1986 ⊹ Kingley ne se sent pas du tout à sa place. Il a mis son plus beau costume et sa plus belle cape pourtant. Il en a des beaux, des costumes, mais ce n'est que comme les occasions du genre — les mariages — qu'il sort la soie africaine: les motifs magiques, abstraits et fascinants, bougent lentement à la surface du tissu, réagissent aux mouvements autour d'eux. Il porte du bleu brodé d'argent et de violet, ainsi qu'une longue cape d'un bleu profond qui lui donne un air royal.
Et il n'est pas du tout à sa place. Tout le monde est bien habillé, mais pas de manière aussi flamboyante et onéreuse: c'est un peu à la cool, ce mariage, rien à voir avec les cérémonies appréciées par les sang-purs qui se déclinent à n'en plus finir, réception après réception, et qui finissent généralement en séances de networking avancé pour tous les invités.
Là, c'est tranquille. Tout le monde se prélasse après la cérémonie, profite du gâteau et du reste de la nourriture, félicite les deux mariés. Les deux hommes qui viennent de se marier.
Kingsley a toujours entendu parler des hommes qui préféraient les autres hommes mais il ignorait qu'ils existaient... en vrai. Ce n'est pas très apprécié par le reste de la société: ignoré, mis sous le tapis. Ça ne lui ait jamais venu à l'esprit qu'il pourrait un jour rencontrer un homo.

Et pourtant le voilà. Au mariage de deux homos. Dont l'un est son collègue.
Javier — Jay, précise-t-il toujours — est sympa. Au début, Kingsley ne l'aimait pas. Mais il est à peu près aussi têtu que lui et il a fini par le forcer à l'accepter — Moody aussi l'a aidé. C'est un sang-de-bourbe, enfin un né-moldu comme on dit maintenant, mais il est talentueux. Ils fonctionnent bien, ensemble. Kingsley a quand même été surpris d'avoir été invité. Ils fonctionnent bien, mais ils ne se connaissent pas tant que ça.
Sans doute parce qu'ils sont si différents. “ Can you even breathe under there? ” Kingsley rigole à la remarque. Il sue à grosses gouttes parce qu'il a chaud, trop chaud dans sa tenue. “ Barely, ” admet-il, et l'autre homme rigole en lui tapotant l'épaule. Il porte une robe. Une robe de sorcier, enfin de sorcière même. Son nom est Douglas, de ce que King s'en souvient. Il porte une robe de sorcière, et du fard à paupière discret, et ses ongles sont peints en jaune. Kingsley n'a jamais vu ça sur un homme avant, mais il trouve ça joli. “ You can loosen up a few buttons, I'm sure not one will complain, ” lui dit-il gentiment avant de le laisser avec sa bière. C'est son deuxième verre, il sent lui-même ses muscles se détendre, ses pensées s'évaporer. Il garde toujours un oeil d'aigle sur la petite assemblée néanmoins, réflexe professionnel oblige.

Ça ne l'empêche pas de sursauter quand une épaule rencontre la sienne; il tourne d'un mouvement brusque la tête vers Jay, qui l'a rejoint à son insu. Le jeune marié a l'air heureux, il sourit un peu et Kingsley se sent sourire en retour. Comme quoi, le bonheur, c'est contagieux. “ Hello, mister Alvarez. Or is it still Alvarez? ” se demande-t-il à haute voix en fronçant les sourcils. Sans aucun doute. Même si un mage de cérémonie a officié leur union, elle ne peut malheureusement pas être légale. Kingsley ne s'était jamais posé la question, imaginant les relations d'homos comme étant secrètes et discrètes, honteuses. “ Oh, ” l'interrompt-il quand Jay va répondre. “ Before I forget. ” Et des multiples pans de sa (trop épaisse) cape, il produit un petit paquet qu'il tend à Jay. “ I got something for the both of you, of course, it's in the pile with everyone else's gift but... that's only for you. Come on now, open it, ” l'encourage-t-il avec un sourire grandissant.
Avec des yeux pétillants, il regarde Jay ouvrir son cadeau après l'avoir déballé. À l'intérieur, dans un petit écrin qu'il a commandé sur mesure, deux clefs: l'une — reconnaissable à sa couleur noir jais habituelle — pour une armoire privée à côté du bureau de Jay à laquelle il n'a pas encore eu droit à cause de son inexpérience (Kingsley a dû négocier pendant de longues heures avec Moody jusqu'à ce qu'il accepte de faire une exception) et la deuxième un peu plus ancienne, en fonte semble-t-il. “ That's for my place, ” dit-il avec aisance. “ If you're ever in trouble, need a place to crash in town, or want to come around for a cuppa... well. Here. ” Jamie avait fait ça avec lui à l'époque, alors Kingsley aime penser qu'il lui rend la pareille en faisant ça avec son nouveau partenaire.

1986 ⊹ Jay a réussi à ne pas (trop) pleurer. Autant dire que ça s’est avéré particulièrement compliqué, surtout lorsqu’il a croisé le regard tout embué de larmes de son père lors de la cérémonie. Il est plutôt fier d’avoir réussi à tenir, juste parce que Rip avait parié qu’il finirait en larmes avant la fin de la cérémonie et Javier adore prouver à son mari qu’il a tort. Son mari. Ils sont mariés. Mariés. Leur mariage ne vaut rien légalement, mais un mage a officié la cérémonie et Javier a senti le lien magique se former entre Rip et lui. Quoi qu’il en soit, ils sont liés et il n’a pas une seule seconde l’impression d’avoir moins que ses frères lorsqu’ils se sont mariés. Il y a eu la cérémonie, l’émotion, les grands sourires et maintenant les danses, le gâteau, l’alcool qui coule à flot. Leurs amis et leur famille sont là, Rip est si beau que Jay a du mal de détacher son regard de sa silhouette, tout est absolument parfait.
Alors il n’a peut-être pas fondu en larmes, mais c’est vrai qu’il ne pensait pas qu’on pouvait être aussi heureux et Javier finit par avoir un peu de mal de respirer. Il faut dire qu’il fait chaud et qu’il a déjà beaucoup bu, ce qui n’aide probablement pas. Alors il ralentit peu à peu le rythme de leur danse, dépose un baiser sur les lèvres de Rip et lui annonce qu’il fait une petite pause pour boire quelque chose de frais et prendre l’air. Son époux a à peine le temps de hocher la tête que Luaine l’attrape par le bras pour l’entraîner dans une autre danse sous le regard amusé de Jay.

Il les observe quelques secondes avant de finalement s’éloigner de la piste de danse pour se diriger vers le buffet où il attrape un verre rempli de-- il ne sait pas trop, mais c’est frais et sucré, alors il en boit plusieurs gorgées avant de défaire quelques boutons de sa chemise. Son regard balaye la pièce alors qu’il tente de reprendre un peu son souffle et finit par s’arrêter sur une silhouette familière. Un large sourire se dessine sur ses lèvres et Javier se faufile aux côtés de Kingsley avant de laisser son épaule frôler la sienne pour l’alerter de sa présence.

