one more fall

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I got an urge coming on to get in trouble again
mi-juin 2007 | @Numa Williams & @Johannes Runcorn

La première nuit, ils se sont réfugiés dans l’ancienne loge oxfordoise de la Belle Société. Vidé de tous ses livres et parchemins, des artefacts anciens étudiés par ses confrères, de tous les vampires et humains à leur service, le bâtiment secret lui est apparu fantôme.

La seconde nuit, dans un squat abandonné de Glasgow. Baruch en a chassé les punks, non sans s’accaparer leur nourriture, ainsi que le sang et la vie de celui qui semblait le mieux portant. Le sang fade de moldu a tout juste apaisé sa faim, sans calmer les douleurs et les maux.

La troisième nuit, et avec un peu de chance pour quelques-unes, ils sont en campagne.

Ce transplanage dans la campagne non loin du Loch Skeen est particulièrement difficile. La magie est à ses dernières limites, grugeant l’énergie du vampire à chaque acte. La fatigue, la faim, le stress, la faim, la peur, la faim, la paranoïa, la faim, l’inquiétude : ses pensées bondissent entre chaque sentiment, le corps et le cœur creusés de besoins autant que d’émotions douloureuses. « J’ai besoin de… » La pâleur de son teint parle pour lui, alors qu’il aide Numa à progresser dans le grenier sombre de la maison moldue. Sa main accroche l’interrupteur, allumant la table de chevet et la guirlande de Noël. Leur lumière éclaire les alentours. Le tableau blanc, les papiers, le projecteur, le canapé, les couvertures défaites. Elles n’éclairent pas les souvenirs qui viennent à leur tour danser dans sa mémoire, ceux de la dernière fois qu’il a vu Johannes. Parfums, saveurs, images. La bière, l’océan, ce même grenier. Ils auraient dû se parler à nouveau avant. Avant qu’il en ait assez, qu’il décide de partir, que l’inaction soit trop forte. Son départ aurait peut-être été retardé, mais pas pour longtemps. Un pressentiment.
Peut-être ne serait-il pas ici, s’il était resté. Du moins, pas dans cet état, dans ces circonstances.
L’hybride est déposé dans le canapé aussi délicatement que possible afin de ne pas aggraver les blessures déjà malmenées par les nombreux transplanages. Le sac contenant les carnets d’Aoife est balancé à ses pieds (avec bien moins de délicatesse cette fois-là) et le vampire s’écarte, alors que l’odeur de Numa est quasi entêtante. Plus fort que la magie sale et noire qui coule dans ses veines, le sang de Vélane porte un parfum délicieux qui le fait serrer et grincer des dents.

Puis, tout ici porte l’odeur de Johannes.
Ça n’améliore pas sa condition.

« On devrait être tranquille », déclare-t-il à l’homme, reprenant un souffle qu’il découvre court. Ils devraient aussi avoir le temps de fouiller les livres d’Aoife, afin de trouver quelque chose pour aider le Williams momentanément. Potion, onguent, drogue, vraiment, Baruch s’en fout un peu, tant que ça implique qu’il ne lui claque pas dans les bras, en attendant de trouver quelqu’une capable de véritablement le guérir. Il n’a pas mis ses talents et connaissances de potionniste à contribution depuis, oh, au moins un siècle, sans doute plus (le temps passe si vite parfois)… mais c’est comme le vol sur balai, n’est-ce pas ? On n’oublie jamais comment faire. Le Moran s’assit directement sur le plancher et attire le sac de carnets à lui. « Comment te sens-tu ? » Sans doute probablement très mal et plus encore, mais il va avoir besoin de plus de détails, s’il veut l’aider.

Tout s'est enchaîné bien trop rapidement pour laisser à Numa le temps de réfléchir ou d'analyser les pertes et les fracas. Et ils se sont envolés dans un nuage de poussières, de lieu en lieu sans jamais s'arrêter plus dune nuit. D'émotions en émotions, de peur en colère, de colère en fatigue. Exténué, abruti par la douleur, il n'a pas fait attention aux endroits où ils se sont posés - ses réflexes étouffés - oscillant entre songe et réalité. Entre hier et aujourd'hui.

Ils ne sont de toutes façons pas là pour profiter du paysage, cela n'a rien d'un voyage ou d'une aventure ou d'une quête et pour une fois, la destination compte plus que le chemin parcouru.

Dans sa tête, il compte par trois, c'est tout ce qui l'empêche de sombrer. Trois, Six, Neuf...

Ils finissent par poser bagages (leurs deux corps et le sac d'Aoife, ils n'ont rien pris d'autre) dans une vieille maison de campagne. Les yeux alourdis et son poids supporté par l'hemovore, Numa scanne les environs, il y a comme un air de finalité cette fois, ou peut-être est-ce la posture las de Baruch qui le met sur cette voie. "J'ai Besoin..." Numa comprend. Sa tête acquiesce lourdement en silence ; il lui proposerait de s'abreuver de son sang si celui-ci n'était pas vicié. Ses lèvres se resserrent en une fine ligne fâchée, même cela il ne peut l'apporter ; il ne peut sauver personne et sa faillibilité s'étale un peu plus sous ses yeux marrons. Il est déposé sur la canapé comme un paquet précieux, et laisse son corps s'enfoncer comme si le meuble pouvait l'avaler et le faire disparaître ; un soupir à mi-chemin entre le soulagement et le grincement de douleur quitte sa gorge. Il n'a pas regardé son bras mais sait déjà l'étendue des dégats, le stress et le manque de fatigue, la faim et le manque de potions n'auront rien fait pour aider sa chair, ses muscles et ses os.

