blitz alumni ⊹ and we are never going home

and we are never going home

mi-août 2007, infirmerie de la Fawkes | @seamus finnigan @dean thomas

Dean est revenu.
Quand Elena reçoit enfin la nouvelle, elle ne peut pas dire avec certitude ni comment, ni depuis combien de temps. Elle a été injoignable pendant une semaine, peut-être deux ; elle a même eu peur d’arriver trop tard, d’avoir laissé tomber définitivement Seamus, d’avoir manqué la fête un peu aussi.

Elena a levé le camp il y a une dizaine de jours, sans dire grand-chose à grand monde et en retirant même sa carte SIM pour les soixante-douze premières heures. Elle a erré, toute seule d’abord, puis est tombée plus ou moins volontairement sur pas mal de monde ; elle a bu, au moins autant, s’est quand même un peu bagarrée, s’est beaucoup excusée.
Elle a essayé d’appeler Benny – pas de réponse. Elle a appelé la famille de Lee.
Elle a pas mal pleuré, puis beaucoup moins.
Quand elle a appris pour Dean, et compris qu’elle allait vraiment y retourner (même si elle n’en avait jamais douté), elle a fait venir d’autres personnes pour discuter, longuement. Dae, évidemment. Kingsley. Pas encore Javier. Tous se sont assis sur le même gros caillou d’une toute petite plage des landes anglaises, près de laquelle Elena a planté sa tente pour ses derniers jours.
Elle était déjà venue ici, avec Conan, à peine quelques jours avant la catastrophe. Elle s’était promis de revenir ensuite, avec Lee et les kiddos. Cat a déserté depuis, et puis… Et puis.

Son premier détour a été Sweet River, étrangement. Elle n’y a jamais été aussi souvent fourrée que Lee, mais commence à y connaître de plus en plus de monde ; alors elle est passée y faire un bisou sur le crâne de Cal, un sur la joue de Javi (elle a évité le sur-enthousiasme de Winnie et la raison de Johannes pour le moment).

Faute de se sentir d’attaque pour mettre les pieds à St James dès son retour, Elena a préféré se tourner ensuite vers Little Italy ; elle y est arrivée un peu avant midi, a pu partager un lunch peu glorieux avec Seamus et des accolades avec les gars qu’elle n’avait pas vu depuis un moment.
Elena avait besoin de s’éloigner. Elle l’a fait sans alerter personne, parce qu’elle savait qu’on ne la laisserait pas faire, ou pas comme elle l’attendait. Elle espérait tirer de cette parenthèse une nouvelle forme de sérénité, peut-être des réponses, sans doute un miracle. En revenant, elle se trouve la conversation plus facile mais toujours la même chappe de plomb sur les épaules. Toujours la même jambe cagneuse qu’on regarde seulement à la dérobée. Toujours la même fatigue, parce qu’elle ne ferme toujours pas l’œil de la nuit. Il n’y a pas eu de miracle.

Le retour de Dean, lui, est un miracle. Elle n’a aucune idée de comment il a pu s’en sortir, coincé pendant des jours sous des décombres ~~qu’elle a créé.~~ ~~Alors qu’ils l’ont abandonné.~~
Dean est changé, on ne lui en a pas dit plus par SMS. Mais il est surtout vivant.
C’est une bonne nouvelle, quelque chose qui lui a fait gonfler le cœur d’espoir – quelque chose qui n’était pas arrivé depuis l’île. Elle a peut-être bien crié toute seule, depuis sa plage, en l’apprenant ; a souri presque jusqu’au soir, devant son bol solitaire de soupe.
Evidemment, une partie de son cerveau (sûrement celle amochée à Gracefield) n’a pas pu s’empêcher de se demander si Lee ne pouvait pas revenir, lui aussi.
Evidemment, elle savait (douloureusement) que ce n’était pas possible.

Le déjeuner avec Seamus a été plus loquace qu’elle n’aurait pu l’espérer. Comme pour la plupart des gens, Elena a fait en sorte de l’éviter dans les semaines suivant Gracefield ; elle s’en est d’abord sentie un peu mal à l’aise, assise fautivement en face de lui. Seamus aussi avait perdu quelqu’un (un meilleur ami), du moins c’est ce qu’ils croyaient – et elle n’a pas été là pour lui. Ça craint, et elle n’a pas réussi à s’excuser comme elle l’aurait souhaité.
Ça n’a pas empêché Seamus de lui préparer sa spécialité (du ketchup aux pâtes) – à croire que les miracles, ça adoucit quand même vachement les mœurs.

Ils ont été prévenus que Dean pourrait être en train de faire une sieste s’ils arrivaient directement après le repas ; ils attendent donc encore un peu, s’occupent comme ils peuvent pour cacher les genoux tremblotant d’excitation. Elena fait un petit tour du propriétaire, va chercher quelques affaires dans une chambre où elle n’a plus remis les pieds depuis un moment déjà, rit même à quelques blagues.

Quand ils n’y tiennent plus, Seamus et Elena font finalement route vers la petite forêt en bordure de la planque, et disparaissent dans un craquement un peu plus maladroit que d’habitude. Ils arrivent non loin de la Fawkes, qu’Elena n’était pas spécialement impatiente de retrouver, mais qu’elle se surprend finalement à contempler avec un grand sourire qui lui tire les joues (si elle le pouvait, elle sautillerait presque au bras de Seamus).
Ils se fraient un chemin à travers le manoir (pas aussi vite qu’elle ne l’aurait voulu), arrivent finalement à l’infirmerie de fortune, puis au lit (assez isolé) de Dean.

