"Sausage rolls?" Cormac arque les sourcils, réprimant à grand mal un énorme sourire amusé par le soudain intérêt se lisant partout sur le visage de Diana et dans sa voix. Il se demande si elle sait ce que c'est, venant de l'autre bout du monde, mais trouve vite sa réponse à son engouement immédiat: "Let's go." Difficile une fois encore de ne pas se mettre à rire en voyant le visage habituellement renforgné de Diana Selvaggio tout d'un coup d'être éclairé de cet air curieux et impatient, et difficile aussi d'ignorer son coeur louper un battement quand il imagine ce à quoi un sourire pourrait ressembler sur ses lèvres.
Ils courent sous la pluie ardente, Cormac se protégeant tant que se peut avec un bras au-dessus de ses précieuses boucles blondes, jusqu'au bâtiment principal où se trouve la cafétaria. Pas facile de se faire prendre au sérieux par Martha, au début, tant il dégouline sur le sol carrelé des cuisines et qu'il a l'air bien misérable avec ses cheveux collés sur le front; mais il perçoit tout de suite qu'elle l'aime bien et ne proteste que pour la forme, avant d'enfourner dans un petit sac en papier les rolls n'ayant pas été avalés le matin-même au petit-déjeuner.

"Do not eat this inside your rooms. Or at least don't get caught. - Thanks, Martha." Cormac déteste ce sourire qui lui pend aux lèvres quand il essaye de se faire bien voir auprès d'un adulte: ça lui rappelle son père. Peu importe, quand il peut se détendre un peu une fois les rolls et quelques muffins récupérés dans le sac. Cormac n'avait pas faim jusqu'à présent, et il sent désormais son estomac rugir à l'idée de grignoter, résistant à la tentation d'ouvrir le sac en papier pour engloutir la première pâtisserie lui passant sous la main. "The rain has ruined all the good spots, let's go to my room." Cormac en sursaute presque, tournant un regard ahuri vers Diana avant d'hocher la tête avec un peu trop d'entrain. "Uh, yeah, sure!" Sa chambre? Mais pourquoi veut-elle aller dans sa chambre? Le coeur de Cormac s'emballe, mais le visage fermé et peu amène de Diana le ramène à la réalité: elle n'est là que pour les rolls et les muffins.
Pourtant, en la suivant sous la pluie jusqu'à son petit bungalow, il ne peut pas s'empêcher de ressentir une certaine nervosité grandir en lui, lui mordillant le fond de l'estomac et remontant jusqu'à sa gorge quand ils arrivent devant la porte. Cormac fait mine d'être accaparé par son observation des landes environnantes, avant de s'engager après elle une fois la porte ouverte.

Il jette aussitôt un regard avide à la décoration spartiate de l'endroit, déçu en se rendant compte que c'est exactement la même chose que ce qu'il partage avec Travis: deux lits, un bureau et des posters de Quidditch datant des années 60 partout sur les murs. "Cool," dit-il néanmoins, ne pouvant réprimer un sourire cette fois en laissant ses yeux bleus retomber sur Diana. Avec ses cheveux plaqués partout autour de son visage et sa petite mine trempée, il la trouve cute et se sent un peu rougir. Ils sont dans sa chambre, holy shit.
Cormac finit par aller poser le sac en papier sur le bureau, après s'être passé une main dans les cheveux, essayant vaguement de redonner à ses boucles légendaires une forme acceptable. Malheureusement, même ici, ils n'ont pas le droit d'utiliser de la magie et sa baguette lui est inutile - il l'a, de toutes façons, laissée dans sa propre chambre. "Roll or muffin?" propose-t-il en farfouillant à l'intérieur avec impatience. "Or both? Do you think I could fit both in my mouth? I'm pretty sure I could." Il semble considérer la chose pendant quelques secondes, tenant un muffin d'une main et un roll de l'autre, avant de se tourner vers Diana. Il sent aussitôt un sourire revenir effleurer sa bouche. "You're dripping everywhere," rit-il un peu. Il lui tend un sausage roll. "I think those rolls are worth getting sick for, don't you think?" Il parle trop, parce qu'il est nerveux, et il espère franchement que maintenant qu'elle a récupéré le butin, Diana ne va pas le mettre dehors... quoiqu'il ne s'en formaliserait pas (trop). Les filles hésitent rarement à lui dire quand il est chiant.

