Sa nouvelle résolution de garder les yeux rivés au sol ne dure pas longtemps. Comme toutes les autres résolutions que Nial a fait un jour dans sa vie. Il suffit qu'Eden passe devant lui et que son odeur atteigne ses narines. Il lève la tête et regrette instantanément tous ses choix de vie. Comment il peut un jour enlever cette image de sa tête ? Eden, dans ses vêtements trop grands dans lesquels il disparaît presque. Ses vêtements qui vont ensuite garder son odeur. Nial le trouve mignon, mais se garde bien de dire à voix haute toutes les choses qui lui passent par la tête, pour des raisons évidentes. "I'm not sure I'm in the mood for a sob story like last time. We talking muggle ones, right? Cause I'm not in the mood for some BCBC crap either,"

Tout se qui se passe depuis hier est surréaliste. Si c'est un rêve ou un délire, Nial ne souhaite pas en sortir. C'est bien mieux que la VB, les voix et la réalité.

L'avantage quand on a un petit appart, c'est qu'on peut facilement se parler même dans deux pièces différentes, ce que Nial fait en allant chercher l'ordinateur dans sa chambre. — Yeah. Don't like to watch wizard's movies. Most of them suck. But, I've got all kind of muggle ones. We could always rewatch Star Wars. Nial est toujours partant pour revoir star Wars, mais il n'est pas sûr qu'Eden apprécie autant que lui ces chefs-d'œuvre. Il aurait préféré s'installer dans le lit, plus confortable que le canapé mais ce n'est peut-être pas une bonne idée. Eden dans ses vêtements, dans son lit ... Il n'est pas sûr que ce soit bon pour son cœur.

Rien que le paysage qui s'impose à lui lorsqu'il retourne dans le salon est... improbable. à couper le souffle. Un peu, beaucoup, à la folie.

Nial installe l'ordi sur la table basse et le temps que l'ordi s'allume, il s'assied à côté d'Eden en prenant bien soin de laisser une petite distance entre leurs deux corps. Il reste malgré tout hyper conscient de la chaleur qui se dégage de l'autre homme. — So, I have Mars Attacks - a sci-fi comedy. Or Shaun of The Dead. Super fun stuff with zombies. I dunno man, anything you want really. Il a du mal à contrôler le sourire un peu niais sur son visage, ce week-end commence à ressembler à une étrange soirée pyjama.

Et oui, ça lui embrouille l'esprit. Ce sont des montagnes russes qui s'agitent à l'intérieur de lui depuis qu'il s'est réveillé - Nial passe de la panique à l'assurance à la maladresse. Et oui, ses joues chauffent et il y a des boules dans son ventre qui sont pas tout à fait désagréables mais pas agréables non plus.

Mais c'est mieux que ce qu'il avait prévu. Mieux que passer sa journée tout seul, sans but.

Demain, il regrettera tout sans doute, quand Eden sera redevenu froid et distant - parce que c'est toujours le même pattern. Il se maudira et il se fera la bonne résolution de ne plus craquer. Une de plus qu'il ne respectera pas.

Mais, demain, c'est tellement loin.

Eden se met à l’aise sur le canapé, un genou plié contre lui, un bras sur le dossier, la capuche du sweat à moitié sur sa tête pour être totalement emballé; il ne s’est probablement jamais montré aussi cosy, aussi vulnérable avec Nial, pas même lorsqu’ils couchent ensemble, mais aujourd’hui ça passe. Tout passe. Comme si le fait d’avoir lui-même pris l’initiative de briser une règle avait envoyé valser toutes les autres.

Mais c’est une parenthèse, Eden n’a de cesse de se répéter, une pause nécessaire avant de tout recadrer et de repartir comme avant.

