tw:crude language

"Now I'm just gonna have a terrible night, thank you Dae-won" Un sourire étire le coin de ses lèvres, discret, tout juste visible, son éclat avalé par ce qui s’apparenterait presque à une gêne légère en lui “demandant” (pour ne pas dire ordonner) de rester avec lui ; ce n’est pas précisément de la gêne, pas exactement, plutôt un gargouillis qui ronronne à peine dans son coeur et son esprit, un sentiment peu agréable et surtout malvenu qui n’a pas vraiment lieu d’être, et pourtant qui ne le quitte pas depuis que eux ont quitté cette tente sur la plage. Malvenu, parce qu’il s’agit de Lena, et Dae ne devrait même pas se poser ce genre de questions ; malvenu, parce que Lee est-- et il n’a pas vraiment le droit d’y penser. Quel genre d’ami il est, bordel, pour l’un comme pour l’autre ? La pensée est ravalée, puis étouffée par la voix d’Elena : ”I guess I didn't have time to finish packing....” Ses yeux suivent d’eux-mêmes le sac posé un peu plus loin, qu’il vient tout juste de remarquer - merde, elle avait vraiment l’intention de se barrer. Fucking Lena - une expiration amusée lui échappe en enfonçant de nouveau la tête dans le matelas pour mieux la tourner vers elle. ”You really started packing your things, I can’t believe you”, commente le résistant avec une pointe de raillerie soulignée par le regard qu’il lui adresse, d’autant plus impactante que sa propre impulsivité (dissimulée derrière une fausse couche de self control) l’aurait certainement poussé à faire quelque chose de similaire, dans sa situation. Ils n’ont certes, rien à voir, mais ils se ressemblent sur bien des points, et il est toujours amusant pour Dae de le constater, même dans des circonstances comme celles-ci.

Il reste immobile lorsqu’elle pivote sur le ventre, baisse les yeux brièvement sur son pull qui vient effleurer son bras, avant de les relever jusqu’au grand sourire qui emplit sa poitrine d’une forme de bien-être, presque de soulagement. ”Aaaaand I need someone to go get me noodles in the kitchen.” Alors là, elle peut toujours rêver ; et même s’il le voulait, Dae-won n’est pas certain que ses jambes arrêteraient à le porter, maintenant qu’il s’est étalé sur son lit et que la fatigue commence à retomber sur ses muscles endoloris par de trop longues journées debout, et ses récentes blessures. ”Don't move though-- not now. − Oh I’m not going anywhere”, réplique Dae en haussant les sourcils ; et le reste de ses paroles est ravalé par la tête de Lena qui vient chercher le creux de son épaule, et naturellement son bras s’écarte pour l’y accueillir et mieux se refermer dans son dos. Il n’a jamais été tactile, c’est le moins que l’on puisse dire, mais la sorcière est définitivement de celleux qui sont parvenu.e.s, à force de contacts répétés, à faire retomber, puis entièrement cesser ses protestations. Il se sent à l’aise, en tenant Lena dans ses bras, une occurrence particulièrement fréquente ces derniers temps - ils en ont tous les deux besoin, de cette chaleur, de ce réconfort, de cette certitude qu’ils ont l’un l’autre

Et c’est vraiment tout ce qui compte.

Quelques secondes de silence s’installent, pendant lesquelles Dae-won ferme les yeux, et prend tout juste conscience de cette fatigue qui se mêle à ce bien-être, ainsi que la certitude qu’il pourrait rester des heures ainsi (peut-être même s’endormir ainsi, ce ne serait pas la première fois ni la dernière). Il n’en a pas l’opportunité, cependant, ses paupières s’ouvrant de moitié en sentant Lena remuer tout juste contre lui. "You know... I'm not Mr Bossy-Grumpy-Boss, so I won't say I don't want you to do this, but...
− But?” Évidemment, qu’il y a toujours un mais, et qu’ils ne pouvaient pas juste s’endormir tout ça, tout habillés, à moitié de travers sur le lit. Pitié qu’elle ne cherche pas à revenir sur le sujet des multiples incidents de la journée, il n’est pas certain de réussir à garder son calme et à ne pas l’envoyer copieusement chier pour de bon. Ils ont enfin retrouvé un semblant de calme, et s’ils pouvaient en profiter juste une minute… ”Just find someone else for Moran. Don't go and question him, alright? I'm not saying it because... you know.” Les sourcils de Dae se froncent aussitôt, et il relève légèrement la tête ; son égo ne peut s’empêcher d’être piqué, titillé par cette pointe d’incompréhension et, surtout, le Moran-et-Esteban-gate. Est-ce qu’elle le pense incompétent ? D’où ça sort ? "He's like a bloody six-hundred years old smartass with an overdeveloped smell, and he knows shit. And if he doesn't, he will." Si c’était son genre, à cet instant précis, le sorcier lèverait certainement les yeux au ciel. Mais il se contente de pincer les lèvres et de lui offrir un regard qui en dit long. Il ne sait pas (encore, il prendra tout le temps qu’il faut pour interroger autant Lena que le vampire) ce qu’il s’est passé exactement, ni dit dans cette salle d’interrogatoire, mais une chose est certaine : Moran a réussi à atteindre son amie, suffisamment pour qu’elle lui saute à la gorge, et suffisamment pour qu’elle s’inquiète pour lui, Dae, qui en a vu des plus menaçants que le membre de la NSFW. ”What are you going about? − ”Listen, I know you know what you're doing, I just... I don't fuck with that, Dae. Not now.” Ses yeux cherchent les siens, en vain, alors qu’elle a détourné le regard. Mais qu’est-ce que ce connard lui a fait, bordel ?