Ils plongèrent de nouveau sous la pluie, après un coup d'oeil de Diana à leur sac de provisions afin de s'assurer que Cormac les tenait à l'abri de la pluie – elle salivait d'avance, à l'odeur enivrante de la viande qui dominait toutes les autres, celle de la pluie, de la terre trempée sous leurs pieds, de la peau savonneuse de son acolyte. Les sausage rolls détenaient la promesse d'un réconfort bienvenu, après ce temps de chien et cet entraînement mouvementé, sans parler de l'incident de la douche qui avait achevé de la mettre sur les nerfs ; aussi se pressa-t-elle vers le bungalow, dont elle ouvrit rapidement la porte pour les faire entrer, refermant cette dernière derrière McLaggen.

C'était une coutume, à Phobay, que de s'inviter les uns dans les chambres des autres sans de véritable considération pour le genre ; Diana s'entendait remarquablement bien avec les garçons de son année, auxquels elle appréciait mettre la pâtée durant leurs cours de surf magique, et s'il y avait bien entendu des histoires, dignes du nom de ce que l'on appelait drama outre-atlantique, elles passaient bien au-dessus de la tête de compétitrice acharnée de Selvaggio – tant et si bien qu'on l'avait baptisée Savage, un surnom qu'elle détestait sensiblement depuis son accident.

Elle passa une main sur son visage trempé en refermant la porte derrière eux, avant de quitter ses chaussures trempées juste à côté de son lit, jetant les clés sur le bureau que Chloe était la seule à utiliser vraiment, à côté du miroir et des quelques palettes de maquillage. "Cool." Diana lui adressa un regard sceptique, se demandant bien ce qu'on pouvait trouver de cool à cette chambre à la décoration spartiate – elle préférait ne pas savoir à quoi ressemblait sa chambre, chez lui.

"Roll or muffin? Or both? Do you think I could fit both in my mouth? I'm pretty sure I could." Elle le considéra d'un air effaré devant cet enchaînement de pensées soudain ; ses yeux dérivèrent de ses joues rouges aux boucles mouillés sur son crâne, avant de revenir immédiatement à ses yeux lorsqu'il les tourna de nouveau vers elle – elle en avait oublié de répondre, et Cormac ne s'en formalisa pas le moins du monde. "You're dripping everywhere." "I know," elle s'ébouriffa les cheveux d'une main, comme pour en chasser les gouttes qui les lui collaient au visage et l'embarras de cette amitié surprise, avant de se détourner de Cormac pour attraper le sweat roulé en boule sur son lit. "How do you guys even live here?", ajouta-t-elle de son plus bel accent californien, gommant ses onze années de pluie dans le Yorkshire ; aux yeux des campers, elle s'était employée à redorer son blason d'Américaine. "I think those rolls are worth getting sick for, don't you think?" Diana abattit la capuche du hoodie qu'elle venait d'enfiler, où trônait fièrement le logo de son école – à l'arrière, on pouvait lire PHOLOBOS BAY 95' ; elle vint prendre le sausage roll que lui tendait le sorcier, avant d'aller s'asseoir en tailleur sur son lit. "Can you?", demanda-t-elle en le regardant, retirant ses chaussettes trempées qu'elle jeta au sol, de son côté de la pièce. "Fit both in your mouth. I bet you can't." Et elle croqua avec appétit dans le snack, sans quitter Cormac du regard – restait à voir s'il avait du cran, ou simplement une belle gueule à distribuer des sourires.

