été 1943
"Mademoiselle Adèle n'a pas le droit de monter sur l'arbre. Si les Maîtres l'apprennent ... Fanfreluche demande à Mademoiselle de bien vouloir redescendre. C'est dangereux, Mademoiselle pourrait se blesser" "
tu n'as qu'à pas leur dire et ils n'en sauront rien. Monte avec moi, on peut voir les falaises d'ici, c'est magnifique !" Tu n'essaies pas de savoir si Fanfreluche grimpe à tes côtés ou se dirige comme la petite rapporteuse qu'elle est. Ton regard est déjà tourné vers le paysage. Tu es montée parce que tu voulais apercevoir Paris. Le paysage est en réalité bien décevant, mais tu n'en diras rien à l'elfe qui te suit partout. Paris n'est pas à portée de ton regard, il n'y a que les maisons normandes et le bleu de la mer à perte de vue et le vert des falaises. Mais tu les connais par coeur toi ces falaises et ce bleu et ces toits. Tu veux voir la Tour Eiffel, tu veux entendre les talons claquer sur les pavés et voir du beau monde. Tu en as marre de ces têtes qui sont toujours les mêmes. Ce n'est franchement pas juste ! En plus maintenant ta robe est déchirée et toute salie et cela n'aura servi à rien. ton regard se porte vers le bas et tes bras se serrent contre le tronc, c'est haut quand même. Tu n'avais pas remarqué que tu étais montée aussi haut, est-ce que tu pourras redescendre ? Tu pourrais toujours demander à Fanfreluche de te transporter, mais tu ne lui donneras pas cette satisfaction. Le vent s'emmêle dans tes cheveux attachés par des noeuds. Un frisson te parcourt de part en part et tu entreprends une descente avec lenteur, tes lèvres se serrent l'une contre l'autre tandis que ton nez se plisse. Tous ces efforts pour rien ! "Adèle ? ADELE ? Où es-tu ? C'est l'heure de tes leçons." Zut, il faut que tu te dépêches et ta tante ne doit pas te voir dans cette tenue, elle te fera encore la leçon. tu détestes ses leçons.
Ne fais pas ça Adèle, ne dis pas ça, ne te comporte pas ainsi. tiens toi droite. Ne mets pas les coudes sur la table. Ne parle pas si on ne te pose pas une question. Non, tu ne peux pas quitter le domaine Adèle, il y a des bombes dehors Adèle... Et patati et patata. Une vraie harpie quand elle s'y met !
tu ne devrais pas avoir de telles pensées, tu te sermonnes en posant un pied sur le sol. Tes jambes tremblent de tout leur long et tu trébuches quelque peu en retournant à la terre. C'était mieux en haut, en fait. Un crac sonore te fait sursauter "
Fanfreluche ! Tu m'as fait peur." tempeste-tu avant de constater qu'elle te tend tes chaussures et une nouvelle tenue. "Mademoiselle n'aurait pas dû faire ça et Fanfreluche devrait le dire aux Maîtres, mais les Maîtres ne seront pas contents alors Fanfreluche ne dira rien mais seulement si Mademoiselle promet de ne pas recommencer." "
Oui oui d'accord." Tu lui attrapes les vêtements et te change en lui rendant les autres, elle saura quoi en faire. "
Arrête de parler, tu vas me mettre en retard et si je me fais gronder ce sera de ta faute !"
Et sans un autre regard en arrière pour l'elfe de Maison, tu cours en direction de la grande maison. Ce donjon que tu aimes autant que tu le détestes. En quelque sorte, jamais une demeure n'a aussi bien porté son nom. Tu t'arrêtes à quelques pas des grandes marches, réajuste tes nœuds, reprends ton souffle et mets en place ce joli visage que l'on t'admire tant. Hop, ni vu ni connu. Ce que ton oncle et ta tante ne savent pas ne peut pas leur faire de mal.
Mais au fond, ton cœur demeure lourd, appelé ailleurs.
été 1946
Tu vas disparaître. Ce n'est pas une question, plus un état de fait, une constatation énoncée d'un ton plat et dénué d'émotions. Mais j'ai envie de rester jouer avec toi, s'exclame le blondinet allongé en face de toi. Les volets sont fermés mais tu sais qu'il fait nuit, tout le monde dort et pourtant tu continues de chuchoter. Tu sens presque sa chaleur à tes côtés. Quand il pose sa main sur ton poignet, tu sens le poids et la pression douce de ses doigts autour de ta chair. Et tu pousses un soupir.