Son regard est attiré vers la guirlande de Noël et s'y fixe. Depuis combien de temps n'a-t-il pas célébré cette fête ? Numa ne se souvient plus. vingt-et-un, vingt-quatre, vingt-sept De loin, il entend la voix de Baruch « On devrait être tranquille », ses yeux le cherchent et l'observent, il est plus pâle que d'habitude, il respire avec difficulté, tout en lui crie la faim et la fatigue, un peu de peur. Numa comprend, il ressent la même chose. Mais il y a autre chose, quelque chose qui n'était pas présent les jours précédents. il emmagasine cette information, mais ne pose aucune question. Il n'en a pas la force, pas maintenant.

Ses paupières se ferment et quand elles s'ouvrent à nouveau, Baruch est à même le sol, le sac entre les jambes. « Comment te sens-tu ? » La main droite du demi-vélane se porte inconsciemment à son bras malade, il sent les veinures poisseuses à travers le tissu. "Comme si une horde d'hyppogriffe m'avait écrasé sous leurs sabots." Il répond d'abord avant de préciser. Ce n'est pas le temps des mensonges et des réponses évasives. "Je sens la magie noire qui circule dans mon bras et remonte jusqu'à mon épaule, comme un intrus à l'intérieur de moi..." les phrases sortent avec difficulté, il est obligé de reprendre son souffle à intervalle régulier, trente-trois, trente-six, trente-neuf... "Aoife a (il ne peut se résigner à utiliser le passé, pas encore) une potion pour contenir le maléfice. Page sept." Il les connaît par coeur. Numa finit par se redresser quelque peu en faisant attention à ne pas s'appuyer sur le bras vicié. "Mais tu devrais aller te nourrir d'abord Baruch. Je peux attendre." C'est tout ce qu'il fait depuis des mois maintenant, et comme tout ce qu'entreprend l'américain, c'est avec détermination et résignation et une bonne dose de rage que l'on pourrait confondre avec du calme tant il la maîtrise et l'endort. quarante-cinq, quarante-huit, cinquante-et-un.

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Un sourire un peu faux, au premier commentaire de l’hybride, avant qu’il lui dise clairement ce qu’il sent, dans un discours haché et pénible. Il déteste le voir ainsi. Faible. Un homme comme Numa est tellement plus que cela. Le vampire n’a jamais connu le demi-Vélane dans toutes ses capacités, mais il ne doute pas de son pressentiment à son sujet. S’ils réussissent à un jour stopper la progression de la magie noire dans son corps, à l’en retirer… « Page 7. » Un chiffre chanceux. Avec un peu de chance, ce ne sera pas sorcier. « Mais tu devrais aller te nourrir d'abord Baruch. Je peux attendre. Je ne peux pas, un mouvement léger du chef, les mèches brunes tombent devant ses yeux, je dois me reposer. » Il doit utiliser sa tête pour oublier la faiblesse de son corps. S’il transplane une fois de plus, dans cet état, il va se désartibuler, et les deux sorciers n’ont pas exactement à portée de main quelqu’un qui puisse les aider avec ça. Alors Baruch plonge ses deux mains dans le sac, à la recherche du livre où se cache la potion. Non pas miraculeuse, mais quelque chose qui pourra les aider.

Un carnet de notes écrit à moitié en gaélique, à moitié en anglais - il fera ce qu’il peut pour le déchiffrer, au mieux de ses connaissances encyclopédiques et fouillis. Puis, le livre qu’il avait offert à Aoife. Il se force à ne pas le regarder, pour ne pas titiller la boule d’émotions qui croît dans sa gorge malgré tous ses efforts pour garder la chose loin de lui. Ses doigts effleurent les coins cornés d’un ouvrage et, persuadé que c’est le bon, il le tire du sac avec une expression satisfaite. Que pour se retrouver coi, con, muet, devant la couverture de Twilight. Les deux mains blanches jointes autour d’une pomme rouge, sa couleur hypnotisante.
Il n’a pas été prudent. Il ne prend pas gare à la marée d’émotions qui soudain déferle et aux larmes salées qui coulent sur ses joues, à sa poitrine se soulève dans un rythme erratique, alors que les sanglots inattendus prennent possession de son souffle. Les mains crispées sur le roman young adult, Baruch pleure, aux pieds de Numa Williams. « Si seul », réussit-il seulement à articuler, dans un geignement étouffé. Son clan lui manque. Son Sire lui manque. Perseus lui manque. Johannes lui manque. Aoife lui manque. Rivage lui manque. Les sentiments d’impuissance, de douleur, de fatigue, de faim, de solitude, mêlés dans un torrent émotionnel bon seulement à le terrasser pendant encore quelques instants. Jamais il n'a été aussi las de cette vie qui n'a rien d'éternelle, mais qui semble s'étirer dans une cruelle torture depuis quelques années, jamais son don ne lui a semblé si lourd à porter. Pleurer ne soignera pas Numa, n’aidera personne, mais il est incapable de faire autre chose que cela. Verser quelques larmes, quelques minutes, pour ceux perdus, pour ce monde à l’envers, pour ce que la No Safety For Wizards tente de faire. Jusqu’à ce que sa poitrine brûle, ses yeux tout autant, qu’il lui semble aller mieux.

Illusion qu’il est prêt à attraper.

