Le Chaudron Baveur - Octobre 2007 "Euh... Je me souviens plus. Euh, c'est 15 ou 20 ?" Paris jette un regard noir au gamin qu'elle a en face d'elle, commençant réellement à perdre patience. Elle est honnêtement à deux doigts de commencer à taper du pied. Les soirée de Sanders ont toujours été l'un de ses meilleurs spots de ventes. Malheureusement, elles sont aussi les plus risquées, son commerce n'étant pas vraiment du goût de son ami. (Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tenter le coup avec lui à plusieurs reprises.) Après quelques rembarrages, loin d'être bons pour son ego, Paris a donc décidé de faire les choses... disons... plus discrètement. Ce qui se prouve être difficile quand elle tombe sur des amateurs qui n'ont aucune idée de ce qu'il font. "C'est 25," Paris répond sèchement, comptant déjà dans sa tête la belle petite marge qu'elle va se faire. "Maintenant magne toi avant que ça passe à 30." Elle a vu Sanders roder dans les parages donc ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'il tombe sur elle. Il ne manquerait plus qu'il la prenne en flag. Heureusement, son client semble enfin percuter que ce qu'ils font est illégal puisqu'il s'active un peu plus, glisse à Paris la somme demandée avant de vite prendre la fuite, visiblement terrifiée par elle. Paris esquisse un léger sourire. Ses méthodes de vente se rapproche en général plus de la séduction que de l'intimidation mais parfois, ce n'est pas trop mal de rappeler qu'elle est, avant tout, une harpie et donc qu'elle a certaines cartes à jouer.

Elle regarde le gamin partir, presque soulagée d'en avoir fini avec lui. Vraiment, un boulet. Comme ça, on aurait pu penser qu'ils ont le même âge, c'est comme ça que Paris sait qu'elle doit bien avoir 10 ans sur lui. Si jeune et déjà consommateur. Tragique.

Elle fait demi-tour pour se fondre à nouveau dans la foule, peut être à la recherche d'un autre client, avec un peu de chance moins empoté, mais tombe finalement sur Noris Sanders, le fameux, organisateur de la soirée et, par la force des choses, ami de Paris. Il est au comptoir et lui fait des grands signes de la main pour la faire venir à lui. Elle s'exécute donc, légèrement soulagée d'avoir pu finir sa vente avant de tomber sur lui. "Hey ma belle ! Ca fait longtemps que j't'ai pas vu ! Je te sers quoi ?"

"Hello Noris," Paris lui répond avec un grand sourire à peine forcé. C'est le travail, bien sûr, alors elle présente bien, fait tout pour se faire inviter à nouveau. Mais Paris mentirait si elle disait ne pas réellement apprécier Noris. "Oh tu me connais moi, je suis quelqu'un de simple. Je vais prendre un Veela's Kiss," elle commande avec un clin d'oeil.

"T'sais, j'ai presque cru qu'America Clarke t'avait eu ! Tu racontes quoi depuis l'temps ?" Noris lui lance une fois qu'elle est installée et servie. Paris rit, plus pour elle que pour lui, et touille le contenu de son verre avec sa paille avant d'en boire une gorgée et d'hausser les épaules. Elle n'est pas vraiment sur le point de tout lui déballer, comme ça. "Oh tu sais... le travail. J'étais à droite à gauche. Rien de bien palpitant." Elle boit à nouveau avant d'ajouter, "En parlant de palpitant, superbe soirée. ça m'avait manqué. J'ai vu pleins de nouvelles têtes. Faudra que tu me présentes."

Il a quelque chose quand même, ce Noris. Paris aime ce qui brille - au sens propre comme au sens figuré - donc il était tout naturel pour elle de graviter autour de lui. Mais au delà de tout ça, il a un charme facile, une personnalité engageante qui peut le rendre tout aussi agaçant qu'attachant. C'est un savant mélange, une harmonie inconsciente qui fonctionne sans qu'il y pense vraiment, elle en est sûre.

"Ne m'en parle pas, je n'ai pas arrêté, c'était éreintant. Alors que pourtant, après la disparition de Potter et l'insécurité, on aurait pu s'attendre à ce que les clients baissent. Et en fait non. Preuve qu'il est pas si célèbre que ça le gars." Paris acquiesce, l'écoute attentivement en mordillant sa paille et en lui faisant des yeux de biches. Il parle de Potter, le gars qui a disparu. Paris n'est pas sûre d'avoir tout compris mais apparemment c'est grave, un coup des rebelles visiblement. Il est clair que cette histoire, c'est le dernier soucis des Warlocks. Mais elle garde la face face à Noris. Cette soirée, c'est bien un acte désespéré, de sa part à elle, pour faire illusion, prétendre que tout va bien et que les affaires sont toujours aussi bonnes alors qu'au sein de son cercle, tout part à vau-l'eau.