Et Dean, il ne respire ni la forme ni la joie.
Ça n’empêche pas Elena de sentir son cœur qui bat à tout rompre et son visage qui affiche un sourire de gosse, du genre qu’on ne lui a plus connu depuis un moment. Elle lâche finalement le bras de Seamus, a pour premier réflexe de se précipiter au bord du lit, se retient tout juste d’attraper les mains ou le visage de Dean pour vérifier qu’il est bien là. « Hey vieux frère », elle se contente finalement de souffler, avant de reculer plus pudiquement pour laisser à Seamus la primauté des retrouvailles.

Dean est là, et Elena y croit un peu (à quoi, elle ne sait pas vraiment, mais elle y croit), et ce pour la première fois depuis Gracefield.

Noir. Noir complet pendant des jours. Plus rien ne semblait avoir du sens. Il était rentré de France pour reprendre le combat, pour prouver sa valeur et à la première bataille, il était retourné dans les méandres de son malheur. Une sensation de vide lui creusait le ventre et le cœur, il n’avait plus envie de rien, comme beaucoup de ceux qui étaient rentrés de Gracefield. Sauf que lui, théoriquement, il ne pouvait pas craquer, pas après toutes ses promesses. Les conneries qui il avait dites, Seamus les avait réellement pensées. Pour lui, revenir à l’Ordre devait redonner du sens à sa vie, mais maintenant qu’une douleur sans nom l’habitait, il savait que ce n’était pas le Phénix qui le guidait, mais Dean. Son meilleur ami, son pilier, sa lumière. Depuis le premier jour à Poudlard, Dean détenait une place de premier choix dans son cœur et maintenant qu’il était mort, l’irlandais se retrouvait seul, sans savoir où aller. Certes, sa famille était encore là, mais sans Dean, rien n’avait la même saveur.

Quand il était parti en France, Finnigan avait appris à vivre sans son ami. Seulement, il existait une frontière entre vivre sans son ami au quotidien et savoir qu’on ne le reverrait jamais. Une nuance importante que le jeune homme savait impossible à surmonter. Seulement, Seamus se sentait coincé avec ses promesses. Son engagement auprès de Dean était trop grand pour qu’il reparte à nouveau et pour autant, il doutait d’avoir la force de se relever un jour. Depuis son retour de Gracefield, l’irlandais déambulait à Little Italy, dans un état misérable. La culpabilité l’habitait. Il aurait dû suivre son ami, il n’aurait pas dû le laisser partir sans rien dire. L’amertume des regrets lui bloquait la gorge, et pourtant, il ne pouvait crier. Au lendemain de Gracefield, Dean n’était pas le seul à ne pas être rentré, et par conséquent, les vivants avaient plus d’une âme à pleurer.

Conscient de son rôle à jouer, l’ancien griffon tentait de faire bonne figure et continuait de participer un minimum à la vie de sa planque. Elena n’allait guère mieux que lui, alors il essayait de lui alléger le travail en prenant un semblant de lead. Fort heureusement pour lui, beaucoup connaissaient le lien qui l’unissait à Dean, et même à Lee, si bien que la plupart le ménageait. Le soir, il lui arrivait de boire jusqu’à vomir, avec espoir d’oublier un peu sa peine. Le retour de Seamus ne voulait plus rien dire, et certains prévoyaient déjà son départ.

Puis, alors que son énergie le quittait chaque jour un peu plus, une nouvelle digne du miracle toqua à sa porte. Dean est vivant. Le choc, puis la joie. Une sensation infiniment agréable, et jouissive. Toute sa vie semblait reprendre du sens, et encore une fois, il réalisa à quel point l'existence de Dean comptait à ses yeux. Naturellement, Seamus ne désirait qu’une chose, partir retrouver son ami. Malheureusement, la vie de fugitif n’était pas si simple et il fallait s’organiser un minimum. Finalement, il se rendra au chevet de son ami aux côtés de Elena, qui devait passer manger à Little Italy.

C’était le premier repas plus ou moins joyeux qu’il passait depuis son retour de Gracefield. Certes, cela n’enlevait rien à la douleur des nombreux morts que comptait cette attaque, mais au moins, cela avait le mérite de mettre un peu d’espoir dans leur cœur. Elena et Seamus avait participé à la mission suicide, et apprendre la survie de l’un d’eux ne pouvait que leur réchauffer un peu l’âme.

Une fois le repas englouti, les deux compagnons s’en allèrent au chevet de leur ami, avec un brin de suspicion face à l’état de ce dernier. De nouveau silencieux, Seamus suivait la brune. Il se demandait si la hache de guerre était réellement enterrée entre eux. Peut-être que ce n’était pas son visage qu’il avait envie de voir dans un moment pareil. Les doutes emplissent l’irlandais à chacun de ses pas, tandis que le lit de son ami apparaît dans son champ de vision. Finalement, les doutes laissèrent place à un réconfort sans fin. Que Dean souhaite le voir ou non, Seamus était heureux de le voir en vie.

Peu en forme, Dean occupait un petit lit à l’écart des autres. Timide dans un premier temps, Seamus resta un moment dans les pas de la brune. Puis, dans un élan de courage, il s’approcha à son tour du jeune homme. Aucun mot ne pouvait qualifier la peur et la douleur qu’il avait ressenti en imaginant son ami six-pieds-sous-terre. Incapable de trouver une réplique, l’irlandais se contenta de prendre son ami dans ses bras, comme pour s’assurer qu’il était bel et bien de retour parmi les vivants. « Si tu voulais te venger, c’est réussi. » L’étreinte dura un long moment, chargée d’émotion et de bienveillance.