« J-je, la voix perce à travers les sanglots, un sourire pauvre s’esquisse sur ses lèvres presque bleues, alors que la blague est tout aussi minable, crois que ce n’est p-pas dans celui-là », dit-il en mettant le roman de côté, avant de piocher un autre livre dans le sac. À la page 7, il y a bien une potion, soigneusement annotée et étoilée. Il écrase ses larmes de sa paume et à travers ses cils trempés, déchiffre tant bien que mal les ingrédients requis et la complexité de la potion. Dire qu’il a déjà eu un bon niveau… « On ne parle pas as-ssez de la difficulté d’être un t-t-terroriste », qu’il hoquète à voix basse, tirant de ses poches de quoi noter ce qu’il doit trouver pour concocter la potion, chaudron compris. « Je vais aussi t-tenter de faire un anti-douleur, ou un s-somnifère. Ce n’est pas trop difficile, de ce qu’il se souvient, et il est certain que le carnet doit avoir ce genre de décoction. Si ça ne fonctionne pas… fumes-tu ? » Tentative d’humour, encore, pour chasser la sensation engourdissante de catastrophe imminente.

Entre la douleur et l'inconscience, Numa se bat pour rester éveillé. Ne pas céder à l'impulsion de son corps épuisé, de ses paupières qui s'abaissent contre sa volonté. L'ancien chef de la NSFW peine à bouger, mais ses yeux restent résolument fixés sur le corps en mouvement de Baruch, un moyen comme un autre de s'ancrer à la réalité, pour ne pas sombrer. Il n'a pas eu le temps de vérifier les lieux, il ne sait pas où ils sont, mais l'hémovore semble être assez serein pour relâcher sa vigilance ; assis sur le sol comme s'il connaissait la maison. Sans doute est-ce le cas. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Numa williams ne peut pas s'en empêcher malgré tout.

Un long silence s'étire et les mouvements du bicentenaire lui paraissent saccadés, mais peut-être est-ce son esprit ralenti qui lui joue des tours, lui donne l'impression d'observer son environnement comme des pages d'une bande-dessinée plutôt que d'un film animé. cinquante-quatre, cinquante-sept, cinquante....

Un sanglot l'interrompt, se fige dans son myocarde et ses yeux se posent sur le livre. Deux mains pales qui tiennent une pomme vermillon, la romance adolescente sur les vampires. Et tout revient en cascade maintenant que la fuite n'est plus une nécessité. Aoife, Rivage, Sav.... C'est brutal. C'est irrévocable. C'est .... trop. Sa rétine rougit sous l'impulsion de larmes qui ne viennent pas. Il est asséché à l'extérieur mais se noie en son coeur. Baruch tremble sous ses yeux, et tout revient. La mission raté, les mauvaises décisions, la fin d'une ère. Avec difficulté, le corps du demi-vélane glisse du canapé au sol - il n'a pas la force de se lever. Et sans poser son bras meurtri sur le sol, il s'avance jusqu'au corps de son sauveur. « J-je... crois que ce n’est p-pas dans celui-là » Pas de sourire de sa part pour accueillir la tentative de dédramatisation de Baruch, mais une main tremblante tendue en sa direction qui se pose sur celle toute aussi défaillante du sorcier.

They're a mess. They're crumbling down. Ghosts of lost ones between them, in their minds. But they're in reality so alone. And not at all.

« On ne parle pas as-ssez de la difficulté d’être un t-t-terroriste » "On pourra ... écrire un livre pour... prévenir les générations futures." Numa dit du bout de ses lèvres sèches et pateuses. Tente l'humour auquel se raccroche Baruch, en vain. tout paraît dénué de légèreté, même l'atsmosphère qui les entoure est lourd de sous-entendu et de ces personnes qui devraient être avec eux mais ne le seront plus jamais. Même son corps est aussi pesant qu'une masse. Il a du mal à se tenir droit, alors qu'il est maintenant à même le sol, sa main valide posée sur celle glacée de Baruch. « Je vais aussi t-tenter de faire un anti-douleur, ou un s-somnifère. Si ça ne fonctionne pas… fumes-tu ? » Un sourire qui n'atteint pas ses yeux embrumé. "plus depuis les années 90,... Mais il n'est jamais ... trop tard pour reprendre. " Son corps tremble de la pression qu'il lui impose pour ne pas s'effondrer.

Il a perdu le compte. Cela ne sert plus à rien de reprendre, les mauvaises pensées sont là du même temps que les souvenirs affluent les uns après les autres. Une énième dispute entre Sav et Riv, le visage concentré d'Aoife alors qu'elle travaille sur une de ses potions, le camp qui débordait de vie, Rivage avec son fusil, Sav qui vient le voir la nuit parce qu'elle n'arrive plus à dormir seule, Aoife qui ne revient pas du mariage. Et une explosion plus lointaine, et le corps de Dearburn. Numa n'arrive plus à compter, les souvenirs défilent, et il les regarde impuissant, comptant les erreurs avec le recul de celui qui a tout perdu et n'a plus que du temps et des remords. Il retire sa main, la pose sur sa propre cuisse pliée. "On est où d'ailleurs ?" Demande-t-il enfin, pour éloigner l'esprit de Baruch vers des terrains moins triste, pour se distraire lui-même. Son visage se pose sur le lieu qu'il semble voir pour la première fois d'une certaine manière. "Personne ne risque de ... nous surprendre ou ... De venir ?" Sans doute pas la meilleure technique de distraction. Numa ne fonctionne pas à plein régime aujourd'hui, plus depuis longtemps.