Demain, je vais aller à Beauxbâtons, et tu vas disparaître parce qu'avoir un ami imaginaire à onze ans ce n'est pas normal. Dis-tu en faisant la moue. Demain, tu vas retrouver ton frère, ta tante t'y as préparé longuement en t'expliquant tout un tas de choses que tu n'as écoutées que d'une oreille inattentive et ennuyée. Je ne peux pas venir avec toi ? Personne n'en saura rien, tu n'as qu'à me cacher dans tes valises, rétorque le garçon avec un sourire espiègle. Il te ressemble, est presque une copie fidèle de tes traits, vos boucles blondes similaires, la même droiture du nez, les mêmes yeux. Il a comblé un vide, il t'a suivi partout pendant plus de six ans, il t'a proposé tes meilleures bêtises. Il était présent la nuit quand tu faisais des cauchemars, à te caresser du front jusqu'au bout de ton nez. Il te tenait la main quand tu te faisais sermonner. Il était ton seul ami, il était ton frère. Il était toi. Il n'existe pas réellement.
Tu y a cru pendant longtemps, t'es imaginée puissante sorcière capable de créer la vie, mais il n'était qu'un fragment de ton imagination. Une échappatoire à ta solitude. Tu l'as compris parce que personne d'autre ne semblait le voir et que Fanfreluche te suppliait d'arrêter de parler de ce garçon et de ne jamais le faire devant ton oncle et ta tante. Quelle peureuse cette Fanfreluche ! Tu n'en as jamais rien dit, non pas par peur des remontrances mais parce que c'était grisant d'avoir ce secret rien qu'à toi.
Les grandes filles n'ont pas d'amis imaginaires. Je ne peux pas t'emmener avec moi. Et puis, je n'ai pas de place dans mes valises. En secret, tu te dis que tu n'auras plus besoin de lui demain puisque tu vas rencontrer ton frère. C'est lui maintenant qui te réconfortera la nuit et avec lequel tu pourras faire plein de bêtises et qui te tiendras la main si vous vous faites prendre par les professeurs. Tu as déjà tout planifié depuis votre première rencontre. Tu t'approcheras et tu lui tendras la main et dedans il y aura une chocogrenouille et ensuite vous n'allez plus vous quitter et tu ne seras plus jamais seule. Et tu ne seras plus jamais triste.
Les grandes filles vivent dans la vraie vie. Elles n'ont pas d'amis imaginaires qui ressemblent à un frère fantasmé auquel elles confient tous leurs secrets. Et demain, tu seras une grande fille.
Tu peux rester avec moi cette nuit, mais tu devras être parti quand j'ouvrirai les yeux demain matin. Tu me le promets ? Je te le promets.
Tu me le promets sur ma vie et la tienne et sur le chêne du jardin ? Je te le promets sur ta vie et la mienne et sur le chêne du jardin.
Bien. Et tu fermes les yeux, un sourire satisfait sur les lèvres. Vos deux mains serrées l'une dans l'autre.
Le lendemain, Fanfreluche vient la tirer du sommeil en ouvrant les volets. Mademoiselle, il est l'heure de vous réveiller, mademoiselle doit être impatiente à l'idée de partir pour Beauxbâtons. Fanfreluche a préparé la tenue de mademoiselle. Elle doit se dépêcher et ne pas faire attendre les Maîtres qui vont l'emmener à la calèche. La petite elfe s'active dans la chambre tout en parlant, un vrai moulin à paroles tandis que tu ouvres doucement les yeux. Ta main est froide et tu es seule dans ton lit. Le petit pincement que tu ressens doit être lié à l'importance de ce jour.
10/11/1953
La brise Joyeuse se transforme en bourrasque capricieuse dès les premiers jours de l’automne. Les arbustes secs et les feuilles jaunies frémissent sous ses caresses, la chevelure des demoiselles se soulèvent avec leur robe qu’elles tiennent d’une main ferme et délicate tandis que les galants s’accrochent à leur haut-de-forme. Un peu plus et tous les corps s’envoleraient comme sous l’effet d’un levicorpus. C’est ce temps-là que tu préfères, il précède les orages quand la mer calme se métamorphose en vagues impressionnantes qui se fracassent contre les falaises d’Etretat. Les nuages menacent d’assombrir la clarté de la journée et donnent à ce paysage qui t’a vu grandir à défaut de te voir naître cette touche mélancolique qui est parfaite pour ce que tu dois entreprendre aujourd’hui. Quand on brise un Cœur, il faut savoir choisir son décor autant que sa tenue.