“Yeah. Don't like to watch wizard's movies. Most of them suck. But, I've got all kind of muggle ones. We could always rewatch Star Wars.” Eden acquiesce, pas vraiment sûr de ce qu’il doit répondre. “Star Wars, that’s the space one, right? Not the gay one? Though, those two guys looked pretty gay for each other, if you ask me.” Nial avait eu l’air de beaucoup les apprécier ceux-là. Surtout le dernier.

Nial continue de s’affairer et, alors qu’il installe ce qu’il faut pour regarder le film, Eden se rend compte que Nial ne s’est pas rhabiller, porte juste une serviette autour de sa taille.

Il s’assoit, à côté d’Eden et continue de parler, comme si de rien était alors qu’Eden l’observe, pris par surprise, et hésite entre faire une remarque et laisser courir. “So, I have Mars Attacks - a sci-fi comedy. Or Shaun of The Dead. Super fun stuff with zombies. I dunno man, anything you want really.”

Sans quitter une seule fois Nial des yeux - parce qu’il est juste là, à côté de lui, à moitié nu, et qu’il sent la poire - Eden est sur le point de répondre "I’m fine with whatever," mais il s’arrête avant d’avoir prononcer le moindre mot. You decide, no you decide. Eden a envie de lever les yeux au ciel.

Généralement, c’est lui qui décide, toujours lui qui mène la danse, parce qu’il a besoin de garder le contrôle pour ne pas glisser et perdre tous ses repères (et ses protections) mais, récemment, toujours dans un cadre décidé par Eden, il a pu entrevoir ce que c’est de laisser Nial le guider et, honnêtement, ça lui a fait bien plus d’effet qu’il ne l’avouera jamais. Et puisque qu’il a décidé qu’aujourd’hui tout était permis, il a envie de laisser Nial prendre les choses en main. Ils sont chez lui après tout.

Mais pour l’instant, Eden peut bien voir que Nial marche sur des œufs, a peur de faire un faux pas - il le sent, malgré l’apparent confort de Nial, évident par sa tenue. Du coup, il lui fait un appel, lui tend une perche pour voir s’il veut bien s’en saisir. “The Star Wars one, that’s your favourite, right? That’s what you’d watch if I wasn’t here, no? I don’t mind watching that. Though if I remember correctly, it’s long as shit so I hope you have snacks.” Malgré sa petite taille et sa carrure, Eden a toujours eu un appétit de géant, du genre à finir la journée grognon s’il n’a pas eu ses quatre repas. Et hier…

Hier, il n’a rien pu avaler de la soirée. En rentrant au Ministère, Moradi lui a proposé qu’ils s’arrêtent manger quelque part, connaissant bien les habitudes de son hound depuis le temps. Mais Eden a décliné, simplement déterminé à finir ses heures et à rentrer. Voir Nial.

Nial qui est assis juste à côté de lui et qui ne porte rien d’autre qu’une serviette. Si Eden doit se concentrer, ça ne peut pas rester comme ça. “Also, did I take the only clean clothes you had left?” Il finit par demander, avec un sourire un peu moqueur, en laissant ses yeux traîner sur Nial.

“Star Wars, that’s the space one, right? Not the gay one? Though, those two guys looked pretty gay for each other, if you ask me.” Depuis la chambre, Nial se laisse aller à rire. C'est un peu plus facile d'interargir quand il ne reçoit par directement en pleine face les effets d'un Eden confortablement habillé dans son sweat. Pendant qu'il cherche au milieu du bazar le chargeur de l'ordi, ils continuent de parler. "Well duh. They got mad chemistry. But yeah, if we really have to reduce its complexity, Star wars's the space one." Il ressort une fois le matériel attrapé.

Une fois assis, Nial se concentre sur l'écran d'ordinateur qui est bien trop long à charger - un jour proche il va le lâcher - plutôt que sur Eden. Parce qu'en plus de son odeur et de ses vêtements, il sent maintenant aussi le savon. Son savon. Il y a un sentiment de possessivité étrange qui s'empare de lui et Nial n'a pas la capacité ni l'énergie ni le courage à l'analyser pour le moment. Alors, il regarde bien devant lui en proposant des films qu'ils pourraient voir. C'est un peu une catastrophe. D'habitude, il sait prendre les devants, le préfère. Les responsabilités ne lui font pas peur, bien qu'il ait plus de mal à les gérer depuis sa transformation.

