novembre 1987, Durmstrang

On pourrait penser que pour un sanctuaire magique, un lieu qui se veut supérieur à tout autre, les bâtisseurs de Durmstrang auraient pu trouver le moyen de chauffer le château en hiver. Viktor porte un énorme pull sous sa cape d'hiver, elle-même recouverte d'une lourde écharpe en laine et accompagnée d'un bonnet et d'une paire de gants, et il a à peine chaud. Son malaise doit se lire sur son visage parce que Denitsa grimace quand elle le voit arriver.

"Tu veux qu'on descende aux cuisines pour qu'il te serve un potage ou un café au lait ?" elle lui demande doucement alors qu'il se laisse tomber à ses côtés, posant son sac sur la table. Viktor fait non de la tête et fouille dans ses affaires pour en sortir son livre, sa plume, de l'encre, et un parchemin.

"Tu travailles sur quoi ?" il lui demande, regardant le rouleau de sa sœur par-dessus son épaule.

Denitsa grimace à nouveau. "Professeur Karev m'a demandé de lui rendre un devoir supplémentaire sur la théorie du sortilège de lévitation. Il dit que comprendre la théorie me permettra peut être à gérer la pratique."

"Toujours pas ?" Viktor demande, compatissant. Il sait que sa sœur a du mal à suivre en classe mais ils ne sont pas dans les mêmes groupes donc c'est compliqué pour lui de vraiment se rendre compte de la situation, surtout que Denitsa n'est pas franchement bavarde sur le sujet. Durmstrang a une réputation à tenir et son personnel n'est pas forcément des plus patients. Eux qui refusent d'accueillir des sorciers nés-moldus, ils ne seraient vraiment pas ravis non plus d'en avoir des cracmols.

Même si Viktor sait que Denitsa a des pouvoirs, en a lui-même été témoin à plusieurs reprises, il sait que les adultes, ici, se posent la question. Tout le monde le sait. Il suppose que sa sœur doit le savoir aussi. Il se sent mal pour elle. Cela fait à peine quelques mois qu'ils sont ici et tout le monde sait déjà qui elle est. Quand elle passe dans les couloirs, les gens la regardent, la pointent du doigt, et chuchotent à voix basses de façon plus ou moins discrète. Viktor n'aimerait vraiment pas être à sa place...

octobre 1988, Durmstrang

A Durmstrang, il n'y a pas de maisons mais des groupes rattachés à un professeur référent. Ces professeurs référents ont aussi leur propre équipe de duel, ainsi que leur propre équipe de Quidditch. Ce sont eux qui s'occupent du suivit de leurs élèves aux cours de l'année, qui choisissent les capitaines, et qui gèrent également l'aspect disciplinaire si nécessaire.

Si Denitsa se trouve dans le groupe du sombre professeur Leon Karev, un sombre sorcier peu bavard, professeur de magie noire théorique, Viktor, lui, a la chance d'être dans le groupe du professeur Elvira Lazarescu, professeur de métamorphose, et beaucoup plus sympathique et souriante que la plus part de ses collègues. Beaucoup ne comprennent pas ce qu'elle fait ici, Lazarescu ayant une vision et une approche de la magie beaucoup plus moderne et ouverte que le reste de l'école, mais la rumeur dit qu'elle serait une descendante direct de Nerida Vulchanova, la fondatrice de Durmstrang.  

Viktor l'aime beaucoup. Elle est patiente avec lui, l'encourage bien plus que le reste des enseignants, lui assurant qu'il a un très fort potentiel. Et elle s'y connait vraiment en Quidditch.

Il a eu l'occasion d'en parler avec elle à plusieurs reprises depuis qu'il est entré à Durmstrang et à chaque fois, elle a semblé ravie de discuter avec lui. C'est elle-même qui lui a appris que son équipe recrutait, alors que la nouvelle n'avait même pas encore été officiellement annoncée sur le panneau d'affichage de son dortoir. "Clara est en train de préparer le formulaire d'inscription aux essais mais je tenais à te le dire en personne !" elle avait déclaré avec un grand sourire après son cours, alors que Viktor rangeait ses affaires. "Bon je préfère te prévenir c'est très rare qu'ils prennent des deuxièmes années, la compétition tout ça tout ça, mais ça te permettrait de te faire voir, de faire en sorte qu'ils se rappellent de ton nom pour les années suivantes !"

Si Viktor n'était pas très emballé par le poste recruté - attrapeur, autrement dit, le membre de l'équipe qui n'a quasiment rien à faire à part attendre - pouvoir voler et possiblement jouer au Quidditch, plus les mots de sa référence, l'avait convaincu à se présenter, même si, comme elle l'avait dit, il y avait peu de chance qu'il soit pris. Ils sont huit à se présenter pour le poste. Deux deuxième années, une troisième années, trois quatrième année, et deux cinquième années. En général, les étudiants plus âgés ne participent pas aux essais. Si arrivés en sixième année, ils ne sont toujours pas dans l'équipe, c'est qu'ils n'y ont pas leur place. La plupart du temps, le capitaine recrute des troisième ou quatrième année, encore jeune mais assez physique pour pouvoir encaisser les coups. Le Quidditch à Durmstrang est, comme toute autre forme de compétition, loin d'être une plaisanterie.

On leur attribue chacun un numéro - Viktor est numéro cinq - et on leur dit d'attendre. Toute une partie des gradins est remplie d'étudiants, de certains professeurs, de joueurs des équipes adverses, et de Lazarescu, bien sûr, habillée des couleurs de son équipe - bleu clair et noir.

