TW : racisme, homophobie, violence1978 Nastasya Grigorieva et Ivan Lebedev (pas l'Ivanovich, l'autre) convolent en justes noces. Elle est peut-être déjà enceinte, et l'union est peut-être précipitée, mais personne n'en dit rien, alors que les deux époux sont suffisamment bien assortis.
1979 Naissance d'Alexei, six mois après le mariage. Golden boy.
1983 Naissance de Valerian. Le sombre.
2 janvier 1986 Naissance d'Ivan, troisième fils de la fratrie d'enfants terribles. Celui-la porte le prénom du père, dans l'espoir peut-être de le faire à son image. La tête blonde n'en fera rien. Fauteur de troubles dès la petite enfance, perpétuel suiveur de ses deux aînés et de leurs mauvais coups, larbin souffre-douleur qui rend tous les coups et mord jusqu'au sang. On nourrit ses coups de colère au lieu de les réprimer. De toute manière, on a tout un Empire à gérer. Ivan père nomme son ami Piotr parrain de l'enfant, sans trop savoir à quel point il s'intéressera au gamin. Ça ne peut pas nuire, qu'il se dit.
1991 Les pouvoirs du garçon se sont déclarés bien tôt, autour de ses deux ans, sans guère de surprise ; avec satisfaction, plutôt. À ses cinq ans, Nastasya l'assit sur le banc du piano pour la première fois. Le supplice infini du solfège débute, prémices de longues années de torture sur fond de compositeurs russes.
1997 Entrée à Koldovstoretz. Il y déteste tout. Sa famille n'y a aucun poids, ni la Bratva, et même la présence de Valeri ne suffit pas à rendre le supplice agréable. Surtout que le cadet, lui, n'est pas aussi rébarbatif à l'autorité et à la discipline que le benjamin, qui supporte son lot de retenues aux sévices divers avant de marcher un peu plus droit. De fermer davantage sa gueule. De baisser la tête et d'apprendre, au lieu de rouspéter sans relâche. Les dents serrées, accumulant la rage et la rancœur, trouvant dans les étés et les congés de rares accalmies où reprocher son sort à ses géniteurs. Le pire, sans doute, c'est qu'il n'est pas si mauvais, lorsqu'il y met du sien. Bien peu.
Il s'intéresse aux créatures magiques (comment les chasser), aux sortilèges et maléfices (de transfert, de vol, de disparition, de duplication, de falsification), à la magie puissante et avide qu'on enseigne aux plus âgés (il y a hâte). Il snobe tout le reste, le Quidditch et les cours de musique : si lui ne peut pas menacer qui que ce soit avec la Bratva, sa mère ne peut pas non plus forcer quiconque à lui enseigner le piano. Seule satisfaction.
Été 2001 Valeri l'aide à trafiquer des papiers moldus afin de prétendre qu'il a dix-huit ans et son permis de conduire. Le frère lui apprend à conduire (trop vite dans les rues de Moscou et celles de Saint Pétersbourg, trop dangereusement sur les routes de campagne). Le goût de la vitesse s'ajoute au reste.
Été 2002 Nastasya embarque toute sa famille pour des vacances au Portugal, afin de leur présenter une de ses amies de jeunesse, Filomena Medeiros. Leurs liens étroits ont permis pendant des années une collaboration fructueuse avec la Bratva et les affaires du frère de Filomena, Nicodemo Serafim, et les deux mères ont le pieux plan de désormais lier leurs familles. L'heureux élu de ces machinations est Alexei (suffisamment responsable et convenable), à la limite Valerian (qui a le même âge, mais le tempérament moins aisé et les préférences secrètement
autres), et surtout pas Ivan, qui de toute façon ne s'attend pas à autre chose qu'à rencontrer une chieuse chiante.
Pas à Salamanca dans toute sa beauté, son charisme, sa chaleur, son désordre, cet esprit libre et chaotique qui résonne si bien avec le sien. Pas à y trouver une meilleure amie, une complice, une partenaire de tous les instants, à laquelle il voue son cœur adolescent, sans même en avoir la pleine conscience.
Ivan est irrémédiablement, terriblement, en amour.
Il n’en est toujours pas revenu.
Noël 2002 Les deux nouveaux meilleurs amis entretiennent une correspondance furieuse ; les professeurs d'Ivan seraient jaloux de savoir qu'il use sa plume avec tant de frénésie. Il invite Sal à passer Noël à la maison, sans prévenir ses parents. Pour la nouvelle année et sa majorité sorcière, les inséparables écument les bars moldus de la capitale et surtout, les cellules des postes de police. Aliocha et Valeri lui offrent une moto : il a plus que jamais hâte de revenir pour l'été.
Été 2003 L'été se passe entre le Portugal, où il retrouve les bras de Sal, et Moscou, où c'est sa bécane qu'il retrouve.
Été 2004 Sa dernière année à Koldovstoretz est à la fois lente et rapide, une étrange torture dont il gradue avec empressement. Pour fêter sa liberté (il dit même sa
sortie de taule, comme s'il savait quoi que ce soit de la vraie prison), Sal et lui partent en voyage en Indonésie.