Sauf qu'il ont toujours fonctionné d'une certaine manière tous les deux depuis le combat qu'ils ont fait où sa part de Loup a capitulé alors qu'il était sur le point de gagner. Et, ils ne parlent pas des rares fois où Nial prend les rennes puisqu'ils ne parlent pas de ça.

Mais Eden ne veut pas décider aujourd'hui - peut-être que Nial devrait lui montrer un film où les aliens remplacent les humains parce qu'il commence à se poser des questions. “The Star Wars one, that’s your favourite, right? That’s what you’d watch if I wasn’t here, no? I don’t mind watching that. Though if I remember correctly, it’s long as shit so I hope you have snacks.” C'est touchant. Qu'il se souvienne que c'est son préféré, qu'il accepte de le revoir avec lui, qu'il soit là tout simplement. I'ts the first movie I've ever seen. Our mother took us and ... I don't think I understood everything at the time, I was like five. But a little boy who's poor and lives with his mom, no dad. Guess it must have meant something to me. I dunno, 's stupid. Nial cherche le film dans ses dossiers en haussant une épaule, il pourrait parler de Star Wars pendant des heures, ne l'a jamais fait avec Eden. Quand ils sont allés voir le dernier au cinéma, tout était à la fois plus distant et plus simple entre eux. Ils apprenaient à se connaître, tentaient de comprendre à quoi ça pourrait bien ressembler une meute à deux, s'ils s'entendraient plus que ça. I always have snacks. Are you hungry like the wolf? Et d'accompagner sa blague nulle d'un petit sourire en coin avec un mouvement de sourcils en tournant pour la première fois sa tête vers Eden depuis qu'ils se sont installés sur le canapé.

Cet échange l'a aidé à se détendre. Il peut à nouveau le regarder dans les yeux sans perdre le fil de sa pensée et n'a plus l'impression que la moindre phrase va le faire fuir. Trop d'occasions dont Eden ne s'est pas saisi.

C'est pour ça qu'il ne comprend pas d'abord sa question ni son sourire un peu moqueur “Also, did I take the only clean clothes you had left?”. What? No of course not, why you-... Oh. Qu'il répond rapidement en fronçant les sourcils avant de suivre le regard d'Eden et de passer par tout un tas d'émotions en constatant qu'il a complètement oublié de s'habiller et que sa serviette s'est un peu défaite à cause de tous ses mouvements. Il se passe alors une deuxième chose encore plus mortifiante quand ses épaules se colorent de roses jusqu'à atteindre ses joues. Ses yeux ressemblent à des soucoupes et Nial se lève brusquement en attrapant la serviette d'une poigne pour ne pas qu'elle tombe, il ne manquerait plus que ça, et commence à reculer en faisant des grands gestes avec son bras libre. Shit. Fuck. I hadn'- whatever. Be right back.

Il trotte jusqu'à sa chambre, se cogne le petit orteil sur la latte en bois démoniaque juste devant sa chambre et étouffe un juron.

Buddy l'accueille, allongé sur son lit et ne relève même pas la tête quand Nial entre mais celui-ci se sent obligé de dire entre ses dents Don't laugh at me Buddy tout en mettant les premiers vêtements qu'il trouve, à savoir un survet et un t-shirt. Tant pis pour le reste, pas le temps.

