in your eyes, same grasp, same ice-cold look on your face, but it's only on the outside: you're not the same man at all, with me, for old Otto would have never said sorry so easily.” Car là est toute la différence : Felix a fait fondre une partie de cette glace qui entoure Otto, l’a sculptée à force de temps et de passion en une forme que lui-même ignorait pouvoir revêtir. Il ne se serait jamais excusé, auparavant, pour quelque chose qu’il ne comprend qu’à moitié, c’est certain ; mais il s’agit d’une époque révolue, où son cœur, aussi atrophié soit-il, ne réclamait pas avec autant d’ardeur celui de Felix.

Les pupilles brunes du sorcier se baissent sur le sourire presque crispé sous ses yeux, détaillant méticuleusement sa nature et son tracé droit sur le visage de Felix. Il en connaît toutes les nuances, depuis le temps, mais celle-ci est encore différente - triste, provocatrice, soulagée. ”Don't ever do this again.” Otto remonte ses yeux dans les siens à ce ton sans appel, ferme mais autrement plus intime et bas que la colère qui y vibrait il y a quelques secondes à peine. Et il se garde de répondre un instant, incapable de formuler cette promesse qu’il n’est pas certain de se voir tenir - l’éternité est pleine de surprises, et si l’idée de provoquer à nouveau le désespoir de Felix est insupportable sur l’instant, l’esprit logique d’Otto lui rappelle que bien des choses peuvent échapper à sa volonté. ”I’ll try not to”, répond-il de cette voix naturellement froide, teintée d’une chaleur légère qu’il réserve uniquement à Felix ; c’est tout ce qu’il est capable de promettre, un maybe sincère, qu’il s’efforcera de maintenir en un I won’t aussi longtemps que possible.

A la prise fébrile sur sa nuque, le visage du Mangemort, se laissant entraîner volontairement, se rapproche de celui de son confrère, son regard stable dans celui agité de Felix, sans le relâcher pour autant, au contraire, ses doigts s’enfonçant à peine plus dans l’os de sa mâchoire sous l’émotion que diffuse dans ses veines ce ”Fuck, I missed you.” Et c’est seulement à ce moment précis que les traits d’Otto se détendent, presque de manière imperceptible, le coin de ses lèvres se soulevant en un sourire lui aussi terriblement discret. So did I, lui répond-il seulement de ses yeux plantés dans les siens - les mots ne sont pas nécessaires, quand il laisse Felix venir cueillir ses lèvres, et qu’il vient dans un même temps chasser les siennes avec un brin d’impatience et de satisfaction, son corps se pressant d’autant plus contre le sien à cette vague de soulagement qui, bien malgré lui, se diffuse dans son torse en aspirant le soupir de son amant. So did I, se répète Otto pour lui-même, face à ce que ce simple baiser, et la fébrilité de Felix contre sa bouche, sont capables de faire grimper en lui, une fièvre qu’il n’est capable de contenir qu’en allant chercher un peu plus son contact, sa main relâchant sa prise pour glisser en chemin inverse le long de son flanc, agrippant ses côtes au passage.

Jamais l'alchimiste n’a su caresser avec une réelle chaleur ; pourtant, jamais ses gestes n'ont été aussi brûlants, aussi tendres qu’avec Felix. Si ses doigts chercheraient presque à l’écorcher à travers ses vêtements sur leur passage, si sa main se précipite sans réelle douceur entre ses jambes pour y frotter sa paume, c’est loin d’être par manque de chaleur, ou de passion, bien au contraire. ”I did miss you,”, souffle Otto contre ses lèvres en rouvrant les yeux, attrapant ce qu’il peut de son visage à cette distance réduite, les soupirs de Felix contre ses traits et ses doigts s’agrippant à lui une retrouvaille de plus qui l’emplit de cette exultation, cette impression d’être plus vivant que jamais. Sa main gauche rejoint la première entre ses jambes, glissant à l’intérieur de sa cuisse jusqu’à la boucle de sa ceinture pour la faire sauter rapidement, précédant l’ouverture des boutons de son pantalon. Il ne prend pas la peine de baisser ses vêtements sur ses hanches, préférant plutôt plonger brièvement l’une de ses mains dans son caleçon pour l’en dégager et le révéler entièrement, l’autre remontant et empoignant doucement sa nuque. ”And Merlin did I miss feeling you shiver when I touch you.” Et se voir prouver, une fois de plus, que Felix n’est pas toujours le plus impatient - difficile de soutenir un tel mensonge, quand des frissons cavalent déjà le long de son échine en caressant simplement son amant.

tw: explicit content, explicit language  

I’ll try not to. C'était assez : assez pour lui pardonner son absence, venir saisir ses lèvres avec une impatience presque virulente, témoignant de la solitude vive qui avait lacéré son cœur agité – assez sincère, assez honnête, une preuve qu'Otto semblait avoir compris le grand malheur qu'il avait provoqué (à défaut de comprendre comment exactement, ou même pourquoi Felix avait été blessé – peu importait tant qu'Otto avait saisi qu'il avait commis une faute d'envergure).