Sa langue claque contre son palais, en un son lourd de sens, l’un de ces tics dont il fait preuve quand il est irrité. Et il n’est pas irrité contre Lena, loin de là. Plutôt, c’est une nouvelle bouffée de colère contre Moran qui remonté jusqu’à ses yeux définitivement ouverts désormais, qu’il tourne vers le plafond en secouant faiblement la tête. ”Yeah, and I don’t fuck with what happened and that asshole playing games with everyone”, répond-il après avoir pris une profonde inspiration pour calmer ses nerfs qui cherchent à reprendre feu. Il replie son bras, celui qui se trouve sous Lena, pour glisser ses doigts dans ses cheveux longs, un geste devenu naturel avec le temps, qu’il a découvert terriblement efficace pour le faire redescendre (même s’il rechigne à le faire à chaque fois qu’elle lui demande). ”Moran’s my problem now, there’s no fucking way I’ll let him get away with it - and no fucking way I’ll let anybody else but me talk to him.” Do you even know who you’re talking to?, se retient-il d’ajouter, les mots lui brûlant pourtant les lèvres - ce serait inutile, Lena sait très bien qu’il ne va pas lâcher le morceau, alors qu’il lui glisse entre les lignes que, lui, sais très bien que ce qu’il s’est passé cet après-midi est entièrement de la faute de Moran (décide-t-il complètement arbitrairement). C’est d’ailleurs pour cela qu’elle lui dit ça, qu’elle a l’air de s’inquiéter pour lui et de vouloir le mettre en garde. ”I know I fucked up today,” (ces mots-ci aussi lui brûlent les lèvres, mais ils parviennent à sortir d’une voix peu enjouée) ”but that’s my job. I’ve been doing this shit for years, that’s what I do. Moran, he’s just one freak among others, guys like him don’t scare me, you know I’ve seen worse than that.” Il grommelle presque en le lui disant, un don’t worry about me qui ne sort exactement sous cette forme, mais qui transpire dans ses paroles.

Ses doigts s’enroulent dans ses cheveux, entortillant une mèche autour de son index sans quitter le plafond des yeux, une brève hésitation avec de lui sortir : ”I’m more worried about you”, lui confie Dae d’une voix plus basse, presque sur le ton de la confidence. Il s’inquiète pour elle, sincèrement, et il n’a jamais réussi jusqu’ici à lui exprimer de la sorte - à croire que ce soir, les vannes sont ouvertes. Il s’inquiète pour elle, pour une liste de raisons bien trop longues pour toutes les énumérer. ”Don’t take this the wrong way, hm? But maybe you should step back a bit, take some time off. I’m not saying you should fuck off Merlin knows where in the wilderness again, okay?” Il ne manquerait plus qu’il se fasse un second ulcère en réalisant que sa meilleure a disparu de nouveau. ”Just… Take it easy. Don’t get all burnt out like… yeah, like George.” Or like me.

tw : idiots malpolis, lowkey fluff, envahissement d'espace personnel, lenita energy

