Ronald a grandi. Hermione le sait, elle a eu le temps et l'occasion de l'observer, mais dans des moments comme celui-là, ça la frappe. Et ça lui fait quelque chose, un petit coup au cœur à mi-chemin entre la tristesse (pourquoi ont-ils eu à grandir de la sorte?) et la tendresse (elle l'aime un peu plus chaque mois qui passe). Elle voit sur son visage la colère qui le dévore, elle voit dans ses yeux qu'il se bat pour retenir l'éclat de rage qui le démange... Mais il reste là, assis à côté d'elle, garde le silence le temps de laisser le choc passer, le temps d'assimiler. Il la regarde, et elle soutient son regard avec un sourire léger mais qu'elle veut rassurant. Finalement, il finit par ouvrir la bouche. “Who did that to you? Are they dead?” Il a gardé sa voix relativement calme, pas du tout à l'image des mots qui passent ses lèvres. Hermione réfléchit à la question : est-ce qu'ils sont tous morts ? Bien sûr que non, et honnêtement, ce n'est pas ce qui importe. Cela fait bien longtemps qu'Hermione ne court pas après la vengeance. Elle a d'autres priorités, une bigger picture, un objectif plus global, qui dépasse sa colère personnelle. Hermione n'est pas de ceux qui ont des coups de sang, de toute manière. “When did they do this to you?” Elle a envie de lui répondre, mais honnêtement, elle n'a pas envie que ça déclenche plus de colère. La première des cicatrices lui a été infligée quand elle avait dix-neuf ans. Bientôt, cela fera dix ans. Elle a du mal à réaliser. L'idée qu'elle porte tout ça depuis aussi longtemps lui est presque aussi absurde que le fait d'avoir gardé le secret tout ce temps. Mais elle sait aussi que c'est normal : les tempêtes se sont enchaînées, avec Ron. Ils sont plus proches que jamais, aujourd'hui, ils se connaissent mieux que jamais et la confiance est plus forte qu'elle ne l'a jamais été. Elle lui dit seulement maintenant parce qu'avant, ce n'était pas le bon moment, c'était trop tendu, trop... étrange. Désormais, ils semblent arriver au bout du tunnel, tous les deux, alors elle se sent suffisamment à l'aise. "It doesn't matter." dit-elle. Et c'est vrai : ils s'en fichent, de quand tout ça est arrivé. Elle s'en fiche. C'est arrivé, c'est tout. Elle a appris à vivre avec, elle n'a pas gardé les comptes — les visages de ceux qui lui ont fait ça, c'est déjà trop.

Ron approche alors une main de son visage - recouverte par un morceau de pull. La situation serait presque drôle s'ils n'étaient pas en train de parler d'un sujet aussi grave. “I’m sorry, Hermione.” Elle pose une main sur son genou. "Thank you." dit-elle doucement, posant les mots presque avec soulagement. Elle est heureuse de lui avoir enfin parlé de tout ça — il n'a pas les détails, mais le fait qu'il sache, elle a l'impression que ça lui enlève un poids de la poitrine. Avec le temps, elle est venue à détester le fait que des secrets s'immiscent entre eux : tant de choses qu'ils ne contrôlent pas mettent déjà de la distance entre eux, alors elle ne préfère qu'ils éliminent ce qu'ils peuvent contrôler. "It's a good idea, right? Covering this with this tattoo made with love." Love. Elle a prononcé le mot à haute voix sans avoir à y réfléchir. Elle n'en est même presque pas gênée. Les choses changent, ils peuvent le sentir tous les deux. Ils sont entrés dans une nouvelle phase de leur vie ensemble. Elle passe ses doigts à quelques centimètres de la main posée sa joue, puis le long de son bras - sans jamais le toucher, mais dans un geste plus intime que tout ce qu'ils se sont permis d'avoir depuis des années.

Et parce qu'ils sont là et qu'elle a juste envie de répondre à ce que son cœur lui dit, elle se penche, pose un baiser-éclair sur ses lèvres, suffisamment rapide pour que seul un picotement la hérisse un peu. "Sorry. I just wanted to do this." Et elle lui sourit et ferme les yeux. "This is. So. Frustrating." peste-t-elle en baissant la tête. Ils sont là, tous les deux, loin de tous les conflits, dans une suite face à la mer, et ils ne peuvent même pas en profiter.