Le cœur de Felix se délia en retrouvant la chaleur de ses lèvres et de sa langue, comme prévu, comme toujours ; il retrouva le souffle, sa gorge libérée par les doigts brûlants de son amant, avec une délectation loin d'égaler celle de le sentir lui répondre, le saisir, à la bouche comme aux côtes, pressant son corps contre le sien avec une impatience que Felix connaissait dans les moindres détails. Chaque geste, chaque souffle, chaque battement marqué de son cœur contre le sien – dans les moindres détails, jusqu'à la rudesse de la caresse coulant entre ses jambes, lui arrachant un soupir audible contre ses lèvres. Ses doigts s'agrippèrent à la naissance de ses cheveux courts, relâchant la Red Cat reléguée au second plan de l'intérêt du Mangemort, son souffle saccadé sous la brûlure entre ses jambes.

C'était tout ce qu'il avait voulu, depuis ces semaines, désiré du plus profond de la tristesse rampante qui l'avait prise : qu'Otto le caresse, l'aime, pose sur lui son regard froid où brillait, discrètement, comme un secret réservé à lui seul, un éclat tendre. ”I did miss you.” Felix battit vivement des cils en retrouvant l'étincelle espérée dans les yeux d'Otto – plus vive encore que ce qu'il espérait y lire. Un gémissement bas roula d'entre ses lèvres, pris par cette déclaration brusque, cette caresse avide entre ses jambes. ”Of course you did”, s'étrangla-t-il dans un soupir audible, l'amour brûlant qu'il lui portait s'engouffrant dans la paume d'Otto agrippant sa nuque avec une douceur contrastant avec leur étreinte, entre les doigts se refermant sur lui en un souffle incandescent. ”And Merlin did I miss feeling you shiver when I touch you.” ”Fuck me”, répondit-il d'une voix rauque, un éclat d'ivresse dans son regard rivé dans le sien, soutenant l'onde noire de ses pupilles contre les siennes, ”and no bloody play.” C'était un avertissement sérieux, l'impertinence, elle, réservée à la persistance de son regard dans le sien – il en avait assez soupé pour subir la torture des mains de Fitzroy sur lui, si ce dernier pouvait seulement endurer de le travailler après leur douloureuse séparation. Il lui avait manqué après tout ; au milieu des soupirs et des vertiges lui remontant jusqu'au crâne, Felix avait gravé à jamais cette occurrence rarissime, une énième preuve que malgré tout, Otto lui reviendrait toujours.

Il referma ses doigts sur son col et pressa son corps solide du sien, manquant de le heurter pour mieux leur donner l'impulsion inverse à la grande carcasse d'Otto, revenant chercher sa bouche avec la même avidité fiévreuse. Ses mains vinrent saisirent les pans de sa veste de croque-mort, la repoussant de moitié, l'arrachant de l'autre, les entraînant sur le chemin inverse en un zigzag chaotique. ”Don't stop”, siffla-t-il en sentant sa main manquer de quitter son entrejambe, la retenant brusquement de la sienne, ”don't ever fucking stop.” Et de laisser pendre la veste aux poignets d'Otto, revenant à l'assaut de sa ceinture dans une danse désordonnée les menant, après un virage manquant de les faire basculer sur le canapé encombré, à la chambre où Felix ne dormait plus depuis de nombreux jours.

tw:explicit content and language

I did miss you. L’évidence se glisse dans chaque geste d’Otto, brûle ses doigts et ses lèvres, picore sa peau alors qu’il se retrouve enfin contre son amant, à se nourrir de son souffle et de la lueur explosive dans son regard, de sa fièvre contrastant avec la froideur avec laquelle il pose ses mains sur lui. Ce qui a pu être un passe-temps n’est autre qu’un besoin désormais, et si l’alchimiste montre une fâcheuse tendance à s’oublier et oublier le reste du monde quand il se perd dans son travail, l’évidence lui est rappelée à chaque fois que les doigts de Felix s’accrochent à lui et qu’il sent poindre en lui un feu dont il ignorait l’existence même des braises avant de croiser la route du sorcier. Il s’en rappelle pleinement, alors qu’il peut sentir la preuve irréfutable de son désir à même sa paume, à même le gémissement éloquent de son partenaire. ”Fuck me.” Un long frisson cavale le long de son échine, à ces deux simples mots qu’il a entendu à de bien nombreuses reprises, qui ne manquent pourtant jamais de laisser l’ivresse de Felix le contaminer, comme une fièvre par trop contagieuse, entêtante, face à laquelle il se retrouve impuissant. Otto ne désire rien de plus, jamais, que de le voir se montrer aussi vulnérable qu’impertinent, que de l’entendre le réclamer avec cette avidité qui le caractérise si bien. You’re too needy, a-t-il l’audace de lui abattre par moment, quand il tire une force et un amour sensibles de ce besoin de lui, de son corps et de sa personne, qu’il a découvert au fil du temps chez le sorcier. ”And no bloody play.” L’injonction manquerait presque de lui tirer un sourire, s’il n’était pas trop empêtré déjà dans les affres de cette passion mordant son esprit. L’heure n’est pas au jeu ; Otto a l’éternité pour travailler le corps de Felix comme il l’entend, pour s’amuser à redresser son insolence naturelle, pour le voir perdre la tête sous ses mains et face aux lentes tortures qu’ils savent s’imposer. ”No bloody play, no”, souffle-t-il sur la même fréquence basse, reprenant ses mots en une promesse qu’il scelle, trahissant sans mal l’impatience brûlant sa chair que de retrouver son amant sans détours, sans chercher à renier sa requête pour mieux y accéder par la suite.