On les fait d'abord voler tous ensemble, histoire de voir s'ils tiennent sur un balais au moins. Une fois ce premier test passé, on leur fait faire des longueurs de terrains, toujours en balais, pour voir leur rapidité. Enfin, ils passent aux essais individuels. Le premier à passer, un cinquième année, est très bon; Viktor entend les batteurs dire qu'il a déjà passé plusieurs fois les essais et qu'il sort avec une des poursuiveuse depuis peu. C'est donc clairement le favoris.

Le deuxième à passer, la troisième année, est douée également, mais clairement moins rapide que le premier. Dès qu'elle se pose à terre, la déception se lit dans ses yeux.

Le troisième, un quatrième année, rate tout ce qu'on lui envoie. Clara Ivanova, la capitaine de l'équipe, une huitième année un peu fantasque, lui fait tout de suite comprendre que c'est mort pour lui.

La personne à passer avant Viktor est l'autre deuxième année. Il s'agit de Nina Dagrova, la voisine de Viktor en Potion et en Botanique. Il l'aime bien, même si elle est beaucoup trop bavarde à son goût. Elle a toujours un million de questions et ne laisse jamais vraiment le temps à Viktor d'y répondre. Elle se débrouille mieux que le candidat avant elle mais n'arrive pas à la cheville du deuxième, encore moins du premier. Clara l'encourage tout de même à se représenter si elle en a l'occasion.

Ensuite, vient enfin le tour de Viktor. Il s'avance un peu maladroitement vers le centre du terrain, peu habitué à être le centre de l'attention. Ses mains sont moites sous ses gants et ses jambes le maintiennent à peine debout.

"Okay," Clara annonce en tapant dans les mains. "Viktor, c'est ça ? T'as vu les autres, tu vas devoir faire pareil. T'es prêt ?" Viktor acquiesce, pas certain que des mots sortent de sa bouche s'il essaye de parler.

Dès qu'il est dans les airs, ça va tout de suite beaucoup mieux. Il est à l'aise sur un balais, l'a toujours été. Il voit moins les gens au sol ou dans les gradins et peut donc plus facilement se concentrer sur sa tâche. Bizarrement, les balles que lui envoie Clara sont faciles à intercepter. Petit à petit, il gagne de plus en plus en confiance et oublie qu'on l'observe. Il s'amuse alors à faire des figures, celles qu'ils s'entraînent à faire avec Denitsa dans leur jardin à Varna, et ne rate pas une seule balle. Quand Clara siffle et qu'il se pose au sol, personne ne l'applaudit. Viktor se surprend à être vexé par ça. Tout le monde y a eu le droit, même l'empoté. Il attend que Clara lui dise quelque chose mais elle le fixe des yeux, un sourire presque imperceptible aux lèvres. "C'est quoi ton nom déjà ?"

"Krum," Viktor répond, un peu hésitant.

Le sourire de Clara s'agrandit et elle acquiesce de la tête. "Krum," elle répète en imitant, volontairement ou pas, le ton un peu bourru de Viktor.

juillet 1990, Zamuk Stadion, Sofia, Bulgarie

"Viktor !"

Viktor entend Clara avant de la voir. Elle fonce sur lui avec son balais et s'arrête net devant lui avant de sauter à terre et de le serrer fort dans ses bras. Cela fait un an qu'ils ne se sont pas vus. Après un an passé à jouer dans la même équipe, Clara a reçu son diplôme et est partie jouer en Espagne, à Barcelone. Quand Viktor a été contacté par l'équipe de Bulgarie pour venir participer à leur stage de préparation, il était content de savoir qu'il y aurait au moins un visage familier.

"Je suis si contente que tu sois là ! Tu vas voir, c'est pas du tout le même niveau qu'à Durmstrang, ici. T'es toujours dans l'équipe de Lazarescu, hein ? Tiens, Alexei, je te présente Viktor. Tu sais, c'est le petit crack dont je t'ai parlé ! Il nous a tous mis sur le cul pendant les essais ! Hein, Vik ? Tu te souviens comment tout le stade était sans voix après ton passage ? Jamais vu ça. Quand Vasily a dit qu'on allait accueillir un jeune attrapeur de Durmstrang, j'étais sûre que c'était toi !"

L'équipe se rassemble petit à petit autour de Viktor alors que Clara continue à parler toute seule, faisant les questions et les réponses, ses mains bougeant dans tous les sens. Viktor essaye de se détendre, de leur renvoyer leur sourire. Ils sont presque une vingtaine, des titulaires mais aussi des remplaçants, comme Clara, des joueurs qu’il a toujours admiré, qu’il regarde jouer dès qu’il le peut, qu’il suit avidement, comme les autres fans. Et pourtant, aujourd’hui, il est là, parmi eux.

Viktor se sent jeune, petit au milieu de tous ces athlètes. Il se demande un peu ce qu'il fait là, du haut de ses treize ans. Il fait petit, maigrichon, au milieu de ces carrures, et a presque envie de disparaître quand Clara passe un bras autour de ses épaules et que le capitaine de l’équipe et le sélectionneur arrivent, deux grands sourires aux lèvres.

“Alors ? Prêt à nous montrer de quoi tu es capable, Viktor ?”

août 1994, Dartmoor, Devon, Angleterre

Viktor est seul dans sa tente. Clara est passée le voir, à essayer de lui parler, de le réconforter, de lui assurer qu'il n'avait rien fait de mal mais elle a finit par partir, comprenant qu'elle ne parviendrait à rien. En tout cas pas ce soir, pas si peu de temps après les faits.

Tout le temps où elle était là, Viktor a à peine bouger, n'a pas parlé, les yeux rivés sur son balais à ses pieds, du sang séché sur le visage. Il avait refusé que les médicomages s'occupent de lui et était le seul à ne pas s'être changé après le match, quittant le vestiaire à la seconde où il fut autoriser à regagner sa tente. Il s'était assis sur le canapé et n'avait pas bougé depuis.