Sur le chemin du retour Nial fait un détour par la cuisine, récupère des paquets de chips, de bonbons, tout un arsenal qu'il garde toujours pour les fonsdales et en profite pour allumer la bouilloire. Eden a peut-être faim, ils n'on pas grand chose chez les Slow mais il peut au moins lui faire chauffer des ramen instantanés et lui couper des morceaux de tomates. À moins que... Nial éteint la bouilloire et allume le four après avoir sorti sa trouvaille du congélateur. Puis, il retourne dans le salon, essoufflé mais un peu plus calme. Et habillé. Progrès. 'M dressed and I have the food to feed the wolf, ready? qu'il annonce en déposant toute la nourriture entre eux deux et de s'affaler sur le canapé. Sorry. Murmure-t-il tout de même en appuyant sur play pour ne pas lui laisser le temps de réagir. Now, shut up. And enjoy the best movie of all time.

“Well duh. They got mad chemistry. But yeah, if we really have to reduce its complexity, Star wars's the space one.” Eden lève les yeux au ciel. Le film se passait bien dans l’espace, non ? Qu’est ce qu’il était censé dire ? The one where the whiny one goes big mad?

“I'ts the first movie I've ever seen. Our mother took us and ... I don't think I understood everything at the time, I was like five. But a little boy who's poor and lives with his mom, no dad. Guess it must have meant something to me. I dunno, 's stupid.” “It’s not,” Eden répond immédiatement, presque un peu trop vite. Il est tourné vers Nial, repose sa tête sur sa main, le coude sur le dossier du canapé.

Sa mère parlait très peu du monde moldu, monde auquel elle avait pourtant appartenu pendant longtemps, et même si Eden sait pourquoi, sait ce que sa mère a subi, ça ne l’empêche pas d’être curieux de cette partie de lui qu’il n’a jamais connue. C’est sans doute pour ça qu’il s’intéresse autant aux histoires de Nial, à ses films.

“I always have snacks. Are you hungry like the wolf?” Nial ajoute ensuite et Eden lève un sourcil, partagé entre être affligé et rire un peu quand même. “Seriously?” Il pourrait surenchérir sur la blague, souligner que c’est difficile de ne pas l’être quand Nial se tient comme ça devant lui mais aussitôt que la réplique lui traverse l’esprit, il la ravale. Il veut bien se laisser aller mais pas à ce point là.

Finalement, Nial réalise qu’il ne porte aucun vêtement et, quelque part, Eden est soulagé que ça ne soit pas volontaire. Ça enlève une certaine pression. “Shit. Fuck. I hadn'- whatever. Be right back.” Eden regarde Nial se lever et se précipiter vers sa chambre, et il rigole sans se priver, ni se cacher. “I don’t mind, you know,” il plaisante une fois qu’il est sûr que Nial s’est rhabillé. “It’s your flat. If that’s how you like spending your day off…”

Nial continue de s’affairer, passe par la cuisine avant de revenir les bras chargés. “'M dressed and I have the food to feed the wolf, ready?”

“As I’ll ever be,” il répond en prenant un paquet de bonbons qu’il ouvre sans cérémonie avant d’en prendre une pleine poignée. Eden a un problème avec le sucre, voyez vous ?

“Now, shut up. And enjoy the best movie of all time.” Un nouveau sourire vient facilement étirer les lèvres d’Eden, celui-ci toujours un peu plus amusé par le comportement de Nial. Il est étonnement de bonne humeur, compte tenu des circonstances, et il soupçonne que ça ait un rapport avec le fait que cette journée ressemble aux lendemains de pleine lune qu’il passait avec sa mère, avant qu’il ne rentre à Poudlard, quand elle passait la journée à lui lire des histoires et l’autorisait à manger toutes les sucreries qu’il souhaitait.

“Are we, like, sure about this? Like did the muggles do a poll and decided this one was the best one? Cause all I remember is that annoying weird ghoul.”

Le film n’est pas si mal que ça en fin de compte, les commentaires réguliers de Nial aidant Eden à rentrer un peu plus dedans. “So wait, you’re telling me he frees the kid but not the mum? That’s hardcore!” Okay, peut être qu’Eden se laisse vraiment prendre au jeu.