Otto ne voit pas de suite ; il ne voit que l’instant présent et cette envie qui les étouffe tous deux, alors qu’il retrouve les lèvres de Felix pour mieux y perdre le souffle et se laisser entraîner en arrière sans même prêter attention aux mains le déshabillant avec empressement. Son corps agit par pur automatisme, et il n’ouvre de nouveau les yeux qu’en sentant les doigts du Mangemort presser les siens sur son entrejambe. ”Don't stop, don't ever fucking stop.” Pour toute réponse, Otto resserre l’étau de sa main sur lui pour mieux l’entourer et le caresser avec cette rudesse pourtant tendre. ”Don’t make me.” Un simple rappel, où cette fois parvient à se glisser un rictus proche du sourire, un simple avertissement que même son impatience a ses limites - et Merlin sait que Felix sait trouver avec aisance ses limites. Un avertissement empli d’amour et de cette complicité forte de ces années aux côtés l’un de l’autre.

Même sa veste pendant de manière désordonnée à ses poignets ne lui semble être de la moindre importance, autant que la chambre dans laquelle il pénètre, à laquelle Otto ne prête pas le moindre regard. Plutôt, il se laisse gagner par le frémissement violent qui le prend lorsque sa ceinture cède sous les doigts de son amant, et qu’il sent ses jambes buter contre le lit dans son dos. Il n’attend pas plus pour le relâcher, n’en déplaise à Felix, et saisir le pantalon de ce dernier pour le faire glisser sans réelle chaleur pour le faire glisser le long de ses jambes, tandis que le sien connaît le même sort sans plus de cérémonie. Ses mains accrochent le bas de son t-shirt pour le passer au-dessus de sa tête et le déshabiller entièrement, avant de se saisir de ses hanches et d’inverser leurs positions pour le repousser d’une main sur l’épaule, sans violence aucune, mais sans chercher à dissimuler sa fièvre pour autant. Le regard noir de désir du Mangemort détaille le corps nu de Felix, enfin offert à ses pupilles, retrace un instant tous ces détails dont il a une connaissance parfaite (il n’a jamais pu résister à la vue de l’étendue de sa peau, particulièrement sous cet angle), tandis qu’il fait enfin tomber sa veste au sol en gesticulant pour se débarrasser dans un même temps de son pantalon et de ses chaussures. Sa chemise rejoint le reste de ses vêtements jonchant négligemment le vieux parquet de la chambre, et il ne suffit que d’une seconde supplémentaire pour que sa peau vienne embrasser pleinement la sienne dans un soupir brûlant d’amour.

Otto embrasse Felix comme s’il avait oublié le goût de ses lèvres, pourtant gravé à jamais en lui, les mordillant par moment pour mieux redécouvrir leurs contours. Il enfonce ses doigts dans sa peau, à l’intérieur de ses cuisses, pressant son corps contre le sien, l'épousant parfaitement. Fuck me. Et il lui fait l’amour avec la même avidité, trouvant sa chaleur entre ses jambes sans plus de préambules ni beaucoup plus de préparation. I guess a month with no fucking is a long time, even for someone like you. Peut-être Felix n’avait pas entièrement tort, alors qu’Otto se laisse consumer par tout le plaisir qu’il peut trouver en se mouvant ainsi sur lui ; celui de son regard embué dans le sien, des râles de son amant et des rougeurs apparaissant sur son visage, dans son cou, de ses ongles griffant sa peau à mesure qu’ils perdent pied. Celui, simple, de pouvoir baiser Felix et d’aller chercher son propre plaisir en lui, en l’accompagnant jusqu’au bout, autant que Felix peut l’accompagner.

Une pellicule de sueur recouvre sa peau, quand il se retire d’entre ses jambes, sa respiration rauque en se laissant retomber sur le dos, les yeux clos et le visage habité par une expression de béatitude pure, une expression qu’il ne revêt jamais que dans les bras du sorcier. Il peut sentir la tête de ce dernier s’échouer sur le haut de son torse, et naturellement Otto referme son bras autour de lui, plonge ses doigts dans ses cheveux légèrement humides, et cherche à récupérer son souffle avec l’impression que tout est à sa place, désormais. Il sait que ce n’est pas le cas, pas exactement, et qu’ils ne pourront se satisfaire de cette unique partie de jambes en l’air et prétendre qu’ils n’ont pas une nouvelle page à écrire, construire ensemble, main dans la main. Mais pour le moment, l’esprit mordu de plaisir d’Otto ne voit pas plus loin que la chaleur de Felix recouvrant son corps, et ce silence apaisant qui, il le sait, ne durera pas longtemps.

tw: explicit content

I missed you. Cette déclaration avait été terriblement en-deçà de la vérité.

