Lee n’arrive pas à dormir, et il a donc utilisé son temps de manière utile: il a fait le tour de Sweet River, la maison et l’annexe et l’autre maison réservée aux vampires et la dernière maison pour les autres, ainsi que les terrains, pour s’assurer que les protections magiques étaient encore en place. Il a essayé de se souvenir de quelques cours du professeur Harris, en vain. Il faudra qu’il demande à un runiste de venir vérifier les protections runiques gravées à même la terre et la roche à certains endroits. En attendant, il renouvelle les sortilèges les plus communs - repousse-moldu, incartable, et tout le reste - et marche le long de leurs protections invisibles, perdus dans ses pensées. Quand il revient à la maison principale, tout le monde dort encore et il sourit un peu en se dirigeant vers la cuisine. Il va grignoter un truc avant de repartir, il faut qu’il retourne à Londres rencontrer un de ses contacts.

Il est surpris de trouver Flora dans la cuisine, même si elle a plus l’air d’une voleuse que d’une habitante des lieux, à fourrer dans son petit sac des biscuits et autres non-périssables. “ Oh. Hi Lee. ” Au moins elle n’a pas l’air coupable. Elle a meilleure mine qu’avant, elle doit être sur le pas de la guérison. “ What are- are you hungry? ” Elle lui tend un paquet de biscuits et il sourit malgré lui, le prenant avec un hochement de tête comme remerciements. “ That your food for the week? ” la taquine-t-il en désignant le sac. A la connaitre, il pense avoir raison. “ Go sit down, I’ll make you something nice for this morning at least. ” Il ouvre néanmoins le paquet de biscuit et en glisse un dans sa bouche. Il est trop grand pour être avalé d’une bouchée alors il le garde entre ses dents en sortant sa baguette et en rassemblant les ustensiles et les ingrédients.

Bien vite, une odeur délicieuse s’immisce dans la cuisine. Il hume un peu en cuisinant, préparant le petit-déjeuner le plus anglais qui soit: quelques tomates, des champignons, des oeufs brouillés, du toast avec du beurre, et des beans. Pour lui, du bacon et quelques saucisses et pour elle, deux tranches de bacon de dinde. “ You feeling better? ” lui demande-t-il au bout d’un moment, après qu’elle se soit assise sur la table derrière lui. Il se retourne pour servir leurs nourritures dans leurs assiettes, manipulant les différentes poêles avec expertise - il a séparé les viandes et a utilisé une cuillère spécifique pour l’assiette de Flora - avant de s’asseoir face à elle. Elle ne mange pas beaucoup et son assiette reflète ça: celle de Lee, en revanche, déborde de nourriture. “ I hear you’ve been a bit sick, ” explique-t-il comme si de rien n’était, comme si il n’avait pas veillé sur elle pendant quelques temps sous sa forme féline. Il s’attaque à sa nourriture avec appétit et impatience, arrosant le tout avec le thé English Breakfast qu’il leur a préparé tout en cuisinant. “ Made any friends just yet? Except my wonderful person of course. ”

Flora se sent un petit peu coupable, un sentiment habituel pour elle désormais, une constante, en fait. Elle se sent coupable parce qu'elle doit tout avoir l'air d'une voleuse à roder dans la cuisine à cette heure-ci, avec un sac qu'elle remplit de nourriture comme si elle voulait tout garder pour elle. Ce sont des réserves qu'elle a droit de constituer, même si ça peut sembler suspicieux. Elle rosit un petit peu et c'est peut-être pour ne pas avoir autant l'air d'une voleuse qu'elle offre des biscuits à Lee qui les accepte en souriant. “ That your food for the week? ” Une moue tord les lèvres de la Carrow. C'est probablement une boutade, mais c'est un peu ça, oui. Elle n'a pas besoin de prétendre trouver la compagnie des autres hybrides agréable, Lee sait déjà qu'elle passe le moins de temps qu'elle peut dans le bâtiment principal. C'est pour ça qu'il lui a fait promettre il y a déjà de longues semaines de prendre quelques repas avec les autres, en guise de contrepartie pour la chambre individuelle qu'il lui a dégotée. Elle a tenu sa promesse, à peu près, continue de la tenir, mais elle s'en tient au strict minimum. Et si elle peut éviter les dîners avec les loups elle n'hésite pas. Alors elle a besoin de quelques réserves, parce que même si l'appétit de Flora n'est pas fulgurant, elle a faim quand même, parfois. Elle ne répond pas parce qu'elle pense qu'il sait déjà qu'il y a un fond de vérité dans sa blague. “ Go sit down, I’ll make you something nice for this morning at least. ” Elle ouvre la bouche pour protester mais la referme, parce que c’est vrai que là tout de suite elle a vraiment faim et qu’elle ne serait pas contre un vrai repas. Elle ignore si Lee est un bon cuisinier, il lui a déjà apporté à manger auparavant mais elle ne sait pas si c’était lui qui l’avait préparé. Elle sait juste que dans les assiettes qu’il lui apporte il n’y a jamais de porc.


