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La douleur dans la voix de Baruch le troubla un instant, Johannes était habituellement un peu plus adroit avec ses mots, comme ses condoléances, même si une part de lui espérait qu’il avait tout de même quelque survivants parmi leur compagnon, car malgré leurs sales caractères ou leur erreur de jugement, comme de cibles, il restait persuadé que leur but été de faire valoir leur droit, ce qu’ils étaient, en tant que sorcier et hybrides. Et si Johannes avait conscience de cela pas le passé, il avait saisi toutes les nuances en devenant comme eux. Venant se heurter, une fois de plus, mais de plein fouet cette fois, à la violence des bonnes intentions de l’Ordre, comme aux différences d’opinions au sein de celui-ci, mais même de Sweet River, car même s’il y avait un certain consensus, il y avait ceux qui pensaient réellement être un danger pour les autres acceptant cette séparation. Johannes n’y croyait pas, et pourtant il été de ceux qui dépendait d’une forme d’acceptation en donnant leur sang afin de nourrir son espèce, car sinon… Well, il fallait avoir recours à des méthodes beaucoup moins diplomatiques qui, évidemment, sortait un peu Johannes des sentiers battus. Et encore, en temps de guerre, il n’aurait pas de scrupule à vider un mangemort ou deux de leur sang, mais le vampire savait aussi qu’il n’avait pas encore eu cette expérience, alors peut-être qu’il changerait une fois de plus de perspective quand ça arrivera.

Son regard suivait les mouvements de Baruch avec attention, et s’il avait bien compris que des deux, Numa était le plus mal en point, il ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter pour son amant. Notamment, en décelant quelques nouvelles blessures, alors que le vampire se dirigeait vers la fenêtre, sortant une cigarette du paquet que son hôte lui avait confié. « Si c’est le niveau neuf du Ministère… Je leur souhaite d’y mourir. Johannes sortit de son observation, clignant un instant des yeux pour retrouver la pièce en focus, Ou est-ce pire encore ? » Pour avoir vu le bras d’Anthony et les cicatrices de Baruch, le vampire avait envie de répondre que ça dépendrait plutôt des points de vue, car c’était un peu comme lui demander si c’était pire d’avoir la peste ou le choléra, deux maladies qu’il n’avait pas eu, qu’il n’aurait jamais avec sa nature, mais d’après les lectures annexes de son frère, ces deux maladie moldu n’avaient rien à envier à la dragoncelle. C’était différent. « Vous avez eu des informations ? S'ils ne sont pas .... morts, on doit les retrouver. - Je ne sais pas s’ils sont morts ou vivant, commençait-il en se levant à son tour pour rejoindre Baruch, sortant le briquet métallique de sa poche, mais s’ils ont survécus aux interrogatoires… »

Johannes se coupait un instant dans son élan, il aurait voulu en parler avec Elias d’abord afin de connaître son sentiment, pas à l’égard de l’existence de ces jeux infâme qui avaient des allures de vénerie tordue, mais surtout sur le fait que Kingsley savait. Car le vampire avait tendance à prendre les choses personnellement. Il sentait bien que la confiance donnée à l'homme pendant dix ans, c’était ébréché ces dernières années, mais il avait voulu y croire, lui donner le bénéfice du doute, qu’il savait ce qu’il faisait et surtout qu’il saurait prendre les bonnes décisions. Combien d’horror games cachait-il encore ? Comment est-ce que l’Ordre pourrait fonctionner maintenant que tout le monde savait que Kingsley cachait des choses pareilles ? À tort ou à raison, Johannes considérait que la limite avait été franchie et comme Shacklebot ne lui faisait pas confiance, peut-être avec raison ce soir, Johannes ne lui donnerait plus la sienne. Même si le sorcier aurait bien du culot à venir lui reprocher de couvrir Numa et Baruch quand il avait passé les dix dernières années de sa vie a le couvrir lui et les autres, pour l’Ordre, pour leur cause. Justement, Kingsley n’était pas l’Ordre. Et leur cause ne devait pas se limiter à l’Ordre.