“Hello there,” fait-il avec un clin d’oeil. “Hello, mister Alvarez. Or is it still Alvarez?” Jay n’a pas l’impression d’avoir tant bu que ça, mais le gloussement ridicule qui lui échappe à la question est clairement la preuve qu’il ferait mieux de ralentir. Il plisse le nez, les joues rouges à cause de la chaleur et des effluves d’alcool. “Oh,” fait Kingsley avant que Javier puisse répondre. “Before I forget.” Curieux, le jeune homme penche la tête sur le côté et l’observe sortir un paquet des pans de son épaisse cape - comment fait-il pour ne pas mourir de chaud d’ailleurs ? Jay ne porte plus que sa chemise et il rêve de l’enlever tellement il étouffe. Enfin, faut dire qu’il ne pense pas avoir vu Kingsley sur la piste de danse, ça explique sûrement pourquoi il supporte encore de porter autant de couches de vêtements.
“I got something for the both of you, of course, it's in the pile with everyone else's gift but... that's only for you. Come on now, open it,” lui dit Kingsley avec un sourire et les yeux de Javier s’écarquillent alors que son coeur manque un petit battement. Un cadeau rien que pour lui ? Il sait que King et lui s’entendent beaucoup mieux qu’à leur rencontre, mais il ne s’attendait pas à ça. “You got something just for me? Aww Papi, you shouldn’t have,” qu’il roucoule bêtement alors qu’un grand sourire fend son visage. Intrigué, il s’empresse de déballer le petit paquet.

“You know I literaly just got married, right?” plaisante-t-il avec un sourire en coin en voyant l’écrin. Avant que Kingsley ne puisse s’offusquer, il l’ouvre et reconnaît immédiatement la petite clé noire qui se trouve à l’intérieur. Il l’a vue bien trop souvent pour ne pas savoir ce qu’elle ouvre. Jay en a le souffle coupé et il ne sait pas trop si c’est l’alcool - c’est sûrement l’alcool - mais ses yeux le brûlent un peu tout à coup.

“That's for my place,” dit alors Kingsley et le regard de Javier se pose sur l’autre clé que renferme l’écrin. “If you're ever in trouble, need a place to crash in town, or want to come around for a cuppa... well. Here.”

Ouverture des vannes.

Les premières larmes roulent sur ses joues, Javier tente de les retenir, il renifle et ouvre la bouche pour dire à Kingsley que c’est vraiment un sale con de le faire pleurer le jour de son mariage, mais son partenaire n’est pas vraiment responsable, c’est un cocktail d’émotions qu’il a tenté de garder pour lui toute la journée, c’est la chaleur, c’est l’alcool putain. Au lieu de réussir à dire tout ça, un bruit assez infâme, mi-gémissement, mi-sanglot lui échappe et Jay se jette à moitié sur Kingsley pour refermer ses bras autour de son cou et le serrer fort.

Il renverse à moitié son verre sur la cape de King dans son geste brusque et il est obligé de se dresser sur le bout du bout de ses orteils pour atteindre le cou de Kingsley et c’est vraiment trop injuste. “Why are you so friggin’ tall,” geint-il avant de finir par se détacher. “Why you do this to me,” continue-t-il de se plaindre en essayant d’essuyer ses joues d’un revers de manche. “I’m sorry, I don’t know why I’m crying, I think I drank too much, don’t judge me, you’re not allowed to judge me!” s’exclame-t-il soudainement en enfonçant un index menaçant dans le torse de Kingsley. “It’s my wedding, I do what I want! It’s been an emotional day, and you just-- show up and give me super meaningful gifts, I can’t take it!” qu’il gémit en tapant presque du pied avec une moue.

Jay soupire, pousse un petit grognement et lève les yeux au ciel pour contrôler les larmes qu’il avait pourtant fait de son mieux pour ne pas verser aujourd’hui. “You’re the worst, I hate you,” marmonne-t-il, mais il referme soigneusement l’écrin et le glisse dans la poche de son pantalon. Il reprend néanmoins son sérieux quelques secondes, lorsqu’il relève les yeux vers Kingsley pour lui adresser un “Thank you,” chargé d’émotion.

Il finit son verre d’une traite, parce que verser ces quelques larmes lui a donné soif, et se fige lorsque la musique change pour un son très clairement moldu qui ravit immédiatement ses proches et laisse la plupart des convives confus. Les yeux écarquillés, Javier agrippe brusquement la manche de Kingsley.

“Oh my god, we should dance. King. Kingsley. Kiiiing. Let’s dance. Por favooooor?” supplie-t-il en trépignant presque.

Kingsley a un petit sourire sur les lèvres, sincère mais hésitant: apparemment pas habitué à offrir ou à recevoir, ni à l’ambiance festive qui les entoure. Son sourire se fige quand Jay se met à pleurer. Il pense savoir que ce n’est pas des larmes de tristesse mais plutôt des larmes issues d’un trop-plein d’émotions: ce n’est pas tous les jours que l’on épouse l’amour de sa vie…
Mais il n’empêche qu’il est plutôt horrifié, regardant son partenaire avec un air effaré. Les seules personnes qu’il voit pleurer, c’est les pauvres sorciers et sorcières à qui ils doivent annoncer, dans le cadre de leur travail, qu’ils n’ont pas pu sauver leurs proches. Kingsley, lui, ne pleure pas. Les sang-purs ne pleurent pas, du moins pas en public, et encore moins face à leurs amis. C’est une preuve de faiblesse, non?
Et pourtant il sent son coeur fondre dans sa poitrine, et un sourire amusé s’étirer sur les lèvres en regardant les énormes larmes de crocodile de Javier qui roulent sur ses joues sans s’arrêter. Il gémit et se jette sur lui, au même moment où Kingsley allait faire un pas vers lui pour le prendre dans ses bras. Ils ne sont pas habitués à ce genre de contact et pourtant, ce n’est pas vraiment gênant, même si Kingsley se contente de tapoter le dos de son partenaire en évitant de penser au fait qu’il est en train d’étaler sa morve sur l’épaule de sa cape en soie.

Et c’est sans compter le liquide qu’il sent tomber dans son dos quand Jay perd le contrôle de son verre. Peu importe. Kingsley se sent sourire un peu plus en lui tapotant toujours le dos, content pour son ami et son bonheur évident. “Why are you so friggin’ tall.” Kingsley rigole quand ils se détachent, ne préférant pas enfoncer le clou en lui rappelant, comme d’habitude, que c’est Jay qui a le malheur d’être petit. “Why you do this to me.” En cet instant, Jay lui rappelle la moue boudeuse de ses horribles petites nièces et neveux, alors qu’il s’essuie les joues avec sa manche. Quel idiot. “I’m sorry, I don’t know why I’m crying, I think I drank too much, don’t judge me, you’re not allowed to judge me!” Kingsley lève les mains en l’air. “I’m not judging,” dit-il d’un ton plein de jugement. “It’s my wedding, I do what I want! It’s been an emotional day, and you just-- show up and give me super meaningful gifts, I can’t take it!” Le sourire de Kingsley est tendre, et satisfait. Cela veut donc dire que Jay a apprécié son cadeau: parfait. Il avait peur que ce ne soit pas assez, surtout à côté de ce que certains autres invités ont amené...