Automne 2004 Le retour au pays marque son entrée officielle dans la Bratva sorcière. L'initiation est une chasse menée par Valeri, qui ne lui donne aucun conseil et lui réserve le terrain le plus dangereux. Quel trésor que les frères, vraiment.
Ivan est
voleur dans la loi et se dévoue beaucoup à respecter cette dite loi, qui consiste à en enfreindre bien d'autres. Il vole des voitures et se plaît à courir, à démolir ses adversaires à coups de poing s'il perd ; chasse les Vélanes aux côtés de Valeri ; emmerde Aliocha lorsqu'il tente de faire le chef, l'aîné plus haut placé dans cette hiérarchie vague que les voleurs des rues respectent sans trop y croire. Le monde moldu lui plaît et surtout, la crédulité de ceux-ci. Lors des jours saints, il paie des respects dans les églises de la ville, et vole ensuite les plus belles reliques. Le corps se couvre de tatouages et de cicatrices, les mains et les oreilles de bagues de bijoux, la garde-robe de fringues.
Juillet 2006 Dmitri, chef de la branche anglaise de la Bratva sorcière, meurt d'une mauvaise chute pendant une partie de polo magique. À peine deux ans après avoir raflé le huitième siège du Syndicat au nez des polonais, c’est con. Hors de question de laisser l’événement déstabiliser la Bratva. Alors qu'Ivan père est occupé à désigner celui qui succédera à Dmitri, Ivan fils ne manque pas de suggérer la meilleure candidature pour le poste : la sienne. Le géniteur est sceptique, mais tout de même agréablement surpris de cette prise d'initiative de la part de son benjamin, certainement pas reconnu pour chercher les responsabilités. Puis, avoir son propre enfant à la tête de la Bratva anglaise : quelle meilleure opportunité de s'assurer du contrôle Lebedev sur l'affaire ? L'affaire est pliée avec les promesses du fils et sans se soucier des règles d'ancienneté de ses ouailles, des autres meilleurs candidats, ou même de l'avis des autres (ce qui rappelle définitivement l'enfant qui porte son prénom), le sorcier de tout juste 20 ans est expédié au Royaume-Uni. Sans supervision : après tout, c'est lui, le chef, maintenant.
Août 2006 Arrivée d'Ivan à Londres, où il prend ses aises dans le logement de service scandaleusement luxueux de Dmitri. S'il avait su, il l'aurait fait tuer lui-même bien avant. Dans la maison sorcière au coeur de Chelsea déménagent le nouveau chef de la Bratva anglaise, son garde du corps et surtout, Salamanca. Fraîchement retraitée de la boxe, la sportive le rejoint au Royaume-Uni, contre l'avis de leurs parents respectifs, qui connaissent bien trop le potentiel chaotique de leurs enfants. Les réglementations anglaises l'empêchent d'emmener sa moto au pays. Il a envie de chialer tellement ça le fait chier.
Septembre 2006 Demande à haute voix pourquoi des
créatures sont acceptées au Syndicat, en posant les yeux sur la Fox des Warlocks, présente lors d'une des réunions au côté d'autre Jap freak. Il a suffisamment chassé de Vélanes et de leurs descendantes pour les reconnaître. Ça le dégoûte, putain.
Octobre 2006 S'offusque lorsque le coincé de Chinetoque des Wang refuse de faire de la coke avec lui, à une réunion. L'autre ne lui offre même pas d'opium pour se faire pardonner. Y'a des Jaunes qui ne savent pas vivre, hein...
4 novembre 2006
Sous les rayons pâles de la lune, haute et ronde dans le ciel, comme un œil fixé sur lui, les bois se parent de menace et d'ombres, les murmures se font hurlements, les branches qui craquent sous leurs pas aussi sonores que des os. Ivan a sa baguette fermement serrée dans sa main, son regard clair aux aguets, alors que les sorciers prudemment s'enfoncent dans la forêt. Lorsqu'on lui demande silencieusement son avis, ses mains tracent des signes dans les airs, consignes que les hommes s'empressent de suivre avant que le signal soit lancé. Que la chasse et que ce soit chacun pour soit, tout au gagnant.
Le cœur du sorcier bat dans ses tempes et l'adrénaline monte à chaque pas, à chaque tressaillement inconnu. Le cri de ralliement vient de sa droite, long hurlement animal du loup qui appelle sa meute - et le leur, de cri, en est un de guerre, alors que la Bratva s'élance dans les bois, à la recherche des bêtes. Il regrette l'absence de Valeri, le chasseur, son frère favori, qui apprécierait certainement de mesurer ses talents à ceux de la meute qui peuple ces bois, où on chuchote qu'un redoutable Alpha laisse ses petits courir et dévorer quiconque marche sous le couvert des arbres. Ivan est décidé à rappeler à ces bêtes qui mène vraiment la danse.
