« J’mets ça avec le reste ? » Tu portes un vieux miroir à bout de bras. La fille à qui tu t’adresses observe l’objet de travers ; « Euh c’est pas moi qui l’ai cassé ; j’l’ai trouvé comme ça » Elle reste silencieuse un instant, avant de répondre de le poser en haut de la pile, et de passer un coup derrière toi pour être sûr qu’il ne reste aucun morceau de verres. Tu fais volte-face en soupirant. « Nan mais j’te jure, voilà qu’ça fait dans la superstition… comme si on avait pas assez de trucs magiques autour de nous… » grommelles-tu en portant le miroir jusqu’au débarras.

De loin, ça ressemblait presque à un sympathique dimanche après-midi ménage. Pas de meubles lévitant dans les airs, pas de formules prononcées à mi-mot pour ne pas résonner dans l’enceinte vide du théâtre. Vous étiez chargés de débarrasser les backstages et c’était apparemment une tâche trop ingrate pour les sorciers pour se joindre à vous. Tant mieux, tu avais l’impression de mieux respirer quand il n’y avait pas d’éclairs fluorescents qui zébraient l’air (ou des meubles qui lévitaient dans tous les sens, tiens). Tu avais l’impression de te sentir mieux, peut-être même de te sentir en sécurité, oubliant momentanément la situation merdique dans laquelle on t’avait plongé tête la première.

Tu retournes à l’arrière de la scène une fois débarrassé de ton miroir porte-malheur. Il ne faut pas se faire d’illusions, tu avais ronchonné, au début, quand on t’avait sommé de venir donner un coup de main. Tu n’étais pas le plus hardi à la tâche, et de manière plus générale, tu n’étais pas très habile de tes dix doigts. Ton domaine à toi, c’était le marketing, les relations clients. Tu avais autant de muscles qu’un étourneau encore dans son œuf. Tu prenais des pauses toutes les deux minutes à cause de la poussière, et rechignais à l’idée de toucher certains détritus retrouvés derrière les lourds rideaux. Mais ça faisait maintenant presque une heure qu’on t’avait entraîné dans le mouvement, et on peut dire que tu t’étais prêté au jeu, notamment parce qu’il n’y avait pas de trace de magie dans l’air.

Tu te mets à rôder autour d’un vieux piano sur lequel il manquait un quart des touches blanches et au moins la moitié des touches noires. Dommage, parce que l’instrument avait l’air de bonne qualité. Tu n’avais pas du tout l’âme d’un artiste, c’est à peine si tu lisais ou écoutais de la musique quand tu étais encore aux Etats-Unis, mais tu savais reconnaître du beau mobilier quand il passait sous ton nez.
Peut-être parce que tu veux flex auprès de la fille à qui tu avais montré le miroir, tu remontes tes manches et interpelles l’un des autres déménageurs de l’extrême improvisé. « Hé, euh… Alex, c’est ça ? Tu m’files un coup de main ? » Tu avais démontré par le passé une certaine facilité à retenir les noms, généralement en t’aidant d’un détail qui attirait ton attention. Ce type là, Alex, c’était celui sur lequel circulait tout un tas de bruit sur un passé houleux ; tu n’étais pas encore assez intégré pour qu’on te fournisse davantage de détails lors de la pause déjeuner. Mais, si l’occasion se présentait, comme maintenant, tu te ferais une joie de questionner directement et abruptement la source.

juin 2007, le théâtre. "Bonjour, rayon de soleil," lui balance Nico quand Alex arrive dans les coulisses pour aider, le visage creusé par les cernes, les cheveux ébouriffés, et portant les vêtements de la veille. Quiconque d'autre l'aurait abordé de la sorte, Alex les aurait envoyé chier de façon plutôt imagée mais là, il s'agit de Nico, donc Alex lui adresse le meilleur sourire qu'il peut produire et lui donne un léger coup de coude en signe de salutation. "Toujours rien ?" Nico demande simplement et Alex fait non de la tête. Nico ne pousse pas plus. A la place, il acquiesce et change aussitôt de sujet, lui expliquant plutôt ce qu'ils sont en train de faire.

Cela fait maintenant près de trois ans qu'ils ont emménagés au Théâtre mais cela ne veut pas dire qu'ils ont fini les travaux et le ménage. Bien au contraire. La tâche du jour : débarrassé les coulisses. C'est l'un des espaces les plus grands du Théâtre et pourrait donc servir à bien d'autres choses que de simple débarras. Le but est donc de faire du tri dans tout ce qui s'y est entassé depuis qu'ils sont là - et même avant - récupérer et réparer ce qui peut l'être et se débarrasser du reste.

Une fois que Nico a fini de le briefer, Alex s'exécute aussitôt, ravi d'avoir quelque chose à faire pour s'occuper et se changer les idées. Il bouge deux trois cartons avant d'être interpellé. C'est Donald, le dernier arrivé au sein de l'Ordre, qui l'appelle. Alex sait peu de chose sur lui, si ce n'est que Rubén le connaissait d'avant. "Hé, euh… Alex, c’est ça ? Tu m’files un coup de main ?"