"It doesn't matter." Mais ça a de l’importance pour lui. Quand ça concerne Hermione, c’est forcément important. Il a perdu Harry, il est hors de question qu’il perde la jeune femme également. Il a encaissé les pertes en sentant sa raison s’effriter de jour en jour et d’année en année. Mais à chaque fois, il a réussi à se relever pourtant il sent bien que s’il devait arriver quelque chose de terrible à Hermione, il n’arriverait pas à aller de l’avant. Ce n’est pas une question de sentiment amoureux, c’est juste qu’elle est la personne qui a réussi à faire la balance pendant toutes ces années. Elle représente sa stabilité. Alors, si, c’est important pour lui de savoir qui sont les personnes qui lui ont fait ces cicatrices. De plus, il n’aime pas le sentiment d’impuissance qui le traverse. "It's a good idea, right? Covering this with this tattoo made with love." Ron voit bien qu’elle essaie de minimiser tout ça. Qu’est-ce qu’elle lui disait un peu plus tôt ? Qu’elle avait vu un psychomage ? Il n’ose pas imaginer l’impact sur elle. Il incline un peu la tête en signe d’accord. C’est une bonne idée, oui. Si ça peut lui permettre de ne plus y penser, ça lui convient.

Lorsque les doigts d’Hermione retracent son bras sans jamais le toucher, il sent un frisson le parcourir. Il oublie les questions qu’il veut lui poser. Il ne détache pas ses yeux de la jeune femme et sent la frustration monter. Il aimerait tant pouvoir la prendre dans ses bras. Finalement, la main du rouquin quitte sa joue pour retomber sur le lit, libérant son pull par la même occasion. Hermione se penche vers lui et dépose un baiser sur ses lèvres. Il ne dure pas longtemps. Quelques micro-secondes. Dans une situation totalement normale, il l’aurait retenu. "Sorry. I just wanted to do this.This is. So. Frustrating." Ron soupire. “Yeah… I know.” Répond-il sur le même ton. Ça fait des années qu’ils ne peuvent rien faire et ne peuvent pas vivre comme un couple normal. Des années que Ron retient son envie de l’embrasser entre chaque couloir. Il essaie de calmer sa respiration qui s’est alourdie et les battements de son cœur. Son regard se pose sur les cicatrices maintenant visibles d’Hermione avant de remonter à son visage. Il lui sourit presque timidement. “You’re still beautiful no matter what.” Dit-il en se sentant rougir jusqu’aux oreilles. Il n’a jamais dit quelque chose comme ça à Hermione. Il lui dit tout le temps qu’elle est super intelligente, mais jamais il n’avait tenté de flirter avec elle.

Faut dire qu’il n’est pas très doué pour ça. Dix ans de guerre et ça l’a rendu plus rustre qu’autre chose. Faut dire que Harry et lui n’ont jamais eu le temps d’expérimenter cette partie de leur adolescence. Il finit par se racler la gorge, un peu gêné. Il sait que le vin doit l’aider à s’ouvrir un peu plus, mais ce n’est pas une raison non plus. Ce n’était pas le moment pour que son corps prenne le contrôle sur sa pensée. “Let’s try not to think about it.” Autant dire que c’est peine perdue. Le contexte dans lequel ils se trouvent est parfait pour en profiter un maximum. “Oh if we go to a spa, it has to be before the tattoo by the way. Water is not a good idea on a new tattoo.” Précise-t-il pour changer de sujet et se focaliser sur l’organisation des activités du lendemain. “So maybe we can start by going to the movies, then the spa and then we’ll finish with the tattoo. What do you say?” Propose-t-il enfin. Il a l’impression d’oublier la guerre, l’Ordre et un peu tout en cet instant. Et ça lui fait beaucoup de bien.

