Christmas nightmare (#marelle-1)

Oh darlin' what have I done?

"Papa
Why did you turn your back
Why didn't you stay on track
Why did you leave and make her cry" @Azaël Nielsen

FREYA

Combien de temps cela faisait-il que tu étais tourmenté par la culpabilité ? Tu l’ignorais, tu avais cessé de compter les jours. Parce que plus les heures s’écoulaient et les jours défilaient, plus le mal que l’on faisait à Freya devenait irréparable. Tu l’avais trahie, jetée en pâture à un sort cauchemardesque. Tu savais pertinemment quel avenir on réservait aux traîtres “consentants”. Et parce que la culpabilité, la colère, et l’angoisse t’étreignaient férocement, tu étais devenu parfaitement incapable de réfléchir à tête reposée. Incapable de fomenter le moindre plan audacieux pour venir en aide à ton épouse. L’esprit torturé, le cœur lourd, tu n’étais plus que l’ombre de toi-même, Marlon. Ou plutôt, tu révélais enfin cette face cachée de ta personnalité, que seule Freya avait été à même de découvrir.

VIVIEN

Au début, tu n’avais pas voulu y croire. Tu avais tenté de te persuader qu’il ne s’agissait que de mirages, d’illusions dûes à tes angoisses grandissantes. Mais plus les phénomènes anormaux se multipliaient à travers tout le manoir, plus il devenait compliqué de nier que l’esprit de Vivien se trouvait de nouveau à tes côtés. Tu savais que quelque chose de grave s’était produit, et que là encore, le Ministère luttait avec acharnement pour rétablir la situation. Et bien que l’on essayait de sauver les apparences et de communiquer le moins possible sur le sujet, le simple fait que l’ensemble des cimetières du pays aient été condamnés jusqu’à nouvel ordre, prouvait bien que le Voile avait été fissuré. Il ne manquait plus que cela. Alors que tu avais remplacé Vivien par Freya, voilà que désormais, l’histoire s’inversait. L’ironie du sort ne t’amusait en aucun cas, bien au contraire. Tu avais beau avoir jeté le portrait de ta première épouse dans les flammes, cela n’avait pas suffit à te libérer d’elle. Son esprit demeurait bel et bien là, prêt à te hanter à la moindre occasion, à la seconde même où tu franchissais le seuil de ta demeure. Sa présence était lourde, suffocante. Tu avais la sensation de la percevoir partout où tu allais, tu étais happé par le sentiment qu’elle t’épiait constamment. Son incarnation avait beau être immatérielle, tu revoyais pourtant son regard de glace à chaque fois que tu croisais ton reflet dans un miroir. En quelques jours à peine, elle était parvenue à masquer la moindre trace de la présence passée de Freya en ces lieux. Vivien était partout et nulle part à la fois.

AZAËL

Désespéré à l’idée d’être condamné à vivre aux côtés de l’esprit de Vivien jusqu’à la fin de tes jours, tu avais décidé de tenter le tout pour le tout. Brûler ses derniers effets personnels n’avait servi à rien. Mais en fin de compte, peut-être s’était-elle tout simplement égarée ? Et si elle avait en réalité besoin qu’on l’aide à retrouver son chemin vers l’au-delà ? C’était une idée grotesque selon toi, mais au point où tu en étais, tu étais prêt à essayer de la ramener chez elle. Ce serait ton dernier recours avant de t’en remettre aux services d’un outretymbiste, auquel tu redoutais déjà de devoir te confier.

C’est en ce soir de Noel 2007, que tu te rendis pour la toute première fois sur la tombe de Vivien. Sa dépouille reposait dans le jardin de l’ancienne villa londonienne, dans laquelle votre petite famille vécut jusqu’au jour du drame. Il faisait un froid glacial, le portail de la demeure abandonnée était recouvert d’une épaisse couche de gel. Merlin soit loué, les écailles de dragon qui recouvraient ta cape d’hiver constituaient une excellente protection contre les températures aussi extrêmes. A mesure que tes pas se rapprochaient de l’arrière de la maison, tu pouvais entendre distinctement vos deux alliances s’agiter à l’intérieur de l’écrin d’argent, dissimulé dans ta poche. Vivien était là, avec toi. Était-elle en mesure de percevoir le rythme de tes battements cardiaques qui s’enflamma alors que tes pupilles se posèrent sur sa pierre tombale ? Ne sachant trop comment interpréter les sentiments contradictoires qui grandissaient peu à peu dans ton esprit, tu fermas brièvement les yeux comme pour tenter d’apaiser tes griefs. Puis, tu t’éclaircis finalement la gorge, et observas ton souffle chaud transpercer l’atmosphère glaciale de la nuit. “Well, I guess I’m late.” Tu n’avais jamais réfléchi à ce que seraient tes premiers mots si jamais l’occasion t’était donnée de t’adresser à Vivien. Parce qu’il était tout bonnement impensable que tu lui soies confronté à nouveau, de quelque façon que ce soit. “I’ve never thought that you would like to see me again. But it seems that you leave me no choice, right?” Il y a encore quelques semaines, tu te serais senti complètement stupide de mener une telle conversation. Mais aujourd’hui, tu n’avais absolument plus rien à y perdre. “I brought the kids here last year. They are both alive, you know. The girl looks so much like you, that it hurts to even look at her.”

smoke and mirrors

Christmas nightmare

Noël 2007, Londres | @Marlon Travers

Lorsqu’elle pose les yeux sur le portail en fer forgé de l’imposante demeure Travers, Azaël a comme l’impression que quelque chose est différent depuis sa dernière visite. Elle est incapable de dire ce qui lui laisse penser que c’est le cas, mais le pressentiment est bel et bien présent et il ne la quitte pas. Et si celle-ci semble s’annoncer différente des précédentes, elle ne transplane pas ailleurs pour autant. Aujourd’hui c’est Noël, une fête que l’on passe traditionnellement en famille, chose qu’elle entend bien faire. Emmitouflée dans son manteau, un thermos de café dans la main, elle pousse donc la grille comme elle l’avait fait bien des fois avant ce jour.