Otto lui avait manqué à en mourir, son absence une plaie douloureuse, sensible au toucher, une griffure profonde lui lacérant les côtes - enfin, après des semaines d'étincelles mouillées crépitant douloureusement contre son cœur éteint, peinant à s'embraser pour alimenter son envie de vivre, Otto se retrouva en lui et la brûlure le consuma entièrement, jusqu'à la moindre miette, dans une plainte essoufflée oscillant entre douleur et amour. Il ne se sentait jamais aussi complet, aussi vivant, aussi conscient de son être que contre sa peau humide, sous ses hanches dures venant abruptement chercher les siennes, ses râles roulant le long de sa gorge pour se mêler au sien, ses doigts s'enfonçant dans sa chair, tirant sur ses cheveux courts, ses pupilles noires et graves s'embrasant d'un incendie que Felix n'avait jamais constaté que lorsqu'il se retrouvait dans ses bras.
Sans l'autre, ils n'étaient rien – d'une façon différente, inégale, un constat brut qui le saisit avec force au cœur de la jouissance, enserrant son cœur d'un étau libérateur, sortant de lui tous les maux, toutes les ombres qui l'avaient rongé en silence jusqu'alors. Because you need me.

Son souffle erratique raclait douloureusement ses poumons, sa respiration sifflante sous les battements frénétiques de son cœur tandis qu'Otto se retirait – autant de sensations familières qui devenaient le carburant des flammes douces qui brûlaient désormais dans son torse. Felix passa une main sur son front pour le dégager de ses cheveux humides, son regard rivé sur l'amour tangible qui semblait flotter dans l'air rance de sa chambre. Son corps vidé de son mal-être était un poids mort, et seul le haut son buste et sa tête se mouvèrent et parvinrent à trouver la chaleur d'Otto, ses yeux se fermant aux doigts s'enroulant dans ses cheveux.
Fuck me. I love you. Don't make me [stop]. Are you the newbie? Take a deep breath. I will see you. Les voix dénuées de timbres s'enroulèrent dans son crâne en un désordre magique, un enchaînement de bonheurs vécus, des volutes souples entraînant jusqu'aux écueils pour les transformer en délices apaisant corps et esprit après l'amour. Après l'amour. Felix eut un lent frisson de délectation à l'idée qu'il avait enfin, et pour de bon, retrouvé Otto.

Après un long instant de silence témoignant de l'inédit de la situation, ses lèvres se descellèrent paresseusement pour laisser entendre un faible souffle :”There should be fags lying around... Can you give me one...” Sa main glissa fébrilement sur son ventre, une caresse du bout des doigts avant qu'il ne plie le coude. Il laissa aller le dos de sa main contre le large torse d'Otto pour accompagner sa demande, et tourna la tête en ouvrant cette fois lentement ses paupières, ses yeux accrochant en premier en un doux rappel la peau moite de son amant, probablement encore salée au goût, avant que son regard ne remonte le long de sa gorge, puis le long de ses traits, détaillant l'ourlet sec de ses lèvres et l'arête de son nez. ”Now this would have anyone come to their senses, to say the least...” Ses phalanges se replièrent contre la mâchoire de Fitzroy, côté invisible, pour mieux se déplier de moitié en une caresse aveugle et douce sur le bas de sa joue. Il pouvait sentir autant qu'entendre sa peau sous le bout de ses doigts et l'angle généreux de sa paume. ”You do need me after all...” murmura-t-il en un simple constat, retrouvant le détail de ses cils de ses pupilles incisives, le poids sur son torse achevant de se dissiper sur ces simples mots.

C’est dans de tels silences, qu’Otto peut pleinement embrasser l’importance de l’amour qu’il peut porter à Felix ; son souffle rapide, sa peau moite épousant la sienne, l’odeur particulière de son corps après l’amour, autant de détails qui savent l’apaiser et l’enjoignent à faire quelque chose d’aussi trivial que de profiter. Le silence est d’or, et il l’est d’autant plus avec Felix qu’il est rare - suffisamment pour être révélateur d’instants particulier, comme peuvent l’être ces retrouvailles. I did miss you. Cette affirmation prend tout son sens (quand bien même le temps n’est qu’une unité sans réelle importance aux yeux d’Otto, aime-t-il répéter) quand tous ses muscles sont mordus par la chaleur de son amant, ces derniers y étant terriblement réceptifs, sensiblement plus qu’à l’accoutumée - parce que Felix lui a manqué. ”There should be fags lying around... Can you give me one...” Les sourcils de l’alchimiste se froncent de manière presque imperceptible face au silence rompu, même si c’est pour se remplir de la voix fébrile de son partenaire. Il garde les yeux clos, sans bouger d’un pouce, ignorant parfaitement sa requête, et savoure plutôt la caresse légère sur la peau sensible de son torse parcouru de frissons délicieux. Il faudrait avoir perdu la raison, pour décider de bouger et rompre la fine pellicule de bien-être qui semble recouvrir son corps - et aux dernières nouvelles, Otto est parfaitement sain d’esprit.

Pourtant, Felix parvient à éveiller ses muscles, ceux de son visage qui s’étirent légèrement en un sourire en coin, tout juste visible, en entendant de nouveau sa voix. ”Now this would have anyone come to their senses, to say the least...” Otto se résout à ouvrir lentement les yeux et tourner tout juste ce qu’il faut la tête pour pouvoir lui jeter un coup d’oeil, et détailler la lueur logée au fond de ses pupilles, vive et vivantes à la fois, bien éloignée du feu courroucé qu’il lui a offert un peu plus tôt. Il aimerait pouvoir dire qu’il s’est fait à l’humour aux tendances graveleuses de Felix, mais vérité est bien moins reluisante : bien malgré lui, le sorcier l’a toujours fait rire, et à la lumière de cette étreinte voluptueuse et amoureuse, il ne saurait le dissimuler. ”Well, I’m glad, I’ll save my breath next time”, souffle-t-il en conservant cette ombre de sourire avant de fermer de nouveau les yeux, le crâne résolument enfoncé dans l’oreiller alors qu’il caresse la peau humide de son dos.