A long time ago in a galaxy far, far away... Des frissons se répandent sur l'avant de ses bras alors que le texte laisse la place à l'orchestre puis à l'opening crawl traditionnel. En dépit du fait que Nial connaisse tous les films par cœur, les openings lui font toujours les mêmes effets. Et aujourd'hui, le sentiment est décuplé par la présence d'Eden. “Are we, like, sure about this? Like did the muggles do a poll and decided this one was the best one? Cause all I remember is that annoying weird ghoul.”  — You talking about Jar Jar right now? We don't talk shit about Jar Jar in this household! S'emporte-t-il à moitié sérieusement à moitié pour de faux. Nial défendra Jar Jar jusqu'à la fin des temps. Plus, 'S not a ghoul, Jar Jar's a Gungans.Keep your mouth full and stop talking nonsense, please. You're ruining my fun. Et c'est faux, complètement faux. Le texte défile et Nial s'amuse à lui répondre sans lâcher l'écran des yeux. Il attrape au passage un paquet de chips.

Nial commente de temps en temps - c'est plus fort que lui - et peut-être que parfois sa main se pose sur le bras d'Eden pour lui dire quelque chose, lui montrer un détail que seul quelqu'un qui a déjà vu le film une centaine de fois peut repérer (et en a quelque chose à faire). Et peut-être aussi qu'il dit certaines répliques en même temps que les personnages.
Mais à chaque fois qu'il voit un des films de cette saga, cela lui fait le même effet. Il a cinq ans et c'est la première sortie avec sa mère et sa soeur dont il se souvienne. Il a vingt ans, Mila et lui resquillent une fois de plus pour regarder une nouvelle trilogie et c'est tout aussi révolutionnaire que la première fois. Il a vingt-deux ans et c'est le premier film qu'il revoit après sa transformation, une promesse à changer, une renaissance en quelque sorte. Il en trois de plus et il est avec Eden, il y a ce lien lupin entre eux qu'ils cherchent à comprendre. Il en a vingt-sept et c'est un lendemain de pleine lune difficile et il se sent mieux. Il a tous ces âges à la fois, tous ces souvenirs, toutes ces émotions qui se superposent les unes aux autres. Il en a vingt-neuf et Eden est assis sur son canapé, dans ses vêtements et ils font autre chose que coucher ensemble.
Et Nial ne veut pas trop y croire ou s'emporter ou imaginer l'impossible. Mais ce pas lui paraît plus grand que tous les autres franchi auparavant.

Ca lui fout la trouille, un peu, beaucoup, terriblement.

Heureusement, le film lui permet de se concentrer sur autre chose et au fur et à mesure que celui-ci avance, Eden semble se prendre à l'histoire. “So wait, you’re telling me he frees the kid but not the mum? That’s hardcore!” Il fait la grimace. — Yeaaah, kinda. You see it now? Nial penche la tête un instant sur le côté, celle-ci retombant contre le dossier du canapé. Un sourire pas peu fier sur le visage. 'S not only about space.  

Il voit les paquets ouverts un peu partout, le film qui tourne en périphérie de sa vision et le visage d'Eden à moitié caché par la capuche et soudainement, Nial est pris d'une brusque envie de l'embrasser.

Il cligne des yeux, une fois, deux fois, trois fois. Le temps que l'envie passe, qu'il la rejette, qu'il l'enfouisse bien profondément, là où vivent toutes ces choses que Nial n'affronte pas.

Son regard se pose alors un peu partout ailleurs, la plante verte sur la cheminée inutilisable, le poster de Star Wars III, son paquet de clopes qui l'appelle - mais Nial a promis à Mila que dans le salon, il ne fumait qu'à la fenêtre. Et puis, la cuisine et ... — Fuck. I forgot the oven! Emprunte cette porte de sortie comme s'il était en danger. Pour revenir quelques temps après, une manique à l'une de ses mains et un plateau empli de pizza rolls qui ont commencé à cramer.

