Octobre 2007, York. Dès que Dean se réveille, il est pris d’une violente nausée qui a la bonne idée d’être accompagnée d’un sévère mal de crâne. Il sait qu’il doit se lever - seulement pour éviter de créer un bazar qu’il devra nettoyer plus tard - mais pour l’instant n’y arrive, échoué sur le canapé de la Tour. Il n’a pas voulu s’aventurer au-delà du salon en rentrant, les marches plus les fantômes qui hantent son ancienne chambre étant assez pour le convaincre que le canapé vieillot de son ancienne planque ferait l’affaire pour une courte nuit. Les marques physiques de la veille se font de plus en plus sentir alors que, peu à peu, ses souvenirs de la vieille lui reviennent. Ne pouvant plus tenir, il se précipite vers l’évier de la cuisine (Désolé Alexis, désolé Vanessa) et laisse sa nausée gagner la bataille. Même sa cervelle semble toujours vibrer dans son crâne, il trouve tout de même un certain soulagement, soufflant doucement en se passant un peu d’eau fraîche sur le visage et effaçant les dégâts d’un coup de baguette magique.

Ce n’est qu’une fois qu’il se retourne pour reprendre place sur le canapé qu’il se rend compte qu’il n’était pas tout seul, Raheem , très visiblement sur le point de partir en mission de ravitaillement, perché sur la commode, une pomme à la main et un rictus sur les lèvres. “Dure nuit ?”

“La ferme,” Dean lui répond, l’embarras d’avoir été vu dans une telle position lui laissant un goût encore plus amer dans la bouche que celui de l’alcool qu’il vient de recracher.

Raheem ne fait que sourire de plus belle cependant et détourne son regard de Dean pour le porter un peu plus loin, vers l’escalier. “Faut que j’y aille. Il est tout à toi. Tu me raconteras.”

Dean se sent de plus en plus mal, se doutant très bien de qui se tient derrière lui. Et lorsqu’il tourne la tête, c’est sans surprise qu’il tombe nez à nez avec Vanessa.

Le rire de Raheem accompagne sa sortie alors qu’il lance au-dessus de son épaule, “Bonne journée, vous deux !”

“T’es là depuis quand exactement ?” Dean demande à Vanessa, presque tristement, espérant qu’elle ne l’a pas vu souiller leur évier. Son évier.

Il prend ensuite place à table, se doutant que ça ne sert à rien de retourner s’affaler sur le canapé. Maintenant qu’elle est là, il sait qu’ils vont devoir parler. Et étonnement, cela ne lui déplait pas plus que cela; il a beaucoup de choses à dire.

“J’espère que ça dérange pas que je sois venu passer la nuit ici. On était au Jorvik hier soir et… Comme tu peux le deviner, je n’étais pas tellement en état de transplaner.” A vrai dire, les derniers instants de la soirée sont encore un peu flou dans sa tête mais ça, son entrée gracieuse dans la Tour, il s’en souvient - même s’il préférerait que ça ne soit pas le cas. Un miracle que personne ne se soit réveillé. En tout cas, il l’espère.

octobre 2007, La Tour

Quelques coups légers contre la porte de sa chambre, un grincement, une tête qui passe le cadre et un : « Y a une surprise en bas, à ta place je tarderais pas trop. » juste assez fort pour lui faire ouvrir les yeux. Raheem et l’art du réveil …  La réponse servie est loin d’être aussi claire, elle ressemble davantage à mélange de « quoi ? », de soupirs et « j’arrive » assortis d’un « j’espère que c’est pas des conneries. » en prime. « Mais non, t’inquiète, allez dépêche ça va te plaire. » La porte se ferme, la couette est repoussée au pied du lit avant de revenir vers elle. Encore 5 minutes. Juste 5 petites minutes pour émerger, rassembler un semblant de motivation et enfiler une tenue un peu plus chaude que son pyjama. 5 minutes qui s’étirent jusqu’à en devenir dix, c’est presque pareil de toute façon … et puis personne ne tient de minuteur, si ?

Mais arrivée en bas des escaliers, elle assiste à une scène qu’elle n’aurait définitivement pas qualifiée ‘’d’agréable surprise’’ contrairement à ce qu’on lui avait vendu. Quoi que. L’avis est finalement partagé. Dean. Dean à la Tour, le sourire qu’on lui connaît tant apparaît sur son visage, faisant écho à celui que Raheem lui adresse depuis la commode. Dean qui vide le contenu de son estomac dans l’évier. Image beaucoup moins sympathique qui transforme le sourire en grimace collective. Eww. Une remarque fuse justement à ce sujet et trouve une réponse immédiate. La nuit a dû être animée et ils sont aux premières loges pour en constater le résultat. “Faut que j’y aille. Il est tout à toi. Tu me raconteras.”  Sourires complices et hochements de tête. La promesse est faite et sera honorée.

La porte claque derrière lui, et ils ne sont plus que deux au rez-de-chaussée.