L’habitude lui est venue il y a de ça plusieurs mois. Depuis que Marlon les a conduits dans leur ancienne maison, elle se sent comme attirée par cet endroit qui l’avait vu grandir. La première fois qu’elle y avait remis les pieds, en octobre de l’année dernière, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle était venue. Par curiosité ? Par besoin de reconnecter avec un passé lointain ? L’espoir de pouvoir y recroiser Marlon et l’affronter réellement ? Peut-être une combinaison de tout cela. Mais le fait est qu’elle était revenue. Elle avait exploré chaque pièce, sursauté à chaque bruit qui aurait pu laisser entendre qu’elle n’était pas seule – absurde, le manoir n’était plus habité depuis longtemps et il était peu probable que qui que ce soit s’y aventure. Qui voudrait contrarier un Travers … Et puis elle s’était finalement aventurée à l’extérieur, dans le jardin en friches. Elle s’était surprise à penser que ce devait être un endroit agréable à la belle saison, avec ses arbres et ses fleurs. Il devait y en avoir plein à l’époque. Et pas en bataille, ni en friches, non, ça devait être bien plus organisé. Elle se plaît à penser que Jarod et elle ont dû en profiter un peu, que ça devait leur plaire comme endroit. Est-ce que c’est de là que vient son affection pour les grands espaces ? Est-ce que c’est pour ça qu’elle a décidé d’accepter de travailler à la Fawkes ? Pour profiter de la forêt environnante et de son lac ? A moins que ça ne vienne de ce temps passer en Norvège ? C’était d’ailleurs en s’aventurant dans le terrain qu’elle avait fait une découverte qui lui avait coupé le souffle pendant quelques secondes. Elle avait trouvé là-bas la tombe de sa mère. Jusqu’à ce fameux jour, elle ne s’était jamais vraiment posé la question de savoir où reposait son corps, ni même si Marlon avait eu la décence de lui offrir une sépulture. Son imaginaire s’était chargé de lui donner une image à laquelle se raccrocher. Oui, il y avait eu un enterrement, oui, elle avait eu droit à une tombe. Mais quand elle avait vu la pierre, que ses doigts l’avaient effleurée, tout était devenu plus réel, plus concret. Elle avait retrouvé sa mère sans vraiment que ce soit le cas. Elle était là, sans vraiment l'être.

Seulement, cette fois, alors qu’elle approche de l’espace où repose sa mère, il y a bel et bien quelque chose de différent. Quelqu’un a eu la même idée qu’elle. Le son d’une voix lui parvient, le timbre lui est vaguement familier mais elle ne parvient pas à l’associer à un visage. Il ne lui semble pas entendre de réponse, mais cela signifie-t-il qu'il est seul? Elle sait qu’il ne peut pas s’agir de son frère, elle vient de le quitter, et l'homme qui parle n’a pas cet accent qu’elle lui connaît. Sans compter qu’il lui aurait dit, s’il venait ici, non ? Ce n’est pas parce qu’elle ne le fait pas, qu’il lui cacherait aussi, si ? Elle se rapproche finalement assez pour poser ses yeux clairs sur l’autre visiteur qui lui tourne le dos et lui associer un nom. Marlon. Des mois qu’elle espère le recroiser et l’occasion se présente enfin. Si elle se dit qu'elle ne l’attaquerait pas, tant qu’il ne lui fait pas face, cela ne l'empêche pas de glisser sa main libre dans sa poche pour venir serrer sa baguette. Juste au cas où.

Les questions se bousculent dans sa tête, qu’est-ce qu’il fiche ici ? Qu’est-ce qu’il fait sur la tombe de Vivienne, aujourd’hui ? de quel droit ? “So it’s true, you’re not dead.” lance-t-elle finalement en guise de bonjour, depuis une distance estimée raisonnable. “What are you doing here?” Sa question sonne comme un reproche, il y a dans sa voix le même genre d’intonation qu’elle servait à son oncle quand il se permettait d’entrer dans sa chambre sans en avoir demandé la permission. Parce que c’est exactement ce qu’elle ressent, son père est entré dans le jardin, il piétine son espace. L’espace qu’elle s’est réappropriée à l’occasion.

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"Papa
Why did you turn your back
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Why did you leave and make her cry" @Azaël Nielsen

Le silence qui règne sur le cimetière de la villa, associé au froid glacial qui t’enveloppe, est pire que tout. Cette atmosphère morne et terrifiante te rappelle tes plus sombres souvenirs. Les premières semaines après ton évasion d’Azkaban avaient été particulièrement rudes. Parce que tu étais seul, seul dans un manoir immensément vide. Et que le silence était toujours le signal funèbre qui précédait l’arrivée des détraqueurs.

Comme pour nourrir tes angoisses les plus tenaces, un craquement retentit soudain dans ton dos. Baguette à la main, tu fais volte-face sans plus attendre. Mais aujourd’hui, point de râle lancinant, point de silhouette encapuchonnée. Simplement l’un de tes nombreux fantômes du passé. Les traits de son visage venaient une nouvelle fois confirmer ce que tu venais de dire à l’attention de Vivien. Se pourrait-il qu’Azaël t’ait entendu ? A cette simple pensée, que tu considérais gênante, honteuse, tes joues prirent une légère teinte rosée (que tu aurais attribuée au froid ambiant, si l’on t’avait fait la remarque).

L’air de défi trônant fièrement sur son visage t’arrache un mince sourire, alors que tu choisis de lui répondre sur le même ton provocateur. “Why should I be dead? I have a healthy lifestyle.” Probablement l’une de tes meilleures plaisanteries depuis bien longtemps. Elle fait certainement référence au regrettable incident survenu durant les battues. L’Ordre s’était sûrement réjoui d’annoncer la nouvelle de ta prétendue mort. “Jarod didn’t tell you that I was perfectly alive?” Tu étais à peu près certain que le morveux gardait vos entrevues régulières parfaitement secrètes. Et si tu estimais qu’il était encore trop tôt pour révéler la nouvelle à sa sœur, tu commençais pourtant à tâter le terrain, comme pour lui mettre le doute. Néanmoins, il était fort probable que Jarod lui ait parlé de votre rencontre mémorable à Little Italy.