“You’re the worst, I hate you.” Kingsley sourit encore plus large, n’en croyant pas un mot. “Thank you. — You’re very welcome,” répond-t-il avec un rien de sérieux, levant la main pour tapoter son épaule, essayant peut-être de l’inciter à se ressaisir. Les larmes sont embarrassantes, mais Kingsley imagine que ce doit être cathartique. Il doute que lui-même pleurera à son mariage, et même si il ne comprend pas tout aux homos, il est très heureux pour son ami.
Kingsley s’attend à ce que Jay le quitte pour s’occuper des autres invités une fois son verre fini mais non: il se tend soudainement et lui attrape la manche. Pendant un bref instant, Kingsley pense qu’il a vu quelque chose de terrible et ses yeux balayent l’assemblée à la recherche d’une menace quelconque. Malheureusement, rien ne peut le préparer pleinement à ce qui l’attend, pire que tout attentat ou attaque potentielle… “Oh my god, we should dance. King. Kingsley. Kiiiing. Let’s dance. Por favooooor?” Il faut quelques secondes à Kingsley pour se rendre compte que la musique a changé. Kingsley n’est ni un grand danseur et encore moins un grand chanteur et, jusque là, a laissé la musique entrer dans une oreille et aussitôt ressortir de l’autre. Il ne reconnaît pas la chanson, et à vrai dire, il n’a jamais rien entendu de similaire: plutôt facile de parvenir à la conclusion que c’est un morceau moldu… C’est très différent, mais pas mauvais. En regardant un peu tout le monde qui danse avec entrain et certains qui crient leur joie d’entendre leur morceau préféré, il imagine que c’est un truc populaire…

“Uh, sure.” Mais Jay, évidemment, l’écoute à peine et le tire avec lui jusqu’à la piste de danse et se met aussitôt à danser de manière déchaînée. Kingsley ne sait pas trop quoi faire de son corps et s’agite en rythme avec la musique. L’enthousiasme de Jay est contagieux, ceci dit, et il se retrouve bien vite à se détendre et à danser un peu plus franchement, finissant par retirer et plier sa cape pour la poser autre part, déboutonner un peu sa chemise parce que c’est vrai qu’il fait chaud, on le surprend même avec un autre verre à la main au bout d’un moment. C’est un peu ridicule, mais c’est vrai que tout le monde l’est en cet instant précis, à rire et à agiter les bras, certains se mettant même à hurler les paroles, Kingsley les accompagnant au bout d’un moment: taaaaaake meeeeee ooooooon.
Kingsley parvient à échapper à Jay au bout de quelques chansons, souriant de son propre ridicule, pour aller boire un coup et reposer ses jambes qui l’élancent déjà. Il prend place à la seule autre personne qui n’est pas en train de se déchaîner sur la piste de danse: l’autre marié, Rip, qui regarde son époux avec amour et tendresse. Kingsley se fait une réflexion étrange - du moins, elle l’est pour lui - qui lui donne l’impression d’enfin comprendre, vraiment comprendre. L’amour de Rip pour Jay et de Jay pour Rip est véritable, tangible. Lui-même a cru aimer des femmes pour moins que ça, s’est imaginé vivre le grand amour avec une fraction seulement de la dévotion qu’il peut sentir de la part de Rip pour Jay. Pourquoi est-ce si important qu’ils soient deux hommes?
Kingsley se rend bien compte qu’il vient d’arriver à une conclusion plutôt évidente, surtout vu les invités de ce soir, et qu’on lui rirait au nez si il formulait ses pensées à voix haute. Il a encore du mal à appréhender certains points - cela ne mènerait-il pas à l’extinction de l’homme? - mais il apprend.
Et il est heureux. Tellement heureux. Pour Jay, et Rip.

“Tired, uh?” Kingsley hoche la tête en se laissant tomber à côté du marié, apportant aussitôt sa coupe de boisson à ses lèvres. Il ignore ce qu’il y a dedans mais il est à un cap où ça n’a aucune importance tant que c’est bon. Le silence est confortable, alors qu’ils regardent tous les deux la petite foule qui danse et qui rit et qui s’amuse, Jay au milieu qui semble complètement dans un autre monde. “How did you know?” demande finalement Kingsley à Rip, qui se tourne vers lui d’un air surpris avant de sourire d’un air ravi, comme si c’était sa question favorite à laquelle offrir une réponse. “I don’t know when I knew exactly. Or maybe I have known since forever, I’m not sure... It’s hard to say, because I have known him for so long I feel like the person I was before him didn’t really exist,” lui dit Rip après une brève pause de réflexion. “So it was kind of like… you know? Blindingly obvious. Meant to be.” Kingsley peut entendre l’amour et la conviction dans la voix de Rip, semblable à sa voix un peu tremblante quand ils ont annoncé leurs voeux durant tout le monde lors de la cérémonie. Kingsley garde néanmoins un air vaguement gêné. “I meant, uh… how did you know?” Puis devant le regard confus de Rip: “That you were… you know.” Rip cligne des yeux puis éclate de rire, lui tapant sur l’épaule d’un air ravi. “Heavy question to unload right there, Kingsley.” Il ne semble pas offensé, ce qui rassure un peu Kingsley. “Sometimes people just know, others take a while to figure it out. How do you know that you are straight?” Kingsley ouvre la bouche pour répondre, mais les mots ne sortent pas tout de suite. C’est une évidence, non?

Rip semble bien satisfait de son petit effet. Kingsley n’a pas le temps de formuler une pensée cohérente que déjà Jay revient à l’attaque, tendant ses deux mains dans leurs directions pour les emmener danser. “Oh no, that’ll be all for me,” lui dit Kingsley d’un ton doux. “Some of us are working tomorrow, may I remind you.” Jay a pris quelques jours de congé, pour profiter de son mari, mais Kingsley n’a malheureusement pas ce plaisir là.
“Don’t make those eyes at me, Alvarez, I need to wake up in five hours and go to the office,” grogne-t-il en levant les yeux au ciel. Cette fois, c’est lui en premier qui fait le mouvement: il prend Jay dans ses bras avec force et le serre contre lui. Sans lui tapoter l’épaule. L’étreinte est puissante mais brève, sûrement motivée par l’alcool. Mais satisfaisante, tout de même, étrangement.

tw: blood, lots of blood. :suspect:

1986 ⊹ “Uh, sure.” Dans son état, Javier ne paie absolument pas attention au ton hésitant de Kingsley et de toute façon, même s’il avait dit non, il ne l’aurait définitivement pas écouté. Un large sourire aux lèvres, il entraîne l’auror jusqu’à la piste de danse et se met immédiatement à bouger en rythme avec la musique. Bon, d’accord, peut-être pas parfaitement en rythme à cause de tout l’alcool qu’il a ingurgité, mais ce n’est pas bien grave. Kingsley est un peu raide au début et Jay lui attrape de nouveau la main pour tenter de le pousser à se détendre un peu. Ca finit par fonctionner et Javier sourit comme un bienheureux en voyant enfin Kingsley danser avec enthousiasme. Il ne peut s’empêcher d’émettre un sifflement racoleur lorsque son partenaire retire sa cape et déboutonne un peu sa chemise, plus pour emmerder Kingsley qu’autre chose.
C’est bon, de voir Shacklebolt ainsi. Ce n’est pas que son partenaire est coincé mais… bon, d’accord, il est parfois un peu coincé. Ca va mieux dernièrement, il le voit moins comme un gamin incompétent et plus comme un véritable partenaire sur lequel il peut compter, mais Kingsley a toujours un côté très… paternaliste qui le rend parfois un peu trop sérieux. Javier essaye tant bien que mal de le dérider un peu et ça ne marche pas toujours très bien au boulot mais ce soir, Kingsley fait un peu plus son âge, et moins vieux sage bougon.