TW Blessures, Traumatisme, Morsure

Dean ne se souvient pas de grand chose entre le moment où le manoir s'est effondré sur lui et Cormac et le moment où il s'est réveillé dans un lit à la Fawkes. Il a des flashs, quelques souvenirs brouillons, certains dont il se souvient vaguement, d'autres qu'il n'arrive pas à identifier comme réels ou rêvés, et enfin d'autres qu'il prétend avoir oublié. Parmi tout ça - l'obscurité des décombres, la présence solide de Cormac à ses côtés, le goût du sang et de la poussière, la certitude qu'ils allaient mourir oublier sous les ruines - il y a une chose, cependant, que Dean se souvient avec précision, certitude, un instant gravé à jamais dans sa mémoire et dans sa peau et dans tout son être.

Il se souvient de s'être réveillé une première fois et d'avoir fait face aux médicomages, d'avoir lu sur leurs visages la pitié qu'ils ressentaient parce qu'ils savaient, avaient tous vu les traces furieuses laissés par le loup autour de l'épaule de Dean. Et Dean n'avait pas eu besoin d'écouter ce qu'ils lui ont annoncé ensuite parce qu'il s'avait déjà, avait su dès l'instant où le loup avait bondit sur lui qu'il avait été transformé.

Pendant sa convalescence - qui avait déjà duré plusieurs semaines et qui n'était pas encore tout à fait finie - Dean avait vu défiler dans sa chambre un certain nombre de personnes, les rares personnes autorisées à le voir pour le moment. Des médicomages bien sûr - Vanessa. Dean ne sait pas comment il aurait tenue sans sa présence à ses côtés, une nouvelle fois, ce genre de moments devenant comme une tradition entre eux - et puis Buffy, sa formatrice en lycanthropie visiblement, venue pour préparez son installation à Sweet River parce que bien sûr, c'était là bas sa place maintenant... Buffy qui lui avait également délivré un message de la part de Sofia, souhaitant le voir quand il sera remis. Dean en avait ris, ce genre de message étant la chose qu'il avait désespérément désiré jusqu'à maintenant, enfin délivré sur un plateau d'argent au moment où il se sentait le moins comme lui même.

Maintenant un tant soit peu rétabli, Dean était autorisé à recevoir des visites mais il avait repoussé l'inévitable un maximum, prétendant se sentir encore trop faible. Enfoui sous les ruines de Gracefield, Dean ne souhaitait qu'une chose, revoir Seamus, Ginny, Vanessa, Raheem, leur parler, les toucher, et savoir qu'ils allaient bien, qu'ils étaient en vie. Mais maintenant... Imaginez leur réaction en apprenant la nouvelle, c'était presque trop, alors la voir en vrai ? Dean n'était pas assez fort pour ça. Quant à Lena... Dean s'en voulait tellement, avait royalement merdé du début jusqu'à la fin et maintenant... En fait il ne savait rien. Il n'avait aucune idée de ce qu'il lui était arrivé, ni à elle, ni à Lee, ni a aucun autre membre de l'équipe. Il avait posé la question à Vanessa qui avait commencé par le rassurer sur Seamus puis les autres, restant quelque peu secrète sur les détails. Et puis il y avait ce qu'il croyait avoir vu, la figure fantomatique de Lee, sûrement un fragment de son imagination qu'il n'avait pas pu confirmer avec Cormac.

Quand la porte s'ouvre, Dean n'a qu'une envie, faire semblant de dormir. Cependant, c'est Lena et Seamus qui se glissent à l'intérieur de la pièce et il se sent immédiatement défaillir, ses yeux se remplissant de larmes sans crier gare. Il les regarde s'approcher avec appréhension, priant pour que la cicatrice encore fraiche ne se voit pas à travers son t-shirt.

C'est Lena qui parle d'abord mais, honnêtement, les yeux de Dean sont rivés sur Seamus, qui a l'air si fatigué que le coeur de Dean se tord pour lui. "Hey vieux frère."

Dean a la présence d'esprit de brièvement lui jeter un regard mais il n'a rien de chaleureux. Il se sent si mal, ne sait pas comment se comporter avec elle, alors il reporte son attention sur Seamus qui s'avance à présent et il a ses doigts qui tremblent légèrement. Il a un mouvement inconscient, vers Seamus, tend presque la main pour le toucher parce qu'il n'a plus rien à voir avec la vision qu'il a eu sur l'île. Il est bien là, bien réel, bien en vie. Et soudain, Seamus le prend dans ses bras et Dean enfonce son visage dans son cou et sent ses larmes couler pour de bon, son corps légèrement secoué par les sanglots, et ses bras viennent le serrer à leur tour.

"Si tu voulais te venger, c’est réussi."

Dean laisse s'échapper un rire étranglé, sans joie, et il renifle, et serre Seamus un peu plus fort, essayant de pousser le plus loin possible toutes pensées liées à Gracefield et sa morsure.

"Je suis désolé," il marmonne avant de se défaire de l' étreinte de Seamus sans pour autant le lâcher, gardant une main dans la sienne sans vraiment y penser, jetant par la fenêtre toute ses inquiétudes liés à ça, parce que pour l'instant, cette discussion et ces questions sont le cadet de ses soucis. "Je suis si désolé," il continue, un peu plus fort cette fois-ci, et ses yeux se pose à nouveau très brièvement sur Lena.