La prochaine question d’Azaël fait définitivement disparaître toute trace d’amusement sur ton visage. Ta mâchoire se crispe, tes sourcils se froncent légèrement. Ce soir, tu n’es pas en mesure de masquer tes sentiments. Comment ose-t-elle seulement te demander ce que tu fais ici ? Tu n’as nullement besoin de te justifier, et surtout pas auprès d’elle. Cet endroit t’appartenait encore, et t’appartiendrait jusqu’à ta mort. Vivien n’était qu’une invitée en ces terres. Et si sa tombe s’y trouvait encore, c’était uniquement parce que tu n’avais pas jugé nécessaire de te soucier de cet endroit à ta sortie de prison. Si tu n’avais pas été immédiatement envoyé à Azkaban après son décès, tu n’aurais jamais permis que ses restes reposent ici. “This place belongs to me. I can come over whenever I want to. But tell me, what is an enemy of the state looking for on private property?” Tu pourrais aisément la faire arrêter, ou même tout simplement disparaître en une fraction de seconde. Personne n’en saurait jamais rien, tu n’aurais aucun prix à payer, cette fois. Et pourtant, tu te contentes de répondre à chacune de ses répliques, tout en gardant les yeux rivés sur elle, et sur la main qu’elle dissimule à l’intérieur de sa poche. “Did you want to spend Christmas with your family?” La raillerie est perfide, mais dans le fond, elle te touche toi aussi. Ce n’était pas ainsi que tu avais imaginé ta vie de famille au moment où Vivien était devenue ton épouse. Ce n’est pas ainsi que tu imaginais ta relation avec ta fille.

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Christmas nightmare

Noël 2007, Londres | @Marlon Travers

"Why should I be dead?” Parce qu’on lui avait rapporté que Lee l’avait tué ? Et que même s’il avait survécu au sortilège, il y avait eu l’explosion ? Tout laissait donc à penser cet été que Marlon Travers avait rendu son dernier souffle. Mais l’attaque de Little Italy les avait tous contraint à revenir sur ce qu’ils pensaient acquis. Elle la première, quand Jarod lui avait effectivement partagé ce détail. Détail confirmé par Elena et même Arthur Weasley. Soit trop de gens qu’elle estimait fiables pour que cela puisse être faux. Il avait vaincu la mort et se baladait à présent comme si rien ne s’était produit. Vivant et en bonne santé, selon ses dires. Et de là où elle se trouve, elle doit bien reconnaître que pour un homme qu’elle pensait six pieds sous terre, il se porte étonnement bien.

” I think he said something about you not being as dead as expected.” Présenté ainsi, on pourrait croire qu’elle avait été déçue que son père figure encore parmi la liste des vivants, mais une part d’elle avait été au contraire bien contente de découvrir que ça soit le cas. Bien heureuse également, que celui-ci ait décidé de sauver la vie de son frère, malgré la colère qu’elle entretient depuis des années envers lui. Parce que s’il n’avait pas eu ce geste, ce soir, elle aurait eu deux tombes à visiter au lieu d’une seule. ”I wasn’t really paying attention when he talked about it.” Menteuse. Dès que leur nom est mentionné, dès que le sien l’est, toute son attention est dirigée vers ça. Il faut qu’elle écoute, qu’elle sache, c’est plus fort qu’elle. Lorsqu’elle avait appris pour l’attaque, elle s’était empressée de transplaner jusqu’à la planque où les résistants avaient trouvé refuge, pour retrouver son frère. Et dès que Jarod avait évoqué ce qu’il s’était produit, qu’il avait parlé de lui, elle n’en avait pas loupé une miette. Des jours à s’interroger ensuite sur la façon dont il avait survécu au sortilège impardonnable. Des heures à se demander comment il avait pu faire pour échapper à la mort sans que l’Ordre ne soit au courant. A moins que certains ne l’aient été et n'aient pas jugé bon de partager l’information … Le doute quant à leur allégeance était-il encore présent cet été ? Aujourd’hui encore, elle n’exclue pas cette option. Ne pas tout dire, doute continuellement des autres, semble être des concepts auxquels la tête de la résistance semble bien attachée. Trop attachée, même.

Face à sa question, elle le voit perdre son sourire, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Mais l’idée que Marlon puisse potentiellement avoir besoin de venir se recueillir sur la tombe de Viven vient ébranler l’image qu’elle a de lui, donnant un côté plus humain au méchant de son histoire. Ce qu’elle ne peut accepter. Quand il l’interroge sur le motif de sa présence sur la propriété, elle ne répond pas. Il a raison, il est dans son droit, mais ne l’est-elle pas un peu également de part le lien familial qui existe entre eux ? “Did you want to spend Christmas with your family?” Ses yeux se posent sur la tombe de Vivien, alors que ses ongles finissent par s’enfoncer dans sa paume et qu'elle serre les dents. Il ose se moquer. Trouve-t-il un aspect comique à sa présence, ce soir ? A ce souhait qu’elle a ? Oui. Elle aurait aimé que ça soit possible. Dans un autre univers, peut-être était-ce même le cas : une grande table, un sapin, des sourires, une famille bien vivante et unie et quelques cadeaux bien sûr. Seulement, par son geste des années plus tôt, il avait rendu tout cela irréalisable. Alors elle se contente de ce qu’Il lui reste, quand lui peut encore prétendre au tableau qu’elle s’imaginait parfois, petite. ”I thought you’d be with your family.” Finit-elle par rétorquer, le fixant de nouveau. Ce n’est pas un soir pour trainer auprès de ceux qui ne sont plus de ce monde, habituellement, les gens leur préfèrent la compagnie des vivants. Marlon a pourtant une famille, qui respire bien, des personnes qui doivent compter sur sa présence. Alors pourquoi s’embêter ? Pourquoi venir jusque dans ce coin de la capitale ? "Everyone must be waiting for you at home, especially your wife.” Son autre femme. Celle qu’il n’aurait jamais dû épouser. ”What’s on the menu? It must be special !” Ils ne doivent pas se priver. Ils ne l’ont jamais fait, pourquoi en serait-il différent pour une fête comme celle-ci ? ”Smoked salmon? Or maybe just beef with mashed potatoes?” Définitivement rien de ce qu’elle aura dans son assiette ce soir. ”You should go and find out, really.” Elle se surprend elle-même à l’encourager à partir, alors qu’elle a tous les éléments pour prendre sa revanche. Son père est là, à côté de sa mère, il suffirait d’un sort pour qu’elle lui prenne la vie. Le tout, le soir de Noël, pouvait-elle rêver d’un meilleur cadeau que celui-là ? La boucle serait bouclée, elle aurait enfin ce qu’elle voulait. ”Come on, don’t tell me you’re actually going to miss the party!” Mais non, elle insiste sans se défaire de son ton provocateur.