Il finit par perdre Kingsley, à son tour entraîné par quelqu’un d’autre qui veut danser avec lui et Javier passe de bras en bras jusqu’à finir planté devant Alba qui tend les bras vers lui. Il l’attrape et rit à gorge déployée en faisant tournoyer sa petite soeur qui est plus que ravie d’avoir une chance d’échapper à son couvre-feu habituel. Il ne sait pas combien de temps il reste sur la piste de danse à se dépenser plus qu’il ne l’a fait depuis qu’il a terminé son apprentissage pour devenir auror, mais lorsqu’il émerge enfin de la foule qui s’est calmée pour danser un slow, Javier est trempé de sueur, les cheveux en bataille et les joues rosies par l’alcool et l’effort.
Il repère son époux - son époux - installé à côté de Kingsley et esquisse un large sourire en s’approchant d’eux, les mains tendues dans leur direction en espérant apparemment les embarquer tous les deux dans un slow. “Oh no, that’ll be all for me,” s’empresse de dire Kingsley et Jay fait la moue, la déception clairement visible sur ses traits. “Some of us are working tomorrow, may I remind you.” Oh, right. Mais il peut bien lui accorder une dernière danse, pas vrai ? “Don’t make those eyes at me, Alvarez, I need to wake up in five hours and go to the office.” Ouch.

“You’re right, you need your beauty sleep,” dit-il avec un sourire en coin. L’étreinte le prend un peu par surprise, mais il s’empresse de refermer ses bras autour de Kingsley pour serrer avec autant de force. “Thank you for coming, King. And the gift,” murmure-t-il à son oreille avant de se détacher. “Try not to miss me too much at the office tomorrow,” ajoute-t-il avec un clin d’oeil. Rip lui attrape la main et commence à l’entraîner vers la piste de danse, après avoir lui-même souhaité une bonne nuit à Kingsley. “Oh and don’t forget to eat your lunch, old man!” s’exclame-t-il avant de disparaître à nouveau dans la foule.

1988 ⊹ “Well, this is not ideal,” fait Jay d’une voix blanche et il se demande quelle tronche fait Kingsley. Probablement la tronche. C’est une expression vraiment spécifique qu’il ne réserve qu’à Javier, un mélange de I hate you so much right now avec un soupçon de Why are you like this?, le tout agrémenté d’un air légèrement constipé. Javier a l’habitude d’être à l’origine de cette expression sur le visage de son partenaire mais pour sa défense, il faut bien admettre que cette fois-ci, ce n’est pas vraiment de sa faute, s’ils sont dans une merde noire. Ca fait des mois qu’ils traquent ce type, un sorcier d’une trentaine d’années qui serait à l’origine de la mort d’une vingtaine de moldus. Les trois premiers meurtres étant survenus le 31 octobre, le bureau des aurors a d’abord cru qu’il s’agissait là d’un ancien serviteur de Voldemort qui aurait décidé de se mettre à massacrer des moldus pour rendre hommage au Lord ou quelque chose du genre, mais les morts ont continué de s’empiler et plusieurs éléments ont fini par faire tiquer Kingsley. C’est en menant l’enquête qu’ils ont fini par découvrir que le meurtrier n’avait aucun lien avec Voldemort et que ses meurtres n’étaient pas dûs au hasard, mais étaient en réalité des tentatives de rituels de magie noire. Très très noire.

Alors la traque a débuté et pendant plusieurs mois, l’assassin a réussi à leur échapper, mais il a fini par se montrer moins prudent qu’avant et Javier et Kingsley ont finalement mis la main sur un potentiel suspect. Stanley Greystone. Ils ont passé une semaine à observer le chalet délabré au fin fond du Pays de Galles pour tenter d’établir un plan d’attaque, puis l’équipe d’intervention a été assemblée, avec Kingsley à sa tête. Ils ont attendu que Greystone quitte sa demeure pour agir.

Ca aurait dû être une mission simple. Potentiellement risquée comme toujours, mais simple. Entrer dans le chalet, rassembler les preuves nécessaires au futur procès de Greystone et attendre qu’il rentre à la maison pour l’arrêter.

Pénétrer dans le chalet s’est avéré relativement simple. L’endroit étant protégé par plusieurs enchantements, ils ont dû attendre que le Briseur de sorts recruté par le bureau des aurors se charge de leur ouvrir la voie. Calvin n’a pas mis longtemps à défaire les sortilèges censés prévenir d’une intrusion et ils se sont retrouvés à l’intérieur d’un salon pauvrement décoré, mais relativement propre. Javier, Kingsley et Calvin ont été les seuls à entrer, le reste de l’équipe étant chargé de monter la garde aux alentours du chalet. Le rez-de-chaussée s’est avéré ne rien renfermer d’intéressant, alors ils ont fini par opter pour la porte menant à la cave.
Une fois de plus, c’est Calvin qui s’est chargé d’ouvrir la voie et cette fois-ci, l’opération s’est avérée plus compliquée, leur confirmant ainsi que Greystone avait bel et bien quelque chose à cacher. “Okay, we’re good,” leur a signalé Calvin avant d’ouvrir la porte.

Famous last words.

Parce qu’ils ont à peine descendu trois marches que la porte s’est brusquement refermée derrière eux, les escaliers se sont transformés en une espèce de rampe particulièrement glissante, entraînant les trois hommes dans les ténèbres. Javier a tenté de lancer des sorts pour arrêter, ralentir leur chute, n’importe quoi, mais rien n’a fonctionné et ils n’ont pu que continuer à glisser jusqu’à ce que quelque chose l’arrête brusquement, lui coupant le souffle au passage.

Et puis, la douleur dans son abdomen, suivie par un cri mêlé d’angoisse et de douleur de Calvin. Un craquement sonore a retenti et la pièce s’est illuminée, permettant à Javier de comprendre plusieurs choses. D’abord, c’est le Briseur de sorts qui a arrêté sa chute, Jay est pressé contre le dos de l’homme qui est lui-même aplati contre un pan de mur en pierre qui n’a aucune raison d’être là. Calvin tremble contre lui, sa respiration hachée, laborieuse, entrecoupée de gémissements et de hoquets de douleur. Le monde semble s’être ralenti, distordu alors qu’il entend vaguement Kingsley appeler son nom derrière lui et il perçoit alors le liquide chaud qui lui coule le long de l’abdomen. Malgré la douleur, Javier fait un pas en arrière et baisse la tête pour regarder avec des yeux écarquillés la pointe de métal qui s’extirpe alors de son ventre, presque au niveau de son estomac.

L’horreur s’installe peu à peu, alors qu’il prend conscience que la pointe métallique s’échappe du dos de Calvin. Elle s’en échappe parce qu’elle l’a traversé de part en part.

Javier porte une main à son abdomen et lorsqu’il tourne sa paume vers le haut, chancelle en voyant le sang qui la recouvre. Son dos rencontre alors une surface solide et il réalise que c’est Kingsley qui a refermé ses bras autour de lui pour l’empêcher de tomber. Il n’a pas le temps de le remercier, parce que le pan de mur contre lequel Calvin est littéralement épinglé disparaît, laissant le pauvre homme s’effondrer en avant, le trou béant dans son abdomen laissant s’échapper une rivière de sang qui recouvre le sol.

Le Briseur de sorts gémit de plus belle et tremble au sol, s’étouffant à moitié dans son propre sang. Kingsley a à peine le temps de reprendre ses esprits et d’agir que déjà, Calvin cesse de bouger complètement.

Javier sent ses jambes se dérober sous lui et Kingsley pousse un grognement dans son dos, luttant pour le maintenir debout. Et puis, un craquement sonore résonne dans la cave, suivi par un bruit de liquide qui s’échappe abondamment d’un conduit. Il ne tarde pas à en trouver l’origine, et son souffle se bloque dans sa poitrine lorsqu’il réalise que la cave se remplit d’eau, et vite.

“Please tell me you can apparate us out of here,” souffle-t-il d’une voix rauque, une main toujours pressée contre sa blessure pour tenter d’arrêter l’hémorragie, parce qu’il se rappelle des sorts qu’il n’a pas été capable de lancer, comme si quelque chose le bloquait.