Dean n’ose pas trop la regarder et Lena craint un instant qu’il ne repousse l’étreinte de Seamus (ce ne serait pas particulièrement étonnant venant de Dean Ronchonchon, même sans avoir été laissé sous des décombres pendant deux semaines). Mais ce n’est pas le cas, alors elle peut baisser la tête dans un soupir de mère satisfaite ; écouter le rire sans joie de Dean, ses excuses marmonnées, et puis ses sanglots. C’est la partie plus compliquée à gérer, maintenant – celle qui lui fait ravaler son petit sourire, puis commencer à douter de l’utilité de sa présence ici. Elena jette un coup d’œil à droite, à gauche, se demande si elle ne ferait pas mieux de prendre ses cliques et ses claques et de s’éclipser discrètement pour les laisser à deux.
C’est peut-être parce qu’elle a légèrement l’impression de tenir la chandelle ; elle sait ce que c’est, deux meilleurs amis qui viennent de se retrouver, et à quel point ça ne laisse pas forcément la place à qui que ce soit d’autre. Ou alors c’est parce qu’elle sait qu’elle-même n’aura jamais le droit à ce genre de retrouvailles, ou plus vraiment, et que ça la fout un peu en boule. Ou parce qu’elle a l’impression d’aller mieux, et que pour continuer à aller mieux elle ne peut pas s’entourer de gens qui ne vont pas bien, elle n’a pas encore—

"Je suis si désolé." Il faut qu’Elena relève les yeux par hasard pour croiser (très furtivement) ceux de Dean, et comprendre qu’il s’adresse à elle. Elle en reçoit aussitôt un nouveau coup à l’estomac et se rapproche du lit comme par automatisme. « Non, quoi, Dean, dis pas ça… » Une de ses mains est prise, alors elle ne peut pas franchement le prendre dans ses bras, et puis elle n’oserait pas, pas après l’avoir laissé, pas comme ça. A la place Lena s’empare donc de sa main libre, jette un bref coup d’œil à Seamus. « C’est moi qui suis désolée, je… Je te jure que je t’ai cherché, mais… » Mais elle est passée à travers le plafond, puis elle a dû se battre avec son agent-double, puis son informateur s’est fait bouffer par Greyback, puis elle a réalisé que c’était elle qui avait le détonateur et… « Je suis vraiment désolée, Dean, je sais pas comment on a pu faire ça. » Ou plutôt elle sait exactement comment ça s’est passé, mais n’arrive pas à croire qu’ils aient pu le laisser là, tout ce temps, comme ça – est-ce qu’il y a seulement des excuses suffisamment fortes pour ça ? Il s’en est sorti, mais il aurait très bien pu mourir là-bas. Une semaine après que tout le monde soit parti, sans qu’ils ne le sachent jamais… Dean est un souvenir ambulant de tout ce qui a foiré (et aurait pu être encore pire) sur cette île.
Ça lui donne un peu le tournis, et Elena se demande de plus en plus si venir ici était une bonne idée.
(Sûrement pas, mais Dean a besoin de soutien. Seamus a besoin de soutien pour soutenir Dean. Il faut qu’elle s’accroche un peu, c’est tout.)

Sa main vient se détacher pour maintenant trouver son front et en dégager quelques mèches de cheveux. Dean lui semble fiévreux, fébrile (ce qui est sans doute normal au retour de semaines de survie), et elle ne force pas le contact, tire plutôt doucement une chaise pour venir s’asseoir à son côté. Ses yeux papillonnent sur les mains toujours unies de Seamus et Dean, et elle cherche un peu quoi dire. C’est elle l’aînée, c’est elle qui est censée trouver, non ?! « Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ? Tu as faim ? Soif ? » Coup d’œil plus appuyé au lieutenant Seamus, cette fois, puisque c’est lui qui s’est vu remettre la responsabilité de porter un sac à dos rempli de trucs à grignoter en tous genres.
Elena hésite un peu avant de continuer, dans l’éventualité déjà où la chose qui aurait le plus manqué à Dean ces dernières semaines se trouve être une marque de crackers qu’ils auraient bien heureusement ramené. Mais y a autre chose. Elle n’a pas pu trop tâter le terrain avant de venir, et on ne l’aurait sans doute pas trop laissée faire de toute manière. Alors c’est peut-être mettre le pied dans le plat, mais… « Des questions ? » Il a le droit de savoir. Actuellement, il a même à peu près droit à tout ; un peu plus et elle lui proposerait de reprendre la chambre de Kingsley (comment ça c’est hors de sa juridiction ?!)

L’étreinte dura un long moment, chargée d’émotions complexes et indescriptibles. Cela faisait longtemps que Seamus ne s’était pas senti aussi proche de son ami et malgré la situation, il éprouvait un étrange sentiment de sérénité. Une part de lui espérait que tout allait désormais s’arranger entre eux, et ainsi mettre un terme définitif à cette brume épaisse qui avait trop longtemps pesé sur leur relation. Pour autant, sans savoir ce qui allait advenir désormais, Seamus accepta de lâcher son ami et ainsi se replacer au niveau de la brune. Entendre son ami s’excuser lui déchirait le cœur. Il ne comprenait pas sa culpabilité et encore moins son désir de pardon. Dean n’était fautif de rien, et l’irlandais serait mal placé pour lui en vouloir.

Ce fut Elena qui le stoppa en première, visiblement triste de le voir prononcer des excuses aussi solennel. Seamus approuvait totalement les paroles de son amie, convaincu que les coupables, dans l’histoire, c’était davantage eux. Après tout, sans leur départ, peut-être que Dean et Cormac auraient pu rentrer en temps et en heure à la maison. Puis, alors qu’il observait le regard fuyant de son meilleur ami, Seamus capta que quelque chose n’allait pas. Dean ne s’excusait pas d’avoir disparu, il existait quelque chose, il n’en faisait aucun doute. L’irlandais connaissait trop bien son ami pour ne pas le remarquer et pour autant, il était incapable de savoir ce qui se tramait dans la tête de l’alité. « Pourquoi tu t’excuses ? » Seamus ne forçait pas son ami à répondre, mais voulait surtout lui faire comprendre qu’il savait qu’une information restait sous silence.