Alex regarde autour de lui, comme s'il y avait un autre Alex à qui il avait pu s'adresser, puis acquiesce, se rapprochant du piano. C'est un des nombreux instruments qu'ils ont retrouvés sous la scène, dans la fosse de l'orchestre, et ils ne savaient pas trop quoi en faire à l'époque. La plus part des autres instruments étaient plus petits, plus faciles à bouger, et on avait donc très rapidement fait le tri entre les rares qui étaient encore utilisables, et ceux qui serviraient de bois pour la planque. "Donald, c'est ça ?" Alex demande par politesse. "T'es l'ami de Rubén ?" Il examine le piano en parlant, regardant comment le prendre et, surtout, ce qu'ils peuvent en faire. "Comment se passe ton adaptation ici ? L'Ordre te plait ?" il demande et son ton vrille involontairement vers l'ironie, se doutant que ça ne doit pas être la joie. Rares sont les cracmols ravis de jouer les petits soldats pour les sorciers. "Bon... Malheureusement, je pense pas qu'on puisse le garder. Va falloir le balancer quelque part, peut être le démonter, voir ce qu'on peut récupérer. Dommage, ça avait l'air d'un bel instrument." Non pas qu'Alex le sache. C'était Cole le passionné de musique du groupe.

« Donald, c'est ça ? » Tu hoches la tête, t’attendant presque à une remarque désobligeante sur ton prénom. Il faut dire que chez les non mages, ce prénom prêtait à sourire (voire même à grimacer) ; mais tu avais cru comprendre que chez les sorciers, ça pouvait porter des patronymes on ne peut plus étranges, comme s’ils participaient tous à un concours de « j’vous jure j’ai fait du latin au collège ». « T'es l'ami de Rubén ? » Cette fois, c’est toi qui ricanes avec désobligeance. « Ouais ‘fin ami, c’est un grand mot, hein ; on a bossé ensemble avant… avant tout ce merdier » Et par là, tu remontais à encore avant ton entrée plutôt subite dans cette guerre sorcière ; par là, tu remontais à sa démission inexpliquée et à ton départ précipité pour les Etats-Unis. Hé, chacun son genre de combat, hein… L’amertume est palpable dans tes yeux plissés et ta bouche un peu de traviole. Le soin que tu portais à minimiser ta relation avec Rubén était on ne peut plus suspect.

Fort heureusement, ton obligé change aussitôt de sujet. Tu te rassembles un semblant de contenance en tapotant sur les touches encore en place du piano. Rien de très mélodieux, à peine les premières notes de « Lettre à Elise », le genre de mouvement qu’on apprenait aux mômes quand ils voulaient s’improviser virtuose ; tu étais passé par là, toi aussi. « On peut pas dire que ça me plaît... » Tu répètes la même mesure plusieurs fois, cet Alex devait comprendre ce que tu ressentais, non ? Il avait dû être arraché à sa petite vie bien confortable, lui aussi ? Sauf si les bruits de couloirs s’avéraient fondés.
« J’veux dire ; comment on est censé s’adapter, si on nous rabâche sans cesse qu’on est pas adaptables ? » Tu hausses un sourcil pour appuyer ta question, caressant pensivement le bois du piano, la fine baguette qui avait dû autrefois servir à faire reposer les partitions. « Tu trouves pas qu’on vaut pas mieux que lui, des fois ? » demandes-tu en désignant le piano du menton. Tu ignorais depuis combien de temps Alex se faisait les dents sur ce conflit qui te paraissait encore si étranger, mais tu te demandais bien comment il avait tenu tout ce temps… Rubén, tu pouvais éventuellement t’imaginer qu’il s’était emparé d’une cause qui ne devait même pas être la sienne, au départ, mais qu’il s’était approprié comme s’il était né pour servir le… le monde libre sorcier ? Contre qui ils se battaient, déjà ?

Tu détaches une touche blanche que tu fais tourner entre tes doigts. « C’est quoi l’idée ? Ils vous stockent tous ici et ils piochent chez ceux qui leur paraissent utiles ? » Peinant à te laisser aller à de tels états d’âme, tu lâches brusquement la touche, t'accroupissant pour essayer de soulever tout seul le piano, afin d’estimer son poids. « T’as pas peur qu’ils te démontent en morceaux, eux aussi, pour voir ce qu’ils peuvent récupérer ? » répètes-tu en hasardant un regard dans sa direction, ignorant que cet homme avait déjà donné plus que de raison pour tout ce merdier.

juin 2007, le théâtre. Avant tout ce merdier. Alex ne peut qu'acquiescer à cette formulation. D'après ce qu'il avait compris, Donald n'est qu'un cercle 1, un réfugié, happé par l'Ordre parce qu'il a eu la bonne idée - non - de venir sur le territoire britannique. A sa place, Alex serait tout aussi grognon. Lui même n'avait pas vraiment rejoint l'Ordre par grande conviction mais au moins, Lukas leur avait toujours laissé le choix.