7 novembre 2006 Maksim lui dégote de la poudre d'argent, afin de permettre aux blessures profondes et cruelles de cicatriser plus rapidement. Les réunions au Syndicat sont assurées pour un mois par son numéro 2, sous prétexte d'un voyage à l'extérieur. Il ne quitte pas sa maison, Sal à son chevet. À vrai dire, pendant les deux premières semaines, il n'a pas conscience de quoi que ce soit.
Lettre du père : partir en voyage si longtemps, ce n'est pas sérieux, pense au moins à prévenir tes hommes la prochaine fois.
Décembre 2006 Première pleine lune. Ivan pense mourir. Le souhaite un peu. Il soumet Maksim à un Serment inviolable, Sal en témoin. À elle, il fait entièrement confiance. Sa baguette cesse de lui répondre.
Lettre du père : la drogue, pourquoi pas, mais si c'est pour être ingérable pendant les réunions, qu'il se retienne.
Janvier 2007 Le marathon annuel des prisons moldues est suivi par la pleine lune, tout juste le 3 janvier. Il casse tous les miroirs de la maison de Chelsea et fait vider la piscine au sous-sol, incapable d'y croiser son reflet. Sal les répare et les cache, le temps qu'il se calme. La piscine reste vide.
Lettre du père : tout casser chez les moldus, d'accord, mais pas chez toi, surtout pas quand je paie.
Février 2007 La peur d'être découvert par le gouvernement s'infiltre sous sa peau et ce danger, au lieu de le griser comme chaque interdit bafoué, le noue d'angoisse. Chaque nuit de fête lui tord le ventre. Il boit plus, fume plus, consomme plus, baise beaucoup moins.
Lettre du père : doit-il blâmer Maria Salamanca pour son influence désastreuse ? Réponse d'Ivan : va mourir.
Mars 2007 Sabote un deal avec les Black Hands, pour des armes à feu moldues que la Bratva leur vend à un prix ridicule. Ça grogne chez le gang anglais, ça grogne dans ses rangs, il tabasse le numéro 2 qui remet en question sa décision. Assez pour lui enfoncer le nez, les dents, la langue, dans le crâne.
Lettre du père : quelle surprise face à cette décision, qu'offres-tu au gang en échange ?
Avril 2007 Les sorties publiques l'angoissent, point, et pas uniquement lorsqu'il dépasse le couvre-feu réservé aux hybrides (aux
autres hybrides). Il n'ira pas au MILF. Ni nulle part où une sécurité pourrait l'attendre et découvrir ce qu'il cache. Le monde moldu lui-même n'est pas sécuritaire, alors que le gouvernement anglais condamne ceux qui se mêlent aux sans pouvoirs. Les sortilèges de Glamour peinent à cacher ses cernes. Piotr arrive au Royaume-Uni : Ivan a l'impression que c'est pour le surveiller, se méfie du parrain arrivé par surprise, comme un fou sorti d'une boîte (dans ce cas-ci, de son attaché-case).
Lettre du père : les contacts moldus rapportent ne pas te voir très souvent, ne les néglige pas, ils sont à la base de notre empire.
Mai 2007 Lettre du père : as-tu besoin que j'envoie ton frère en renfort ? Réponse d'Ivan : j'emmerde Aliocha, qu'il aille se faire enculer, j'ai pas besoin de lui, je gère. Une autre idée l'obsède, l'empêche de prendre au sérieux les mots du géniteur : celle de contrer sa malédiction. Il doit exister un moyen. N'importe lequel. Et le
greed de se concentrer en ce point, alors qu'autour de lui, le navire ne cesse pas de brûler.
Salamanca
L'aube déjà se colore de rose lorsque le Russe rejoint son lit, à moitié dévêtu. Il n'y a pas que l'alcool, qui l'assomme, pas que la drogue, qui draine son énergie, mais cette nervosité qui retombe à chaque fois qu'il rejoint sa maison, son refuge, et non pas la prison. Ou pire, la Russie. Le corps et l'esprit épuisés, pour un sommeil qu'il a lourd, lorsqu'il consent à donner un peu de répit à cette enveloppe corporelle de laquelle il exige tant. Le sommeil se rompt à peine lorsqu'une brise fugace s'infiltre sous les couvertures et que le poids d'un second corps se joint au sien, et qu'une tête vienne se lover dans son cou. Dans le demi-sommeil, les sens du loup se révèlent, alors que l'humain paresseux n'a plus la force de les réprimer. Il lui semble baigner dans l'odeur qui monte jusqu'à son nez, depuis les cheveux parfumés qui s'éparpillent sur son épaule, et Ivan n'a pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir qui est là. Il n'en a jamais besoin. Les bras viennent envelopper la silhouette féminine, l'étreinte brève avant que les mains retombent contre la taille, la hanche, lourdes de fatigue. «
You okay, baby ? », qu'il murmure en russe à l'oreille de Sal et lorsqu'elle lui gracie d'un faible assentiment du chef, le sorcier laisse le sommeil le gagner à nouveau.
Aussi, cette fois, un doux sentiment de contentement, depuis le centre de son corps.