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La fuite fut rapide. La réunion terminée, le vampire s’était éclipsé dans un battement d’aile. Le corbeau reprenant sa forme de sorcier plus loin et dans un craquement sonore, il disparaissait pour réapparaître prêt d’un bord de mer. Johannes prenait une inspiration, avant de sortir de sa veste son portable et un paquet de cigarettes. Il s’en allumait une avant de tenter de passer un coup de fil à son frère. Ce dernier avait été absent de la réunion, certainement plongé dans son travail, fidèle à sa réputation d’asocial. Il y avait plusieurs minutes d’attente, le vampire concluant que les appels devaient fuser ce soir, la nouvelle allait se répandre comme une traînée de poudre. Finalement, Carmen l’accueillait sur l’autre ligne, le sorcier demanda qu’on le patch sur le téléphone de Merzhin. « Eli, il laissait échapper un nuage de fumée, ça aurait pu être pire. » Marmonnait-il alors qu’il longeait la plage. S’en suivit une brève conversation sur leur humeur respective, pour ce qui était des battues et détails, Johannes préférait qu’ils en parlent face à face, suggérant alors qu’ils se retrouvent plus tard. « Viens quand tu as finis. »

Il raccrochait, terminant sa cigarette installé sur une bite d’amarrage. Le vampire bouillonnait, et ce n’était pas uniquement contre l’Ordre pour changer, mais un ensemble de choses qui lui donnait l’impression qu’il se heurtait à un mur. Il n’y avait plus de limites, que ce soient les horreurs faites par le gouvernement, les secrets au sein de l’Ordre, une spirale infernale dans laquelle ils se trouvaient tous, confronter à leurs valeurs et positions. Une fois de plus Johannes était sortit de la réunion en colère, mais au moins, ils n’allaient pas rester les bras croisés cette fois. Ils allaient chercher les prisonniers, au risque de leur vie à tous, ce qui était dangereux, voir suicidaire, mais c’était la chose faire. C’était leur devoir, ils ne pouvaient pas laisser tomber les victimes de ses horreurs games, pas maintenant qu’ils connaissaient leur existence. À quoi pensait Kingsley bon sang. Si les dire de Lee était vrai, il le savait depuis plusieurs années et pour la première fois, le conseil avait décidé de ne pas laisser passer cela. Ce qui avait agréablement surpris le vampire.

Au bout de quarante-cinq minutes à regarder la mer, il était un peu plus calme, toujours furieux, mais il videra son sac sur son pauvre frère, épargnant ainsi Fleur ou Anthony. Il disparaissait dans un nouveau CRAC pour se retrouver dans le grenier de la petite maison dans laquelle il avait commencé à emménager avec son frère pour constater que celui-ci était déjà occupé.

« Baruch ? » C’était la première odeur et présence familière qui lui chatouilla les sens, mais son regard se posait d’abord sur la demi-vélane installé contre le canapé, « Numa. » Une salutation dépourvue d’émotion, proche du constat alors que son regard se posait enfin sur la silhouette du vampire. Un soubresaut d’un sourire s’esquissant au coin de ses lèvres, soulager de le voir en vie. Et il devra s’en contenté vu l’état dans lequel les deux sorciers étaient. L’un et l’autre étaient entourés d’une aura de défaitiste et de deuil, ce qui était assez inhabituel pour l’un et l’autre, contrastant avec l’aura bouillonnante qui entourait Johannes.

Un ange passa. Johannes venait de sortir d’un meeting qui venait de révéler l’existence d’une île où les prisonniers, tout camps et espèces confondus, sont chassés, traquer comme des bêtes par les sorciers de l’élite. Une information que l’un des membres du conseil s’était bien gardé de transmettre pendant plusieurs années avant que celle-ci ne tombe dans les oreilles d’un membre de l’Ordre, mais aussi celles des membres des Avengers, ce qui déclencha donc cette fameuse réunion au sommet pour leur annoncer qu’une mission de sauvetage allait être organisée, prônant une unité alors que l’Ordre n’avait jamais été aussi divisé. Et parce qu’il n’y avait pas de cerise sur le gâteau, voici qu’il se retrouvait avec deux membres de la NSFW chez lui. Ces derniers étant recherchés autant par le gouvernement, que l’Ordre, mais certainement d’autres personnes, there’s never too many people to piss off, isn’t there ?

This is fine.

« Bien, bien, bien. Je vois qu’il y a eu une autre fête ailleurs. Toi, tu as besoin de sang. Toi, tu as besoin d’un médecin. Moi, j’ai besoin d’un verre. My house, my rules. » Et le premier qui tentait d’émettre la moindre protestation, il l’enverrait valser par la fenêtre, car des trois, il était sans conteste celui qui était le plus en forme. Johannes sortait son portable, pour envoyer un texto à Elias, tout en lançant un accio pour des couvertures venant se poser sur les deux sorciers, ainsi qu’une bouteille de whisky pur feu. « Vous avez de la chance que mon frère n’est pas fini d'installer les symboles pour protéger la maison, vous vous seriez retrouvé à la rue Leur confiait-il en tapotant sur son portable, gardant sous cloche la contrariété qui l'animait, celle-ci n'étant pas dirigée à ses invités imprévus. Avez-vous besoin de quelque chose ? C’est le moment de faire vos courses. » Déclarait-il d’un ton toujours aussi calme, accompagné de son premier sourire chaleureux.

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Il ne réagit pas alors que Numa descend péniblement du canapé et le rejoint au sol ― n’a pas non plus la force de l’enjoindre à y rester. Sa main est brûlante sur la sienne. Brûlante de la fièvre perpétuelle qui traverse le demi-Vélane, de ce sang chaud et vicié qui pulse dans ses veines. Chaud de vie, à côté du sien si froid, et il s’accroche à cette sensation pour reprendre pied. À sa chaleur, à sa voix, à son odeur, à la présence tangible de ce qu’il reste à peu près de la NSFW. Numa est son chef, un ami, et il a promis, emportant avec lui le dernier ordre de Savage. « On est où d'ailleurs ? Chez un ami », répond-il un peu laconiquement, occupé à vérifier dans le sac si quelques ingrédients ont été cachés dans les poches, entre les différents livres et carnets. Maigre inventaire à renflouer d’urgence, pour que Numa ne lui claque pas entre les doigts. « Personne ne risque de... nous surprendre ou... De venir ? Cette fois-ci, Baruch prend une pause dans son exploration du sac. Il relève la tête et prudent, avance : Peut-être, mais je lui fais confiance. »

Johannes lui a fait confiance, aussi, en lui montrant ce lieu secret, cette chambre à soi en quelque sorte (désolé miss Virginia d’ainsi pervertir vos écrits féministes), et Baruch n’y a pas pensé à deux fois avant d’y emmener Numa. Persuadé que si l’ancien Auror débarque à l’improviste, tout Phénix soit-il, ce qui les lie suffira à lui amener un instant de compréhension. De paix.