“You’re still beautiful no matter what.” Hermione sourit et pince les lèvres, un peu gênée. Elle ne sait même pas quoi lui répondre, probablement parce que le compliment n'était pas vraiment attendu. Ronald n'a jamais été le genre à lui dire ce genre de choses, tout comme elle n'est elle-même pas le genre à faire ce genre de compliments. Elle se doute bien qu'il la trouve à peu près à son goût, depuis le temps, mais l'entendre, c'est quand même autre chose. Du coin de l'oeil, elle voit que Ron a un peu rosi et ça lui donne encore plus envie de sourire. On dirait vraiment qu'ils ont quinze ans, tout à coup, tout timides l'un face à l'autre. Hermione est renvoyée des années en arrière, quand tout ça a commencé et qu'ils marchaient tous les deux sur un drôle de fil.

“Let’s try not to think about it.” finit-il par dire, au sujet de leur incapacité à se toucher. Hermione soupire un peu — difficile de ne pas y penser quand ils sont là, assis sur le lit d'une suite qu'ils vont partager. “Oh if we go to a spa, it has to be before the tattoo by the way. Water is not a good idea on a new tattoo.” "Indeed, good point, good point. Maybe we should save the tattoos for last." propose-t-elle. Après tout, ce serait une bonne manière de finir ce petit séjour.  “So maybe we can start by going to the movies, then the spa and then we’ll finish with the tattoo. What do you say?” Elle acquiesce joyeusement. "Sounds good to me." Elle se lève et frappe dans ses mains. "This is going to be fun." se réjouit-elle — tant qu'elle le peut. Elle sait déjà qu'en plein milieu de la nuit, la réalité va probablement de nouveau la frapper, et qu'elle va se dire qu'elle est complètement folle de les avoir éloignés de Saint James, même si ce n'est que pendant quelques jours.

"Come on, let's go to bed." Peut-être est-ce l'air de la mer, le trop-plein d'émotions ou le vin, mais Hermione se sent complètement épuisée. Elle prend quelques affaires dans son sac et file dans la salle de bain.

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Le lendemain. "Merci beaucoup." Hermione se lève de la terrasse de la crêperie où ils étaient attablés depuis presque deux heures, lance un dernier regard aux serveurs avant de tendre une main à Ron. Gantée, bien sûr. Elle a vu l'air un peu étrange de la serveuse quand elle a paré sa main gauche d'un gant daté, bien trop élégant pour sa tenue, sans explication précise. Avec un sourire, Hermione pense à leur ancienne professeure de divination, Trelawney, en se rappelant à quel point elle n'avait rien à faire du regard des autres sur ses extravagances. Qui aurait cru qu'elle allait finir par la prendre pour modèle ?

Évidemment, Ron prend sa main sans hésitation, et ils s'élancent ensemble sur le bord de mer tandis que derrière eux, le soleil se couche, doucement mais sûrement. "Ok alors, ça va probablement être une surprise pour toi, mais je ne suis jamais allée dans un musée sorcier." avoue-t-elle alors qu'ils passent à côté de bateaux de plaisance. "Est-ce que ça ressemble à La Nuit au Musée?" demande-t-elle avec un froncement de sourcils. "Est-ce qu'Attila t'attend dans un coin pour t'agresser, est-ce que tu peux te faire poursuivre par un tyrannosaure?" Elle se doute bien que ce n'est pas tout à fait ça, mais tout est une bonne stratégie pour faire parler à Ron de jolis souvenirs d'enfance, même s'ils sont maintenant teintés par la perte de son frère et le fait que toute sa fratrie a bien changé. C'est important, de parler de ces choses-là, même encore aujourd'hui.