Interrogée sur ce qu’elle a pu voir, alors qu’elle descend les dernières marches, Vanessa lui répond avec honnêteté. « Juste assez longtemps pour avoir pu profiter du spectacle. » Elle se moque, mais n’en reste pas moins pleine de compassion. Les lendemains de soirée peuvent parfois être bien moins sympas que les soirées elles-mêmes, preuve en est, le réveil brutal auquel Dean vient d’avoir droit. Quelques pas de plus, et elle se trouve au niveau de l’évier – tout juste nettoyé, merci Dean pour le bon réflexe. Comme tous les matins, elle met de l’eau à chauffer pour son thé, mais l'habitude est perturbée par l'ajout d'une action, un verre tiré du placard qu’elle remplit d’eau pour le déposer ensuite devant Dean.  « C’est moins bon que ce t’as eu hier j’imagine, mais on va déjà commencer par ça. » Un verre d’eau dans un premier temps, elle composerait la suite de son menu en fonction de son envie après.

Elle s’installe en face de lui, les pieds posés sur la chaise d’à côté, en attendant son eau à elle arrive à température. Et si elle craint un instant un démarrage pénible de la conversation, Dean lui épargne en expliquant la raison de sa présence à la planque. On. Elle tique un peu, mais ne dit rien. Il n’a pas besoin de préciser qui se cache derrière le pronom, elle le devine ou croit le faire. Lui et Seamus, qui d’autre ? Lui et ses nouveaux colocataires ? Connaissant Lou, il aurait été assez raisonnable sur la boisson pour être en mesure de ramener tout le monde. A moins qu’il ne soit sorti qu’avec Cormac ? Non, ça doit être, l’autre, Seamus.

Face à l'inquiétude qu'il a d'être une source de dérangement, elle s'empresse de le rassurer. « T’es chez toi ici, tu sais. Tu viens quand tu veux et tu restes aussi longtemps que tu veux. » La troisième chambre du dernier étage est toujours la sienne, même si la majorité de ses affaires a été retiré et emmené à Sweet River, il y aura toujours un lit pour lui. « Vous avez passé une bonne soirée ? » La question mérite d’être posée, il a bu – beaucoup vu l’état dans lequel il est – et il est seul. Ça peut vouloir dire plein de choses. Un tas de choses.

Dean grimace à la réponse de Vanessa. "Juste assez longtemps pour avoir pu profiter du spectacle." Il s'excuse à voix basse, se doutant qu'elle a déjà dû voir pire que ça mais quand même, y a mieux comme réveil. Il la remercie quand elle pose le verre d'eau devant lui. "C’est moins bon que ce t’as eu hier j’imagine, mais on va déjà commencer par ça." Moins bon, faut voir. Pour l'instant, Dean pourrait en descendre des dizaines comme ça. Il a l'impression d'avoir la gorge aussi sèche que du parchemin. "Merci, docteur." Il tente la plaisanterie. Au final, il sait que Vanessa ne va pas lui tomber dessus pour ça, mais quand même, il se sent obliger de l'amadouer.

"T’es chez toi ici, tu sais. Tu viens quand tu veux et tu restes aussi longtemps que tu veux," Vanessa le rassure, ses mots lui réchauffant le coeur même s'il n'est pas sûr de toujours voir cet endroit comme tel. Il a eu dû mal à se faire à Sweet River au début mais aujourd'hui... Revenir à la Tour lui donnerait l'impression de ne pas faire face à sa nouvelle condition et il ne veut plus de ça. "J'essaierai d'être plus en forme pour ma prochaine visite." Il suppose que Vanessa et les autres apprécieront s'il évite de renouveler ce spectacle pour les prochaines fois.

Dean sent alors l'atmosphère changer, une espèce de tension qui semble venir entièrement de lui alors que Vanessa lui pose la question fatidique. "Vous avez passé une bonne soirée ?" Dean n'a pas dit avec qui il était et Vanessa ne semble pas vouloir lui demander. Soit elle attend qu'il le dise de lui même, soit elle s'en doute déjà. Il penche plutôt pour la deuxième option, ce qui lui laisse penser que si elle évite de prononcer son nom, c'est à cause de ce que Seamus lui a raconté et ça... Il va vraiment falloir qu'ils en parlent. Mais pas tout de suite. D'abord, il doit dire ce qu'il a à dire. "C'était..." il commence en cherchant ses mots, ne sachant lui même pas vraiment quoi en dire. On ne peut pas dire que ça se soit mal passé, bien au contraire, mais Dean s'est clairement laissé aller, hier soir. Il a dit des choses qu'il serait presque prêt à décrire comme risquées maintenant que l'alcool n'affecte plus son jugement. Il n'ose même pas essayer d'imaginer ce que Seamus peut bien penser de tut ça, de lui, après sa prestation d'hier soir. "C'était bien," il commence prudemment, pensant ses mots pour essayer d'amener doucement Vanessa dans la tornade qui perturbe actuellement ses pensées. "Avec Seamus, je veux dire," Il précise quand même, histoire qu'il n'y ait pas de quiproquo. Dean n'aime pas trop ça les quiproquo. Etonnamment bien. "Et... différent. J'irais pas jusqu'à dire que c'était comme avant parce que vraiment, c'était très différent d'avant, mais c'était... bien," il répète à nouveau, faute de mieux. "Rassurant, même. De savoir que Seamus et moi, on est pas devenu ces deux personnes totalement différentes et inconnues incapables d'être amis." Il souffle un peu, se lève pour remplir son verre d'eau qu'il descend aussitôt, et reprend, "Après ce que je lui ai dit à l'infirmerie, j'étais sûr que c'était fini, que j'avais définitivement perdu mon meilleur ami. Mais hier soir," il sourit très légèrement, plus pour lui que pour Vanessa, avant de finir, "je sais pas, c'était presque facile. Simple et naturel. On était juste nous, Seamus et Dean. Pas de guerre ou de Résistance, ou de Gracefield, ou de loup-garous. C'est incroyablement reposant," il conclut avant de remplir à nouveau son verre pour retourner s'asseoir en face de Vanessa, prêt à attaquer les choses sérieuses. "Bien sûr, on a d'abord dû parler des trucs sérieux mais je crois que Seamus était aussi pressé que moi de passer à autre chose, au final."