Il ne pensait pas que ce serait maintenant non plus, soyons bien honnêtes.

Un CRAC ! bruyant de transplanage le fait sursauter et s’agripper à sa baguette, sans même qu’il ait le temps de la lever et de la pointer sur l’être qui vient d’arriver. « Baruch ? Le coeur battant jusque dans la gorge, il est incapable de répondre, de confirmer. Numa. Tu me sauves les présentations. » Tout ce que sa voix, déjà naturellement rauque, à ce moment cassée et étranglée, réussit à produire. L’humour n’y est même pas, dans cet instant si long où ils se dévisagent tous les trois. Et c’est imbécile comme son cœur ne bat pas moins fort, alors qu’il trouve Johannes beau, en ce moment bien peu approprié pour ces considérations triviales. « Bien, bien, bien. Je vois qu’il y a eu une autre fête ailleurs. Toi, tu as besoin de sang. Toi, tu as besoin d’un médecin. Moi, j’ai besoin d’un verre. My house, my rules. Un soupir de soulagement. C’était il y a trois jours, darling, tu n’as rien manqué. »

Il remerciera Elias Runcorn de son retard une autre fois. Une nuit à la belle étoile aurait peut-être été la nuit de trop, pour les deux hybrides, et il préfère l’option actuelle. Et si Johannes ne dit rien, cache une potentielle colère ou un probable agacement derrière son sourire… il le cache bien. La promesse, dans les yeux sombres de Baruch, qu’ils parleront de tout cela plus tard. « Avez-vous besoin de quelque chose ? C’est le moment de faire vos courses. Bon à marier, blague-t-il pour le demi-Vélane, avant de très sérieusement demander : Cigarettes ? » Ça peut sembler trivial, mais tant qu’à avoir la chance de ne pas pouvoir mourir d’un cancer, autant en profiter… Il se retient toutefois de lui demander du cannabis, au passage, pas certain que Johannes saurait où en trouver. C’est que même défroqué depuis des années, il faut croire qu’il sent le flic. « Et si tu as ça sous la main… » Il fait glisser le morceau de papier, où son écriture racée s’étire en ingrédients simples, en matériel commun pour tout potionniste même du dimanche, afin de réaliser quelque chose pour envoyer Numa dans un sommeil quelque peu réparateur. Endormir sa douleur. Le garder avec lui.

La réponse de Baruch quant à ce lieu rassure Numa. Il lui fait confiance, comme il a donné ces petits bouts difficilement partagés à chacun des membres de la NSFW. On n'avance à rien si on ne peut pas compter les uns sur les autres en toutes circonstances. C'est une des leçons que le demi-vélane a appris tout au long de ses multiples déplacements, parfois à ses dépends. Et puis, ce n'est pas comme s'il pouvait partir, l'idée se fait raison péssimiste dans sa psyché ; vu l'état dans lequel il se trouve présentement, Numa ne pourrait même pas transplaner. Cela fait trop de jours qu'ils se déplacent sans se reposer pleinement, trop de semaines qu'ils (sur)vivent sur le qui-vive dans l'attente d'une catastrophe qui a fini par arriver, et trop de mois qu'il voit sa magie s'éteindre sous la violence du mal qui le ronge, petit bout par petit bout.

Quelqu'un arrive soudainement, venant briser la bulle dans laquelle ils étaient plongés. C'est presque comme s'il l'avait appelé avec sa question. Numa reconnaît Johannes, un membre de l'Ordre et ses épaules se tendent par réflexe, et ses lèvres forment une fine ligne par instinct. Toutefois, Johannes est fidèle à l'image que le chef de leur petit groupé éclaté avait gardé de lui ; il ne s'insurge pas, ne les vire pas de chez lui avec un balais (l'image serait cocasse, si l'atmosphère n'était pas aussi sombre). Au contraire même, il les accueille presque les bras ouverts si ce n'est pour son visage quelque peu tendu. « Bien, bien, bien. Je vois qu’il y a eu une autre fête ailleurs. Toi, tu as besoin de sang. Toi, tu as besoin d’un médecin. Moi, j’ai besoin d’un verre. My house, my rules. Le brun ne pourrait lui en vouloir cependant, rentrer chez soi pour y trouver deux personnes recherchées par au moins la moitié de l'Angleterre et dont les visages sont placardés sur les murs du ministère n'est certainement pas ce qu'on s'attend à vivre tous les jours.