Dae cherche son regard et elle le fuit obstinément, trop occupée qu’elle est à regarder droit devant elle comme si ses pieds étaient subitement devenus l’élément le plus intéressant de la pièce ; elle entend son claquement de langue caractéristique, sa longue inspiration, sent son bras à lui qui bouge sous elle, et son pouls à elle qui s’accélère face à des signaux qu’elle reconnait un peu trop bien. Lena n’a pas la moindre envie qu’il s’éloigne là, maintenant, encore – elle se sent anormalement tendue à l’idée qu’elle puisse se retrouver seule, loin de lui, pour de vrai, et regrette instantanément ses yeux clos, son souffle plus régulier, son air presque apaisé. Quelle idiote, à toujours jeter des pavés dans la mare puis à s’étonner que Dae-won soit piqué au vif.
“Yeah, and I don’t fuck with what happened and that asshole playing games with everyone.” Elena retient de justesse un soupir, parce que la main du sorcier vient finalement trouver ses cheveux, et qu’une once de soulagement la gagne presque instantanément. So he’s pissed, but he’s not going anywhere. C’est mieux que rien – beaucoup mieux, même, puisqu’elle sent une chaleur rassurante (rassurée) monter dans sa poitrine, fruit de ce contact répété, familier, que sont les doigts de Dae sur ses boucles ébouriffées par la fin de journée. (Elle n’aurait pas l’idée de maugréer à cette attention, contrairement à lui, mais son meilleur ami a toujours eu un rapport particulier à ses cheveux – preuve en est, il pense qu’Ethan les lui coupe mieux qu’elle.) (Evidemment il est très peu objectif : qui a démêlé les locks de Lee pendant des jours quand il a décidé de s’en débarrasser ?! Bon.)

Elena préfèrerait simplement continuer à penser cheveux, et au fait qu’elle a bien fait de détacher les siens de frustration en rentrant – mais Dae a déjà repris la parole, évidemment, et ses mots ne font rien pour l’apaiser. ”Moran’s my problem now, there’s no fucking way I’ll let him get away with it - and no fucking way I’ll let anybody else but me talk to him.” C’est à son tour de fermer les yeux, par résignation toutefois – bien sûr que fucking Dae ne va pas lâcher l’affaire, de ça aussi elle aurait pu (dû) se douter. Et Lena protesterait bien, démangée par l’envie de mettre plus explicitement sur la table (les draps) son too-handsome-to-be-true-problem, et sa certitude effarée que Moran sait ; elle aimerait pouvoir articuler qu’il ne s’agit plus d’ego ou de compétences, à ce stade, mais—”I know I fucked up today.” Une objection de plus se noie dans sa gorge, gagne à peine ses yeux dans un regard désormais pas loin de virer implorant (ew), et sa main vient comme par réflexe s’agripper à son haut (faute de mieux) (elle n’a toujours pas soutenu ses œillades). “Guys like him don’t scare me, you know I’ve seen worse than that. – I know.”

Elle pourrait insister, mais ça ne changerait pas grand-chose. Ou elle pourrait insister, mais elle ne le fait pas -- par peur de faire définitivement exploser la minuscule bulle de calme qu’ils viennent de retrouver, ou de voir la main de Dae quitter ses cheveux. Comme souvent depuis l’Ile, Elena ne se trouve pas foncièrement courageuse ; lâche, même. Elle le regrettera forcément.
(Ou alors elle surinterprète – c’est sûrement ça. Dae sait ce qu’il fait. Elle lui fait confiance, évidemment.)
“Alright.” (non) Dans tous les cas, elle bat en retraite. Elle n’ajoute même pas le Please don’t put yourself in a shitty situation qui lui brûle pourtant les lèvres. We I can’t handle that, pense-t-elle. Elle n’en dit rien.

Elle n’en dit rien, mais elle pivote encore un peu pour se retrouver davantage contre lui, tête presque enfouie contre son torse à présent (ce n’est pas la position la plus confortable qui soit pour sa jambe, maintenant légèrement remontée contre celles de Dae – fuck that). Et elle pourrait s’endormir comme ça, si tenté que son cœur cesse de battre la chamade à l’idée que Dae-won ne l’ait pas entendu (pas du tout, même), et qu’il fonce tête baissée et colère au poing dans un traquenard qu’elle aurait vu venir. Elena n’a pas la force de faire mieux ; pas aujourd’hui, pas contre lui. Ça ne l’apaise pas pour autant.