Les deux amis ne pouvaient se mentir et comprenait l’autre, souvent mieux qu'eux-mêmes. Une relation que beaucoup avaient jalousé, avant que la connerie de Finnigan ne mette en péril cet équilibre parfait. Conscient d’être coupable, il acceptait la situation, sans pour autant oublier qu’il savait lire en son ami comme dans un livre ouvert.

De son côté, Elena essayait de se rendre utile. Un comportement qui lui ressemblait bien, d’autant plus depuis qu’elle essayait de fuir les morts. Pour autant, l’irlandais ne manqua pas de hausser un sourcil face à sa proposition de réponse aux questions. Il était assez évident que les questions allaient prendre une direction macabre et il doutait sincèrement que les lieux et les personnes présentes étaient les bonnes pour cette conversation. Cependant, il se voyait mal s’interposer et préféra rester silencieux, ce qui changeait de d’habitude. Si questions il y avait, alors larmes il y aura, de la part de Thomas ou de Alvarez. Dans tous les cas, il sera là pour soutenir ou bousculer ce qui il faudra.

"Pourquoi tu t’excuses ?" Dean regarde brièvement Seamus avant de très vite détourner les yeux, incapable de soutenir son regard. Il y a tellement de choses qui tournent dans sa tête, tellement de choses qui lui pèsent sur le coeur et il sait que s'il se concentre sur Seamus - sur sa présence, sur son regard, sur sa main toujours dans la sienne, comme une ancre qui l'empêche de s'enfoncer - il va craquer. Et il ne veut pas. Dean ne veut pas qu'on ait pitié de lui, il ne veut pas qu'on le protège, il ne veut pas qu'on le traite comme une petite chose fragile. L'impuissance, il a assez donné. (Seul avec Cormac sous les décombres, mourant à petit feu, persuadé qu'on ne les retrouverait jamais.) Il ne veut plus jamais se sentir ainsi.

"Non, quoi, Dean, dis pas ça…" Et Lena... Putain, Lena, Dean n'a aucune idée de ce qu'il s'est passé mais si ce qu'il a vu - croit avoir vu - est vrai... "C’est moi qui suis désolée, je… Je te jure que je t’ai cherché, mais… Je suis vraiment désolée, Dean, je sais pas comment on a pu faire ça."

Dean relève alors la tête. Il n'a pas trop pris le temps de se demander le pourquoi du comment. Bien sûr, il sait comment Cormac et lui se sont retrouvés coincés - par sa faute bien sûr - mais il n'a pas forcément réfléchi à ce qui avait pu se passer pour le reste du groupe. Seamus et Lena sont bien là, sains et saufs, et Lee... Il ne sait pas, n'a pas envie de savoir. Quant à George, Ginny, et Ruben, Dean se sent un peu con maintenant de ne pas avoir pris le temps de se renseigner. Dean espère que ce "on" les inclus... (Ginny. Il l'entend a nouveau crié, la revoit face à ce mangemort...)

Quelque part, il a du se douter qu'ils avaient du fuir dans la panique parce que l'idée qu'ils aient pu le chercher le prend au dépourvu. Et une pointe amer vient lui piquer le coeur alors que la pire de ses voix intérieures lui murmurent que Lena, Seamus, et les autres l'ont laissé tomber. (La main qu'on lui a tendu, ce mec et la femme qui retenait le loup... ils semblent les avoir trouvé si facilement pourtant. Ils étaient là, juste là...) Dean lâche alors la main de Seamus et soudain il a froid, se sent seul, loin. Il baisse la tête pour garder son regard fixé sur ses doigts qui jouent avec la couverture, les sourcils froncés. Il ne doit pas penser à ça, il ne doit pas, et pourtant...

"Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ? Tu as faim ? Soif ? Des questions ?" La voix de Lena est presque suppliante. Dean ressent à quel point elle veut être la pour lui. Il sait que c'est cmme ça qu'elle fonctionne, qu'elle doit toujours se montrer disponible pour les autres parce que c'est sa fonction. Elle est faite comme ça, elle est faite pour ça mais actuellement... Dean est traversé par une ombre et il sombre, se renferme. Il ressasse.

"Je... non. J'ai besoin de rien," il dit, la voix froide. Il a a l'impression que sa morsure est vivante. Il ne sent que ça, est douloureusement conscient qu'elle se trouve là, juste là, sous son t-shirt et que... (C'est de leur faute. C'est de ma faute. On a tout gâché.) "Dites moi ce qu'il s'est passé. Je veux tout savoir." Son ton est ferme. Il ne pose pas une question, c'est un ordre. Il relève enfin la tête et les regarde à tour de rôle, Lena plus que Seamus. (Parce qu'il va craqué. Il est juste là, ses yeux son rivé sur lui, le regarde comme il ne l'a jamais regardé ou peut être qu'il l'a toujours regardé comme ça. En tout cas, c'est trop, c'est trop, il peut pas.) "Je suis tombé, j'ai trouvé Cormac et on... J'ai tout raté. Le manoir a explosé, je suppose que ça veut dire que la mission a réussi ?"

La conversation tourna rapidement au vinaigre. Seamus se doutait bien que l’échange ne serait en rien plaisant, surtout aux vues de sa relation avec son ami dernièrement. Pour autant, malgré tout, il était heureux de le retrouver et assis à côté du lit, l’irlandais voulait être là pour l’autre. Naturellement, l’anglais avait besoin d’informations, il voulait savoir ce qu’il s’était passé. Seamus savait qu’ils allaient devoir endosser ce rôle. Lui annoncer la mort de Lee et le carnage à la fin. La mort de Lee les affectait tous et elle allait sûrement achever Dean. Il aimerait lui dire plus tard, mais c’était injuste de le tenir dans l’ignorance.

