Août 1987 : Naissance sur l'île de Jeju en Corée, Dan-bi sa mère l'a mise au monde dans les eaux salées de la mer jaune, là où elle-même est née.

Mars 1989 (2 ans) : Haneul, la mère de Conan et sa "grande tante", décède : du haut de ses deux ans, la petite ne comprend pas trop ce qu'il se passe. Au fond d'elle, pourtant, les graines d'une peur sont plantées : celle d'être abandonnée.

1990 - 1991 (3 - 4 ans) : So-youn décède, rejointe par So-ra son arrière grand-mère très peu de temps après, emportée par le chagrin.

Le décès de ces femmes matrones dans sa vie l'incite à resserrer davantage son lien à la communauté mais aussi à son aspect traditionnel. Si bien qu'Iseul souhaite devenir Haenyeo, mais aussi Animagi, comme sa mère Dan-bi, et comme d'autres femmes de sa famille avant elle. Elle souhaite à tout prix sentir vibrer son île et les siens en elle, pour que plus jamais elle ne craigne de les perdre.

1996 (9 ans) : Commence à plonger en apnée de manière plus sérieuse. Elle ramène son premier coquillage à basses profondeurs et elle est fière comme jamais. Iseul veut faire "comme maman", mais aussi comme toutes celles qui l'ont élevée.

1999 (12 ans) : Débute sérieusement son apprentissage pour devenir Animagus, comme sa mère.

2001 (14 ans) : Iseul rencontre une jeune fille de son âge, originaire de Séoul et uniquement là pour trois semaines de vacances. Elle sympathise rapidement avec elle et deviennent amies. Elles garderont contact des années plus tard.

2003 (16 ans) : Iseul fait office de guide touristique pour remplacer une amie à sa mère qui n'était pas en état. Elle s'est proposée presque aussitôt, mais s'est aussi confrontée à l'ignorance des étrangers qui ne voient là qu'une carte postale immaculée. Sauf qu'à chacun de leur pas, à chacun de leur geste malheureux, cette carte postale peut s'abîmer.

2004 (17 ans) : Première transformation, elle se découvre en baleine de Minke. Elle regrette de ne pas avoir pu le montrer à son oncle, dont ils n'ont plus vraiment de nouvelles depuis un certain temps. Dan-bi est aux anges et Iseul n'a jamais été aussi heureuse, car pour la première fois, elle se sent complète. Son royaume est enfin marin.

30 juin 2006 (18 ans) : Rongée par l'inquiétude, sa mère finit par s'en aller pour le Royaume-Uni pour ramener Conan. Iseul l'encourage, ne craint pas, naïvement sans doute, qu'elle ne puisse pas en revenir. Elle prend en charge le petit business familial et poursuit sa vie, avec l'espoir de revoir sa mère et son oncle rapidement. Avec elle, reste l'animal animixé de sa mère, comme un gage de sa sûreté.

Juillet 2006 (18 ans) : Si les communications étaient déjà difficiles avec Dan-bi, elles cessent presque brutalement cette fois-ci. Iseul sent l'inquiétude monter en elle, non loin suivi de cette féroce envie d'aller les chercher à son tour. Un mois plus tard, la jeune femme se fait une raison et met toutes ses compétences - de tchatche, de persuasion, de détermination et de débrouillardise - à disposition pour trouver un passeur qui la guiderait illégalement vers l'Angleterre.

Septembre 2006 (19 ans) : Pour ça il faut se rendre sur Séoul, et c'est ce que fait Iseul, non sans souffrir de cette séparation avec sa terre natale, son berceau. Il lui faudra jouer des coudes mais surtout s'armer de patience pour qu'enfin, le miracle survienne.

Août 2007 (20 ans) : Deux jours après son anniversaire, comme un signe, elle se fait enfin contacter par l'Ordre du Phoenix. C'est le moment.

Mi-octobre 2007 (20 ans) : Arrive à Shell's Cottage avec un sac à dos peu fourni et des chaussures usées, elle est Cercle 1, considérée comme réfugiée et en attente d'intégration. Déracinée, c'est le mot. Ce mois va être difficile pour Iseul, d'autant plus qu'un lockdown secoue l'organisation et rend les personnes plus sous tension qu'elles ne le sont déjà. La seule chose qu'on lui dira à ce moment-là est de rester confiné et d'attendre qu'on lui dise quoi faire. Avec tous les autres, Iseul s'est montrée très peu patiente malgré ses efforts. Ayant été habituée à vivre en plein air, cette configuration a mit à rude épreuve ses nerfs déjà affaiblis par ces derniers mois de voyages et tribulations. Tout ça sans savoir si Conan ou sa mère étaient vraiment là, parmi ces résistants, bien en vie...