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"Papa
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Why did you leave and make her cry" @Azaël Nielsen

Plus tu l’observes, plus ses traits te rappellent ceux de sa défunte mère. Ironie du sort ou véritable acharnement de l’esprit de Vivien, tout semblait vouloir te remémorer ta première épouse. Voilà déjà des semaines qu’elle te tourmentait sans relâche. Des semaines que tu n'avançais plus qu’en trébuchant, risquant de perdre pied à chaque mètre supplémentaire parcouru. Tu ignores sciemment toutes ces petites choses qu’Azaël semble avoir hérité de toi. Sa moue boudeuse, son ton empli de sarcasme, la solitude dont elle est prisonnière malgré elle. “It sounds like you’re disappointed to see me not as dead as expected.” A quoi bon user de faux semblants, tu sais parfaitement qu’elle te hait autant que toi tu la méprises pour son sang, pour ce qu’elle représente. Et pourtant, son prétendu désintérêt quant à la nouvelle de ta “résurrection” frappe ton égo de plein fouet. Tu hausses un sourcil en guise d’étonnement. Disait-elle véritablement la vérité ? Mais alors que la déception croît, tu dégaines une parade sournoise en guise de contre-attaque. “I bet Jarod could tell you some stories about me, which would definitely get your attention. Ask him next time you see him.” La bombe était désormais amorcée, tu espérais bien être là le jour où elle exploserait. Diviser pour mieux régner, n’était-ce pas la base de toute victoire ?

Jugeant vraisemblablement peu utile de répondre à ta question, elle esquive et te renvoie la balle sans vergogne. Le premier coup est porté. Tu n’as jamais été en phase avec la conception que la société se faisait d’une famille. Enfant, ton père, Torquil, avait représenté ta famille à lui seul. Jamais désiré par la mère, malmené par l’aîné, craint par la cadette, tu t’étais rattaché à la seule personne qui éprouvait une once d’intérêt à ton égard. Tu t’étais laissé façonné par ce géniteur aux intentions douteuses. Et puis, il y avait eu Vivien et les jumeaux. Durant un temps, ils représentèrent ce qui, de toute ton existence, se rapprocha le plus de l’idée que l’on se faisait d’une famille. Quant à Freya… non, tu ne voulais pas y penser, pas en cet instant. “Just like you, I don’t like spending time with the only parent I still have.” Tu n’as absolument aucune idée de ce que s’imagine Azaël à propos de ton existence. Pense-t-elle que tu mènes une vie tranquille, et que tu es comblé de bonheur auprès de ta mère, ton frère, ta sœur et ta traîtresse d’épouse ? Si tel est le cas, alors elle est bien loin du compte. Mais tu ne peux lui jeter la pierre, après tout, le peu qu’elle doit savoir de toi, elle a dû l’apprendre de la presse sorcière, ou pire, de son oncle. Et pourtant, lorsqu’elle évoque sciemment Freya, tu ne peux t’empêcher de retenir ta respiration. A quel point était-elle informée de ce qu’il se passait dans la vie de Marlon Travers ? L’Ordre lui avait-il parlé de ce qui était arrivé à Freya ? Le second coup est porté. Le mot “épouse” retentit en écho dans ta tête, et la voix d’Azaël sonne si faux. La plaie est encore béante, les regrets et la culpabilité te rongent chaque jour un peu plus. Ton regard se durcit, tes phalanges se resserrent autour de ta baguette magique. Tu te sens pris au piège dans une impasse. Tu n’as d’autres choix que de retarder l’instant fatidique où le couperet de la vérité s’abattrait sur toi. “I do not like salmon, or any kind of fish.” Cette affirmation semble dérisoire, ridicule. Mais l’espace d’un instant, elle te permet de rebondir, d’esquiver le sujet si douloureux, qu’elle ramène impitoyablement aux devants de votre conversation. La vérité est que tu n’avais jamais considéré Freya comme ta famille. Tu ne pouvais te résoudre à l’associer à cet ensemble dysfonctionnel, dont tu n’avais jamais fait partie. Non, elle avait été bien plus que cela… “Do you have something special to do here? Why do you want me to leave my house?” Tu avais beau être bouleversé par les récents évènements, tu n’étais pas dupe pour autant. La précipitation avec laquelle Azaël semblait vouloir te pousser à partir te paraissait plus que suspecte. Avait-elle également ressenti la présence de Vivien ? “Too bad for you. I intend to stay here tonight.” Et comme pour faire écho à ta déclaration, l’écrin qui contenait vos alliances se mit à s’agiter sur la pierre tombale de Vivien, à l’endroit même où tu l’avais déposé à ton arrivée.

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Christmas nightmare

Noël 2007, Londres | @Marlon Travers

Disappointed. Il n’a pas tout à fait tort, mais pas tout à fait raison non plus. Des semaines encore après la révélation de son frère, elle ne parvient pas à savoir exactement ce qu’elle ressent. Mais face à Marlon, c’est à peine si elle ne va pas jusqu’à hausser les épaules pour marquer davantage son pseudo manque d’intérêt sur la question. Une réaction qui ne le laisse pas indifférent si elle se fie à l’expression de son visage – secrètement, elle espère l’avoir blessé un minimum, ce serait le premier coup de la soirée porté à la figure paternelle. La riposte ne se fait pas attendre, et a le mérite de la déstabiliser. L’assurance qu’il y met, la lueur dans ses yeux, c’est trop pour qu’il ne s’agisse de paroles jetées sur la table, le sol en l’occurrence, au hasard. A moins que ce ne soit une ruse, un stratagème pour la faire déguerpir rapidement. Ou alors, il y a quelque chose qu’elle ignore contrairement à son frère. Quoi qu’il en soit, en parlant de son jumeau, il était certain qu’elle ne resterait pas muette. Elle ne marche pas, elle court, quand bien même tout cela ne pourrait être qu'un tissu de mensonges. “What do you mean “Jarod could tell me stories”? What does he know about you that I could possibly ignore? ” Comme si c’était possible qu’il en sache plus qu’elle, c’est sa spécialité à elle, la collecte d’information, non ? Comment aurait fait Jarod pour en apprendre plus ? Et surtout, pourquoi ne lui aurait-il rien dit ?