Seamus ne savait pas vraiment quel comportement adopter, alors il resta le plus naturel possible. Il se refusa de prendre la main de son ami, afin de le laisser respirer. « Mission réussie, c’est un grand mot… » Du coin de l’œil, il guettait Lena, cherchant une approbation chez-elle. « J’ai dû porter Ginny dehors, je t’ai cherché, mais le manoir allait exploser. » L’irlandais ne mentait pas, il avait sauvé la rousse, il ne regrettait pas de l’avoir fait, mais s’inquiétait que cela ait pu être au détriment de d’autres. « Je pensais que tu étais peut-être dehors. » Pour dire vrai, sur la fin, plus personne n’y voyait clair et la peur de mourir les avait tous et toutes envahit. « Si j’avais su… » Bien sûr qu’il aurait cherché Dean et Cormac, ils comptaient beaucoup lui, et pourtant, il était parti sans eux.

La culpabilité était présente, d’autant plus qu’ils avaient perdu des frères d’armes. « Dean on peut t’expliquer ce qu’il s’est passé, mais… » Il aimerait lui dire d’attendre d’être en meilleure santé, mais il n’en était pas capable. A la place de son ami, il voudrait aussi savoir. « Ca ne va pas t'aider à aller mieux. » Cette fois, il laissa Lena lui expliquer, persuadé qu’elle était mieux placé que lui pour lui conter l’histoire de Gracefield. Dans son coin, il s’alluma une cigarette, ignorant le principe d’une salle de soin.

tw : saviez-vous que lee est mort ??? (mention de mort ; deuil ; dépersonnalisation)

La réponse de Dean est froide – elle aurait dû s’y attendre, elle ne le blâme même pas vraiment, mais les bords du sourire d’Elena s’affaissent quand même d’un coup et elle sent un semblant de frisson lui agiter la colonne (quelle bonne idée que d’avoir tiré une chaise pour s’y asseoir). "Dites moi ce qu'il s'est passé. Je veux tout savoir." Ils ne lui ont rien dit. Ça non plus, ça ne devrait pas la surprendre (pour une personne en pleine convalescence, certaines choses sont sans doute tout aussi bien passées sous silence) ; mais ça lui tord tout de même le ventre, douloureusement, viscéralement. Elle jette un œil à Seamus (c’est son meilleur ami, il doit savoir quoi dire n’est-ce pas ?!), hésite un peu.

Un semblant de colère bout dans son estomac, tant elle trouve ça injuste, et dégueulasse, et répugnant, qu’on leur laisse (qu’on lui laisse) faire ce genre de choses. Elle n’en a aucune envie, et est-ce qu’elle le peut seulement… ?

Dean la regarde, probablement pour ne pas regarder Seamus ; elle regarde Seamus, probablement pour ne pas regarder Dean, puis en attendant de trouver une force insoupçonnée (et insoupçonnable, à ce stade) qui lui permettrait de ne serait-ce qu’ouvrir la bouche. Parce que les mots ne viennent pas, qu’elle a l’impression que la salive lui manque, que si elle dit quoi que ce soit les infimes progrès qu’elle a fait depuis deux semaines seront brutalement réduits à néant… Elena croise les bras, se repliant plus ou moins consciemment sur elle-même, finit par détourner le regard pour se concentrer sur sa jambe intacte, occupée à tressauter anxieusement.
(Est-ce qu’elle n’aurait pas dû se barrer tant qu’il était encore temps… ?)

"Le manoir a explosé, je suppose que ça veut dire que la mission a réussi ?" Nouvelle torsion dans son estomac, cette fois-ci si violente qu’Elena est à peu près sûre que les deux autres n’ont pu que l’entendre. Réussie. La mission. Elle oublie souvent de penser à Gracefield en ces termes. Objectivement, ils ont sans doute réussi, non ? Ils ont récupéré la plupart des prisonniers (récupéré Javi), puis des images, et coincé des dizaines de connards de l’Elite sous les décombres de ce foutu Manoir.
Puis ils en ont coincé d’autres, comme Dean, comme Cormac. Comme Lee, si son sort n’était pas déjà joué bien avant que les poussières aient fini de retomber.

« Mission réussie, c’est un grand mot… » La voix de Seamus lui semble parvenir de si loin qu’elle en sursauterait presque, et qu’elle en loupe totalement sa recherche d’approbation. A la place Lena est plutôt concentrée sur ses propres mains, maintenant qu’elle a déplié les bras – tant et si bien qu’elle rate également la suite des explications, ou ne les entend que vaguement, comprend tout juste que l’irlandais cherche à expliquer à Dean comment ils ont pu le laisser là-bas.
Elle retient de justesse un soupir.
(Comment est-ce qu’elle a pu penser que tout allait bien se passer… ?)

« Dean on peut t’expliquer ce qu’il s’est passé, mais… » Elena réattérit abruptement sur Terre, tourne un œil trop peu expressif vers Seamus. « Ça ne va pas t'aider à aller mieux. » Il a raison, mais en même temps non, et ils le savent tous les trois. Elena hésite encore, prétend encore un peu pouvoir ne s’intéresser qu’à ses mains, songe à toutes les choses qu’elle pourrait lui dire à la place. La Face-de-Serpent n’a toujours pas donné de signes de vie. On a récupéré suffisamment de boules cristal, t’y crois toi ? J’ai revu mon frère, il n’a plus qu’un bras mais c’est toujours le Résistant le plus BG de toute la Couronne.