Cormac ne sait pas trop quoi penser de Diana. Elle est intense, d'une manière qu'il n'a jamais vue, sans doute parce qu'elle vient de l'autre bout du monde. Elle l'invite dans sa chambre, agit comme si de rien n'était, utilise son accent de petite meuf sortie tout droit de Californie, se plaint et pourtant le regarde de ses yeux sombres et lui donne l'idée que, peut-être, elle a envie qu'il reste. Les filles sont bizarres, surtout celles comme Diana. Mais pour être honnête, il n'y a pas beaucoup de filles comme Diana. "Can you?" Tomber malade? Cormac fronce les sourcils sans comprendre. "Fit both in your mouth. I bet you can't." Cormac en rougit de colère et de fierté. "Of course I can!" s'écrie-t-il aussitôt, exaspéré à l'idée qu'on le prenne pour une fiotte.

Et d'aussitôt aller pêcher muffin et sausage roll, avant de réaliser son erreur. Ils sont énormes et il est trop embarrassé pour retourner farfouiller dans le sac à la recherche d'une pâtisserie un petit peu moins imposante. Pas le choix.
Cormac jette un regard en biais à Diana et puis il ouvre la bouche, très grand. Le muffin est coincé dans une partie de sa bouche, et il fait de la place pour le sausage roll en grognant. Il a l'air ridicule, mal à l'aise et devient de plus en plus rouge à mesure que les secondes passent. Il est en train d'y arriver, et puis son gag reflex s'enclenche et il se retrouve plié en deux à cracher les deux pâtisseries encore humides de salive, suffoquant un peu de la pâte feuilletée qui est allée voleter dans sa gorge et son gosier. "Pfwah, fuck, urgh." Il s'étrangle un peu, se rattrape au bureau quand ses jambes cèdent sous la force de sa toux. Il est rouge pivoine, à chercher sa respiration en s'étranglant douloureusement. "Fuck." Il abandonne toute dignité en se laissant tomber parterre et s'adossant au pied du lit de la colocataire de Diana. "Those were almost in there, but they wouldn't go down. That's because I'm not a cock-sucker," indique-t-il à son adresse, les joues rouges d'embarras. Il fronce les sourcils, s'accord une légère pause; et puis, d'un ton presque philosophe: "Not that there's anything wrong with that."

"Of course I can!" Cormac répondit à sa provocation du tac-au-tac. En dépit des sourires qu'il avait pu lui adresser, Diana n'oubliait pas ce qu'elle avait pu voir de son tempérament de merdeux, ressemblant étrangement au sien : leur prise de bec dans les airs, et la façon dont il avait viré rouge lorsqu'elle lui avait dit de s'occuper de ses affaires, quand il lui avait demandé si elle avait un copain, n'était que deux événements isolés dans leur contact encore lointain, et pourtant déjà chaotique.

Elle se redressa sur son lit, lorsqu'elle aperçut la taille des pâtisseries dans les mains du Britannique, vaguement inquiète, surtout désireuse de profiter du spectacle qui s'annonçait. Oh boy, elle allait pouvoir en raconter, une fois de retour à... Enfin, si elle retournait un jour en Californie, après son détour en Chine.
Les yeux de Diana s'ouvrirent en grand lorsqu'elle vit Cormac engouffrer dans sa bouche un énorme muffin et un imposant sausage roll, dont la moitié aurait suffi à remplir un espace buccal normalement constitué. "Holy shit", souffla-t-elle en en oubliant son propre sausage roll, parvenant difficilement à croire qu'il avait réussi à caler les deux monstres dans sa bouche. Elle attendait, dans l'expectative voyant le visage de Cormac tourner au rouge sous la performance, oubliant ses cheveux et son tee-shirt trempés sous son sweat confortable – puis au moment où elle crut que Cormac avait réussi l'impensable, il commença à s'étouffer.