La phrase, cependant, semble traduire une amertume plus profonde qu'un simple agacement à devoir se cacher d'une guerre qui n'est pas la sienne. Même si sa curiosité à toujours défini Alex, aujourd'hui, il tait ses questions, respectant le droit de Donald de garder tout ça pour lui. A la place, il lui adresse un sourire de sympathie.

Les deux hommes se concentrent alors sur le piano et Alex regarde les doigts de Donald pianoter sur le clavier, un air qui lui est familier mais qu'il n'arrive pas à replacer - sûrement quelque chose qu'il a entendu quand il était encore à Monaco. Le piano essaye de suivre tant bien que mal. Le son est presque clair, un peu désaccordé mais audible. "On peut pas dire que ça me plaît..." Donald répond à la question d'Alex. "J’veux dire ; comment on est censé s’adapter, si on nous rabâche sans cesse qu’on est pas adaptables ?"

Alex lui offre un sourire amer. Avant l'accident de Lukas, il aura sûrement fait un effort, aurait défendu l'Ordre et leur place dans la résistance. Aujourd'hui, cependant, Alex se sent un peu comme ce piano tout cabossé. Donald semble ressentir la même chose puisqu'il ajoute, "Tu trouves pas qu’on vaut pas mieux que lui, des fois ?"

"Si, tout le temps," Alex répond facilement. Ici, c'est facile de parler librement. C'est leur espace, le seul endroit où Alex a l'impression de pouvoir être lui même, dire ce qu'il veut. Le seul endroit où il peut réellement respiré depuis qu'ils ont quitté Galway. "Ils nous comprennent pas. La plus part du temps, tu vois qu'ils savent même pas quoi faire de nous. On est des boulets pour eux... jusqu'à ce qu'on ne le soit plus," il ajoute, un peu mystérieusement, ne voulant pas s'attarder sur l'attentat de Gringotts. "Mais, aussi cliché que ça puisse pareil, ils sont pas tous comme ça. Y en a pas mal qui font des efforts. T'as du rencontrer Matthew, non ? Il est cool lui. Et Elena. On voit qu'elle fait pas semblant avec nous." Il aimerait parler de Lukas, raconter à Donald à quel point lui il les comprend, mais ne préfère pas se lancer sur cette route.

Donald récupère une des touches du piano - parce que même s'il arrive encore à produire des notes, pas besoin d'être un virtuose pour comprendre qu'on ne peut plus sauver l'instrument - et la fait tourner entre ses doigts, l'air pensif. Les yeux d'Alex sont attiré par le mouvement. "C’est quoi l’idée ? Ils vous stockent tous ici et ils piochent chez ceux qui leur paraissent utiles ?" Alex ne peut s'empêcher de rire un peu parce que, quelque part, c'est exactement ça. "En gros, ouai. Ils ont transformé cette planque il y a quelques années et on s'y ait installé plus ou moins instinctivement. C'était assez grand pour tous nous accueillir et ils aiment bien trié les gens. D'un côté les hybrides," Alex explique de façon ironique en faisant des signes avec ses mains, "d'un côté, les cracmols, bien séparés du reste. Après, je vais pas te mentir, ça nous arrangeait bien d'être entre nous. La plus part du groupe... on aime pas trop les sorciers."

Donald essaye alors de bouger le piano a lui tout seule mais l'instrument bouge à peine. Alex fait le tour pour l'aider et commence à le soulever pendant que Donald continue. "T’as pas peur qu’ils te démontent en morceaux, eux aussi, pour voir ce qu’ils peuvent récupérer ?"

Ce n'est qu'un commentaire inoffensif, la simple continuation de leur discussion, mais elle vient frapper Alex en plein visage, si fort qu'il en lâche brusquement le piano. L'impact est accompagné d'un bruit sourd et plusieurs têtes se tournent vers eux. Alex leur fait un signe pour leur assurer que ça va, et ignore les regards inquisiteurs de Nico, Leo, et Angèle. "Désolé, mes mains ont glissés," il explique à Donald de façon un peu fébrile. Ses mains sont soudainement moites et ses joues chauffent. "Certains sorciers adoreraient ça, crois moi," il ajoute sombrement, "mais fait moi confiance, tant qu'on sera ici, personne n'y arrivera."