Un petit sourire amusé accueille son « Merci, docteur. » Combien de fois il a pu lui sortir ça … c’est un peu l’histoire de leur amitié. La première fois qu’elle l’avait rencontré, vraiment rencontré après Poudlard, elle s’était occupée de lui. A ses retours de missions, elle s’est souvent chargée de lui, par principe. Son rôle à elle, et elle le prend très à cœur, c’est de s’occuper de leur petit groupe, de s’assurer que tout le monde va bien. Même lorsqu’il s’agit simplement d’un lendemain de soirée compliqué

« T’as plutôt intérêt, ouais. » L’avoir entre les murs de la planque est une chose, l’avoir en bon état en est une autre. « Tu sais que tu nous manques, hein ? » Heureusement qu’elle devait pas lui dire ! C’était le deal, Dean avait décidé de chercher à accepter au mieux sa nouvelle nature en restant et en signe de soutient, Raheem et elle s'étaient entendus sur le fait qu'ils devaient tout faire pour l’encourager. Mais après tout ce temps passé à vivre quotidiennement ensemble, elle doit bien reconnaître que même plusieurs semaines plus tard, c’est toujours aussi perturbant qu’il ne soit plus là avec eux.

Sa question posée, il ne lui reste plus qu’à attendre sagement la réponse. "C'était .. ‘’   Horrible ? Malaisant ? Affreux ? Bizarrement, tous les adjectifs qui lui viennent sont loin d’être les plus positifs qu’elle connaisse pour qualifier une sortie qui aurait dû l’être. "C'était bien," Ouf. Bien, l’opposée de ce qu’elle s’apprêtait à proposer en termes de qualificatifs. "Avec Seamus, je veux dire" Elle détourne le regard à l’évocation du prénom de Seamus, soudainement plus aussi certaine de vouloir savoir la suite. Elle avait donc raison. Les chaussettes qu’elle porte sont très confortables, le tissu est doux, agréable au toucher aussi .. Elles gagneraient à être plus épaisses sous la plante du pied, mais quand même très confortables. Non, bon, elle veut quand même savoir un peu, et puis Raheem compte sur elle, non ? Alors pour la promesse faite à peine quelques minutes plus tôt, elle fait un effort. Dean lui a tout l’air d’avoir envie de partager et elle est bien incapable de le repousser. Son dos vient s’appuyer contre le dossier de la chaise et elle adopte une posture plus attentive à ce qu’il raconte, alors qu’il se relève pour remplir son verre.  "Après ce que je lui ai dit à l'infirmerie, j'étais sûr que c'était fini, que j'avais définitivement perdu mon meilleur ami."  Quel épisode … Elle ne se souvient que de sa conversation avec lui dans les grandes lignes, une fois Lena et Seamus partis. Pas la plus joyeuses qu’ils avaient pu avoir, entre ses confessions à elle, sa culpabilité à lui, le cocktail du jour n’avait pas été fameux. ‘’ Mais hier soir, je sais pas, c'était presque facile. Simple et naturel. On était juste nous, Seamus et Dean. Pas de guerre ou de Résistance, ou de Gracefield, ou de loup-garous. C'est incroyablement reposant," A l’écouter, il a l’air effectivement d’aller bien, d’avoir apprécié de pouvoir passer du temps avec l’autre. Et quelque part, elle est contente pour lui, il mérite ce genre de petits bonheurs simples. Il le mérite vraiment. « Je suis contente pour toi. » Qu’est-ce qu’elle pourrait dire d’autre quand c’est ce qu’elle pense, vraiment?

"Bien sûr, on a d'abord dû parler des trucs sérieux mais je crois que Seamus était aussi pressé que moi de passer à autre chose, au final." Des trucs sérieux ? Est-ce que son nom a été amené dans la conversation ? Ou alors sérieux comme, tu fais quoi demain ? Le haussement de sourcils ne lui échappera pas, c’est peine perdue pour tenter d’avoir une expression plus neutre, pourtant, elle tente quand même sa chance. « Faut bien commencer par quelque chose, et puis comme ça, vous avez pu profiter de votre soirée plus légèrement une fois que ça a été fait. » Elle la trouve pas trop mal sa tentative. « Et euh … il va bien sinon ? » Qu’il n’aille pas dire après qu’elle ne fait pas d’efforts pour s’intéresser à son meilleur ami, elle vient de lui demander comment il va.