Elle s’installe lentement sur une chaise et l’observe travailler, son estomac se réveillant un peu douloureusement quand l’odeur de la nourriture parvient à ses narines. C’est un petit déjeuner anglais classique mais elle remarque qu’il utilise deux poêles différentes pour la viande. Elle est un peu surprise mais elle ne dit rien. “ You feeling better? ” Elle hoche lentement la tête avant de se rendre compte que, puisqu’il lui tourne encore le dos il ne peut pas la voir et elle répond d’une petite voix : “ Yes. ” Ce n’est probablement pas la réponse la plus convaincante qui soit mais c’est sincère. De son rhume elle s’est remise doucement. Du reste..les mois n’ont pas changé grand chose. Il en a fini avec la préparation de leur petit-déjeuner et il vient déposer leurs assiettes dans la table. Pour une fois, il y a du bacon dans celle de Flora qui regarde sa nourriture d’un air curieux, mais il ne ressemble pas tout à fait à celui que Lee a dans la sienne. “ I hear you’ve been a bit sick, ” Elle ne s’est même pas posé la question quand il lui a demandé si elle se sentait mieux. Maintenant elle se dit qu’elle aurait peut-être dû. Mais aucune part d’elle ne pensait qu’il voulait parler de sa morsure. Elle savait que c’était au rhume qu’il faisait référence. Sans hésitation, elle savait.. C’est que Lee est toujours bien renseigné, c’est tout. Il s’attaque à son plat sans plus de préavis et Flora l’observe encore, songeuse, un peu malgré elle. “ Made any friends just yet? Except my wonderful person of course. ” Ça semble la réveiller un peu et elle plante sa fourchette dans ses œufs. Elle en mange une bouchée pour effacer un peu sa moue. Elle n’a aucun ami ici, pas même Lee. C’est l’ami d’Hestia. “ Not really. Siam is nice. ” C’est lui-même qui a envoyé cette dernière vers elle donc elle s’imagine qu’elle se doit de la mentionner. Elles ne sont pas amies parce que Flora est mal à l’aise avec elle, mal à l’aise parce qu’elle est gentille et qu’elle a un jumeau et qu’elle a vécu des horreurs dans son département du ministère. Elle n’était pas au courant, mais ça ne change rien. “ My friend’s father lives here now. ” C’est plus une information qu’autre chose. Warren Avery n’est pas son ami, mais c’est une connaissance un peu plus poussée que les autres personnes croisées ici. Elle fait la moue, consciente qu’à ce stade elle devrait s’enquérir des amis qu’elle est censée s’être fait dans les autres camp. Elle n’en a pas envie. “ I have the books that you bring me. ” Pas vraiment des amis, mais tout de seconde main qu’ils sont ils sont quand même à elle. “ And then there’s you. ” Et le lynx. Mais elle ne parle pas du lynx. A personne. Surtout pas Lee qui est à la limite celui à qui elle parle le plus — ce qui ne doit pas vouloir dire grand chose. Elle a deux amis, comme ça. “ This is turkey, yes? ” Elle désigne de sa fourchette le bacon dans son assiette. Vu le soin habituel de Lee à ce niveau et la façon qu’il a eu de tout bien séparer en cuisinant elle ne croit pas se tromper. “ I didn’t know we had any. ” Et pourquoi en auraient-ils ? Pourquoi s’embarrasser de « faux » bacon comme diraient certains quand on a du vrai à disposition ? C’est vrai que la dinde c’est un peu plus sain comme viande. Mais c’est vrai aussi qu’ici on s’en fout. Y en a t-il d’autres à Sweet River qui suivent un régime alimentaire similaire au sien ?

Flora commence lentement à manger, sans entrain ni appétit, mais Lee apprécie néanmoins qu’elle fasse des efforts et il attend qu’elle lui réponde avec patience. Elle est difficile à apprivoiser quand il est sous sa forme humaine: boudeuse, semble-t-il, ou juste distante, sympathique mais hésitante. Peut-être qu’elle ne le voit pas comme un ami, pas du tout, mais juste comme une présence agaçante constante qui lui pose trop de questions. “ Not really. Siam is nice. ” Le visage de Lee s’éclaire un peu à la mention de Siam et il hoche la tête avec enthousiasme. C’est lui qui a demandé à Siam d’aller la voir, lui remonter le moral, mais il n’a pas eu le temps de lui demander ce qui en avait résulté: il est content d’apprendre que Flora la trouve sympathique et la considère peut-être comme une amie…? Il peut toujours espérer. “ My friend’s father lives here now. ” Il penche la tête sur le côté, dubitatif, mais ne presse pas la question, imaginant que Flora le fera d’elle-même si elle le désire. Il ne sait pas de qui elle parle (ce qui n’est pas habituel pour lui). “ I have the books that you bring me. ” Nerd, ne peut s’empêcher de  penser Lee, qui n’a jamais été un grand lecteur même si il a eu ses quelques passions littéraires. “ And then there’s you. ” Il se demande si elle parle de lui, Lee, ou de lui, Washa. C’est un peu un secret de polichinelle, et il devine très aisément qu’elle préfère le garder comme tel.

Il s’adoucit un peu. Solitaire et pourtant la solitude lui va si mal: il lui manque une partie d’elle, une moitié, littéralement. Lee ne peut que la comprendre. Lui est toujours entouré, tiré de partout, et il n’aurait pas assez de doigts ou de temps pour compter ses nombreux amis. Il est toujours occupé, toujours en train d’essayer de résoudre les problèmes des autres, de s’assurer que tout le monde va bien. Et pourtant il se sent seul, véritablement seul, avec personne à qui parler. Parce que qui a envie d’entendre ce qu’il a à dire? Lee est sensé être indémontable et sans peur. C’est lui qui recueille les doutes des autres. Il ne peut donc pas partager les siens.
Peut-être que c’est pour ça qu’il aime bien être le lynx ou, plus précisément, Washa. Animal, il n’a pas à réfléchir, à s’inquiéter, à écouter: il peut juste ronronner et se presser contre les mains tendues vers lui et se lover dans la chaleur des bras de Flora. “ This is turkey, yes? ” Il s’est perdu dans ses pensées et cligne des yeux d’un air ahuri, se sentant coupable en se demandant si elle lui a dit quelque chose qu’il n’a pas entendu.. “ I didn’t know we had any. ” Il fronce les sourcils, surpris et un peu vexé. “What do you mean you didn’t know? I’ve been bringing them with groceries ever since you came here… has someone else been eating them?” Il semble agacé à cette perspective, parce qu’il ne lui semble pas que quiconque d’autre ne mange pas de porc à Sweet River. “Or is it just that you never cook?” demande-t-il en la regardant, souriant un peu d’un air tendre devant son air coupable. “Ah, I see. Well, now you know. I make sure to bring some, or that it is added to the list, whenever groceries are needed. I knew you didn’t cook much but still--” Il dit presque son prénom, Flora, et se retient au dernier moment, reprenant vite pour ne pas trop marquer la pause: “It’s quite good, isn’t it? I’m sorry, I prefer pork. But a good turkey steak from time to time is good.” Il lui offre un petit sourire amical à ces mots. “Come on, finish up your plate before I get upset you don’t like my cooking skills.”