« Jusqu’à ce qu’on le soit plus ? » répètes-tu, incrédule. « Qu’est-ce que t’as réussi à leur faire faire ? » Tu marques un temps de pause, histoire de dégainer la petite remarque pleine de sel qui fait du bien ; tu te sentais toujours plus à l’aise quand il n’y avait pas de sorcier dans les parages. « Tu leur as prouvé par a+b que le sms, c’était plus rapide que le courrier par hibou ? » Fier de ta piquante remarque, tu ris bêtement, tandis qu’Alex, plus avisé de ce qui se faisait ici, s’essaye tout de même à plaider la cause des magiciens. « Heu ouais, Matthew, c’est le vieux là ? » Non parce que la moyenne d’âge tendait à faire passer le refuge davantage pour une villa de téléréalité, plutôt que d’une maison de retraite ; aussi, la quarantaine passée, on avait tendance à se faire remarquer…

Du reste, tu l’écoutes expliquer la méthode de rangement grandeur nature de l’Ordre, qui ne va pas sans t’arracher une mine dépitée. Bon, tu ne savais pas encore ce que c’était, des hybrides, mais à tous les coups, ça relevait du même délire que de vous parquer, vous les pauvres gueux dépourvus de magie, dans un coin. Tu étais loin de te douter qu’à l’inverse des cracmols qu’on protégeait du reste du monde magique, les hybrides avaient été entreposés dans un coin pour se protéger d’eux. Tu n’avais jamais croisé la route d’un vampire ou d’un loup-garou, et tu t’en garderais bien…

Ta dernière question, cependant, a l’air de faire mouche. Alex allait pour t’aider à porter le piano, conscient que, malgré ton flex, tu n’allais pas faire long feu tout seul. Il aurait pu s’agir d’une simple maladresse (il avait pas l’air bien épais non plus, cet Alex), mais la confusion qui emballe ses paroles énigmatiques te prouve le contraire. Tu ouvres de grands yeux. « Hein ? » Soudain, tu n’en as plus rien à faire de savoir que vous étiez soi-disant en sécurité, ici. De toute façon, tu trouverais n’importe quelle raison pour te persuader de l’inverse, dans tes innombrables moments de panique. « Y’a vraiment des sorciers, c’est genre, leur kiff de s’en prendre à nous ? » C’est à ton tour de lâcher le piano, excédé, ignorant les regards qui se tournent vers vous, une seconde fois. « Mais ils nous feraient quoi ? ‘Fin, j’veux dire, on nage en plein délire, là ! » Tu ouvres les bras, donnant plus d’ampleur à ta sidération. « Je sais pas pour toi, mais moi, ça m’rappelle des trucs quand même bien moches qui se sont passés chez nous, y’a genre… soixante ans » Tu rattrapes les dates approximatives à la dernière minute. « Ils se sont pas trompés d’époque ? Nan parce que ça a déjà été fait, leur délire, là, ‘faut trouver autre chose, je sais pas… »
C’est presque touchant (et rare) de t’observer soudainement aussi investi. Plus tu en apprenais sur ce conflit, plus son sens t’échappait, obnubilé par les horreurs qu’on te racontait. « Tu m’étonnes que ça kiffe pas les sorciers, dans le coin ; il s’est passé quoi ? » Longeant le clavier, tu te rapproches de lui, baissant un peu la voix, désignant discrètement les autres cracmols qui s’affairaient à quelques mètres de vous. « Y’en a qui… qui se sont fait torturés ? »

juin 2007, le théâtre. "Jusqu’à ce qu’on le soit plus ? Qu’est-ce que t’as réussi à leur faire faire ? Tu leur as prouvé par a+b que le sms, c’était plus rapide que le courrier par hibou ?" La question de Donald dessine un sourire sur les lèvres d'Alex mais il est petit, sans joie. Alex n'a pas été clair et Donald a mal comprit ce qu'il voulait dire. Amer, il précise sa pensée. "Plus ou moins oui, enfin ça c'était plutôt Rubén. C'est fou à quel point les sorciers sont nuls avec les technologies moldus. Même Lukas-" Alex commence puis s'interrompt brusquement, ne voulant vraiment pas s'engager dans cette pente, surtout pas avec Donald. "Enfin, ce que je voulais dire c'est que la plus part du temps, ils nous croient inutiles jusqu'à ce qu'ils nous trouvent une utilité. Comme par exemple jouer les passeurs entre le Royaume-Uni et la France." Alex se dit que commencer par là, ça devrait suffire. Si Donald prend peur en entendant le mot passeur, il n'a vraiment pas besoin d'en savoir plus. De toute façon, en tant que cercle 1, l'Ordre ne fera sans doute pas appel à lui.

Quand ils parlent de Matthew, la réponse de Donald le fait pouffer. "Heu ouais, Matthew, c’est le vieux là ?" Le vieux. Alex est sûr qu'il serait ravi d'entendre ça. "Le vieux. Fais gaffe, il doit avoir quoi, à peine soixante ans ?" En disant ça, Alex remarque tristement qu'il doit être l'un des plus vieux membres de l'Ordre. C'est rare d'atteindre un tel âge c'est temps-ci. En tout cas, Alex, lui, ça le fait rêver. Après la mort de Cole, lui et les autres Lancaster Five était sûrs qu'ils n'atteindraient jamais la majorité.