Le silence de Kingsley en dit long.

“Well, this is not ideal.”

“ Well, this is not ideal. ” Kingsley n'a pas le droit de paniquer, mais il a bien envie de s'énerver et de foutre un coup à Javier pour lui dire de se taire. Il doit se concentrer, sauf qu'il n'a pas le temps ni les capacités pour ce faire en cet instant précis. En arrivant au chalet de Greystone, ils s'attendaient tous les deux à devoir se battre. Il a médité ce matin, assis sur le sol de sa chambre, pour s'assurer d'être calme et réfléchi si un duel venait à se produire. Il maîtrise la magie sans baguette depuis des lustres, mais il commence tout juste à l'inclure dans sa pratique courante, utilisant sa baguette d'une main, et sa magie de l'autre, croisant parfois les sortilèges pour prendre autrui par surprise. Javier lui dit de garder ça pour la salle d'entraînement, mais Kingsley est déterminé à s'assurer que ça finisse un jour par porter ses fruits. Il a même rigolé en disant qu'il ne prendrait pas sa baguette aujourd'hui, pour lui prouver sa valeur, mais Jay a refusé de le laisser sortir sans.

Ils s'attendaient à se battre, et non pas à voir Calvin mourir sur leurs yeux. Pendant la glissade, Kingsley a essayé d'attraper ses deux partenaires mais ils sont descendus avant lui; après ça, il a multiplié les sortilèges pour ralentir leur chute, en vain. Il s'est cogné la tête avec force, confus et désarçonné pendant quelques secondes. Quelques secondes fatales. C'est seulement quand le mur en pierres s'est résorbé dans le sol dans un chuintement d'outre-tombe qu'il a compris la dure réalité de la situation. Calvin est mort. Il est mort, sous ses yeux, paniqué et en train de souffrir, et Jay quant à lui se laisse presque tomber dans ses bras, les mains couvertes de sang.

Non, ce n'est pas idéal du tout.

“ Fuck. ” Kingsley est très sobre même lorsqu'il panique. Il n'a pas le temps de s'occuper de Jay, ses yeux cherchant plutôt la pièce pour trouver la source du bruit d'eau... putain, mais c'est une blague? Il pose sa main sur celle de Jay, pour appuyer un peu plus sur la blessure. Le sang a déjà imbibé le tissu de la chemise et du pull de Jay et Kingsley sent le liquide vital empoisser ses doigts, même à travers ceux de Jay. “ Keep pressure on it. ” Il lui a demandé si il pouvait transplaner, mais Kingsley sent qu'il ne pourra pas utiliser la magie.
Mais alors putain, il est sensé faire quoi? “ Alright. Stay with me, pal, ” fait-il, sa voix toujours un peu dure et distante. Et pourtant il le laisse pour aller se pencher vers le corps de Calvin, grognant en le faisant se tourner sur le dos. Il trouve sa baguette, qu'il range dans sa poche, et fouille ses poches rapidement avant de revenir vers Jay, appuyé contre un mur.

Il ne ramène rien de bien intéressant, sauf une pierre polie avec une rune gravée dessus. “ I'm going to put you on my shoulder. ” Il voit bien que toute force a quitté les jambes de son partenaire, et ils n'ont pas le temps de traîner.  Le niveau de l'eau monte à une vitesse surnaturelle, si bien qu'elle lui arrive aux mollets le temps qu'il lui faut pour se baisser et soulever Jay. Il n'est pas tout mince, mais Kingsley n'est pas tout faible, le faisant basculer sur son épaule avec un grognement, faisant bien attention à utiliser ses genoux quand il se redresse.
Kingsley glisse sa propre baguette entre ses dents avant d'effleurer la pierre polie avec son pouce. Il a vu Calvin faire la même chose plus tôt, quand il était en train de briser les sorts protecteurs entourant le chalet. Kingsley essaye vainement de se souvenir de ses cours de runes datant de Hogwarts... Adrella, sa fiancée, est aussi une pro en la matière. Mais bon, Kingsley doit avouer que quand elle lui parle des runes qu'elle étudie ou de son boulot à table, les informations ont tendance à passer par une oreille et à ressortir par l'autre... “ Eihwaz? Felu? Thursaz? Fuck. ” La prononciation n'est en rien aidée par la baguette entre ses mâchoires... L'eau monte, et Kingsley ferme les yeux, ignorant Jay qui gigote, son sang qui doit être en train de tâcher son épaule. Le corps de Calvin se met à flotter mollement, et puis retombe au fond. L'eau atteint ses cuisses, puis son bassin, alors qu'il se concentre. “ Come on, come on, come on. Eihwaz, Felu, Thursaz... Naudhiz, Perthro, Ullr, Elhaz... Elhaz! Elhaz! Fuck, come on you motherfucking son of a bitch-- ” Sous ses yeux émerveillés, lui le cartésien qui n'a jamais rien compris aux runes magiques de protection et qui a presque toujours été incertain de leur véritable utilité et pouvoir, la rune gravée à l'intérieur de la pierre polie se met à briller d'une lumière dorée, la pierre devenant tiède puis chaude dans sa main. La lumière disparaît, ainsi que la chaleur, d'un coup. Pendant un instant, Kingsley pense qu'il a fait quelque chose de mal. Elhaz est la rune qui détruit les verrous, non...?

Kingsley se retourne brusquement quand un craquement se fait entendre derrière lui: la rampe est redevenue escaliers. L'eau, en revanche, continue de couler inexorablement alors il se lance en avant, portant toujours Javier sur son épaule, grimpant les marches aussi vite qu'il le peut malgré l'eau qui ralentit sa progression et le fait qu'il flotte à chaque fois qu'il fait un pas.
Mais il finit par s'en dépêtrer, quoiqu'au sommet des escaliers il se sente sur le point de tomber en arrière en perdant son momentum... mais il persévère, et jette presque Javier sur le sol en tombant lui-même dans l'autre sens. Il relâche la pierre et sa baguette, qui vont se terrer sous un meuble non loin, et reporte son attention sur Jay qui a perdu quelques couleurs et ne garde qu'une pression molle sur sa plaie. “ Fuck, Jay, wake the fuck up. ” Lui qui utilise généralement des insultes avec parcimonie, se surprend lui-même. De quelques mouvements de main experts, il déchire les vêtements de son partenaire pour révéler la plaie, bien plus profonde et sévère que ce qu'il imaginait. Les lèvres de Kingsley se pressent en une ligne sévère alors qu'il observe les dégâts. “ It's fine, you're fine, just stay awake, ” ment-il éhontément à Jay dont les yeux roulent un peu dans leurs orbites. “ Don't make me go make Rip cry, you hear me, Alvarez? You bloody latino mudblood, ” lui dit-il, plus pour le faire réagir qu'autre chose, ses doigts s'appliquant déjà sur la peau autour de la plaie dans l'espoir de la soigner.