Tu as demandé à Brieuc de te rejoindre dans votre coin secret, dans la grotte de l’aiguille creuse qui si elle est interdite au public – les moldus sont de biens fragiles créatures – ne l’est pas pour toi. Rien ne te résiste bien longtemps dès qu’une idée s’installe dans ton esprit. Lorsque tu fais ton entrée au cœur de la grotte sombre et silencieuse dans un claquement électrique et, après avoir repositionné ton chapeau sur ta tête (il te faudra un jour trouver un moyen pour transplaner sans te décoiffer), tu époussettes ta pélerine salie par des taches invisibles et inexistantes puis l’appelle en prenant ta voix la plus douce. «
Brieuc ? Où te caches-tu ? » Il doit déjà t’attendre, ayant compris très rapidement que tu ne tolérais ni les retards ni la paresse. Ta voix résonne dans la grotte vide, chaque mot se cogne contre les parois lissées par l’eau pour revenir dans un son déformé jusqu’à tes oreilles. Une voix plus grave te répond «
Je suis là. » qui fait naître un frisson sur tes bras juste sous les longs gants que tu portes. Tu te dis qu’il va te manquer un peu, tout du moins sa naïveté touchante, mais rien ne sert de retarder l’inévitable, il te faut enlever le bandage d’un coup sec et inflexible.
A chaque pas qui te rapproche de son ombre, celle-ci se découpe sur la pierre illuminée semblerait-il par un de ses lumos, tu laisses couler tes sentiments, façonne sur ton visage un mélange de candeur et de fermeté qui ne s’effritera pas sous son regard et imagine tous tes menus doutes glisser jusqu’à tes pieds et s’évanouir dans une écume blanche. Tu n’es pas sentimentale, pas plus que tu es amoureuse ; il n’est rien qu’un écart de jeunesse auquel tu repenseras avec une nostalgie couleur sépia et un rire attendri pour la jeune fille que tu étais, celle qui osait tout et croyait tout connaître. En l’atteignant, tu te laisses aller entre ses bras, pose ton visage sur son épaule. Un dernier moment de faiblesse, avant de tout couper. Un baiser doux sur les lèvres et une main contre sa nuque. Tu emmagasines ces souvenirs pour les emmener avec toi de l’autre côté de la Manche dans ce pays étranger au milieu de tous ces inconnus.
Puis, dans un pas parfait de ton droit qui claque en rejoignant le gauche, tu assènes le point final de cette amourette adolescente. «
C’est fini. Je pars ce soir. » Son visage prend les mêmes reflets que cet orage que tu affectionnes tout particulièrement, passe en une seconde du sourire contenté à la grimace défaitiste. Pour un peu, tu entendrais son cœur se briser comme un éclair griffant le ciel de sa pointe argentée, alors que les mots s’éloignent de ta bouche pour y revenir. Fini. Fini. Soir. Soir. L’effet est réussi, il dépasse peut-être même tes espérances tant est si bien que tu sens poindre un léger pincement à l’intérieur de ta poitrine. Tu te demandes si c’est normal de ressentir cette indéfinissable pointe de tristesse ou si c’est de ressentir si peu qui poserait un problème au regard des curieux.
Il t’attrape le bras, tes sourcils se froncent et tu lèves ton menton de quelques millimètres vers le haut, ton regard se plantant dans le sien sans dévier. Pas impressionnée pour un sou, même si tu apprécies te perdre dans la douleur qui perce à l’intérieur de son regard clair et l’incompréhension dans ses traits. «
Tu n’es pas obligée. On est majeurs, plus rien ne nous retient ici, Adèle ! » Il se laisse emporter par ses émotions, comme si cela avait un quelconque intérêt ici. Lentement, tu poses tes doigts sur la main qui te retient pour en détacher la prise et avec le ton patient de celle qui s’adresserait à un enfant, tu répètes le texte que tu as répété dans ta tête tout du long. «
Ce n’est pas une question d’obligation, ne sois pas naïf. Tu savais que cette histoire aurait une fin. La dernière page du livre est là, maintenant. Ne rend pas les choses plus compliquées. »
Ne me force pas à te juger et écrabouiller ce qui reste de ton cœur sous mon talon, semble prévenir tes yeux, peut-être aimerais tu que cela arrive un peu. Il serait malhonnête d’assurer que tu ne ressens pas un peu de plaisir à constater les effets de ta nouvelle sur l’état de ton amoureux ; tu t’es après tout toujours imaginé vivre une histoire d’amour contrariée par la réalité de la vie ; il est cependant dommage que tout cela soit presque plus d’un intérêt romancé que réel pour toi. Brieuc – que tu connais depuis tes premières années d’école et fréquente depuis un peu plus d’un an - doit sentir qu’il n’obtiendrait pas gain de cause, sûrement il ne peut penser un seul instant que tu accepterais de tout quitter pour vivre une vie de nomade, sans assurance, sans sécurité. Te connait il aussi mal, malgré tout ce temps, ou s'est-il laissé hypnotisé par cette délicieuse année passée l'un avec l'autre ? Tu reconnais que c'était agréable, mais toutes les bonnes choses ont une fin et on ne va pas épiloguer bien longtemps. Pourtant, il insiste, il demande, promet, il s'agenouille, il pose sa tête contre ton ventre, glisse ses mains dans les siennes, il quémande, il supplie. Tu ne cèdes pas. Tu ne pleures pas. A quoi bon.