Au moment où elle évoque elle, la famille de Marlon, elle n’obtient pas de réaction espérée. Elle pourrait presque s’en vexer. Si elle s’était empressée de répliquer quand son frère avait été amené dans la conversation, lui, préfère rebondir sur les hypothétiques plats au menu pour parler de ces goûts. Comme si elle pouvait s’y intéresser ! Ce n’est pas demain la veille qu’elle l’invitera à partager un repas avec elle, encore moins un café. Mais maintenant qu’elle le sait, peut-être se donnerait-elle la peine de préparer tout un repas sur le thème du poisson. Eww .. un repas de famille avec lui ? Ja-mais. Finalement, l'idée est écartée, repoussée, effacée de ses projets. Pourquoi auraient-ils diner ensemble? Dans quel monde ? “Of course, you don’t like salmon!” Elle gardera pour elle le fait qu’elle n’est pas particulièrement fan de poissons, non plus. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elle commencera à se chercher des points communs avec l’homme qui se tient devant elle.

Pourtant, tout comme la fille, le père ne semble pas pressé de quitter les lieux. Chacun y allant de son commentaire pour faire primer son droit et pouvoir rester. “That’s none of your business.” Pourquoi ne peut-il pas simplement rentrer chez lui, dans son autre maison et la laisser tranquille ? N’a-t-elle pas le droit elle aussi à un peu de temps avec sa mère ? “You never come here anyway, why do you care so much about this place now?” Pas que ce soit une mauvaise chose, au contraire, leurs routes auraient pu se croiser bien plus tôt si Marlon prenait le temps de venir dans cette propriété plus souvent. Savoir qu’il puisse y retrouver un intérêt pourrait peut-être lui servir un jour. Mais l’élaboration d’un plan pour une prochaine rencontre si elle ne se débarrassait pas de lui ce soir, est interrompue. Son attention est captée par une petite boite posée sur la pierre tombale qu’elle avait ignorée jusque-là. Sur ses gardes, elle se décide enfin à sortir sa baguette, et à se séparer de son thermos, dans le cas où il faudrait se battre. “What is it?” Un écrin de cette taille ne doit pas pouvoir renfermer d’objet trop imposant, s’il enferme bien un objet, à moins qu’il ne soit enchanté pour passer inaperçu ? Petit format en apparence, mais dont la capacité de stockage aura été modifié par un sortilège. "What did you put in that box?!” Sa baguette passe d’une cible à l’autre. Vaut-il mieux neutraliser le père ou la boîte ? Lequel serait le plus dangereux pour elle ?

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"Papa
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Qu’Azaël le veuille ou non, ton venin s’immisçait lentement mais sûrement jusque dans les limbes de son esprit. Tu l’avais vue en compagnie de son frère, tu avais immédiatement ressenti cette connexion si profonde qui les unissait. Tu savais qu’elle donnerait sa vie pour sauver celle de Jarod et vice versa. Tu avais aussi compris, que si tu voulais atteindre l’un des deux, il te fallait t’en prendre à l’autre moitié de leur duo. Et c’est en semant des indices quant à tes entrevues régulières avec Jarod, que tu comptais bien faire naître le doute et le ressentiment chez Azaël. “I’m not here to reveal Jarod’s little secrets. I can imagine that he had his reasons not to tell you a single word about our private encounters.” Et le voilà qui réapparaît, ce petit sourire perfide et satisfait qui se juche sur tes lippes. Il s’accroche fermement à tes lèvres alors que tu réponds à sa remarque. “I do not think that the girl who can’t stand celery and cherries is legitimate to judge my food taste.” Oui, tu connaissais les aliments auxquels ta fille était allergique. Tu n’avais pas oublié ce détail, même après toutes ces années. Tu te revoyais encore en train de porter une cuillère de cette bouillie pour bébé à la bouche d’Azaël. Tu te souvenais parfaitement de ce sentiment de panique qui t’avait alors envahi à mesure que son visage s’était mis à rougir et que sa toux redoublait d’intensité. Tu avais été comme paralysé par un mélange de peur et de surprise. Tu t’imaginais déjà être responsable de la mort de ton enfant. Fort heureusement, Vivien était intervenue et avait lancé le sortilège adéquat pour soulager la petite. C’était une drôle de confession que tu venais de faire à Azaël, comme un aperçu de l’état de fragilité dans lequel tu trouvais actuellement. Il était rare que tu te laisses aller au point de faire apercevoir une facette plus humaine, plus sensible de ta personnalité. Mais dès lors qu’elle reprit la parole et t’accabla une nouvelle fois de reproches, le naturel revint vite au galop. “Interesting… How often do you come over here? Does it help you to talk to a cold grave?” Cette pointe de cynisme profondément ancrée dans ta réplique avait pour unique but d’atteindre Azaël en plein cœur. Tu pouvais aisément t’imaginer ce qu’elle venait faire ici. Puisque selon ses dires, elle semblait venir régulièrement dans le jardin de la villa. Contrairement à toi, comme elle te le fit si bien remarquer. Se pourrait-il qu’elle ait facilité le passage de l’esprit de Vivien de l’autre côté du voile ? Tu n’eus pas le temps de te pencher plus longuement sur la question.