”You do need me after all...” Évidemment, que Felix pousse encore un peu plus ; l’inverse l’aurait sincèrement étonné, et l’aurait même sûrement fait douter de son identité. C’est cette fois un soupir qui s’échappe d’entre ses lèvres, sans la moindre animosité, où transpire cette affection évidente qu’il lui porte. ”Of course I need you.” Il n’a pas besoin de réfléchir une seconde de plus pour lui répondre cette évidence. Le besoin qu’ils ont l’un pour l’autre s’exprime de manière différente, cela aussi est une évidence, qu’il ne prend pas la peine de souligner. Ses yeux s’ouvrent de nouveau, effleurent brièvement les traits encore rougis de Felix avec une certaine attention, avant de se tourner vers la table de nuit presque à regret. Il reprend son bras alors posé sur le corps de son amant, pour le tendre et attraper mollement le paquet de cigarettes, ainsi que le briquet sorcier négligemment posé à côté, avant de reposer le tout sur son propre torse, devant le regard de Felix. Sa manie de fumer après l’amour lui a toujours été profondément désagréable (comme celle de fumer tout court, à vrai dire). Mais Otto a presque envie de sentir cette odeur déplaisante, sur l’instant ; elle fait partie de leur intimité, complète le tableau de leurs retrouvailles.

Après cet ultime effort, le Mangemort s’enfonce de nouveau dans le matelas, et ses paupières se referment. ”We talked about it numerous times already. You’re my person, I’ll always need you, and I’ll always make sure we find each other”, affirme-t-il après s’être éclairci la gorge, sur ce même ton logique et rationnel. Que Felix ait besoin de l’entendre lui exprimer (ou de l’exprimer lui-même) a toujours été l’objet d’une certaine incompréhension pour Otto - cela aussi, il s’y est habitué, sans réellement s’y plier. Combien de fois aura-t-il besoin de lui dire qu’il l’aime, pour qu’il le comprenne ? ”I’m baffled at how quick you are to forget I don’t love lightly.” Et Felix, tout particulièrement. ”You’re the one calling me passionate, you should know.” Et toujours, ce sourire léger ourlant le coin de ses lèvres, sans même en avoir conscience.

”Of course I need you.” Felix suivit les mouvements d'Otto du regard, en silence, serrant contre lui l'expression évidente de son amour – c'était là tout ce que ce besoin impliquait, et tout ce qui alimentait le feu retrouvé au fond de son torse. Otto détestait l'odeur de ses cigarettes (et qu'importait la marque, Felix avait toujours constaté l'équivalent d'une grimace sur ses traits froids à chaque fois qu'il s'en grillait une en sa présence) et n'accédait à ses requêtes que s'il les jugeait utiles, voire capitales ; le voir déposer le paquet de Red Cat et son briquet lui donnait l'envie de le couvrir d'une nouvelle série de baisers ardents, qui se traduisit par un regard insistant qu'Otto aurait presque pu sentir, de par son intensité, plutôt que de voir.

Felix se saisit du paquet, enroula ses doigts un instant dans les draps poussiéreux pour les débarrasser pleinement de leur poisse, et prit le briquet pour compléter son attirail tandis que résonnait la voix grave d'Otto, bercée par une lenteur qui témoignait à la fois de sa personnalité lente et (trop) posée, et du bien-être roulant sous sa peau après l'amour. Voir et entendre Fitzroy se détendre ainsi le rassurait sur le fait qu'il était, après tout, bel et bien humain. ”We talked about it numerous times already. You’re my person, I’ll always need you, and I’ll always make sure we find each other.”, ”I guess I should expect unexpected delays on your way to me, then”, répondit Felix en interrompant brièvement son geste, à la fois incapable de retenir sa langue après des semaines d'un silence de mort et enserrant contre son cœur le fait qu'il était l'unique, pour lui, reprenant pour glisser sa cigarette entre ses lèvres.

Le tabac épicé roula avec délice le long de sa langue, grattant le haut de ses poumons en une irritation douce, familière, venant compléter le tableau et permettre à Felix de se laisser pleinement aller à la chaleur d'Otto. ”I’m baffled at how quick you are to forget I don’t love lightly.” Avec un fin sourire, Felix relâcha le briquet et le paquet sur le matelas et enroula ses doigts autour du poignet d'Otto pour l'attirer sur son propre corps, dégageant son ventre souillé de son autre main pour y placer le bras de Fitzroy et s'enrouler parfaitement de lui. ”You’re the one calling me passionate, you should know.”