”I’m more worried about you.” Cette fois, c’est elle qui vient chercher son regard. Puisque celui-ci est vissé au plafond, elle se redresse de quelques centimètres pour venir surplomber son visage et s’imposer à son champ de vision – et son cœur s’accélère encore, alors qu’elle parcoure (peut-être un peu trop) les traits tirés de son meilleur ami. (Cette fois c’est pour une raison différente, elle le sait mais elle a tôt fait de refourguer celle-ci sous le tapis d’un kick bien senti ; il ne manquerait plus que ça.) Son pouls ne se calme pas et elle sait que Dae pourrait presque le sentir – ne bouge pas pour autant, se contente de serrer les dents en pensant Get your shit together, girl. (Efficacité : zéro.) “I know," (Même s’il ne le dit pas, ou jamais avec ces mots. Elle l’a vu, à la plage. Elle sait.) “I’m sor— Don’t take this the wrong way, hm?" Elena a l’ombre d’un sourire – c’est le premier depuis un moment, mais elle sait qu’elle va mal le prendre, et sourit face à la tentative d’apaisement.
Ses propos ne sont pas si surprenants – step back, take some time off. Lena a un soupir ; un “I know” se glisse dans son expiration lasse. Elle n’est pas la plus loquace ce soir, ni même la contradictrice qu’elle se fait habituellement un plaisir d’être – mais elle ne sait pas ce qu’elle va faire à l’avenir et a le cœur serré rien que d’y penser. Elle va finir au placard, encore. (Sa place, sûrement.) Et ensuite… ? Elena s’efforce de ne pas laisser paraître à quel point la perspective la contrarie (elle l’a cherché, il a raison) ; préfère donc fuir à nouveau le regard de Dae-won en reposant sa tête contre lui. “I’m not saying you should fuck off Merlin knows where in the wilderness again, okay? Just… Take it easy. Don’t get all burnt out like… yeah, like George. – Yeah, not doing that.” (Dur à dire si elle parle de l’échappée ou du George-gate. Elle n’a sûrement pas l’énergie pour la deuxième option.) "Or I'll text you first, at least," elle sourit, ses doigts venant simultanément gratter le haut auquel ils sont toujours accrochés dans un geste qu’elle veut (voudrait) rassurant. "I swear Dae, I'll watch myself." (Sa voix est déjà moins grognonne et plus assurée).

"And so will you. Watch yourself." Ses doigts s’attaquent désormais aux cordons de son sweatshirt, s’y enroulent distraitement. Elena sait qu’elle parle à Dae-won “don’t-worry-about-me” Song, et elle tire sur une des ficelles dès qu’il fait mine de protester. "You're a motherfucking force of nature, Dae, there's no questioning that. I mean-- look at you. (Son index tapote légèrement la poitrine du sorcier.) You know I admire you for that." Sa voix est plus douce qu’elle ne l’a été de tout l’échange – plus sincère, aussi. Elle admire sa solidité, c’est plus-que-vrai, et elle se sent bien piteuse et déplacée de lui confier à quel point elle s’inquiète pour lui, quand elle-même se sait être une source d’anxiété ambulante. Mais-- "But you've lost someone too. You got hurt too. And you've barely even flinched."
Lena ne relève pas la tête pour le regarder ; ils ont trop repoussé cette conversation, et elle ne peut plus reculer. Elle n’est absolument personne pour dire à quiconque comment gérer son deuil – mais elle ne peut pas nier la boule d’angoisse qui lui serre le ventre, parfois, à regarder Dae tout encaisser alors qu’elle-même ne fait que s’effondrer (n’en déplaise au principal concerné).
Sa main glisse à nouveau, jusqu’à son sternum cette fois, se met à y tracer des formes abstraites du bout des doigts. "You need to stop carrying everything on that bloody back of yours, you know? You're the best one around, there's no need to always prove yourself or anything." (Premier coup d’œil à la dérobée, en direction de son menton. Elle sait que ça ne va pas lui plaire.) "What happened this afternoon... It was not your responsibility. And I'm not your responsibility, my dude." (Les deux derniers mots servent tout juste à alléger le propos).

Elena pose le menton à côté de sa main immobilisée. "And I may have been... slightly off the fucking rails lately, but I'm here for you too, alright? And not just to stretch these old rusty bones because "blah-blah-blah I have no time to go to a Healer", or because you get cold at night and my body temp's like fucking 45°C or so." (Ce n’est même pas vrai, elle a froid la plupart du temps en ce moment – l’idée reste la même.) (Il a été tellement là pour elle, et elle… ?!) "I'm not having a fucking burn-out if you're not playing it fucking timebomb, alright?" Peut-être que ce n’est pas totalement désintéressé – peut-être qu’elle craint de voir Dae-won s’effondrer à son tour, parce qu’elle sait qu’elle n’y arrivera pas sans lui. Ou peut-être juste qu’elle se sent redevable, et trop attachée, et trop dépendante. “This is a no-denial room”, elle prévient inutilement, doigt tendu jusqu’à pousser légèrement son menton.