Et quand enfin il ne reste plus rien à dire, plus rien à espérer, quand tout est dit et achevé, tu te détournes et t'éloignes sans un regard. Tu disparais dans un même claquement électrique que celui qui t'a amené jusqu'ici et tu emportes avec toi le souvenir de cette déchirante ultime rencontre, le goût de ses larmes, celle de ta trahison qui se réverbérait dans son visage. Tout est plus simple ainsi.
10/08/1955 and after
"Aren't you tired of hiding like this?" "
Hm?" est le seul son que tu extirpes de tes lèvres posées sur son épaule nue et chaude. Dans un entrelac de draps et de jambes, ton corps à moitié sur le sien et les cheveux qui glissent contre la peau de son dos, tu as du mal à penser. Tu ne penses jamais au dehors quand vous vous retrouvez dans ces chambres d'hôtel, jamais la même, pour quelques heures volées au temps. Tu ne penses jamais à l'après. Tu essaies de ne pas penser à lui pendant les jours et les semaines qui vous tiennent séparés, tu compartimentes ces deux vies ; celle du dehors et des apparences, celle de
Misses Travers, mother of a sweet son, wife of an important man et celle de l'intimité, celle où tu es
Adèle tout simplement, ton prénom murmuré et chuchoté par sa voix à lui quand il t'enlace et t'embrasse, quand vous vous perdez l'un dans l'autre. "We could stop hiding," répète-t-il, sa voix à moitié étouffée par ses bras qui cachent son visage. Tes ongles manucurés caressent les vallées de son dos, remontent et descendent le long de sa colonne vertébrale, ton regard posé sur les poils qui se hérissent. Tu ne réponds pas tout de suite, mais ton coeur parle pour toi, tambourine rapidement contre ta poitrine, tac a tac, tac a tac. Une chimère impossible, un rêve fou. "
Where would we go?" Demandes tu tout de même, te laissant bercer par l'illusion passagère d'une possible échappée. C'est si facile de prétendre dans la pièce aux lumières tamisées, après le réconfort de son corps, vos vêtements éparpillés ça-et-là dans la pièce impersonnelle. Tu voudrais pourtant ravaler les mots au moment où tu les prononces car alors Kenneth se retourne et ses mains viennent se poser sur tes hanches, te saisissent alors qu'une sourire satisfait s'étire sur ses lèvres. Car alors il te répond, formule des plans impossibles. "I don't know. Everywhere... Somewhere you're not ..."
mariée. Vous ne prononcez jamais ce mot à haute voix, trop réel pour vos oreilles, trop grinçant pour vos moments. Tu poses tes lèvres contre le coin de sa mâchoire, remonte sur la peau un peu râpeuse (il ne s'est de toute évidence pas rasé ce matin, tu aimes cette sensation contre ta peau lisse) et dépose un léger baiser sur ses lèvres avant de murmurer "
Sounds like a different kind of hiding to my ear." Il hausse une épaule, referme ses bras contre toi. "With more freedom." Ce n'est pas la première fois que ton amant te propose une évasion à laquelle tu ne rêves pas (non, bien sûr que non tu n'y rêves pas, tu n'y penses pas, cela ne fait pas partie de ta vie). Tu repenses à ce gamin dans la grotte qui aurait souhaité que tu restes, qui t'avais imploré si vulgairement, maladroitement comme le font les gamins qui croient que le coeur se brise pour ne jamais se recoller. Comment tu n'avais rien ressenti à part du dédain, et tu penses qu'il serait plus aisé de te détacher de l'homme ici s'il se prêtait à ce même charabia malhabile. Mais il a le ton désinvolte, il feigne l'indifférence si bien que parfois tu te demandes si ce n'est pas qu'un jeu pour lui. Voir jusqu'où tu es prête à aller, tester la ligne que tu as tracé autour de votre relation et l'étirer jusqu'à l'horizon. Gratter jusqu'à te faire craquer.
Alors tu l'embrasses et fais rouler tes hanches pour faire taire sa voix et dissiper les pensées dangereuses qu'il n'a aucun mal à partager et qui ne te tentent que trop ces derniers temps.
Et il rit chaudement en te laissant gagner cette manche, mais dans son regard tu sais qu'il comprend, te comprend bien plus que tu ne le souhaiterais.
early 1956
09AM Tu vas le faire. Tu as tout préparé. Non,
vous avez tout préparé. Il doit partir pour un voyage pour le travail et le plan s'est formé au fil des rencontres. Plus tangible à chaque fois que Kenneth revenait à la charge.
Impitoyable. Torquil n'est pas là, Louis est avec sa nourrice, tes valises sont prêtes. tu es habillée, chaussée, coiffée ; il ne te reste qu'à enfiler le foulard et mettre les lunettes de soleil. Transplaner jusqu'à la chambre d'hôtel, porte numéro 10, toquer, ne pas trembler, ne pas hésiter, ne pas regarder en arrière.