"Tu sais que tu nous manques, hein ?" Dean lui sourit, un peu tristement. Il n'a pas vraiment le cœur de lui dire que ça lui fait mal d'être ici, qu'il ne se voit pas revenir vivre à la Tour. Pas pour l'instant en tout cas. Ça n'enlève rien au fait que Vanessa, Raheem, et Nacho lui manquent mais il n'est pas sûr d'arriver à exprimer ce qu'il ressent par rapport à cet endroit sans la vexer - même si involontairement. "Je suis là, non ? Et même quand je suis là-bas, je reste à portée de transplanage. C'est pas comme si j'étais barré en France..." La pseudo plaisanterie sort toute seule et ça, plus la présence de Vanessa en face, lui rappelle une nouvelle fois ce que Seamus lui a dit hier soir. Ça lui revient comme un flash et il essaye de réconcilier l'image qu'il a de Vanessa avec celle que Seamus lui a décrite mais, pour être honnête, les pièces du puzzle ont du mal à s'emboîter.

Vanessa semble sincère quand elle lui dit, "Je suis contente pour toi," et Dean est alors assez optimiste pour se dire que ça doit vouloir dire que la chamaillerie entre Vanessa et Seamus n'est pas si grave qu'elle en a l'air. Plus tard, quand elle ajoute "Et euh... il va bien sinon ?" Il décide donc de se lancer.

"ça avait l'air d'aller, oui. Il n'a pas l'air de trop m'en vouloir pour ce que j'ai dit après mon retour, donc c'est déjà ça. Par contre... Il a parlé de quelque chose..." Dean essaye d'amener ça tranquillement, ne veut pas que Vanessa se sente accablée, même si, si ce que Seamus a dit est vrai, elle est en effet peut-être allée trop loin. "Il a parlé de votre... discussion, le soir de l'assaut et euh.. de ce que t'as pu lui dire ce soir-là." Dean se mord la lèvre, mal à l'aise à l'idée de se retrouver à jouer les intermédiaires entre ses deux meilleurs amis. Il aimerait bien pouvoir tourner la page sur tout cet épisode, passer à autre chose, mais d'abord, il doit savoir. "Il m'a dit que t'avais été assez... dure avec lui... que t'avais... que t'avais dit... Vanessa, t'as souhaité sa mort ? C'est vrai ?" Dean a du mal à masquer la tristesse dans sa voix quand il dit ça. Il a la gorge sèche et le cœur retourné rien qu'à l'idée que Vanessa puisse penser ça de Seamus.

"Je suis là, non ? Et même quand je suis là-bas, je reste à portée de transplanage. » La réponse apportée n’est pas tout à fait celle qu’elle espérait entendre. Il n’a pas vraiment tort, il a eu le réflexe de venir passer la nuit ici, et puis ils sont tous en mesure de transplaner pour se retrouver à leur âge. Le sourire qu’elle lui rend est timide, la solution est simple, mais elle oserait difficilement se rendre à Sweet River. Si ses compétences et sa bienveillance sont généralement appréciées, elle n’en reste pas moins qu’une sorcière aux yeux de certains résidents, elle n’est pas comme eux. « .. C'est pas comme si j'étais barré en France... » Il aurait pu évoquer n’importe quel autre pays, n’importe quelle autre destination, la plaisanterie qu’elle devine aurait fonctionné. Mais la France ? Il y a comme un goût amer dont elle connaît parfaitement l’origine qui lui revient à l’évocation de celui-ci.

Aujourd’hui encore, elle reste mitigée quant au retour de Seamus – ou plutôt sur sa personne tout entière. Que Dean lui confie être en bons termes avec l’irlandais après ce qu’ils avaient pu se dire à St James, est une bonne chose. Elle connaît son attachement pour lui, mais elle sait également ce qu’une conversation avec Seamus peut donner. « Par contre... Il a parlé de quelque chose... » Elle relève le nez. Se doute déjà de ce que peut cacher le quelque chose qu’il mentionne. "Il a parlé de votre... discussion, le soir de l'assaut et euh.. de ce que t'as pu lui dire ce soir-là." Bien sûr qu’il lui en parlé, elle aurait dû s’en douter. Ses dents viennent pincer l’intérieur de sa lèvre. Qu’est-ce qu’il a pu lui dire ? Jusqu’où est-il allé dans les détails ? "Il m'a dit que t'avais été assez... dure avec lui... que t'avais... que t'avais dit... Vanessa, t'as souhaité sa mort ? C'est vrai ?"  Loin. Visiblement, il n’a rien caché de ce qu’elle avait pu dire. Et elle paierait cher pour être loin aussi, à cet instant. A-t-il pensé à lui partager les mots qu’il avait eu pour elle ? Probablement pas.