Même si Alex essaye d'être diplomate et calme dans ses réponses, de ne pas traumatiser le nouveau qui, visiblement, n'est en rien préparé à rejoindre la résistance, il est difficile de contourner certains sujets sensibles. Encore moins quand c'est Donald lui même qui en parle le premier. Et Alex pourrait presque se sentir coupable quand il voit les yeux de Donald s'écarquiller. Presque. "Hein ? Y’a vraiment des sorciers, c’est genre, leur kiff de s’en prendre à nous ? Mais ils nous feraient quoi ? ‘Fin, j’veux dire, on nage en plein délire, là !" Donald parle. Il parle, il parle, il parle, et ne semble même pas se rendre compte qu'Alex est devenu pâle, livide même, son corps parcouru de sueurs froides. "Je sais pas pour toi, mais moi, ça m’rappelle des trucs quand même bien moches qui se sont passés chez nous, y’a genre… soixante ans. Ils se sont pas trompés d’époque ? Nan parce que ça a déjà été fait, leur délire, là, ‘faut trouver autre chose, je sais pas… Tu m’étonnes que ça kiffe pas les sorciers, dans le coin ; il s’est passé quoi ? Y’en a qui… qui se sont fait torturés ?"

Il ne peut pas savoir, il n'est pas au courant. C'est naïf mais pas méchant, maladroit mais pas volontaire. C'est ce que Alex essaye de se répéter pour se calmer alors qu'il sent son coeur s'emballer, les mots de Donals ravivant de vielles douleurs que Alex pensait enfouies, oubliées, guéries. Non. Jamais guéries.

Donald ne peut pas être au courant. La plus part des membres de l'Ordre ne savent rien ou presque de ce qui leur est arrivé, le sortilège du Tabou les empêchant de donner des détails sur ce qu'il se passait au manoir. Donald, qui vient tout juste de débarquer dans la résistance, au Royaume-Uni, qui pourrait à peine reconnaître une baguette magique, ne peut pas être au courant. Et pourtant, ses mots sont d'une vérité terrifiante. Le pauvre n'en a aucune idée et Alex déteste devoir être celui qui va lui annoncer ça. Il espère que Leo, Angèle, et Nico sont loin, n'entendent rien de leur discussion. Il manquerait plus qu'ils soient eux aussi confronter à ça...

Après de longues respirations, Alex se force à répondre, mettant toute son énergie pour masquer le fait qu'il est en train de perdre pied. "Baisse le ton, veux-tu ? C'est pas... Les autres ont pas besoin d'entendre ça. C'est... Les cracmols, on est pas les bienvenus dans ce monde, le monde magique, sorcier, tu devrais le savoir, ça. Et y en a... Y a des sorciers qui... Ils sont curieux," il finit par dire. Des sorciers curieux, de la curiosité. C'est comme ça que les Lancaster Five parlent de ce qui leur est arrivé depuis qu'ils ont fuient le projet. Au manoir, ils pouvaient en parler librement. Ça devait être le seul lieu où le sortilège du Tabou ne faisait pas effet. Ici, par contre, la seule façon qu'ils ont trouvé pour se faire comprendre, expliquer ce qu'ils se tramaient sous les yeux des sorciers, bien avant que Voldemort revienne, ce sont les euphémismes, les demi-mots, des phrases implicites et des regards appuyés. "C'est humain de vouloir comprendre les choses," il ajoute amèrement. Bien sûr, il n'y avait rien d'humain dans le comportement des médicomages du projet, ça maintenant ils le savent, et il espèrent que Donald comprend l'ironie. "Et bah voilà, y a des sorciers qui voulaient nous comprendre." Alex n'ira pas plus loin sur le sujet. Il a besoin d'occuper ses mains et son esprit, de faire quelque chose pour éviter de s'engouffrer dans la brèche. Cela fait très longtemps qu'il n'a pas eu de crise d'angoisse sans Lukas à ses côtés. Ça serait sans doute un carnage. "Aller, ça sert à rien de parler de ça, t'façon, c'est fini toutes ces histoires," il ment avant de reprendre le piano. "Faut qu'on se bouge, on fout rien là. Aller aide moi avec le piano, on va le porter là bas," il dit en faisant un signe de la tête vers la pile de trucs à démonter.

Quand bien même tu n’étais pas au courant du sombre passé d’Alex, tu en avais au moins entendu de vagues bribes et, au lieu de demander gentiment s’il pouvait t’en parler, tu préférais faire exprès de mettre les pieds dans le plat, et même bien plus que ce que tu avais pu espérer. Tu ne réalisais pas encore la sévérité de certains drames, et ne semblais pas mesurer la réalité de certains traumatismes. Tu étais un nouveau-né dans cette guerre sans fin, le pire truc qui avait pu t’arriver, c’était de perdre une chaussette dans le dortoir où vous vous entassiez. Ou encore d’avoir oublié ton téléphone dans ta chambre d’hôtel. Aussi, tu restes inconscient face à l’émoi que tes questions suscitent chez Alex.