Diana éclata alors de rire. Une hilarité foudroyante qui la saisit dans tout le corps, d'autant plus brusque qu'elle n'avait pas ri depuis son arrivée dans ce maudit camp, ni à vrai dire réellement esquissé de sourire face à la gentillesse dont certains adultes avaient fait preuve à son égard.
Diana n'avait pas beaucoup ri, depuis un an, occupée à panser ses plaies, littéralement, et se remettre du cauchemar de cette nuit de camping qui la hantait certains soirs – il avait fallu du temps à ses cicatrices pour se former, et le chamboulement profond de son être, redéfini par ces griffures, l'avait laissée sur ses gardes, féroce, prête à bondir aux premiers signes d'hostilité.

Elle voyait trouble, la respiration saccadée, et s'était effondrée contre le mur derrière elle pour pallier cette crise surprenante qui faisait exploser les tensions hors de son corps, les yeux encore rivés sur McLaggen. "Fuck." Elle eut un hoquet à son insulte outrée, et se redressa tandis qu'il se laissait tomber au sol. "Those were almost in there, but they wouldn't go down. That's because I'm not a cock-sucker," Diana passa une main sur ses joues brûlantes, éradiquant les larmes qui avaient pointé au coin de ses yeux, encore vaguement secouée par les restes de son hilarité. "Fucking hell, that was hilarious", commenta-t-elle en se levant, évitant les morceaux du massacre écrasés au sol. "Not that there's anything wrong with that." Elle pinça les lèvres avec un "hmmhmm" qui trahissait nettement le fait qu'elle se trouvait encore à deux doigts de repartir, lui lançant la bouteille d'eau qu'elle avait récupérée sur le bureau, avant de retourner s'asseoir sur le lit contre le mur. "That was... That was... Amazing." Elle fut secouée d'autres hoquets hilares, qui se soulevaient doucement sous sa peau et qu'elle contint difficilement dans ses joues, entraînés par le visage rouge tomate de son complice d'idioties. "That's a good thing you're not a cock-sucker, cause... cause... you couldn't even swallow... you couldn't... swallow..." Et frappée par ses propres balbutiements hilares, poussée par cette force libératrice qui soufflait dans ses veines, elle explosa de nouveau de rire, le regard rivé sur Cormac avant de devoir fermer les yeux, portant son bras contre son visage comme pour endiguer cette vague de joie, se pliant en deux devant cette implosion soudaine.

Diana s'est mise un rire, un son prodigieusement agaçant et pourtant si intéressant - à ce son inattendu, Cormac se dit qu'il est bien chanceux d'en être témoin et mieux encore, de l'avoir provoqué, même au prix de sa dignité.
Il attrape au vol la bouteille qu'elle lui lance, grognant légèrement en entendant les relents de son hilarité menaçant de recommencer, avalant difficilement les restes coincés au fond de sa gorge avant de s'offrir une grande rasade d'eau. Il se sent ridicule et stupide mais bizarrement heureux, aussi, de partager un moment de rare complicité avec Savage comme Travis l'appelle. Il trouve ça bête, de catégoriser quelqu'un juste parce qu'il a des cicatrices ou qu'il est peu avenant: pour preuve, Diana à défaut d'être agréable est quelqu'un avec qui il est possible d'avoir des moments agréables.

"That was... That was... Amazing." Cormac grommelle un peu en protestation, toujours aussi rouge d'avoir failli s'être étouffé, d'embarras, et de plaisir aussi. "That's a good thing you're not a cock-sucker, cause... cause... you couldn't even swallow... you couldn't... swallow..." Un nouveau rire, et un regard noir de la part de Cormac. "Oh, fuck off!" vocifère-t-il avec rage, la chaleur de ses mots bientôt disparue face à la vision de Diana se pliant dans tous les sens pour essayer de vaincre son fou rire. "Stop laughing, it's not that funny! Stop!" Mais elle ne s'arrête pas et Cormac saute sur ses pieds dans un geste brusque, faisant un large mouvement de bras pour l'éclabousser avec la bouteille encore ouverte entre ses mains - comme si elle n'avait pas été suffisamment trempée par l'averse au-dehors.