“You talking about Jar Jar right now? We don't talk shit about Jar Jar in this household!” Eden lève les yeux. Encore. “What kinda name is even Jar Jar?” Il rétorque en attrapant un coussin pour le coller contre lui et enrouler ses bras autour. Il plonge son nez dedans et le laisse là, regarde par dessus pour suivre ce qu'il se passe à l'écran. “Plus, 'S not a ghoul, Jar Jar's a Gungans. Keep your mouth full and stop talking nonsense, please. You're ruining my fun.”

Eden lui jette un regard et pouffe doucement. Il attrape un peu de popcorn, en fourre dans sa bouche avant d’en lancer sur Nial. “Hey now, don’t pout. I’ll behave, I promise.”

Et Eden s’applique en effet à le faire. Il fait de son mieux pour prendre l’histoire au sérieux et pour dire vrai, il passe un bon moment. Étant donné qu’il a déjà vu la suite, cette fois, il arrive plus facilement à se prendre au jeu, arrive à retenir le nom des personnages et la subtilité de leurs relations et, okay, peut être que ça lui donne envie de revoir la suite. (Même si ça veut dire devoir subir les jérémiades de big whiny.) Et lorsqu’il comprend les implications de la décision de Qui Gonn, il est véritablement outré.

“You see it now? 'S not only about space.”

Eden siffle, doucement, laissant la réflexion le submerger. “Yeah. Hardcore,” il répète avant de tourner la tête vers Nial. Il va pour dire quelque chose mais se ravise. A la place, il prend le temps de le regarder, d'étudier son visage - parce qu'aujourd'hui, il a le droit - et laisse son regard traîner vers ses yeux, le long de son nez, s'arrêter sur ses lèvres - malgré lui, toujours malgré lui. Il y a quelque chose de touchant à le voir comme ça, aussi passionné. C’est quelque chose qui a toujours intrigué Eden, fasciné un peu, attiré. Nial se s'en cache jamais et peut être qu'Eden l'envie un peu parfois.

“Fuck. I forgot the oven!” Eden sursaute, un peu gêné de s’être perdu dans ses pensées comme ça et regarde Nial bondir sur ses pieds et se précipiter vers la cuisine. Il fronce les sourcils, un peu amusé, et retourne au film qui continue de tourner. Il prend une respiration, se mord la joue, conscient qu'il est train de beaucoup trop lâcher la rampe. Il veut bien se détendre, mais l'idée n'est pas de totalement vriller.

Nial revient quelques instants plus tard avec des pizza rolls qui sont clairement restés trop longtemps au chaud. “Eh,” Eden lâche en haussant les épaules. Il a à peine jeté un regard, reporte rapidement son attention sur le film, pour ne pas en rater une miette. (Jugez le.) “We can scratch it off, it’s fine. But come on, sit down. The bad guy is about to do some bad guys shit.” Et il complète sa phrase en tapant la place de Nial sur le canapé.

Nial s'accroche au plateau comme un naufragé à son bout de bois.

Ils passent un bon moment et il a failli tout faire foirer. Eden et lui ne font pas ce genre d'activités ensemble et celui-ci n'a jamais les traits aussi détendus et la parole aussi facile et .... Et Nial était à deux doigts de s'approcher et de l'embrasser, de glisser son nez contre le sien. Et ça n'avait rien de sexuel et ça aurait été trop tendre et he needs to get a fucking grip.

Eden n'aide pas. Le coussin qu'il tient entre ses mains, sa façon de se prendre au film, ses petits gestes comme celui qu'il fait en tapotant innocemment à côté de lui sur le canapé.  “We can scratch it off, it’s fine. But come on, sit down. The bad guy is about to do some bad guys shit.” la remarque fait rire Nial. You enjoying this more than you thought, aren't ya? lui-même ne sait pas exactement si c'est du film ou de cette surprenante matinée dont il parle. Mais, Eden doit savoir l'effet qu'il a sur Nial, non ? Entendre, le tambourinement de son coeur ? Sentir son attachement, la manière dont ses yeux verts pétillent devant ses réactions ? Ou alors, tout se passe dans sa tête. He fucking needs a smoke or to get high. Or maybe not high because when he's high, he gets horny and he really doesn't need to add his dick to the mess right now.