Une teinte d'amusement se mêla à son expiration, les volutes de sa Red Cat crépitant légèrement dans l'air. ”You know me, I'm an forgetful idiot, unable to focus on one thing and jumping to conclusions way too quickly,” fit-il avec un sourire ironique coincé au coin des lèvres, reprenant la description qu'Otto avait pu faire de lui au sein de leurs disputes, un patchwork de réprimandes qui tenaient désespérément au factuel dans les yeux de son amant. Il releva les yeux vers lui, reprenant sur un ton plus bas, autrement plus sérieux : ”You know how I am, and that's precisely why you should have come once, at least, this past month.” Il baissa de nouveau les yeux sur sa cigarette, glissant le bout de ses doigts sur l'avant-bras d'Otto qu'il avait tant voulu sentir passé autour de lui. Felix savait, dans cette affaire, lequel des deux s'était montré le plus délibérément idiot. ”Love and passion are not worth a thing if there's no care in it,” reprit-il en glissant sa main le long de sa peau pâle comme la mort, pour refermer ses doigts sur les siens, sa main recouvrant parfaitement la sienne en une caresse complète, entière, lui soulevant le cœur du bonheur qu'il avait désespérément cherché en son absence. ”Spending too much time with death probably didn't help.” Et il reprit une nouvelle bouffée de Red Cat, sans préciser s'il faisait référence à son séjour dans la plus accueillante des prisons de Grande-Bretagne, à ses affiliations de maître-alchimiste ou à sa promotion encore fraîche au sein du Ministère.

En entendant le son reconnaissable entre mille du briquet, Otto lève de moitié les paupières pour observer la fumée filer d’entre les lèvres de Felix. Et inévitablement, ses traits se déforment en une brève grimace lorsque le parfum du tabac épicé (peu importe le tabac, en vérité) atteint ses narines, et il emprunte l’espace d’une une expression réprobatrice, comme s’il ne lui avait pas lui-même tendu le paquet de cigarettes à sa demande - la grimace aussi, fait partie de ce tout, de cette boucle, ou même semblant de routine qui s’est installée dans leur intimité, et Otto s’y donne à coeur joie. Tout comme il n’oppose aucune résistance lorsque le sorcier invite sa main de la sienne sur son corps, ses doigts reprenant leur place sur sa peau, son bras autour de lui pour le maintenir contre lui en un semblant d’étreinte. ”You know me, I'm an forgetful idiot, unable to focus on one thing and jumping to conclusions way too quickly.” Le sarcasme de Felix lui fait tout juste froncer le nez, et lui tire une expiration basse, proche de l’amusement. ”I wonder who could have told you such a thing”, répond-il avec qui ce qui semblerait être une pointe d’ironie - l’humour et le sarcasme sont définitivement deux traits dont le Mangemort manque cruellement, mais il s’y prête à de rares occasions (avec nettement moins de succès que Felix, cela va sans dire). Ce qui est déjà moins rare, est le nombre de fois où il a pu en effet le qualifier d’idiot trop impulsif au coeur de la colère ; il faut bien reconnaître que son compagnon sait titiller sa patience comme personne et, envers et contre tout, il s’agit là d’un autre pillier de cette relation qu’ils entretiennent depuis six ans. Felix n’a de cesse de lui prouver qu’il est bel et bien vivant, encore et toujours, de toutes les façons possibles, et c’est pour cela également qu’Otto a besoin de lui.

”You know how I am, and that's precisely why you should have come once, at least, this past month.” Si cela lui ressemblait, Otto aurait certainement roulé ses yeux dans leurs orbites ; il s’en garde bien, néanmoins, car il avait anticipé que le sujet reviendrait sur le tapis. Bien sûr, que l’on ne peut tout effacer avec quelques coups de reins (même si cela sait se montrer efficace de temps à autre), et encore moins effacer quoi que ce soit qui a réussi à se faire une place dans l’esprit constamment en activité de Felix - une place dans son coeur, dans ce cas précis. Plutôt, l’alchimiste le détaille en silence et sans apparente réaction. ”Love and passion are not worth a thing if there's no care in it. – That’s true”, concède Otto sur le même ton sérieux, le soulignant même d’un bref hochement de tête. Felix n’a pas tort, a même parfaitement raison - il n’y a qu’à voir le soin qu’il apporte à ses recherches, à ses expériences, à ses grimoires et à son matériel alchimiques. Otto est bien moins doué pour prendre soin des êtres humains qui l’entourent, assez pour que même Beth le lui fasse remarquer. En alchimie comme en amour, l’attention et le soin participent à la recette de l’équilibre, et il est d’une évidence sensible qu’Otto ne désire que cet équilibre avec son amant.

Un instant, ses pupilles noires se baissent sur la caresse sur sa peau lui tirant un frémissement imperceptible de bien-être, avant de remonter jusqu’à son visage voilé de ce fin écran de fumée. ”Spending too much time with death probably didn't help.” Il n’est pas certain que cela ait un quelconque rapport avec sa façon de fonctionner. Ce qui apparaît souvent comme de la froideur aux yeux des autres semble toujours avoir imprégné jusqu’à son squelette, depuis aussi loin qu’il s’en souvienne. Est-ce qu’il aurait été un meilleur compagnon, mari, père, s’il n’avait pas passé plus de dix ans aux côtés de la mort ? Il aime à penser que non - en réalité, il n’a pas la réponse, et ne l’a jamais réellement cherchée. ”That I don’t know, Felix. But I do know I should have come earlier.” Il l’a déjà avoué, un peu plus tôt, et il l’avoue de nouveau en plongeant fermement son regard dans le sien, sa voix basse méthodique et sérieuse.