Dès lors que l’écrin se mit à vibrer sur le sol glacé, tu fis volte-face. La réaction de ta fille ne se fit pas attendre non plus. Dégainant sa baguette magique, les sens visiblement en alerte, elle te somma de répondre à ses interrogations. Devant sa silhouette hésitante, qui braque son arme sur toi, puis sur l’écrin, sans trop savoir où viser en premier, tu ne peux t’empêcher de pousser un rire dénué de joie. Un rire à mi-chemin entre la satisfaction froide et la démence naissante. “It is pretty funny to see the fear distorting your face. The fierce Azaël Nielsen is afraid of a tiny box.” Faisant mine d’ignorer qu’elle te tenait en joue, tu te rapprochas lentement mais sûrement de l’écrin, que tu n’osas pas toucher pour l’instant. “You have nothing to fear. The box only contains my wedding ring, and your mother’s one. And it seems that her spirit has just joined us. Say hello to your mother, Azaël.” La petite boîte s’agite une nouvelle fois, avec plus de véhémence qu’auparavant. Tu pouvais ressentir sa présence, à travers les minces filaments de sa magie, autrefois liée à la tienne. Ton sourire s’est évanoui, ton visage a pris une teinte livide. Tu avais attendu avec impatience ce moment, où tu parviendrais à attirer l’esprit de Vivien jusqu’à sa dépouille, pour la prendre au piège et l’enfermer dans son enveloppe charnelle. Mais tu n’avais pas prévu qu’Azaël vienne jouer les trouble-fête. Mais après tout, peut-être que si tu parvenais à la prendre par les sentiments, elle pourrait t’aider malgré elle… “She’s been haunting me and my manor for a few weeks. But now the party is over. Vivien has to return home, for good. She deserves to rest in peace.” Si Azaël écoutait attentivement tes propos, alors elle remarquerait que tu faisais mention de ton manoir, et que tu excluais sciemment d’évoquer Freya.

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Christmas nightmare

Noël 2007, Londres | @Marlon Travers

Il lâche un fragment de l'information réclamée et son rythme cardiaque, lui, monte en flèche. Elle ne comprend pas de quoi il parle, ni à quelles rencontres il fait allusion. Est-ce que Jarod lui cache des choses, à elle ? Est-ce qu’ils se voient ? dans quel but ? à quelle fréquence ? Pourquoi ne lui aurait-il pas dit. Depuis quand est-ce que ce petit manège dure ? Elle s’en mord la lèvre de frustration, elle n’aime pas être tenue à l’écart. Son frère ne perd rien pour attendre. Et si elle pensait que ce serait la dernière de la soirée, Marlon continue de la déstabiliser. Elle perd du terrain sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Elle pourrait presque entendre la voix de son oncle lui crier de se ressaisir. Oui, mais comment faire après ça ? Si elle se donne toutes les peines du monde pour cacher ses points faibles, alors que Jarod semble trouver important de préciser à chaque repas en commun que les traces de céleri et de cerises sont à proscrire dans ses plats, lui semble les étaler avec une facilité déconcertante. A croire qu’il la connait. Sait-il aussi quel est son fruit préféré? ou la couleur qu'elle aime le plus? “How do you know ..” sous l’effet de la surprise, sa voix monte brusquement dans les aigus. “ – nevermind.” Mais pas tant que ça, quand même. Il sait. Il s’en souvient ? S’est-il déjà occupé d’elle après qu’elle en ait ingéré ? Elle secoue la tête, il faut qu’elle se concentre, qu'elle se calme. Elle ne peut pas se laisser déstabiliser comme ça. Il a simplement fait son travail de recherche, comme elle. Apprendre à connaître son ennemi est important, capital même, lui a-t-on répété souvent. Ou alors il a bonne mémoire. Et puis Jarod … est-ce qu’ils ont parlé de ça tous les deux ? Est-ce que Jarod apprécie sincèrement l’homme dont ils ont juré de se venger ? Et ce sourire, elle n’en peut déjà plus de le voir. Marlon sait, a compris que ses paroles ont un impact sur elle. Elle s’en veut de flancher si vite, rien ne se passe comme elle l’avait imaginé. Dans ses projections, c’est elle qui gagne du terrain, c’est elle qui frappe et l’emporte, pas l’inverse. Est-ce qu’elle s’est trop laissée aller ? Il y a quelques jours qu’elle ne s’est pas entrainée, elle n’aurait pas dû faire de pause.

L’interrogatoire se poursuit, toujours sur une pente qu’elle ne parvient pas à remonter. C’est à peine si elle parvient à trouver un point d’appui. En l’accusant de ne jamais venir, elle lui a tendu une perche, lui a indiqué qu’elle, au contraire, vient. Souvent. Et il attaque de nouveau. La touche et la blesse. Elle s’en veut, c’était stupide de sa part, elle aurait dû réfléchir avant de parler. Il faudrait qu’elle soit plus prudente à l’avenir, prenne ses distances avec la villa aussi certainement.