C'est comme ça que Denitsa le trouve quand c'est son tour de venir le secouer. Elle laisse s'échapper un long sourire, alors qu'elle s'appuie contre l'une des poutres de la tente. "Vikkie... Qu'est ce que tu fais ?"

Viktor ne lui répond pas tout de suite. Au début, Denitsa commence à s'inquiéter, se demande s'il s'est endormi ou s'il ne l'a simplement pas entendu, mais éventuellement, Viktor se redresse et se laisse tomber contre le dossier du canapé, invitant sa soeur à venir s'asseoir à côté de lui. "J'ai vraiment merdé, hein ?"

Denitsa soupire à nouveau mais se dirige vers son frère, le forçant à s'allonger, la tête sur ses genoux. Viktor proteste légèrement mais Denitsa le force à se tenir tranquille, agitant sa baguette pour faire venir une bouteille d'eau et du coton jusqu'à elle.

"Bravo. T'arrive à faire ça, toi maintenant ?" il marmonne, étonnament immobilisé par le bras de sa soeur.

Denitsa ne semble cependant pas plus vexé que ça par le commentaire de son frère. "Ah ah, très marrant, monsieur grincheux. Arrête de bouger maintenant, laisse moi m'occuper de toi, gros nounours," elle ajoute, un peu pour se venger. L'appeler par le surnom qu'utilisait leur nourrice quand ils étaient petits, c'est bas.

Viktor ne se vexe pas non plus, se met juste à rire, sans vraiment le vouloir, tout son corp bougeant avec. "Je suis désolé," il finit par avouer, les larmes aux yeux. "C'est les nerfs sans doute, mais je ne voulais pas..."

"Ouai, je sais," Denitsa répond, s'appliquant à nettoyer la blessure de son frère. Un médicomage devra venir lui remettre le nez en place de toute façon mais au moins, il aura le visage propre. "Moi aussi, je suis désolée, Vik," elle dit doucement, relâchant sa prise autour de lui pour venir lui masser le cuir chevelu. "Clara est inquiète pour toi. Comme toute l'équipe. Je sais que tout à l'heure, ils ont du dire des choses mais-"

"Laisse tomber, Dani," Viktor la coupe, un peu froidement, avant de pousser ses mains et de se redresser. "J'ai pas envie d'en parler."

"D'accord mais-" Denitsa commence mais est interrompu quand, soudain, ils entendent des cris. "C'est les Irlandais ça ?"

Viktor hausse des épaules, l'air confus. Il propose d'aller voir quand Clara débarque dans la tente, l'air paniqué. "On doit partir. Tout de suite."

Cérémonie de la Coupe de Feu

"The Champion for Durmstrang will be Viktor Krum!"

A l'annonce de son nom, la salle - La Grande Salle, Viktor avait entendu certains étudiants appeler cette pièce - explose de joie. On l'applaudit, comme s'il était le héros de tout le monde et pas seulement de son école. Ses voisins le bousculent et lui font signe de se lever. Viktor s'exécute, le visage dépourvu de toute émotion. Honnêtement, il aurait sûrement plus réagit si c'était un autre nom qui avait été appelé. Loin d'être de l'arrogance, c'était juste... une évidence. Il avait été préparé pour ça, Karkaroff l'avait préparé pour ça, tout le savait, s'y attendait. Quand Viktor se lève, aucun de ses camarades ne semblent déçus.

Il se dirige vers la table des professeurs où Karkaroff lui adressent un sourire triomphant et Dumbledore lui indique une porte derrière la table des professeurs. Viktor s'y rend, sans un regard vers le reste de l'assemblée, content de pouvoir se réfugier dans une autre pièce, au calme, seul. Avant de fermer la porte, il entend vaguement son directeur annoncer "Bravo Viktor! Knew you had it in you!"

Malheureusement pour lui, le calme n'est que de courte durée puisque à peine quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre à nouveau et c'est une fille cette fois, portant un uniforme de Beauxbâtons, qui entre. Elle jette un regard à Viktor mais ne dit rien, rejette simplement sa chevelure d'un air supérieur et prend place sur une des chaises de la salle.

Encore quelques minutes plus tard, le dernier champion, celui de Poudlard, les rejoint dans la pièce et les salue. "Hi, I'm Cedric." Il vient serrer la main de Viktor puis celle de Fleur, qui semble plus aimable à présent. "Guess, this is it, uh?"

Il est facile de discuter avec Cedric, Viktor se rend rapidement compte. Ils se rassemblent autour de la cheminée, et se demandent ensemble ce qu'il va se passer maintenant qu'ils ont été sélectionné. Fleur est en train de parler quand la porte s'ouvre à nouveau et qu'un autre garçon, beaucoup plus jeune qu'eux, se joint à eux.

"What is it?" Fleur demande alors que les yeux de Viktor se pose sur la cicatrice du garçon. Pas besoin d'être brittanique pour savoir ce qu'elle représente. "Do they want us back in the Hall?"

Le garçon ne répond rien puis une flopée de gens le suivent à l'intérieur, certains l'air furieux, d'autres l'air curieux, un dernier l'air ravi. Ils parlent tous en même temps, d'un anglais bien trop rapide pour que Viktor puisse les comprendre jusqu'à ce que quelques mots le fassent enfin comprendre ce qu'il se passe.

The Fourth Triwizard Champion.

La Première Tâche

S'entendre dire "Tu vas devoir faire face à un dragon" et réellement faire face à un dragon sont deux choses complètement différentes et ça, Viktor l'a très vite compris.