Paris sait comment s'y prendre avec Noris alors elle le brosse dans le sens du poils, lui dite exactement ce qu'il veut entendre et ça fonctionne à merveille, si bien qu'elle en perd presque son sérieux. "Bah avec plaisir. Tant que tu leur vends pas de drogue hahaha !"

"Hahaha," Paris répète, riant plutôt de lui qu'avec lui. Cela lui ferait presque de la peine de se servir de lui comme ça, si ce n'était pas si gratifiant. "C'est fini ça, tu me connais," elle continue, le sourire toujours éclatant. "Je suis une fille bien, maintenant," elle ajoute avec un clin d'oeil.

Elle tourne un peu la tête et croise le regard d'un de ses clients habituels. Elle essaye de lui faire un geste discret pour lui dire "pas maintenant" mais il ne saisit pas, s'avance quand même vers eux. Heureusement, il est plus intelligent que le gamin de tout à l'heure et Noris semble un peu distrait par sa soirée donc l'échange se passe vite, sans plus de mots qu'il n'en faut pour brièvement salué une connaissance. Quand il s'en va, Paris regarde Noris, un peu inquiète, mais il semble toujours incrédule et préfère lui parler de son verre. "Alors, ton cocktail, il est bon ? J'ai un peu customisé la recette, pour que ce soit plus savoureux avec une texture proche du sirop de branchiflore"

"Délicieux," Paris répond, elle qui a toujours été connu pour boire un peu tout et n'importe quoi. "De la branchiflore, sérieux ?" elle demande, l'air émerveillée. Elle ne sait pas vraiment ce que c'est, une branchiflore, mais elle a déjà entendu ce mot et ça a l'air fancy alors elle se note d'en parler à Kamala, pour le Phoenix. "J'y aurais jamais pensé."

Elle finit son verre mais elle est encore loin d'être rassasié alors elle attrape le bras de Noris, lui plantant presque ses faux ongles oranges dans la peau -presque - et se colle contre lui, décidée à faire un peu de networking. "Tu me présentes alors ? ça fait longtemps que j'ai pas rencontré de nouvelles têtes !"

“Mais tu as toujours été une fille bien. Tu as eu une mauvaise passe, c'est tout. Et nos actions nous définissent pas.” L’idée fait sourire Paris, rire presque, mais elle se retient du mieux qu’elle peut pour ne pas tout gâcher. A la place, elle acquiesce de façon solennelle, l’air très sérieux. “Merci. C’est d’avoir de bons amis comme toi qui me permet de rester sur le droit chemin. Tu me donnes envie d’être une meilleure personne.” Et avec ça, elle lui offre un sourire qui laisse apparaître toutes ses dents parfaitement blanches, et ajoute un clin d'œil, histoire de compléter le tableau.

C’est drôle de jouer les petites filles sages, surtout quand le spectateur est Norris et qu’il n’a aucune idée qu’il assiste à une mascarade, bien trop occupé par sa propre fabulosité. Paris est d’ailleurs toujours un peu étonnée par la facilité avec laquelle elle arrive à lui faire avaler tout ce qu’elle veut. Mais elle imagine qu’il est si sérieux et premier degré dans sa façon d’être qu’il serait incapable de reconnaître une farce, même si on lui donnait toutes les clefs pour comprendre. Paris le trouve absolument adorable.

“Bah c'est normal, tu fais pas des cocktails.” Face à cette logique implacable, Paris ne peut que pencher la tête d’un côté en signe d’acceptation. “Certes.”

“Puis sans vouloir me vanter,” il continue, “je commence à avoir de l'expérience. Puis ce qui est bien avec la branchflore, c'est ses propriétés branchifiales. Les gens peuvent respirer dans le liquide et du coup on peut leur mettre des verres super grands pour qu'ils prennent de super grandes gorgées et ça fait qu'ils boivent plus.” Paris ricane et tapote tendrement la tempe de Norris. “Si malin,” elle le flatte en prenant bien note de tout ça pour pouvoir en parler à Kamala. Si elle parvient à revenir au Phoenix avec de nouveaux clients et des tips pour la vente de cocktails, son blason devrait être vite redorer. Si mâlin, indeed…

“- j'crois qu'il y a pas encore trop de people…” Norris lui répond quand elle lui demande de la présenter, se disant que si elle doit se débrouiller toute seule, ça prendra inutilement du temps. “T'sais, la dernière fois, y avait Thema Shackmachin... T'sais, la star de crystalréalité là !”