Otto sait également que leur équilibre est menacé par ce changement brusque de situation, ce retour que ni l’un ni l’autre n’ont choisi, les tirant d’un quotidien bien ficelé, qu’ils ont créé de toutes pièces au fil des années en Amérique du Sud. Things are different now. Fitzroy a retrouvé à temps plein son statut d’époux et de père de famille, sans même parler de son nouvel emploi lui prenant un temps considérable. Et si ces nouveautés ne représentent, de prime abord, pas une menace pour lui, il a désormais pris conscience que cela en est une pour Felix. C’est cela, qu’il ne peut se permettre de laisser s’installer. ”I gather I need to find new ways to show I care.” C’était bien plus simple, quand ils vivaient ensemble, n’avaient d’autres possibilités que de se voir chaque jour. ”There won’t be any more unexpected delays”, promet-il en reprenant ses mots avec ce qui ressemble à un rictus en coin, sans se départir pour autant de son air sérieux, sincère. ”And I won’t leave you in the dark. We need to find proper balance, and I’ll do my part”, conclut Otto en une promesse qu’il scelle de son regard dans le sien.

”That I don’t know, Felix. But I do know I should have come earlier.” Le regard de Felix remonta jusqu'aux deux pupilles d'Otto, rivées sur lui, et ses lèvres entrouvertes sous son expiration se scellèrent devant ces paroles. Otto se répétait peu, si ce n'était tout simplement jamais (”I told you already”, ”don't make me repeat myself”, autant de phrases filant d'entre ses lèvres pincées à l'intention de Felix, qu'il devinait être les mêmes à l'intention de Jude, de trente-huit ans son cadet) – surtout pas lorsqu'il s'agissait de reconnaître ses erreurs.
Ce devait sûrement être nécessaire, dans son esprit méthodique, une étape rajoutée dans sa méthode scientifique pour désamorcer l'ire de Felix jusqu'à contrarier son inclinaison à ne dire les choses qu'une seule et unique fois : et puis, à y repenser, Otto n'avait jamais été effrayé par la répétition des tâches les plus ennuyantes de la Terre (aligner ses ustensiles alchimiques, déplier ses parchemins en une ligne nette, dessiner le même cercle une semaine, trois mois, six de suite avec la même précision rigoureuse, retenter la même expérience que la veille à un poil de troll près, consigner les résultats dans son carnet, nettoyer et ranger ses ustensiles, recommencer), comme pouvait le laisser entendre son mariage aussi vivant que le dernier test de son champion de l'alchimie dans les sous-sols de l'Uruguay. ”I gather I need to find new ways to show I care.”

Felix décala légèrement sa tête sur l'épaule solide d'Otto comme pour mieux voir ce changement radical dans l'approche de son amant, en oubliant un instant les délices de sa cigarette pour se concentrer, un fin sourire aux lèvres, imperceptible sous l'expectative d'entendre la suite, sur la voix sérieuse de Fitzroy qui s'improvisait repenti. Allons bon – comme quoi même les icebergs, après avoir tiré leur coup, se montraient enclin à une fonte rapide. ”There won’t be any more unexpected delays.” ”And...?” glissa Felix devant ce qui était l'équivalent, chez Otto, d'un grand sourire, sans quitter des yeux l'éclat doux et sec illuminant ses yeux noirs d'un formidable paradoxe. C'était autre chose que ce I'll try not to, un bout de promesse lâché du bout des lèvres à la veille de leur étreinte. ”And I won’t leave you in the dark. We need to find proper balance, and I’ll do my part.”

Un instant, Felix sonda sa pupille gauche, puis la droite, comme pour prendre le temps d'appréhender la bouffée d'amour brûlante gonflant son torse trop longtemps glacé par son absence. Do my part. Il cilla finalement en détournant le regard, et relâcha son bras pour se retourner et se hisser sur le corps étendu d'Otto, s'appuyant d'un coude sur le matelas, ses jambes venant trouver les siennes, sa cigarette maintenue loin des narines délicates du Mangemort au bout de son bras étendu – son visage au-dessus du sien, tandis que ses doigts s'enroulaient dans ses cheveux courts. ”You coming over a few times a week could be a new way of doing so”, fit-il en détaillant ses traits, sa voix plus basse en remontant légèrement sa jambe contre la sienne en une caresse, son corps cherchant naturellement à épouser pleinement le sien. ”I could come see you too, if you'd like. Bring the two gnomes with me even, I bet they'd be glad to see Jude.” Gabriel, tout du moins – Vicky se montrait réticente à se mêler de tous les aspects de la vie de son père, y compris Jude, en dépit de la fête que pouvait leur faire ce dernier. ”I don't need to be with you all the time, I just want to see you. And I promise I'll tidy up this mess”, conclut-il avec un sourire étirant lentement ses lèvres, caressant ses cheveux avec douceur, sachant pertinemment qu'il ne tiendrait qu'à moitié sa promesse (une moitié de désordre était néanmoins plus appréciable qu'un champ de mine jonché de détritus, n'est-ce pas ?).