Quand Karkaroff lui a annoncé quelle serait la première tâche, Viktor a d'abord été un peu vexé. Denitsa l'aurait sûrement traité d'imbécile, mais s'il y a bien une chose qu'il a en horreur, aussi niais que cela puisse paraître, c'est la triche. Avec le temps, cependant, savoir à l'avance qu'il devait affronter un dragon plutôt que de tomber nez à nez avec sans préparation était quelque peu rassurant. Il a donc ravalé sa fierté et s'est mis à travailler, épluchant tous les livres possibles et imaginables sur le sujet à la bibliothèque de Poudlard.

C'est sans aucun doute l'endroit qu'il préfère dans cette étrange école, de par son calme et sa chaleur, d'abord, mais aussi parce que l'espace d'un instant, il peut être lui même. Il n'y a pas de groupies ici, pas de Karkaroff, juste des livres et des étudiants qui n'en n'ont rien à faire qu'il soit un champion de Quidditch. Il y en a une en particulier...

Il a fallut à Viktor plusieurs jours avant de vraiment lui prêter attention. Au début, il ne s'attardait pas vraiment. Il voyait bien qu'elle était toujours là mais elle était plongée dans ses livres et lui faisait de même. Et puis, Viktor a finalement commencé à se rendre compte qu'elle était là plus souvent que n'importe qui d'autre. Et seule. Il a alors commencé à se demander la raison de cette solitude, s'imaginant qu'elle était comme Denitsa, rejetée par les autres pour sa différence. Des fois, Harry Potter est avec elle mais ces fois là, Viktor ne reste pas, ne voulant pas qu'on pense qu'il puisse l'espionner - encore une fois, la triche n'est pas le truc de Viktor.

Souvent, il a envie de lui parler mais parler n'est vraiment pas son truc non plus alors il préfère rester en retrait, espérant qu'une occasion se présente, éventuellement. Pour l'instant, faire face à un dragon semble plus simple...

... Jusqu'à ce que ça ne le soit plus. La Première Tâche arrive plus rapidement qu'il ne l'aurait imaginer et soudain, Viktor se retrouve dans une tente, avec Cedric, Fleur, et Harry, à attendre la suite.

Viktor passe en troisième position, avec le Boutefeu Chinois, un dragon rouge écarlate, déjà terrifiant, même miniature. Pendant que les autres passent, il reste dans son coin et se répète en boucle ce qu'il a lu et ce que Karkaroff lui a appris. Quand c'est enfin son tour, il se lève, essaye de rester calme, et se promet d'aller parler à la fille de la bibliothèque s'il s'en sort indemne.

Le Bal de Noël

Bizarrement ou non, les tenues de gala, les soirées mondaines, et donc la danse de salon sont une zone de confort pour Viktor. Héritier de riches familles, petit-fils d'un héros national, et récemment devenu superstar de Quidditch, Viktor est habitué a ce genre de choses. Il n'aime toujours pas être le centre de l'attention mais il a passé assez de temps dans ce genre de milieu pour savoir qu'il ne sera pas ridicule et qu'il peut passer une bonne soirée. Même sans l'approbation de son directeur.

Depuis son arrivée à Poudlard, c'est peut être la première fois qu'il se sent vraiment à l'aise; une chance puisqu'il a enfin eu le courage d'approcher Hermione et que celle-ci a accepté. Elle est magnifique ce soir, si belle que Viktor a du mal à détacher son regard d'elle. Pour une fois, son manque d'expression joue en sa faveur, du moins il l'espère.

Partout où ils vont, les regards et les chuchotements des autres étudiants les accompagnent. Viktor, lui, est habitué bien sûr, mais il doute que ce soit le cas d'Hermione. Elle ne semble pas trop ennuyée, cependant. Elle garde la tête haute tout du long, comme si elle ne remarquait rien. Viktor ne tombe que plus en admiration devant elle.

Pour son plus grand plaisir, ils ne parlent que peu de Quidditch ce soir là. Viktor pose des questions à Hermione sur Poudlard, sur sa vie, et sur le monde moldus quand elle lui révèle que ses parents ne sont pas sorciers. De son côté, Viktor lui parle de Durmstrang, de sa soeur, et de Varna. C'est lui même qui se met à parler de Quidditch quand il lui parle de Clara, de ses premiers essais, et de ses coéquipiers. Si Viktor parle d'ordinaire peu, ça ne veut pas dire qu'il n'aime pas ça. C'est juste qu'il est rarement à l'aise et préfère donc ne pas attirer l'attention sur lui. Avec Hermione, cependant, cela semble facile, la jeune fille visiblement peu intéressée par son statut.

L'étrange interaction qu'il a eu avec les amis d'Hermione mis à part, Viktor passe une remarquable soirée. Si bien que quand Hermione lui dit au revoir à la fin du bal, il agit sans réfléchir et dépose un baiser sur sa joue, un grand sourire au lèvre, avant de regagner le bateau de Durmstrang.

La Deuxième tâche

Viktor sent son visage reprendre forme normal alors que lui et Hermione regagnent la surface. Cedric, Fleur, et la personne que Cedric devait sauver sont déjà sur le ponton, enroulés dans de grosses serviettes épaisses pour ne pas qu'ils prennent froid. Dans les bras de Viktor, Hermione reprend conscience et semble désorienté, respirant lourdement après avoir passé plus d'une heure endormie sous l'eau.

"You okay?" Viktor lui demande, lui aussi essoufflé, desserrant son étreinte pour qu'elle puisse nager toute seule.