Mais maintenant que quatre jours sont passés depuis la dernière fois, le plan ne te paraît plus aussi logique, plus aussi sensé. Pourquoi abandonner la vie que tu t'es construite ? Tu n'as jamais désiré vagabonder dans la nature, la fuite n'est-elle pas un aveu de faiblesse ? Louis a besoin de toi, comme tous les nourrisson. Tu as passé la nuit à le contempler en pensant que c'était la dernière fois. Il est un bambin silencieux mais bouge beaucoup dans son sommeil, ses petits doigts serrés contre le drap emmitouflé dans sa turbulette dont les dessins se transforment en harmonie avec ses rêves et ses cauchemars. Il est beau, il a tes yeux. Il te ressemble. Tu en oublies parfois qu'il ressemble aussi à son père. Un détail que tu balaies du regard comme les bibelots que l'on entasse sur les étagères pour qu'ils prennent la poussière. Tu lui a dit que tu l'aimais, ce qui ne t'arrive jamais quand il est éveillé. On ne t'a pas appris à le faire, tu sais que ce n'est pas bon pour les enfants d'être étouffés par des marques de tendresse, ça les ramollit plus tard. Tu n'as pas pu t'en empêcher hier soir. Comme une confession interdite. Comme s'il pouvait t'entendre et emporter avec lui ces deux petits mots pour toujours. Garder un peu de toi quand tu ne serais plus là.
Parce que tu vas le faire. Pas de doute possible. Tu lui as promis, il y a trois semaines et il y a quatre jours également. Il a insisté, il a demandé, et tu as promis, une fois, deux fois, trois fois. Jusqu'à y croire alors qu'il te regardait en bougeant au dessus de toi t'empêchant de fermer les yeux. Hypnotisée. Parfois, tu te demandes s'il ne te fait pas perdre la raison. tu ne te reconnais qu'à moitié quand tu es avec lui, comme si c'était une autre que toi qui bougeait, pensait, parlait.
Mais cette autre que toi disparaît dès que tu troques une de ses chemises pour tes robes et tes talons. Ce n'est pas elle qui attend à l'instant dans cette immense chambre que ne résonne l'horloge ancienne - cadeau d'une aïeule. Dix coups, le glas. Pourquoi ce frisson glacial si tu es prête et sûre de toi ? Tu n'aurais pas dû quitter la chambre. Tu n'aurais pas dû céder. Tu n'étais pas pleinement toi, on ne pourra pas te reprocher ce moment de faiblesse.
Tu hésites, tes ongles tapotent contre la colonne en bois de ton lit, au milieu de ta chambre. Ta vie. Tout balayer pour quoi ? L'amour ? L'aimes tu seulement ? Une aventure ? Est-ce suffisant. Le frisson, la passion, l'excitation ? Qu'est-ce que cela va t'apporter.
Les hommes se lassent dès qu'ils te possèdent, il faut maintenir leur intérêt par tous les moyens possibles. Mais ne crois pas que parce qu'il fait le serment de t'aimer aujourd'hui, qu'il en sera toujours de telle demain. Si les femmes sont changeantes les hommes sont inconstants et faibles, ne te fie jamais à une promesse, ce n'est qu'un mot bien rapidement emporté par le vent, effacé par le temps.
Ding, Tu ne bouges pas. Tu n'enroules pas le foulard autour de ta chevelure, n'enfile par les lunettes sur ton nez. Tu t'assieds. Tu laisses le son envahir la pièce silencieuse.
Ding, tu repenses à la première rencontre alors que tu venais tout juste de poser pieds dans une ville inconnue.
Ding, tu repenses à votre première fois. Il faisait froid dehors mais si chaud à l'intérieur. Vos corps alanguis et vos langues déliées sous le secret des couvertures.
Ding, il a laissé une marque sur ta hanche une fois, tu as dû la masquer avec un sortilège ; tu repenses à ce petit frisson à l'idée d'avoir cette trace sur ta peau, invisible et présente en même temps. Tu lui as demandé de ne pas recommencer bien sûr.
Ding, tu aurais aimé qu'il en laisse une cette fois.
Ding, voire deux ou trois.
Ding, tu n'iras pas.
Ding, tu restes là.
Ding, tu le laisses partir sans toi et emporter avec lui ce qui aurait pu être. Si tu étais une autre. S'il était un autre. si vous n'étiez pas vous, ou si c'était un autre temps, une autre époque. Plus tôt, plus tard.
Ding, tu la laisses partir elle aussi, celle que tu étais dans ces chambres d'hôtel. La jeune femme que tu ne reconnaissais pas la moitié du temps. Tu ne la regretteras pas. Il ne te manqueront pas.