Et du sourire, il passe au rire. Un son qui s’inscrit malgré elle, là aussi, dans son esprit. Elle n’aime pas ce qu’il se passe. Voudrait fuir autant que rester se battre, mais pourrait-elle seulement gagner ? Ce qu’elle espère être la dernière surprise de la soirée lui fait perdre des couleurs. Et plutôt que de croire à un tour, elle accepte cette possibilité. Sa mère ? Ici ? Le bruit court que phénomènes étranges se produisent ici et là, même auprès de la résistance, mais elle ne s’était jamais imaginée ça. Devant son expression, son manque de répartie probablement aussi, il continue de se pavaner. Fier comme un paon d’avoir entre ses mains des informations dont elle ne savait rien. Alors elle arrête son choix, c’est désormais sur lui et lui seul que sa baguette est pointée. Si elle n’a rien à craindre la boîte, ne reste que l’homme qui se trouve à côté. Ce n’était pas pour se recueillir qu’il était venu, ce soir, c’était pour la faire partir. La faire disparaître à nouveau. C’est donc bien au méchant de son histoire qu’elle parle, et non pas à l’homme qui ne parvient pas à faire son deuil. “Oh, I see. So because my mom is still looking after you, your wife, what's her name again?" demande-t-elle alors qu'elle en connait parfaitement la réponse. "Freya? she left you?” Enfin une décision sensée chez la seconde épouse Travers. Azaël de son côté tente tant bien que mal de se redonner un peu de contenance, se tient plus droite, refait sa prise sur sa baguette plus ferme. Mais tout n’est qu’illusion, à l’intérieur, la tempête déclenchée par son père continue de se déchaîner. “Sorry to hear that … or maybe not.” Si Vivien hante réellement Marlon comme il le prétend, elle ne peut qu’en être satisfaite. Perturbée. Mais satisfaite. Son petit air fier ne dure pas, la petite boîte continue de s’agiter sous ses yeux. “Don’t you think that maybe, she doesn’t want to go? She’s already home.” Si Vivien est là, Azaël n’est pas prête à la laisser partir. Il y a des choses qu’elle veut savoir, comme par exemple, est-ce qu’elle était là toutes les fois où elle est venue ? Est-ce qu’elle l’a écoutée ? a voulu lui répondre ? la rassurer ? “You don’t get to decide for her.” Ses yeux se posent sur l’écrin, plein d’espoirs et de questions silencieuses. Est-ce que Vivien essaye vraiment de communiquer avec eux ? Pour la première fois depuis des années, elle pourrait avoir la chance de lui parler et lui voudrait lui enlever ça ? Encore une fois, Marlon Travers fait preuve d’égoïsme, ne pensant à qu’à son petit confort. Au lieu de la pierre froide, comme il le dit si bien, elle pourrait avoir autre chose de mieux. “You can’t make her leave. Not this time.” D'un Accio, elle récupère la boîte renfermant les deux précieuses alliances. Entre ses doigts, le contact avec l'objet lui paraît bien étrange, comme doté d'une énergie qui lui est propre. Etait-ce finalement une si bonne idée? Aussi certaine qu’elle souhaite l’être quant aux aptitudes de son père, elle ne peut nier que le doute plane. On le lui a souvent décrit comme imprévisible et fort, alors, en serait-il capable ? La magie dont il use est-elle si noire qu’il puisse exiger d’un esprit qu’il repasse derrière le voile ? Ce ne serait qu'à peine surprenant, venant de lui, si elle s'en fiait à ses informations.

Oh darlin' what have I done?

"Papa
Why did you turn your back
Why didn't you stay on track
Why did you leave and make her cry" @Azaël Nielsen

Derrière l’ire et la fougue de la jeunesse, se terre une jeune femme en proie aux doutes et à des angoisses dont tu es à l’origine. Lorsque tu évoques ces secrets que Jarod n'avait vraisemblablement pas jugé bon de partager avec elle, tu observes son visage se décomposer. Une partie de son monde doit être en train de s’écrouler, alors que tu savoures cette première victoire. Tu n’as pourtant aucun mérite. De par le lien qui t’unit à Azaël, et du haut de tes années de service auprès de l'Élite, il était dans l’ordre des choses que tu aies l’ascendant sur elle. Du moins, pour l’instant.

“How do you know ..” Alors que tu semblais lui tendre une main en évoquant ce détail en apparence mineur, mais qui pour elle avait une saveur toute particulière, voilà que tu décides soudain de faire marche arrière. “I read it in your file. The legilimens who talked to you when you’ve been arrested, has written down everything he could see in your mind.” Un mensonge éhonté, comme pour effacer toute trace de cette proximité que vous aviez un jour partagée. Tu ne peux te résoudre à lui révéler cette petite confidence, à lui laisser entrevoir le père que tu avais un jour été pour elle, avant de devenir son monstre à abattre.

“Oh, I see. So because my mom is still looking after you, your wife, what's her name again? (...) Freya? she left you?” Ton rire se fige brusquement dans l’air glacé. Le masque de composition derrière lequel tu avais dissimulé ton visage implose alors en mille morceaux. Ta respiration s'accélère, le poul des battements de ton cœur gronde contre tes tempes. Un mélange insidieux de panique, de colère et de douleur aussi, t’envahit incommensurablement. Une lueur inhabituelle apparaît soudain dans le coin de tes pupilles. Les phalanges de ta main droite enserrant ta baguette magique blanchissent à mesure que la pression exercée se renforce. Si tu étais parvenu à tenir bon ces quinze derniers jours, tu étais désormais sur le point de t’effondrer, de perdre entièrement le contrôle de la situation. “How dare you even pronounce her name? You don’t have the right to mention her. Nobody does.” Ta voix est plus rauque que d’ordinaire. Elle se veut moins assurée, plus trébuchante, alors que le visage accusateur de Freya se dessine devant tes yeux paniqués. Mentionner ton épouse rendait la situation plus réelle encore. Cela te rappelait que quelqu’un d’un peu trop curieux s’était penché en détails sur le cas de Freya, alors que tu avais toujours tout fait pour la tenir dans l’ombre, à l’abri des questions et de l’attention. “Your supposition is a lie. She did not leave me. She would never!” Cette fois-ci, tu hausses la voix, tu finis même par hurler en direction d’Azaël. Elle n’avait pas le droit de mentir, de raconter des inepties à propos de Freya. C’était toi qui l’avait quittée, Marlon, toi qui l’avait abandonnée à un sort funeste, dont tu savais absolument tout. Il t’aurait été impossible de prétendre que tu ignorais le traitement que l’on réservait aux traîtres. Tu avais mené les recherches en salle de la mort, tu avais arpenté les couloirs du niveau neuf trop souvent, pour ne pas savoir ce qu’il se tramait dans les catacombes du Ministère de la Magie.