La flamme du briquet scintillait dans ses yeux alors qu’il allumait la cigarette de Baruch tout en reprenant, « S’ils ont survécu aux interrogatoires et que le niveau neuf n’était pas plus intéressé que cela par leur personne, alors ils ont certainement été envoyé sur une île où se déroule ce que l’on appelle les horror games. Et dont nous avons appris l’existence ce matin, lors d’une réunion d’information. Le verni craque légèrement dans la voix du vampire qui ne cachait pas vraiment l’amertume qui ressentait. Il n’irait pas dans les détails, sauf si bien entendu Baruch et Numa décidait de creuser un peu, mais il ne pensait pas que l’un ou l’autre irait courir transmettre cette information que l’Ordre connaissait l’existence de ces jeux. C’est une chasse à l’homme, organisée dans le plus grand secret pour l’élite sorcière, tout résistants, terroriste, opposants au régime y sont envoyés, désarmé, chassés comme du gibiers et torturé psychologiquement. Elles ont lieux une a deux fois par mois, prenant par surprise les détenus qui n’ont aucun autre moyen de se défendre que de prendre leurs jambes à leur cou et se terrer en attendant que ça passe. Et… J’espère pouvoir vous en dire plus dans les prochains jours, in typical Order fashion, ils nous ont donnés les informations au compte goutte. Ce qui était quelque peu anticlimatique, il le concevait, mais, à la lueur de cette révélation, l’Ordre compte bien prendre d'assaut l’île, une fois que nous auront plus d’informations, afin de libérer les prisonniers. Tous les prisonniers. » Et cela, il voulait bien y croire, tendant le bras pour récupérer une cigarette du paquet. Il voulait bien croire que, pour une fois, leur mission consisterait à attaquer l’île, mettre les mangemort et tout autre sorciers présent en déroute (quitte à en éliminer quelques-uns au passage), mais avec le seul but de récupérer le plus de prisonniers, vivant, et de repartir aussi vite qu’ils étaient arrivés. Johannes voulait le croire qu’il n’y avait pas d’autres missions sous-jacentes, pas d’autres intentions, car c’était une occasion pour l’Ordre de montrer qu’ils avaient le cœur à la bonne place. Il voulait vraiment y croire. Alors, pourquoi est-ce qu’il sentait son cœur se serrait à l’idée de douter qu'il puisse avoir un autre objectif ? Il glissait la cigarette entre ses lèvres, laissant ses invités digérer la nouvelle à leur tour alors qu'il ignorait la machine à laver de ses tripes, ravalant la bile dans sa gorge et sa colère qui l'avait déjà bien assez assombrit.

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Par la fenêtre entrouverte, l’air frais des highlands écossais rafraîchit son visage. Lui fait sentir autre chose que ce mélange aigre de sueur, de sang, de fumée, de maladie et de saleté qui les suit depuis l’attaque au campement. Une seconde peau mariée à la nervosité de ceux qui sont toujours sur le qui-vive, à l’affût du moindre danger, de ceux dont les sens aiguisés peuvent littéralement sauver la vie. Le vampire cherche son briquet dans les poches de son manteau, de son pantalon, de sa chemise, sans tâter la forme familière de l’objet si souvent manipulé. La perspective de l’avoir perdu l’irrite plus que de raison et le fatigue au moins autant, alors que ses longs doigts se rencontrent que le tissu. « Vous avez eu des informations ?, demande Numa dans son dos, empressé de savoir ce qu’il en est. S'ils ne sont pas .... morts, on doit les retrouver. » Il y a tant que décision dans la voix du demi-Vélane que Baruch s’arrête pour le regarder, s’attendant à le voir déjà debout ― il n’a pas bougé.

Johannes est son sauveur, alors qu’il le rejoint à la fenêtre pour allumer la cigarette collée entre ses lèvres sanglantes. Un éclair de feu dans ses prunelles noires, qui ont avalé toute trace de ses iris. Une bouffée de cigarette qui ne lui donnera aucun cancer, aucune maladie, mais qui a l’avantage, dès le premier souffle de nicotine, de calmer un peu l’élan nerveux qui le parcourt des pieds à la tête. D’occuper sa bouche, sa langue, ses crocs, à autre chose qu’avoir envie de manger et boire.