“Oh, c’est pas vrai !” Paris s’exclame, ayant depuis longtemps perfectionner ses réponses étonnées, émerveillées, et horrifiées, selon l’histoire que Norris a décidé de lui servir. “Puis une autre fois, y avait une autre star américaine. Serena Wissar ! Et elle, elle m'a parlé !”

“T’as tellement de chance ! J’adorerais tellement la rencontrer !” Elle continue de dérouler son script, les yeux qui brillent. Tout ça est si facile, du moins jusqu’à ce que Norris la prenne au dépourvu. “T'en connais des stars toi ? Autre que celles que t'as dans les yeux ?"

Inconsciemment, Paris ressert un peu plus sa prise sur le bras de Norris, et glousse pour masquer sa déstabilisation. Il ne peut bien sûr pas connaître sa connection avec Lucrèce mais sa première réaction est quand même de penser que la question n’est pas anodine. Elle cherche le regard de Norris mais n’y trouve rien d’autre qu’une bienveillance un peu naïve qui lui est si caractéristique. “Juste celles-ci, j’en ai peur,” elle répond un peu doucement. “Enfin, celles-ci… et toi,” elle ajoute en lui tapotant le bout du nez. “Le roi des cocktails et des soirées.” Elle prend une gorgée de son cocktail, se disant qu’il serait tout de même meilleur avec un peu d’hydromel, et continue de le brosser dans le sens du poil. “Tu dois être si satisfait. Tes soirées sont d’une réussite indiscutable à chaque fois. J’espère que tout ça ne te monte pas à la tête."

Paris accroché au bras, il se sent un peu roi du pétrole et glousse en cœur avec la brune, fier comme un coq de sa disquette sur les étoiles (il a une touche, nan ?) et encore plus fier quand on lui renvoit le compliment. Noris la star, ça sonne bien. "Le roi des cocktails et des soirées." Ohlala, on pourrait presque voir ses chevilles enflées si on lui relevait le abs de son pantalon. Il serait un chien qu'il remuerait la queue, en attendant il exibe un sourire fiérot alors qu'il tente le petit geste de main faussement modeste en mode hihi mais non ce n'est rien, je suis un homme simple et lambda moi. C'est exactement la gestuelle qui fait bizarre sur un grand gaillard de quasiment deux mètres. "Tu dois être si satisfait. Tes soirées sont d’une réussite indiscutable à chaque fois. J’espère que tout ça ne te monte pas à la tête." En fait, c'est pas Noris qui disquette qui que ce soit, c'est Paris qui disquette Noris et les joues du sorcier sont tellement écarlates qu'on en voit plus les tâches de rousseur. "Mais non t'sais, j'oublie pas d'où je viens, j'me suis construit tout seul..." Phrase super clichée mais lui, quand il dit qu'il n'a pas été pistonné, il ne ment pas (qui l'aurait fait d'abord ? sa mère moldue ou son père-parrain cracmol ?).

Des danseurs les bousculent, ils rient forts dans leurs tenues de soirée pailletées. Noris les regarde de travers parce qu'ils ont les narines bleues de worrynot. Soupir à fendre l'âme. "Roooh, regarde moi ça : J'avais dit pas de drogues parce qu'on a déjà des soucis avec la brigade et eux, qu'est-ce qu'ils font ??" Il secoue la tête, l'air passablement affligé : ça se voit que ce n'est pas eux qui risquent de perdre leur job. Si cette histoire sort d'entre les murs du sous-sol du bar, son patron va carrément lui tomber dessus et Noris n'aura plus qu'à rendre les derniers vêtements qu'il a acheté (et ça serait vraiment très triste parce qu'il a acheté les tenues assorties pour Diva). "J'me demande qui leur a vendu" marmonne-t-il dans sa barbe, inconscient de qui il a au bras. "Tu le sais toi ?" qu'il demande avec une naïveté digne du record mondial. Il est obligé de crier par-dessus la musique : la playlist habituelle a été remplacée par le dj invité pour la soirée et l'ambiance s'embrase. "Tu danses ?" demandé à Paris, lui offrant sa main à la place de son bras pour la conduire au milieu de la piste.