“ I can't believe it. ” Il relève les yeux pour voir qu'une baguette est pointée sur son front. Greystone.
Les yeux de Kingsley s'étrécissent en reconnaissant le meurtrier, qui a l'air surpris et à la fois goguenard. “ No, no, no, ” lui dit-il d'un ton mielleux en voyant l'Auror commencer à bouger la main en direction de sa baguette sur le sol. “ No funny business or you're dead. Give me your wand and step away. — I'm not doing such a thing. You either let me save my partner's life, or you're not walking out of here alive. ” La voix de Kingsley, grave et dégoulinante de confiance en soi, semble désarçonner le criminel qui hésite pendant un bref instant. Kingsley choisit de ne pas prendre cette opportunité et à la place, baisse les yeux vers Jay de nouveau. “ It's okay, pal. It's okay. ” Et du bout des doigts, il utilise un sortilège appris en premiers soins pour alléger la douleur, stopper un peu l'hémorragie. “ It's okay, Jay, stay with me. — Step away! ” Greystone semble perdre un peu de ses nerfs, s'approchant pour donner un coup de pied à la baguette de Kingsley pour l'envoyer plus loin. “ Step away, now, or else-- ” Il n'a pas le temps de finir sa phrase, Kingsley s'étant retourné d'un coup en tendant la main, ses doigts se refermant dans un poing cruel.

Tout souffle quitte les poumons de Greystone, qui tombe à genoux en se tenant la gorge, se battant avec lui-même pour respirer tandis que Kingsley ne relâche pas son emprise. C'est seulement quand le criminel est inconscient qu'il le relâche, pour se focaliser sur Jay. “ Told you I didn't need no wand, ” grogne-t-il en recommençant à s'occuper de sa blessure, se demandant nerveusement quand est-ce que les renforts vont arriver. Si la rune lui a redonné l'accès à la magie et inversé le mauvais sort des escaliers, Kingsley entend toujours l'eau monter inlassablement et commencer à envahir la pièce depuis la cave.

Journée de merde.

“ Fuck. ” Javier laisse échapper un rire rauque. Fuck, indeed. “Keep pressure on it.” Il se retient de répliquer que c’est exactement ce qu’il essaye de faire, mais ses mains tremblent et il n’a pas l’impression que ça serve à grand-chose. Il sent le sang qui lui file entre les doigts et il fait de son mieux pour ne pas regarder. C’est pas le moment de tourner de l’oeil. “Alright. Stay with me, pal,” qu’il dit avant de le lâcher pour aller voir Calvin. Calvin qui est mort contrairement à lui, en tout cas pour l’instant, mais ça fait rien. Javier n’est pas offusqué. Il va juste rester là, s’appuyer contre le mur parce que sinon il va s’écrouler et surtout, surtout, ne pas paniquer.
Javier ferme les yeux et tente de prendre une profonde inspiration mais ça fait un mal de chien et il se retrouve juste à gémir misérablement. Il s’était jamais fait planter par un pieu en métal avant, autant dire qu’il s’en serait bien passé. Clairement, Jay ne recommende pas l’expérience, il dirait même qu’il est en train de passer un très mauvais moment.

“I’m going to put you on my shoulder.” Javier ouvre les yeux, étonné de voir que Kingsley est de retour et non pas en train de converser avec un cadavre au lieu de l’aider et l’empêcher de se vider de son sang. Et puis il comprend ce que King vient de dire. “What? Wait--” Trop tard, Kingsley se baisse, l’attrape et le fait basculer sur son épaule avant de se relever. Javier se retrouve avec la tête en bas et ça n’a rien de plaisant, mais en plus, l’épaule de Kingsley appuie en plein sur sa blessure et… C’est une façon de faire pression dessus, mais ça fait surtout un mal de chien.

“I’d be impressed if it didn’t hurt that much,” il hoquète avant d’agripper les vêtements de Kingsley parce qu’il a confiance mais… mais il a la tête en bas, putain. “Eihwaz? Felu? Thursaz? Fuck. ” Ca met en confiance. Pendant ce temps l’eau continue de grimper et Javier commence à se demander s’il va se noyer, ou mourir d’une hémorragie en premier. C’est morbide, mais ça a le mérite de le maintenir un peu occupé.
“King,” appelle-t-il d’une voix rauque, parce que l’eau se rapproche et ils sont toujours coincés et Javier ne veut pas le presser, mais faut vraiment qu’il se magne. “ Come on, come on, come on. Eihwaz, Felu, Thursaz... Naudhiz, Perthro, Ullr, Elhaz... Elhaz! Elhaz! Fuck, come on you motherfucking son of a bitch-- ” Wow, c’est la première fois que Kingsley se montre aussi vulgaire, et c’est peut-être la peur ou tout le sang qu’il a perdu, mais Javier se met à glousser comme un idiot.

Et puis un craquement sonore retentit et Javier arrête aussitôt de rire. Ca y est, ils vont crever ? Il n’a pas le temps de demander confirmation à Kingsley qui s’élance et chaque mouvement est une véritable torture pour Javier qui se sent partir.

“ Fuck, Jay, wake the fuck up. ” Il grogne et cligne des yeux, réalise qu’il n’est plus perché sur l’épaule de Kingsley mais sur le sol et oh, oui, c’est mieux. Il fronce les sourcils quand son partenaire se met à déchirer ses vêtements. “T’least buy me dinner first,” il marmonne parce que c’est plus fort que lui, faut toujours qu’il dise une connerie, dans ce genre de situation.
“It's fine, you're fine, just stay awake.” Il sent très bien que Kingsley raconte de la merde, mais il n’a pas tellement la force de lui faire remarquer. “ Don't make me go make Rip cry, you hear me, Alvarez? You bloody latino mudblood.” Ah ça par contre, ça le réveille. Javier ouvre les yeux pour lui lancer un regard noir et lui agrippe brusquement le poignet. “Fuck you, you--” Il grogne quand Kingsley touche la plaie. “-- inbred… asshole,” il souffle parce que vraiment, lui parler de Rip maintenant alors qu’il est en train de crever et le traiter de mudblood, c’est grave abusé.

“ I can't believe it.” Et merde. “ No, no, no. No funny business or you're dead. Give me your wand and step away. — I'm not doing such a thing. You either let me save my partner's life, or you're not walking out of here alive.” Aw, you said ‘my partner’, Javier se retient de minauder parce que quelque chose lui dit que ce n’est vraiment pas le moment. Son regard croise celui de Kingsley. “ It's okay, pal. It's okay. ” Is it, though? Et oh, peut-être que oui, parce qu’il sent la douleur qui diminue un peu et un nouveau grognement lui échappe. “ It's okay, Jay, stay with me. — Step away! Step away, now, or else-- ” Greystone s’étouffe, se débat et finit par s’effondrer. “Told you I didn't need no wand.” “Okay, that was pretty hot,” admet Jay entre ses dents serrées.
“I think-- I think I’m going to pass out,” murmure-t-il d’une voix rauque, d’un ton presque navré. Il espère vraiment se réveiller, parce que ça l’emmerderait de crever comme ça. Il pense à Rip qui est en déplacement pour au moins deux semaines encore et qui s’en voudrait atrocement de ne pas avoir été là, même s’il n’aurait rien pu faire.

La porte de la vieille bicoque vole en éclats et des voix appelant leurs noms résonnent, mais Javier a beaucoup de mal d’y faire attention. “Hey, King,” il appelle, lui agrippe un peu plus le bras. “If I don’t die, no need to tell Rip,” murmure-t-il avant de sombrer.

La porte de la maison explose et Kingsley entend quelques voix; les mains plaqués autour de la blessure de Javier, il se redresse pour voir qui vient, se détendant à peine en reconnaissant quelques Aurors. "Took you long enough! Quick, he's wounded." Il essaye de ne pas trop paniquer mais il sent déjà la peur enfler dans son ventre, prête à exploser; il pensait l'avoir ravalée, mais il s'est trompé. “Hey, King.” Kingsley grogne un peu en sentant les doigts de Javier s'enfoncer dans son bras. "Don't talk," lui dit-il mais évidemment que son partenaire ne l'écoute pas. “If I don’t die, no need to tell Rip.” Les yeux de Javier se renversent avant même que Kingsley ait le temps de répliquer. "You mother-- QUICK, SOMEONE!"