Puis, il a ses oreilles pour écouter ce que leur rapporte le Runcorn. Ce qui se casse dans sa voix si souvent patiente et égale, et laisse à peine deviner l’horreur réelle de ce que l’Ordre du Phénix a révélé à ses résistants ce jour-même. Une horreur qui se peint en miroir sur les traits fatigués du Moran. Il veut refuser ce que l’homme leur raconte, prétendre que c’est une fabulation, un mensonge, mais chaque mot enfonce davantage le clou. Révèle un peu plus l’étendue de l’absurdité des choses. Lorsque sa voix se tait, il n’y a que le silence qui convient pour qualifier ce qu’ils doivent assimiler. Un silence implacable, bourdonnant, où ils ne peuvent se raccrocher à rien du tout. Sa voix éraillée laisse tomber, incrédule : « Ils n’en auront jamais assez. » Les Mangemorts. Le monde entier. De l’horreur, de la torture, de l’absurdité du monde, à laquelle ils ne font qu’ajouter à chaque jour. Depuis combien de temps ces horreur games ont-ils lieu ? Combien de prisonniers, de traîtres, d’hybrides, de maudits, de nés-moldus ont rejoint les rangs des proies ? Une nausée soudaine le prend, comme un spasme, et Baruch doit s’appuyer à la fenêtre pour ne pas tout simplement vomir. Il n’a rien au ventre, de toute manière, rien à rendre. Puis, le mal de cœur se transforme et la bile amère, métallique, qu’il ravale, porte le goût mauvais de la rage.

Ils auraient dû faire exploser ce damné manoir Travers et tous les invités dedans.

Baruch se sent à peine compte de la fixité avec laquelle il regarde Johannes, jusqu’au moment où il se tourne vers Numa. Cette fois-ci, lui-même emplit de décision. De certitude. « Ils doivent y être. » Tous. Et alors que les semaines ont passé, l’épée au-dessus de la tête de leurs amis et alliés est peut-être déjà tombée ― sur la blonde aux yeux mélancoliques, sur l’anarchiste au regard furieux. Baruch ne sait plus ce qui est préférable, en cet instant. Qu’ils n’aient pas survécu à l’interrogatoire ; qu’ils n’aient pas été jugés suffisamment intéressants pour le N9 ; qu’ils aient échappé à Azkaban ; qu’ils ne soient pas morts ; qu’ils le soient. Une urgence d’agir qui subsiste bien mal dans sa carcasse épuisée, poussée au bout de son énergie, tremblante et blessée, qui ne saurait même pas transplaner hors de cette maison pour sauver sa vie. Dans le regard du chef de la NSFW, il cherche la confirmation de cette intuition.

horror games. horror games. horror games. Les deux mots tournent en boucle dans son esprit. Numa ne prétend pas être choqué plus que nécessaire par ce que Johannes vient de leur partager ; lors de ses anciennes missions pour la WUSS il a vu des choses qu’on ne peut pas oublier aisément, et qui étaient bien plus terribles peut-être que ces jeux organisés dans l’ombre. Il n'est pas non plus entièrement surpris par cette nouvelle ; cela apporte une raison de plus de vouloir réduire en cendre ce gouvernement tout au plus, fait gonfler la colère qui crépite à l’intérieur de lui. Il aurait aimé apprendre l’existence d’un tel endroit bien plus tôt. Fuck.
Il constate également que l’Ordre gère toujours les choses aussi maladroitement qu’à leur départ bien qu’il ne puisse pas s’enorgueillir d’avoir mieux réussi son pari.

Il n’y a qu’à voir le triste état de la NSFW pour souhaiter ne jamais les avoir quittés. Rien qu’une seconde.

Intérieurement, Numa fait des allers-retours entre ces nouvelles dérangeantes, des souvenirs lointains qu’il refoule continuellement et toutes les décisions qui l’ont menées à cet embranchement. S’il n’avait pas quitté l’Ordre, est-ce que ses camarades seraient en sécurité (sécurité toute relative pour un fugitif), s’il n’avait pas donné les rennes à Sav, en seraient-ils là aujourd’hui ? Une bombe magique qui explose et le cri de Dearburn. Des prisonniers qui courent pour échapper au sadisme de suprémacistes intraitables. Est-ce qu’en prenant le chemin de gauche tout aurait alors été différent ?