Inutilement, et peut-être un peu hypocritement. Parce qu’elle ne sait pas – qu’elle elle évite d’y penser, la plupart du temps.
Elle sait qu’elle regarde Dae différemment à cause de ce qui leur est arrivé ; qu’elle ne peut pas utiliser la situation actuelle comme référence, ne doit pas la laisser chambouler trop lourdement leur amitié, que– Un grand soupir lui échappe, et Elena retrouve une installation un peu plus normale (et confortable) contre son meilleur ami (sa main reste traîner au même endroit, cependant).

Un sourire regagne ses lèvres alors que ses yeux se reposent sur le plafond. "Too bad you're not a time-off dude, we could afford another moment in that tent." Presque un rire, même. Elle ne sait pas si évoquer ce souvenir est contradictoire (ou hilarant) vis-à-vis du raisonnement qu’elle vient (fugacement) d’avoir, mais Lena semble se ragaillardir (comme souvent) en mettant copieusement les pieds dans le plat. "C'mon, you're always shitting on it, but I know you actually liked it." Son sourire s’élargit, ses épaules s’agitent d’un nouveau rire plus franc. Le bien-être qu’elle ressentait sur cette fichue plage (avec lui, grâce à lui) referait presque vrombir sa poitrine ; ça l’amuse d’autant plus, comme une mioche qui n’aurait pas vécu la moitié de ce qu’ils traversent. "You're not fooling meeee!"

(Puis, si elle voulait vraiment l’embarrasser, elle lui glisserait vraiment le Kinda thought you were gonna kiss me at some point qui lui brûle presque les lèvres, entre amusement et véritable foolishness.)

tw:mention de mort

”Yeah, not doing that.” Good. Plus facile à dire qu’à faire, Dae en est conscient et est même l’un des premiers concernés. Combien de fois il a lui-même assuré à ses proches que, tranquille, il s’est très bien ce qu’il fait, il n’a pas besoin qu’on le materne, qu’on le supervise, que l’on s’inquiète pour lui. Et combien de fois il s’est retrouvé la boule au ventre à ne pas savoir comment demander de l’aide - ils ont ça en commun, également, avec Lena, un égo parfois un peu mal placé et maladroit, même si elle sait s’exprimer bien mieux que lui. ”Or I'll text you first, at least. − Yeah you better”, réplique-t-il avec une forme de menace absolument factice dans la voix, l’ombre de sourire au coin de ses lèvres avalant toute crédibilité. Il est sérieux, pourtant ; si elle lui refait le coup de disparaître dans la nature sans prévenir… Il ne sait pas vraiment, mais ce dont il est certain, c’est que son esprit constamment au bord de la crise de nerf aurait du mal à le supporter. ”I swear Dae, I'll watch myself. − Hm-hm.” Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas franchement convaincu. Est-ce qu’ils savent réellement prendre soin d’eux-mêmes, eux, des gamins arrachés à leurs familles trop jeunes pour se lancer tête perdue dans une cause bien plus grande qu’eux, se retrouvant tout abimés et à bout de souffle dix-ans après ? Dae-won aimerait dire que oui - il n’en est pas certain, en réalité. C’est pour ça qu’ils s’entourent, qu’ils tiennent autant à leurs proches ; chacun veille les uns sur les autres.

”And so will you. Watch yourself.” Et il est difficile pour lui d’accepter ça, dans ce sens-là, quand ça le concerne. Preuve en est l’expiration qu’il pousse, proche du soupir, aussitôt réprimandé par les doigts de Lena tirant sur le cordon de son pull et sa voix qui le ramène à elle : ”You're a motherfucking force of nature, Dae, there's no questioning that. I mean-- look at you. You know I admire you for that.” Cette fois, l’expiration qui lui échappe est presque gênée - presque alors qu’il secoue doucement la tête, l’air de dire qu’elle raconte n’importe quoi. Il est au courant, que beaucoup le considèrent comme un pilier, un roc, ou whatever they say, qui ne semble jamais ployer, et Dae a toujours trouvé qu’on lui donnait un peu trop de crédit pour ça. Certes, il a la tête sur les épaules, mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien-- ”But you've lost someone too. You got hurt too. And you've barely even flinched.” Ses lèvres s’étaient entrouvertes pour lui répondre, et elles se referment aussitôt, pris à la gorge par les paroles de Lena qui lui coupent brièvement le souffle.

Dae-won ne parle pas de ça, et quand on lui en parle, il a toujours le ”chacun fait son deuil différemment” facile, parce que Dae-won emprunte toujours la facilité quand il s’agit de se pencher sur ce qu’il ressent réellement. La vérité ? Dae ne sait pas faire son deuil. Il n’a jamais su. Il garde tout enfermé dans une partie fragilisée de son coeur, porte chaque mort avec lui, alourdissant un peu plus ses pas, se trimballe en permanence les doigts de Lupita glissant sur sa joue, les rires de Fred, les tapes sur l’épaule de Lee. Ils sont là, toujours, et la douleur également. Parce que s’il accepte qu’ils ne sont plus là, s’il accepte comment ils ont disparu, comment il pourrait les venger et enfin se débarrasser de ce sentiment poisseux qui s'agglutine dans sa poitrine ?