La suite est confuse et rapide. On s'occupe de Greystone, encore inconscient, et de Javier, on va chercher le corps de Calvin, on ausculte Kingsley et il narre un peu ce qu'il s'est passé dans cette maison de malheur. On emmène tout ce beau monde à St Mangouste, où Kingsley est rejoint par sa fiancée Adrella et puis, quelques heures plus tard, par Rip qui est revenu en catastrophe en apprenant que son mari était à l'hôpital et encore dans l'inconscience. Ils le veillent toute la nuit et à son réveil, soupirent chacun avec soulagement en apprenant qu'il va s'en tirer sans séquelles.

La veille de son retour au bureau, deux semaines plus tard, ils ont organisé à dîner à quatre, chez Kingsley et Adrella. C'est lui qui a cuisiné, elle qui a choisi le vin: généralement la configuration la plus safe pour leurs invités. Kingsley aime bien recevoir, surtout son partenaire et son mari, qui sont toujours des invités agréables et avec lesquels lui et Adrella rient beaucoup.
Une fois le tiramisu (qui se tient très bien, à la grande fierté d'Adrella) à moitié dévoré par Rip, ils se détendent un peu et Kingsley va chercher une bouteille de whisky, de bonne facture, pour bien finir la soirée. "Jay, come help," demande-t-il depuis la cuisine. Quand son partenaire le rejoint, il lui sourit chaleureusement et lui fout un grand coup dans l'épaule, signe bourru de complicité et d'affection pour lui. "Alright, I don't want to share that one with them: Adrella can't enjoy a good whisky and as much as I love Rip, I'm not letting him put soda in that one." Avec un air secret, Kingsley sort le whisky qu'il a promis à leurs compagnons, mais va aussi chercher une autre bouteille, cachée, sur l'étagère. Il en verse deux verres, et il en donne un à Javier. "Here's to you and your good health, partner." Il fait tinter son verre contre le sien, le couve toujours d'un regard observateur et intense - comme d'habitude pour lui. "You do feel ready to come back, right?" Maugrey a essayé de prolonger son arrêt, en vain; mais Kingsley n'aimerait pas que son ami se blesse plus qu'il ne l'a été en se forçant à revenir sur le terrain si il n'est pas tout à fait prêt.

"Jay, come help," fait la voix de Kingsley depuis la cuisine, interrompant Javier en plein récit. Adrella lui adresse un sourire, l’air de dire go ahead alors il se tourne vers Rip pour déposer un baiser au coin de ses lèvres avant de se lever pour rejoindre Kingsley dans la cuisine. Il s’étire un peu en chemin, parce qu’ils ont définitivement trop mangé - il n’aurait pas dû reprendre du tiramisu, mais il faut dire qu’il se tenait particulièrement bien - et trouve Kingsley dans la cuisine. Son partenaire lui adresse un sourire avant de lui molester l’épaule, tirant un grognement à Javier. Mais ça le fait sourire, parce qu’il saitque c’est une façon pour Kingsley d’exprimer son affection - un truc d’hétéro, probablement - et c’est quelque chose qu’il a mis un moment à gagner, alors il y tient. Même si ça pique un peu, quand même. "Alright, I don't want to share that one with them: Adrella can't enjoy a good whisky and as much as I love Rip, I'm not letting him put soda in that one." Javier fronce le nez à cela. Il aime son mari, mais vraiment, son incapacité à savourer un bon alcool comme il faut est probablement l’un de ses pires défauts. “Oh my,” fait-il avant de porter une main à sa poitrine en battant des cils. “I did tell you to buy me dinner before you rip my clothes off, but I even get the good whisky?” Il attrape le verre que Kingsley lui tend avec un large sourire. “You sure know how to wine and dine someone,” ajoute-t-il, parce que taquiner Kingsley reste un de ses passes-temps favoris.  
"Here's to you and your good health, partner,” dit Kingsley avant de trinquer. Javier sourit et porte le verre à ses lèvres pour en prendre une gorgée. "You do feel ready to come back, right?" Il se fige en plein geste. Shit. Physiquement, ça fait plus d’une semaine que Jay tourne en rond et est prêt à retourner au boulot. Il n’a jamais aimé rester sans rien faire et il a besoin de retourner travailler. C’est ce qu’il a dit hier soir à Rip, quand ils se sont disputés à ce sujet. Il est guéri, et il ne garde de cette terrible expérience qu’une cicatrice à l’abdomen.

Et quelques cauchemars, aussi.

La première fois qu’il s’est réveillé en pleine nuit pour repousser les draps et tâter son ventre à la recherche de la plaie désormais cicatrisée, Rip n’a rien dit. Il s’est contenté de l’attirer contre lui pour lui caresser les cheveux et l’aider à se rendormir. La deuxième fois, il a rêvé que c’était Kingsley à la place de Calvin et Javier s’est réveillé en sursaut et avec la nausée, persuadé qu’il venait juste de se noyer dans le sang de son partenaire.
You need more time, Rip lui a dit la troisième fois, alors que Javier venait de rêver que son mari se vidait de son sang sur le sol poussiéreux de la cave de Greystone. Et ça ne fait aucun sens, Rip n’était même pas là, Rip ne sera jamais avec lui sur le terrain, il n’a aucune raison de rêver d’un truc pareil.

I’m a bloody Auror, Rip, I was trained for this, I’ll be fine, qu’il a répliqué. Alors ils se sont disputés, Rip lui a crié dessus avant de fondre en larmes alors Javier s’est excusé et s’en est tiré avec la promesse de faire attention et de prendre rendez-vous avec l’un des psychomages mis à disposition de la brigade des Aurors.

“I’m fine,” dit-il enfin, mais il a mis trop de temps à répondre et Kingsley fronce les sourcils. “I’m not perfectly fine, but I’m good enough to go back to work.” Faire des compromis, c’est un truc qu’on apprend quand on est marié. Il n’a pas l’intention de parler des cauchemars à Kingsley, mais il peut au moins admettre qu’il est peut-être un peu secoué par ce qui s’est passé. Bien sûr qu’il a toujours su que leur métier était dangereux. Mais il y a une grande différence entre savoir qu’on peut se faire tuer sur le terrain, et manquer de mourir dans les bras de son partenaire parce qu’on s’est fait empaler par un piège tendu par un mage noir. “Really, Papi, I’m fine, so don’t worry about me, okay?” Il empoigne l’épaule de Kingsley, la serre avec un sourire rassurant.

“Plus, I know you miss me, I can’t let you down,” ajoute-t-il avec un clin d’oeil avant d’enfin prendre une gorgée de son whisky. Javier laisse échapper un petit soupir de satisfaction. “Joder, that’s some pretty good shit, you’re right, those heathens can’t have it,” dit-il avec un sourire en coin.

He’ll be fine.