Ce sont des questions qui ne méritent pas même d’être posées. Pas maintenant, ce sont des interrogations auxquelles on s’adonne en plein cœur de la nuit quand le sommeil nous échappe et qu’on est tout seuls avec ses pensées et ses regrets. C’est le regard de Baruch posé sur sa personne qui vient l’extirper de cette spirale stérile dans laquelle il s’enfonçait. C’est les quatre mots prononcés avec détermination qui viennent confirmer ce qu’il pressentait également. Ils. Doivent. Y. Etre. Numa opine du chef et pour la première fois depuis qu’ils sont arrivés en ce refuge inespéré, le leader de la NSFW se relève - il n’en mène pas bien large et ne tient qu’à moitié sur ses jambes flageolantes mais il y a cette impulsion de toujours montrer son meilleur jour lorsque de grands challenge les attend. S’il n’est même pas capable de se lever, à quoi bon continuer d’avancer.

Il sait qu’il ne tiendra pas debout longtemps, qu’il devra rejoindre rapidement le canapé s’il ne veut pas s’écrouler devant Johannes et Baruch. Pour quelques minutes, Numa peut donner le change. Il puise dans ses entraînements de méditation, se concentre sur sa respiration et sur les rares ressources magiques qui lui restent après plusieurs jours de fuite. “Tu as raison. Je pense qu’ils y sont,” répond-il avant d’ajouter, “et je pense qu’il faut que tu t’y rendes avec l’Ordre, si tu es d’accord. Désolé Johannes, ce n’est sans doute pas le genre de choses à dire devant l’hôte qui nous accueille mais, je ne leur fais pas confiance pour ramener sains et saufs nos amis.” Après tout, ils s’en sont fait des ennemis plus que des alliés ces derniers temps. Il serait plus que regrettables que Sav, Rivage, Aoife et les autres soient libérés de cette prison pour atterir dans une autre.

Numa aimerait en être. Néanmoins, il a bien conscience qu’en l’état, il serait un point lourd plus qu’une véritable aide.

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Le silence qui était tombé à la suite de sa révélation fut ponctué par le cliquetis du briquet, allumant la cigarette entre ses lèvres. Johannes n’avait pas été surpris de l’horreur des jeux, non, on est surpris quand on rentre chez soit et qu’on découvre des invités de marque en la personne de criminels recherchés, mais on ne peut pas être surpris que le gouvernement actuel puisse en venir à ce genre de pratiques perverses. Pour avoir grandi et côtoyer des sorciers qui déploraient le laxisme de l’ancien ministère, le Runcorn en avait entendu des discours et des choses. Il n’avait jamais cessé d’imaginer ce qu’il aurait pu être sans l’influence de son oncle.

Il relevait la tête, le briquet disparaissant dans la poche de son jean, croisant le regard de Baruch. La colère dans son regard s’estompait légèrement, il aurait vraiment préféré qu’ils se retrouvent dans d’autres circonstances, mais il était heureux que Baruch lui fasse assez confiance pour venir ici. Avec Numa, qui du coup semblait enclin à lui accorder sa confiance aussi et son aide. Johannes était désolé de ne pas leur apporter de meilleures nouvelles, mais ils auront un toit, bientôt des soins et de quoi les sustenter un peu plus que les tim-tams et le philadelphia laissés sur la table. « Ils n’en auront jamais assez. » Finissait par dire Baruch, le vampire secouait la tête, un non-inaudible passant entre ses lèvres alors qu’il laissait un nuage s’échapper de ses lèvres. Et bon sang, qu’il avait des choses à dire sur le gouvernement, sur l’Ordre, sur ces trois dernières années. Il savait que son focus serait sur les prisonniers de l’île, mais sa colère, elle allait dans toutes les directions. Aussi horrible que la révélation été, Johannes ne se remettait pas qu’il savait. Qu’il n’avait rien dis, rien fait. Les dommages collatéraux, il y en avait toujours en guerre, mais ce n’était pas une raison pour en être complice et prétendre qu’ils étaient plus prêt maintenant qu’il y a deux ou quatre ans auparavant, il n’y croyait pas un seul instant.