DECEMBER - C’est quelques semaines avant qu’il ait le temps de revenir à Sweet River. Il passe énormément de temps à la Fawkes, à aider Molly et les autres à gérer tous les gamins qu’il a libéré de la DHS. La plupart l’aiment bien, la plupart ont aussi tendance à lui demander où est m’sieur Harris… Beaucoup pleurent et veulent rentrer chez eux, certains sont contents d’enfin toucher une baguette. Ils mettent Lee mal à l’aise, parfois, avec leurs questions. Il a oublié combien on peut être con, quand on est jeunes. Il ne sait pas trop ce qu’ils vont faire d’eux. Il ne doute pas que Royal aimerait en faire de parfaits petits soldats, et que Molly aimerait juste leur offrir une hospitalité permanente, tandis que Sofia sait bien que c’est impossible. Remus et Sirius doivent toujours être préoccupés de la situation de Harry...

Aller à Sweet River est presque un soulagement, un jour de vacances. Les Highlands se sont recouvertes d’un grand et épais manteau blanc: la neige lui arrive presque aux genoux et Lee glapit un peu juste après avoir transplané, courant jusqu’à la maison principale en jurant. Il fait froid et il fait moche en Angleterre: il ne s’attendait pas à ce choc météorologique du côté de l’Ecosse. Remus, avec qui il a voyagé, rit un peu en le voyant. C’est la pleine lune ce soir et il a l’air épuisé, déjà.
Lee fait sa tournée, va dire bonjour à tout le monde, serre quelques mains et distribue quelques objets qu’on lui a demandé des semaines plus tôt. Et puis l’homme laisse place au lynx, habitué et confortable dans cet environnement: il ne semble pas dérangé du tout par la neige, filant avec vitesse de la maison principale à l’annexe qui a fini d’être insulée avant le début de l’hiver, le vrai. Le lynx serait presque déçu que la neige ne soit pas plus épaisse et abondante.
Il se prépare déjà à se faufiler jusqu’à l’étage pour aller tirer Flora de son ennui, et il est surprise d’à la place la trouver au rez-de-chaussée de l’annexe, armée de son manteau et l’air pas très ravie de la température ambiante. Le lynx, bien entendu, n’est pas très sensible à ses réticences et lui saute dessus avec joie, lui léchant les doigts quand ils s’approchent de trop près, et ronronnant quand elle enfonce ses doigts dans ses cheveux. Le félin fait plus penser à un chien qu’autre chose en cet instant précis, sautant et quémandant attention et caresses jusqu’à ce qu’elle se permette un sourire - il sait, malheureusement, que ces derniers sont trop rares...

 “ What do you mean you didn’t know? ” Lee a presque l'air offensé par sa question et Flora, confuse, se demande ce qu'elle a bien pu faire de mal. Lui avait-il laissé un message qu'elle n'a jamais reçu pour lui dire qu'il y avait du bacon de dinde ? Lui en veut-il de ne peut être suffisamment venue dans la cuisine pour s'en rendre compte ? “ I’ve been bringing them with groceries ever since you came here… has someone else been eating them? ” Oh. Elle hausse doucement les épaules, elle n'en sait rien pour être honnête. L'idée que quelqu'un pense à elle comme ça pour le ravitaillement ne lui a tellement pas traversé l'esprit que même dans ses passages en cuisine elle n'a jamais fait attention à ce genre d'aliments. Elle espère ceci dit que tout ce qu'il aura ramené n'a pas été gaspillé, quitte à ce que oui, quelqu'un qui n'ait pas besoin que ce soit dans la dinde ait tout mangé. “Or is it just that you never cook?” Sa petite moue coupable alors qu'elle joue un peu avec sa nourriture est tout la réponse dont il semble avoir besoin. “Ah, I see. Well, now you know. I make sure to bring some, or that it is added to the list, whenever groceries are needed. I knew you didn’t cook much but still--” Elle remarque la légère hésitation, sans la comprendre évidemment, prenant une petite bouchée de la dinde. Elle apprécie beaucoup les efforts de Lee et elle s'en veut un peu de l'avoir vexé semble-t-il, même malgré elle. “It’s quite good, isn’t it? I’m sorry, I prefer pork. But a good turkey steak from time to time is good.” Elle hoche vaguement la tête quand il lui offre un petit sourire amical. “Come on, finish up your plate before I get upset you don’t like my cooking skills.” Elle fait la moue mais ne souhaitant surtout pas qu'il s'offense plus — et puis surtout ayant très faim — elle s'exécute, mangeant néanmoins avec la lenteur méticuleuse dont elle a toujours fait preuve. Elle le remercie aussi chaleureusement qu'elle en est capable en dépit de sa timidité. Elle a toujours un peu "peur" de la viande à Sweet River quand bien elle en désire plus que jamais à cause de sa nouvelle condition et elle est plutôt contente malgré elle des efforts de Lee pour diversifier l'origine animale. Elle lui promet de manger le bacon de dinde qu'il ramène pour elle plus régulièrement et puis elle retourne dans sa chambre sans demander son reste. Elle s'en veut toujours d'accepter ses gentillesses, mais Lee ne semble toujours pas prêt à la laisser ni s'isoler complètement ni mourir de faim et elle a de moins en moins le cœur à le repousser. Elle est si égoïste.