Numa reste silencieux un long moment, ne voulant s'imiscer dans l'échange des deux hommes, il a presque l'impression d'être de trop ici. Ce qui n'est sans doute pas complètement éloigné de la vérité, il est un intru, il n'a rien à faire ici. Mais il n'a nulle part d'autre où aller. Il passe une main sur son épaule, la magie viciée si visible sur lui que même un inconnu qui l'observe quelques secondes peut en apercevoir les dégâts. Numa n'est pas bien certain d'apprécier ce nouvel étalage de ses faiblesses et de sa vulnérabilité. Une fois encore, il n'en a pas le choix. « Avez-vous besoin de quelque chose ? C’est le moment de faire vos courses. Bon à marier, un sourire forcé glisse sur les lèvres du sorcier face à cet échange de blagues servant certainement à détendre l'atmosphère qui règne entre les trois sorciers. Deux fugitifs entrent dans la maison d'un troisième, ça ferait un bon début de blagues.. S'il avait le coeur à rire. Mais son myocarde est bien trop serré pour y arriver, pas maintenant, sans doute pas demain. Baruch demande des cigarettes ainsi que des ingrédients, "Je n'ai besoin de rien, commence-t-il d'une voix qu'il espère posée, Merci Johannes." Merci de ne rien demander, merci de nous laisser ici. Merci tout simplement. Et d'ajouter ensuite, "Je pourrais m'occuper d'aider .. aux protections de la maison une fois que j'aurais .. dormi un peu." qu'il ajoute néanmoins, à moitié pour remercier - à sa manière - l'homme de les héberger et par précaution frisant la paranoïa. numa sait au fond qu'il ne sera que pleinement rassuré qu'en s'assurant lui-même de la tenue des protections autour de la maison, et en s'assurant que Baruch et lui ne mettent pas quelqu'un de plus en danger en venant jusqu'ici. Et après, il ajoute, "Je ne serais pas contre un bout de pain en fait, ou un truc du genre." Son ventre se rappelle à lui, il ne se substantait plus tellement depuis le Sortilège reçu ; mais il a soudainement une sensation désagréable qui le tenaille l'abdomen et en bon pragmatique qu'il est, Numa le met sur le compte de la faim. Et pas sur tout le reste, contrecoup des derniers événements.

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« C’était il y a trois jours, darling, tu n’as rien manqué. » That bad eh? Johannes s’en voudrait presque d’être aussi remonté, contre l’Ordre, contre lui-même, contre les deux imbéciles devant lui. Fuck it, Numa et Baruch avaient aussi fait un choix. L’un en créant son petit groupe de terroriste prêt à s’en prendre à une machine plus grosse et plus puissante qu’ils l’avaient pensé. Le second pour les avoir rejoints parce qu’il ne voulait plus être sur le banc des observateurs. Résultat ? Ils atterrissaient chez lui, dépendant de son jugement pour savoir s’ils étaient en sécurité ou s’ils allaient devoir prendre le risque de filer une fois de plus pour ne pas finir dans la prison de l’Ordre.

L’échange avec Kingsley deux mois plus tôt lui reviens en tête, les paroles de Molly et Minerva aussi. Il n’oubliait pas l’état de Lee ou des planques attaquées par la NSFW, il n’oubliait pas non plus ce qu’il venait d’apprendre ce soir. Il devrait laisser cette colère exploser devant le culot de les avoir chez lui, le mettant en danger lui, mais aussi le mettant face à un choix qui dans les circonstances actuelle, il n'avait particulièrement envie de faire. Il devrait avoir cette envie de les balancer à l’Ordre pour les mettre face à leur connerie, pour la violence gratuite qui finalement leur avait servi a rien sauf aggraver leurs alliés. Tout ça pour finir ici, la queue entre les jambes. Il y avait des claques qui se perdaient et bon sang, il n'y en avait pas un pour rattraper l’autre. Et pourtant, l’ancien poufsouffle regardait les deux sorciers et tout ce qu’il voyait été deux fugitifs qui avaient besoin de souffler, c’était exactement le type de situation où les mangemort n’auraient aucun scrupule à les balancer à leur supérieur.

Ils étaient pourtant en guerre. Johannes ne ferrait que suivre des directives en bon petit soldat et officier du cercle 5, mais le vampire n’avait aucune envie de lever sa baguette contre d’anciens alliés qu'il savait n'étaient pas l'ennemi. Contre un sorcier qu’il respectait, même s’il aurait dû mieux savoir et encore moins contre son ex, qui était un ami (et un amant). L’Ordre était à la dérive et la mission de sauvetage n’irait pas effacer les sept années d’humiliation que vivaient les hybrides, ni l’environnement toxique qui existait au sein des rangs où le choix de chercher une vie meilleure ou d’autres moyens de survivre autre que celui de se battre été considéré comme lâcheté. Tout le monde n’avait pas les mêmes privilèges que Kingsley Shacklebolt ou Johannes Runcorn, même si l'un comme l'autres avaient perdus beaucoup. Le vampire avait choisi quelles valeurs de l’Ordre il souhaitait défendre depuis un moment et la délation de deux personnes dans un état proche de la mort n’en faisait pas partit. Fuck them. Fuck Kingsley. Fuck the Order. La guerre avait déjà bien assez pris chez Johannes, elle n’allait pas lui arraché les derniers morceaux d’humanité qui lui restait. Il choisissait de tendre la main plutôt que de tourner le dos, à tort ou à raison, seul l’avenir le lui dira.