« Lee est mort. » Ça sort d’un coup, alors qu’elle n’a même pas vraiment eu le temps de finir d’y réfléchir, ou même d’enrober ses mots d’un semblant de compassion, ou d’empathie, ou de quoi que ce soit qui rendrait la réalité un peu moins atrocement violente. Ça sort, et elle repose les yeux sur Dean au même moment, comme pour mieux étudier l’impact que ça a sur lui. Ça sort, et elle n’arrive pas à s’en vouloir, peut-être parce qu’elle est agacée (non, enragée) par les pincettes que les gens n’ont de cesse de prendre avec elle, des pas de côté qu’ils font pour ne pas en parler.
Lee est mort. Il n’y a pas de jolie manière de le dire. Il ne devrait pas y en avoir, en tous cas.

« En déclenchant l’explosion », Elena ajoute, toujours sur un ton trop abrupt et presque laconique (comme si quelqu’un d’autre parlait depuis l’intérieur de son corps, ou comme si elle se regardait parler). Et elle continue, et n’a même pas le cœur à reprocher à Seamus de fumer dans une salle de soins (quelque chose qui l’aurait hérissée auparavant – tout au plus, elle songe à lui demander une clope, elle aussi). « On n’est pas sûrs pour la Face-de-Serpent. Il a pris un Avada Kedavra et pas de nouvelle depuis. Les autres s’en sont sortis, dans notre équipe en tous cas. » Tout est factuel, rien ne lui ressemble ; son expression est lisse, sans doute trop, et Dean n’y croira peut-être même pas à cause de ça. Elle est du genre à hurler, frapper, pleurer et rire trop fort – pas à réciter, rester vissée à une chaise, attendre, subir.

« Mais Lee est mort. » Au cas où, ou peut-être parce qu’elle a seulement l’impression de réaliser ce qu’elle vient de dire. « Je suis pas arrivée à temps. » Sa voix baisse – ça lui ressemble déjà plus, ce regret qui menace de percer la surface stoïque, l’intonation qui pourrait se briser à peu de choses près. « Je suis désolée. » Elena s’arrête là, pourtant. Pas de larmes, pas de grand discours, pas même de main tendue pour une fois. Il n’a rien d’autre à dire et elle n’a rien d’autre à offrir (pas si elle ne veut pas s’effondrer, encore, en tous cas) ; plutôt, elle se prépare déjà à encaisser la suite.

Dean n’aime pas du tout les expressions qu’il voit se dessiner sur leurs visages et sa première réaction - comme toujours ces derniers temps - c’est de se braquer, se barricader derrière un mur afin de se protéger de la tempête qui se dirige très clairement droit sur lui. Il a un très mauvais pressentiment, une boule d’angoisse qui est logée au fond de sa gorge depuis qu’il est revenu à l’ordre et qui n’a cessé de grossir depuis. Il serre tout ce qu’il peut serrer - ses dents, sa mâchoire, ses points - et se prépare à l’impact.

“Mission réussie, c’est un grand mot… J’ai dû porter Ginny dehors, je t’ai cherché mais le manoir allait exploser. Si j’avais su…” Premier coup et Dean ferme les yeux, respire un grand coup pour ne pas réagir trop brusquement. Si j’avais su… Dean essaye de se raccrocher à ça pour ne pas sombrer dans la rancœur, pour faire taire les voix qui lui assurent que Seamus aurait pu faire plus, que lui aurait fait plus pour lui (parce que toi tu l’aimes… mais lui il ne t’aime pas. Il t’a déjà laissé derrière une fois, ça ne devrait pas te surprendre)

“Dean on peut t’expliquer ce qu’il s’est passé mais… ça ne va pas t’aider à aller mieux.” “J’ai pas besoin qu’on me protège,” Dean rétorque un peu sèchement, se sentant un peu honteux du sentiment de soulagement qui s’empare de lui en voyant le regard que Seamus lui lance. “Plus maintenant, en tout cas,” il ajoute avec un sourire amer, sans joie, sa nouvelle cicatrice plus présente que jamais.

“Lee est mort.”

Un silence horriblement étouffant s’empare de la pièce et Dean a soudain l’impression d’être sous l’eau, un bruit désagréable sifflant dans ses oreilles.

Ce n’était donc pas une hallucination. Pas un rêve. C’était bien réel. Lee, fantomatique… fantôme.

“En déclenchant l’explosion. On n’est pas sûrs pour la Face-de-Serpent. Il a pris un Avada Kedavra et pas de nouvelles depuis. Les autres s’en sont sortis, dans notre équipe en tout cas.” Elle continue de parler, comme si ça servait à quelque chose. Comme si Dean avait envie de l’entendre, de l’écouter elle.

Il ne veut plus les voir, il ne veut plus voir personne. Il veut être seul et loin surtout, faire une seamus et tout laisser en plan comme si plus personne n’avait besoin de lui (ce qui est le cas de toute façon. Autant qu’il l’a souhaité, Dean n’a jamais été Lee et ne le sera jamais. Il n’est personne ici, à l’Ordre. Juste l’éternel bon copain qui rend service quand il le faut. Ça le dégoûte.)

“Mais Lee est mort.” Elle continue de le marteler et Dean se sent bouillonner, prêt à exploser. Chaque partie de lui brûle d’envie de se lâcher. Il veut hurler, frapper, se déchaîner, la nouvelle partie de lui décuplant chaque émotion négative qui s’empare doucement de lui. “Je suis pas arrivée à temps. Je suis désolée.”