« Désolé Johannes, le vampire haussait un sourcil, se tournant vers Numa, qui venait d’énoncer son prénom le sortant de ses pensées. Ce n’est sans doute pas le genre de choses à dire devant l’hôte qui nous accueille, mais je ne leur fais pas confiance pour ramener sains et saufs nos amis. » Et à juste titre. « Well, c’est ce qui arrive lorsqu’on s’en prend à ses anciens alliés, la confiance s’effrite, les groupes se divisent et on fini par se retrouver seul contre tous. » Le ton était légèrement incisif, mais le reproche n’était pas adressé à ses invités. Il ne parlait pas seulement de la NSFW qui avait réussit à se mettre l’Ordre, les Avengers et tout le gouvernement sur le dos, mais aussi de l’Ordre à l’égard des hybrides, de Kingsley qui avait décidé de jouer les martyrs et finalement les seuls gagnants été le New Order. Et Johannes en avait assez qu’on leur facilite la tâche, tous autant qu’ils étaient. « Je vous aiderez. » S’il tendait la main à Numa et Baruch ce soir, il voulait croire que c’était parce qu’il avait le cœur à la bonne place, comme lui répétait Molly, Hermione ou même Fleur, et non parce qu’il faisait un pied de nez à Kingsley, une revanche mesquine qui pourrait bien lui coûter si ça venait à s’ébruiter. Il avait un pied vers la sortie depuis des mois, alors, s’il sentait que les choses commençaient à sentir le roussi, il irait voir ailleurs. Mais justement, ce n’était pas par rébellion qu’il tendait la main aux deux hybrides, c’était parce qu’il appréciait les deux bougres, et il n’aimait pas laisser les personnes qui avaient besoin d’aide tomber. Le sorcier savait pertinemment que cette décision finirait par un retour de flamme. Il assumera, de toute façon, on lui reprochait déjà beaucoup de choses, autant assumer, puisque personne d’autre ne semblait le faire. La guerre, les mangemorts, la NSFW, ils avaient tous bon dos pour justifier les décisions de l’Ordre et si Johannes avait signé pour participer à la rébellion au sein de l’Ordre, il n’avait pas signé son humanité, il ne l’avait déjà pas fait quand il était auror, pourquoi est-ce qu’il changerait maintenant.

Un nouvel craquement dans l’air, cette fois-ci, c’était la silhouette d’Elias Runcorn qui se détachait de l’obscurité. Froncement du bout du nez, alors qu’il dévisageait Numa, Baruch avec attention et puis finalement son frère. « Yoan, shíl mé gur aontaigh muid cuairteanna déanach san oíche a sheachaint. (Yoan, je pensais qu'on était d'accord pour éviter les visites nocturnes.) - C’est ça être populaire. Numa Williams, voici mon frère Elias et tu te souviens du Dr— - Baruch Moran, oui. Terminait le jeune Runcorn. Évidemment, il n'avait pas oublié, son frère, n’était pas un animal sociable, mais il avait une excellente mémoire. Le sorcier leur adressait un hochement de tête en guise de salutation. Si vous voulez bien descendre Monsieur Williams dans une chambre à l’étage en dessous, je vais m’occuper de lui. Marmonnait-il, Johannes venant à sa rencontre pour lui remettre la liste que lui avait confié Baruch, Elias récupérait le précieux papier, tout en lui attrapant le bras. Ní féidir leat cabhrú leat féin i ndáiríre, an féidir leat? (Tu ne peux pas vraiment t'en empêcher, n'est-ce pas ?) - Agus is é sin an fáth go bhfuil grá agat dom. Mar eolas duit, labhraíonn Baruch Gaeilge freisin. (Et c'est pour ça que tu m'aimes. Pour ton information, Baruch parle également irlandais.) Répondait le sorcier avec un sourire amusé, échangeant un regard complice avec le vampire. Celui d’Elias se posait sur le concerné, le jaugeant de la tête au pied. Je vous ai apporté une poche de sang. Je vais descendre chercher le reste des ingrédients pour la potion, je vous la donnerais en remontant. Disait-il à l’attention de Baruch dans un ton professionnel, avant de resserrer sa prise sur le bras de son aîné. Si tu as besoin de sang toi aussi, je t’en donnerais tout à l’heure. Tá súil agam go bhfuil a fhios agat cad atá á dhéanamh agat. (J'espère que tu sais ce que tu fais.) » Johannes hochait la tête, son expression en disait long sur sa détermination et c’était amplement suffisant au médicomage qui lui rendait son bras, adressant un un nouveau hochement de tête aux deux membres de la NSFW, avant de disparaître par la trappe qui menait au reste de la maison.