Et l’autre jeune homme met un effort considérable, plus difficile encore que de porter un vieux piano à bout de bras, pour ne rien laisser paraître, espérant sans doute que tu finiras par lâcher l’affaire. Mais tu étais un marketeux, tu ne lâchais jamais le morceau. Il te somme de baisser d’un ton, et tu tends l’oreille toujours un peu plus, à moitié avachi sur le clavier de l’instrument, sur lequel tu avais rabaissé le couvercle en bois au préalable.

Tu fronces le nez en l’écoutant. Tu n’oses pas l’interrompre, histoire de le laisser finir, qui sait, sur un détail peu ragoutant et de fait, croustillant. Mais ça te démange, hein, à voir comment tu t’agites, te dandines, appuyé sur les avant-bras, peu enclin à l’aider à balader l’énorme piano. Alex distribue ses révélations du bout des lèvres, sans entrer dans les détails, sans même essayer de paraître clair dans son récit. Tu fais la moue, culotté, appuyant ton insatisfaction en mettant un certain temps avant de redresser, les sourcils haussés et le regard baissé. « Aller, ça sert à rien de parler de ça, t'façon, c'est fini toutes ces histoires » Tu remontes tes manches et, les jambes pliées, tu attrapes le piano à bout de bras, en donnant le décompte.

Vous progressez de quelques pas, quand, n’y tenant plus, tu y vas de ton petit commentaire désobligeant. « Ouais ‘fin, c’est fini, mais ça pourrait recommencer, hein… » Tu ne comprends pas tout de suite pourquoi il s’est arrêté, parti sur ta lancée que étais. « Nan mais c’est vrai, quoi ! S’ils sont curieux, ils nous demandent, quoi ! Pas besoin de nous torturer ! » Bon ok, c’est peut-être aussi parce que tu avais un peu la pétoche qu’on s’en prenne à toi. Tu fais retomber le piano un peu brusquement, pris dans ton élan. Un morceau du couvercle se détache, jusque là fermé. Un nuage de poussière s’élève du sol et un autre, plus sombre, plus épais, un peu comme de la fumée, s’échappe de l’ouverture juste craquée. « Heu… c’est quoi ça ? Y’a le feu ? » grommelles-tu en te penchant allégrement au-dessus du trou, ne réalisant pas que ton geste brusque agite la fumée qui se tortille sur le côté et sinue jusqu’à Alex ; l’Epouvantard sur le point de prendre la forme de ce récit qu’il était si peu enclin à raconter...

juin 2007, le théâtre. Alex a du mal à cerner Donald. Il est en général un assez fin observateur, ne s'est jamais vraiment privé de se venter de ses compétences analytiques, pourtant, face à lui, il ne sait ni trop quoi dire, ni trop quoi faire. Alex se rend compte que même s'il a 30 ans, son expérience avec les sorciers et les cracmols se refusent à presque cinq ans de tortures, suivi de presque cinq ans d'isolement parmi les moldus, et finalement, sept petites années au sein de l'Ordre, confiné dans un théâtre en ruine en attendant qu'on ai besoin de lui.

Il n'est donc clairement pas un expert. Mais quand même, Donald est... perturbant. Surtout qu'il semble ne pas vouloir lâché l'affaire, comme incapable de voir que Alex aimerait vraiment passer à autre chose. "Ouais ‘fin, c’est fini, mais ça pourrait recommencer, hein…" Alex se concentre profondément pour ne pas l'envoyer chier. C'est quoi son problème ? On dirait presque qu'il a envie que ça recommence. "Nan mais c’est vrai, quoi ! S’ils sont curieux, ils nous demandent, quoi ! Pas besoin de nous torturer !"

"C'est pas si simple," Alex répond à travers sa mâchoire serré. Il se note de parler à Rubèn de son pote parce que vraiment, va falloir qu'il change d'attitude. Avant qu'il puisse lui en dire autant, cependant, ils sont tout les deux pris par surprise par une épaisse fumée noire qu'Alex a vu bien trop souvent il y a des années de ça.

Tout son corps se tend alors, son coeur s'accélérant, les prémices d'une crise d'angoisse se manifestant au pire moment possible. A côté de lui, Donald semble confus et dans un coin de sa tête, Alex lève les yeux au ciel parce que bien sûr, en plus, il n'a jamais été confronté à quoi que ce soit de magique à part le sortilège de lessive de sa mère. Alex essaye de l'ignorer, murmurant, "Non, non, non, pas ça, pas maintenant," en boucle alors que l'épouvantard prend doucement forme, l'épaisse fumée devenant soudainement un homme blanc dans la quarantaine, les cheveux blonds et les yeux noirs qui brillent d'une lueur sadique.

Alex est tétanisé. Il ne peut rien faire, les yeux bloqués sur la figure qui s'approche doucement de lui. Il tremble et quelque part, il en veut à Donald parce qu'avec toutes ses questions, Alex était déjà bien à fleur de peau, son traumatisme trituré, remué, piqué jusqu'à ce qu'il remonte presque à la surface, vibrant sous sa peau en attendant d'exploser au moindre signe - comme par exemple un épouvantard en forme de médicomage du projet Lancaster.