Son cœur bat légèrement plus rapidement, là où les doigts de Lena trace des arabesques invisibles, comme si elle était capable d’en apaiser l’affolement et de le caresser directement au travers de sa cage thoracique. ”You need to stop carrying everything on that bloody back of yours, you know?” Il déteste, qu’elle le connaisse si bien. ”You're the best one around, there's no need to always prove yourself or anything. What happened this afternoon... It was not your responsibility. And I'm not your responsibility, my dude. − You kind of are, though, girl.” Comme George, Angie, tous les autres - s’il ne peut plus veiller sur la famille qu’il lui reste, à quoi il sert, en vérité ? And I may have been... slightly off the fucking rails lately, but I'm here for you too, alright? And not just to stretch these old rusty bones because "blah-blah-blah I have no time to go to a Healer", or because you get cold at night and my body temp's like fucking 45°C or so. I'm not having a fucking burn-out if you're not playing it fucking timebomb, alright? This is a no-denial room.” Dae relève le menton avec un semblant de sourire quand le doigt de Lena vient s’y poser en soupirant un ”Shit, you talk so much” tout juste amusé, une autre façon d’esquiver de devoir reconnaître (à nouveau, et à voix haute) que, évidemment, il a besoin d’elle, et qu’évidemment il est parfaitement au courant qu’elle est là pour lui. Lena ne s’en rend probablement pas compte, que sa présence a été une ligne de secours à laquelle il se raccroche fermement depuis la Libération, qu’elle a fait énormément pour lui - qu’est-ce qu’il a fait, lui, si ce n’est juste lui ouvrir sa porte et lui gueuler dessus à son premier faux pas depuis son retour ?

Lena s’installe de nouveau mieux contre lui, alors que Dae joue toujours distraitement avec ses cheveux, et il sent un poids s’ôter un peu de son torse. Il peut râler tout ce qu’il veut par moment, cela lui fait un bien indescriptible de juste pouvoir l’avoir dans ses bras, de parler à moitié à voix basse, de ne juste rien faire ensemble. Et cela n’a rien à voir avec le regard différent qu’il lui porte depuis que-- ”Too bad you're not a time-off dude, we could afford another moment in that tent.” Ses yeux s’arrondissent et son coeur manque un léger battement - fuck, ça aussi ils n’en parlent pas, ou du moins n’en ont pas parlé, et ça allait parfaitement à Dae de faire l’autruche. Il n’est pas vraiment prêt d’avouer à sa meilleure amie (et un peu à lui-même) de toujours que son ventre se serre par moment quand il la tient contre lui désormais, qu’il voit ses sourires et entend ses rires différemment ; non, décemment, il ne peut pas, pas alors que Lee-- ”C'mon, you're always shitting on it, but I know you actually liked it. You're not fooling meeee!” Shit, les propos de Lena sont bien trop ambigus, tout est bien trop ambigu, et Dae-won qui est habituellement autrement plus à l’aise avec ce genre de situations (à savoir, terriblement direct en ce qui concerne ses envies et ses désirs), se retrouve à se faire entraîner par son rire, le sien plus ténu et sensiblement plus gêné ; cela ne change rien, il rit quand même derrière ses lèvres closes, malgré l’impression qu’ils effleurent un sujet bien trop sensible et épineux, qu’il n’est pas tout à fait prêt d’aborder. ”Yeah, maybe I did like it. But keep it to yourself, I don’t want anyone else to get too excited and trick me into days off.” Comme Sofia, par exemple, qui commence à être un peu trop insistante ces derniers temps pour qu’il prenne le temps de souffler - quelle connerie. Il n’a pas besoin de souffler ; se vider la tête le temps d’une soirée aux côtés de Lena et loin de tout, peut-être bien, l’idée n’est pas si déplaisante, ni inappropriée, car ce n’est qu’une idée.