Javier met un temps interminable à lui répondre, et Kingsley fouille son visage sans retenue ni hésitation en attendant sa réponse. Il la connait déjà. Malheureusement pour Javier, il sait parfaitement ce qu'il ressent et dans quelle situation il se trouve, ainsi le “I’m fine” pas convaincant du tout est accueilli d'un froncement de sourcils, sorte d'avertissement silencieux pour demander à Javier de ne pas lui mentir plus qu'il ne le fait déjà. Bien entendu, son partenaire ne semble pas avoir reçu le mémo, du moins pas entièrement. “I’m not perfectly fine, but I’m good enough to go back to work.” Kingsley s'octroie une longue pause, le sondant de son regard sombre et intense en s'attendant à ce que Javier finisse par cracher le morceau - mais ce con est au moins aussi obstiné que lui, et il sait qu'il n'en tirera rien. "That's not really convincing," lui dit-il au bout d'un moment, toutefois. “Really, Papi, I’m fine, so don’t worry about me, okay?” Le surnom agaçant ne lui arrache même pas un roulement d'yeux, pour une fois, et il hoche lentement la tête comme si il lui donnait raison. "Sure." Mais il en touchera un mot à Mad-Eye, et sans doute aussi à Rip. Il n'est pas allé à Slytherin pour rien...

“Plus, I know you miss me, I can’t let you down.” À ça, en revanche, Kingsley n'a pas d'autre choix que de lever les yeux au ciel. "Now you're losing your grip on reality, chico," ment-il éhontément. Effectivement, il se fait un petit peu chier au boulot en l'absence de Javier, surtout quand il ne va pas sur le terrain et est à la place obligé de faire de la paperasse et de garder un oeil sur les nouvelles recrues.
Ils prennent ensemble leur première gorgée de whisky, et Kingsley hume d'appréciation en la sentant dévaler le long de sa gorge. “Joder, that’s some pretty good shit, you’re right, those heathens can’t have it. - Hm-hm." Kingsley lui rend un très léger sourire, avant qu'il ne disparaisse complètement. Il lève à son tour la main et la pause sur l'épaule de Javier, laissant ses doigts s'enfoncer avec force dans sa chair avant que sa paume ne voyage jusqu'à son cou, le claquant légèrement - un geste d'affection respectueux brusque et viril, du genre qui fait rouler les yeux d'Adrella quand elle le voit, mais symptomatique d'une maladresse intrinsèque à Kingsley dans ses relations amicales et amoureuses. "I trust you, Jay. It's not the same without you, and I can't wait to see you back on the field."

Au final, il n'a même pas besoin d'aller enquêter après de Rip: c'est lui qui vient à lui, dans le dos de son mari, pour partager ses craintes. Kingsley n'hésite pas une seule seconde à en parler à Mad-Eye, qui en parle à Scrimgeour, qui met Javier à l'arrêt jusqu'à ce qu'il soit complètement cleared par deux psychomages spécialisés, et le tout sans promesse de retourner sur le terrain.
Et Kingsley s'en veut. Il s'en veut tellement, parce que ça lui rappelle sa première mission qui a été un fiasco, ça lui rappelle les angoisses et les cauchemars et toutes les fois où il a cru qu'il ne parviendrait pas à s'en sortir, quand il se sentait abandonné et paniqué et angoissé et que personne n'était là pour l'aider - parce qu'il devait s'aider lui-même, et que c'était la tâche la plus ardue qu'il ait jamais connue.
Et la frustration, aussi, l'envie de hurler, de jeter des meubles, de se réfugier au fond du lit jusqu'à ce que quelqu'un vienne l'en sortir. L'incompréhension face aux non posés par les psychomages, la frustration qu'on ne voit pas les choses comme lui: of course I'm fine, put my back on the field immediately, I want to catch bad guys! Mais rien n'y fait. Kingsley comprend ça.

C'est pour ça qu'il est à peine surpris de voir le visage tendu et émacié de Javier quand ce dernier lui ouvre la porte de son appartement, l'ombre de barbe sur ses joues aussi criante que ses mèches de cheveux noirs emmêlés dans tous les sens sur son crâne. Ils ne se sont pas vus depuis trois semaines, maintenant, depuis le dîner chez lui et Adrella. Sans attendre sa réaction, Kingsley presse contre sa poitrine un paquet contenant des vêtements propres, un costume pour être plus précis. "Put that on, Javier. It's been a while, you're pissed at me, I don't care, but let's hang out. You ever been to a casino?" La solution parfaite pour lui changer les idées et, il l'espère, pouvoir enquêter un peu sur son véritable état.

"I trust you, Jay. It's not the same without you, and I can't wait to see you back on the field,” lui dit-il après lui avoir labouré l’épaule et Javier se fait la réflexion qu’il faut vraiment qu’il lui montre comment être un peu moins brute quand il veut montrer son affection. Jay est touché, vraiment, mais il commence à se demander si se faire apprécier de Kingsley vaut la peine de choper des hématomes à chaque fois qu’il est content de lui. “Thanks, Papi. I won’t let you down,” promet-il avec un sourire.
Au final, c’est Kingsley et Rip qui le déçoivent. Pire encore, qui le trahissent en conspirant dans son dos et en allant ouvrir leur grande gueule auprès de Mad-Eye, qui est bien évidemment allé en parler à Scrimgeour. Ca fait trois semaines que Javier a été mis en arrêt, trois semaines que Rip est parti étudier il ne sait quelle bestiole en Inde parce qu’il lui a clairement fait comprendre qu’il avait plutôt intérêt à décamper de leur appartement s’il ne voulait pas que ça finisse mal.

C’est la première fois qu’ils se sont disputés à ce point et Javier a dit des choses horribles qu’il regrette affreusement, mais son ego blessé l’empêche de contacter son mari pour s’excuser. Ca, et la colère qu’il éprouve toujours en repensant à ce qu’il lui a fait. A ce que Kingsley et Rip lui ont fait. Il n’en a même pas parlé à sa famille, ils ignorent tout de la dispute terrible qui a éclaté il y a trois semaines, du fait que Javier n’est pas retourné au bureau et qu’il pourrit dans son appartement en faisant la gueule parce qu’il s’ennuie et surtout, parce que Rip lui manque.
Ce qui explique pourquoi il est en train de s’enfiler un énorme pot de crème glacée, en pyjama devant la télévision qu’il suit à peine pendant qu’il rumine. C’est pathétique vraiment. Mais il ne fait aucun progrès parce que la seule chose dont il arrive à parler à ces rendez-vous qu’il doit se coltiner avec sa psychomage, c’est de son traître de mari et ce sale serpent de Kingsley Shacklebolt. Il n’est pas prêt de retourner au boulot comme ça et ça le bouffe encore plus que les cauchemars qu’il a encore faits la nuit dernière.

Quelqu’un sonne à la porte, le tirant brusquement de sa léthargie et Javier manque de renverser son pot de crème glacée. Il n’est clairement pas en état de recevoir qui que ce soit, mais une toute petite partie de lui se dit que c’est peut-être Rip qui vient de rentrer et qui a décidé de sonner à la porte comme la dramatic bitch qu’il est au lieu de tout simplement rentrer chez lui. Chez eux. Alors il bondit du canapé, va vers la porte pour l’ouvrir et--

C’est Kingsley. Kingsley qui lui fourre un paquet entre les bras et Javier le rattrape maladroitement, trop surpris par le geste pour réagir correctement. "Put that on, Javier. It's been a while, you're pissed at me, I don't care, but let's hang out. You ever been to a casino?" Il est sérieux, là ? Jay est à deux doigts de se mettre à hurler très, très fort, mais il prend une profonde inspiration à la place. “Ah, El Traidor,” dit-il d’un ton faussement détaché avant de laisser tomber le paquet au sol en le fixant droit dans les yeux. “Not interested,” lâche-t-il du bout des lèvres avant de faire un mouvement pour lui claquer la porte au nez, mais Kingsley a déjà glissé son pied à l’intérieur pour l’en empêcher. Javier serre les dents. “Move,” grince-t-il en lui lançant un regard noir.