Hermione acquiesce et ensemble ils rejoignent les autres. Dès qu'ils arrivent, on les tire hors de l'eau et leur jette les même serviettes que Cedric, Fleur, et Cho. Viktor est soulagé de regagner la terre ferme - ou du moins un semblant de terre ferme - légèrement sonné par l'heure qui vient de s'écouler. Pour être honnête, il ne s'attendait pas vraiment à trouver Hermione, attaché en bas. Quand il avait fini par mettre l'oeuf dans l'eau - le faire tomber sans faire exprès dans le lac était un peu plus exacte - il avait pensé que le fameux trésor qu'il devait aller chercher serait son balais ou un truc dans le genre. Pas quelqu'un.  

Visiblement, il n'avait pas été le seul pris au dépourvu. Fleur semble totalement sous le choc, pale, les yeux rivés sur l'eau, et Cedric, quand à lui, tient fermement Cho contre lui, comme si celle-ci risquait de repartir sous l'eau sans son appui. Enfin, en bas, Harry avait eu l'air paniqué face aux trois corps ligotés sous ses yeux. Viktor était parti rapidement, voulant à tout prix aider Hermione, mais alors qu'il ne voyait pas le plus jeune d'entre eux remonter à la surface, il commence à se demander s'il n'aurait pas mieux fait de rester avec lui pour l'aider. Cependant, Karkaroff l'aurait sûrement rejeté à l'eau s'il l'avait fait.

Viktor essaye de réconforter Hermione pendant qu'ils attendent que Harry remonte. Il lui parle de Varna, des étés là bas qu'elle adorerait sûrement. C'est maladroit et ne fait clairement pas effet donc Viktor finit par se taire jusqu'à ce qu'une jeune fille blonde, puis un garçon roux, et enfin Harry apparaissent au milieu du lac.

Viktor se retient de célébrer mais il n'en est pas pour le moins soulagé.

La Troisième tâche

Quand Viktor se réveille, il est à l'infirmerie de Poudlard, Harry allongé dans un autre lit un peu plus loin, un chien à ses pieds. Ses parents sont là aussi, ainsi qu'une femme que Viktor n'a jamais vu. Tous les trois arborent des expressions sombres qui révèlent rapidement à Viktor que quelque chose de grave s'est produit.

"Good morning, Viktor," la femme lui dit en anglais avec un fort accent hongrois. "My name is Naomi Meszaros, and I am the ambassador for Hungary, here in the UK."

Un peu confus et sonné, Viktor jette un oeil à ses parents qui semblent bouleversés et très inquiets. La dénommée Meszaros, elle, continue de parler.

"Do you remember anything from last night, Viktor?" elle demande alors, un regard indescriptible dans ses yeux.

Viktor ouvre la bouche pour répondre mais se rend compte soudainement qu'il n'a aucune idée de comment il est arrivé là, de comment s'est fini le Tournois, ou même de ce qu'il a fait pendant la Troisième Tâche. Il fait alors non de la tête, avant de regarder à nouveau ses parents qui restent totalement immobiles et silencieux. "I see," Meszaros dit froidement, comme si c'était un inconvénient pour elle, qu'il ne se souvienne de rien. "What is the last thing you remember, Viktor?" elle demande ensuite, tirant une chaise pour s'asseoir à ses côtés, en soupirant, comme pour dire "ça va être long."

Viktor fronce les sourcils alors, toujours perturbé par cette série de questions et son absence de souvenirs. "I... We were about to start the Third Task," il essaye de sortir en anglais, sa gorge incroyablement déshydratée. "Harry and Cedric went first," il se force à se rappeler, le souvenir distant, presque flou. "Then... Then it was my turn. I entered the labyrinth and..."

"And?" Meszaros l'encourage impatiemment.

"And..." Viktor essaye de répondre mais rien ne lui vient. "And, I don't know, I... I... I can't remember... Why? What happened?" Il regarde entre Meszaros et ses parents mais eux ne le regardent pas, préfèrent échanger des regards inquiets. "What?" Viktor demande, commençant lui même à s'inquiéter, son coeur battant plus fort sans qu'il ne sache pourquoi.

"Er, Viktor, you have to know that the Third Task didn't really go as planned..." Meszaros essaye de lui expliquer. "We could say that the organizer of the event... lost control of the whole thing. I can assure you that, as we speak, the French and Hungarian governments are planning to take action against Hogwarts and the British Ministry of Magic."

"Why?" Viktor demande précipitamment, ses yeux se posant sur Harry. Il a l'air faible, même endormit, pâle, et l'un de ses bras et enroulé dans un épais bandage.

Les adultes autour de lui échangent à nouveau de longs regards qui ne font rien pour le rassurer, puis Meszaros daigne enfin répondre à ses questions. "We're... unsure of what happened exactly, but when Mister Potter and Mister Diggory reappeared from the labyrinth... Mister Potter was badly injured and Mister Diggory was... Well, he was..."

"Dead," le père de Viktor finit pour elle, de manière un peu abrupt.

Viktor regarde ses parents, sous le choc, incapable de dire quoi que ce soit.

"There are many... theories regarding what exactly happened but here's what Mister Potter had to say." Elle se racle la gorge avant de redire de façon presque mécanique, comme si elle lisait une retranscription, ce que Harry avait dit.

Viktor essaye de se concentrer mais il n'arrive à entendre que la moitié de ce qu'elle lui dit, les mots tournant dans sa tête sans qu'il n'arrive à en faire sens. Quand elle a finit, elle redemande à Viktor s'il se souvient de quoi que ce soit mais Viktor fait à nouveau non de la tête. Elle finit par s'excuser, laissant Viktor seul avec ses parents, qui lui assurent qu'ils traineront en justice absolument toutes les personnes présentes hier soir.

Viktor les laisse parler, se rallongeant dans son lit avant qu'il n'ait à le quitter, son esprit fixé sur une seule et même chose : Harry avait dit qu'il avait attaquée Cedric et Fleur et Viktor n'avait aucune idée de s'il s'agissait d'un mensonge ou de la vérité...