DECEMBER - Elle n'a pas vu Lee depuis des semaines. Elle n'a pas vu le lynx non plus. Alors elle est restée encore un peu plus que d'ordinaire confinée dans sa chambre sous les combles, fort heureusement protégée du froid mordant qui recouvre l'Écosse depuis plusieurs jours déjà. La neige est bien installée sur le sol de Sweet River Flora s'inquièterait même presque pour les loups pendant la pleine lune. Presque. Ils ont de la fourrure déjà et puis elle ne plaint pas la bête qui lui vole son être tous les mois. La louve, elle peut crever ce soir sous un tas de neige que ça ne lui ferait ni chaud ni froid. Ce mois-ci elle a "droit" à la potion tue-loup de nouveau et comme avant son appréhension n'en est pas moindre, au contraire. Elle a peur, se ronge les ongles, joue avec ses cheveux en tirant un peu trop fort sur ses mèches. La potion ça veut aussi dire sortir de l'annexe pour aller la prendre dans le bâtiment principal toute la semaine qui précède la pleine lune sans compter le jour même. Elle a un manteau un peu chaud et plusieurs pulls qu'elle enfile les uns sur les autres pour combattre le froid. Son sang égyptien doit prendre le dessus à ce niveau-là car elle a toujours préféré les températures plus clémentes. Elle n'aime pas la canicule, mais elle aime les printemps et étés anglais et les hivers égyptiens. Elle fait la moue, serrant les pans de son manteau autour d'elle alors qu'elle s'apprête à quitter l'annexe quand le lynx lui saute dessus pour lui lécher les doigts. Elle grogne surprise mais faussement agacée uniquement, le caressant avec habitude et esquissant un petit sourire quand il ronronne sous ses doigts. Elle s'agenouille pour être un peu plus à sa hauteur et, sans trop réfléchir, entoure son encolure de ses bras pour le presser contre elle enfouissant son visage dans sa fourrure si douce. Elle est soulagée de le retrouver. Soulagée qu'il soit là. Il n'est pas toujours là pour elle, il part souvent. Il ne prévient jamais. Et elle ne sait jamais quand il va revenir. Et si la vie à Sweet River n'est jamais agréable elle est un peu mieux quand il est là. “ Washa, you're back. ” murmure-t-elle, frottant un peu son visage contre le lynx dans un geste certainement trop tendre, ce dont elle semble se rendre compte puisqu'elle rosit quand elle s'éloigne pour mieux le regarder. “ Don't come tonight. ” Elle sait que chaque fois qu'il est là il vient pour soutenir les loups et — du moins en elle a-t-elle l'impression — elle en particulier. “ Don't come. ” C'est dangereux pour tout le monde mais surtout les animagus qui accompagnent les loups. Ce soir, elle sera plus en contrôle paraît-il mais tout de même. Elle ne veut pas prendre de risque, elle ne veut pas qu'il la colle et qu'elle se retrouve à lui faire du mal, surtout quand elle est consciente. Finalement elle se redresse un peu rapidement et de nouveau s'entoure de ses propres bras pour se tenir chaud. “ I have to get the potion. ” l'informe-t-elle à mi voix. Il n'y a aucun plaisir, aucun soulagement, aucun espoir dans sa voix, c'est une obligation rien de plus. Elle prend la potion parce que c'est son tour. Pas parce qu'elle veut n'être qu'un tant soit peu en phase avec le monstre en elle.

“ Washa, you're back. ” Le lynx en ronronne de plaisir, surtout quand Flora se baisse pour le câliner et le caresser avec toute la douceur du monde. Il se frotte contre ses mains, laisse ses doigts démêler quelques noeuds dans sa fourrure, ses moustaches venant chatouiller les joues de Flora quand il essaye de s'en approcher, sa langue râpeuse prête à frapper à tout moment pour se faufiler et lui lécher la joue dans un geste tendre et protecteur à la fois. “ Don't come tonight. ” Dans un geste très humain, le lynx arrête de se laisser cajoler pour lui adresse un regard bien trop intelligent, penchant la tête sur le côté pour formuler une question silencieuse. “ Don't come. ” Mais il est quasiment là pour ça! Il secoue un peu la tête, une nouvelle fois brisant un peu l'illusion de l'animal, et en grognerait presque quand elle se redresse puis se relève. “ I have to get the potion. ” Et bien dans ce cas-là, ils pourront s'amuser!
L'énorme félin se dresse sur ses pattes arrière et pose celles de devant sur les cuisses de la jeune femme, la forçant soit à le repousser soit à le caresser. Quand elle fait mine de lui gratouiller le front, il ronronne un peu avant de se laisser tomber sur le côté. Et sans un mot, il l'accompagne en se pressant contre ses jambes, ne prenant même pas la peine d'essayer de lui communiquer que quoiqu'elle veuille, il restera à ses côtés.