Un soupire amusé soulevait la poitrine du vampire, alors qu’il se tournait vers ses deux invités. « Vous êtes en sécurité ici, répétait-il, au cas où ils avaient d'éventuelles réticences, et entre de bonnes mains. Baruch, je vais t’aider avec Numa, prends vos affaires, je m'occupe de lui. »

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Il est parfois presque facile d’oublier ce que dégage Numa, ce qui dépasse de loin son sang Vélane. Presque, parce qu’il suffit de bien peu pour que la prestance de l’homme revienne à l’avant-plan et se moque de ce qui ronge sa chair et sa magie. Il suffit qu’il se lève du canapé, tremblant sur ses jambes, pour que Baruch le regarde avec cette étincelle de respect qu’il a toujours entretenu à son égard. « Tu as raison. Je pense qu’ils y sont, et je pense qu’il faut que tu t’y rendes avec l’Ordre, si tu es d’accord. » Sa tête se hoche légèrement ― si le Williams ne l’avait pas dit, lui-même se serait porté volontaire. Il a un sentiment de responsabilité d’attaché à la NSFW et à ses membres et laisser au Phénix la tâche d’aller les chercher sur le terrain… son chef a les mots justes à ce sujet : « Désolé Johannes. Ce n’est sans doute pas le genre de choses à dire devant l’hôte qui nous accueille, mais je ne leur fais pas confiance pour ramener sains et saufs nos amis. Well, c’est ce qui arrive lorsqu’on s’en prend à ses anciens alliés, la confiance s’effrite, les groupes se divisent et on finit par se retrouver seul contre tous. Fair enough », complète un Baruch en levant les mains, comme pour montrer qu’il est démuni devant l’affirmation. Celle-ci ne s’applique pas uniquement à la NSFW et à leurs choix, discutables au mieux et terribles au pire, mais dans l’instant, c’est définitivement approprié. Heureusement, même dans une adversité créée par leurs propres soins malavisés, ils ne sont pas complètement seuls contre tous : le Runcorn le prouve de sa main tendue vers les deux terroristes qui ont trouvé refuge chez lui.

Baruch ne pourra jamais assez lui être reconnaissant et cette générosité pèsera toujours lourd dans la balance de ses sentiments pour Johannes.

Un crépitement dans l’air annonce un transplanage imminent et de lassitude, il ne bouge même pas ― si ce doit être un ennemi venu les cueillir… Heureusement, ce n’est qu’Elias Runcorn, venu se joindre à la petite fête improvisée. Il porte sa main à son front, en un signe de salutation sobre pour l’homme qu’il n’a pas croisé depuis des lune et qui sait très bien qu’il ne devrait pas être là. Impossible de retenir un sourire lorsque Johannes le trahit en révélant qu’il parle irlandais, ni un clin d'œil pour son amant. Le nouveau venu parle d’une poche de sang, dont la seule mention suffit à faire trembler sa pomme d’Adam dans sa gorge. Soudain, le goût du tabac ne suffit plus à garder ses instincts et envie au large, sans parler de la simple présence d’un sorcier près d’eux. Il déteste déteste déteste être aussi conscient de l’appétissante puissance magique qui s’échappe d’Elias. Ça suffit à accaparer son attention pendant les derniers instants de l’échange entre les deux frères et lorsqu’il revient au moment présent, ils ne sont plus que trois dans le grenier. « Vous êtes en sécurité ici et entre de bonnes mains. Baruch, je vais t’aider avec Numa, prends vos affaires, je m'occupe de lui. La cigarette est terminée et écrasée dans le cendrier. Merci, Johannes. » De lui faire confiance, de leur faire confiance, de les aider.