Cérémonie Hommage à Cédric

Viktor ne comprend pas. Il est assis là, au milieu de la foule, vêtu de noir, et il ne comprend pas. Il ne comprend pas comment il est arrivé là, comment ils sont arrivés là. Le Tournois est dangereux, oui, ça ils le savent tous, ils étaient prévenus, ils y étaient préparés. Plusieurs fois pendant les deux premières tâches, Viktor s'était dit "ça y est cette fois-ci on y passe." Mais pas comme ça. Jamais comme ça.

Aujourd'hui, Viktor a l'impression qu'il existe autant de versions des faits qu'il y a de personnes présentes dans la Grande Salle. Il en a entendu des choses, Meszaros l'avait prévenu, et certaines semblent plus crédibles que d'autres mais Viktor, au final, les écoute peu. Lui, il croit Harry. Personne d'autre n'était là ce soir là. Et personne d'autre n'était là, non plus, quand Crouch a attaqué Viktor. La folie dans ses yeux... Si Viktor avait pris peur sur le moment, c'est bien parce qu'il voyait en cette homme le passage de la magie noire.

Une chose est sûre, Cedric était quelqu'un de bien. Contrairement à de nombreux étudiants de Poudlard, il était toujours poli avec Viktor, aimable même. Il n'y avait pas de rivalité entre eux, juste... de la camaraderie. Viktor a été réellement boulversé en apprenant sa mort. Bien plus que par la disparition de son directeur. Si Harry dit vrai, et Viktor pense sincèrement que oui, alors Karkaroff l'a soit rejoint, soit il est parti se cacher. Dans les deux cas, bon débarras.

Juillet 1995, Sao Paulo, Brésil

Avec l'équipe de Bulgarie, Viktor a eu l'occasion de voyager dans beaucoup de pays mais jamais au delà de l'Europe. C'est en partie pour cela qu'il a tout de suite accepté de suivre Denitsa dans sa folle aventure. ça, et l'envie d'être loin de tout - à nouveau - après l'année quasi-cauchemardesque qu'il vient de passer.

Il dort très mal mais essaye de le cacher à sa soeur. Elle s'en rend sûrement compte, bien sûr, mais sa diplomatie légendaire fait qu'elle se prive de tout commentaire, ne faisant qu'un faible sourire à Viktor quand, chaque matin, il lui répond machinalement qu'il a bien dormi. Son frère n'est pas un bavard, ça elle le sait, et le mettre mal à l'aise n'aidera en rien ses problèmes de sommeil.

Les cauchemars varient. Des soirs, il se voit lui-même tuer Cedric. D'autres soirs, c'est Harry ou Fleur qui y passent. Une fois même, Hermione. A chaque fois, il entend des cris, des hurlements qui le supplie de ne pas faire ça, d'arrêter. Certains rêves sont moins fatals - mais tout aussi violent. Ces rêves là, il les soupçonne d'être en fait de lointain souvenir de son passage sous l'imperium. Il se retrouve dans le labyrinthe qu'il a à peine eut le temps d'explorer, faisant face à Cedric avant de lui jeter le sortilège doloris, puis Harry arrive et l'attaque.

Il ne sait pas ce qui a été révélé du déroulement de la tâche, exactement, et honnêtement, il n'a pas cherché à le savoir. De toute façon, pour une fois, l'attention n'était pas du tout sur lui donc il n'allait pas aller la chercher en posant des questions qui en soulèveraient bien d'autres...

Le nouveau sélectionneur de l'équipe nationale de Bulgarie ne l'a pas appelé pour le nouveau rassemblement. pour le père de Viktor, bien sûr, c'était un scandal, et il n'a pas manqué de le faire savoir à la presse. Viktor, de son côté, était plus que soulagé. Il avait besoin de temps pour lui, surtout qu'il n'avait plus eu de vacance depuis ses treize ans... Il a lui aussi pris la parole, quite à se mettre son père à dos, pour dire qu'il comprenait le choix de son sélectionneur, et qu'il allait prendre ce temps pour murir, développer son Quidditch mais aussi son mental pour pouvoir mieux revenir en équipe nationale. Ses mots avaient plus, et Denitsa et lui étaient parti le lendemain.

Cela fait maintenant plusieurs jours qu'ils sont au Brésil. Denitsa est absolument ravie. Ici Viktor passe totalement inaperçu; un réel plaisir aussi bien pour lui que pour sa soeur. Ils se fondent facilement dans la masse. Ils ont pris des chambres dans un hôtel moldu et se tiennent relativement éloignés de la communauté magique de Sao Paulo. C'est Denitsa qui s'est occupée de tout, plus que fière d'avoir, pour une fois, une longueur d'avance sur son frère. Ici, c'est elle l'experte et elle est absolument émerveillée par l'ingénuité des moldus. Viktor, de son côté, à pris contact avec un spécialiste de la magie de l'esprit, ayant de nombreuses questions quand au sortilège de l'imperium.

Août 1997, Versailles, France

"Hi."

Viktor ne lève pas tout de suite la tête, pas sûr que le "hi" lui soit destiné, et continue de lacer ses bottes en cuir. Il est rare qu'on vienne le saluer dans le vestiaire. C'est toujours lui le premier à arriver et quand les autres entrent dans le vestiaires, ils lancent un bonjour général depuis la porte puis discutent entre eux. C'est très rare qu'ils parlent à Viktor avant d'être sur le terrain à discuter stratégie, championnat, ou adversaires. Il continue donc de se préparer, sans remarquer l'homme à côté de lui qui fronce les sourcils, un peu surpris, et regard autour de lui en attente d'une quelconque explication.