La journée est un peu longuette, ils la passent surtout dans la chambre de Flora après avoir récupéré de quoi manger dans la maison principale: Lee voit ça comme une journée de vacances, où il n'a pas besoin de constamment être sur son téléphone. Même les révolutionnaires ont des jours de repos...
Il passe le plus clair de son temps à ronronner et à roupiller, à moitié étale sur les jambes de Flora alors que celle-ci lui fait la lecture d'un livre d'aventures à voix haute. Le lynx lève la tête seulement quand elle vient effleurer sa fourrure, quémandant quelques caresses et lui léchant le bout des doigts par moment.
Lentement, le soleil fait sa course dans le ciel jusqu'au moment fatidique où Flora le pousse un peu pour se lever. Il peut sentir son appréhension et il aimerait pouvoir la rassurer avec des mots mais il sait qu'elle préfère de loin Washa à Lee donc il reste sous sa forme animale et la suit comme le ferai un animal animixé. Elle rencontre les autres loups dehors, alors que d'autres sont déjà en train de transplaner pour aller se transformer ailleurs. Les loups qui prennent la potion n'ont pas besoin d'aller bien loin.
Le lynx est caressé par quelques mains baladeuses, cajolés par certains, et en fait rire plus d'un avec ses manières de gros chat; mais il reste fidèlement aux côtés de Flora, se frottant contre sa jambe de temps à autre pour attirer son attention, surtout en sentant sa nervosité monter.

Flora n’a pas demandé à Washa de la suivre, mais elle est plutôt soulagée qu’il le fasse, s’aventurant avec elle sur le chemin enneigé qui sépare l’annexe du bâtiment principal de la ferme. Elle avale la potion avec une grimace appuyée, récupère un peu de nourriture et puis ils rebroussent chemin ensemble, sans trop s’attarder dehors car Flora a froid. Elle est contente qu’il la suive jusqu’en haut des marches, dans sa chambre sous les combles, où elle se débarrasse du manteau mais pas encore des pulls. Elle lance un petit sort du bout de sa baguette pour que la température ambiante remonte un peu et s’installe sur le lit après avoir retiré une autre petite couche de vêtements. “Nothing better to do? ” muse-t-elle à l’adresse du lynx qui bien sûr ne répond pas, même si ce n’est plus un secret qu’il la comprend et parfois lui parle, d’une certaine manière. Elle lit à voix haute, un livre qu’elle le laisse choisir, et sourit très légèrement, attendrie quand il semble s’endormir étalé sur ses genoux. Parfois Flora a l’impression qu’il apprécie véritablement sa compagnie, autant qu’elle apprécie la sienne. Elle a du mal à y croire parce que quoi qu’elle lui apporte n’importe qui d’autre peut le lui donner. Mais l’idée d’être un peu spéciale, qu’il la choisisse elle pour passer un après-midi tranquille à ronronner doucement et lui lécher le bout des doigts lui plaît, plus qu’elle n’aimerait l’avouer. Elle a bien besoin d’un ami après tout et Washa en est un.
La nuit approche doucement et trop vite à la fois et bientôt elle soupire et doit le repousser pour aller enfiler son manteau. C’est un réflexe plus qu’une nécessité, elle n’en aura pas besoin cette nuit. Elle est tendue et stressée, elle aimerait qu’il y ait une solution pour éviter les transformations ou alors les passer endormie. Elle enfonce un peu ses ongles dans les paumes de ses mains, se mordille la lèvre inférieure, mais ne faillit par pour marcher jusque dans la forêt. Elle a laissé sa baguette dans sa chambre — elle n’aurait personne à qui la confier pendant sa transformation — donc elle ne transplane pas. Et puis, un des avantages promus de la potion c’est que l’on n’a pas besoin d’aller jusqu’à l’autre bout du domaine pour passer la nuit, puisqu’on est moins dangereux, il paraît. Si elle tient bon sur le chemin, avec les autres loups, c’est bien grâce à Washa qui la colle comme s’il était à elle, son lynx domestique. Elle se demande s’il peut sentir comme son cœur bat vite, comme elle a l’impression qu’elle va être malade, au point que, une fois dans la clairière où ils vont laisser la lune reprendre ses droits, faisant fi des regards des autres elle s’agenouille auprès de lui pour l’étreindre avec force. D’autres l’ont caressé pendant qu’ils marchaient, mais il ne l’a pas quittée. Elle a peur qu’il fasse la même chose pendant la nuit. “ Be careful, ” marmonne-t-elle à son seul ami, caressant son pelage doucement avant de le lâcher à contrecœur. Elle aimerait pouvoir se perdre dans sa chaleur et ne jamais se réveiller.

La transformation ne cessera jamais d’être douloureuse et si la potion tue-loup est censée aider, elle garde aussi l’humain en eux éveillé jusqu’au bout. Elle aimerait être suffisamment courageuse pour ne pas hurler. Elle aimerait être assez forte pour mieux tenir tête à la louve.
Jouer, jouer jouer. Courir courir courir. Oh ! La meute, ils sentent comme nous. Alpha? Alpha? Surrender. Mais non c'est pas l'Alpha. C'est pas notre Alpha. Mais elle est forte ! Très forte ! Obey? Flora crie silencieusement alors la louve va voir ailleurs. Elles se font sauter dessus par un fourrure blanche qui saute un peu plus loin juste après avec un regard malicieux. Play play! Washa! Play!
Alors ils « jouent » toute la nuit, ils font la course et se sautent dessus. La louve aime bien l'odeur du lynx même s'il n'est pas comme elle. Pack? Ils font minent de battre, se roulent dessus et dans la neige. La louve est plus forte et Flora s'épuise à la retenir, absolument tétanisée à l'idée de lui faire du mal avec ce corps qui la dégoûte. Elle ne veut pas être consciente, mais elle l'est et si elle le blessait elle s'en voudrait à jamais. Alors elle se force à tenir les rênes même si ça veut dire accepter ce qu'elle est, là tout de suite. Le monstre.