À son tour d'éclater d'un petit rire nasal en voyant son visage désormais détrempée et ses longs cheveux bruns lui collant derechef au front et au visage, son rire s'approfondissant plus encore en croisant son regard outré. "You like that, uh? You try and swallow this," se moque-t-il gentiment en lui envoyant une nouvelle rasade avec un sourire goguenard - finissant la bouteille du même geste, laissant l'eau éclabousser le sol et son lit du même mouvement. C'est complètement immature et stupide, et elle doit penser qu'il est qu'un gamin, mais c'est plus fort que lui - il s'étonne lui-même de ne pas être aussi agacé qu'il l'aurait été normalement, comme si ces chamailleries n'avaient pas la même qualité hostile et compétitive que celles auxquelles il est habitué. C'est vrai qu'ils sont dans sa chambre, et qu'ils rigolent bien, et qu'elle est jolie et-
Il pense trop, réalise-t-il, reculant d'un air confus là où il s'était approché du lit de Diana, finissant par se laisser tomber sur celui de sa colocataire, derrière lui, en roulant des yeux. "Anyway, those muffins are banging, you should try one," offre-t-il maladroitement en rougissant sans trop savoir pourquoi.

"Stop laughing, it's not that funny! Stop!" La voix outrée de Cormac rajouta une vague d'hilarité supplémentaire, faisant grimper son rire d'un cran dans les aigus, des larmes embrumant désormais ses yeux plissés. Le visage de McLaggen n'était plus qu'un amas de rougeurs et de traits furieux à travers ses pleurs libérateurs, entraînant avec eux des miettes de cette boule qui lui collait au ventre depuis un an, un début de purge salvatrice qui la secouait depuis les tréfonds de son âme.

Elle eut un nouveau hoquet en le voyant se relever vivement, bouteille en main, et se redressa en ravalant maladroitement ses rires – elle l'avait peut-être vexé jusqu'à vouloir le faire partir. Elle ouvrit la bouche pour lui dire de rester (et promettre l'impossible, soit de ne plus se moquer de lui) ; et reçut une rasade d'eau fraîche à la figure. Sous l'impact les rires stoppèrent immédiatement, virant en toux tandis qu'elle s'étouffait à moitié. "You like that, uh? You try and swallow this." "Cormac!", eut-elle le temps de s'exclamer en le voyant s'armer de la bouteille ; la deuxième salve la cueillit en pleine poire, et elle repoussa l'eau en soufflant, une main rapidement passée sur son visage trempé, se raccrochant au matelas. "Asshole!" rugit-elle, les yeux clos, avant de papillonner et de rouvrir les paupières. L'expression confuse sur les traits de Cormac fut prise pour une forme de regret, voire de crainte.

Ses sourcils se froncèrent en le regardant se reculer ; il était insupportable sur un balai, invasif sans en avoir conscience, trop grand et trop musclé pour un Anglais. Toutes se récriminations lui revinrent avec une bouffée d'énervement, bien différent de ses colères furieuses ; elle se leva brusquement, tandis qu'il se laissait chuter du côté de Chloe. "Anyway, those muffins are banging, you should try one." "Oh no", fit-elle en plongeant une main dans le sac en papier, "you should try this, fucker." Et armée d'un énorme muffin, Diana se précipita sur lui.