10/11/1956 and after
TW : dépression post-partum non diagnostiquée parce qu’on est dans les années 50, culpabilité, désintérêt pour l’enfant, absence de bonding, croyances erronées sur les pensées d'un bébé Encore une fois tu ne t'es pas levée de ton lit.
La pièce est plongée dans une obscurité artificielle renforcée par un enchantement, tes yeux ne supportant pas une quelconque lumière depuis deux semaines. Un tambourinement continuel contre l'arrière de ton crâne et le grincement des os au niveau de ton dos ne t'aident en rien, heureusement les domestiques t'ont écoutés et en plus de l'absence de luminosité, un silence complet envahit ta chambre. Sur la table de chevet repose le plateau repas auquel tu n'as pas touché ainsi qu'une potion que tu te refuses à prendre.
Aucun cri de bébé, pas de berceau en vue. C'est comme s'il n'existait pas.
Tu savais que cette fois n'était pas comme la première, ta grossesse plus difficile que la précédente- t'obligeant à t'arrêter, "
I deeply advise you to stay in bed for the rest of your pregnancy. You AND your baby need this to live." tu te souviens à ce moment avoir pensé te lever tout de même, et tant pis pour le fœtus. Torquil pour une fois ne t'a pas écouté. Tu leur en a voulu à tous les trois.
Tu savais que tu ne pourrais pas l'aimer. L'accouchement à duré plus de dix heures, l'enfant qui s'accrochait à ta matrice alors que tu ne souhaitais que l'en expulser définitivement afin que ce calvaire s'arrête. Tes cheveux te collant au front, ta transpiration comme une couche dégoutante sur ta peau et tes cris entrecoupés de respiration par à-coup. Tu aurais dû suivre Kenneth lorsqu'il te l'avait demandé. Tu aurais dû tout quitter. Maintenant, tu es coincée. (Si tu avais accouché aujourd'hui, tu aurais demandé à ce que l'on t'endorme et ne te réveille qu'une fois le travail accompli ; mais dans les années cinquante, il n'y avait pas les mêmes évolutions, surtout dès qu'il était question des femmes.) Torquil n'a pas souhaité entrer dans la chambre de travail, tu ne l'aurais pas désiré à tes côtés. Et tu avais l'impression que l'on t'arrachait les entrailles, que l'on t'écartelait de l'intérieur. Ils ont ensuite posé le coupable dans tes bras, et ce qui s'était produit à la naissance de Louis, le shift qui te fit oublier les heures de souffrance, la connexion instantanée et puissante ne s'est pas produite cette fois-ci. Tu as plongé ton regard dans les yeux encore presque aveugles du nourrisson et... Rien. Cela t'a fait peur un peu alors tu n'as rien dit. Quand ils ont proposé que tu lui donnes le sein, tu n'as rien dit non plus mais un frisson désagréable t'as parcouru l'échine, tout ton corps rejetait cette idée. Et l'enfant n'a pas réussi à téter, comme si lui-même ne le désirait pas.
Tu a su alors qu'il ne t'aimait pas non plus. Tu as vu dans son regard la même répulsion, tu en es certaine. Il n'arrêtait pas de crier, hurler, son visage devenant tout rouge et déformé par la rage. Tu l'as rendu aux professionnels, tu t'es détournée en larmes en t'enfonçant sous les couvertures, recherchant un peu de réconfort dans le coussin de l'hôpital. Disparaître.
Tu pensais que les choses changeraient, que ce n'était qu'une passade, le contrecoup d'un épuisant accouchement.
Deux semaines que cela dure. Tu l'as monté dans sa chambre, déposé dans son couffin, indiqué à la nourrice qu'il faudrait lui trouver du lait, puis tu es redescendue par ces mêmes escaliers construits quelques mois plus tôt pour lui, et tu t'es accrochée à la rambarde en te laissant choir au sol. Tu es restée là, les bras tremblants et les larmes qui te démaquillaient cruellement le visage. De grosses taches noires sur tes joues. C'est ton mari qui t'a trouvée et qui t'a raccompagnée à ta chambre.
Tu n'en es pas ressortie depuis. Tu n'es pas remontée voir le bébé, a refusé de le regarder quand la nourrice l'a apporté, "
he's asking for you miss."
shut up, tais-toi, shut up. "
he needs you."
I don't need him, I don't want him. Tu as secoué la tète, puis tu as élevé la voix, "
I don't want to see him, I don't want to hear him. Take him far away, don't come back with him.". Tu sais que les gens te jugeront, qu'ils chuchoteront que tu es une mauvaise mère, une terrible mère, une mère indigne. Que tout ce qui arrivera à cet enfant sera plus ou moins de ta faute, plus que moins d'ailleurs. Et tu l'en détestes d'avance.
Il ne t'aime pas, tu l'as aperçu dans son regard. C'est pour cela qu'il a pleuré, tu ne pourras pas être une mère pour lui, il est différent.