Sans s'en rendre compte, réagissant par instinct plus que par autre chose, Alex laisse s'échapper un petit cri et s'effondre au sol, la tête entre les genoux, les bras enroulés au dessus de sa tête, espérant que s'il ne peut pas voir l'épouvantard alors l'épouvantard ne pourra plus lui faire de mal. Malheureusement - et comme il l'avait compris il y a des années de ça - ce n'est jamais une solution valable. Même les yeux fermés, Alex le voix derrière ses pupilles, avide de tester Alex avec sa dernière idée.

Tu agites les bras avec la prestance d’un sombral ivre, pour te débarrasser de cette fumée qui ne montait définitivement pas dans l’air comme de la fumée normale. On dirait plutôt un nuage de guêpes mais sous forme éthérée. « Alors ça va pas le faire, parce que je suis allergique » que tu ronchonnes, tandis que le visage d’Alex devient aussi livide qu’un cachet d’aspirine. Mais pour le moment, tu es trop concentré sur ta petite personne et sur cette poussière de guêpe magique qui pourrait éventuellement se déposer dans tes cheveux que tu as un mal fou à garder coiffés convenablement.

Le gémissement terrorisé d’Alex te fait reprendre conscience de la tension de la situation. Tu sursautes, en réalisant qu’un vieux type était apparu d’un coup. « Euh… bonjour ? Vous êtes là pour le déménagement, vous aussi ? » que tu demandes simplement, rassuré à l’idée qu’on vous envoyait toujours plus de bras pour débarrasser tout ce chantier. Mais l’homme ne répond pas ; à vrai dire, il a même l’air bizarre, et tu dis pas ça seulement à cause de son regard fixe sur Alex. Il a l’air trop propre sur lui, même s’il dégage une aura assez malsaine. On dirait presque un genre de scientifique, mais genre l’équivalent magique (si ça existait). Tu plisses les yeux. « Hé oh, ‘faut répondre quand on vous parle ! » Tu t’agaces, dans le vide, puisque toute l’attention de l’inconnu est accrochée au corps tremblant d’Alex.

C’est seulement à ce moment-là que tu remarques que ton acolyte s’est vautré au sol, le regard fuyant, le nez enfoncé entre ses bras. Il est ratatiné sur lui-même, on dirait qu’il essaye de disparaître dans le sol, dans le mur, dans les pellicules de poussière, n’importe où tant que ce n’est pas ici. C’est vrai que d’un coup, l’atmosphère s’est alourdie, il y a quelque chose qui pèse dans l’air et qui agrippe à la gorge. Tu aurais pu penser qu’il s’agissait simplement de l’humidité des lieux, mais tout porte à croire que c’est cet homme mystérieux qui dégage une telle terreur.
« Hé, euh, Alex, ça va ? » Tu t’approches de lui, il se rétracte encore plus. Tu tends la main vers son épaule secouée de tremblements. L’homme se trouble, dirige son attention sur toi quelques secondes. « Vous lui avez fait quoi, là ? Vous vous connaissez ? Vous l’avez poussé ? » Toujours aucune réponse, à croire qu’il sait tout simplement pas parler… C’est qu’à y regarder de plus près, il n’a même pas l’air réel… Tu plisses les yeux, il t’imite, et soudain, son visage se trouble comme des ronds dans l’eau, et, pendant quelques instants, tu fais face à toi-même, à ceci près que ton visage est émacié, terne, pitoyable. Tu fais un bond en arrière, t’écrasant contre le mur, debout, juste à côté de ton comparse. Tu grimaces, terrifié, secoues la tête. « Mais c’est quoi ce bordel ? »

L’homme a repris son apparence normale et s’approche désormais d’Alex. Tu n’as aucune idée de ce qu’il compte lui faire, mais à voir dans quel état ça met ton copain, tu préfères pas attendre d’avoir la réponse. Tu essayes de le pousser, de l’écarter d’Alex, mais l’homme ne cille pas, avançant inlassablement dans sa direction. Imperturbable, il sort de l’une des poches de sa robe une baguette qu’il tend vers Alex. « Woh, euh doucement avec ça ! On n’en a pas, nous ! » Mais autant parler à une porte. « Oh, y’a quelqu’un ? » Tu hausses la voix, scrutant le fourbi environnant pour choper l’attention d’un sorcier ou d’une sorcière qui se trouverait dans les environs. « J’crois qu’on a b’soin d’un coup de main ! »

juin 2007, le théâtre. TW crise d'angoisse, haine de soi, torture (passée) Le monde d'Alex tremble, vacille, se floute, pendant qu'à ses côtés, Donald continue de se plaindre, de façon presque superficielle. Alors, vaguement, juste avant qu'il ne s'effondre, Alex comprend que le pauvre idiot n'a aucune idée de ce qu'il se passe. Et il l'envie presque.