Nial s'assied à sa place, dépose le plateau sur la table à côté de l'ordi en précisant d'attendre un peu avant de servir parce que c'est chaud. Puis se tourne vers l'écran, le dos un peu plus droit et les mains qui se serrent et se desserrent sur ses cuisses. Pour ne pas commettre une idiotie, comme attraper la manche trop longue d'Eden, récupérer sa main, remonter le long de son bras et redescendre. De minuscules caresses. A la place, son regard est vissé sur l'écran et l'apparition du méchant qui fait - en effet - des trucs de méchants, et il dit, la voix plus basse : Kinda sad that I didn't know 'bout Darth Maul back then, would have been fun to be him for halloween. Our mom always took us trick or treating. Leur mère n'était pas toujours présente, pas toujours la plus adaptée, mais il y a quand même tout un tas de trucs qu'elle a fait pour ses enfants. À commencer par s'assurer qu'ils aient des moments de joie.

Il repense alors à Anya et Leon, Sean et leur mère. À tous ces moments qu'il rate.

Ses mains un peu moites passent sur le tissu du survet avant que ses pieds se soulèvent du sol, se mettent au bord du canapé. Nial enlace ses jambes repliées de ses bras, pose son menton sur ses genoux, le regard toujours fixé sur les scènes qui défilent. Comme s'il avait besoin de voir Eden pour sentir sa présence, juste à côté. Si proche. Et pourtant si loin.

Le sourire d’Eden se fige un peu, de façon très subtile, lorsque Nial le reprend. "You enjoying this more than you thought, aren't ya?" La question le force à prendre du recul sur lui même et le force à reconnaître que oui, il passe un bon moment. Mais aussitôt réalisé, aussitôt rejeté. Eden commence alors à s’agiter, sentant un inconfort s’installer en lui qu’il ne sait comment calmer, son instinct de fight or flight étant en train de s’activer. Il en devient presque frustré. Il était bien là, pour une fois, détendu, apaisé après une soirée agitée, dans une petite ville réconfortante si rare. Mais la bulle a éclaté et, quelque part, il en veut à Nial. Il lui en veut de l’avoir inviter à rester, de faire comme si tout ça était normal, naturel et surtout il lui en veut de l’avoir accueilli hier, d’avoir accepter de le recevoir. Il aurait du lui dire non, l’envoyer chier, refuser d’être à sa disposition quand ça lui chante. Des fois, Eden se qu’il faudrait pour totalement repousser Nial - c’est pas faute de tester. Des fois il espère qu’il ne le découvrira jamais.

"I guess it’s fine," Eden répond presque timidement avec un haussement d’épaule. Il attrape un pizza roll et l’enfonce dans sa bouche pour éviter de réfléchir. Focus on the space drama, Rose.

"Kinda sad that I didn't know 'bout Darth Maul back then, would have been fun to be him for halloween. Our mom always took us trick or treating." Eden regarde longuement le personnage a l’écran, une autre espèce de ghoul, mais rouge et très en colère - toutes les créatures bizarres sont des ghouls pour Eden - avec pleins de cornes sur la tête.


"The red dude? I guess I can see it," il répond en penchant la tête. Force est de reconnaître que Nial a le corps pour. Mais Eden ne veut pas penser à ça maintenant. Alors il cligne des yeux et se réajuste sur le canapé. "Though I see you more as a ‘nice guy’ kinda guy. I bet you used to dress as one of those Jedi-whatever guy," il continue en fourant un autre pizza roll dans sa bouche, articulant à peine autour de sa bouche pleine.