Elle s'écroule de fatigue à la fin de la nuit, à peine consciente que son corps nu tremble sur la neige. On la recouvre, l'aide à aller jusqu'à la ferme. Si elle a quelques éraflures elle n'est pas blessée au point qu'on l'emmène à l'infirmerie et elle se réveille en milieu d'après-midi dans sa propre chambre dans l'annexe. Washa est là, réchauffant ses pieds. Elle a la bouche pâteuse et les souvenirs de la veille plein la tête qu'elle repousse avec violence. Elle aimerait avoir une pensine pour se vider l'esprit. “ Washa… ” marmonne-t-elle en réalisant qu'il est réveillé, “ are you okay? ” et déjà elle se redresse et s'assoit sur le lit pour venir caresser sa fourrure avec douceur et tendresse. Elle lui en veut d'être venu et de ne pas avoir été aussi prudent qu'elle lui a demandé de l'être. Mais il semble aller bien.

Il lui faut un moment pour oser sortir du lit une fois rassurée sur l'état de son cher lynx, passer à la salle de bain et puis, Washa sur les talons, aller chercher de quoi se ravitailler dans la ferme. Ils mangent dans la cuisine vide un petit-déjeuner qu'elle leur prépare rapidement et ressortent. Flora veut retourner dans sa chambre, mais Washa semble encore d'humeur joueuse, courant jusqu'à ce qu'elle tente de le rattraper et roulant dans la neige en feulant. Elle en attrape une bonne poignée et en forme une petite boule qu'elle lui lance à la figure, riant malgré elle quand il lui saute dessus en guise de revanche. Elle entend le bruit mi-humain mi-animal qu'a parfois Washa quand on dirait qu'il rit, lui aussi. Flora a un peu froid mais pour une fois cela en vaut la peine. Allongée dans la neige, elle s'étale et laisse une empreinte d'ange derrière elle. Tout le contraire de ce qu'elle est.
La moue revient, brusquement. Et le froid semble soudain plus glaçant encore.

Flora semble être au supplice quand elle s'agenouille face au lynx pour le caresser et le prendre dans ses bras une dernière fois. Son étreinte est puissante, presque douloureuse, mais Washa ne faillit pas. “ Be careful. ” Comme toute réponse, l'animal lui lèche rapidement la joue, ses grosses pattes se levant comme pour lui rendre son étreinte.
Avec quelques rares autres animagus, alors que les derniers sorciers quittent la clairière, le lynx regarde les loup-garous se transformer. C'est toujours difficile à regarder. Les corps qui se tordent, s'arc-boutent, s'allongent; les grognements de douleur, les traits déformés par la peur, les souffles courts.
Et enfin, les loups. Ils ont tendance à s'éparpiller, confus et décontenancés, mais le lynx sait bien qui il cherche et la trouve rapidement. Il l'observe tout d'abord, la suit, avant de ne pas pouvoir résister à la tentation en lui sautant dessus.
Même quand ils sont transformés sans potion, les loups sont joueurs avec les autres espèces; mais au moins, cette fois, Washa n'a pas besoin de craindre pour sa vie. La louve n'est pas aussi énervée, violente et sanguine que d'habitude; et ils jouent. C'est rude et, à plusieurs reprises, elle lui coupe le souffle en lui fonçant dedans avec trop d'entrain, et elle le griffe une fois ou deux en le faisant piailler; mais rien de trop inhabituel ou douloureux, et rien qui ne le fasse saigner.
Ils jouent presque toute la nuit, à se sauter dessus, à se battre pour de faux, à faire la course, à chasser ensemble jusqu'à ce que leur proie s'évade. Le lynx est fatigué, mais il est bizarrement heureux aussi. Heureux de relâcher la pression, de laisser la couverture de l'humain autre part, loin de lui. Pas de Lee, pas de Paws, rien, rien sauf le lynx, la neige, et la louve.

Le petit matin arrive lentement et lui-même est épuisé, et se laisse reconduire jusqu'à la maison où il s'écroule de fatigue, ne prenant même pas la même de se retransformer. Il suit quand Flora est amenée dans sa chambre après avoir été auscultée, et il s'écroule à ses pieds. Il en a un jour parlé avec Sirius. Dormir sous sa forme animale est tellement plus reposant, tellement plus simple.
Quand elle se réveille, Flora est tout de suite sur lui, inquiète. Il la laisse faire, grogne un peu, lui mordille les doigts parce qu'elle l'a réveillée, mais se presse contre elle pour la rassurer: il n'est pas blessé, juste épuisé.
Il se sent un peu mieux quand ils vont manger, lui grignotant avec plaisir les bouts de viande qu'elle lui file sous la table, là où il est pressé contre ses jambes, comme si il était purement incapable de s'éloigner d'elle. Quand ils ressortent, il l'incite à jouer de nouveau.
La différence qu'il aime, entre la louve et Flora, c'est le rire qui s'échappe d'entre les lèvres de cette dernière quand il fait quelque chose de stupide, quand il essaye d'attraper avec sa gueule les boules de neige qu'elle lui envoie.
Ils finissent allongés dans la neige, elle à faire des anges et lui à essayer maladroitement de l'éviter, en vain. Quand elle reste un peu trop longtemps à son goût, il s'allonge de tout son long sur elle, ses grosses pattes en train de knead sur son manteau, ronronnant comme un moteur d'avion en cachant son museau contre la peau chaude de son cou.