L'effet de surprise, la confusion, sa propre force (aimait-elle penser, quand on lui avait bien précisé qu'être Halfer n'influait en rien sur cette dernière – qu'en savaient-ils, tous, au juste ?) lui offrirent un premier avantage et elle plaqua la grande carcasse de Cormac au mur, une main sur son torse, l'autre suspendue dans les airs. "Eat... This..." Son poignet vengeur avait été retenu par le sorcier, et elle alla écraser son genou sur son aine, à quelques centimètres d'une blessure cuisante ; ils basculèrent sur le lit, et un morceau du muffin, dans la lutte, se détacha pour tomber sur le visage du sorcier. "You think you can get away with your pretty face uh? Not with me."

"Oh no, you should try this, fucker." Cormac est trop pris de court pour réagir, et ne peut que crier de surpris et d'un effroit exagéré quand Diana lui saute dessus, arme-muffin en avant. Il grogne quand l'arrière de son crâne rencontre le mur derrière lui dans un bruit sourd, et essaye un peu de se débattre sans y mettre trop de force, ayant presque peur de lui faire mal dans sa maladresse trop brusque. "Holy shit," siffle-t-il, surpris à la fois par l'ardeur de Diana et sa force évidente. "Eat... This..." Il parvient à arrêter son poignet tenant le muffin, et gémit quand le genou de Diana rencontre son bas-ventre un peu trop près de son entrejambe à son goût. Il rebondit sur le matelas, essayant toujours de la virer d'au-dessus de lui à grand mal, riant un peu malgré tout dans sa confusion.

Cormac fait une grimace dégoûtée quand un morceau de la pâtisserie se décroche du reste et rebondit contre sa pommette, finissant sa course dans sa bouche, le faisant tousser et cracher et grogner d'autant plus. "You think you can get away with your pretty face uh? Not with me. - Yeah? Well then, make me." Il n'a même pas le temps de penser au fait que Diana pense qu'il a une pretty face parce que les hostilités reprennent et il doit se concentrer pour ne pas se faire étouffer par un muffin, tout en évitant précautionneusement les coups de genou d'une Diana qui a au moins le mérite de ne pas le ménager. La lutte est rude, désordonnée, un peu douloureuse pour être honnête, mais étonnament satisfaisante.

"You're too weak," lui répète-t-il, entre deux rires frustrés, grognant quand il se prend un coup de coude au passage, se débattant comme un beau diable jusqu'à parvenir à lui arracher le muffin de la main et l'envoyer valser à l'autre bout de la pièce. "Ah!" Aussitôt, ses deux grandes mains se referment sur ses deux poignets et il ramène les bras de Diana contre elle, l'immobilisant effectivement pour mieux la repousser sur le côté et, tout en évitant quelques coups de genoux intempestifs, pour l'écraser à son tour. "Haha!" se répète-t-il en la maintenant sous lui, un sourire éclatant venant fleurir sur ses lèvres. "The Muffin Monster has been defeated by the Quidditch King. Not so mouthy now, are we?" Il en jubile, se penchant vers elle pour bien lui montrer combien il est victorieux, bien plus fort, et franchement ravi de leur petite joute réussie de son côté. "And again Britain tramples the colonies. Maybe you should have drank more milk growing up, you might have then been a challenge for Cormac McLaggen."

La lutte fut rapide, inégale, parfaitement injuste – la taille des épaules de Cormac faisait le double des siennes, et si l'effet de surprise, combiné à sa hargne, avait joué en sa faveur les premiers instants, la situation se renversa inévitablement. Elle détestait toute forme de faiblesse ou d'impuissance ; et se retrouver, les bras le long du corps, dominé par un merdeux de son âge, était un mélange parfait de ces deux sentiments qu'elle abhorrait depuis toujours, et plus particulièrement depuis son accident. "Haha! The Muffin Monster has been defeated by the Quidditch King. Not so mouthy now, are we?" "King of my ass", grogna-t-elle en le fusillant du regard, tentant de dégager d'un mouvement brusque l'un de ses bras – un échec face à la force écrasante, au sens littéral du terme, de cet imbécile de McLaggen. Pourquoi avait-elle été sympa avec lui, déjà ? Les subtilités de leur rencontre dans le vestiaire lui échappaient désormais complètement : elle ne se rappelait que sa présence invasive, son regard sur ses cicatrices, la moquerie sensible dans son sourire depuis les premières heures. L'odeur des sausage rolls avait dû brouiller ses capteurs. "And again Britain tramples the colonies. Maybe you should have drank more milk growing up, you might have then been a challenge for Cormac McLaggen." "Asshole", la même rage grondait dans sa voix, et au lieu d'aplatir la nuque devant la proximité de McLaggen, elle redressa la tête, pupilles rivées dans les siennes, prête à en découdre, "you call that a fight? You wouldn't even stand a chance on a ring anyway, broomstick fucker."