Ronald sourit en entendant Hermione parler français. Il termine son verre de cidre et se fait la réflexion que c’est une boisson vraiment bonne. Alcoolisée juste assez pour ne pas en sentir le goût. Il se lève à son tour, attrape la main gantée de la jeune femme et la suit jusqu’à ce qu’ils soient dans la rue. Ils prennent ensuite la direction du bord de mer. Ron se sent apaisé, il en oublierait presque la guerre et Harry. Probablement qu’il aurait honte de ça plus tard, de s’être accordé un break alors qu’il devrait être avec les autres membres de l’Ordre pour chercher une solution pour arracher son meilleur ami des griffes des mangemorts. Mais pour l’instant, ça ne lui traverse pas l’esprit. Il a juste envie de profiter de la présence réconfortante d’Hermione et c’est tout. "Ok alors, ça va probablement être une surprise pour toi, mais je ne suis jamais allée dans un musée sorcier." Pourtant ça ne le surprend pas tant que ça. Hermione a été élevée par des moldus et même si elle a tout appris dans les livres, il y a toujours des choses que Ron est ravi de lui apprendre. Il lui sourit doucement. "Est-ce que ça ressemble à La Nuit au Musée? Est-ce qu'Attila t'attend dans un coin pour t'agresser, est-ce que tu peux te faire poursuivre par un tyrannosaure?" Ron pouffe un peu puis secoue la tête. “Ça dépend. Il y a des objets animés, mais ils sont dans des zones magiques spécifiques et si jamais ça sort de la zone, ils redeviennent inanimés.” Il n’a été qu’une fois dans un musée sorcier quand il était petit, mais il n’avait plus eu l’occasion d’y aller par la suite car tout est bien trop cher et ils n’ont jamais trouvé le temps de nouveau. “Et par contre pour les personnes, contrairement aux moldus, nous avons les tableaux. Il est possible de converser avec certaines grandes figures historiques.” Il se souvient avoir eu la trouille de sa vie lorsque le portrait d’Hengist de Woodcroft lui avait fait une blague de très mauvais goût dans ce même musée.

Le vent venant de la mer fait raffermir légèrement sa prise dans la main d’Hermione. Il frissonne de temps en temps. Pour autant, ça ne le dérange pas d’avoir juste un peu froid. C’est agréable. Puis il n’a pas envie de gâcher la promenade qu’ils font en rentrant plus tôt à l’hôtel parce qu’il ne s’est pas assez couvert. “Je crois que j’étais trop petit quand je suis allé dans un musée pour la première fois, donc peut-être que ça a changé depuis et qu’ils ont trouvé d’autres moyens de rendre ça plus vivant. Mais si un jour ça reprend le principe du film, c’est plutôt cool !” Ça l’amuse de voir que les moldus arrivent à avoir autant d’idées pour des films, mais qu’ils soient toujours aussi ignorants du monde qui les entoure. “Il faudra qu’on fasse un musée sorcier un jour.” Sous-entendu quand tout ceci sera fini et qu’ils auront récupéré Harry et qu’il sera soigné. Ils iront tous les trois. Ron y croit.

Ils finissent par arrêter de marcher pour s’installer dans le sable, face à la mer. Le soleil continue de descendre et disparaît petit à petit dans la ligne d’horizon. Les couleurs du ciel sont devenues magnifiques : un peu d’orange, de violet et beaucoup, beaucoup de rouge. “C’est super beau.” Ron profite de l’instant et garde toujours la main gantée d’Hermione dans la sienne. Il ne l’a pas lâché une seule fois et n’a pas envie de la lâcher plus tard non plus. De son pouce, il caresse doucement le dos de sa main. Il voudrait pouvoir la prendre dans ses bras, mais il sait que ce n’est pas prudent. Si jamais un centimètre de peau se touche, c’est fini. Alors il range son idée dans un coin de sa tête. Pour l’instant, c’est suffisant.