“Tais toi.” Dean dit une première fois, les yeux rivés sur sa couette, la voix presque basse. “Je sais.” il ajoute, levant les yeux vers Lena. “Je sais,” il répète. “Je l’ai vu. Quand vous m’avez laissé derrière. J’étais coincé dans les décombres du manoir et je l’ai vu. Il m’a parlé. Son fantôme m’a parlé. Mais j’y ai pas cru au début. Je croyais que c’était une hallucination mais non. C’était bien lui, c’était bien réel. Parce que lui aussi vous l’avez abandonné.”

“Ça m’étonne pas de Seamus,” Dean poursuit, en roue libre, ne pensant même pas à ce qu’il dit avant de le dire. Les mots sortent tous seuls et ils sont vicieux, amers, mais ils lui font tellement de bien qu’il se laisse faire. “Mais toi Lena, la chouchoute de Kingsley, on comptait sur toi. On comptait tous sur toi. Et tu nous as laissé tomber. T’as laissé tomber Lee et tu m’as laissé tomber moi. Même Cormac a été plus présent pour moi que toi.”

L’échange prenait très exactement la direction qu’il regrettait. Avant même qu’ils puissent exprimer leur plaisir de le retrouver en vie, il fallait déjà aborder les sujets épineux. Seamus tournait autour du pot, incapable d’en venir aux faits. Il appréhendait la réaction de son ami, qui n’estimait pas prêt à encaisser une telle information. Une protection que Dean rejetait en bloc, visiblement en colère contre le monde. Puis finalement, ce fut Elena qui brisa le suspens, annonçant sans préliminaire la mort de Lee. Chargée d’une émotion évidente, elle essayait d’expliquer avec ses mots la culpabilité qu’elle ressentait, mais le blessé ne voulait rien entendre. Dans un élan de colère, il coupa court à la conversation, sur un ton en rien amical. Seamus, bien qu'étonné, resta en retrait, laissant son ami s’exprimer. Apparemment, pendant son séjour sous les décombres, il aurait vu Lee en fantôme. Une annonce étrange sur laquelle l’irlandais se serait bien attardé, mais c’était sans compter la véhémence de l’autre.

Abandon. Le mot était prononcé, ce qui arracha une moue triste à Seamus. Bien sûr qu’il s’en voulait d’être parti sans son meilleur ami, seulement il avait Ginny inconsciente dans les bras et Ruben à gérer. Il n’était pas parfait, mais en aucun cas il avait voulu partir sans ses amis. Puis comme pour l’assommer, Dean donna le coup de grâce en annonçant qu’il n’était aucunement surpris de ce comportement de la part de l’irlandais. Pyron baissa les yeux, déçu d’entendre cela après tous les efforts effectués. Pour autant, malgré son caractère tout feu, tout flamme, il resta muet, comme résigné à accepter une énième fois une remarque de l’autre.

Seulement, Dean poussa l’incorrect à son paroxysme et s’attaqua à Elena. Les propos du garçon le choquèrent, à tel point qu’il se recula naturellement de lui. Cette personne n’était pas son meilleur ami, il n’était pas la personne qu’il avait tant admirée. A bout, Seamus se leva, dans un mécontentement des plus complets. Il avait entendu assez de conneries pour la journée. « Ferme là Dean ! Ça ne va pas de parler à Lena comme ça ? » Son ton était sec. Il ne se voulait pas blessant, mais juste. Personne n’avait le droit de parler de la sorte à Elena, surtout pas après ce qu’elle venait de vivre. Eux aussi avaient souffert, Dean jouait les égoïstes, lui qui d’habitude était plein de générosité. « Tu crois que c’était voulu ? » Seamus ne comprenait pas pourquoi l’autre leur en voulait aussi personnellement. Comment pouvait-il penser que tout cela était un choix ?

Exaspéré, Seamus peinait à se calmer. Il en avait gros sur le cœur lui aussi. Cela faisait déjà un moment qu’il essayait de renouer contact avec son ancien meilleur ami, de prouver qu’il était définitivement de retour et malgré tout, Dean continuait de lui tourner le dos. Un sentiment d’impuissance l’envahissait, alors qu’il s’approchait de la brune, secouée par les propos de l’autre. « Ca te surprend pas de moi ? C’est qui qui a couru vers toi dans le manoir quand tu faisais n’importe quoi ? » Dans le manoir, Seamus n’avait pas hésité une seule seconde à courir en direction de Dean pour le secourir, et sans Ginny, aucun doute qu’il aurait suivi Dean et Cormac à travers le parquet. Des accusations injustifiées qui le poussaient dans ses retranchements.

Depuis son retour, Seamus subissait les remarques de tout le monde. Certes, il avait merdé, mais là c’était trop. Son naturel reprenait le galop, et il se montra un peu moins compatissant. « Tu crois qu’on s’en fiche de Lee, de Cormac, de toi ? » Lee était celui qui l’avait ramené à l’Ordre, Cormac son meilleur ami pendant sa partie de cache-cache avec les autres et Dean… Il était son tout. Comment pouvait-il tout remettre en question ? Une question sans réponse qui le rendait hors de lui. « L’écoute pas Lena, tu n’es pas coupable. » Naturellement, il attrapa la brune par l’épaule pour la serrer contre lui. Depuis son arrivée à Little Italy, elle était devenue une amie et la voir souffrir lui brisait le cœur. « Tu es vraiment con Dean, ça fait des jours qu’on dort pas la nuit et toi tu nous balances ça à la gueule ? » Malgré la colère, Seamus était triste. Triste de voir sa relation avec Dean, encore une fois, se briser un peu plus. Il commençait à croire qu’il n’était pas le bienvenue ici, et surtout à douter de sa capacité à apporter du positif dans la vie de l’autre.

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