« Je … » La justification commence mal. Sa seule hésitation suffit à la trahir. Elle pourrait tout nier en bloc, mais à quoi bon ? Seamus lui a livré sa version et en creusant un peu, Dean pourrait retrouver une série de témoins en quelques heures, puisqu’ils avaient eu la bonne idée de se donner en spectacle devant une belle assemblée. « Je l’ai pas formulé exactement comme ça … enfin … je crois pas… non…» Les bras croisés, elle ne sait plus où se mettre. Reconnaître l’une des pires choses qu’elle ait pu prononcer sans tout à fait le faire, elle se sent comme les funambules sur leur fil, un mauvais mouvement et la chute serait assurée. «  … j’ai … j’ai peut-être dit que de vous deux, j’aurais préféré que ça soit toi qui revienne. » Peut-être, non, ça c’est certain, elle l’a dit, mais elle continue à marcher sur des œufs. « On .. vous aviez dit que vous reviendriez, que vous veilleriez les uns sur les autres et … » Elle souffle, cherche ses mots, cherche aussi un endroit où accrocher son regard pour reprendre un peu d’aplomb sans pour autant y parvenir. « et … t’étais nulle part. » Sa tête bouge doucement de droite à gauche alors que ses doigts jouent avec le tissu de son pull. « On avait regardé partout, et t’étais nulle part … » Dans son esprit tout se tient, la justification est bonne, mais le sera-t-elle aussi pour Dean ? Quelque chose lui dit qu’il lui en faudra un peu plus pour comprendre le pourquoi du comment elle en était arrivée à souhaiter une chose si terrible.

Dean ne sait pas quoi penser. Il ne sait même pas vraiment comment réagir. Il connaît Vanessa depuis longtemps maintenant, une dizaine d’années, quasiment la moitié de sa vie et s’il sait une chose sur elle c’est qu’elle n’est pas méchante. Elle n’est pas mesquine, elle n’est pas vicieuse. Il sait aussi que ce soir là, le soir de l’assaut des battues, personnes n’avait les idées claires, personne n’avait de recul ou le temps de peser ses mots. Dieu sait que Dean a continué à surfer sur la vague de "je suis traumatisé, laissez moi dépasser les limites" longtemps après juste cette soirée là.

Il sait donc très bien le pourquoi du comment Vanessa a pu en venir à parler ainsi à Seamus. En tout cas il peut le comprendre. (Après tout, il n’était pas là. C’est bien ça le problème.)

Mais il a bien vu Seamus hier. Il l’a entendu parler de Vanessa et de leur échange cette nuit là et il ne peut pas se sortir cette image de sa tête. Seamus a toujours été quelqu’un de très fier (c’est un gryffondor après tout) il ne laisse donc jamais filtrer la quelconque vulnérabilité mais hier soir… Dean a vu quelque chose. Un flash. Ce que Vanessa a pu lui dire, il l’a pris à cœur et honnêtement, Dean le comprend.

"Je … Je l’ai pas formulé exactement comme ça … enfin … je crois pas… non…   … j’ai … j’ai peut-être dit que de vous deux, j’aurais préféré que ça soit toi qui revienne."

Dean fronce les sourcils. Il ne cherche pas à blesser Vanessa ou à lui faire la tête (même s’il pense que c’est que Seamus attend de lui.) Elle est sa meilleure amie et il sait qu’elle ne le pensait pas vraiment. Il n’empêche qu’elle a prononcé ces paroles. Ça compte pour quelque chose et Dean souffre pour Seamus qui devait déjà être au plus bas et qui a du entendre ça.

"On .. vous aviez dit que vous reviendriez, que vous veilleriez les uns sur les autres et … et … t’étais nulle part. On avait regardé partout, et t’étais nulle part …"

Dean souffle et frotte son front (parce que mine de rien, sa cuite lui tape encore sur le crâne). "Précisément Vanessa… je n’étais pas là." il la regarde, son regard sûrement emplit de déception. Il a l’impression d’être un parent qui gronde son enfant. Il n’aime pas être dans cette position là. Encore moins avec Vanessa. Mais après ce que Seamus lui a dit, lui a avouer a demi mot sur ce que l’accueil que lui a réservé l’ordre à son retour lui a fait ressentir, Dean ne peut pas laisser passer ça. "Seamus et moi… peu importe les sentiments que je puisse avoir pour lui, peu importe les difficultés qu’on a pu avoir depuis son retour, Seamus et moi on est meilleurs amis. C’est mon meilleur ami et je suis le sien. Depuis notre premier jour à Poudlard, notre toute première nuit. On a fait route à bord du Poudlard express ensemble, on était dans la même barque, on a été reparti ensemble et on a partagé un dortoir pendant six ans. Quand la plus part de nos amis lui ont tournés le dos en 5ème année, il n’avait que moi et… même si c’est compliqué, cette amitié… ça ne changera pas, ça n’a pas changé. Alors essaye de comprendre… Vanessa, on est parti ensemble et il est revenu seul. Il n’avait aucune nouvelle de moi, il n’avait aucune nouvelle de Lee ou de Cormac. Il était seul à devoir gérer Ginny et Ruben et… tu lui sors ça ? Je… je sais que c’était dur pour toi. J’imagine à quel point c’était dur pour vous tous ce soir là. Mais je sais que pour Seamus, c’était pire. Alors entendre ça…" Il marque une pause, souffle parce qu’en disant ça, il souffre encore plus pour Seamus qui visiblement se sent très seul et Dean se déteste de ne comprendre vraiment que maintenant l’étendu de cette solitude. Il était jaloux de Lena hier soir mais il comprend enfin qu’il devrait la remercier, l’embrasser et la serrer dans ses bras jusqu’à lui couper le souffle parce qu’elle fait ce que Dean aurait du faire au lieu de bouder dans son coin.