Il reprend un peu son souffle en détaillant le plafond, faisant rouler une mèche de cheveux entre son pouce et son index. ”Hey, know what?”, lui lance-t-il avant de se redresser légèrement en s’appuyant sur le bras passé dans son dos, l’entraînant un peu avec lui en se retrouvant à moitié au-dessue d’elle, sa jambe contre les siennes, la surplombant en détaillant son regard avec un léger sourire. ”Maybe we could use another moment in that tent.” Très bien, ce n’est peut-être plus juste une idée maintenant qu’elle file entre ses lèvres et qu’il lui offre. Fuck it, il a bien le droit, juste l’espace d’un instant, de rêvasser un peu - et qui de mieux que Lena, pour partager cela ? ”Things are a bit crazy and fucked up lately, but as soon as everything’s back to normal” (il n’y aura jamais vraiment de retour à la normale, ils le savent l’un comme l’autre, mais encore une fois, il se permet de sortir un peu des clous et de son habituel sérieux) ”I say we take that bloody tent, find a beach as far away as possible from here and from the Iron, and just, fucking roast marshmallows, get drunk and sing songs, smoke a joint and laugh at the stars, or whatever people do when they go camping.” Un peu comme ils faisaient tous, quand l’Ordre n’était pas aussi organisé, dans leurs débuts, à juste vivre n’importe comment dans des tentes de fortune, à être des adolescents un peu trop sérieux et un peu trop irresponsables à la fois ; Dae sait qu’il a un peu perdu cette part de lui-même, avec le temps, et il n’y a qu’avec les siens qu’il parvient, parfois, à la retrouver - avec Lena.

”Yeah… When things are, you know, clearer and less all over the place, you and I, maybe we could do that.” C’est un peu une promesse en l’air, de celles qu’il n’offre jamais vraiment, tant il tient à tenir parole ; il n’est pas certain de tenir celle-là, mais il compte sur Lena pour lui rappeler, un jour, demain ou dans cinq ans, quand ils y verront tous les deux plus clairs - ou quand ils en auront besoin.

tw : lowkey UST ???

“Yeah, maybe I did like it. But keep it to yourself, I don’t want anyone else to get too excited and trick me into days off.” "Yeah, we wouldn't want that." Le ton d’Elena est ambivalent, tandis qu’elle remonte un peu le menton pour mieux fixer son meilleur ami par en-dessous ; elle-même ne sait pas trop si elle souhaite activement qu’il soit poussé au repos, ou si elle préférait qu’il continue à avancer avec peut-être moins d’intensité (de déni). Elle voudrait juste qu’il ne s’effondre pas, qu’elle n’ait pas à le ramasser en éclats d’un coup, parce qu’elle a peur de ne pas être à la hauteur et peut-être de ne pas tenir le choc.
Mais Dae rit un peu, elle n’a pas besoin de le regarder pour le sentir contre elle – un petit rire étouffé, presque gêné, qu’elle met d’abord sur le compte de son incapacité à véritablement considérer la nécessité de s’accorder parfois, aussi, des jours off. Elle-même a une petite moue qui crie surprised but not disappointed, face au demi-aveu que lui consent le sorcier ; et le ventre qui se tord légèrement, peut-être, à aller chercher des non-dits derrière cette poignée de mots.

“Hey, know what?” Le silence retombe à peine et Lena s’extirpe de la sensation que ses doigts qui y courent toujours laissent le long de ses cheveux, cesse de se focaliser sur le battement plus régulier de son cœur, presque juste sous son oreille. Elle va pour relever la tête, manque d’heurter le crâne de Dae-won au passage quand lui aussi bouge au même moment—”Maybe we could use another moment in that tent.” Sourcil haussé et nouveau gargouillement au niveau de l’estomac ; Elena le fixe, là, juste au-dessus d’elle, et elle lui piquerait sûrement un doigt taquin dans la joue si les choses étaient—“…back to normal.” Elle hoche la tête, doucement, parce qu’il lui semble que chaque mouvement pourrait faire basculer cet équilibre beaucoup trop frêle, et s’arrête au léger de sourire de Dae, et aux yeux qu’ils rivent sur elle.
Et Elena, d’un coup, sent ses joues rosir. Elle ne comprend pas pourquoi ou d’où ça peut bien sortir (l’épuisement, probablement), mais sait que ça lui laisse une sensation plutôt désagréable – c’est elle qui fait rougir les autres (même les plus improbables) d’ordinaire, pas l’inverse, et elle n’est pas particulièrement ravie de découvrir que ça fait.
Elle sent ses joues rosir mais ce n’est pas le pire (ne serait-ce que parce que la semi-pénombre de la pièce doit suffire à masquer son léger changement de couleur) ; le pire, c’est l’idée stupide qui la prend – même pas une idée, vraiment, mais plus un embryon d’idée, ou un instinct soudain et pas franchement maîtrisé.
La question ne se poserait avec personne d’autre qu’avec Dae-won. Elle aurait déjà enroulé les bras autour de la nuque d’à peu près n’importe qui d’autre dans cette situation, et n’y aurait pas réfléchi deux fois. Mais c’est Dae, et c’est donc stupide, et inopportun, et sûrement très largement explicable par la psychologie (Luaine y aurait trouvé une explication déculpabilisante, en tous cas).