Pour la énième fois, Lee à l'intérieur se dit qu'il a bien raison de ne pas lui révéler qui il est: dans ces moments comme ça, lui-même peut l'oublier, et juste profiter du moment présent, sans trop se soucier de tout ce qui se passe autour de lui.

DECEMBER 25 C'est Noël. Autant dire que Lee est occupé.
Cela fait une semaine qu'il va à droite à gauche. Certains camps ont été rassemblés pour permettre à quelques regroupements festifs; certains sont inquiets, dont Kingsley, que ça attire l'attention de Voldemort et de ses sbires. Mais beaucoup s'accordent sur la même chose: par les temps qui courent, ils ne peuvent pas se permettre de démotiver les troupes en les empêchant de faire les fêtes avec leurs proches.
À St James règne constamment une délicieuse odeur de pain d'épices. Lee en a embarqué quelques tranches pendant ses voyages, les mangeant d'une bouchée sous le regard amusé des autres. C'est littéralement sa nourriture préférée, ce qui fait que Noël est l'une de ses fêtes préférées aussi.
Il a passé la plupart de la journée de Noël, après une émission spéciale à la radio, à visiter plusieurs de ses amis. Il a offert à Francis, à la Fawkes, une quantité plutôt impressionnante de confiseries et friandises sorcières et moldues, un livre détaillé sur l'Animagie ainsi qu'une nouvelle veste en jean pour remplacer celle qu'il porte habituellement et qui commence à s'effilocher;  il a laissé devant la chambre d'Angelina un livre illustré sur le Quidditch, ainsi qu'une console de jeu moldue qui va la frustrer et la faire rire; pour George, il a hésité, puis s'est arrangé avec Ginny pour lui faire parvenir un gnome de jardin en porcelaine, animé magiquement pour hurler à six heures tous les matins une alarme dissonante. Lee a ainsi procédé avec tous ses amis, leur donnant ou leur faisant parvenir des petites conneries, collectées et gardées précieusement pendant l'année dans son studio de Londres.

Il est tard, quand il arrive à Sweet River, sa dernière destination aujourd'hui. Il est tard, et il est fatigué, mais il a quand même un sourire aux lèvres en débarquant dans la maison principale. “ Dear God, Santa Claus is here! ” l'accueille Buckley, lui faisant rouler des yeux. “ Ho, ho, ho, ” chantonne quand même Lee. Tout le monde est là, et il remarque immédiatement Flora, lui adressant un petit sourire amusé parce qu'elle a l'air un peu boudeuse: apparemment forcée d'être présente, et aussi forcée de porter une couronne en papier comme le veut la tradition britannique. Elle n'est pas la seule et très vite, un loup trouve le moyen de se hisser pour en déposer une sur le crâne de Lee, qui se laisse faire.
Il distribue quelques cadeaux: des babioles, de la bouffe, des pulls, des livres, des trucs marrants, des trucs sérieux. Il y en a pour tout le monde, même ceux que Lee connait mal, et tous les cadeaux sont emballés. Quelqu'un reçoit un deck de tarot aux illustrations ridicules et avec quelques cartes manquantes; un autre a droit à un set de plumes dont il avait besoin pour écrire ses lettres; quelqu'un a droit à une pile improbable de Twix, alors qu'un autre crie de surprise et de plaisir en mettant ouvrant son paquet pour découvrir une unique plaquette de chocolat au thé vert. Loups, vélanes, harpies, vampires, tout le monde a un sourire sur les lèvres après le passage de Lee, même ceux qui avaient insisté pour ne pas recevoir de cadeau.

Lee finit sa course sur le banc à côté de Flora, une fois l'excitation retombée. Ça sent bon, ça sent la nourriture riche et grasse de Noël, et l'estomac de Lee gargouille (et est-ce du pain d'épices qu'il sent là? ouh il va se faire plaisir...). “ And that's for you. ” Il produit de son sac extensible un paquet qui, comme d'habitude, ressemble à un livre. Il fait légèrement rentrer son épaule dans celle de Flora. “ I wagered you didn't really celebrate, but I still think a gift is nice. If it makes you uncomfortable, you can open it tomorrow, and pretend it was just a friendly gift! ” fait-il d'un ton entraînant et un grand sourire. Lee a passé toute la journée à s'occuper d'autrui, à discuter avec plein de gens, à souhaiter de bonnes fêtes à tout le monde et pourtant, il se rend compte maintenant qu'il n'attendait que ça: être assis à côté de Flora, à parler de tout et de rien. “ How have you been? ”

DECEMBER 25 Flora aurait pu s’imaginer qu’à Sweet River on lui épargnerait le sapin, les gâteaux, la dinde, la décoration et toute l’effusion autour de Noël. Elle aurait pu penser que, au sein des reclus de la faction rebelle de la société, on pourrait se passer de ce genre de célébrations. La plupart des hybrides autour d’elles ne sont excités qu’à l’idée de recevoir des cadeaux, potentiellement de manger un peu mieux et de boire de l’eggnog et personne ne semble se soucier beaucoup des origines religieuses de la fête. Elle-même préfèrerait pour sa part rester dans sa chambre sous les combles, isolée dans l’annexe de la ferme ; déjà qu’elle apprécie peu les repas communs en temps normal ce n’est pas pour aller se forcer à sourire pour une fête qu’elle n’a jamais célébré. Bien sûr, pour Yule on visitait Leta Carrow, on mangeait de la dinde préparée par le vieil elfe de leur grand-mère et les jumelles recevaient des cadeaux de leur famille paternelle. Elles ont même, une fois leur rentrée à Hogwarts, pris l’habitude de faire quelques achats pour des amies à elles. Mais elles n’ont jamais vraiment fêté Noël en tant que tel ; de toute façon s’il avait fallu fêter l’anniversaire de Jésus (Issa), le vingt-cinq décembre n’est pas la bonne date — chose que Flora garde pour elle cependant, peu encline à lancer un débat.
Elle s’est forcée à venir le vingt-quatre au soir, elle s’est forcée plus difficilement encore à revenir encore le vingt-cinq. C'est surtout parce qu’un Secret Santa a été décidé et imposé à tous les habitants de Sweet River et que l’échange doit se faire cet après-midi. Personne ne possède grand chose ici, encore moins des choses neuves, il aurait été donc difficile pour quiconque de se débrouiller pour offrir des cadeaux à beaucoup de monde, le système d’un cadeau par personne s’assure au moins que personne n’est lésé. Flora se moque un peu d’être lésée. Elle peut tomber dans l’oubli pour ce que ça peut lui faire. Les gens s’accommodent de sa présence désormais, semblent peu à peu comprendre que son retrait n’est pas qu’une phase due à sa nouvelle condition de louve, mais peut-être tout simplement qui elle est.

