tw: mort, cimetière

"It's ... getting ... colder." La silhouette fantomatique à côté d'elle se met à trembler alors que l'entrée du cimetière de Godric's Hollow est passée. Berxwedan l'étudie du coin de l'oeil. La gamine (malheureusement, déjà décédée depuis très certainement quelques bonnes décennies à en juger par ses vêtements) observe les alentours avec le même air affolé que prennent les proies traquées par un prédateur bien plus gros. "It means we're getting closer to whatever that's been bothering you down there." fait-elle, pensive. Berxwedan doit le reconnaître : elle le ressent aussi, le froid. Une seconde couche gelée qui s'abat sur son épiderme par-dessus la météo hivernale, un froid spectral qui la saisit de l'intérieur et fait claquer ses organes d'une violence inouïe. Le genre de froid qui n'annonce rien de bon : la langue-de-plomb le sait par expérience.
Blythe (car c'est là le nom de la défunte qui lui montre la route) s'agite un peu sur sa droite. Berxwedan s'arrête, l'interroge du regard. Il est toujours plus difficile de répondre aux requêtes des enfants venus la supplier. D'une part, car ils sont beaucoup plus insistants que les autres esprits - ensuite, parce qu'il est plus difficile de les gérer. La petite rousse en est le parfait exemple. Du haut de ses éternels douze ans, il est assez ardu de parvenir à saisir toutes ses réactions. "That way. It's- that way!" Les yeux écarquillés sont pointés en direction d'un caveau familial, vieux et recouvert de mousse, si bien qu'il est impossible de lire une quelconque information. Not scary at all. Soupir. Berxwedan retrousse ses manches, fronce les sourcils et étudie l'endroit. "Let's hunt your bully down." Car c'est bien pour ça qu'elle est là. S'occuper du "monstre" (ce sont là les mots de l'enfant) qui terrorise les autres défunts du cimetière.

Ce n'est pas la première fois qu'elle pénètre dans un caveau. Les cimetières lui sont terriblement familiers. Loin du mutisme froid qu'on leur accorde habituellement, Berxwedan les a toujours trouvés rassurants. Elle se souvient des après-midi passées à nettoyer les pierres tombales avec sa mère, tantes et ses cousines partageant leur don. We ought to respect the dead. That's what our ability is all about. Les mots sont gravés dans son esprit. Berxwedan n'est cependant pas sûre d'avoir réussi à leur faire honneur, ces dernières années : et l'absence de sa mère à ses côtés ne fait que la rendre plus amère encore. La voilà qui se retrouve seule pour gérer les demandes des défunts et leurs attaques mentales, sa famille lui ayant tourné le dos. So much for sticking together, hm?
Le silence prend bien assez vite le dessus. Il n'y a que le son de ses propres pas. Blythe ouvre la marche d'un demi-millimètre, se retourne toutes les dix secondes pour s'assurer que Berxwedan la suit toujours et ne l'abandonne pas. Malgré la sensation de froid la prenant de plus en plus, elle persiste. L'outre-tymbiste ne revient jamais sur une promesse faite à un défunt. Elle avance et - "Who's there ?" Pas de réponse. Elle plisse les paupières et continue d'avancer. Elle a entendu quelque chose. Elle en est sûre. Blythe aussi, à en juger le regard affolé qu'elle lui lance. "Reveal yourself." continue-t-elle, en se saisissant de sa baguette (plus pour la forme que pas réel besoin). C'est plus impressionnant de voir une baguette pointée dans sa direction d'un index (c'est un fait).

Toujours pas de réponse. Berxwedan perd patience. Elle commence à penser qu'elle a imaginé le son - pourtant, Blythe finit par s'agiter et attire son attention sur un énième couloir. "Miss Kaya! Look!"Sans hésiter, la langue-de-plomb s'y jette à la suite de la défunte et se retrouve dans une grande pièce, dans laquelle se trouvent deux silhouettes. Blythe reste dans l'entrée, tétanisée sur place. La brune en déduit qu'elles viennent de débusquer leur grand méchant monstre. "Which one is it, Blythe?" fait-elle en se penchant vers l'enfant. Il y a deux silhouettes, elle ne voudrait pas les confondre. "The creepy one ..." Elle aimerait bien lui dire que ça ne l'avance pas à grand-chose, mais se contente de hausser des épaules. This will do. Elle fait signe à Blythe de rester là où elle est et avance plutôt vers les deux silhouettes. Au fur et à mesure qu'elle se rapproche, elle est bien obligée de faire la différence entre les deux : il y en a une considérablement plus glauque que l'autre, appartenant à un homme d'à peu près son âge. "If I were you, I wouldn't stand that close to this ... spirit. I've got some business with it."  adresse-t-elle platement à ce-dernier. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il fait là?