"Je comprend pourquoi tu as du mal avec Seamus. Tu veux me protéger et vraiment je t’adore pour ça. Je t’ai montré que j’étais en colère contre lui et tu m’as suivi mais… faut pas qu’on continue comme ça. Seamus est plus courageux que nous deux réunis. Il savait que revenir à l’ordre serait très dur et pourtant il est là et il ne se plaint pas, encaisse tout. Mais ça ne veut pas dire qu’on a le droit de se défouler. Tu n’es pas la seule en tort mais moi, il a entendu ce que j’avais à dire. Peut être que toi aussi, tu devrais t’excuser ?" Le peut être n’est bien entendu là que pour la forme. Il compte bien voir ses deux meilleurs amis se rabibocher et le plus tôt sera le mieux.

L’explication donnée ne convainc pas, comme elle s’y était attendue, mais elle ne s’était certainement pas préparée à lire de la déception dans les yeux de Dean. Ce simple constat suffit à l’enfoncer davantage dans sa chaise. Elle qui a toujours cherché à se montrer à la hauteur des attentes de tout le monde, a réussi à décevoir son meilleur ami.

« Alors essaye de comprendre… » Parce que c’est lui, elle va essayer, elle ne promet pas de réussir l’exercice, mais elle va tenter. « Vanessa, on est parti ensemble et il est revenu seul. Il n’avait aucune nouvelle de moi, il n’avait aucune nouvelle de Lee ou de Cormac. Il était seul à devoir gérer Ginny et Ruben et… tu lui sors ça ? » Face à toutes les informations qu’il lui pose sur les épaules depuis le début de sa tirade, marquant certains mots plus que d’autres, elle a du mal à croiser son regard. Elle voit ce qu’il cherche à faire, aurait certainement chercher à faire quelque chose de similaire si les rôles avaient été inversé, mais il n’empêche que c’est difficile. Très difficile. « Je… je sais que c’était dur pour toi. » Elle se mord la lèvre, cherche un point fixe où accrocher son regard pour ne pas laisser les larmes monter. Elle ne pleurera pas. Pas ce matin. « J’imagine à quel point c’était dur pour vous tous ce soir-là. Mais je sais que pour Seamus, c’était pire. Alors entendre ça… »  Il le dit lui-même, c’était dur pour tout le monde ce soir-là. Si à aucun moment elle ne s’est projetée à sa place, elle doute que l’autre ait cherché à le faire aussi. "Je comprends pourquoi tu as du mal avec Seamus. Tu veux me protéger et vraiment je t’adore pour ça. Je t’ai montré que j’étais en colère contre lui et tu m’as suivi mais… faut pas qu’on continue comme ça. » Il a raison, jusqu’à ce qu’il ne décide un jour de lui parler de son meilleur ami, elle n’avait pas entendu parler de Seamus Finnigan depuis Poudlard. Et encore … en entendre parler était un bien grand mot. Son nom était peut-être arrivé une fois jusqu’à elle lors d’une session d’entraînement de l’AD sans qu’elle y prête plus d’attention. Mais comment faire tomber tous ces ressentiments quand ils avaient passé tant de temps à les nourrir ? Dean semble avoir facilement mis de côté toute cette colère, pourra-t-elle en faire autant ? Elle en doute, ils ont été loin dans leurs propos, mais elle peut-être un peu plus. « Seamus est plus courageux que nous deux réunis. » Et tu l’es plus que moi aussi, qu’elle manque d’ajouter. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont été envoyés à Gryffondor tous les deux. Le Choixpeau ne se trompe jamais et Seamus a bien veillé à lui rappeler qu’elle ne faisait pas grand-chose à part se planquer. Elle a beau s’impliquer, accepter des responsabilités et porter fièrement ses cinq cercles depuis presque un an, il n’empêche qu’il n’a pas tort.  « Il savait que revenir à l’ordre serait très dur et pourtant il est là et il ne se plaint pas, encaisse tout. Mais ça ne veut pas dire qu’on a le droit de se défouler. »  C’était pourtant si facile à faire ces dernières années … « Tu n’es pas la seule en tort mais moi, il a entendu ce que j’avais à dire. » La suite se dessine un peu trop facilement après le mais. « Peut être que toi aussi, tu devrais t’excuser ?" C’était prévisible, pour autant, elle n’est pas certaine de se sentir capable de croiser la route de l’irlandais et d’être celle à prononcer les trois mots que Dean semble attendre d’elle. Derrière cette pseudo-possibilité qu’il lui met sous le nez, elle sait très bien que c’est plus quelque chose qu’il lui impose. Elle doit aller s’excuser. « Je sais pas, Dean … » Il est évident que c’est la chose à faire, logique même, que ça soit à elle d’aller vers Seamus, pourtant elle a toutes les difficultés du monde à s’imaginer le faire. Est-ce qu’il acceptera seulement de se trouver à nouveau dans la même pièce qu’elle ? Est-ce qu’il voudra bien l’écouter ? Ou bien est-ce que rancunier, il fera tout pour enfoncer un peu plus le clou ?