"Er... hi?" il répète, en avant un peu plus sa voix, pendant sans doute que Viktor ne l'a pas entendu la première fois.

Viktor lève bien la tête cette fois-ci mais ne regarde toujours pas le nouveau venu. Il cherche des yeux qui n'entend pas qu'on est en train de lui parler avant d'enfin comprendre qu'il s'agit de lui. Il sursaute alors, un peu maladroitement, et se tourne, enfin, vers l'homme qui lui adresse la parole, l'air un peu gêné.

"Sorry, hi, I didn't know..." il laisse sa phrase en suspend, ne sachant pas trop quoi dire, à la fois embarrassé et pris au dépourvu.

"Hi," le nouveau le salue une troisième fois, l'air légèrement amusé. "I'm Matteo, the new beater," il lui explique, tendant la main pour qu'il la serre.

"Right, hi," Viktor redit à nouveau en s'en saisissant, jamais trop à l'aise quand il rencontre de nouvelles personnes.

"Hi," Matteo répète également, cette fois-ci presque moqueur. "You're Krum, right? Viktor?" il finit par demander quand Viktor ne semble pas vouloir se présenter en retour.

"Oh, er, yes, of course. That's me. I'm... I'm Viktor, I, er..." Viktor regarde à nouveau ses coéquipiers, espérant que l'un d'entre eux viendra à sa rescousse mais aucun ne semble prêter attention à eux. "So you're new, uh? Welcome."

Matteo se mord la lèvre, surement pour s'empêcher de rire, et acquiesce. "Yup. Like I said, I'm the new beater." Quand Viktor ne semble pas avoir d'autre réponse qu'un énième acquiescement, Matteo secoue la tête, en rigolant doucement. "Well, I should get ray but, um, it was interesting meeting you."

"Likewise," Viktor répond toujours aussi maladroitement.

February 2001, Sofia, Bulgaria

La première chose que Viktor remarque quand il se réveille c'est qu'il a mal partout. Il commence à cligner des yeux, essayant de bouger avec énormément de difficulté, et essaye de parler mais sa gorge est sèche et sa langue comme engourdit. Il entend alors une voix, féminine, celle de sa soeur sans doute, parlant fort et très vite, ses cheveux venant effleurer son visage.

"Vik, Vikkie, tu m'entends ? Vik, tu m'entends ?"

Viktor se concentre et finit par arriver à voir ce qu'il se passe, le visage de sa soeur, inquiet et pâle, la première chose dans son champ de vision. Derrière elle brille une lumière très forte, caractéristique des hôpitaux. Le coeur de Viktor s'emballe alors, le souvenir de sa dernière hospitalisation lui revenant en mémoire. Puis, il se rappelle ce qu'il faisait avant de se réveiller, se souviens d'être en train de voler, le vif d'or à à peine un mètre de lui, puis une douleur atroce, et une chute...

"Est ce que je suis mort ?" il demande, la voix cassé, et son corps lui faisant toujours étonnement mal.

"What did he say?" une autre voix demande, cette fois-ci masculine, et Denitsa sort de son champ de vision.

"He asked if he was dead," elle répond, son ton trahissant son sourire.

Quelqu'un d'autre rit - l'homme - et c'est maintenant Matteo qui se penche et apparait dans son champ de vision. "Sure, you're dead, Vik. Welcome to hell, or whatever the muggles call it."

"Je vais aller chercher un médicomage," une troisième voix - féminine, également - annonce, et cette fois-ci, Viktor reconnaît Clara.

"How are you feeling, Seeker?" Matteo lui demande, tirant une chaise pour s'asseoir à côté de lui, et posant une main sur la sienne en signe de réconfort.

"Everything hurts..." Viktor répond en gémissant, incapable de bouger sa jambe. "What happened? I don't..."

"You were hit by a very nasty bludger," Dani lui explique en grimaçant. "And you fell from your broom. Thankfully, your staff has quick reflexes and you didn't die on us," elle essaye de plaisanter mais l'inquiétude et la peur sont claires sur son visage.

"Yay," Matteo fait semblant de célébrer mais chez lui aussi ça sonne plus triste qu'autre chose.

"What's the damage?" Viktor demande alors et il sent la main de Matteo se resserre autour de ses doigts. Cette réaction l'inquiète plus qu'autre chose, surtout que ni Denitsa, ni Matteo ne répondent tout de suite, échangeant des regards loins d'être subtile. "What?"

"The fall was bad, Vik. And the bludger... It was crazy! It was a simple training exercise. Neither Ivan nor Pyotr sent it, no one knows where it came from and it... It hit you in the knee, it... it completely shattered your knee..."

"It what?" Viktor s'exclame, essayant de se redresser tant bien que mal, mais Matteo et Denitsa le force à se rallonger, essayant de le calmer.

"It'll grow back," Matteo l'informe, ses deux mains sur ses épaules. "The mediwizards said that there shouldn't be a problem..."

"They did say that it would be painful, though," Denitsa ajoute, en massant une de ses jambes. "And that you'll need recovery time and reeducation before you can fly again."

"How long?" Viktor demande et, à nouveau, Matteo et Denitsa se regardent au lieu de répondre. "How long?" Viktor répète.

Matteo soupire et se passe la main dans les cheveux avant de répondre. "Five to six months." Il fait une pause pour laisser du temps à Viktor pour digérer l'information, puis ajoute, l'air réellement désolé, "I'm sorry, Vik, but you're gonna miss the Olympics."

Août 2001, Paris, France

Quand Viktor rentre chez lui, il ne prend même pas la peine de vérifier si Matteo est là ou d'aller prendre quelque chose à manger dans la cuisine. Il se dirige directement vers sa chambre est s'écroule sur son lit, complètement vidé par la semaine qu'il vient d'avoir.