Il peut facilement l’imaginer aussi; un jeune Nial, les joues couvertes de tâches de rousseurs, un sourire démesuré et peut être même avec une ou deux dents en moins tenant un de ces sabres presque plus grand que lui. Adorable.

Pour une fois, Eden n'a pas trop de mal à suivre Nial dans la conversation. Halloween était la seule célébration moldue que sa mère lui a inculqué, et c'est même une fête qu'il a longtemps apprécié, un jeu amusant, une soirée dans l’année, où être un loup-garou était un peu plus facile.

Malgré les apparences, son aisance naturelle avec les autres et son inextinguible capacité à parler, Nial n'a pas beaucoup d'amis. D'autant plus depuis sa transformation, les barrières qu'il a érigées a cette période ayant fonctionné bien mieux qu'il ne l'aurait escompté. Il ne saurait dire si c'est le mot qui définirait le mieux sa relation avec Eden. Ne saurait même pas vraiment comment la qualifier tout court. Ils peuvent passer plusieurs semaines sans échanger plus qu'un hochement de tête en se croisant dans les couloirs de la VB. Et même quand ils couchent ensemble - un nombre de fois suffisant pour que Nial ne se dise plus qu'il les a rêvés - ce n'est jamais sur un coup de tête, toujours trop calibré, presque chronométré à tel point qu'il s'est déjà demandé si Eden comptait les jours entre chaque fois, comme s'il y avait un nombre de jours raisonnables. Once in a blue moon or some dumb closeted shit.

Excepté pour hier soir. Nial a vérifié qu'il ne s'était pas cogné la tête un peu trop fort ; et se retient de se pincer depuis qu'Eden a décidé de squatter son canapé. Il se sait pas toujours très sain, les voix dans sa tête et la cendre dans sa bouche comme preuves irréfutables. Mais les voix et les odeurs s'étouffent aujourd'hui, comme si la présence d'Eden suffisait à étouffer tout le reste. Flippant. Ridicule. Voilà ce à quoi il est réduit, un petit chiot qui attend que son maître daigne lui donner sa friandise ou l'emmener en promenade. Et ça devrait l'énerver, le foutre en rogne, et parfois c'est le cas. Parfois, il se surprend à vouloir remonter sur le ring pour donner une bonne raclée à son comparse, parfois il en devient un peu plus dur quand leurs corps s'entrechoquent.

Mais pas aujourd'hui. Il oscille plutôt entre une sensation de légèreté comme il en ressent peu et un misérabilisme qui le ferait rougir de honte si Nial n'était pas devenu maître en la matière.

Il suffit d'un "I guess it's fine." Avoué timidement comme une confession pour que son sourire s'élargisse jusqu'à atteindre ses oreilles. Et qu'Eden l'écoute attentivement parler de son passé pour qu'une infime poussière d'espoir se répande à l'intérieur de son torse. "A nice guy? You see me as a nice guy? How could you say something so mean. Il se met la main sur le coeur tout en ne décrochant pas son regard du film bien qu'il ne suive qu'à moitié pour être tout à fait honnête. I'll show you nice guy." Grommelle-t-il dans sa barbe. Et il est à deux doigts de le plaquer contre le canapé, pour lier le geste à la parole mais se ravise à la dernière seconde. Coward, murmure une voix dans sa tête qui est définitivement la sienne. "But yeah, I used to dress as a jedi. I even learned some lightsabers' moves.... I know I'm the coolest, what can ya do."

Nial se détourne du film en observant un peu plus frontalement Eden, il manoeuvre son corps jusqu'à être tourné vers lui (montre son profil à l'ordi), les jambes pliée sous lui. "You'd make a great jedi too. You could totally pull off the padawan look with the braid and all." hot, forment ses lèvres sans qu'aucun son n'en sortent réellement. Une timide tentative qu'il n'est pas certain d'avoir le droit de formuler à voix haute. Et son genou vient s'appuyer contre la jambe d'Eden, une caresse suffisamment légère pour être un accident.