Elle est tombée sur un vampire à qui elle n’a jamais parlé de sa vie et elle a eu du mal à rassembler deux trois informations auprès de ses camarades de clan pour pouvoir lui trouver un cadeau acceptable. Elle est limitée en choix, puisqu’elle ne peut pas sortir du camp. Elle a fini par découvrir qu’il aimait beaucoup les moineaux et par lui construire une cage à oiseau avec quelques solides brindilles et deux trois sortilèges bien pensés. Un joli travail magique, qui lui a rappelé combien elle aime ça, jouer de sa baguette, construire avec son pouvoir, pas juste chercher et apprendre sans jamais mettre en application. Tout autant que son moral, sa magie a dépéri quelque peu depuis sa première transformation ; elle est mal dans sa peau et elle n’a pas vraiment d’occasion de faire de prouesses. Pour tout son manque d’entrain à l’idée de cette célébration hypocrite, fabriquer le cadeau lui a fait du bien.
Et si ça ne plaît pas à Joachim, tant pis.

Avant que l’échange ne commence, Lee débarque dans la pièce principale, Flora croisant son regard et se redressant un peu ; elle n’attend que d’offrir son présent et récupérer le sien — par politesse et non par envie — pour partir. La présence de Lee change un peu la donne. Elle ne l’a pas vu depuis plusieurs semaines et se demande comment il se porte. Lee fait un bien meilleur Santa qu’elle n’en a vu auparavant, distribuant à tour des bras des cadeaux depuis un sac visiblement sans fond. Personne ne semble mis à l’écart, oublié par sa générosité infinie et Flora n’a pas vraiment de quoi être surprise quand il finit près d’elle. “ And that's for you. ” Il aurait été surprenant qu’il l’oublie et pourtant le visage de Flora laisse voir qu’elle ne s’y attendait pas. Son épaule rencontre la sienne et elle rosit un peu. “ I wagered you didn't really celebrate, but I still think a gift is nice. If it makes you uncomfortable, you can open it tomorrow, and pretend it was just a friendly gift! ” Elle observe son grand sourire un moment et avec des doigts timides récupère le présent. “ Th-thank you… ” Il y a des mois qu’on ne lui a rien offert, non qu’il y avait d’occasions pour cela outre son anniversaire, où justement Lee a été le seul à lui faire un cadeau. C’est un peu ironique, se dit Flora, que ce n’était que quand elle ne manquait jamais de rien qu’on la couvrait de présents à tout bout de champ et que c’est désormais qu’elle manque de tout que les cadeaux se font rares. Sauf à ce qu’elle compte comme tels les vêtements de seconde mains qu’on lui propose parfois — et qu'elle est forcée d'accepter, au risque sinon de ne pouvoir affronter l'hiver écossais. “ How have you been? ” Elle caresse machinalement le papier cadeau d’un doigt, devinant sans mal que ce doit être un livre, comme la dernière fois. Elle se demande s’il est neuf, celui-là aussi. “ Alright. ” répond-elle machinalement parce qu’elle ne va pas bien, elle ne va jamais bien mais elle ne va pas plus mal que d’habitude non plus. “ I have had gifts for Christmas before. I don’t mind it.” La vérité et quoiqu’elle en est un peu honte, c’est que ça lui fait plaisir. Parce que même si Lee a littéralement offert quelque chose à tout le monde, elle pense que des deux cadeaux qu’elle recevra ce soir, celui-ci aura plus de valeur. Il aura été sincère, même si elle n’a été qu’une parmi pleins d’autres. Celui de son Secret Santa en revanche… Elle a peu d'attente. Pour peu qu’un non-lycan plein d’humour soit tombé sur elle et elle se retrouvera avec un morceau de viande crue. “ But I was taught some people thought it not polite to open gifts in front of the offeror. ” Elle rosit un peu plus, une moue tordant ses lèvres. “ I don’t mind opening it today, but you have to tell me if you want it to be in front of you. ” Elle lève les yeux vers lui, comme cherchant déjà la réponse dans ses yeux sombres. Elle caresse de nouveau le paquet cadeau, entrouvrant les lèvres comme pour dire quelque chose avant de raviser.
Il n’y a pas que le cadeau pour Joachim. Flora a emballé un livre d’occasion qu’elle déposera demain devant la porte de la chambre de Siam. Et il y a un tout petit paquet à côté de son lit sur lequel elle a tant hésité sur l’initiale à apposer qu’elle n’y a finalement laissé qu’un gribouillis illisible. “ Are you staying a bit? ” finit-elle par demander timidement.