| | | leonora & rubén the theater, stratford-upon-avon, octobre 2007 Il est un peu plus de minuit quand un Rubén fatigué sort de sa voiture - un tas de ferraille vraiment pourri, qu’il a récupéré il y a moins d’un mois dans un coin désaffecté, et qu’il a remis en état de marche en deux-deux. Il fait un pas en arrière pour observer la carcasse cabossée et allume une cigarette. Il y a encore du boulot, mais avec quelques semaines en plus, plus personne ne dira que c’est un tas de ferraille. Ce n’est pas la première voiture qu’il vole et bidouille. Souvent, il les trouve dans des décharges. Et puis ce n’est pas comme si c’était inutile : ils sont de plus en plus de cracmols dans les parages, il y a même des moldus qui débarquent ! Il faut bien que tout ce petit monde se déplace, et soit autonome. Rubén tient à ce qu’ils n’aient pas à faire appel à des sorciers pour leurs déplacements la majorité du temps, alors il consacre du temps à trouver des voitures et à former certains de ses colocataires du Théâtre à la conduite même si un certain nombre de sorciers pensent sûrement que c’est une perte de temps. Ils verront, un jour, s’il y a une merde, et il lui seront reconnaissant! Il en est sûr.
Une fois qu’il a fini d’imaginer les prochaines étapes pour cette voiture, il finit sa clope et l’écrase avant de sortir du coffre deux sacs à dos remplis, et de rentrer dans la planque qui l’héberge depuis des années maintenant, et où il se sent chez lui.
Il y a encore bien de la lumière dans le vieux théâtre. Pas étonnant, ils sont tous un peu du genre à se coucher tard, ici. Parfois même, ils peuvent se croiser à plusieurs aux heures les plus creuses de la nuit. Leurs rythmes à tous sont un peu fucked up et ils ne font pas grand-chose pour régler le problème, et puis surtout, ils ont tous trop de bagage pour se faire des leçons les uns les autres sur les bonnes pratiques à suivre. Ils sont vivants et ils font le taf, c’est le plus important. Rubén fait attention à garder son corps en bonne santé, mais il se fiche bien de respecter des horaires ou les préceptes de livres de développement personnel.
Il dépose quelques affaires dans une salle qu’ils utilisent pour stocker de la nourriture, puis file côté salle des ordinateurs pour balancer quelques pièces sur un bureau déjà trop chargé. Il y a des fils partout, c’est un bordel organisé. Il a trouvé un super clavier dernier cri, il est content. Il entre dans la cuisine en enfournant une barre de Mars, chopée au comptoir d’une supérette, et trouve une silhouette familière qui fouille dans un placard. ”Ch’alut.” marmonne-t-il la bouche pleine. Il ne fait pas remarquer à Léonora l’heure qu’il est. Surtout pas à elle, voyons. ”Tu cherches quoi?” Il pose sans douceur aucune le Eastpack sur la table et commence à sortir des trucs, un ouvre-boîte, un plat à gratin, des ciseaux (ils passent leur temps à casser les leurs?), un vieil Ipod, un DVD de Star Wars III. |
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