Parce que lui comprend parfaitement ce qui leur tombe sur la tronche, l'a déjà vécu bien trop de fois pour ne pas reconnaître cette épaisse fumée qui se transforme en son pire cauchemar. C'est impossible à ignorer ou à combattre, pas par lui en tout cas. Et bien sûr, des deux âmes présentes à ce moment là, il fallait que la créature choisisse Alex comme victime. Pauvre petit Alex, faible et terrifié, cassé et rendu inutile par les années passées comme rat de laboratoire. Les scientifiques du Projet Lancaster n'ont bien sûr jamais pris le temps de leur expliquer ce qu'était ces choses avant de les lâcher sur eux. Il a fallut attendre l'arrivée de Lukas pour enfin mettre un nom sur leur visage - si on peut parler de visage - et comprendre ce qu'elle faisait exactement.  Pour eux, à l'époque, il aurait été difficile de deviner qu'elle était exactement leur spécialité puisque la plus part du temps, elle prenait la même apparence que leur bourreau - comme encore aujourd'hui - pour venir les hanter, les traumatiser jusqu'à les rendre immobile, complètement tétanisés par la peur.  Dans leurs têtes, ce n'était qu'un énième tour de magie dont seul les sorciers - les vrais - avaient le secret. Lors de rares occasions, cependant, les épouvantards prenaient des formes différentes. Alex se souvient qu'au début, le sien ressemblait à son propre cadavre - avant qu'il ne comprenne, bien sûr, qu'il y avait des sentences pire que la mort. C'est également comme ça qu'il a découvert à quoi ressemblait le père de Cole.

Cette période parait si lointaine et pourtant le souvenir est bien là, vif et palpable, les cinq sens d'Alex le ramenant à la salle d'étude du manoir, loin, très loin du Théâtre et de Donald.

Il n'a plus 30 ans mais bien 15, et il est recroquevillé au sol, tremblant et gémissant comme un pauvre gamin qui a peur du noir. Il y est, le sait, le ressent. Alex n'a plus aucune conscience de ce qui est vrai et ce qui est faux. Tout son monde n'est réduit qu'à sa peur, son désespoir, et sa douleur.

"Hey, hey, Ale. Ale, tu m'entends ? Ale, c'est moi, c'est Nico. T'es avec moi, buddy ?" La voix de Nico lui parvient brouillé, lointaine, mais elle est bien là et bien sûr qu'elle est là. Parce que les scientifiques du Projet adorent comparé alors ils ont enfermé Nico avec lui. Mais pourquoi n'est-il pas aussi apeuré que lui ?

"Respire, Ale, respire. Avec moi, comme Lukas nous a appris. 1, 2, 3, 4, 5, et on inspire." On lui prend la main. Nico lui prend la main et soudain il sent le coeur de son ami qui bat. Lentement. Normalement. Les mots de son ami lui parviennent de façon plus clair et Alex s'y accroche. Ses gémissements se calme, ses muscles se détendent, mais ses tremblements ne cessent pas.

"Tu t'en sors très bien, Ale. Encore un petit effort. Regarde moi, je suis là. Tout va bien." Alex essaye d'ouvrir les yeux. Il a du mal à les garder ouvert, doit cligner des yeux rapidement plusieurs fois pour s'habituer à ce qu'il voit parce que ça n'a rien avoir avec ce qu'il voyait il y a à peine quelques secondes. Nico a l'air anxieux. Il a une main derrière la tête d'Alex et l'autre toujours avec celle d'Alex contre son coeur.

Visiblement ils ont attiré du publique. Donald est toujours là, juste à côté d'eux, l'air toujours aussi paumé. Alex a beau cherché, aucun signe de l'épouvantard.

"Qu'est ce que-" il essaye de parler, sa voix toujours tendue par la panique, mais Nico lui fait signe de rester silencieux, le forçant à continuer ses exercices de respiration.

"Un épouvantard," Nico explique finalement quand il semble juger qu'Alex est hors de danger. "Sacrément coriace. Heureusement qu'on avait Tara avec nous aujourd'hui." Alex lève les yeux pour voir la Tara en question, une sorcière née-moldue qui passe de temps en temps pour donner un coup de main magique. "Tu vas mieux ?" Nico demande ensuite à voix basse pour Alex et seulement Alex. Quand celui-ci acquiesce, Nico l'aide à se relever puis se tourne vers le petit groupe qui s'est accumulé autour d'eux. "Okay, circulez, y a rien à voir. Merci pour le petit coup de baguette, Tara," il ajoute ensuite en direction de la sorcière qui lui donne un sourire un peu crispé avant de partir avec les autres, laissant Nico, Alex, et Donald seuls à côté du piano.

"Désolé pour ça," Alex marmonne en direction de Donald. Maintenant qu'il a repris ses esprits, il ne peut empêcher le sentiment de honte qui glisse le long de sa colonne pour lui chauffer le visage face à Donald qu'il connait à peine.