Il laisse l’Auror aider Numa afin de l’amener à l’étage au-dessous, dans une chambre digne de ce nom où il pourra capter un sommeil tout aussi digne de ce nom, tandis qu’il rassemble leurs quelques effets éparpillés par ses soins, ainsi que les ingrédients demandés pour créer onguent et potion pour son camarade. Sa main caresse une nouvelle fois la couverture de Twilight, puis le livre est remis dans le sac de voyage.

Ses jambes manquent de le lâcher à plusieurs reprises, la fatigue et la lassitude aussi présentent en lui que le mal qui le dévore petit à petit. S'il tient debout c'est par un dernier effort de contrôle et une bonne dose de fierté. Il ne tiendra pas longtemps, sent la tension de la pointe de ses pieds jusqu'au plus haut de son crâne, comme une vibration grinçante qui s'agite dans ses nerfs et ses muscles. Il tente de maintenir son attention sur la pièce, les objets, les personnes plus que sur son propre corps alors qu'il inspire et expire lentement. Rationnant ses dernières forces. Well, c’est ce qui arrive lorsqu’on s’en prend à ses anciens alliés, la confiance s’effrite, les groupes se divisent et on finit par se retrouver seul contre tous. Fair enough » "Touché, surenchérit-il de bonne grâce. On ne peut pas dire que la NSFW se soit fait des amis ces derniers temps. en même temps, ce n'est pas ce qu'ils recherchent, ils ne sont pas dans ce monde pour jouer à la dinette. Malgré toutes les raisons qui pourraient pousser leur hôte à les dénoncer ou les délaisser, celui-ci n'en fait rien. Il leur offre son logis, son écoute et même des informations qu'il aurait pu tout aussi bien garder pour lui. Pour cela, il a tout le respect de Numa.

Un craquement magique se fait entendre auquel répond Numa par un mouvement de recul qui le fait presque tomber en arrière et le frère de Johannes apparaît à son tour. Tous se tend chez le sorcier, ce n'est pas parce que l'un les accueille que l'autre les acceptera et il suit avec une méfiance silencieuse l'échange incompréhensible entre les deux frères. Il hoche doucement de la tête lorsque Johannes fait les présentations mais n'ajoute rien de plus. Profitant de ce moment où les regards ne sont pas tournés vers lui pour s'asseoir sur l'accoudoir et laisser un peu de répit à ses muscles endoloris.

« Vous êtes en sécurité ici. Baruch, je vais t’aider avec Numa, prends vos affaires, je m'occupe de lui. » Une nouvelle fatigue s'empare de sa personne alors qu'il s'imagine dormir dans un vrai lit pour la première fois depuis bien longtemps. Cela paraît presque trop beau pour être vrai, mais Numa n'est de toutes façons plus en état de se défendre ou de partir. Il obtempère quand Johannes s'approche de lui pour l'emmener jusqu'à "sa" chambre. Même s'il n'apprécie que peu cette impression de vulnérabilité à devoir se reposer sur l'épaule de l'hémovore, à dépendre des autres pour la plus petite des actions ; il n'a encore une fois pas le choix. Et il a perdu trop de temps à se battre contre son état pour ne pas reconnaître une bataille perdue d'avance. Il doit garder ses forces pour le retour de ses amis. Peut-être que tout n'est pas perdu, pour Aoife, Diana, Rivage et Sofiane. Peut-être qu'il y a encore de l'espoir. "On parlera plus tard Baruch, pour organiser tout ça." Ajoute-t-il néanmoins à l'attention de son ami avant de se laisser entraîner par Johannes dans un autre coin de la maison qu'il aura - il s'en doute - tout le loisir de découvrir plus tard.

En chemin, alors qu'ils sont tous les deux, dans un souffle essoufflé, Numa lui dit "Merci Johannes. T'étais pas obligé, alors vraiment merci." Il aimerait bien ajouter quelque chose de plus, comme une excuse qu'il ne penserait pas ou lui promettre qu'ils ne resteront pas longtemps ; mais rien n'est moins sûr et Numa Williams ne dit jamais rien sans certitude.