Il passait à côté de la remarque de Baruch, même s’il y eut un soubresaut au bord des lippes du vampire, mais il était encore trop dans sa tête pour apporter une réaction plus appropriée. « Cigarettes ? » Le sorcier glissait une main dans sa veste, échangeant le paquet de cigarettes pour la liste. « À la fenêtre. Prévenait-il alors qu’il partageait la liste avec son interlocuteur à coup de numéro que seul le destinataire pouvait comprendre. Je n'ai besoin de rien. Merci Johannes. Je pourrais m'occuper d'aider .. aux protections de la maison une fois que j'aurais .. dormi un peu. - Restez en vie, on verra pour le reste après. » Il posait le portable, Elias arriverait dans une vingtaine de minutes, il suggéra de voir s’il y avait quelques ingrédients dans son cabinet qui avait été renflouer avec le départ d’Ella pour la France. « Je ne serais pas contre un bout de pain en fait, ou un truc du genre. » Right. Johannes réfléchissait un instant faisant rapidement l’inventaire de ce qui restait dans la cuisine deux étages plus bas. Un accio (ou deux) plus tard, un sac contenant des pains hamburger, du philadelphia et un pot de confiture de mure bien entamé se retrouvaient sur la table. Tout ce qu’il y avait de plus moldu, et surtout qui dénonçait l’appréciation de son petit frère pour le fromage à tartiner. « C’est frugal, mais en débarquant chez un vampire et un alchimiste qui a tendance à sauter des repas quand il travaille, c’est le maximum que l’on peut faire. Une fois qu’Elias se sera occupé de vous, vous pourrez vous reposer dans l’une des chambres en bas. » Un paquet de Tim-Tam apparut aussi, cette fois c’était la faute de Johannes, qui après avoir bu d’une traite un verre de whisky, croquait dans l’un des biscuit chocolaté trop sucré tout en enchainant quelques accio en relisant la liste de Baruch, une partie des ingrédients de base apparaissant à leur tour sur la table.

Son regard clair se posait de nouveau sur les deux sorciers, pour la première fois un peu plus attentivement. Numa était plus que l’ombre de lui-même, et pourtant, il y avait toujours cette aura des personnes charismatique qui l’entourait, même si c’était uniquement dû au sang de vélane qui coulait dans ses veines. Quant à Baruch, il semblait tout droit sortit d’une tombe, mais Johannes se surpris à décider que ça n’enlevait rien au charme de l’anglais. Un sourire se dessinant sur les lèvres de Johannes, réalisant que le vampire dans tout le chaos qu’ils venaient de vivre ces trois derniers jours, quelqu'il soit, il avait pensé à cet endroit, donc à lui. Et si c’était naïf, il fut flatté de la confiance du vampire. Une autre chose qui le frappait, c’était le constat qu’ils n’étaient plus que deux, et Johannes avait alors une pensée pour leur compagnon, Aoife, Diana, Rivage… Le sorcier avait toujours mis un point d’honneur à garder en tête les noms, les visages, certainement pour cette même raison que ça le heurtait toujours autant d’associer tout cela a des ennemis, des personnes qui n’avaient eu aucun scrupules a s’en prendre à des amis pour quelques ingrédients et vivres, ce a plusieurs reprise. Quelle situation de merde. « Je suis désolé, déclarait-il en attaquant un nouveau biscuit, pour vos amis… » Précisait-il avec un maigre sourire, il sentait bien que ça pesait l’atmosphère et si la tentation de leur sortir un I told you so était là, comme leur rappeler ce qu’ils avaient fait, il ne voyait pas comment cela pourrait être productif. Putain, qu’est-ce qu’il devrait être en colère, mais il restait calme, trop calme, peut-être encore sous le choc de cette soirée qui enchainait les découvertes, révélation et surprises. Le portable vibrait sur la table, Johannes vérifiait le message avant de relever les yeux vers les deux sorciers. Il tapotait ses doigts sur la table, il ne comptait pas les engueuler (pour le moment), il ne comptait pas demander des détails sur leur fuite non plus, ce qui, il fallait le dire, diminuait les sujets de conversation dans ces circonstances. « J’ai une petite idée d’où ils ont pu être envoyés. » Révélait-il, un troisième Tim-Tam entre les doigts.

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L’homme serre le paquet de cigarettes dans sa main. L’avertissement de Johannes l’empêche d’aussitôt s’en coller une entre les lèvres et si rouler des yeux n’était pas si douloureux, il le ferait (pire qu’un adolescent). Il laisse plutôt le paquet tomber au sol, entre ses jambes, là où il pourra le reprendre quand il aura la force de se lever. « Je pourrais m'occuper d'aider .. aux protections de la maison une fois que j'aurais .. dormi un peu. Ne t’épuise pas davantage », s’inquiète le vampire, la main posée sur l’épaule valide de Numa, comme s’il s’apprêtait à se lever à l’instant pour aller vérifier les protections magiques. Il brûle toujours sous son contact, la malédiction et la fièvre incandescentes. Bien qu’il fasse confiance à Johannes (et doive ainsi étendre cette confiance à Elias Runcorn), il n’en reste pas moins sur ses gardes. Protecteur de l’homme sous son aile, chargé de la mission de le garder en vie, au risque de tomber sur les nefs du demi-Vélane avec ses attentions et inquiétudes. Il préfère encore ça à être trop laxiste…