Fin décembre 2007 (20 ans) : Enfin, Iseul devient cercle 3 et s'installe dans la planque de La Madriguera. Elle recherche activement Conan et sa mère, maintenant qu'elle est capable d'avoir plus d'informations et de contacts humains autour d'elle. Gonflée à bloc, et surtout à l'électricité après avoir été cloîtrée pendant un certain temps, Iseul va devoir tenter de se tempérer pour espérer mener à bien son enquête. C'est ça ou il faudrait sombrer dans les tréfonds dans lesquels elle patauge, quand on a pas besoin d'elle pour faire l'interprète.

Iseul est née dans un environnement où les selkies et descendant.es de ces dernier.es ont été membres éminents de sa famille, de sa communauté. On pourrait même dire que ces dernier.es faisaient partie du décor de Jeju, sinon de son essence propre. Elle n'a donc aucun complexe lié à la nature de son sang mixed, baigné du sel de la mer jaune, et en éprouve au contraire une certaine fierté. Pour toutes celles qui sont passées avant elle, ses aïeules et aïeux, qu'elle croyait pendant longtemps malades comme sa mère à certains cycles lunaires, il y a du respect et surtout la volonté de les honorer pour tout ce qu'iels ont traversé. Sans doute l'aurait-elle vécu autrement si Iseul n'avait pas qu'un quart de cette mélancolie dans ses veines, ce qui n'est pas le cas de sa mère qui éprouve des épisodes dépressifs profonds lorsque la lune est morte. Si bien que ces cycles ne lui sont pas fatals, bien que peu agréables à traverser. Rester au plus proche de l'eau lui est toutefois nécessaire, mais cela tiendrait sans doute plus de l'habitude viscérale que de la portée de son sang.

outre le fait qu'il s'agisse d'une transmission naturelle au sein de sa famille, Iseul s'est sentie investie par le devoir de faire comme sa mère, de marcher sur ses pas. Mais pas que : comme les autres descendants de selkie, et même si chez elle c'était moindre, elle a ressenti le besoin féroce d'être complète, de ne faire qu'un avec la mer. Raison pour laquelle son apprentissage a été tôt, comme ça a été le cas pour ses aïeux et aïeules proches, pour conserver ce lien avec l'eau qui leur a été "arraché" par l'entremêle de sang sorcier.
Iseul a donc douze ans lorsque Dan-bi se charge de son apprentissage pour devenir animagi. Si bien que les séances de plongées étaient un peu plus rares, mais utiles pour pouvoir canaliser le souffle et par extension, sa volonté. Elle lui a expliqué ses dangers, mais aussi ses bienfaits, une fois qu'elle aura réussi le processus. Processus long, pénible, mais gratifiant : elle lui en a presque fait la promesse, alors que le doute parasitait un peu le cœur de son enfant.
C'est à seize ans, après les tribulations que l'on connaît aux maîtres de cette magie, que la première transformation survient. Tout semblait être écrit, puisqu'elle avait déjà entendu le double-battement de cœur, mais ce que Dan-bi ne lui avait pas dit, c'est que la douleur allait être atroce.
Et elle l'a été.
L'énorme rorqual - pourtant qualifié de petit, dans sa dénomination - semblait pourtant calme, vu de l'extérieur, à nager là, pourtant, au dedans, il s'est joué un véritable combat. L'instinct de l'animal était venu se greffer sur la volonté d'Iseul, et il avait fallu l'écouter plus que lui faire violence, l'apprivoiser plus que le combattre. Sa mère l'a accompagné sous forme animale aquatique, à ce moment-là, pour pouvoir l'aider à reprendre contact avec la réalité, son côté sorcier, et surtout cette nécessité de revenir à sa forme humanoïde. Tout s'est bien terminé.
La fatigue a été terrible, et Iseul, dans un premier temps, lui en a voulu de ne lui avoir rien dit concernant la douleur qui allait survenir. Puis, peu après, c'est la fierté et la joie qui sont arrivées. Elle s'est entraînée, a continué, prenant le temps de se redécouvrir, elle et le petit rorqual qui vivait alors en elle. Enfin, Iseul se sentait complète, et il n'y a pas plus grande joie et gratification que ça.