“Ça dépend. Il y a des objets animés, mais ils sont dans des zones magiques spécifiques et si jamais ça sort de la zone, ils redeviennent inanimés.” Hermione fait un petit signe de la tête. Oui, tout fait sens. “Et par contre pour les personnes, contrairement aux moldus, nous avons les tableaux. Il est possible de converser avec certaines grandes figures historiques.” ”Ça, je m’en souviens bien.” Poudlard avait beau être une école, elle avait tout de même des allures de musée, avec ses milliers de tableaux et sculptures, vestiges de toute une civilisation sorcière qui a cohabité avec celle des moldus. Hermione a passé beaucoup de temps à errer dans les couloirs à la recherche de personnalités du monde magique avec qui converser, auprès de qui recueillir des informations sur l’histoire. Mais bien sûr, elle a également appris qu’il ne fallait pas se fier à ce que tous les tableaux racontaient : beaucoup étaient parasités par les émotions du peintre, au point que les personnalités qu’ils mettaient en scène pouvaient déclarer des choses contraire à leur éthique. Hermione a toujours aimé étudier les différents points de vue, les différentes versions des histoires, et pour ça, ses discussions avec les tableaux étaient une mine d’or. Apprendre, c’est aussi confronter les avis et se faire sa propre opinion. Bien sûr, depuis qu’ils ont quitté Poudlard, Hermione a eu l’occasion de se confronter à de nouvelles œuvres, mais les enjeux ont toujours été beaucoup plus graves qu’à l’époque où elle se contentait de déambuler dans les couloirs de l’école.

“Je crois que j’étais trop petit quand je suis allé dans un musée pour la première fois, donc peut-être que ça a changé depuis et qu’ils ont trouvé d’autres moyens de rendre ça plus vivant. Mais si un jour ça reprend le principe du film, c’est plutôt cool !” Hermione acquiesce, tentant de se montrer la plus joyeuse et enthousiaste possible alors qu’au fond, il n’y a qu’une chose que la phrase de Ron fait ressortir pour elle : il est éloigné de la société sorcière et des choses simples depuis si longtemps qu’il n’est même pas au courant de si les musées sorciers ont pu changer. C’est peut-être un détail, mais c’est le genre de détails qui remettent tout de suite les choses à leur place, et empêchent à Hermione de profiter complètement de leur escapade. “Il faudra qu’on fasse un musée sorcier un jour.” Elle pose des yeux affectueux sur son ancien camarade Gryffondor. ”Je serai guide et toi tu organiseras des chasses au trésor pour les plus jeunes visiteurs.” dit-elle, l’image soudain très claire dans sa tête. Elle peut s’imaginer, en historienne ou anthropologiste sorcière, à faire visiter le musée, participer à des conférences et surtout, s’assurer que personne n’oublie ce qu’ils sont en train de vivre, afin de permettre que le cycle ne se répète pas avant plusieurs générations (elle n’est pas utopiste au point de penser qu’ils pourraient éviter les guerres pour toujours).

Elle inspire un grand coup, face à la mer, la main de Ron dans la sienne. “C’est super beau.” Elle acquiesce, puis pose légèrement sa tête contre son épaule, profitant de ce moment hors du temps, sous le soleil. Pendant quelques longues secondes, elle ferme même les yeux, profitant de l’odeur de la mer, du vent qui vient rosir leurs visages.

Au bout de longues, minutes, elle se redresse un peu. “Je suis désolée, je sais que c’était un peu égoïste de t’embarquer là-dedans.” dit-elle, puisqu’elle ne peut pas chasser la culpabilité de les avoir arrachés à leur quotidien dans l’Ordre du Phénix, quand bien même elle apprécie ces moments avec Ron. Elle le regarde. “Merci de ne pas m’avoir demandé de repartir à la seconde où on est arrivés et où tu as compris la supercherie.” dit-elle finalement. “Promis, je ne te referai pas ça.” déclare-t-elle avec une petite grimace. “Je crois que j’avais vraiment envie de ne vivre qu’avec toi, loin de tout ça, pendant quelques heures.” Il est difficile de dissocier leur identité de la résistance. Peut-être qu’Hermione avait besoin de les déplacer dans un autre contexte, même pendant quelques heures, pour se rassurer sur le fait que l’affection de Ron ne trouvait pas sa place que dans le chaos de leur vie quotidienne. “Quand on sera enfin libres, je veux vivre comme ça tous les jours. Être juste avec toi, et profiter.” dit-elle, probablement un peu trop naïve pour son bien, mais aussi beaucoup plus ouverte et claire sur ses intentions et ses sentiments que d’habitude.