C’est une main tremblante que tu viens glisser dans ta chevelure, signe légendaire du désarroi qui te consume. Tes doigts s’enfoncent sur la surface de ton crâne, alors que tu peines à reprendre ton souffle. Ton cœur continue de tambouriner avec vigueur contre ta poitrine. Tu observes d’un regard impuissant l’écrin voltiger jusque dans les mains d’Azaël. La situation t’échappe. Il est essentiel que tu te ressaisisses, que tu reprennes ton calme. Mais alors que devant tes yeux, le visage de Freya se mue en celui de Vivien, tu luttes pour reprendre pied. Tu te fais l’effet d’un homme à la mer, en train de sombrer dans les profondeurs, et tentant désespérément de rejoindre la surface. “I can make everybody leave, if I intend to. Vivien is the only responsible person for what happened to her. She was the murderer. She died and she definitely belongs to the other side.” Et comme pour illustrer tes propos, tu lances subitement un Confringo sur l’écrin qu’Azaël faisait tourner entre ses mains. La petite boîte explose sous le choc et les alliances virevoltent alors dans les airs. Il aurait suffit que tu vises de travers, quelques centimètres trop à gauche ou trop à droite et c’est ta propre fille que tu aurais touchée. Il était grand temps qu’Azaël comprenne que tout ceci n’avait rien d’un petit jeu anodin. “Her spirit is mad and sick. She won’t talk to you like a mother would, she won’t give you any piece of advice. But I can. So listen, kid. There is nothing you can do to stop me. Leave, now. Before I change my mind.”

smoke and mirrors

Christmas nightmare

Noël 2007, Londres | @Marlon Travers

Marlon semble prendre plaisir à lui rappeler l’une après l’autre toutes ses faiblesses. Son frère d’abord, puis ses allergies et maintenant son piètre niveau en occlumencie. Il ne lui épargne rien. Lorsqu’elle avait été arrêtée l’année dernière, elle n’avait pas été en mesure de repousser l’intrusion dans son esprit, incapable de cacher les informations que l’agent du ministère pouvait chercher à obtenir. S’ils avaient été en mesure de noter son allergie, quoi d’autres avaient-ils pu inscrire dans son dossier ? Se sentant soudainement vulnérable, elle en vient même à songer à reprendre les entraînements, mais quand ? et avec qui ? Peut-elle encore faire confiance à Jarod si dans les jours qui suivent il s’empresse d’aller joyeusement discuter de tout ça avec leur père autour d’un thé ? Elle ose espérer que oui, leur lien doit bien valoir plus que le leur, quel qu’il soit, non ?

Son regain d’aplomb la pousse à le provoquer, ce qui fonctionne bien, trop bien même. Il se crispe, ne semble pas pouvoir contenir le trop plein d’émotions qu’elle devine bouillir à l’intérieur. Le ton monte, vite et fort, trahissant ce qu’elle prend comme un signe d’attachement pour la femme qu’il a épousé. Elle sait désormais où appuyer si elle veut le faire réagir. Freya. Il lui manque cependant une information, qu’a-t-il bien pu se produire dans le couple Travers-Abbott pour qu’il réagisse ainsi ? Qu’a-t-elle loupé ? Si elle ne l’a pas quitté, que s’est-il passé ? L’a-t-il tuée elle aussi ? Elle pourrait presque se sentir désolée pour la malheureuse si c’était le cas.

Que ce soit de son fait ou non, la solitude semble occuper une place importante dans la vie de Marlon et cela lui apporte un peu de réconfort. Il ne mérite pas d’apprécier la compagnie des autres, encore moins l’amour, pas après tout ce qu’il a fait. “Vivien is the only responsible person for what happened to her. She was the murderer. She died and she definitely belongs to the other side.” Et avant qu’Azaël n’ait le temps de répliquer pour corriger les mensonges proférés, un sort fuse dans sa direction. La surprise est telle, qu’elle n’a pas le temps de l’éviter, c’est tout juste si elle sursaute quand dans sa main, l’écrin vole en éclats. Hasard chanceux ou précision dangereuse, elle ne sait pas trop, mais son cœur a bien fait bond. “It could have been me !! ” Elle s’offusque, comme si elle avait pu douter un jour qu’il tente réellement de s’en prendre à elle. Les paroles de Sören lui reviennent, elle ne doit pas se laisser avoir. Ce n’est pas un jeu ni un entraînement. Sa prise se resserre et elle s’assure de ne pas perdre sa cible de vue, malgré les coups d’œil réguliers aux alliances retombées au sol, mais toujours agitées. Que se passerait-il s’il venait à détruire la bague de sa mère ? Disparaitrait-elle définitivement ? “You can’t change history just because you don’t like it. You killed her. You are responsible for her death. ” Doit-elle se charger de lui rappeler les faits ? Tout est de sa faute à lui. Déjà l’an passé, il leur avait raconté le mensonge dans lequel il baigne, comme s’ils allaient le croire, comme si elle allait remettre en question l’innocence de sa propre mère et se ranger de son côté. “Her spirit is mad and sick.” Qu’est-ce qu’il en sait ? A-t-il pu lui parler pour le savoir ? “’cause yours is better?” Il est le seul esprit dérangé qu’elle voit ici. Il aurait pu la tuer un peu plus tôt en visant la boîte, et il se pense en plus capable de faire traverser le voile deux fois à un même esprit. “She won’t talk to you like a mother would, she won’t give you any piece of advice. But I can.” Des années d’absences dans le paysage familial, une volonté manifeste de se débarrasser d’eux et il veut se faire donneur de leçon ? Elle pourrait presque en rire ! “So listen, kid. - elle serre les dents, elle n'est pas une gamine ! - There is nothing you can do to stop me. Leave, now. Before I change my mind” Et ils en reviennent au point de départ pour déterminer qui des deux sera le premier à quitter les lieux. Qui sera le plus obstiné et fera plier l’autre. “ No.” Maintenant qu’elle sait ce qu’il se trame, elle ne peut pas partir. Sa mère est là – enfin, son esprit – et elle ne l’abandonnera pas. “You can’t force her to leave.” Ordre, fait ou vœu, il pourrait tout aussi bien s’agir des trois à la fois. “And I won’t go anywhere.” Cette fois, c’est une affirmation. Elle ne le laissera pas faire. “What if she needs help?” L’esprit de sa mère est peut-être simplement égaré, à la recherche d’une personne pouvant l’aider. Et elle s’était peut-être trompée en allant voir Marlon … un esprit peut être confus, non ? “I know you’re probably not familiar with the concept but think about it.” Si lui ne veut rien faire, elle, elle essayerait. Même si elle n'a absolument aucune idée de la façon dont procéder avec les esprits ... “You’re free to go and enjoy your loneliness in your big manor. I’ll stay and talk to her.”

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