Et tu oublies que ce n'était pas facile avec Louis au départ. Et tu oublies que ce n'est pas normal ce que tu ressens. Que tu devrais aller voir quelqu'un, que tu devrais te lever et reprendre le travail. Tu n'es pas faible et ne l'a jamais été. Tu n'as pas besoin de l'affection des autres, tu n'as pas eu besoin d'Auguste et de tes parents, de Brieuc ou Kenneth, l'amitié de tes camarades de classe ou des collègues que tu as écrasé sous ton ambition ou la tendresse d'un mari qui t'a épousé pour ton statut plus que pour ta personne. Tu n'as pas besoin de toutes ces marques d'affection que l'on ne t'a jamais donné. Tu n'as pas besoin que tes enfants t'aiment.
Tu dois te lever, tu dois te maquiller, tu dois t'habiller et retourner travailler. Tu dois, tu dois ... Demain. Tu le feras demain. Tu veux juste dormir un peu plus longtemps, rester dans ce cocon que tu t'es créée où tu n'as qu'à agiter ta baguette pour effacer les odeurs du sommeil et les traces de larmes qui ne cessent de couler.
In and out of sleep. In and out of sleep. Time and time again. Tu ne souhaites pas que l'on te voit ainsi. Ni Torquil, ni Louis, ni les domestiques qui ont pour ordre de faire apparaître et disparaître les plateaux repas sans te déranger.
Tu ne souhaites pas voir Marlon.
Tu aurais aimé qu'il ne naisse pas.
Tu aurais préféré qu'il n'existe pas.
17/03/1958
Troisième grossesse. Ce sera la dernière, tu n'as pas eu trop de difficultés à convaincre Torquil, après tout, tu lui as déjà donné ce qu'il souhaitait et par deux fois. Quand le test est revenu positif, tes mains ont tremblé, ton coeur s'est serré. Et si encore on t'immobilisait en t'empêchant de sortir de la Maison et de ton lit ? Et si à sa naissance, tu te retrouvais dans le même état que pour Marlon ? Ou pire encore.
Mais ce n'est pas arrivé, c'est même tout le contraire, cette période de neuf mois à peine a été la plus douce des trois.
Torquil n'était pas là durant l'accouchement, mais cette fois il n'était même pas derrière la porte quand tu as commencé à faire tout le travail. En déplacement. Il est de plus en plus souvent en déplacement, te donne à distance des directives pour l'éducation de vos fils qu'il a pris en main. Tu t'es souvent demandée s'il avait une ou plusieurs aventures. Des maîtresses. D'autres histoires en dehors de l'ennuyeux mariage que vous partagez. Tu l'espères. Plus il ira voir ailleurs et moins il ira se soucier de ce qu'il se passe chez toi.
Tu aimerais bien qu'il se soucie un peu plus de l'enfant qui vient de naître. Petite fille adorable dont le deuxième prénom est celui de ta tante. Elle t'a fait sourire quand elle s'est vidée sur l'infirmière juste après avoir poussé son premier cri. Et tu l'as prise dans tes bras, vous vous êtes regardées et tu as ressenti quelque chose de puissant exploser dans ta poitrine. Tu n'es pas cassée, en voilà la preuve. C'est donc qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec ton second fils. Ce n'est pas toi le problème, tu n'es pas cassée. Elle t'a souri en poussant les babillements des nourrissons et t'a attrapé le doigt alors que tu demandais sèchement à la professionnelle de partir. Comment ose-t-elle insulter un nouveau-né !
tu lui caresses délicatement son petit nez. Et en la berçant doucement, tu lui parle de ta voix fatiguée dans un français toujours aussi impeccable même après toutes ces années.
Je suis désolée que tu sois née fille dans un monde d'hommes. La vie ne te fera pas de cadeaux, mais je te promets que je t'enseignerais tout ce que je sais pour que tu retombes toujours tes petits pieds. Sa main libre attrape doucement les petits petons à travers le linge. Les yeux de Myrthild se ferment ; de ton côté, tu es exténuée mais tu n'as pas sommeil, tu veux la regarder un peu plus longtemps et continuer à lui parler. Tu as toujours été plus vulnérable après les accouchements. Ce n'est pas quelque chose que tu apprécies, mais en l'occurence tu peux bien te le permettre. Il n'y a personne d'autres que vous deux et le silence règne. Louis et Marlon viendront demain pour voir leur soeur. Peut-être que Torquil sera avec eux. C'est une question pour demain. Pour l'instant, il n'y a que ta fille qui dort paisiblement et toi qui lui parles. Et toi qui l'aimes déjà.