La présence prochaine d’Elias l’agite d'ailleurs un peu plus, allume une série de réflexes et tics menus chez le Moran. Les doigts qui pianotent une mélodie silencieuse sur l’épaule de l’Américain, les dents qui massacrent une lèvre inférieure déjà en mauvais état, un pied qui bat une mesure imaginaire au sol. Ses prunelles suivent d’abord le chemin des ingrédients qui apparaissent sur la table basse devant deux, aux côtés des biscuits et des rations frugales. L’odeur des pains à hamburger lui lève le cœur (il a tant besoin de sang) : heureusement, être un peu plus ou moins blême ne change rien vraiment à cet instant. Puis, le vampire soutient le regard de Johannes, alors qu’il le détaille (il aimerait bien avoir les capacités de lecture de l’esprit que les moldus prêtent aux vampires de leurs contes). Il ne peut pas savoir ce qu’il pense, ni même ce qu’il voit vraiment, dans la pénombre. Deux silhouettes échouées, épaves d’un vaisseau porté par la colère. Ni ce qui se cache dans le sourire qui se dessine sur le visage de l’homme, avant que celui-ci tourne à l’aigre. « Je suis désolé pour vos amis… Les yeux sombres se ferment, encore brûlants des larmes précédemment versées, autant que la poitrine douloureuse des sanglots qui parfois la secoue. Il se concentre sur les étoiles qui dansent derrière ses paupières. Je suppose que nous l’avons cherché. » Besoin de personne pour leur dire quelque chose comme Told you so : ils en ont bien conscience. Il n’y a pas d’amertume, dans la voix de Baruch, alors qu’il lâche la phrase. Pas sans douleur, cela dit, alors que Johannes ne sait pas… ne peut pas savoir que cette attaque est la dernière d’une série. Qu’Aoife et d’autres ont été emportés au mariage Travers, que Rivage a été pris la fois précédente (et Rivage, envers lequel il se sent si coupable), et que cette fois-ci…
Il n’a rien vu. Aucune confirmation que quiconque ait été arrêté. Retourner à l’un de leurs précédents points de campement est trop risqué. S’il veut des informations, c’est Fenrir qu’il devra contacter (ne pas en parler à Johannes, de cela), et là encore, Baruch ne sait pas si l’alpha s’est sorti de cette rixe. Entre les deux brigades et ceux sortis de nulle part...

« J’ai une petite idée d’où ils ont pu être envoyés. » L’homme rouvre un œil curieux. Inquiet. La réponse lui a toujours semblé simple ― pire qu’à Azkaban. Il ne pense évidemment pas aux Battues, puisque rien ne peut le préparer à y penser. Ce à quoi il pense, c’est à sa propre expérience. Ses mains tremblent de fatigue et d’angoisse. Baruch crèverait pour une cigarette en ce moment (ou un joint ― il faut bien que ça ne lui fasse rien pour qu’il y soit accro). À l'aveuglette, ses doigts récupèrent le paquet de clopes précédemment délaissé. Il se dépêtre de la couverture déposée sur lui et se relève du sol. Série de craquements, d'autres blessures qui se dévoilent aux yeux de son amant dans le geste. Une inspiration et il lâche sombrement : « Si c’est le niveau neuf du Ministère… Je leur souhaite d’y mourir. Ça tombe comme un couperet, le verdict tranchant. Le Moran l’a tant souhaité pour lui-même, alors il espère que la mort sera clémente pour ses ami·e·s et ne tardera pas. Ou est-ce pire encore ? » La réponse est que c’est différent.

Numa pourrait rire de dépit quand il sent la main de Baruch se poser sur son épaule comme pour le retenir de se lever. Même s'il le souhaitait, le demi-vélane n'en a pas la force. Obligé de ramper pour rejoindre son ami quelques minutes plus tôt, il serait bien embêté de devoir se relever, ses jambes ne pourraient pas le porter. Pitoyable.

Il n'a cependant actuellement pas le luxe de s'appitoyer sur son sort - même cela lui demande trop de forces - Numa doit rester concentré pour ne pas laisser les bras de Morphée l'envelopper dans ses bras cotonneux. Son regard se pose d'abord sur johannes puis sur Baruch, alternant entre leurs deux visages et il tente de suivre ce qui se dit. Il sent son ami se tendre lorsqu'Elias est mentionné, et lui-même ne se sent pas rassuré à l'idée qu'un autre membre de l'Ordre sache pour leur présence ici. Mais il n'a pas le choix, il doit déjà se montrer redevable que le vampire ne les trahisse pas en les envoyant directement auprès de Kingsley pour un entretien pour le moins désagréable. Kingsley Shacklebolt ne leur offrira sans doute pas le gîte et le couvert si ce n'est derrière des barreaux.

En le remerciant, Numa attrape deux Tim-Tam qu'il avale rapidement en tentant de ne pas s'arrêter sur le goût cendreux qu'ils laissent dans sa gorge. Encore une conséquence sympathique de cette magie noire qui coule dans ses veines. Il n'écoute qu'à demi la conversation, ses lèvres se pincent quand Johannes commente la perte de leurs amis. Le leader de la NSFW ne veut pas y penser. Mais ne pense qu'à cela en réalité. Aoife, Rivage, Sav, Sofiane ... les prénoms qui tournent toujours dans sa tête.

Toutefois, la dernière phrase de Johannes attire son attention, attise sa curiosité. Il relève la tête un peu trop vite, et voit quelques étoiles tournoyer autour de son champ de vision. Une grimace amère colore son visage à la remarque de Baruch, il ne peut qu'être d'accord avec sa vision des choses. S'il n'a jamais vu ce fameux département, il en a assez entendu parler pour que la simple idée de ses amis là-bas déclenche un frisson de peur le long de sa colonne vertébrale. Tout mais pas ça. "Vous avez eu des informations ?" Ses doigts sont poisseux du chocolat qui s'y est incrusté, Numa n'aime pas cette sensation, il se sent sale. il les essuie contre son pantalon et prend bien soin de ne pas laisser ses yeux se poser sur les traces laissées sur le tissu. Un, deux, trois. Un, deux, trois. "S'ils ne sont pas .... morts, on doit les retrouver." Et pour le coup, Numa pourrait presque se lever. Ce n'est pas de l'espoir qui vrombit à l'intérieur de lui, ce n'est pas de l'optimisme non plus. Mais il se sent si responsable de leur situation qu'il serait sans doute prêt à donner sa propre vie si cela permettait à ses amis de retrouver la leur.

La dure réalisation de son incapacité à leur venir en aide dans son état actuel se rappelle à lui brusquement et suffit à le maintenir cloué au sol - Inutile - dans l'attente d'une confirmation qui ne changera rien.

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