La virulence de son insulte lui revint en pleine figure – trop impulsive, trop violente, trop mauvaise perdante. Et alors? La rage qui bouillonnait dans ses veine bloquait la voie à toute forme d'apaisement ; Diana ne voulait pas être calme, elle voulait éclater, faire sortir ce qui la rongeait depuis deux ans déjà. Alors comme d'ordinaire, les prémices de regret furent balayés par ce souffle de colère, et elle serra les mâchoires, tirant sur ses poignets pour s'en défaire de nouveau. "Let me go if you don't want to kiss your forehead goodbye." La menace d'un coup de boule planait encore sensiblement, bien qu'elle ne désirait qu'une chose : qu'il la lâche, et qu'elle puisse enfin apprécier la saveur de la viande dont l'odeur lui emplissait les narines, au-delà des effluves des cheveux mouillés de Cormac.

Cormac a la mauvaise habitude de gloat à la moindre réussite, surtout quand il voit que ça fonctionne bien et réveille chez autrui un énervement certain; voir l'expression de Diana s'assombrir de colère et de frustration a quelque chose de perversement libérateur, qui ne fait qu'agrandir et approfondir le sourire moqueur et victorieux sur ses lèvres. "Asshole." L'insulte est attendue, même si grognée avec virulence, mais la suite quant à elle le prend parfaitement de court: "You call that a fight? You wouldn't even stand a chance on a ring anyway, broomstick fucker."

La dissonnance lui fait écarquiller les yeux, et manque de lui faire lâcher prise; c'est seulement quand elle tire sur ses poignets qu'il raffermit sa prise sur ses derniers, avec un peu plus de force qu'avant. Cormac ne sait pas quoi dire, et il a l'impression que son cerveau est aux abonnés absents: il ne peut que cligner des yeux, surpris et choqué par la virulence des mots de Diana, énervé et vexé et pris de court, incertain de comment réagir. "Let me go if you don't want to kiss your forehead goodbye. - Alright, jeez." Ça lui semble être la solution la moins dangereuse. Il la relâche et roule sur le côté, avant de s'éloigner prestement pour ne pas souffrir d'un quelconque retour de flamme; ses yeux bleus, quant à eux, la dardent toujours avec choc et confusion. "I was just playing, no need to get all worked up like that." Il est bien hypocrite de lui dire ça: il est le premier à réagir trop fortement, trop acerbement, trop violemment à la moindre contrariété et réplique. "You're so fucking intense."

Pour s'occuper les mains et les jambes, Cormac finit par se lever et par s'approcher du sachet en papier délaissé sur le bureau, après avoir jeté un regard prudent en direction de Diana - redoutant peut-être qu'elle lui saute sur le dos et essaye de lui arracher les yeux pour se venger, ce qui ne serait pas si surprenant que ça venant de sa part. Il pourrait partir, mais quelque chose le retient. Plutôt que de faire un tri de la nourriture restante, il attrape le sachet en entier et le lance devant elle sur le lit; mais, pas fou, il préfère quant à lui s'asseoir sur la chaise du bureau, près du lit mais pas trop. Il la regarde toujours avec prudence, une tension maladroite l'habitant tout entier. Il ne sait pas trop quoi penser. "You box?" finit-il par demander, plus pour briser le silence tendu et malheureux qu'autre chose - quoique la curiosité soit réelle. "You mentionned a ring."