Ron baisse la tête lorsqu’Hermione le regarde avec beaucoup d’affection, réchauffant son cœur. ”Je serai guide et toi tu organiseras des chasses au trésor pour les plus jeunes visiteurs.” Il met du temps à comprendre qu’elle a mal interprété ses paroles, mais trop tard, il s’imagine déjà et ça le fait sourire. Son regard retourne se figer sur l’horizon. Il n’a jamais pensé à ce qu’il pourrait faire si la guerre se terminait. Avant ça, il avait pensé à Auror, il sait qu’il aurait fait équipe avec Harry et ensemble, ils auraient arrêté plein de mages noirs. Mais maintenant… c’est sûr qu’il aspire à autre chose. Il a vu assez de morts et de batailles pour toute une vie. Alors la proposition d’Hermione le fait cogiter. Est-ce qu’il serait bon en guide et en animateur pour un musée ? Et après ce genre de visite, il retournerait à la chasse aux reliques pour alimenter ce musée ? Mh non, peu probable. Il n’est pas assez doué en runes ou en malédictions pour s’aventurer autant. Il serait capable de revenir maudit jusqu’à la énième génération. Ils ont bien assez de ne pas pouvoir se toucher Hermione et lui pour en rajouter une couche avec une aspiration aussi dangereuse que chercheur de reliques pour un futur hypothétique. “Je suis désolée, je sais que c’était un peu égoïste de t’embarquer là-dedans.” Ron redescend sur terre et baisse de nouveau sa tête vers Hermione. “Merci de ne pas m’avoir demandé de repartir à la seconde où on est arrivés et où tu as compris la supercherie. Promis, je ne te referai pas ça.” Il voudrait pouvoir lui dire que ce n’est pas grave et qu’il est très content qu’elle l’ait fait. Une part de lui le pense très fort. Mais l’autre, celle qui ne vit que pour le devoir d’anéantir cette guerre, l’écrase de culpabilité. “Je crois que j’avais vraiment envie de ne vivre qu’avec toi, loin de tout ça, pendant quelques heures. Quand on sera enfin libres, je veux vivre comme ça tous les jours. Être juste avec toi, et profiter.” Son cœur se met à battre un peu plus vite. Il voudrait vivre le restant de ses jours ce genre de moment avec Hermione. C’est une certitude. Il n’est pas question que ça se passe autrement ou qu’il la perde. Il resserre un peu ses doigts contre sa main et lui fait un doux sourire. Il aimerait pouvoir se pencher pour l’embrasser. C’est terriblement frustrant pour lui de ne pas pouvoir alors il lève leurs mains jointes et dépose ses lèvres sur le gant.

“Épouse-moi.” Fait-il soudainement. “Après la guerre.” Il sait que c’est risqué de faire des plans aussi loin parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver. Et il s’était promis de ne pas faire ce genre de chose parce que c’était une terrible idée de se donner autant d’espoir alors qu’ils ne voient pas le bout de cette guerre. Mais s’ils s’en sortent, Ron est sûr d’une chose : il ne veut plus passer une seule minute sans Hermione à ses côtés. Il veut pouvoir se réveiller tous les matins avec elle, fonder une famille si elle le veut bien et vivre cette vie qu’on leur a dérobée bien trop vite. “Quand on en aura fini avec Face de Serpent et ses copains tatoués et qu’on aura récupéré Harry.” Son regard ne quitte pas le sien. Si elle dit oui, il sait qu’il va devoir trouver une bague. Peut-être que s’il demande à son père ou sa mère, ils pourront l’aider ? Mais bien vite, alors qu’il songe à cette idée, la culpabilité le rattrape. C’est bien le moment de penser à ça… Un sourire un peu triste s’étire sur ses lèvres et son regard se pose de nouveau sur l’horizon. “Ne t’excuse pas pour ce moment en tout cas. On étouffait là-bas, on avait besoin de temps pour nous. J’en suis content.” Il y a une infime part de vérité là-dedans. Il se rend compte qu’il avait besoin de ça pour se rappeler qu’il y a toute une vie en dehors de la guerre.