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« Merci, Johannes. » L'esquisse d'un sourire charmeur sur ses lèvres, il hochait la tête. C’était la moindre des choses. Johannes savait le risque qu’il prenait, mais ce n’était pas vraiment le moment d’y penser, pour le moment il ne voyait que deux amis, deux camarades, deux pairs, ballotés par la guerre, éreintés, chasés et traqués de tout côté à la recherche d’un refuge, d’un abris, d’une main tendue. Le sorcier assumerait sa décision et les conséquences si les choses venaient à déraper, car évidemment, il les logeait ce soir, mais il ne se voyait pas au réveil les mettre dehors avec un coup de pied. Il n’avait pas été élevé ainsi, en tout cas pas par son oncle et il ne se voyait pas leur tourner le dos après, ni demain, ni dans une semaine, un mois, le temps qu’il leur faudra. Il avait trouvé ce lieu par hasard, il était devenu son refuge et il ne voyait pas pourquoi il ne pouvait pas devenir un refuge.

Évidemment, les mots de Kingsley lui revenait en mémoire une fois de plus, alors qu’il venait soutenir le leader de la NSFW, la confiance, le vampire décidait qu’il faisait le choix de miser sur ceux qui, si un jour les chose tournent mal, ils ne lui tourneront pas le dos pour ce qu’il était. Gut feeling, il espérait ne pas se tromper, il savait qu’il ne pouvait pas se tromper, et ça ne changeait rien à son engagement auprès de McGonagall, auprès de ses élèves, de ses amis, et même de l’Ordre du Phénix, ou en tout cas les valeurs autour duquel celui-ci avait été construit, comme l’avait si justement souligné Minerva, et non l’organisation militaire qu’il était devenu. Il n’avait jamais été un bon auror de toute façon, sorcier doué et combatif, mais certainement trop sensible pour le job, incapable de voir les choses tout noir ou tout blanc, refusant de tomber dans une paranoïa maladive comme l’avait fait Maugrey. Il avait toujours été le contraire de ce dernier, et il continuait de penser, à tort ou à raison, que Sofia et King le savait pertinemment. Il ne souvenait que Kingsley avait aussi fait remarqué qu’il avait besoin d’homme comme lui pour le remettre en question, que ça lui plaise ou non. S’il le pensait, le vampire n’en savait rien, mais il lui donnerait le bénéfice du doute, comme toujours. Personne ne savait pour ici, sauf son frère, Baruch et maintenant Numa, personne n’avait besoin de savoir et il n’avait pas besoin de babysitter les deux sorciers adultes qui passeront la nuit sous son toit, peut-être faudra-t-il établir quelques règles et conditions au réveil, mais ce soir, vu leur état, il les laisserait tranquilles.

Johannes espérait, un peu au fond de lui qu’ils retrouveront leurs amis, qu’ils pourront partir de cet endroit maudit saints et sauf, pour continuer de faire rager leurs ennemis communs, et finalement peut-être que le vampire s’amuserait de la frustration de certains de ses amis en les entendant maudire ces affreux dans leurs barbes. Ils auraient pu faire tant de choses ensemble avec leur qualité, malgré leurs fautes et défaut, il y avait un effort à fournir pour faire tomber l’ennemi, celui de mettre les clivages et divergences de côté. Un beau gâchis.

Tenant fermement Numa pour ne pas qu’il cède sous le poids de son corps, Johannes le guidait vers l’étage en dessous dans les escaliers un peu exiguë pour le géant qu’il était puis il le guidait dans le couloir vers l’une des chambres. « Merci Johannes. T'étais pas obligé, alors vraiment merci. - C’est vrai, répondait-il avec un air grave, avant qu’un sourire se dessine sur ses lèvres illuminant son visage et son regard, mais je sais que c’est la bonne chose à faire. » Et il ne reviendrait pas sur sa décision, leur offrant un petit moment de calme et de sursit dans ce petit village écossais en bord de mer.

RP TERMINÉ

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