« Non, attends, laisse-moi terminer. » Il faut qu’il lui laisse chercher un instant la meilleure façon de présenter les choses. « Je sais que j’aurais jamais dû lui dire ce que j’ai dit ce soir-là. » Là-dessus, tout le monde semblait s’entendre, même les simples témoins. « Mais à sa place, tu voudrais vraiment te retrouver dans la même pièce que moi ? tu écouterais vraiment ce que je pourrais avoir à dire ? » S’il lui répond non, ce serait une victoire, un ticket pour éviter une nouvelle confrontation. Ils pouvaient bien vivre sans se croiser, non ? Ça avait parfaitement fonctionné depuis l’été. Mais s’il lui répondait ‘oui’, qu’est-ce qu’elle pourrait faire contre ça ? Face à une nouvelle joute verbale contre Seamus, qui avait toutes les chances de se produire, elle sait déjà qu’elle perdrait. Elle n’oserait pas. Tous ces regards sur elle, les murmures des jours qui ont suivi, … ça ferait trop, elle ne supporterait pas. « Tu l’as dit, tu es son meilleur ami, il t’a écouté et probablement déjà pardonné parce qu’il tient à toi et à votre amitié. Je t’aime aussi, si c’est ce qu’il faut que je fasse pour que toi, tu me pardonnes, je le ferai. Mais – y a toujours un mais … - entre Seamus et moi ça s’annonce compliqué. On n’a rien en commun, enfin à part toi. » Et leur ressentiment l’un envers l’autre aussi. « Il faudra plus qu’une soirée autour d’une bière pour qu’on puisse en rire et passer au-dessus de ce qui s’est dit cet été quand on a cru que ... cet été quoi.» Il faudra bien plus de bières ... « Je suis même pas sûre qu’on puisse en rire ensemble un jour, tu vois. » En tout cas, à l’heure actuelle, la situation paraît bien impossible à ses yeux. « A sa place, je refuserais ou alors j’irais en serrant les dents et à reculons. » Le combo idéal pour une conversation animée.

« Tu voudrais pas plutôt lui dire que je suis désolée, à ma place ? » Ce serait l’option la plus simple.

Les mots viennent facilement a Dean. Il n'y réfléchit pas vraiment, dit à Vanessa exactement ce qu'il pense et, comme souvent, il suppose qu'elle va voir où il veut en venir, qu'elle acceptera de faire la paix et qu'ils pourront vite tous passer à autre chose. Tout reviendra à la normal et Dean ne sera plus coincé entre Seamus qu'il lui a clairement fait comprendre dans quel camp il devait se ranger et Vanessa qui, il sait, ne pensait pas à mal et n'a pas du réaliser le poids de ses mots - même s'il est clair pour Dean qu'elle a fauté.

Malheureusement, la réponse de Vanessa à sa longue tirade n'est pas vraiment ce à quoi il s'attendait.

"Je sais pas, Dean …" Dean a déjà une réponse sur le bout de la langue, est prêt à lui rétorquer que la solution est très simple et que vraiment ils peuvent sortir de cette situation inconfortable (il le faut !) mais Vanessa ne le laisse pas la couper. "Non, attends, laisse-moi terminer. Je sais que j’aurais jamais dû lui dire ce que j’ai dit ce soir-là. Mais à sa place, tu voudrais vraiment te retrouver dans la même pièce que moi ? tu écouterais vraiment ce que je pourrais avoir à dire ?"

Vanessa n'a pas tord. Il sait mieux que quiconque a quel point Seamus peut se montrer difficile. Et dans cette situation, il peut difficilement le blâmer, n'importe qui d'autre et Dean l'aurait sûrement encourager. Mais il s'agit de Vanessa.

"Si tu fais le premier pas, il acceptera peut être," Dean lui répond sans trop y croire. Pas tout de suite en tout cas, c'est sûr. Mais ils peuvent toujours essayer.

"Tu l’as dit, tu es son meilleur ami, il t’a écouté et probablement déjà pardonné parce qu’il tient à toi et à votre amitié. Je t’aime aussi, si c’est ce qu’il faut que je fasse pour que toi, tu me pardonnes, je le ferai. Mais entre Seamus et moi ça s’annonce compliqué. On n’a rien en commun, enfin à part toi." Dean ne retient pas le sourire qui étire ses lèvres aux mots de Vanessa. Il est touché et ému, l'affection des autres étant son principal carburant. "Il faudra plus qu’une soirée autour d’une bière pour qu’on puisse en rire et passer au-dessus de ce qui s’est dit cet été quand on a cru que ... cet été quoi."

Cet été quoi. Le nouveau tabou. Dean ne sait pas vraiment si ces non-dits ne s'applique qu'à lui ou si tout le monde à l'Ordre a encore du mal à en parler directement. C'est en tout cas loin de le déranger. Il ne sait pas s'il entendrait aussi bien ce que Vanessa veut lui faire comprendre si c'était accompagné d'un "quand on a cru que t'étais mort. Parce que t'es resté coincé sur l'île avec Cormac et que vous avez été attaqué et que vous avez été obligé de vous débrouillez tous seuls parce qu'encore une fois on pensait que vous étiez morts." "Je suis même pas sûre qu’on puisse en rire ensemble un jour, tu vois. A sa place, je refuserais ou alors j’irais en serrant les dents et à reculons."

"Je comprend," Dean répond, déçu mais pas vraiment surpris. Vanessa n'a pas totalement tort. Le petit confort de Dean ne peut pas être le seul critère.