Elle sait qu’ils devraient se dire plus souvent ces choses-là. Après tout, Ron et Hermione sont désormais bien conscients de ce qu’il y a entre eux depuis toutes ces années. Ils ont fini de jouer au chat à la souris, ils ont fini de se faire du mal juste parce qu’ils ne pouvaient pas se comprendre ou n’arrivaient pas à se parler de ce qu’ils ressentaient vraiment. Il en a fallu des années, pour en arriver là, mais maintenant qu’ils ont parcouru tout ce chemin ensemble, alors ils devraient se le dire plus souvent, à quel point ils sont heureux que l’autre soit là. À quel point ils n’ont pas envie de se lâcher. Elle n’a pas vraiment peur des mots, au fond, surtout maintenant qu’elle est sûre d’elle.
Le quotidien à la résistance l’empêche souvent de se laisser aller à des mots sincères et réconfortants, alors qu’au fond, qu’est-ce qui l’empêche de rappeler à Ron tous les jours qu’ils se sont choisis, envers et contre tout ? Elle se fait la promesse de lui parler plus souvent. Il le mérite, ils n’ont rien à se cacher, et surtout, ils n’ont rien à perdre. Ils sont bien placés tous les deux pour savoir que tout peut basculer en l’espace de quelques heures, et Hermione ne veut pas se retenir de dire ce qu’elle pense avec lui. Si le destin doit les arracher l’un à l’autre - et c’est une possibilité qu’aucun d’eux ne peut ignorer - elle veut que Ron sache qu’elle l’aime et que s’il y a bien une chose dont elle ne doute pas dans cette vie, c’est eux.

“Épouse-moi.”
Pardon?

Hermione pose des yeux ronds sur Ron, à la fois certaine de ce qu’elle a entendu et parfaitement choquée que les mots aient réellement passé ses lèvres. Celle-là, elle ne l’attendait pas. Pas du tout. Elle peut lire sur son visage qu’il est complètement, parfaitement sérieux, et son cœur s’emballe à l’idée que Ronald Weasley vient de lui demander de l’épouser, complètement out of the blue, alors qu’ils sont à la mer et au milieu d’une guerre infâme. “Après la guerre.” précise-t-il rapidement, mais le timing ne fait aucune différence pour Hermione: que ce soit maintenant ou dans des mois, des années, Ron lui a demandé de l’épouser. Wow. “Quand on en aura fini avec Face de Serpent et ses copains tatoués et qu’on aura récupéré Harry.” ajoute-t-il, tandis qu’elle reste encore un peu silencieuse, pas parce qu’elle hésite, mais bel et bien parce qu’elle reste choquée d’avoir entendu ces mots qu’elle ne pensait pas entendre - du moins pas tout de suite. “Ne t’excuse pas pour ce moment en tout cas. On étouffait là-bas, on avait besoin de temps pour nous. J’en suis content.” dit-il tandis qu’elle essaie de contenir ses émotions et de rassembler un peu de contenance pour lui répondre.

”Il faut qu’on rentre.” dit-elle finalement, un peu à la hâte, avec un sourire en coin. ”Il faut qu’on rentre parce qu’il faut qu’on termine cette guerre.” Elle serre ses doigts entre les siens. ”On plie ça en 10 jours, et ensuite, on se marie.” dit-elle comme si c’était simple. Bien sûr, qu’ils savent tous les deux que c’est impossible : s’ils pouvaient plier cette guerre en 10 jours, ils n’auraient pas passé 10 ans coincés en son cœur. Doucement, avec toute la précaution du monde, elle se rapproche et le prend dans ses bras, s’assurant qu’aucun centimètre de leur peau ne se touche. Elle approche suffisamment ses lèvres de son oreille, cependant, pour qu’il puisse sentir son souffle quand elle ajoute : ”Bien sûr que je vais t’épouser, Ronald Weasley.” Il y a un sourire sur ses lèvres et un sourire dans sa voix. ”Je serais même capable de le faire avant la fin de cette guerre, si tu veux tout savoir.” dit-elle sans la moindre hésitation. Pas de mots à garder pour soi, pas de temps à perdre. Elle le serre fort, fort, fort contre lui, avant de le lâcher et de le regarder, la tête légèrement penchée sur le côté. Si seulement elle pouvait l’embrasser. Bientôt. se dit-elle. Bientôt.