”I say we take that bloody tent, find a beach as far away as possible from here and from the Iron, and just, fucking roast marshmallows, get drunk and sing songs, smoke a joint and laugh at the stars, or whatever people do when they go camping.” Elena rattrape le train en cours de route, trop occupée qu’elle était à se concentrer sur les mèches sur son front, ses sourcils trop bien dessinés naturellement, sa boucle d’oreille qui réfléchit légèrement la lumière extérieure, la petite cicatrice au niveau de sa mâchoire-- "That's definitely what people do when they go camping." Pas sûre du tout, mais c’est un programme qui lui conviendrait. Ils méritent de se récupérer une bonne gueule de bois – elle-même a à peine touché à un verre depuis l’Ile par peur de ce que ça pourrait lui faire, et elle commence seulement à penser que ça pourrait ne pas être plus mal, surtout si c’est avec Dae-won puisqu’avec Dae-won tout est toujours pas plus mal.
Son visage retrouve un sourire, et Lena replie les avant-bras, puis à demi les doigts, pour venir légèrement heurter le torse du sorcier à plusieurs reprises. "I don't think I've heard you sing since you’ve got, like, your adult voice." Ou peut-être depuis le début de la guerre, plus exactement, mais sa propre formulation l’encourage davantage à rire, presqu’à glousser. (C’est définitivement un programme qui lui conviendrait.) ”Yeah… When things are, you know, clearer and less all over the place, you and I, maybe we could do that.” Son visage retrouve une expression plus sérieuse, quoique pas complétement départie de son sourire, et elle opine à nouveau du chef avant de finalement glisser ses doigts derrière sa nuque. Ses pouces viennent brièvement masser les cervicales du sorcier, puis sa jambe valide change légèrement de position, et… Profitant de l’effet de surprise, Elena a à peine à forcer pour faire à nouveau rouler son meilleur ami sur le lit, se retrouvant cette fois-ci franchement au-dessus de lui avec un air un peu trop triomphal (qu’elle tempère rapidement pour toujours avoir l’air cool.)

"This is surely not falling on deaf ears, mind you", elle rit quand même un peu, une main appuyée contre son torse. Son expression se fige l’espace d’un instant. "Wait, or is it?" Ça ne devrait sans doute pas la faire rire, et d’ailleurs ne quasiment toujours rien entendre d’une oreille est une des choses qui l’emmerde le plus au quotidien (c’est pour dire) – pourtant, Elena n’a pas l’air bouleversée pour un sou de sa propre maladresse (et a même plutôt l’air de se trouver franchement marrante). Elle abat de manière un peu bourrue sa main contre le torse de Dae, pour éviter par avance que lui se renfrogne ; puis elle roule à nouveau sur le côté, cette fois-ci de son propre chef, et pour se relever quasi instantanément en station assise.

"Ok, time for bed!" Elle a l’air bien trop requinquée pour aller se coucher, mais ce n’est pas vraiment comme si elle pouvait aller courir un petit 20k ou qu’elle avait franchement envie d’être ailleurs, alors Lena se penche vers le sac précédemment abandonné, en tire son pyjama (un énième tee-shirt beaucoup trop grand d’un groupe de rock moldu, bon.) Petit coup d’œil par-dessus son épaule, pour vérifier l’avancée des travaux du côté de Dae – "I'll poke you when it's noodles time or shower time for you, c'mon." (Il y a clairement tout le temps pour ça). Elena se défait de son attelle, grimace un peu comme à chaque fois que c’est le cas ; tire son pantalon, se tourne tout juste pour se défaire de son pull et de sa brassière avant d’enfiler son tee-shirt. Elle se glisse sous les draps sans demander son reste, le laisse la rejoindre (c’est toujours un peu le binz parce qu’il dort côté mur cet emmerdeur), puis vient (un peu trop naturellement) se loger contre lui. Sous la chaleur des draps, contre la chaleur de Dae – Lena ferme les yeux, oublierait presque la nausée que lui a donnée cette journée (et tout le mois passé). Elle bouge tout juste pour venir déposer un semblant de baiser sur l’avant-bras du sorcier, murmure un "Thank you" à peine audible et peut-être même plus franchement destiné à elle-même.
Yeux brièvement rouverts sur son sac ; elle a bien fait de rester.