tw: explicit language

I’ll do my part. Une promesse assez vaste, large, floue même pour ne pas s’engager dans quelque chose qu’il ne pourrait tenir ; car il n’est absolument pas dans l’intérêt d’Otto de décevoir de nouveau Felix. Oh, le sorcier trouvera bien de nouvelles raisons de lui faire goûter à ses explosions intermittentes, ça il n’en doute pas un instant. Mais s’il peut éviter de retrouver son Wickham en train de dépérir dans un coin d’Angleterre, alors il fera en effet le nécessaire. Quelle est la parfaite recette pour maintenir l’équilibre dont Felix a besoin (dont ils ont besoin) ? Seul le temps lui apprendra, probablement, et pour le moment, l’alchimiste se contente d’enfoncer sa tête dans l’oreiller pour mieux s’étendre et accueillir son amant venant prendre possession de son corps, non sans faire claquer sa langue contre son palais en un bref et éloquent signe d’agacement - Felix n’a jamais eu aucune notion de respect de l'espace vital des autres, et du sien encore moins. Pourtant Otto enroule ses bras dans son dos, écarte une jambe pour accueillir les siennes, plonge son regard dans le sien, se laisse complètement aller au poids de son corps contre le sien quand, il y a bien longtemps de ça, il le remettait gentiment à sa place. Il ne lui explicitera probablement jamais, que Felix a largement gagné cette bataille, et qu’Otto apprécierait désormais presque qu’il s’affale sur lui comme s’il s’agissait d’un vulgaire oreiller. ”You coming over a few times a week could be a new way of doing so.” A few times a week! Les sourcils du Mangemort se relèvent sur son front. Encore une fois, son compagnon ne connaît pas la demi-mesure, et comme s’il venait de lui balancer une énième blague, un rire sans le souffle lui échappe, à peine une brève expiration. ”I’ll let you explain Beth and my higher up why I need a few times a week for myself then”, soupire-t-il face à cette demande qui, en soi, n’est pas si déraisonnable, mais qu’il ne peut s’empêcher de commenter ; le semblant de sourire qui n’a pas quitté ses lèvres pourtant trahit bien la pointe de satisfaction qu’il peut ressentir à retrouver son needy partner.

Et comment ne pas se laisser porter par le sourire de Felix, sa caresse dans ses cheveux, son corps venant un peu plus investir le sien, alors que ce dernier est encore empreint de sa chaleur et enivré de plaisir ? ”I could come see you too, if you'd like. Bring the two gnomes with me even, I bet they'd be glad to see Jude.” L’idée n’est pas déplaisante, et Otto remonte sa main jusqu’à sa nuque en une caresse pour étendre ses doigts à la naissance de ses cheveux légèrement humides en détaillant sans pudeur ses traits. ”And I’m sure Beth would be glad too.” Il en est même absolument certain, elle l’a même suggéré à plusieurs reprises, d’inviter Felix ne serait-ce que pour bruncher, quand Otto répondait mécaniquement qu’il n’avait pas le temps. ”We have family brunch on Sundays, Jude and Nils would probably appreciate to see familiar faces that aren’t their parents or their aunt”, l’invite-t-il naturellement, l’incluant tout aussi naturellement dans le terme de famille (et, accessoirement, en mettant dans le même panier son fils d’une dizaine d’années, et celui de vingt-sept ans). ”I don't need to be with you all the time, I just want to see you. – I know, Felix.” Son prénom roule le long de sa gorge presque comme un surnom affectueux, de ceux qu’il ne lui donne jamais, bien à l’opposé des Felix cinglants et durs qu’il peut lui offrir parfois au cœur de l’irritation. Son regard sur sa peau accompagne sa voix basse, avec cette forme de tendresse froide et méthodique dont il sait faire preuve avec son amant.

”And I promise I'll tidy up this mess.” Les yeux d’Otto glissent cette fois sur le désordre qu’il n’a pris le temps jusqu’alors de détailler dans la chambre. Il n’y croit qu’à moitié, à cette promesse, il connaît bien trop le sorcier pour croire un instant qu’il serait capable de tenir cet endroit en ordre plus d’une journée. Mais qu’à cela ne tienne, ses pupilles noires reviennent à lui avec une brève expiration nasale, presque une forme de moquerie. ”Oh I know you will, if you want me to come back”, souffle-t-il en une prétendue menace qui, elle aussi, n’est qu’à moitié vraie, et Felix doit parfaitement le savoir - évidemment qu’il lui rendra visite même si son appartement reste un capharnaüm sans nom, il se contentera simplement de faire des réflexions à chaque fois. ”Or you could at least make sure to keep the bedroom clean. This is the last time I fuck you in dusty and crusty sheets.” Sans même ajouter poisseux, désormais, par-dessus la couche de il-ne-veut-même-pas-savoir-quoi commençant à démanger sa peau moite (comme s’ils n’avaient pas baisé dans des endroits et configurations bien moins hygiéniques que les draps sales de Felix). ”But if you tidy up the living room, I guess we could make it work, too.” Une lueur crépite au fond de ses pupilles, constante, vivante, ravivée par le souffle de Felix lui redonnant la vie, son regard coulant le long de son visage en une lente caresse pour mieux tomber sur ses lèvres, avant qu’Otto n’étende la nuque et ne vienne retrouver cette chaleur qui lui fait cruellement défaut, en vie de nouveau contre la bouche de son amant.