"Tu voudrais pas plutôt lui dire que je suis désolée, à ma place ?" Dean rit doucement. "Er, ça serait pire ? Crois moi, la dernière chose que tu veux c'est que je joue les intermédiaires entre Seamus et toi. Déjà parce que Seamus pourrait croire que je prend ton parti dans cette histoire et ça..." Il grimace avant de se dépêcher d'ajouter, "Je veux dire, je suis dans votre camp à tous les deux et justement je veux pas me retrouver au milieu d'une gueguerre. Parce que crois moi, Seamus..." Il fait une pause, mesure ses paroles pour éviter de mal présenter la situation. "Il ne te connait pas vraiment. Si sa seule vision de toi vient de cette soirée, je crois qu'on est tous les deux d'accord pour dire que ce n'était ni la meilleure, ni la plus véridique. Si tu vas lui parler dans un autre contexte, je suis sûre que vous pouvez mettre à plat ce qu'il s'est passé et passer à autre chose." Dean explique, ses mains serrant son verre devant lui. "Mais quoi que tu décides de faire - parce que t'inquiète pas, je ne vais t'obliger à rien - tu devrais t'excuser quand même, Ness."

Face aux arguments de Dean, elle se fait toute petite, parfaitement consciente que des deux, elle est la fautive.

"Er, ça serait pire ?" Ça valait quand même le coup de demander. "Crois moi, la dernière chose que tu veux c'est que je joue les intermédiaires entre Seamus et toi. Déjà parce que Seamus pourrait croire que je prend ton parti dans cette histoire et ça..." Elle repose les yeux sur lui, craint un instant, qu’il ne se soit définitivement rangé du côté de Seamus. Appréhension rapidement dissipée. Quoi que … pas tout à fait, Dean ne veut finalement pas se mouiller, et c’est peut-être pour le mieux.  "Il ne te connait pas vraiment. " Elle ne le connaît pas non plus. Encore une fois, Dean marque un point. "Si sa seule vision de toi vient de cette soirée, je crois qu'on est tous les deux d'accord pour dire que ce n'était ni la meilleure, ni la plus véridique. – elle confirme d’un mouvement de la tête, ne pouvant s'empêcher de constater que pour un mec qui se remet mal de sa soirée, il a beaucoup trop raison – Si tu vas lui parler dans un autre contexte, je suis sûre que vous pouvez mettre à plat ce qu'il s'est passé et passer à autre chose." La question reste de trouver le contexte dans lequel ils pourraient être amenés à se parler l’un et l’autre. Ce n’est pas exactement comme s’ils fréquentaient les mêmes planques ou même lieux. A l’exception du Jorvik apparemment.

"Mais quoi que tu décides de faire - parce que t'inquiète pas, je ne vais t'obliger à rien - tu devrais t'excuser quand même, Ness." Elle le croit. Il ne lui forcera pas la main, mais elle le connaît aussi suffisamment pour savoir qu’il reviendra de temps en temps pour savoir si elle a tenté quelque chose.  "Ok, d’accord. J’essayerai d’aller lui parler." Pas de date précise, pas d’heure non plus. Elle a besoin d’un peu de temps pour réfléchir à ce qu’elle pourrait lui dire pour ne pas qu’il démarre au quart de tour. Leur dernière conversation a été tellement houleuse, qu’elle peut presque déjà voir Seamus balayer chacune de ses paroles. Et le pire, c’est qu’il aurait raison de le faire. Elle soupire, dépité devant l’ampleur de sa mission. Quoi qu’elle dise, elle sait bien en son for intérieur qu’aller parler avec Seamus est la meilleure chose à faire. Il faut qu’elle s’excuse. Qu’il accepte ou non ses excuses importera peu finalement, même si elle se vexera s’il ne le fait pas. L’échec lui a toujours laissé un goût amer, un sentiment d’insatisfaction profond. Mais si au moins, elle parvient à lui présenter ses excuses, elle pourra dire à Dean qu’elle a essayé. "Il ne va pas me rendre les choses faciles, tu le sais ça ? Il a l’air assez buté pour me faire ramer un long moment." C’est un Gryffondor, irlandais de surcroit, forcément il a du caractère ! Il a sa fierté. "Comment je peux faire pour qu’il m’écoute ?" Elle peine à croire qu’elle est en train de demander de l’aide pour pouvoir envisager une réconciliation avec Seamus. "Y a des sujets qu’il aime bien ? Des trucs qu’il aime bien faire qui pourrait faciliter la conversation ?" Immédiatement, elle pense au bar. L’alcool pourrait aider. Ou au contraire, balayer toutes les chances de voir leur relation s’apaiser un jour et donc que Dean lui pardonne ses mots envers son meilleur ami.  "Non, parce que je suppose qu’il est pas du genre à se poser devant un match de foot comme on peut le faire. " Pouvait ? Depuis l’été, leur routine en a pris un coup. C’est comme si le passage de Dean à Gracefield avait amoché leur amitié. Ils ont beau sourire, plaisanter avec Raheem, elle ne peut s’empêcher de constater que tout à changer. A commencer par son absence à la Tour. "J’me trompe ? " Ce serait quand même étrange de partager ça avec Seamus. Elle le voit plutôt fan de Quidditch que de sports moldus. Mais ne serait-ce pas étrange d'avoir ce genre de conversation à ce moment-là ? Elle voit d'ici les noeuds au cerveau que cet engagement va lui créer.