“You're so fucking intense.” Diana lui opposa un regard vif, défiant, face à cette catégorisation intempestive – cette vérité parfaitement justifiée, quoique représentative, seulement, de la façade qu'elle offrait au monde. Virulente, nerveuse, prête à bondir à la moindre occasion ; elle avait perdu quelques amis, depuis l'été précédent, à force de mordre et d'aboyer sans relâche – les insultes avaient filé plus d'une fois, en compétition, explosant à la surface sans qu'elle puisse seulement penser à les retenir. C'était en rapport avec les cicatrices sur son visage, disait-on depuis ; elle était à moitié bête, à moitié sauvage, et son nom de famille avait pris un tout autre sens aux oreilles de ses détracteurs de PhoBay. Elle finirait par se retrouver seule, l'avait prévenu sa mère, avec ce froncement de sourcils qu'elle détestait pour le retrouver chroniquement sur son propre visage ; et alors ? Qu'est-ce que ça pouvait changer, au final ? Elle n'avait besoin de personne ; elle apprendrait à se débrouiller seule, puisqu'il le fallait, puisque tout le monde finirait par partir un jour ou l'autre.

McLaggen n'était que de passage, lui aussi ; elle le regarda se lever, persuadée qu'il ne faudrait que quelques minutes avant qu'il sorte retrouver son foutu terrain de Quidditch. Peut-être qu'il était véritablement un enculeur de balai – alors qu'elle commençait à se figurer cette configuration de tous les possibles, Cormac lui envoya le sac de nourriture et s'assit sur la chaise du bureau, à côté du lit. “You box? You mentioned a ring.” Diana l'observa une brève seconde – Cormac était particulièrement tenace (et pénible), elle en avait eu la preuve à de multiples occasions, mais elle ne put s'empêcher d'être surprise au retour de ces questions curieuses, parfaitement personnelles, comme s'il voulait véritablement apprendre à la connaître.

I don't have many friends either. Elle baissa les yeux sur le sac, attirée par l'effluve douce de la viande cuite juste à point, enrobée de sa pâte feuilletée suintant le beurre, et y plongea de nouveau une main, l'air égal à elle-même. ”I do taekwondo, or more like used to.” Sausage roll en main, elle releva les yeux vers Cormac, croisa son regard légèrement confus. “Taekwondo, like, the Korean martial arts?” interrogea-t-elle en cherchant dans ses yeux une lueur de reconnaissance soudaine ; la confusion ne fit que s'aggraver, et Diana manqua de s'étouffer sur la bouchée généreuse qu'elle venait de prendre, fronçant les sourcils en la collant contre une joue pour pouvoir continuer à parler un instant. “You don't know about it, for real?” Et elle mastiqua pour faire passer sa prononciation désastreuse, rapidement, avant d'avaler le tout – une déglutition douloureuse, sans saveur, lui volant le goût délicieux de la saucisse avant même qu'elle puisse en profiter pleinement. Ces sorciers britanniques la défrisaient de par leur manque d'ouvertue d'esprit – aux États-Unis, on était assez au courant de ces pratiques dites étrangères, même au sein d'une communauté sorcière plutôt hermétique aux pratiques sportives d'extrême-est. En ce sens, les Moldus étaient autrement plus au courant. ”It's more of a kicking around kind of sports”, fit-elle en considérant sa pâtisserie, s'interrogeant sur quel bout la prendre à la prochaine bouchée. “Went pro before I stopped”, et en relevant les yeux vers Cormac, préférant éviter l'écueil de ce parcours douloureux, elle reprit : “Do you play any sports at all, besides the flying stuff?” En sentant dans sa propre voix une curiosité légère, abattue par celle, répétée, de McLaggen.