10/01/1972
cw : mention d'addiction (alcool) ; empoisonnement Tu arrives chez toi aussi tard que tous les autres soirs, dans une Maison où règne le silence. Tu enlèves ton manteau et le laisse tomber, ton elfe de maison apparaît alors pour le ramasser et disparaître tout aussi discrètement. Ils ont appris à ne se faire voir et entendre que lorsque vous le souhaitez. Tu pousses un soupir dont l'écho n'atteint aucune oreille. Tes enfants sont tous à Poudlard maintenant, ce n'est pas comme si quelqu'un t'attendait. Torquil n'est pas là. Encore. Tu retires tes chaussures, enfonce tes pieds engourdis dans des chaussons réchauffés par un sortilège, et te dirige d'abord vers ton bureau. La même routine, la même rengaine. Des gestes automatiques. Le manteau, les chaussures, le bureau, le verre de porto. La respiration. Les épaules remuent et se détendent. Ton corps s'enfonce sur le fauteuil, les jambes tendues et surélevées. Une autre gorgée. Une autre respiration. Un autre verre.
Ce n'est qu'alors que tu t'autorises à sourire tandis que tu te remémores le cours de la journée. Une graine plantée, un bouquet offert, une marche bientôt empruntée. Tu revois la joie de celle dont tu convoites le poste lorsque tu es venue pour la féliciter. Tu entends ses remerciements, tu sens encore sa main contre la sienne, une obligation désagréable. Un mauvais moment à passer mais qui portera ses fruits. Il ne te reste qu'à attendre et continuer de fournir les mêmes efforts chaque jour. Elle n'aurait jamais dû obtenir ce poste pour commencer, Edalyn ne l'a obtenu que parce qu'elle couche avec le patron, c'est é-vi-dent. Lorsqu'elle sera temporairement écartée, tu pourras entrer en jeu et alors ils ne voudront plus que tu retournes à ton simple bureau d'assistante. Devrais-tu éprouver de la culpabilité ? Des remords ? Une quelconque émotion ? Il n'y a qu'un trou béant. Aussi sonore que les silences de ta demeure. Aussi tonitruant que ta solitude. Aussi grandiose que ton sourire.
Tu as bien mérité un troisième verre de porto. La journée a été longue.
1990
Vos pas résonnent sur la pierre qui mène au tombeau familial, vous vous trouvez à l'avant du cortège : Louis, Myrthild et toi. Un silence lourd s'étend à perte de vue. Ils sont venus nombreux pour lui rendre un dernier hommage, Torquil avait peu de véritables amis mais de nombreux alliés. Il savait comment tirer les ficelles, non pas que ton mari te racontait ses manigances, mais des années passées à l'observer t'avais permis d'arriver à tes propres conclusions sur l'homme qui partageait ta vie.
Tu ne l'aimes pas, ne l'as jamais aimé, n'a même pas essayé.
A-t-il cru un jour à tes paroles mielleuses ? Quelle importance, il ne voyait en toi qu'une acquisition de choix pour arriver à ses fins.
Vous arrivez enfin jusqu'au lieu de son repos éternel, ce n'est pas trop tôt ! Tes pieds te font souffrir le martyr, quelle idée de marcher comme des moldus par pure tradition. Tu te positionnes à côté de tes enfants tandis que les autres s'installent sur des fauteuils. Tu ne prononces pas un mot, tes lèvres demeurent scellées et tes joues sèches. Tes yeux dissimulées par des lunettes de soleil ne voient aucune larme les quitter. Pourquoi pleurer un homme dont le Départ est pour toi la dernière chaîne qui te tenait prisonnière. Marlon est enfermé au froid à Azkaban. Et vous savez ce qu'on dit : Loin des yeux, loin de l'esprit - étant donné qu'il avait toujours été loin de ton cœur. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, te voilà cinq ans plus tard à vivre tandis que ton époux trépasse. Les étoiles s'alignent enfin. Tu pourrais sourire, mais la présence de ta famille et de ces vautours ainsi qu'une bonne éducation te retiennent. Tu ne t'en priveras pas une fois rentrée.
Il est mort. Et tu es libre.
Ta main se pose sur celle de ta fille. Que pensent tes enfants de sa mort ? tu leur poserais bien la question, mais on n'évoque pas ce genre de sujets. Tu as bien une idée en ce qui concerne Louis, un doute même. Même si celui-ci se confirmerait, tu n'en dirais rien.
quand c'est à ton tour de jeter de la terre, tu agites ta baguette - tu ne te risquerais pas à salir tes gants - en observe avec délectation le cercueil s'enfoncer sous la terre. Il emporte avec lui XX années d'un mariage de sel qui t'a pourtant permis d'être là où tu es aujourd'hui. Et à l'abris des oreilles indiscrètes, tes mots formulent des paroles silencieuses. "
Merci pour tout Torquil. Merci pour rien aussi." Et tu déposes une fleur, une seule, infusée d'un sortilège qui devrait l'empêcher de revenir sous une quelconque forme. On n'est jamais trop prudents.