Son genou va beaucoup mieux. Il a recommencer à voler, à s'entraîner - seul pour l'instant, mais c'est déjà ça. Il y a quelques mois, c'était son obsession - retrouver son balais et les vifs d'or. Aujourd'hui, il en est presque à regretter sa blessure...

Il ne regrette pas sa décision de rejoindre les Kensington Kings. Il sait que c'est important, qu'il a le pouvoir de vraiment faire quelque chose, d'aider l'Ordre à sa manière. C'est lui même qui a eu l'idée, qui s'est proposé, et il ne regrette pas son choix.

Mais c'est un choix politique. Il n'y a rien de sportif dans sa décision. C'est un choix politique et personne ne peut le voir autrement. Matteo semble vouloir prétendre qu'il n'a que le Quidditch en tête mais Viktor sait que pendant qu'il était au Royaume-Uni à parlementer avec l'Ordre, Matteo, lui, était aux Pays-Bas avec sa famille, pour savoir ce qu'il devrait faire.

C'est un choix politique mais il ne sera pas perçu par tout le monde de la même façon. Certains seront ravis d'apprendre que Viktor rejoint l'équipe londonienne, fiers de voir un joueur de son calibre porter ces couleurs, et surtout satisfaits d'apprendre qu'il soutiens le gouvernement du Lord. (C'est comme ça qu'il doit l'appeler à présent. Plus Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, mais le Lord.) D'autres seront très déçus par le choix de Viktor, ne le comprendront pas, à commencer par sa famille. Il y aura de nombreuses questions auxquelles Viktor devra répondre à commencer par "comment un homme de votre stature, de votre tempérament, le petit-fils d'un héros de guerre, peut soutenir un homme, un gouvernement pareil ?" Viktor devra rester poli et souriant, diplomate dans ses réponses toutes faites mais pas trop, pour que chacun soit convaincu qu'il ne ment pas, qu'il y croit sincèrement. Enfin, une petite - très petite - partie des gens sauront ce qu'il fait vraiment, et ne lui en tiendront pas rigueur, seront au contraire content du travail qu'il fournit.

Quelqu'un vient toquer à la porte de sa chambre, et Viktor se retourne pour voir Matteo s'appuyer contre le mur, souriant mais l'air fatigué. "So?"

"I think we should do it."

Matteo est surpris. Il ne cherche même pas à le cacher. Viktor sait qu'il s'attendait à une autre réponde. Personne ne s'attend à ce que Viktor rejoigne une telle équipe. Matteo était déjà surpris quand Viktor n'a pas dit non tout de suite, a dit qu'il voulait y réfléchir, alors là, il est sous le choc.

"You do?"

Viktor hausse les épaules. "I need a new challenge. I love Versailles and I love France but there's nothing left for us to win here."

Matteo fronce très légèrement les sourcils, comme s'il se rendait compte que Viktor ne lui dit pas tout. "Right," il finit par acquiescer. Il se détend visiblement, et son sourire s'agrandit un peu alors qu'il vient s'asseoir à côté de Viktor. "I thought the same. It's a young team and the line-up is pretty sexy," il ajoute avec un petit sourire en coin. "And it's Quidditch, right? It's just Quidditch."

Viktor le regarde, longuement, espérant que Matteo aussi lui cache quelque chose. "It is." It's really not.

Mars 2006, Purity Stadium, Londres, Angleterre

L'entraînement aurait du commencer il y a plus de vingt minutes mais ni la capitaine, ni l'entraîneur ne sont là. Nayara et Ren ont décidé de faire un concours d'équilibre pour s'occuper et Matteo s'est joint à eux, les trois se tenant debout sur leurs balais, les bras tendus pour maitriser leur position. Perséphone est plonger sur le gazon synthétique, les bras croisés derrière la tête et les yeux fermés. Viktor, lui, boude dans son coin, un fait que Matteo n'a pas manqué de remarquer à voix haute, afin de faire rire le reste du groupe.

Viktor n'a jamais été quelqu'un de très souple, mais quand il s'agit de prêt ou de loin d'Alexandria, c'est quinze fois pire. Ça non plus, Matteo n'a pas manquer de le remarquer. Du coup, Viktor fait les cent pas dans son coin, le regard sombre.

Quand on se rapproche plus des trente minutes de retard que des vingt, Alexandria finit enfin par arriver, tout sourire, le balais et la batte sous le bras. "Alright, coach will be here soon, he's being held up in the SD's office but he said I should lead warm up so we don't lose anymore time."

"Finally," Viktor souffle en levant les yeux au ciel, alors que Perséphone se relève, et Nayara, Ren, et Matteo redescendent sur terre.

"Aw you were worried about me, Vikkie?" Alexandria demande, un sourire carnassier aux lèvres, comme si une dispute avec Viktor était juste ce qu'elle voulait. "You thought something had happened to me?"

"Actually, kinda hoped something had," Viktor répond avec un sourire similaire.

Derrière eux, Nayara et Ren échangent un regard l'air de dire "Here we go..." Alexandria, elle, perd son sourire et resserre son regard sur Viktor. "Ah ah. You know Vik, you should be be careful what you wish for... Some people might think-" elle commence à dire mais Perséphone, l'air plus ennuyé qu'autre chose, se glisse entre eux avant que ça ne dégénère.

"Guys come on... Is this really the time? We're playing Puddlemere soon. Shouldn't we focus on that?" Elle regarde Alexandria, puis Viktor, avant d'ajouter, "You both hate Puddlemere, right?"

Presque à contre coeur, les deux acquiescent, comme deux enfants se faisant gronder par leur mère. De son côté, Matteo se rapproche aussi du cercle, décidé à faire complètement disparaître la tension. "We all hate bloody Puddlemere."